Jusqu'où peut se développer le foot en Arabie Saoudite ?

Talk My Football

l’année dernière

Si il y a bien une chose qui affole le mercato 2023 c’est bien l’omniprésence de l’Arabie Saoudite dans toutes les rumeurs autour de joueurs sur le marché… voir qui ne le sont même pas en théorie. Les ambitions saoudiennes s’expriment à coups de centaine de millions et ce pays est devenu en un temps record l’épicentre de toutes les rumeurs mercato les plus folles. Mais jusqu’où peut aller le développement du foot en Arabie Saoudite ?

Les Etats-Unis, le Qatar, la Chine : nombreux sont les pays qui ont eu leur heure de gloire sur le marché des transferts sans pour autant instaurer de manière durable un championnat fort et attractif. D’ailleurs, si la MLS progresse énormément aujourd’hui, cela se fait au prix d’un changement de stratégie bien loin et désormais incomparable des autres acteurs cités. L’Arabie Saoudite va-t-elle connaître le même destin ?

En tout cas une chose est sûre : côté ambitions comme potentiel, le championnat saoudien est loin des autres noms cités et il se passe quelque chose. A force d’investissement, peut-être que nous assistons au premier pas vers un rééquilibrage du football mondial, qui sait ?

00:00 Introduction
01:43 Les motivations derrière les investissements saoudiens
05:56 Déjà de belles prises côté joueurs, du prestige comme du sportif
08:54 Pourquoi le championnat d’Arabie Saoudite a un grand potentiel ?
14:50 La route sera très longue pour le football saoudien
19:45 Un nouvel acteur sur qui il faudra compter

#CristianoRonaldo #Benzema #ArabieSaoudite #Foot #Football

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00:00 Si on ne devait retenir qu'un acteur de ce Mercato Estival 2023,

00:03 qu'un acteur absolument incontournable faisant la pluie et le beau temps sur le marché des transferts,

00:07 ce serait bien évidemment l'Arabie Saoudite.

00:09 Salut tout le monde, c'est Mickaël de TMF.

00:11 Et comme beaucoup d'entre vous, j'ai été relativement surpris de l'offensive footballistique de l'Arabie Saoudite.

00:17 C'est un sujet que je maîtrisais relativement peu, il n'y a encore pas si longtemps que ça,

00:21 mais je me suis dit "Ok, il s'agit de bachoter ce qui va faire le développement du football saoudien,

00:27 il s'agit de voir quelles sont leurs ambitions, quelles vont être les limites,

00:31 et je vais vous synthétiser tout ça dans cette vidéo.

00:34 Ça me paraît particulièrement important parce que déjà, qu'on s'intéresse ou pas au football saoudien,

00:39 et bien force est de constater que si vous n'allez pas au football saoudien,

00:42 le football saoudien va venir envers vous en prenant des joueurs dans votre championnat, voire dans votre club.

00:48 Et qu'en plus, je trouve ça hyper intéressant d'analyser un petit peu comment le football mondial évolue,

00:53 parce qu'on le sait, c'est très européen centré, on parle beaucoup des grands championnats européens,

01:00 on parle un petit peu moins de ce qui se voit dans d'autres pays,

01:03 mais peut-être qu'on a un équilibre des forces qui va basculer au fil des années,

01:07 peut-être que l'Arabie Saoudite est le premier acteur qui pourra tirer son épingle du jeu,

01:12 parce qu'on l'a vu, les championnats sud-américains n'ont jamais atteint les niveaux des championnats européens,

01:17 les volontés de la Chine de développer son football se sont retrouvées incroyablement freinées,

01:23 sauf que, on va le comprendre à travers cette vidéo, la situation de l'Arabie Saoudite est différente à bien des niveaux.

01:29 Bref, installez-vous confortablement et bienvenue pour cette nouvelle vidéo Talk My Football.

01:34 [Générique]

01:43 Commençons en parlant des motivations de l'Arabie Saoudite,

01:45 parce que moi je dois bien vous avouer que c'est le premier point sur lequel j'ai un petit peu bloqué,

01:49 ou j'avais du mal à comprendre ce que l'Arabie Saoudite faisait.

01:52 Je vous disais même dans une précédente vidéo que ça me semblait quelque peu étonnant qu'on ait un programme de soft power

01:58 à l'image de ce qu'on peut voir pour le Qatar, parce que l'Arabie Saoudite est quand même un pays

02:03 qui a une notoriété autrement différente de celle du Qatar avant, qui commence à faire ses investissements,

02:08 et que finalement, bah, il n'y avait pas de risque d'envahissement de l'Arabie Saoudite sans que la communauté internationale réagisse,

02:15 et du coup, bah, on ne pouvait pas vraiment comparer à ça.

02:17 Et là, bah, dans mes lectures, je vais commencer par vous recommander un compte qui est évidemment incontournable quand on parle de ce sujet,

02:23 c'est le compte FCGéopolitique, qui a fait un très bon article sur le sujet,

02:28 et qui disait qu'historiquement, effectivement, même avant l'offensive footballistic,

02:33 ils faisaient beaucoup de sport washing du côté de l'Arabie Saoudite.

02:36 Du sport washing qui vient là, notamment pour faire oublier que sur les questions des droits en général,

02:44 ils sont relativement en retard, même par rapport à pas mal de leurs pays voisins.

02:48 C'est pas une question d'occidentale qui dit ça avec son niveau de jugement d'occidentale,

02:52 c'est même comparé à d'autres pays, bah, finalement, l'Arabie Saoudite, ils avaient pas mal de choses à rattraper,

02:58 mais pour le coup, c'est pas la seule raison.

03:00 Parce qu'on va être honnête, analyser le développement du football de l'Arabie Saoudite comme un élément de soft power

03:07 qui va être important à avoir en tant qu'Américain, en tant que Français, en tant qu'Espagnol, c'est une vraie connerie,

03:12 parce qu'en fait, l'enjeu, il est plutôt local pour eux.

03:15 Déjà, la première chose, c'est imposer le championnat saoudien comme étant le championnat de référence dans leur zone,

03:22 à savoir globalement l'Asie, puisqu'ils participent à la Ligue des champions asiatiques,

03:28 mais aussi à l'ensemble des pays du Golfe.

03:30 Et là, du coup, tu t'entamponnes un petit peu de ce que peuvent penser les Français, les Américains,

03:36 ce qui t'intéresse, c'est vraiment ta sphère locale.

03:38 Et puis encore à une plus petite échelle, l'enjeu saoudien, il est également au niveau national.

03:44 En fait, tu n'es pas sur un plan politique qui est imposé à la population, comme ce que tu as pu voir par exemple en Chine.

03:50 Tu n'es pas non plus sur la situation du Qatar, qui se retrouve avec un bassin de population qui est relativement réduit.

03:56 L'Arabie Saoudite est un grand pays, avec une population importante et une population qui est véritablement passionnée de foot.

04:03 Et ça, on va le voir, ça fait absolument toute la différence.

04:06 C'est vrai que moi, avant l'offensive footballistique de l'Arabie Saoudite sur le marché des transferts,

04:10 je dois vous avouer que l'idée de la ferveur locale, je n'en avais pas une grande.

04:13 N'importe qui ayant ne serait-ce que vu la présentation de Benzema quand il a débarqué dans son club,

04:19 s'est dit "Ah, il y a peut-être effectivement un autre intérêt en Arabie Saoudite pour le football que dans d'autres pays".

04:24 Et finalement, au fil des lectures et au fil des renseignements, vous vous êtes sûrement rendu compte assez rapidement que oui,

04:30 l'Arabie Saoudite est une terre de football, oui, en Arabie Saoudite, beaucoup de gens s'intéressent à ce sport.

04:36 Et du coup, le fait de développer le foot en Arabie Saoudite, ça revient aussi à répondre à des besoins de ta population.

04:42 Tu es sur un régime autoritaire qui, pour rester en place, doit appliquer un petit peu la politique du "Panem, Sassem".

04:49 C'est rigolo parce que vous le verrez dans une vidéo qui sortira très probablement samedi, j'en parle également dans le cas de la France.

04:55 C'est quelque chose qui, dans une moindre mesure, touche un petit peu tous les pays.

04:58 Mais en Arabie Saoudite, tu as quand même une immense partie de ta population qui est jeune.

05:03 On parle quand même des deux tiers des habitants qui ont moins de 35 ans, des habitants qui aiment le foot,

05:08 mais à qui on offre également beaucoup de divertissement pour faire accepter une situation politique qui pourrait être contestable dans d'autres domaines.

05:15 Donc en fait, la motivation de l'Arabie Saoudite, elle est certes un petit peu du côté international,

05:21 elle est un peu plus du côté régional pour s'inscrire comme un acteur sportif et footboistique de référence dans sa zone,

05:28 et puis elle est surtout nationale, étant donné que tu as un vrai enjeu avec ta population.

05:33 Ceci étant dit, on va commencer à s'intéresser sur comment ils ont agi.

05:37 On ne va pas parler ici des investissements dans les clubs, on aurait pu parler de Newcastle.

05:42 On ne va pas parler ici non plus des volontés de développer l'attractivité touristique du pays à travers des grands événements sportifs.

05:48 Il y aurait des choses à dire, mais on va s'intéresser spécifiquement à la partie championnat et on va s'intéresser spécifiquement à la partie non.

05:55 Vous le savez, le premier trembleur en terre, il s'appelle Cristiano Ronaldo qui rejoint Al Nacer,

06:00 et évidemment, ça va te changer la donne et ça va mettre un coup de projecteur sur ce championnat.

06:05 Mais depuis, tu as eu Karim Benzema, tu as eu N'Golo Kante, tu as eu Kouyibaly, tu as eu Ziyech, qui sont tous des joueurs extrêmement importants.

06:12 Alors, certains n'ont pas l'ampleur d'un Benzema ou d'un Cristiano Ronaldo,

06:16 de toute façon, les joueurs qui ont l'ampleur de Cristiano Ronaldo, il n'y en a pas 40,

06:19 mais c'est quoi qu'il arrive des joueurs qui peuvent être considérés comme des énormes pistes.

06:24 Ziyech, c'était un joueur de Chelsea, il aurait pu rebondir, peut-être pas dans des clubs de chapeau 1, mais dans des clubs de chapeau 2,

06:31 et franchement, il avait 30 ans, il avait encore beaucoup de choses à apporter en Europe.

06:34 Kouyibaly, qui vient également de Chelsea, qui a une situation assez compliquée, c'est pour ça qu'ils ont aussi pas mal de leurs joueurs là-bas,

06:41 ça remonte à pas si loin, à l'époque où il était considéré comme un des meilleurs défenseurs de Serie A.

06:45 Certes, la greffe n'a pas prise à Chelsea, mais c'est un joueur qui aurait pu envisager, s'il en avait envie,

06:51 de trouver un autre courtisan dans le football européen pour évoluer au plus haut niveau.

06:55 Donc, tu as une Arabie Saoudite qui arrive à attirer des talents et des grands noms, mais il n'y a pas que ça.

07:00 On l'a vu avec Neves, par exemple, où il serait potentiellement prêté dans la foulée à Newcastle,

07:06 mais en tout cas, c'est l'Arabie Saoudite qui arrive à l'attirer. Tu as des rumeurs en Ligue 1 avec Seko Fofana,

07:12 qui est un joueur qui a 28 ans, qui fait envie à beaucoup de personnes qui suivent le foot,

07:16 parce que c'est un excellent milieu de terrain, qui a encore de nombreuses années à offrir à des clubs de très haut niveau.

07:22 Tu as des rumeurs autour de Bernardo Silva, donc ça vous montre que l'Arabie Saoudite a du joueur de prestige,

07:29 mais également du joueur de bon niveau, qui se retrouve à pouvoir évoluer à moyen terme dans le championnat.

07:35 J'aimerais bien vous dire que tout ça correspond à une stratégie finement étudiée, mais la réalité, si vous suivez l'actualité du Mercato,

07:41 c'est qu'il y a des propositions qui filent dans tous les sens.

07:44 On a entendu des propositions pour Messi, qui finalement n'est pas venu, on a entendu des propositions pour Modric, qui finalement n'est pas venu,

07:51 on a Fabrizio Romano qui nous parle, par exemple, de Marco Verratti, qui est courtisé par l'Arabie Saoudite.

07:56 Donc vous vous rendez compte, en fait, que l'Arabie Saoudite tente, l'Arabie Saoudite fait des propositions qui sont toujours extrêmement intéressantes financièrement,

08:03 et puis des fois tu arrives à attirer des joueurs, des fois tu n'y arrives pas, mais ça commence à faire pas mal de noms.

08:09 Et autant, j'avais vraiment du mal à comprendre qu'on regarde le championnat auparavant juste pour Cristiano Ronaldo,

08:16 mais quand on est un immense fan de Ronaldo, pourquoi pas, c'est juste que moi je ne regarde pas un championnat pour un joueur,

08:20 autant aujourd'hui, même si tu n'es pas un immense fanboy de N'Golo Kante, de Zyedj, de Cristiano Ronaldo,

08:27 tu commences à avoir suffisamment de noms pour te dire "Ok, il y a des éléments que j'ai envie de voir évoluer dans ce championnat,

08:33 il y a des rencontres que j'ai envie de voir". Alors tu auras un peu ce côté "All-Star" des gloires passées,

08:40 parce qu'on ne va pas se mentir qu'avoir un duel Cristiano Ronaldo, Karim Benzema, il y a quand même un petit goût de "Ah, ça me rappelle la bonne époque du Real Madrid quand ils jouaient ensemble",

08:49 mais en attendant, tu as quand même des motivations de plus en plus grandes. Et là, on va parler du potentiel de ce championnat.

08:55 Parce qu'en fait, l'Arabie Saoudite n'est pas un championnat à dévaluer, et l'Arabie Saoudite n'est pas un projet à dévaluer de manière générale.

09:03 Je le disais, la chose qui est essentielle à avoir en tête quand on compare ce projet à d'autres qui ont été perçus comme similaires,

09:10 par exemple la Chine, c'est qu'en Arabie Saoudite, tu as un vrai goût pour le football. L'Arabie Saoudite, c'est un programme qui va dans le sens de ce que veut sa population.

09:19 Et ça, c'est quand même différent d'un pays qui va investir massivement pour des enjeux politiques qui peuvent être changeants.

09:25 Une politique extérieure, une politique de soft power, ça peut changer. L'Arabie Saoudite a quand même l'air d'être sur une démarche de fond pour chouchouiller sa population en termes d'entertainment.

09:36 Sur le reste, ce n'est pas mon terrain, je ne m'exprimerai pas là-dessus. Mais vous vous rendez compte que tu vas déjà bâtir quelque chose de plus solide.

09:42 Et en plus, si tu veux bâtir sur le long terme, tu as quand même besoin d'avoir des supporters, tu as quand même besoin d'avoir des gens qui vont au stade.

09:49 C'est bien beau d'avoir un gigantesque contrat, mais quelque chose me dit qu'un joueur comme Karim Benzema, quand il a vu l'accueil qui lui a été réservé,

09:56 ça l'a conforté dans l'idée que c'est une excellente chose de venir. Et quand d'autres joueurs vont vouloir venir en Arabie Saoudite, qu'est-ce qui va se passer ?

10:04 Ils vont appeler les joueurs qui y sont déjà. Par exemple, quand il y a un Luka Modric qui reçoit une proposition, évidemment, je pense que s'il a des doutes, il peut potentiellement échanger avec Karim Benzema là-dessus.

10:14 Et Karim Benzema ne va pas dire qu'il touche un freak monstre, ça tout le monde le sait. Et de toute façon, le joueur qui l'appelle pour être rassuré, il a déjà ça en tête, il a déjà la proposition.

10:22 Par contre, ce que peut dire Karim Benzema, c'est si les stades sont pleins ou pas, s'il y a une ferveur qui est en train de naître, s'il y a des rivalités qui sont en train de se construire ou qui existent déjà entre les clubs.

10:33 Si finalement, tu sens que tu ne joues pas dans des stades morts où tu essayes simplement de mettre un cadavre en vie en mettant une gigantesque quantité de thunes.

10:42 Et là-dessus, l'Arabie Saoudite est un terrain fertile et ça, c'est très cool pour eux. Et c'est ça qui fait la beauté du foot. C'est pareil quand on entend que l'Arabie Saoudite tue le football.

10:51 Bon déjà, j'aurais tendance à dire, et je l'ai tweeté, qu'on dit tous les ans que quelqu'un tue le football. L'année dernière, Chelsea tuait le football.

10:59 À une époque, c'était Manchester City. À une époque, c'était le Paris Saint-Germain. À une époque, c'était le fair play financier qui protégeait les clubs historiques.

11:08 Bref, le football est tué tous les ans, mais c'est la beauté du football. Il continue à vivre. Pour le cas spécifique de l'Arabie Saoudite, évidemment, il dérègle le marché.

11:15 Évidemment, offrir ce salaire à Karim Benzema ne correspond à aucune réalité sportive ou même économique, parce que Benzema ne va pas générer autant de revenus que ça.

11:24 Par contre, c'est fait dans un pays où il y a un vrai intérêt pour le foot. Donc est-ce que ça tue le marché ? Oui, sûrement. Est-ce que ça tue le football ?

11:35 Ben non, non. Et pourtant, moi, je ne regarde pas le championnat d'Arabie Saoudite, mais il y a un engouement. Il y a des gens pour le regarder.

11:42 Et moi, en tant que petit Français, ben oui, un retour de Benzema à l'Olympique Yoné, c'est un truc où je vais dire "c'est génial", mais ce n'est pas parce qu'il va en Arabie Saoudite que ça tue le football pour autant.

11:53 Un autre point de potentiel de l'Arabie Saoudite, au-delà de leur montagne de thunes, qu'il faut bien évidemment évoquer, c'est le fait qu'il y a toute la question religieuse autour de l'Arabie Saoudite qui est à la fois un atout et un frein.

12:08 Beaucoup de joueurs musulmans se retrouvent également allés en Arabie Saoudite parce que c'est un pays croyant et que c'est quelque chose qu'ils apprécient.

12:16 Alors qu'on soit clair, je ne suis pas en train de dire, par exemple, qu'un Benzema serait allé en Arabie Saoudite si on lui proposait 5 millions d'euros par an.

12:23 Le vecteur principal reste la thune, il n'y a absolument aucun doute là-dessus.

12:28 Mais culturellement, si on continue à faire la comparaison, certes limitée, vous avez compris pourquoi, mais pertinente ici avec la Chine,

12:36 peut-être qu'il y a beaucoup plus de joueurs qui se retrouvent dans la culture de l'Arabie Saoudite que dans la culture de la Chine.

12:41 Et des joueurs musulmans de très très haut niveau, il y en a quand même un sacré paquet.

12:45 Et là, finalement, tu sais que c'est des joueurs qui sont intéressants pour l'Arabie Saoudite à aller chercher, tu sais que c'est des joueurs qui vont plutôt se reconnaître dans la culture saoudienne.

12:54 A contrario, c'est également un frein, parce que quelqu'un d'athée arrivé dans un pays qui est autant marqué par la région que l'Arabie Saoudite,

13:01 c'est particulier, surtout quand tu vois les questions des droits des femmes, même s'il y a des micro-évolutions.

13:07 Bon, si tu es un occidental et que tu es habitué au mode de vie occidental, moi, personnellement, je ne me sentirais pas à l'aise en Arabie Saoudite.

13:16 Par exemple, si vous avez des joueurs qui sont d'autres confessions que la confession musulmane, ça peut également être un frein.

13:22 Mais dans tous les cas, je trouve que c'est un vecteur d'analyse qui est plutôt intéressant, parce que c'est quelque chose qui différencie l'Arabie Saoudite d'autres pays.

13:29 Donc quand tu commences à te dire que culturellement, tu as quelque chose qui peut attirer certains joueurs,

13:34 quand tu te dis que tu as une population locale qui peut faire que tu as un vrai développement de ce football et pas seulement quelque chose d'artificiel,

13:41 tu dis qu'il y a du potentiel. Et quand, en plus, tu te rends compte que tout ça est en train de se mettre en place extrêmement rapidement

13:48 et qu'ils arrivent factuellement à attirer des joueurs, tu te dis qu'il y a une question d'équilibre qui peut être remise en question.

13:55 Tu peux dire que l'Arabie Saoudite est quand même un championnat qui, aujourd'hui, est en train de marquer beaucoup de points

13:59 et que s'il continue 4-5 ans comme ça, en fait, ça ne sera plus artificiel. Et tu auras vraiment un engouement,

14:06 tu auras vraiment des gens qui iront au stade et qui verront des stars. Et au-delà de ça, parce que c'est déjà le cas,

14:12 tu auras vraiment des Occidentaux qui se diront "Est-ce que je ne vais pas aller regarder l'Arabie Saoudite ?"

14:17 On rappelle que ce n'est pas leur but premier, mais leur but, c'est également le développement commercial de la Ligue.

14:23 On y reviendra, il y a des volontés de faire en sorte que ce soit un peu plus des investissements privés,

14:29 et ça, ça passe également par les droits à l'étranger. C'est cette raison qui fait que la Première Ligue est aussi dominante,

14:34 c'est qu'il y a des droits à l'étranger de retransmission qui sont énormes pour la Première Ligue.

14:38 Si tu continues tous les ans à attirer des joueurs comme The Edge, comme Benzema, comme Golokante, comme Cristiano Ronaldo,

14:44 évidemment, il y aura de plus en plus de gens qui vont vouloir voir ce championnat, et évidemment, les droits vont monter.

14:49 Alors au niveau des limites, parce que, évidemment, tout n'est pas rose du côté du projet saoudien,

14:54 il y a aujourd'hui des limites qui sont absolument énormes. Je vous avais parlé lors de l'arrivée de Gundogan au Barça,

15:00 du point spécifique qui fait la force du Barça, c'est l'attractivité du club par rapport à tout ce qu'il y a autour de l'institution FC Barcelone.

15:08 Symboliquement, c'est très fort. Bon, déjà, en Arabie Saoudite, il y a des années-lumières là-dessus.

15:13 Alors il y aura peut-être deux, trois hipsters qui vont dire "mais non, mais Mickael, tu connais pas ce club qui a une histoire formidable et tout".

15:19 Très bien, mais ça ne parle pas aux joueurs qui ne sont pas en Arabie Saoudite.

15:24 On va être honnête là-dessus, quand on parle de déficit de prestige pour des clubs comme Manchester City ou le Paris Saint-Germain,

15:33 à côté d'institutions comme le Real Madrid, comme le Bayern, comme le FC Barcelone, qui sont des historiques,

15:39 bah évidemment, en Arabie Saoudite, c'est encore pire. Et à cette question du prestige des clubs s'ajoute la question du prestige des compétitions.

15:48 Parce que jouer la Ligue des Champions, c'est quand même quelque chose de relativement important.

15:52 Et sa version asiatique, honnêtement, elle ne pèse pas beaucoup pour des joueurs qui ont envie aujourd'hui de marquer l'histoire du football.

15:58 Peut-être que ça évoluera au fil des années, mais c'est des choses qui prennent énormément de temps.

16:04 Et aujourd'hui, bah t'as le symbole, t'as l'attractivité de la Ligue des Champions, qui est quand même un argument majeur pour le football européen.

16:10 Par contre, je mettrais deux nuances à ça. La première nuance, c'est que si l'Arabie Saoudite devient gigantesque en termes de pouvoir footballistique,

16:18 bah peut-être que tu peux imaginer une incorporation à la Ligue des Champions. C'est quelque chose qui, aujourd'hui, apparaît comme délirant,

16:24 mais on a vu tellement de réformes délirantes dans le foot que moi, je me dis que c'est pas un truc qui est à écarter.

16:28 Et la deuxième chose, c'est qu'on entend de plus en plus parler de superligues, et donc de clubs qui se mettraient d'accord entre eux.

16:34 Tu te passerais des instances type UEFA, et partant de là, bah rien t'empêcherait d'inclure des clubs qui sont en Arabie Saoudite dans cette superligue.

16:44 Et du coup, bah tu vois plus du tout l'équation pareille. C'est-à-dire qu'un joueur, s'il dispute une superligue dans un club en Arabie Saoudite

16:52 où il est trois fois mieux payé, bah il a quasiment toutes les raisons d'aller en Arabie Saoudite, parce qu'il sera mieux payé,

16:58 et pour autant, sportivement, il compromettra en rien sa carrière. Et ça, c'est quand même quelque chose qui est très très fort,

17:04 et qui va être à surveiller, parce que ça va faire partie des critères d'influence autour des discussions de la superligue.

17:10 Je dirais quand même aussi qu'aujourd'hui, t'as beau avoir une volonté de privatiser le football saoudien, lui donner un peu d'indépendance,

17:17 de le faire développer économiquement, ça dépend que de l'État saoudien. Quand tu entends des initiatives sur le fait que t'as des clubs

17:24 qui se retrouvent à être privatisés, bon, ils appartiennent quand même à des fonds d'investissement qui appartiennent à l'État.

17:30 Donc même si c'est pas l'État directement qui a la main dessus, c'est juste un jeu d'intermédiaire, et c'est évidemment l'État saoudien

17:37 qui, aujourd'hui, met tout l'argent dans le football saoudien. Et ça, ça en fait une limite. Et avant que ça change, il va falloir de très nombreuses années.

17:45 Et enfin, le dernier sujet qui est vraiment important pour moi, et là où il va falloir de très très très nombreuses années,

17:51 c'est le niveau moyen du championnat. Parce qu'admettons que cet été, l'Arabie Saoudite arrive à signer 30 top joueurs.

17:58 30 top joueurs serait une performance historique. Je pense pas qu'il y en aura 30. Déjà, là, on a l'impression qu'ils achètent tout le monde

18:04 parce qu'ils font venir entre 5 et 10 joueurs. Mais admettons qu'il y en a 30 qui arrivent. Ben, 30 joueurs, ça fait pas le niveau d'un championnat.

18:10 Ça fait pas du tout le niveau d'un championnat. Et ce qui fait la force de Première Ligue, de Serie A, même de Ligue 1, j'ai pas peur de le dire,

18:18 c'est le fait que dans n'importe quelle équipe, t'as quand même des joueurs d'un très bon niveau. Et ça, ça s'explique par le fait que t'as de nombreux clubs,

18:25 ça y est, depuis des années, qui sont bons en termes de scouting et qui sont bons en termes de formation.

18:29 L'Arabie Saoudite, vous regardez leur sélection, t'as pas miné un talent parce que, ben oui, le football local, tu formes pas des joueurs

18:36 qui vont jouer la Champions League, tu formes pas des joueurs qui vont être parmi les top 20 européens, top 20 mondiaux.

18:43 T'as pas le niveau, aujourd'hui, du football local qui permet ça. Et même si t'avais 30 stars, t'aurais quand même ce niveau qui serait relativement nul pour tous les autres.

18:54 Et ça, ça met du temps. Ça met du temps, faut faire venir des techniciens, et aujourd'hui, si on parle beaucoup de très grands noms en termes de joueurs,

19:01 ben t'as pas non plus mille et une prises en termes de très grands noms d'entraîneurs. Oui, Rudi Garcia a fait un passage là-bas,

19:08 il a coaché Cristiano Ronaldo, rappelons-le, mais t'as pas de Klopp, t'as pas de Guardiola, t'as pas de Zidane qui est dispo sur le marché,

19:15 qui, pour le moment, arrive en Arabie Saoudite. Alors ça m'étonnerait pas qu'il y ait quand même deux ou trois prises de noms d'entraîneurs,

19:21 peut-être pas du Klopp ou du Guardiola, évidemment, mais prestigieux, assez connu, identifié en Europe, qui arrivent du côté de l'Arabie Saoudite,

19:28 parce que ça va être nécessaire pour le football, mais c'est pour vous dire que vraiment, les top joueurs sont la face émergée de l'iceberg,

19:35 et le travail immergé, il est absolument gigantesque, et là-dessus, l'Arabie Saoudite a des années-lumières de retard sur le football européen.

19:44 Donc pour conclure, ben je dirais que oui, ça casse le marché, mais ça casse pas le foot. Moi, ça m'intéresse aussi, dans une moindre mesure,

19:51 de voir l'émergence de pôles footballistiques forts en dehors de l'Europe, parce que le foot est un sport mondial, et honnêtement,

19:58 ça devrait pas être le petit privilège des Européens, et je suis très curieux de voir comment ça va tourner à terme,

20:04 étant donné que j'ai du mal à voir le projet saoudien s'écrouler aussi vite que le projet chinois. Je vous redonne l'exemple.

20:10 Oui, le football saoudien dépend énormément des dépenses de l'État, de l'argent qu'ils injectent là-dedans, mais on a vu que c'était pour des raisons

20:18 qui sont peut-être un peu plus tenables sur la durée que les raisons chinoises, et surtout, il y a un vrai engouement,

20:24 il y a un vrai public qui va dans les stades, donc il y aura un niveau minimum qui continuera à se maintenir.

20:29 Donc sujet ô combien passionnant, quelque chose nous dit qu'on en reparlera, parce qu'il y a eu le grand cas Benzema,

20:34 mais en fait on s'est rendu compte derrière qu'il y a eu toute une flopée de joueurs qui ont suivi le même chemin.

20:39 J'espère que la vidéo vous aura plu. Moi, je vous dis à bientôt pour une prochaine. Salut !

20:42 [SILENCE]