Les BRICS peuvent-ils vaincre le G7 ?

  • l’année dernière
L'Afrique du Sud accueillera le sommet des BRICS en août. Le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud seront réunis pour déterminer le futur de l'alliance. De nombreux pays ont demandé à rejoindre les BRICS depuis le début de l'année 2022 (Algérie, Ethiopie, Arabie Saoudite, Indonésie..). L'extension des BRICS semble plus probable que jamais. Mais les BRICS+ auront bien du mal à peser efficacement face au G7 sans réformes. C'est pour équilibrer la balance dans les prises de décisions à l'international et défendre leurs intérêts que le format évoluera. Extension stratégique, dédollarisation, question énergétique, protection du commerce, résilience aux sanctions, protection des ingérences étrangères... Terra Bellum fait le point sur l'alliance des BRICS, son extension et ses futurs défis face au G7 en vidéo !

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Transcription
00:00 Le monde est en pleine évolution depuis le début de l'année 2022.
00:03 Un constat, c'est celui de voir l'importance qu'a pris le groupe des Bricks depuis un an,
00:08 tantôt sous-estimé, mais aussi tantôt surestimé.
00:11 Le groupe est amené à évoluer, tandis que l'Occident s'est réuni autour des Etats-Unis
00:16 et s'est disposé en ordre de bataille pour faire face à un contexte international de moins en moins unipolaire.
00:23 Pourtant, tout reste à faire pour les Bricks,
00:25 et nous allons voir dans cette vidéo quelques pistes sur les principaux défis qui attendent ces membres,
00:30 et surtout, les grands défis qui attendent son extension.
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02:34 Dans une précédente vidéo sur le monde multipolaire, nous avions dit qu'il y a deux écoles au sein des Briggs.
02:40 La première est celle de l'expansion du groupe pour servir de contrepoids à des modèles d'alliances occidentales
02:46 et notamment le G7. Cette position est portée par la Chine et la Russie.
02:49 La seconde école vise à faire en sorte que l'alliance ne soit pas perçue en confrontation avec les alliances occidentales.
02:56 Les Briggs seraient donc ici des puissances non alignées, avant tout réunies pour faire du commerce et des échanges.
03:02 Une idée qui est surtout portée par l'Inde et le Brésil.
03:05 Pourtant, le groupe des Briggs va probablement s'agrandir dans un avenir proche
03:10 avec de multiples pays qui ont fait une demande d'entrée en 2022.
03:14 Lors du dernier sommet des Briggs, la Chine a également officiellement proposé que le bloc entame le processus d'expansion
03:20 et créé des procédures et des critères pour le faire.
03:24 Les ministres des affaires étrangères des puissances des Briggs se sont réunis en Afrique du Sud les 2 et 3 juin 2023,
03:30 tandis qu'une plus grande réunion, qui comprendra les chefs d'État, aura lieu cet été.
03:35 Le sujet de discussion principale en 2023 est bien sûr l'élargissement du bloc.
03:39 Il y a quelques mois, au total 19 pays ont exprimé leur intérêt à adhérer à cette alliance.
03:45 13 ont fait une demande formelle et 6 une demande informelle.
03:49 Les pays les plus significatifs qui ont exprimé un intérêt à devenir membre des Briggs comprennent l'Algérie, l'Argentine,
03:55 Bahreïn, l'Égypte, l'Indonésie, l'Iran, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis.
04:00 Et sachez que ce ne serait pas la première fois que le mouvement des Briggs évolue.
04:04 En 2001, le terme "Brig" a été inventé par Jim O'Neill.
04:08 Ce terme décrivait les pays qu'il considérait comme les principaux moteurs de la croissance économique mondiale en dehors de la fameuse triade occidentale.
04:16 Ces pays se sont ensuite organisés en bloc, avec un premier sommet en 2009.
04:21 L'alliance n'a depuis ajouté qu'un seul autre membre, l'Afrique du Sud, en 2010, qui a apporté le "S" à la fin du nom du groupe, ce qui a donné les Briggs.
04:30 Tout cela pour dire qu'une extension a déjà eu lieu et qu'il est donc tout à fait possible qu'on puisse voir de nouvelles extensions dans quelques années,
04:36 voire carrément un changement de nom autour de cette alliance.
04:40 Alors pourquoi s'étendre ?
04:41 La question de l'extension du bloc, elle se pose depuis que la géopolitique de la Chine et de la Russie est de plus en plus en confrontation avec l'Occident.
04:49 La Russie est maintenant totalement coupée de l'Occident, pour la Chine, ce ne sera probablement qu'une question de temps.
04:55 Et surtout, le conflit en Ukraine a montré l'importance pour la Russie de la diplomatie et des échanges pour tenir face aux sanctions occidentales.
05:03 Il est donc vital pour les puissances de sécuriser des débouchés pour soutenir leur économie et donc leurs intérêts.
05:09 D'où l'extension des Briggs pour accroître l'influence économique et politique.
05:14 Et la Chine et la Russie considèrent les Briggs comme un contrepoids non occidental au G7, qui est le principal forum politique pour les pays occidentaux,
05:22 qui façonne des politiques diplomatiques ou encore économiques.
05:25 Le G7 s'est d'ailleurs montré particulièrement soudé en 2022 avec par exemple le prix plafond sur le pétrole russe, des sanctions à destination de la Russie.
05:34 Il y a aussi la politique d'énergie renouvelable qui vise à diminuer le rôle des hydrocarbures et donc à rejeter les pays exportateurs d'hydrocarbures,
05:42 ou encore la limitation des transferts technologiques et la guerre des semi-conducteurs contre la Chine.
05:47 Le groupe a donc étendu son champ d'action et de politique commune comme jamais.
05:52 Ces politiques du G7 ont donc non seulement visé la Russie et la Chine,
05:57 mais aussi de nombreux pays en développement qui produisent des hydrocarbures ou dépendent de ces hydrocarbures.
06:02 Vous le comprenez, au-delà de la question de l'Ukraine ou de Taïwan pour la Chine et la Russie,
06:07 il y a de plus en plus de points de vue qui se regroupent entre certaines puissances sur la question par exemple des hydrocarbures,
06:13 la non-ingérence dans la politique intérieure, les limitations des transferts technologiques ou encore la finance internationale.
06:19 De plus en plus de pays se sentent limités dans leur développement et leurs agissements,
06:23 par un ordre et des mesures qui leur sont imposés sans qu'ils puissent y répondre efficacement
06:28 ou pesés suffisamment pour s'imposer sur la scène internationale.
06:31 L'expansion des BRICS est donc à voir comme une évolution naturelle du monde.
06:35 L'ordre mondial, dominé par l'ancienne triade économique, devient de plus en plus multipolaire,
06:40 avec des puissances qui se développent dans le monde entier, qui s'affirment à l'échelle régionale,
06:45 qui ont des besoins et qui doivent garantir leurs besoins.
06:48 Ces puissances ne sont pas nécessairement hostiles d'ailleurs à l'Occident,
06:51 mais elles s'opposent à toute forme d'ingérence et tiennent avant tout à leurs intérêts,
06:56 qu'ils soient énergétiques, économiques, politiques ou une simple neutralité diplomatique.
07:01 Voilà pourquoi ce n'est qu'une question de temps avant que les BRICS n'acceptent de nouveaux membres,
07:05 et l'ajout de certains membres profiterait clairement aux blocs.
07:08 Par exemple, l'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis sont particulièrement susceptibles de rejoindre les BRICS.
07:14 Cela permettrait aux blocs de s'ouvrir au Moyen-Orient.
07:17 Les deux états arabes du Golfe sont aussi de gros investisseurs.
07:20 Ces investissements pourraient bénéficier aux BRICS et particulièrement à la Chine et à la Russie,
07:25 qui ont besoin de capitaux, que ce soit pour développer la nouvelle route de la soie,
07:28 ou encore les projets dans l'Arctique, ainsi que l'axe nord-sud pour la Russie.
07:32 Et du point de vue de la Chine, l'ajout de deux grands producteurs de pétrole aux blocs
07:37 pourrait l'aider à sécuriser son accès à l'approvisionnement énergétique.
07:41 Inversement, les deux monarchies du Golfe sont de moins en moins attirées par l'Occident,
07:45 qui réforme sa politique énergétique et compte utiliser moins de pétrole à l'avenir.
07:50 Autre candidat clé, l'Égypte est l'une des plus grandes économies d'Afrique,
07:54 un des états les plus peuplés par rapport à sa superficie avec plus de 100 millions d'habitants.
07:58 L'Égypte contrôle en plus Suez et a un avenir prometteur devant elle.
08:03 Mais les défis sont de taille.
08:04 L'Égypte a constamment besoin d'importer des produits agricoles,
08:07 elle dépend en partie de l'aide européenne,
08:10 ses frontières sont tondues avec ses principaux voisins en crise,
08:14 la présidence d'Alsissie s'éternise et l'entente avec l'Occident pourrait être éphébère.
08:19 Là encore, une adhésion aux BRICS offrirait un poids diplomatique
08:23 et des partenaires tout trouvés pour importer des produits agricoles à des prix compétitifs,
08:29 demander une aide sécuritaire à ses frontières ou tout simplement prévenir une ingérence politique.
08:34 Autre cas, autre région avec l'Indonésie qui se trouve au cœur de l'Asie du Sud-Est,
08:39 une région où les BRICS n'ont actuellement aucun membre,
08:42 une région qui est sur le point de devenir de plus en plus une destination
08:45 pour les chaînes d'approvisionnement et de la fabrication mondiale
08:49 à mesure que celle-ci déménage depuis la Chine.
08:51 Il y a aussi le Kazakhstan qui a également exprimé son intérêt à rejoindre les BRICS,
08:56 ce qui permettrait au bloc de s'étendre en Asie centrale,
08:58 une région qui sert de carrefour vital pour la Russie afin de contourner les sanctions
09:03 et pour l'initiative chinoise de la Nouvelle Route de la Soie
09:05 et toujours pour importer des hydrocarbures vers la Chine.
09:08 De l'autre côté, le Kazakhstan est géographiquement enclavé,
09:11 on a fait une vidéo entière dessus,
09:13 et il a là une excellente opportunité de briser cet enclavement
09:17 et de poursuivre une politique souveraine sans se brouiller avec son voisin russe.
09:22 Et ce ne sont là que des principaux exemples,
09:23 il y a aussi l'Algérie qui est un important producteur de pétrole
09:26 et qui va devoir trouver de nouveaux clients et assurer de nouvelles débouchées.
09:30 Une telle expansion au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Asie du Sud-Est, en Asie centrale
09:36 pourrait ajouter des milliards de dollars de PAYB au bloc,
09:39 plusieurs millions de personnes de plus,
09:41 et mettre les BRICS sur un pied d'égalité, ou en tout cas de quasi-égalité avec le G7.
09:46 Ce qui permettra de peser considérablement dans les prises de décisions à un niveau international.
09:52 Mais maintenant, il est temps de rentrer dans le vif du sujet avec les chiffres.
09:55 Selon le FMI, le PAYB combiné des pays du G7 s'élevait à environ 46 milliards de dollars en 2022.
10:01 C'est 44% de l'économie mondiale.
10:04 On constate une chute de cette part dans l'économie mondiale depuis le début des années 2000,
10:08 malgré tout, ce qui est parfaitement normal puisque le monde est en train de se développer dans son ensemble.
10:12 Le PAYB combiné, quant à lui, des membres des BRICS, s'élevait à environ 26 milliards de dollars,
10:17 c'est-à-dire 25% de l'économie mondiale en nominal.
10:21 Si on regarde le PAYB en parité de pouvoir d'achat, le groupe des BRICS a dépassé le G7 en 2021,
10:28 puisqu'avec cette mesure, le G7 représente 30% de l'économie mondiale et les BRICS 31%.
10:34 Alors on oppose souvent le PAYB nominal ou le PAYB à parité de pouvoir d'achat.
10:38 En réalité, il faut prendre les deux pour avoir une idée claire de la situation.
10:42 Le PAYB permet de mesurer la valeur brute d'un pays sans se poser la question sur les besoins des habitants
10:47 ou la valeur des devises nationales.
10:49 Le PPA, lui, permet de mesurer le niveau de vie dans les pays, souvent ce qu'on nomme d'ailleurs le PAYB réel,
10:56 puisque les besoins moyens par habitant en Inde ou en Afrique du Sud ne sont pas les mêmes qu'en France ou aux Etats-Unis.
11:02 Alors pour mesurer le poids dans des institutions internationales, on va surtout regarder le PAYB,
11:06 puisque c'est la valeur brute, d'où le fait qu'un groupe des BRICS élargi améliorerait la capacité des institutions liées aux BRICS
11:13 à devenir des alternatives aux institutions dites occidentales, mais ils sont bien sûr loin de pouvoir les éclipser.
11:19 Et la géopolitique est de toute façon, d'une manière générale, une question d'équilibre.
11:23 L'institution des BRICS la plus efficace, c'est la nouvelle banque de développement, la NDB,
11:28 qui est censée être le pendant de la banque mondiale.
11:31 Il y a aussi l'accord de réserve contingente, la CRA, qui est censée être un équivalent au FMI.
11:36 Le principal problème, c'est que ces institutions sont déséquilibrées par le poids économique de la Chine, qui est trop fort.
11:42 Et la Chine est donc de facto le garant de ces institutions.
11:46 L'atout de pays comme les Emirats Arabes Unis et l'Arabie Saoudite, c'est que ce sont des pays investisseurs avec beaucoup de cash,
11:52 qui augmenteraient le poids de ces institutions, les rendraient crédibles, tout en permettant d'équilibrer un peu plus la balance face à la Chine.
11:58 Et on le constate d'ailleurs avec le NDB, le Bangladesh, l'Egypte et les Emirats Arabes Unis sont devenus les premiers membres non BRICS à rejoindre la banque en 2021,
12:08 ce qui a permis d'accroître son poids au sein des institutions mondiales.
12:11 Mais soyons réalistes, la NDB, ce n'est que l'une des douzaines de banques multilatérales de développement dans le monde.
12:17 Il y a beaucoup à faire, il y a beaucoup à prouver également.
12:20 On verra par exemple si la NDB met en place le projet de financer l'Argentine qui est endettée et qui doit se plier aux recommandations du FMI.
12:27 Mais pour le moment, rien de concret n'a été fait.
12:29 Et on peut aussi imaginer une aide à la Tunisie ou au Pakistan qui sont également en difficulté.
12:34 Et en parlant d'aide et d'argent, c'est le moment de faire la transition vers la monnaie des BRICS.
12:38 Qui dit émancipation de l'influence occidentale ou en tout cas est rééquilibre face à l'influence occidentale et notamment américaine, dit dédollarisation.
12:47 Les BRICS aident à stimuler le commerce des devises locales, yuan, rouble, rupee, sans même parler d'une éventuelle monnaie des BRICS qui serait dédiée aux échanges d'une monnaie commune.
12:57 Vous le savez, les Etats-Unis ont pu exploiter la domination du dollar grâce à des politiques de sanctions qui ont coupé ou menacent de couper les entreprises du système financier à l'international et les entreprises étrangères.
13:08 Cette vulnérabilité au dollar, elle est devenue de plus en plus une préoccupation, surtout suite aux sanctions contre la Russie.
13:14 Là encore, la route sera longue.
13:16 D'une part, les monnaies des BRICS ne sont pas fortes ou trop peu convertibles, ce qui les rend indésirables pour les banques et les entreprises à l'international qui ne veulent pas nécessairement les conserver.
13:26 Par exemple, la Russie a stimulé l'utilisation du yuan dans son commerce avec la Chine.
13:31 Mais Moscou a été bien moins enthousiaste à l'idée de stimuler l'utilisation de la roupie indienne, puisque la roupie indienne est très peu convertible et très peu utilisée dans le monde, car l'Inde ne représente en réalité que 2% du commerce mondial.
13:44 Et aujourd'hui, la Russie se retrouve avec un important excédent commercial avec l'Inde, et donc des milliards de roupies qu'elle a accumulées et qu'il faut dépenser.
13:52 Et ce serait là l'intérêt d'une monnaie des BRICS, pour répondre à cette impasse grâce à une monnaie commune.
13:58 L'autre solution, c'est que l'Inde fasse accepter sa monnaie, notamment par exemple en Afrique, ce qui pourrait permettre à la Russie d'écoulir ses roupies tout en investissant en Afrique.
14:08 Mais tout ça, ce ne sont encore que des hypothèses.
14:10 Là aussi se pose la question du poids de la Chine, qui est réticente quant à elle à introduire ses propres réformes pour augmenter la convertibilité du yuan.
14:18 C'est encore un argument en faveur de l'expansion des BRICS pour diluer la part du commerce qui est trop concentrée sur la Chine, même si sa place sera toujours importante.
14:26 Mais d'un autre côté, c'est aussi la grande économie de la Chine qui est le principal attrait de l'adhésion aux BRICS.
14:31 Les pays du Golfe, par exemple, veulent approfondir leur lien économique avec la Chine.
14:35 La Chine est un important marché pour écouler leur pétrole.
14:38 Or, ces pays ne pourront pas non plus accepter, réalistiquement parlant, une tonne de yuan et une tonne de roupies.
14:43 Et tant qu'une monnaie commune ou que les monnaies des BRICS ne seront pas facilement convertibles, le dollar restera le maître du commerce.
14:50 Car le dollar est paradoxalement la monnaie la plus flexible et la plus acceptée dans le monde, mais aussi la plus contraignante qu'à indexer sur la politique américaine.
14:59 Néanmoins, on assiste à l'amorce de la dédollarisation.
15:02 Je ne suis pas convaincu que le dollar disparaîtra.
15:04 Encore une fois, la géopolitique est avant tout une question de balance et d'équilibre.
15:08 En décembre 2022, 58,4% des réserves mondiales de change étaient detenues en dollar américain.
15:14 Et bien en 1999, cette part s'élevait à 71%.
15:18 La part de la monnaie américaine a donc lentement diminué.
15:22 Le dollar a surtout diminué à cause de l'euro.
15:24 Et à titre de comparaison, le yuan chinois ne représentait que 2,7% des réserves mondiales en décembre 2022.
15:32 Pour résumer, l'extension des BRICS n'est qu'une question de temps.
15:35 Elle est nécessaire tant pour peser face au G7 que pour équilibrer la balance face au poids de la Chine en interne.
15:41 Mais aussi pour s'ouvrir sur de nouveaux continents et regrouper des pays stratégiques.
15:45 Que ce soit géographiquement, dans le rôle de fournisseur mondial,
15:48 comme investisseur ou comme détenteur de ressources stratégiques, et comme débouché.
15:53 Cette extension, elle s'accompagnera au mieux d'une monnaie de réserve des BRICS, afin de faciliter les échanges.
15:58 Cette monnaie, elle sera probablement basée sur un panier de monnaies BRICS, les plus importantes.
16:03 Le problème de cette monnaie sera sa volatilité, puisque de fait, ses devises sous-jacentes sont jugées "moins sûres" que le dollar.
16:10 Mais c'est là que les pays devront aussi faire un choix.
16:12 Ou diminuer le poids du dollar, ou s'engager dans une nouvelle devise au risque d'échouer.
16:18 Et le choix des prochains pays membres sera nécessairement fait en fonction de leur engagement sur la dédollarisation.
16:23 Et c'est ce qu'il faudra observer.
16:25 Et maintenant, on va conclure cette vidéo avec une petite ouverture.
16:27 Le principal domaine de coopération qui va fédérer les BRICS et ses candidats, c'est la question énergétique.
16:33 On en fera sans doute une vidéo à part.
16:35 L'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, l'Indonésie et l'Algérie sont tous de grands producteurs de pétrole et de gaz, et/ou des consommateurs de charbon.
16:42 En les incluant au sein des BRICS, l'Alliance compte devenir un acteur majeur dans les négociations sur le climat et l'énergie,
16:49 en demandant à ses membres de prendre une position commune pour défendre leurs intérêts.
16:52 Le bloc aurait les plus gros consommateurs de charbon du monde, l'Inde et la Chine,
16:56 mais aussi les deux plus grands producteurs de pétrole non-occidentaux, la Russie et l'Arabie Saoudite.
17:00 Joignez-y également des puissances intermédiaires ou mineures qui sont dépendants des combustibles fossiles pour leur développement,
17:06 l'Algérie, l'Afrique du Sud, l'Indonésie, le Brésil, qui considèrent tous la pression occidentale pour accélérer la transition énergétique
17:13 comme une injustice historique qui les prive de leur développement.
17:16 Et vous avez là toutes les causes qui pourraient réunir les BRICS.
17:19 Un mois après la réunion des BRICS se tiendra en septembre la réunion du G20 sur la transition énergétique à New Delhi, en Inde,
17:26 et il sera intéressant de voir les positions des puissances non-occidentales sur le sujet.
17:30 Retenez que le débat énergétique et sur le climat est au sein de la communauté mondiale le sujet le plus stratégique et le plus clivant de ce siècle.
17:38 Parallèlement à cela, il y a aussi la crainte des sanctions, et c'est ce qui explique cet engouement depuis une bonne année pour les BRICS.
17:43 Les pays en développement se rendent compte qu'ils vont devoir défendre leurs intérêts, et pour ce faire, peser et fédérer autour d'eux.
17:50 Bien sûr, à mesure que les BRICS s'étendront, il en sera de même pour les désaccords internes sur diverses politiques,
17:55 ce qui limitera aussi la cohésion du bloc.
17:57 Les cinq membres actuels des BRICS partagent déjà des points de vue similaires sur la réduction de la domination du dollar ou de l'énergie.
18:03 Mais l'Afrique du Sud, le Brésil ou encore l'Inde ne partagent pas les points de vue strictement anti-américains ou anti-occident.
18:09 Ces contradictions limitent la coopération au sein des BRICS, et l'élargissement du bloc ne fera qu'accentuer ces contradictions.
18:15 L'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis ou encore l'Indonésie sont profondément liés à l'appareil de sécurité américain.
18:21 En fin de compte, l'entrée de nouveaux pays ne limitera pas la coopération tant qu'il y a un intérêt mutuel.
18:26 Mais cela pourrait toutefois restreindre la coopération des BRICS dans d'autres politiques de coopération,
18:31 là où la force du G7 est de répondre d'une seule voix, quitte à mettre de côté les intérêts souverains.
18:36 Mais mettre de côté la souveraineté au profit de l'Alliance, ça n'a jamais été la vocation du monde porté par les BRICS.
18:41 Et c'est là d'ailleurs un de ses arguments pour attirer de nouvelles puissances face au modèle d'Alliance occidentale.
18:46 Encore merci à MyHeritage pour avoir sponsorisé cette vidéo. Le lien pour avoir accès à 14 jours d'essai gratuitement est bien sûr disponible en description et en top commentaire.
18:55 Merci à tous pour votre fidélité bien sûr. J'espère que cette vidéo vous aura plu et je vous dis à très bientôt.
19:00 [Musique]

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