Sébastien Hoffmann est poète de rue à Toulouse. Il ressuscite la poésie dans la rue au moyen de sa machine à écrire. Pour neo, il parle de sa passion et des raisons de son activité.
Category
😹
FunTranscript
00:00 Je vais plus arrêter d'écrire à partir de ce moment-là.
00:02 C'est un poème pour quelqu'un ou c'est pour toi ?
00:03 Est-ce qu'elle est lente ? Est-ce qu'elle est rapide ?
00:05 Qu'est-ce qui la fait rire ? Qu'est-ce qui fait qu'elle s'oublie ?
00:07 Elle est thé ou café ?
00:08 Pour le coup, j'en vis, ouais.
00:10 Ça me permet de manger, ouais.
00:11 Donnez-moi trois mots, ceux que vous voulez.
00:13 Pieds, origami, relativité.
00:16 C'est parti !
00:17 Les pieds donnaient la mesure.
00:18 Ils avaient leur propre syntaxe, leurs accords, leurs fautes et leurs rimes.
00:22 Il n'y a pas besoin de se dire poète ou je ne sais pas quoi.
00:24 Pour moi, une phrase sincère, tous les poèmes du monde, je passe mon temps à leur demander leur mot à eux, leur titre.
00:29 Qu'est-ce qui fait que c'est eux et pas quelqu'un d'autre ?
00:31 Il y en a qui me voient presque comme un psy.
00:33 Je crois que je m'ennuyais un peu à l'école et que j'avais besoin de me raconter autre chose que ce qu'on me racontait.
00:37 Je vais plus arrêter d'écrire à partir de ce moment-là.
00:39 On est à Saint-Aubin, marché de Toulouse, le dimanche matin.
00:42 Qu'est-ce que je suis en train de faire ?
00:43 Là, pas grand-chose.
00:44 Normalement, je dois être en train de taper un poème.
00:46 J'attends une commande et dès que quelqu'un viendra me donner des mots, j'écrirai ce poème.
00:50 Je n'ai pas trouvé mieux qu'un étendoir à linge, un Tankerville.
01:06 J'adore ce mot.
01:07 Ça m'a permis d'accrocher les poèmes sur les côtés.
01:09 Je n'ai pas besoin d'électricité.
01:11 De faire ça, c'est ça qui attire les gens.
01:13 Il y a ceux qui connaissent ce bruit, qui me disent « Ah, ça me rappelle mon enfance ».
01:16 Il y a ceux qui sont tout simplement intrigués.
01:18 Je vais donner comme mot « pied », « relativité », « du temps qui passe », « origami ».
01:22 Parce que j'étais en train de lui raconter ma vie, il y a un côté utilitariste.
01:25 On marchait, on faisait des courses, on remplit le frigo.
01:27 On a un peu la tête dans le guidon, on est dans notre petite vie.
01:29 Le petit poème qu'il fait, c'est un des moyens de questionner ces choses-là.
01:32 Il se demanda comment on pouvait décemment se faire un avis acceptable
01:36 sur une période donnée qui ressemblait clairement à un origami.
01:40 Lui, ça lui paraît anodin de dire origami, mais en fait, il y avait un truc de l'origami dans sa vie.
01:44 Moi, c'est ça que je vais prendre pour essayer de m'approcher de lui à travers le poème.
01:47 Je fais tout un travail sur les sons.
01:49 Il va y avoir ce qu'on appelle des rimes intérieures.
01:51 Le résultat de toutes les résonances qu'ils ont dans la tronche depuis 10 minutes, 20 minutes
01:56 ou peut-être même un jour ou deux, je préfère qu'on me dise « croque-monsieur et porte-manteau »
01:59 qu'« amour et liberté ».
02:01 Je lui ai commandé un poème pour décrire la douceur de la vie et l'offrir à mon amour.
02:06 Pour moi, la poésie, c'est un peu comme de la chanson sans musique.
02:09 C'est ça qui m'a incité à écouter du rap, en fait.
02:11 Il manque un peu dans la vie de gens qui construisent de leurs mains et de leurs têtes.
02:16 Il n'y a pas besoin de se dire poète ou je ne sais pas quoi.
02:18 Pour moi, une phrase sincère vaut tous les poèmes du monde.
02:20 Je crois que je m'ennuyais un peu à l'école et que j'avais besoin de me raconter autre chose
02:25 que ce qu'on me racontait.
02:26 Dessiner des petits bonhommes en fil de fer.
02:28 Je me suis rendu compte que les bulles que je faisais étaient de plus en plus grosses.
02:31 C'est même un copain qui m'avait dit ça.
02:33 « Tes bulles, elles recouvrent les dessins. »
02:34 Donc, à un moment, j'ai compris que ça n'avait plus grand-chose de dessiner.
02:37 Je n'ai plus arrêté d'écrire à partir de ce moment-là.
02:39 C'est un poème pour quelqu'un ou c'est pour toi ?
02:41 Est-ce qu'elle est lente ? Est-ce qu'elle est rapide ?
02:42 Qu'est-ce qui la fait rire ? Qu'est-ce qui fait qu'elle s'oublie ?
02:44 Elle est thé ou café ?
02:46 Pour le coup, j'en vis, oui.
02:47 Ça me permet de manger, oui.
02:48 C'était pendant le déconfinement.
02:50 Je n'avais plus un rond, il fallait que je me mette à bosser.
02:52 Et il y avait cette machine devant moi, cette fameuse Jappy, là, L72.
02:55 Et je suis sorti et ça a marché tout de suite.
02:57 Je sentais que j'étais fait pour ça.
02:59 L'impro que je suis bossé depuis des années,
03:01 c'est venir se loger là, aimer parler avec les gens.
03:03 Parce que moi, je leur pose des questions.
03:05 Je ne fais que ça.
03:06 Il y en a qui me voient presque comme un psy.
03:08 Ils arrivent et ils savent qu'ils ne vont pas bien.
03:10 Ils le sentent.
03:11 Que ce soit une rupture, une grande solitude, un deuil.
03:15 On peut imaginer le tarot, comment on ouvre un bouquin de poésie,
03:17 un poème au hasard, peut-être pour régler une question du jour,
03:20 un truc qu'on se demande.
03:21 C'est vraiment un truc qui l'accouche sur le moment.
03:23 Il ne les garde pas, les poèmes, il ne les prend pas en photo.
03:26 Je lui ai demandé "Forêt", "Rose" et "Danse".
03:28 C'est un poème pour toi ou pour quelqu'un ?
03:30 Pour moi et pour quelqu'un.
03:31 Je crois que mes poèmes sont dans les toilettes et sur les frigos, beaucoup.
03:35 Ça me plaît, même au-delà de moi, de me dire qu'il y a des poèmes,
03:38 de la poésie qui se lit tous les jours en allant chez les uns et chez les autres.
03:41 Un jour, Prévert a dit, on lui demandait "Quand est-ce que vous allez arrêter d'écrire ?"
03:45 et il a dit "J'écrirai tant que je m'amuse".
03:47 Pour moi, ça c'est la haute philosophie.
03:49 J'en suis là.
03:50 Oh, they say about me, when the end comes...
03:55 [Musique]