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Si la procréation est souvent résumée à un phénomène naturel impliquant deux parties, les différents témoignages sur la PMA, la procréation médicalement assistée, traduisent toute la complexité de la réalité. Dans le livre "Tout s'est bien passé, merci" (éd.Fayard) Caroline Vigoureux l’a expérimentée avec son mari. Au cours de sa première grossesse, elle découvre être enceinte de jumeaux. "C’était sans doute lié à la PMA et à la stimulation ovarienne." L’échographie des trois mois lui a révélée que l’un des bébés souffraient d’une grave malformation et a donc eu recours à une interruption volontaire de grossesse. Sa grossesse gémellaire la plonge dans un abîme de douleur et d’espoir. "Je devais faire le deuil de l’enfant que je porte tout en ayant toujours le bonheur de celui qui va naître.". Un sentiment qu’elle garde pour elle. "Evidemment, c’est le genre de choses dont on parle peu quand ça nous arrive. Donc on se sent encore plus seule au monde quand ça nous arrive et ça participe encore plus au tabou de l’infertilité.".

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Transcription
00:00 J'ai jamais eu le sentiment d'avoir laissé passer ma chance,
00:03 bien que j'aie eu recours à une IVG à l'âge de 20 ans.
00:06 Ça avait laissé cette idée chez moi que je devais être assez fertile
00:11 et que le jour où je voudrais tomber enceinte, je le serai.
00:13 Cette expérience a effectivement été assez traumatisante pour moi
00:19 parce que ça s'est fait dans des conditions assez rocambolesques
00:22 que je raconte dans le livre.
00:24 Et donc de mes 20 à mes 30 ans, j'ai grandi avec l'idée
00:28 que chaque oubli de pilule pourrait m'être fatal, si je puis dire.
00:32 Et donc, je n'ai pas compris que le jour où je fasse en sorte de l'être,
00:37 ça ne marche pas.
00:38 Cette IVG a conditionné la manière dont j'ai vécu les choses
00:41 dix ans plus tard et le fait que j'ai mal vécu
00:46 toute l'attente autour du fait d'être enceinte.
00:49 Pourquoi chez les autres ça marche, pourquoi chez moi ça ne marche pas ?
00:52 On a fait des tests d'infertilité avec mon conjoint.
00:54 On a découvert à cette occasion qu'il avait un problème de mobilité,
00:58 des spermatozoïdes.
00:59 Et à ce problème existait une solution assez simple sur le plan médical
01:04 qui était une insémination.
01:06 On s'est lancé dans un parcours de PMA
01:08 et on a eu la chance que ça marche du premier coup.
01:11 On voulait avoir un deuxième enfant avec mon conjoint
01:13 donc on s'apprêtait à se lancer dans un nouveau parcours de PMA.
01:17 Je l'avais personnellement complètement dédramatisé
01:19 puisque on connaissait le problème, on avait la chance d'avoir une solution.
01:23 Et en l'occurrence, je suis tombée enceinte naturellement
01:27 quelques jours avant notre rendez-vous pour avoir recours à une nouvelle PMA.
01:32 Et ça m'a évidemment énormément troublée.
01:35 J'ai mis du temps à intégrer l'idée qu'on s'était normalisé,
01:39 qu'en fait on faisait partie de tous ces couples
01:42 qui n'avaient qu'à être deux pour avoir un enfant.
01:44 J'ai eu le sentiment que ça pouvait me délégitimer
01:47 à parler d'infertilité que d'être tombée enceinte naturellement.
01:51 J'avais un peu un sentiment par rapport à Julie de la laisser tomber.
01:54 Et puis en fait, après réflexion et discussion avec Julie,
01:57 je me suis aussi rendue compte que les parcours d'infertilité
02:01 étaient parfois ponctués de moments de fertilité.
02:04 Et c'est peut-être ce qui rendait les choses aussi improbables
02:08 et donc merveilleuses quand elles arrivaient.
02:10 Quand j'étais enceinte, donc à ma première grossesse,
02:14 on a appris que je portais des jumeaux
02:16 et que cela était sans doute lié à la PMA et à la stimulation ovarienne.
02:21 Et l'échographie des trois mois a révélé que
02:24 l'un des jumeaux avait de graves malformations.
02:27 On a donc dû recourir à une interruption médicale de grossesse.
02:31 Ça a laissé chez moi un sentiment très ambivalent.
02:34 Chez moi cohabiter à la fois le fait de faire le deuil de l'enfant qu'on porte,
02:39 tout en ayant toujours le bonheur de celui qui va naître.
02:43 Ça a été très compliqué à gérer pour moi sur le moment.
02:47 Et évidemment, c'est le genre de choses dont on parle peu quand ça nous arrive.
02:51 Donc on se sent encore plus seul au monde.
02:54 Ça a son sens pour moi d'en parler aujourd'hui,
02:57 pour dire que ça aussi, ça peut faire partie du tabou de l'infertilité,
03:02 toutes les complications qui peuvent y avoir par la suite
03:05 et dont on ne parle pas sur le moment.
03:07 [Générique]

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