"Espérer guérir autant de monde, c'est quelque chose qui porte et qui fait un petit peu peur à la fois." Guillaume Brachet est pharmacien et atteint de la maladie de Parkinson. Pour neo, il parle de son travail et de sa recherche pour trouver un traitement contre cette maladie.
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00:00 On peut espérer avoir le médicament sur le marché d'ici 2030
00:02 pour soigner les 270 000 patients français et les 10 millions de personnes dans le monde.
00:05 Bonjour, je m'appelle Guillaume, j'ai 34 ans, je suis pharmacien,
00:08 atteint de la maladie de Parkinson et je travaille à développer un traitement pour guérir cette maladie.
00:12 La maladie de Parkinson, c'est une maladie qu'on dit neuro-évolutive
00:15 où les neurones, finalement, de certains morceaux du cerveau vont faire des indigestions
00:19 et finir par mourir.
00:20 Et ça va provoquer ce qu'on connaît, les symptômes de lenteur, de raideur
00:23 et éventuellement des tremblements en fonction des patients.
00:26 En ce qui me concerne, côté symptômes, c'est essentiellement des raideurs,
00:29 c'est-à-dire des mouvements qui sont plus lents et plus difficiles
00:32 et des problèmes de dextérité.
00:33 Les tremblements surviennent que quand il y a du stress ou du froid, des choses comme ça.
00:36 Ça a été évidemment un choc, c'est quelque chose qu'on ne se doute pas qu'on peut avoir à 30 ans.
00:41 Il y a toutes les étapes du deuil qui s'enclenchent,
00:44 on commence par ne pas comprendre, on est en colère, on cherche des raisons, des coupables.
00:48 Et dans un second temps, finalement, le côté docteur en sciences a pris le dessus au bout de quelques années
00:53 quand j'ai commencé à accepter la maladie et où j'ai pu me mettre à chercher
00:57 dans la littérature scientifique des éléments un peu nouveaux.
00:59 J'ai été chercher une information toute seule dans un papier tout seul
01:02 et j'ai choisi de suivre cette piste tout de suite.
01:04 En trois semaines, j'avais commencé à développer l'idée du médicament
01:08 et le but du jeu, ça a été de vraiment prendre cette idée de traitement
01:11 pour travailler à la fois sur le profil d'efficacité,
01:14 avoir un médicament qui soit plus efficace sur les symptômes et sur l'évolution de la maladie
01:18 et quelque chose de mieux toléré qui puisse être utilisé chez tout le monde
01:20 puisque même si moi je suis jeune et à part la maladie de Parkinson en bonne santé,
01:24 la plupart des patients ont quand même plus de 75 ans
01:26 et donc il fallait absolument trouver un médicament qui permette de soigner tout le monde.
01:29 Ce n'est pas un traitement invasif, chirurgical ou quoi que ce soit,
01:32 c'est vraiment un comprimé qu'on va prendre le matin une fois par jour.
01:34 En termes de calendrier, ce qui va se passer,
01:37 c'est que les essais cliniques vont démarrer aux alentours de 2025
01:39 et si tout se passe bien, aussi bien que ça a commencé en tout cas,
01:42 on peut espérer avoir le médicament sur le marché d'ici 2030
01:45 pour soigner les 270 000 patients français et les 10 millions de personnes dans le monde.
01:48 Développer un médicament pour une pathologie qui touche autant de monde,
01:51 c'est une grosse responsabilité parce qu'on essaie d'en parler le plus possible
01:54 pour se faire accompagner et avoir de l'aide
01:55 mais d'un autre côté, on suscite aussi beaucoup d'espoir
01:58 et il y a la responsabilité de ne pas décevoir.
02:00 L'espoir, il est un peu ambitieux et un peu fou, espérer guérir autant de monde,
02:05 c'est quelque chose qui porte et qui fait un petit peu peur à la fois.
02:08 Je crois que les défis sportifs, c'est un peu le propre des patients qui ont des maladies chroniques.
02:15 Le besoin de se dépasser, le besoin de montrer qu'on est toujours capable,
02:18 c'est peut-être une forme de refus du handicap aussi.
02:20 En tout cas, moi, ça m'a pris au début pour aller chercher des sous,
02:23 des financements pour développer mon médicament
02:25 et depuis, ça agit un peu comme une drogue,
02:28 plus on fait du sport, plus on a envie d'en faire.
02:29 Et enfin, il y a un troisième volet qui est important,
02:31 c'est l'aspect pour les autres malades, les inciter à se bouger.
02:34 Donc, ce n'est pas l'idée de dire aux gens "faites des choses totalement folles,
02:37 grimpez le Kilimanjaro sur les genoux".
02:38 L'idée, c'est vraiment juste de se dire
02:39 si un patient atteint de la maladie de Parkinson
02:42 est capable de faire 360 km dans un week-end en kayak,
02:45 moi, je suis peut-être capable d'aller courir deux fois par semaine,
02:47 de me bouger un petit peu plus.
02:48 Il est très probable que dans la décennie qui vient,
02:51 si ce n'est pas moi, ce sera quelqu'un d'autre,
02:52 mais il y a des choses super intéressantes qui sortent.
02:54 Et donc, le message vraiment, c'est prenez soin de votre corps,
02:56 prenez soin de vous, maintenez-vous en bon état le plus longtemps possible
02:59 parce qu'il y a des gens qui travaillent tous les jours
03:01 pour que ça aille mieux un jour.
03:02 [Sonnerie]
03:04 Merci.