Olivier Véran, invité de "Questions Politiques"

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Olivier Véran, porte-parole du Gouvernement et Ministre délégué chargé du Renouveau démocratique est l'invité de Questions politiques ce dimanche. Il réagit à l'attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses, la nuit dernière. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-02-juillet-2023-5641060

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Transcription
00:00 (Générique)
00:08 Bonjour, bonjour et bienvenue dans "Questions politiques",
00:10 le rendez-vous politique du dimanche midi à la radio sur France Inter,
00:13 à la télévision sur France Info et en partenariat avec le journal Le Monde.
00:17 Et pour la dernière émission de la saison, nous recevons le porte-parole du gouvernement
00:20 dans un contexte de très grande tension dans notre pays.
00:23 Cinq nuits de violence urbaine, des meutes, perpétrées par des jeunes,
00:26 voire des très jeunes, descendus dans les rues de nombreuses villes et de quartiers
00:29 de notre pays après la mort de Nahel, abattus à bout portant par un policier.
00:33 La présence massive des forces de l'ordre a pu faire un peu retomber les tensions,
00:37 mais après les pillages de magasins, la destruction de biens publics,
00:40 d'écoles, de mairies, de médiathèques, des pompiers ou des policiers pris pour cible,
00:43 ou comme cette nuit, la famille du maire de Lailerhose, qui a échappé au pire,
00:47 quelle doit être la réponse de l'État, à court terme mais aussi à long terme ?
00:52 Ces questions et bien d'autres, nous allons les poser au porte-parole du gouvernement
00:55 et ministre chargé du Renouveau démocratique, Olivier Véran, et l'invité de Questions politiques.
01:00 Questions politiques
01:02 Thomas Négarof sur France Inter
01:06 Bonjour Olivier Véran. Bonjour.
01:09 Merci d'avoir accepté notre invitation pour vous poser des questions.
01:11 Je serai évidemment accompagné de Nathalie Saint-Clicq de France Télévisions.
01:14 Bonjour Nathalie. Bonjour à tout le monde.
01:17 Bonjour Françoise Fressoz du Monde. Bonjour Thomas. Bonjour à tous.
01:20 Et aujourd'hui, Laurence Perron du service politique de France Inter. Bonjour Laurence.
01:23 Bonjour. Bonjour à tous et toutes.
01:25 Alors je commence évidemment Olivier Véran avec l'attaque du domicile de Vincent Jambrin,
01:29 maire LR de Lailerhose, la sous-préfecture du Val-de-Marne.
01:32 Sa femme et ses jeunes enfants, 5 et 7 ans, étaient dans la maison.
01:36 Le parquet, on l'a appris ce matin, a retenu la qualification de tentative d'assassinat.
01:41 Est-ce que pour vous, une étape a été franchie cette nuit ?
01:44 Vous savez pourquoi la famille de Vincent Jambrin, le maire de Lailerhose, a été attaquée ?
01:52 Pourquoi le maire de Charleville-Mézières, Boris Ravignon, a subi une agression ?
01:56 Pourquoi des dizaines d'élus ont été la cible des pillards encore cette nuit ?
02:01 Parce qu'ils constituent un rempart pour la République face au pillage et face au désordre.
02:06 Ce n'est pas anodin.
02:08 A l'heure où la maison du maire était attaquée, avec à l'intérieur sa femme et ses deux enfants en bas âge,
02:13 le maire était quant à lui dans sa mairie, aux côtés des forces de sécurité intérieure,
02:18 aux côtés des pompiers, aux côtés des responsables associatifs.
02:21 Pourquoi est-ce qu'il y était, le soir si tard ?
02:24 Justement pour éviter les exactions, pour éviter la violence,
02:27 pour vérifier que tout était mis en place pour garantir la sécurité de ses concitoyens.
02:31 Donc c'est évidemment énormément de colère ce matin, une émotion très vide.
02:36 J'envoie au maire, à sa famille, à ses proches, aux habitants de la commune,
02:39 évidemment tout le soutien du gouvernement.
02:41 Et je leur dis que la République leur est reconnaissante et qu'elle est et qu'elle restera à leur côté.
02:46 D'après vous, on est passé d'une forme d'émotion, suite à la mort du jeune homme Nahel,
02:52 à quelque chose qui ressemble plus à de la délinquance ou du droit commun,
02:55 en raison des pillages, où on garde une espèce de mélange entre les deux.
02:59 Il y a déjà eu des mouvements dans la France, en Europe, dans le monde, de revendications politiques.
03:04 Il y a eu des marches, avec des messages politiques.
03:08 Parfois des marches qui pouvaient être émaillées, ça ou là, de violence, mais contenues.
03:13 Ici, il n'y a pas de message politique.
03:16 À travers les pillages qui sont réalisés la nuit,
03:19 quand on vous a les dévalisés un Foot Locker, un Sephora, un magasin Lacoste,
03:23 ou un magasin de téléphone portable, ce n'est pas un message politique qui est envoyé,
03:26 ne nous trompons pas là-dessus.
03:27 C'est clairement du pillage.
03:29 C'est du pillage qui a lieu, encore cette nuit, dans une centaine de communes de notre pays.
03:33 Alors il y a eu moins de scènes de violence cette nuit.
03:35 Je crois qu'il y a eu à peu près deux fois moins de bâtiments incendiés,
03:38 deux fois moins de véhicules incendiés.
03:40 Mais enfin, il y a plus de 700 personnes interpellées.
03:43 Et à l'heure à laquelle on se parle,
03:45 les services de la justice de notre pays sont totalement mobilisés
03:49 pour des comparutions immédiates.
03:51 Qu'est-ce que ça veut dire ?
03:52 Ça veut dire que quand les policiers attrapent quelqu'un la nuit dans une boutique en train de piller,
03:55 ou un mortier à la main, ou une pierre à la main, ou une barre de métal à la main,
03:59 cette personne passe la nuit en garde à vue,
04:01 et le lendemain ou le surlendemain, elle passe devant un juge.
04:03 Et que nous apportent les enseignements des premières comparutions immédiates ?
04:07 Il y a eu une vingtaine de cas qui ont été présentés dès avant-hier en Ile-de-France.
04:12 La plupart ne sont pas rentrés chez eux.
04:14 Ils ont eu à leur rencontre une peine de prison ferme avec déferment immédiat.
04:19 C'est important que les Français l'entendent.
04:21 C'est important qu'ils sachent que ces actes répréhensibles sont réprimés, punis,
04:26 avec une très grande sévérité.
04:27 C'est nouveau ça ?
04:28 Et la circulaire de politique pénale prise par le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti,
04:32 appelle à cette fermeté à travers ce dispositif de comparution immédiate.
04:37 Ce qui est particulièrement réalisé dans la période, au cours de cette semaine,
04:42 c'est que les gens ne sont pas amenés à rentrer chez eux après une garde à vue
04:45 pour être convoqués quelques semaines ou quelques mois plus tard.
04:47 La comparution immédiate, ça veut dire qu'ils ne rentreront chez eux
04:50 que lorsqu'ils auront purgé la peine pour laquelle ils auront été condamnés.
04:54 Et quand on parle de 719 personnes qui ont été arrêtées cette nuit,
04:57 plus de 1000 personnes la nuit dernière,
04:59 il faut vraiment que les gens qui nous écoutent et nous regardent
05:02 comprennent que ça veut dire qu'il y a des centaines de ces personnes
05:05 qui ont commis des délits graves, qui vont payer pour ces délits,
05:08 pas demain, pas dans un an, immédiatement.
05:11 Olivier Véran, vous disiez qu'il n'y avait pas de message politique
05:14 pour être allé dans les quartiers, et notamment les quartiers de Seine-Saint-Denis.
05:18 Si, les murs sont remplis de slogans qui demandent la tête de Gérald Darmanin,
05:22 le ministre de l'Intérieur, qui incriminent la police,
05:25 qui incriminent aussi une certaine forme d'abandon de l'État.
05:28 Il y a effectivement les deux mouvements qui coexistent en ce moment dans ce que...
05:32 Je vais faire la différence entre les deux...
05:34 Moi je n'appellerais pas ça un mouvement, les scènes de pillage auxquelles on assiste
05:37 la nuit dans notre pays.
05:38 Il y a un mouvement de colère, de détresse, évidemment.
05:42 Et la mort de jeune Naël...
05:44 Que vous comprenez ?
05:45 La mort de jeune Naël est évidemment un drame humain
05:48 qui appelle des réponses de la justice,
05:50 et la personne qui est soupçonnée d'avoir exercé l'ordre de la mauvaise manière
05:56 et toujours à l'heure à laquelle on se parle, derrière les verrous.
05:59 Et s'il y a lieu, il sera jugé et condamné pour cela.
06:02 Il y a de l'émotion, évidemment, qui d'ailleurs n'est pas cantonnée au quartier,
06:06 qui traverse tout le pays, parce qu'un jeune de 17 ans a trouvé la mort de manière brutale.
06:10 Ça, je le reconnais, évidemment.
06:12 Mais ce qui se passe la nuit...
06:13 Regardez les minutes qui ont été publiées dans certains journaux
06:17 lors des fameuses comparutions immédiates de jeunes qui ont été attraper la main dans le sac
06:21 la nuit dans nos villes.
06:22 Aucun n'a parlé de Naël.
06:24 Aucun ne s'est revendiqué de Naël.
06:26 Donc ne faisons pas la comparaison entre les deux,
06:28 c'est presque faire injure au mouvement d'émotion qui a pu traverser
06:32 et qui traverse encore au moins une partie de notre pays.
06:34 Et qui dit autre chose aussi sur la situation des quartiers populaires.
06:37 Mais la situation des quartiers populaires, moi je veux bien qu'on en parle.
06:40 C'est important d'en parler.
06:42 D'abord, important d'en parler...
06:44 Et d'apporter des réponses peut-être aussi.
06:46 Justement, il faut parler de réponses.
06:47 Je suis porte-parole du gouvernement, je veux en profiter.
06:49 Depuis 2017, nous avons agi et nous continuons d'agir pour les quartiers populaires de notre pays.
06:53 Le président de la République, la semaine dernière, était à Marseille.
06:56 Le président de la République, la semaine dernière, a fait des annonces
06:59 pour le plan quartier 2030.
07:01 C'était avant le drame de Naël.
07:03 Qu'est-ce qu'il a annoncé ?
07:04 Il a annoncé qu'on allait permettre à des enfants dans les quartiers populaires
07:07 d'être à l'école dès l'âge de 2 ans.
07:08 Parce que parfois 3 ans, c'est trop tard.
07:10 Et moi qui suis grenoblois, je connais ce dispositif
07:12 et ça aide énormément d'enfants et de familles.
07:14 Il a annoncé qu'il voulait que d'ici à la fin du quinquennat,
07:17 les enfants, les collégiens, puissent rester de 8 heures à 18 heures au collège.
07:20 C'est une véritable révolution.
07:22 Pour permettre d'éviter à des enfants, parfois, de traîner dans le quartier
07:25 au lieu de pouvoir apprendre, ou se divertir, ou se distraire.
07:28 Il a annoncé que nous allions encore amplifier
07:31 cet incroyable mouvement de reconstruction de l'habitat urbain
07:34 des zones, des quartiers et des banlieues.
07:36 Qui est quand même, excusez-moi du peu, à l'heure à laquelle on se parle,
07:39 il y a 1 700 projets d'urbanisme qui sont en cours
07:42 dans les quartiers populaires de notre pays.
07:43 C'est-à-dire qu'on détruit ces barres infâmes
07:46 dans lesquelles sont entassées des familles dans des conditions souvent insalubres
07:49 pour reconstruire des logements plutôt de type pavillonnaire
07:52 dont on sait très bien qu'ils permettent de restaurer de la sécurité
07:55 dans les lieux où ils sont concernés.
07:56 Vous avez l'éducation, vous avez l'urbanisme.
07:58 Parlons de l'emploi, qu'est-ce que nous faisons depuis 5 ans ?
08:01 Nous permettons à des jeunes des quartiers populaires d'accéder à de l'apprentissage.
08:04 On a multiplié par 3 le nombre d'apprentis.
08:06 Mais pardon, ça veut donc dire,
08:08 ça veut donc dire que c'est incompréhensible ce qui se passe pour vous ?
08:13 Je réponds à la question qui m'est posée,
08:15 de savoir s'il faut des réponses pour les quartiers populaires.
08:17 Je ne voudrais pas laisser à penser qu'on serait en train aujourd'hui
08:20 de développer des réponses comme pour la pauvreté
08:22 et qu'il y aurait des inégalités dans les quartiers.
08:24 Bien sûr qu'elles existent et nous luttons d'arrache-pied contre ces inégalités.
08:27 Je vous rappelle que c'est nous qui avons dédoublé les enseignants.
08:30 Donc je repose ma question,
08:31 est-ce que dans les écoles, dans les quartiers populaires,
08:34 repérez plus ?
08:35 Mettons une prime de 3000 euros pour les enseignants qui font ce travail difficile ?
08:38 Alors, on voit bien qu'en allant des moyens, il y a toujours ce sentiment d'abord.
08:41 Est-ce que donc ça veut dire que vous ne comprenez pas ce qui se passe,
08:44 qu'il y a une forme d'ingratitude dans les quartiers par rapport à une action
08:47 qui selon vous est vertueuse depuis 6 ans ?
08:49 Paris ne s'est pas construit, Rome ne s'est pas construit en 3 jours
08:52 et les quartiers populaires de notre pays qui ont pâti de décennies,
08:56 de décennies parfois d'abandon ou de politiques inadaptées,
08:58 ne seront pas reconstruits, rebâtis, refondés en 3 ans.
09:02 Personne ne peut dire cela.
09:03 Ce que je veux vous dire et ce que je veux dire aux personnes qui nous écoutent,
09:05 c'est que les moyens, nous les mettons à disposition.
09:07 Et nous les mettons à disposition avec une boussole,
09:10 lutter contre les inégalités et les casser à la racine.
09:13 C'est le président de la République qui lorsqu'il a présenté le plan pauvreté en 2018,
09:17 a reconnu lui-même qu'en France, dans un pays comme la France,
09:20 quand on est pauvre, il faut 6 générations pour sortir de la pauvreté.
09:23 Toute l'action que nous menons, c'est pour permettre à ces jeunes demain
09:26 d'avoir un emploi, de se sentir parfaitement, totalement appartenant à la République
09:30 et d'avoir des familles qui vivent dans des logements dignes.
09:33 Nous faisons, nous menons ce travail.
09:35 Et parmi les bâtiments qui sont saccagés dans les quartiers populaires,
09:37 vous avez justement des complexes culturels, des complexes sportifs,
09:40 des complexes éducatifs qui ont été construits sous notre mandature,
09:44 de manière à permettre d'extraire ces jeunes de la misère
09:47 dans laquelle nous les avons trouvés en arrivant.
09:49 Le fait générateur, ça a été quand même cette bavure policière
09:52 qui est dans un contexte où on a un affrontement de plus en plus vif
09:57 dans ces quartiers entre la police et les habitants.
09:59 Avec derrière aussi le trafic de drogue qui était quand même le grand non-dit du problème.
10:04 Comment est-ce qu'on sort de ça ?
10:06 Est-ce qu'il faut revoir le fonctionnement de la police ?
10:08 Est-ce qu'il faut faire une police républicaine comme le dit Mélenchon ?
10:11 Quelle est votre analyse de la situation ?
10:13 Revenez sur la loi de 2017 sur le refus d'obtempérer.
10:15 Je voudrais qu'on remarque ensemble quelque chose.
10:18 Alors qu'on parle de violences urbaines d'intensité parfois inédite, selon les endroits.
10:23 Alors que ces violences ont lieu chaque nuit depuis plusieurs nuits maintenant.
10:29 Alors qu'il y a 45 000 forces de l'ordre, gendarmes et policiers,
10:33 mobilisés sur tout le territoire national.
10:35 Est-ce que vous entendez parler de bavure ?
10:37 C'est-à-dire que moi je salue le professionnalisme, le sang-froid,
10:40 la mobilisation des forces de sécurité, mais aussi des pompiers,
10:43 mais aussi des douaniers qui font un gros travail en ce moment en particulier,
10:47 mais aussi des associations, des médiations, des familles, des élus locaux.
10:51 Tout le monde est mobilisé pour que nous puissions sortir de cette séquence
10:55 le plus rapidement possible, avec la plus grande fermeté, la plus grande réactivité,
11:00 la capacité d'anticiper et en même temps d'éviter des drames humains.
11:03 Alors justement, je suis une antisote sur la plus grande fermeté.
11:06 Est-ce que oui ou non, certains policiers ont dit qu'on leur avait conseillé
11:10 de ne pas bouger la nuit suivante et la nuit après,
11:14 de manière à ne pas en rajouter ou mettre de l'huile sur le feu ?
11:16 Est-ce qu'en gros, après la mort de Nahel, on a dit "écoutez, il faut mieux laisser brûler".
11:20 Ce qui contessait les gens, ce n'est pas les biens,
11:23 et c'est pour ça qu'on a assisté à ces scènes de pillages, de guérillas.
11:26 – En gros, ce n'est pas tous les jours qu'on a 700 ou 1000 arrestations
11:29 en une nuit dans notre pays.
11:32 Ce n'est pas quelque chose de commun.
11:33 Et ce qui montre que l'action des forces de sécurité, elle est déterminante et déterminée.
11:37 Donc non, évidemment que nous maintenons l'ordre,
11:40 et d'ailleurs le gouvernement reste totalement mobilisé.
11:42 La première ministre était avec le ministre de l'Intérieur à la préfecture de Paris cette nuit,
11:46 puis au centre de commandement pour vérifier que les opérations
11:50 se passent dans les meilleures conditions possibles.
11:52 Des conditions qui, je le dis, sont parfois dantesques pour les forces de l'ordre
11:55 qui font face, vous l'avez vu, à des assauts, parfois des assauts assez coordonnés.
11:59 D'ailleurs, moi j'ai appelé, à la suite de la nuit terrible qui s'est passée par exemple à Grenoble,
12:03 qui est ma ville, j'ai appelé le maire, le préfet, de nombreux commerçants et associations
12:08 pour essayer de comprendre comment les séquences étaient organisées.
12:11 Il y avait des choses qui répondaient clairement à des schémas d'organisation,
12:14 avec une première ligne qui cassait les vitrines,
12:16 une deuxième ligne qui vidait les boutiques et qui stockait quelque part le matériel,
12:19 et une troisième ligne qui embarquait en voiture.
12:21 Donc il y a des choses, vous savez, quand vous êtes force de sécurité,
12:24 vous devez d'abord protéger les gens.
12:26 Et à commencer par les émeutiers eux-mêmes, qui doivent être protégés d'eux-mêmes.
12:29 On a tous en tête ces images qu'on a pu voir, avec des jeunes qui font n'importe quoi,
12:33 et qui vont renverser ici un poteau, qui se le prend sur la tête,
12:37 qui est visqueuse et qui a manqué de tuer un autre émeutier.
12:40 Donc on doit aussi protéger ces jeunes vis-à-vis d'eux-mêmes.
12:44 On n'est pas dans "Sa Majesté des mouches" en fait,
12:46 ce roman où les ados prennent le contrôle, faute d'adultes.
12:49 Mais pourtant, et pourtant, force est de constater,
12:52 et le garde des Sceaux l'a très bien dit, le président de la République l'avait dit lui-même,
12:55 qu'il y a un enjeu éducatif aussi, l'enjeu du rôle des parents.
12:58 Moi je ne comprends pas, je vous le dis, j'ai des enfants,
13:01 je ne comprends pas que des enfants de 12 ans,
13:03 il y a encore des enfants de 12 ans qui ont été arrêtés cette nuit,
13:05 puissent être à 3h du matin, au cœur d'une ville, très loin de chez eux,
13:09 une barre de métal à la main.
13:11 La responsabilité parentale, elle doit être aussi exposée, interrogée.
13:15 D'ailleurs le garde des Sceaux l'a dit dans sa circulaire.
13:17 Il y a aussi souvent la responsabilité maternelle,
13:19 parce qu'on est très souvent confronté à des femmes qui lèvent seules leurs enfants,
13:21 et qui en ont beaucoup, et qui sont débordées.
13:23 Je vous dis qu'un enfant de 12 ans n'a pas les codes, en fait.
13:28 Il est sous l'autorité de ses parents, il doit être sous l'autorité de ses parents.
13:33 Il y a une responsabilité des parents,
13:35 qui a été rappelée dans la circulaire de politique pénale du garde des Sceaux,
13:38 et qui peut aller jusqu'à une peine d'emprisonnement et des amendes très importantes,
13:41 s'il n'y a pas d'exercice de l'autorité parentale sur ces gosses.
13:44 Vous n'avez pas répondu sur la police.
13:46 Est-ce qu'il y a un problème des quartiers populaires avec la police ?
13:49 Et est-ce qu'à un moment donné, il faudrait, pourquoi pas, envisager de revenir
13:53 à ce qui avait été mis en place à un moment donné, la police de proximité,
13:56 une police qui soit plus acceptée par les habitants de ces quartiers ?
14:00 D'abord, qu'avons-nous trouvé en 2017 ?
14:02 Je le rappelle quand même.
14:03 La police de proximité avait été retirée des quartiers populaires.
14:06 Il n'y avait plus de proximité entre les habitants, les jeunes et la police.
14:10 Dans ma circonscription grenobloise, j'ai des quartiers populaires
14:13 où il y avait auparavant de la présence policière, elle n'existe plus.
14:16 Nous avons restauré de la présence policière.
14:19 Nous avons recréé du lien entre les associations, les médiations sociales
14:23 et les forces de sécurité.
14:25 Et le président de la République a encore annoncé la semaine dernière
14:28 l'arrivée de ce qu'on appelle ces forces de reconquête républicaine
14:32 qui permettent justement de faire le lien entre les forces de sécurité intérieure,
14:36 le milieu associatif, le milieu de l'emploi, les familles dans l'ensemble des quartiers populaires.
14:41 Un autre point qui est important, il ne suffit pas de parler,
14:45 quand on parle de service public, de sécurité, même si vous posez la question
14:49 aux familles qui vivent dans ces quartiers.
14:51 Moi je le fais régulièrement.
14:52 La première chose dont ils me parlent, c'est l'insécurité dont ils sont les premières victimes.
14:55 Le trafic, c'est eux qui le subissent.
14:57 L'insécurité, les violences, les règlements de comptes, c'est eux qui les subissent.
15:00 Et en ce moment, la destruction des biens publics, c'est eux qui en sont les victimes.
15:04 C'est leur voiture qui brûle, dont ils ont besoin pour aller au travail.
15:07 Et donc nous avons aussi restauré de la présence de services publics.
15:11 450 maisons France Service dans les quartiers populaires de notre pays
15:15 pour justement dire à ces populations, vous avez exactement les mêmes droits
15:19 face à la République, dans la République.
15:21 Mais la loi de 2017 n'est pas répondue.
15:23 Juste sur la loi de 2017.
15:24 Attends, on va y arriver.
15:25 Mais pour être clair, depuis le début de l'émission, vous nous avez dit
15:28 c'est très politique d'aller frapper des maires, puisque c'est eux qui sont vraiment en première ligne,
15:33 donc il y avait un geste politique dans ce qui se faisait.
15:35 Non, c'est pas politique.
15:36 Après vous nous avez dit…
15:37 Frapper un maire n'est pas un geste…
15:39 Ce qui s'est passé, c'est pas un geste politique de frapper un maire.
15:42 Attaquer la voiture, attaquer à coup de voiture, bêlier et tenter d'incendier
15:45 la maison de la famille d'un maire, c'est une tentative d'assassinat.
15:48 Ce n'est pas un fait.
15:49 Symboliquement, on s'attaque à un élu.
15:53 C'est pas le symbole en fait.
15:55 Moi je considère que parce que le maire fait son travail,
15:57 parce qu'il est présent aux côtés des forces de sécurité,
15:59 parce qu'il les empêche de faire n'importe quoi, c'est pour ça qu'il le punit.
16:02 C'est pas en raison de l'appartenance à la République ou l'étiquette politique qu'il porte.
16:05 Nous, nous considérons que le maire a un rôle politique majeur
16:09 et qu'il est un rempart de la République.
16:11 Mais si vous posez la question à ces jeunes,
16:13 ils ne vous diront pas qu'ils ont fait un geste politique.
16:15 Ils vous diront qu'on a envie de punir le gars qui nous empêche de faire du trafic au quotidien
16:19 et on a profité de la nuit pour aller s'en prendre à sa famille.
16:21 D'accord, brûler une école c'est politique, c'est pas politique pour vous ?
16:25 Mais vous savez, il s'attaque, il y a une partie de ces jeunes
16:28 qui se sont attaqués effectivement à des écoles,
16:31 parfois même à des équipements sportifs, qu'ils vont pourtant utiliser au quotidien.
16:34 Je laisse, pardonnez-moi...
16:36 C'est quoi, c'est du nihilisme ? C'est quoi votre analyse à voule de ça ?
16:39 Je ne suis pas dans la phase d'analyse sociologique de ce qui peut se passer.
16:42 D'abord, je ne suis pas sociologue et il y a des gens qui sont très bien,
16:44 qui apporteront des réponses.
16:46 Pourquoi expliquer ses excuses ?
16:47 Déjà on voit, c'est pas ça, l'heure à laquelle on se parle,
16:50 là vous voyez il y a 45 000 policiers et gendarmes qui sont mobilisés,
16:53 le gouvernement est totalement mobilisé pour assurer la sécurité des biens et des personnes.
16:57 Et on est dans cette phase-là de l'urgence qui nécessite toute notre mobilisation
17:01 et toute notre attention.
17:03 Il y a des sociologues néanmoins qui commencent à décrire ce qui a pu changer par rapport à 2005.
17:08 Et les choses qui sont différentes par rapport à 2005.
17:10 Plus jeunes, plus violents et réseaux sociaux.
17:12 Plus jeunes, plus violents.
17:13 Alors après, qu'est-ce qui s'est aussi passé ?
17:15 Peut-être que ces jeunes, ils ont aussi été exposés à des images de pillage des villes,
17:19 dans le mouvement des Gilets jaunes, lorsque c'était violent dans les centres-villes,
17:23 ou lors de certaines manifestations qui ont dégénéré avec les Black Blocs.
17:26 C'est des images auxquelles ils ont été exposés,
17:28 où ils ont peut-être eu le sentiment qu'en fait,
17:30 casser un centre-ville, détruire, ça pouvait se faire.
17:32 Eh bien non, ça ne se fait pas.
17:33 Et la justice est là pour leur rappeler que ça ne se fait pas.
17:35 Il y a aussi certaines images de jeunes qui tentent de reproduire dans la vie réelle
17:40 ce qu'ils voient dans la vie virtuelle.
17:42 Avec, je vous rappelle que l'un des jeux à la mode,
17:44 c'est un jeu dans lequel vous devez faire du carjacking,
17:47 prendre le volant d'une bagnole que vous avez donc volée,
17:50 aller écraser des piétons et vous gagner des points pour ça.
17:52 Et puis si vous tirez sur des policiers, vous avez encore plus de points.
17:54 – Ça existe depuis toujours.
17:55 – Non mais attendez, attendez.
17:57 Je vous dis juste qu'il y a une partie de déréalisation,
18:00 où on ne sait plus si vous n'avez pas de repères,
18:02 que vous êtes un gamin, que vous n'avez pas de modèle éducatif
18:04 et que vous passez votre journée à prendre du plaisir et à gagner des points,
18:08 c'est-à-dire qu'un phénomène lucratif à tuer, à tirer sur des flics
18:12 ou à écraser des piétons, je veux dire, en termes de repères,
18:15 c'est quelque chose qui déboussole et qui est peut-être aussi un peu nouveau
18:17 par rapport à avant.
18:18 Peut-être que c'est une partie de l'explication de l'âge extrêmement mineur
18:23 de de nombreux auteurs de ces films.
18:25 – Il se dit aussi que les retraites ont été perdues
18:28 pour ceux qui se battaient contre cette réforme des retraites
18:31 parce qu'il n'y a pas eu assez de violence
18:33 et que les gilets jaunes, eux, l'ont obtenue en cassant.
18:35 On entend ça dans les quartiers aussi,
18:37 c'est-à-dire que pour se faire entendre, il faut casser,
18:39 sinon on n'est pas écouté.
18:40 – Encore une fois, vous essayez de ramener ce qui se passe sur le terrain du politique,
18:43 en tout cas moi je ne suis pas d'accord et je l'ai expliqué dès ma première réponse,
18:46 en disant qu'il y a déjà eu des mouvements d'inspiration politique dans notre pays.
18:49 – Vous considérez que ce mouvement n'est pas politique ?
18:51 – Parfois il y avait du… je vous dis que quand vous avez des bandes de jeunes de 12 ans à 15 ans
18:56 qui vont voler des baskets dans un magasin Foot Locker
18:58 avant de rentrer chez eux se reposer pour pouvoir reprendre des forces
19:01 pour le lendemain attaquer une boutique de portables,
19:03 je ne vois pas le message politique qui est derrière.
19:05 – Est-ce que vous y voyez en revanche un signe de ce que le Président de la République
19:07 avait appelé la décivilisation ?
19:09 – Encore une fois, vous essayez de m'emmener, est-ce que je peux comprendre,
19:12 sur le terrain des conclusions, de l'analyse et de la sociologie.
19:14 Je ne m'inscrirai pas dans ce raisonnement, en tout cas pas à ce stade.
19:18 – C'est tout de même assez important de mettre des mots sur ce qui se passe.
19:21 – Nous avons eu quelques dizaines de jeunes arrêtés, déferrés devant la justice,
19:25 qui ont eu l'occasion d'expliquer quelle était leur motivation.
19:28 J'avoue que pour l'instant, les comptes rendus d'audition
19:30 auxquels nous avons eu accès dans la presse,
19:32 n'ont pas vraiment permis de déterminer ni un message politique,
19:35 ni un message de détresse particulier, mais plutôt des jeunes qui étaient paumés
19:39 et qui avaient considéré que finalement ce n'était pas si grave d'aller faire ça.
19:42 Et là je leur dis, si chez vous on ne vous explique pas que c'est si grave de faire cela,
19:45 eh bien c'est la police et la justice de notre pays qui le fera.
19:48 – Alors vous défendez beaucoup le comportement de la police et de la justice,
19:52 et en matière de police, on a quand même vu apparaître un communiqué
19:57 signé par l'UNSA Police et par Allianz, parlant de "hordes sauvages, de nuisibles,
20:02 de chien-lit, subis depuis des décennies, les policiers sont au combat,
20:06 quand nous sommes en guerre, demain nous serons en résistance
20:09 et le gouvernement devra en prendre conscience".
20:11 Quand vous avez découvert ce communiqué, quelle a été votre réaction ?
20:15 – D'abord je ne pense pas que ça traduise la pensée générale de la police,
20:18 et je crois que le syndicat en question a eu l'occasion de s'expliquer hier
20:22 et de revenir un peu sur l'intensité des termes qui sont utilisés.
20:26 Moi je ne considère pas qu'on est ou qu'on sera jamais en guerre
20:28 contre des gamins de 12 ans.
20:30 La République n'est pas en guerre contre des citoyens français,
20:34 d'autant plus quand ils sont… – Oui, quand ils ont 12 ans.
20:36 – Encore plus quand ils sont… Non mais je dis 12 ans,
20:38 parce que vous voyez bien qu'on n'est pas là dans un mouvement adulte
20:41 coordonné avec une conscience politique aiguë qui vise à envoyer à l'État
20:45 un message en vue d'avoir une politique publique derrière.
20:47 – Question d'ailleurs, est-ce que… – Personne ne peut décemment considérer
20:50 aujourd'hui que c'est ça le fond de la chose.
20:51 – Est-ce que ça vous rassure ?
20:52 – En tout cas le côté visible et nuisible du mouvement.
20:54 – Est-ce que ce n'est pas plus inquiétant ?
20:55 – Est-ce que ça vous rassure ou ça vous inquiète ça ?
20:57 Le fait que vous ne voyez pas un mouvement politique
21:01 mais plutôt des gens, des gamins perdus, paumés,
21:04 ça vous rassure ou ça vous inquiète ?
21:05 – Je vous dis que là où il y a un défaut éducatif,
21:09 là où il y a un manque de repères,
21:11 là où il y a un manque de respect des valeurs républicaines,
21:14 la République est là pour faire en sorte que ce manque soit comblé.
21:17 – Non mais vous ne répondez pas à ma question.
21:18 – Si, parce qu'on est déjà aujourd'hui, vous avez le mécanisme de sanction,
21:20 de réparation, vous avez le mécanisme d'explication.
21:22 – Donc ça vous rassure ?
21:23 – Pourquoi ça vous rassure ?
21:24 – Non mais je vous demande si ça vous rassure ou ça vous inquiète,
21:26 le fait de ne pas considérer que ce soit un mouvement politique.
21:28 – J'ai le droit en tant que ministre de ne pas me considérer ni inquiet
21:30 ni rassuré par ce que l'on est en train,
21:32 et ce que les Français sont en train de vivre,
21:34 et ce que nos commerçants sont en train de vivre.
21:36 Je vous redis que l'étape n'est pas celle de l'analyse,
21:39 mais de la restauration de l'ordre républicain.
21:41 – Est-ce que vous considérez que… pardon.
21:43 Non, non, c'est pour terminer sur la police aussi,
21:46 donc vous n'avez aucune inquiétude,
21:48 vous considérez qu'au fond ce communiqué, il faut le banaliser,
21:51 c'était sous le coup de l'émotion, il n'y a pas un sujet quand même,
21:54 très fort, de relation entre la police et les jeunes des quartiers.
21:58 – Je vous dis que dans la période que nous connaissons en particulier,
22:01 nous avons besoin de soutenir ceux qui nous soutiennent,
22:03 nous avons besoin de protéger ceux qui nous protègent.
22:06 Et je n'ai jamais mis un uniforme et une tenue de police
22:09 pour au milieu de la nuit me faire attaquer à coup de mortier
22:12 par des jeunes dont je suis là pour sauver et protéger la vie et la santé avant tout.
22:17 Donc je n'ai pas de critique à porter pour cela.
22:21 Interrogez-moi sur l'exercice de la médecine aux urgences la nuit,
22:23 je connais bien cela, et je sais que parfois on peut aussi connaître
22:26 de la violence, des tensions, et il y en a eu d'ailleurs.
22:28 – Il y en a eu dans les hôpitaux.
22:29 – Je sais ô combien ce rôle est ingrat, difficile, délicat,
22:32 et comment on peut s'exposer soi-même pour protéger la vie des autres.
22:35 Donc je vous invite, et je nous invite vraiment de tous les côtés d'ailleurs,
22:39 au maximum de modération dans la période,
22:41 n'utilisons pas non plus des mots qui sont des mots regrettables
22:44 ou qui ne traduisent pas la réalité des faits.
22:46 – Alors justement, à propos de mots regrettables,
22:47 comment est-ce que vous considérez ou analysez la réaction de la classe politique ?
22:51 Puisqu'on peut quand même dans cette émission faire un peu de politique.
22:54 Est-ce que vous avez été déçu, inquiet ?
22:56 Est-ce que vous considérez que les Républicains ont eu une attitude digne,
22:59 le Rassemblement National ?
23:00 Que ceux qui ont demandé l'état d'urgence ont eu tort ?
23:03 Et que ceux qui ont considéré qu'ils n'appelaient pas forcément à la…
23:06 – Qu'ils n'avaient pas appelé au calme ?
23:08 – Ou même si après le calme, ils étaient fractionnés en écoles,
23:11 enfin choses bien, et n'en parlaient pas, des boutiques.
23:14 Je vais allusion à la France Insoumise.
23:15 Comment est-ce que vous jugeriez la réaction de l'Assemblée,
23:19 enfin de toutes les représentants politiques en France ?
23:21 – Dans ce moment qui nécessite particulièrement un effort d'unité et de rassemblement,
23:27 j'ai plutôt tendance à saluer de manière générale,
23:30 pour sa très grande majorité, la classe politique.
23:33 Vous me voyez venir quand je dis très grande majorité,
23:35 c'est que par définition il y a des gens que je ne vais pas saluer.
23:37 – Alors qui par exemple ?
23:38 – Parce que leur comportement n'est pas à saluer.
23:39 – Qui par exemple ?
23:40 – L'extrême gauche, que je différencie là, je ne parle pas de la NUPES.
23:43 – C'est-à-dire quoi l'extrême gauche, c'est qui ? C'est la LFI ?
23:44 – Je vais y venir, je suis en train de vous le dire.
23:46 Je ne parle pas volontairement et sciemment de la NUPES,
23:49 puisque au sein de la NUPES il y a des forces politiques,
23:52 notamment les socialistes, les communistes,
23:54 qui ont fait preuve de hauteur de vue et de recul, de distanciation,
23:59 et qui je crois s'inscrivent dans la hauteur et l'importance du moment.
24:02 Et vous avez des élus qui continuent de considérer,
24:05 je ne sais pas en fait au fond s'ils y croient ou pas.
24:08 Je ne sais pas si c'est du cynisme total.
24:10 – De qui parlez-vous ?
24:11 – Je parle de la LFI, je parle de Mme Pannot, de M. Mélenchon,
24:16 des interventions, du refus de condamner la violence.
24:19 Je parle de ce communiqué, je crois, du nouveau parti anticapitaliste
24:22 qui appelle à s'associer à toutes les actions qui seraient conduites.
24:25 Je parle de cette ultra-gauche dont je ne sais pas vous dire,
24:28 et là aussi il faudrait que les sociologues se penchent dessus, mais à froid,
24:31 si ça correspond véritablement à une pensée politique construite
24:35 ou à du cynisme électoral pur et simple.
24:37 Je dis juste que je préfère dans la période, parce que j'ai appelé à l'unité,
24:42 me concentrer sur cette majorité d'élus…
24:44 – Vous ne vous choque pas Éric Zemmour ?
24:46 – Qui ont fait des propositions, qui ont contribué au débat politique,
24:50 au débat public, avec un mot d'ordre, rappel à l'ordre.
24:53 Après il y a différentes manières de prôner l'ordre républicain.
24:56 Moi je vous dis quelle est notre manière de le faire,
24:59 mobiliser des forces de sécurité, mobiliser les élus,
25:01 nous montrer à leur côté le gouvernement, mobiliser la justice de notre pays,
25:05 appeler à la responsabilité des parents, modérer, moduler,
25:08 contrôler les réseaux sociaux quand il le faut,
25:11 faire péter l'anonymat là où c'est nécessaire de le faire, etc.
25:13 Ça c'est une action qui est une action concrète
25:16 et qui permet d'enregistrer des premiers résultats.
25:19 – Vous n'avez cité que ce que vous appelez l'ultra gauche,
25:22 la droite et l'ultra droite ne vous a pas choqué sur la séquence ?
25:27 – Vous savez très bien ce que je pense de l'ultra droite.
25:30 – Bah dites-le.
25:31 – Et vous savez très bien ce que je pense de l'ultra droite en général,
25:33 je l'ai suffisamment dit, je vais le redire.
25:35 Je ne m'inscris pas et je ne m'inscrirai jamais
25:37 ni dans une forme de commentaire positif,
25:40 ni dans une association d'idées avec…
25:42 – Dans cette séquence vous l'avez trouvé plutôt à la hauteur.
25:44 – Je suis opposé à tout.
25:45 Mais vous savez dans cette séquence, vous avez pareil du cynisme politique,
25:48 vous avez une partie de l'ultra droite qui considère
25:50 qu'en fait le travail est fait à sa place,
25:52 elle n'a même pas besoin de parler, c'est ça qu'elle se dit aujourd'hui.
25:54 – Quand Eric Zemmour considère en gros que c'est la démonstration…
25:56 – Montrons-leur qu'elle a tort à l'ultra droite,
25:58 montrons-leur que notre capacité de nous rassembler,
26:00 notre capacité de solidarité, notre capacité de force
26:03 et de cohésion républicaine est aussi une réponse à cette ultra droite
26:06 qui voudrait nous diviser pour faire son beurre.
26:08 – Alors précisément…
26:10 – Je vous parle des forces républicaines de notre pays,
26:12 de droite et de gauche qui sont à la hauteur.
26:14 – Oui, ce que dit Thomas, est-ce que quand Eric Zemmour considère
26:17 que c'est la preuve par l'image de ce qu'il a dénoncé dans sa campagne
26:21 ou dans ses livres, est-ce que vous ne considérez pas
26:24 que lui aussi à sa façon met simplement l'huile sur le feu,
26:27 en montant les Français les uns contre les autres ?
26:29 – Je fais vraiment un distinguo entre deux choses.
26:33 Il y a ceux qui appellent à ce que les violences s'arrêtent,
26:35 et ceux qui n'appellent pas.
26:37 Bon, dans le moment dans lequel nous sommes, je le redis,
26:39 c'est le moment où il y a des émeutes la nuit,
26:41 où il y a des dégradations la nuit, et nous mobilisons
26:43 toutes les forces de police et de justice.
26:45 Dans ce moment-là, ceux qui n'appellent pas à ce que les violences s'arrêtent
26:48 sont dans une position d'irresponsabilité crasse, totale, aiguë,
26:51 et dont on devra tous se souvenir le moment venu.
26:53 – Ça veut dire quoi qu'on devra se souvenir ?
26:55 – Électoralement, c'est des gens qui veulent un objectif électoral,
26:58 montrons-leur qu'en réalité, nous sommes plus forts que ça.
27:01 Et vous avez ceux qui, de l'autre côté de l'échiquier politique,
27:04 en dehors du champ républicain, mais cette fois-ci à l'extrême droite,
27:08 appellent évidemment à ce que les violences s'arrêtent,
27:10 mais vont vous proposer une grille de lecture et d'analyse,
27:13 et vont vouloir dérouler les suites de ces émeutes dans la durée,
27:17 non pas pour nous permettre de penser nos plaies,
27:20 de travailler pour faire en sorte que ce que nous vivons
27:22 ne se reproduise plus, mais qui vont tenter d'instrumentaliser,
27:25 d'attiser cette haine et cette violence, parce qu'elle les sert politiquement.
27:28 Eux aussi, gageons que collectivement, nous saurons nous en souvenir
27:32 le moment venu.
27:33 Pour l'instant, je vous le redis, nous nous concentrons
27:35 sur ce que vivent les Français, les policiers, les pompiers,
27:38 les commerçants de notre pays, et les élus.
27:40 Vous dites que beaucoup d'élus appellent au calme, et tant mieux,
27:43 mais vous pensez vraiment que les jeunes dans la rue les entendent,
27:47 les écoutent ? Qui peut leur parler ? Qui peut les ramener à la maison ?
27:51 Pour connaître beaucoup d'élus locaux, il y a un lien très fort
27:55 qui peut souvent se créer.
27:56 Pardonnez-moi, j'ai entendu beaucoup d'élus locaux dire
27:58 "ils ne nous entendent pas, ils ne nous écoutent plus".
28:00 D'abord, vous avez beaucoup de jeunes qui ne sont pas dans la rue.
28:03 On parle évidemment de ceux qui sont dans la rue.
28:05 Non mais, vous avez aussi beaucoup de jeunes qui, s'ils n'étaient pas
28:08 accompagnés par les associations sportives, culturelles, par les médiateurs,
28:12 par les élus locaux, par leurs parents, auraient pu se retrouver dans la rue.
28:17 Et qui ne le sont pas.
28:18 Bon. Ensuite, vous avez ceux qui sont dans la rue.
28:20 Parmi eux, il y en a quelques-uns, pareil, je regardais le profil
28:23 de quelques comparutions immédiates, qui ont un emploi,
28:26 qui sont parfois en contact avec des associations.
28:30 C'est un fait.
28:31 Il y en a d'autres qui sont totalement loin.
28:34 C'est-à-dire, quand vous arrivez dans un quartier populaire,
28:36 vous avez parfois la première rue dans laquelle vous allez avoir le centre social,
28:40 vous allez avoir la maison des habitants, vous allez avoir le commerce.
28:44 Et puis, quand vous vous enfoncez un peu plus profondément,
28:46 et que vous vous demandez qui s'occupe des jeunes que vous voyez dans la rue,
28:48 là, ils ne sont pas souvent en contact avec grand monde.
28:51 Quand on parle de reconquête républicaine,
28:53 quand le président de la République présente ce plan de reconquête républicaine,
28:56 c'est ces jeunes-là aussi qu'il veut aller chercher,
28:58 pour faire en sorte qu'ils puissent être tous en lien
29:00 avec ce qui fait la force de notre République.
29:03 Et donc, les élus locaux y participent évidemment,
29:06 les associations y participent évidemment.
29:09 Le président avait aussi annoncé à Marseille la semaine dernière
29:11 qu'il voulait leur simplifier la vie à ces associations,
29:14 d'un point de vue administratif, qu'on veut aussi continuer de les renforcer.
29:17 Nous avons déjà augmenté leur dotation budgétaire,
29:19 qu'on veut continuer de développer et de déployer ce qu'on appelle les médiations.
29:23 La médiation, ça marche.
29:24 La médiation, ça permet parfois à un jeune issu du quartier lui-même
29:28 d'aller voir un jeune chouf de 14 ans qui fait le gai dans le trafic de drogue,
29:31 de le sortir de là, de l'amener dans un centre d'accueil pour jeunes,
29:34 de lui proposer une formation professionnelle et lui dire "ta vie, ce ne sera pas le RSA".
29:38 Et on va te permettre d'avoir derrière un travail.
29:40 J'ai passé moi-même, quand j'étais député, une journée entière en stage
29:43 avec certains de ces jeunes qui étaient accompagnés par des assauts.
29:46 Quelques semaines avant, ils faisaient tous, passaient tous leur journée,
29:49 qu'il neige ou qu'il pleuve ou qu'il fasse canicule,
29:51 assis sur une chaise à vérifier si la police ne venait pas déranger
29:54 les clients qui venaient acheter de la drogue.
29:55 Ces jeunes-là, ils étaient en train de faire du diagnostic de rénovation thermique.
29:59 Ça, c'est une façon de s'en sortir collectivement.
30:01 Et c'est de la politique que nous menons depuis 6 ans.
30:03 Est-ce que c'était une erreur d'enterrer le rapport Borloo en 2018,
30:06 rapport commandité par le président de la République
30:08 et enterré par le même président de la République, Emmanuel Macron ?
30:10 Je crois avoir consacré une partie de l'émission,
30:12 je peux y passer plus de temps parce que c'est quelque chose que j'estime positif.
30:16 J'en parle à ce moment-là parce que beaucoup d'élus locaux ont dit
30:19 qu'on avait été entendu, qu'on avait beaucoup parlé à Borloo et…
30:22 Je termine la phrase.
30:23 C'est devenu un rapport entre deux mâles blancs.
30:25 Je crois être en train de démontrer depuis une demi-heure maintenant que nous sommes ensemble,
30:28 que l'action conduite par le président de la République
30:30 et ses gouvernements successifs en faveur des quartiers populaires
30:33 n'a rien à envier aux mesures qui avaient été prônées dans un des plans pour les banlieues,
30:37 dont celui de M. Borloo qui n'était pas le seul d'ailleurs.
30:39 On fait du Borloo sans Borloo en fait.
30:40 Mais ce n'est pas une question de Borloo ou pas.
30:42 Pardonnez-moi.
30:43 Qui peut imaginer qu'une mesure, un plan, une personnalité serait à même, à elle seule,
30:48 de corriger 30 ou 40 ans d'abandon pour des quartiers populaires dans nos villes ?
30:52 Bon, personne ne peut dire aujourd'hui que ces quartiers sont abandonnés.
30:54 Nous menons, je le redis, une politique déterminée, déterminante
30:58 pour les jeunes et les moins jeunes dans ces quartiers.
31:00 Vous êtes venu tout seul sur le problème de la drogue dans les quartiers
31:04 et effectivement des gens qui considèrent qu'en fait ils vont mieux vivre leur vie
31:08 et pas être au RSA du tout en devenant à un moment donné patron d'un point de deal.
31:12 Est-ce qu'à un moment donné la question de la légalisation
31:15 est une question qui se pose au gouvernement ?
31:18 Je crois qu'elle était évoquée par le rapport Borloo d'ailleurs.
31:21 Oulala, vous, pareil, excusez-moi, je vois bien le sens de la question.
31:26 Je crois que ce n'est vraiment pas le moment de remettre en question la politique que nous menons en la matière.
31:31 Et la ligne politique, je la fais mienne puisque c'est celle du gouvernement
31:34 et celle décidée par le Président de la République,
31:36 qui est une ligne qui vise à lutter contre un trafic de drogue qui gangrène les cités
31:39 et qui parfois nuit à la santé de nos jeunes depuis la guerre.
31:42 Ça fait 30 ans que ça ne marche pas.
31:44 Je vous donne, je suis porte-parole de ce gouvernement
31:47 et je m'applique la ligne de ce gouvernement.
31:49 Je ne pense pas que ce soit, je suis même convaincu que ce n'est pas le sujet de la mobilisation des jeunes,
31:54 pas de la mobilisation, mais des scènes de cohue et de casse que nous voyons
31:58 ou auxquelles nous assistons depuis plusieurs nuits dans nos villes.
32:01 Encore une fois, je comprends le sens de vos questions
32:06 qui cherchent à expliquer, qui expliquer ne serait pas forcément justifié,
32:10 mais à saisir ce qui a pu conduire du jour au lendemain des hordes de mineurs
32:14 ou de jeunes adultes à s'en prendre et à casser des boutiques.
32:17 Je redis, je laisse ça…
32:18 – On ne peut pas se dire que c'est juste une histoire de folie collective.
32:21 En fait c'est ça, c'est pour ça qu'on vous pose ces questions,
32:23 c'est qu'on essaye de comprendre aussi.
32:24 – Je fais de la politique parce que je veux apporter des réponses
32:27 aux problèmes rencontrés au sein de la République et dans l'État démocratique.
32:31 Bon, donc je veux comme vous, avoir des réponses lorsqu'elles existent
32:35 et je vous dis qu'il y a un travail sociologique qui sera à conduire
32:38 et qui sera conduit en temps réel par les experts de cela
32:40 et qu'il y a des conclusions en tirée, nous le ferons,
32:42 mais je vous dis qu'avant même cela, ce qui généralement fait le sel
32:46 des mouvements sociaux dans les quartiers populaires,
32:48 c'est-à-dire la misère, les inégalités, le sentiment d'abandon,
32:51 nous luttons d'arrache-pied contre cela depuis 6 ans.
32:54 – Alors il y a un certain nombre de personnes dans l'opposition
32:57 qui ont mis en cause la loi de 2017 en considérant
33:01 qu'il y avait une trop grande marge d'interprétation
33:05 dans la possibilité pour les policiers d'utiliser leurs armes à feu éventuellement
33:10 et de déboucher sur ce qu'on peut appeler le bavure dans le cadenas L,
33:14 même le mot est un peu faible.
33:15 Est-ce que d'après ce que vous savez ou d'après ce que vous avez compris,
33:19 c'est effectivement ça le sujet ?
33:21 Et est-ce que, ça va être un peu question à tiroir,
33:24 pour compléter, par-delà les choses rationnelles,
33:27 quand les jeunes de banlieue disent que la police est raciste,
33:31 quand on est noir ou quand on est d'origine arabe,
33:34 on se fait contrôler par les autres,
33:36 est-ce qu'il n'y a pas une espèce de problème d'intégration globale
33:39 et que ce que chacun nomme avec des façons différentes,
33:43 c'est simplement un manque d'intégration et l'impression
33:46 qu'en gros il y a les intégrés blancs et puis il y a les autres.
33:50 Mais d'abord sur 2017, parce que ça c'est un problème,
33:53 quand Mélenchon dit "refondation de la police",
33:55 on peut se dire qu'il y a des choses qui ne vont pas
33:57 et qu'il faudrait éventuellement, sans taper sur les policiers,
34:01 changer un certain nombre de choses.
34:03 Olivier Véran.
34:04 2017 c'est Bernard Cazeneuve qui change la doctrine
34:07 de recours à l'arme à feu en cas de refus d'obtempérer,
34:11 après un drame terrible,
34:13 et au moment où on observait que le refus d'obtempérer
34:16 c'était presque 100 situations par jour.
34:19 Il faut se rendre compte quand même.
34:20 Quand un policier vous demande de vous arrêter,
34:22 la règle c'est de vous arrêter, c'est pas d'accélérer.
34:25 Il faut peut-être revenir aussi à la base et aux fondamentaux.
34:27 Je pense qu'ici sur ce plateau, personne ne se poserait la question
34:30 d'accélérer si un policier nous demandait de nous arrêter.
34:33 Bon, donc ça c'est quand même la base.
34:35 Donc la loi républicaine, elle doit être respectée dans la République,
34:38 sinon il n'y a plus de cohésion sociale et ce n'est plus de l'état de droit.
34:41 Considérant qu'il y a des situations qui mettaient en danger,
34:44 et en 2017 ça a été plus que le cas,
34:46 les policiers eux-mêmes,
34:48 et que les consignes n'étaient pas suffisamment claires,
34:51 la loi a changé de manière à définir…
34:53 Dans une voiture, parce que nous on dit viré châtillon,
34:56 mais peut-être que les auditeurs ne se souviennent pas,
34:58 qui s'en sont sortis avec des brûlures de grès,
35:02 et qui étaient quasiment dans leur voiture,
35:04 comme s'ils avaient été dans une… comment dire…
35:07 ils ont failli mourir quoi, en clair.
35:09 Oui, la loi elle est venue changer ce qui était une incapacité
35:16 pour les policiers de vraiment lire les moments
35:19 dans lesquels ils pouvaient recouvrir leur arme ou non.
35:21 Donc la loi elle définit des situations particulières
35:23 au cours desquelles les policiers peuvent être amenés à sortir leur arme.
35:26 Est-ce qu'on a observé une augmentation ou une explosion
35:29 du nombre de tirs pour faire s'arrêter des véhicules ?
35:32 La réponse est non.
35:33 En 2022, il y a moins de tirs d'arrêt en cas de refus d'obtempérer
35:40 qu'en 2017, beaucoup moins.
35:42 C'était moins de 200 situations…
35:45 Ah si, vous avez les chiffres qui ont été communiqués
35:47 par le ministre de l'Intérieur.
35:49 Pourquoi le nombre de morts c'est tout à fait différent ?
35:51 Je vous dis qu'il y a aussi…
35:53 Parce que les tirs c'est pas grave si ça tue pas.
35:55 Je vous dis aussi que le nombre de situations de refus d'obtempérer,
35:57 le nombre de situations pendant lesquelles les policiers sont mis en danger,
35:59 agréable encore la semaine dernière,
36:01 un policier est traîné sur 30 mètres dans le cadre d'un refus d'obtempérer.
36:04 30 mètres, on attend quoi ?
36:06 40 mètres, qu'est-ce qu'on lui demande aux policiers ?
36:08 D'accepter de se laisser gentiment traîner par la voiture
36:11 avec quelqu'un qui manifestement n'en a rien à faire
36:14 si le policier devait mourir ou non ?
36:15 Donc gardons-nous encore une fois de jeter l'opprobre
36:18 il faut de tirer des conclusions ratives.
36:19 Partout où ça défaille, partout où c'est excessif,
36:22 partout où c'est inadapté, il y a une enquête de l'inspection générale
36:25 et la justice…
36:26 Il n'y a pas besoin d'évaluation de la loi par le Parlement par exemple ?
36:29 Je vous dis qu'on est dans la période…
36:30 Si le Parlement souhaite se pencher sur la question,
36:32 et le Parlement est souverain pour le faire,
36:34 je vous dis juste que gardons-nous d'avoir des conclusions.
36:36 Vous savez, c'est juste…
36:37 Vous êtes en train de me poser la question de savoir
36:39 s'il faut faire d'un cas particulier une règle générale.
36:41 Tout en reprochant à 2017 d'avoir fait d'un cas particulier
36:44 une règle générale à l'envers.
36:46 Je vous dis juste, donnons les moyens à la police
36:49 de se protéger et de protéger les uns et les autres,
36:51 c'est leur mission de le faire,
36:52 et veillons à ce que dans toute situation où ils ont un usage
36:55 qui ne serait pas proportionné de la force,
36:57 ils puissent être sanctionnés et punis.
36:58 Ce qui est, je crois, on est tous d'accord là-dessus,
37:01 le cas pour ce policier qui est actuellement en prison.
37:05 S'il n'y avait pas eu d'image ou de son
37:07 de l'interpellation terrible du jeune Nahel,
37:10 on n'en serait pas là.
37:11 Il y aurait la version de la police,
37:13 et ce serait la version retenue, j'ai l'impression.
37:15 D'ailleurs la première version ne dit pas la vérité.
37:17 Ni vous ni moi n'en savons rien.
37:19 On ne va pas interpréter une enquête de justice
37:22 dont on n'a pas les conclusions
37:23 pour savoir ce qui se serait passé si on n'avait pas eu l'image.
37:25 Ce qui est certain, c'est qu'il y a une image,
37:27 et que l'image, elle parle,
37:28 un son, et l'image et le son parlent,
37:31 disent quelque chose de ce qui s'est passé,
37:32 et ce n'est pas pour rien que le policier est actuellement en prison.
37:34 Mais voilà, je vous le redis,
37:36 ni vous ni moi ne savons ce que c'est
37:38 que d'avoir à demander à une voiture
37:41 qui met en danger la vie des gens de s'arrêter,
37:43 la voiture ne s'arrête pas, accélère,
37:45 parfois vous traîne avec elle.
37:46 En Allemagne, ils ont exactement la même loi que nous,
37:48 et pour autant, là où nous, nous avons 13 morts, ils en ont un.
37:52 Et donc ?
37:54 Est-ce qu'il y a un problème de formation des policiers en France ?
37:56 Oui, voilà, c'est ça.
37:57 Est-ce qu'avec la même loi, pourquoi en Allemagne,
38:00 avec des refus d'obtempérer,
38:01 sans doute à peu près équivalents,
38:03 la population est plus importante ?
38:05 Parce qu'il y aurait un problème de traitement d'un malade
38:09 dans un service de chirurgie hospitalier,
38:11 et on pourrait revoir la formation de tous les chirurgiens,
38:13 ou se considérer que les chirurgiens seraient mal formés.
38:15 Je veux dire, attention encore une fois,
38:16 à ne pas faire de cas généraux à partir d'une situation particulière.
38:19 Et je crois que ce n'est pas le message
38:20 que nos forces de sécurité qui sont engagées sur le terrain
38:22 ont besoin d'entendre de notre part aujourd'hui.
38:24 Françoise Frisson.
38:25 Alors, on va essayer de se projeter dans l'avenir,
38:26 là on en est à la cinquième jour de tension,
38:28 est-ce que vous pensez que vous êtes en train de sortir de ce mouvement ?
38:32 Est-ce que vous pouvez vous passer de l'état d'urgence,
38:34 ou est-ce que ça reste une hypothèse
38:36 en cas où ça continuerait à traîner ?
38:39 À 19h30, le Président de la République réunit à l'Elysée
38:41 la Première Ministre, le Ministre de la Justice,
38:43 le Ministre de l'Intérieur, pour faire un point sur la situation,
38:46 comme il le fait.
38:47 Je le rappelle que tout le monde est mobilisé nuit et jour,
38:50 et je salue en particulier avec amitié mon collègue de l'Intérieur,
38:53 parce que je crois que ces nuits sont extrêmement éprouvantes et très courtes,
38:56 de même que pour la Première Ministre.
38:58 Et il n'y a pas d'annonce qui a été faite
39:02 s'agissant d'un état d'urgence, etc.
39:04 On a toujours dit que les options étaient sur la table,
39:07 qui permettaient de répondre de manière proportionnée à la menace.
39:11 La façon de répondre de manière proportionnée à la menace,
39:14 c'est de mobiliser 45 000 forces de sécurité.
39:17 C'est d'avoir recours à des blindés du RAID,
39:19 à la BRAVEM là où c'est nécessaire,
39:21 voire au GIGN, ce qui est le cas dans les endroits les plus chauds de notre pays.
39:25 C'est d'être capable de répartir sur tout le territoire
39:27 les forces de sécurité en fonction de ce que nous font remonter
39:30 les services de renseignement intérieur sur ce qui pourrait arriver
39:32 au cours de la nuit à venir.
39:33 Et d'être capable en permanence d'être réactifs et fermes à la fois,
39:36 et de protéger les gens.
39:37 Donc cette doctrine-là, elle nous a permis,
39:40 la nuit qui vient de s'écouler, d'enregistrer, je le redis,
39:42 de voir deux à trois fois moins d'incendies de bâtiments publics, de véhicules.
39:47 Il y a encore eu des fortes tensions.
39:49 Le mouvement ne s'est pas arrêté cette nuit.
39:52 Donc nous restons évidemment très mobilisés.
39:54 – Mais donc ceux qui disaient,
39:55 "si on passe le week-end, on est sur la bonne voie,
39:57 il n'y a aucun triomphe ou fallisme de votre côté",
39:59 vous restez… ce n'est pas un point de retournement cette nuit.
40:03 – Mais tant qu'une voiture brûlera, tant qu'un maire sera attaqué,
40:06 tant que des bandes plus ou moins armées seront de sortie la nuit
40:11 pour venir provoquer les forces de police ou casser des boutiques,
40:14 nous serons là, nous serons là.
40:16 – Alors sur les réponses justement, sur les solutions,
40:19 vous avez évoqué tout à l'heure l'importance,
40:21 vous avez évoqué les jeux vidéo, les réseaux sociaux.
40:24 On a évoqué un peu, alors je crois que c'était une fake news,
40:26 mais quand même j'aimerais avoir votre opinion là-dessus,
40:28 savoir si c'est un tabou ou pas, de couper la 4G, la 5G dans certains quartiers,
40:31 pour éviter que les jeunes se mobilisent ou pour reprendre leur vocabulaire,
40:35 fassent des dingueries pour percer sur TikTok.
40:38 – Le fait est, et je le disais tout à l'heure,
40:40 ce qu'il n'y avait pas tellement en 2005 et qu'on voit là,
40:43 c'est cette espèce de communauté d'intérêt,
40:45 si on peut appeler ça une communauté d'intérêt,
40:47 qui s'est créée sur certains réseaux sociaux,
40:49 avec des jeunes qui semblent parfois rivalisés, fanfaronnés, ou se montrer…
40:54 ce qui est peut-être pour moi un des points les plus douloureux
40:59 dans les images qu'on voit, c'est que les gens qui filment
41:01 sont généralement morts de rire, ils rigolent,
41:04 vous voyez des scènes de bronneur qui racontent pour le monde,
41:08 beaucoup de joie et d'enthousiasme.
41:11 – Et les jeunes en rient entre eux, ils en rient les uns avec les autres.
41:14 Alors qu'est-ce que nous faisons ?
41:15 C'est Jean-Noël Barrault à la demande du Président de la République
41:17 et de la Première Ministre, qui est ministre du numérique,
41:19 qui a contacté les plateformes, comme la loi nous y autorise,
41:22 pour leur dire maintenant, là où c'est nécessaire, on fait sauter l'anonymat.
41:25 Et donc à partir d'une adresse IP internet, ça nous permet d'identifier la personne
41:30 et on peut aller l'arrêter.
41:31 Donc ça c'est un premier point.
41:32 Deux, on demande de la mesure et de la modération
41:35 avec une très grande réactivité aux plateformes numériques
41:38 pour qu'ils retirent de leurs plateformes tout ce qui de nature
41:41 a provoqué, a créé de l'insécurité dans notre pays,
41:44 sans renier évidemment sur la liberté d'expression.
41:46 Si quelqu'un avait des doutes, je voyais les complotistes
41:48 sont évidemment de sortie, comme dans tous les moments de tension,
41:50 nous expliquant que Siden Musk réduit le nombre de tweets visibles,
41:54 c'est parce que, évidemment je mets ça de côté,
41:57 je rassure ceux qui se réinquiètent, c'est un phénomène mondial,
41:59 parce que la bande passante accordée à Twitter est réduite,
42:02 peut-être parce qu'il a viré trop de monde dans ses équipes de gestion des data centers.
42:05 Autre sujet.
42:06 Voilà, donc ça c'est son problème.
42:07 Mais ce que nous faisons, c'est être capables d'intervenir.
42:10 Et il y a une loi européenne qu'on appelle le DSA,
42:13 qui est un texte que les français je pense connaissent assez peu,
42:16 alors qu'il est fondamental,
42:17 qui a été porté par le commissaire européen français Thierry Breton,
42:21 adopté par l'Europe,
42:22 et qui nous permet de pouvoir mieux agir avec les plateformes internet
42:27 pour supprimer des réseaux sociaux,
42:29 tout ce qui est de nature à attenter à la sécurité ou à la probité des personnes.
42:35 Donc ça, ça suffit, on n'a pas besoin d'aller plus loin
42:37 et de convoquer les opérateurs pour éventuellement couper.
42:39 Est-ce qu'il y a un tabou sur le fait de brouiller ou pas la 5G, la 4G,
42:42 dans certains quartiers, pour éviter ça ?
42:44 En fait, notre logique c'est d'empêcher ceux qui veulent nuire de nuire,
42:48 et de ne pas empêcher ceux qui veulent vivre de vivre.
42:51 Donc ça n'arrivera pas.
42:52 Maintenant, de manière générale, ça a été dit,
42:54 nous ne sommes pas dans une gestion de tabou, nous regardons,
42:58 nous regardons et nous sommes capables de nous adapter, d'anticiper,
43:01 de nous adapter en fonction de la menace.
43:03 Donc rien n'est impossible en fonction de la menace.
43:05 Ça n'est pas tabou.
43:06 Je vous dis que les choses ne sont pas sur la table, à ma connaissance.
43:08 Marine Le Pen, un certain nombre de personnes ont demandé à être reçues
43:11 par la chef de l'État, en considérant que la crise était suffisamment importante
43:15 pour qu'il y ait une union nationale, d'ailleurs,
43:17 que vous réclamez de vos voeux,
43:18 en considérant que Jean-Luc Mélenchon ne fait pas le travail.
43:21 Est-ce que c'est envisageable ou est-ce que ça dramatise
43:23 ou est-ce que ce n'est pas le problème ?
43:25 De rencontrer tous les représentants de partis politiques pour essayer de...
43:28 Comment ça s'est fait déjà, par le pire ?
43:29 Dès la fin de semaine, la Première Ministre a reçu à Matignon,
43:32 dans le cadre du comité...
43:33 Mais je ne suis pas la chef de l'État.
43:34 Le comité pour les villes, oui, pardon.
43:35 Non mais...
43:36 Nous sommes dans un fonctionnement aussi républicain,
43:38 où il y avait un chef de l'État, une Première Ministre, un gouvernement.
43:40 Oui, c'est l'entretien avec les maires, d'ailleurs.
43:42 Je rappelle quand même que la Première Ministre a réuni
43:45 les représentants des collectivités et des associations
43:48 pour parler de la sécurité des élus, de la sécurité de nos villes
43:50 et comment faire face à cela.
43:52 Donc nous sommes dans le dialogue permanent
43:53 avec les forces vives de la nation,
43:55 avec les forces politiques aussi,
43:57 quelle que soit la forme que cela prendra.
43:59 Je n'ai pas la réponse à la question que vous me posez.
44:01 Ce n'est pas pour ça que j'essaye de...
44:03 Non, non, mais ça ne serait pas aberrant.
44:04 Il faut peut-être rappeler quand même
44:05 qu'avant l'appel de Madame Le Pen,
44:06 nous travaillons évidemment avec les élus et les forces politiques.
44:09 On est quand même pratiquement à la fin d'une période
44:12 qui était les 100 jours de l'apaisement.
44:14 Et on voit quand même l'état du pays.
44:16 Quelle conclusion vous en tirez ?
44:18 Et au fond, quel est l'acte politique
44:20 qui permettrait de sortir de cette séquence
44:23 qui est au fond un recrudescence de violence
44:25 après un double quinquennat
44:27 qui a été marqué perpétuellement par la violence ?
44:30 Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour au fond
44:32 acter qu'on passe à quelque chose de différent ?
44:35 D'abord, dans la période que nous connaissons,
44:39 le pays continue d'avancer.
44:41 Et quand on parle de 100 jours,
44:43 vous savez qu'il y avait 4 axes.
44:45 Le plein emploi, le travail.
44:46 Nous avons fait passer la réforme des retraites,
44:48 la réforme du chômage, la réforme du RSA qui est en cours
44:50 et la réforme du partage de la valeur dans l'entreprise
44:52 pour que les salariés gagnent mieux,
44:53 quand l'entreprise gagne plus.
44:55 Le deuxième axe, c'est l'axe du progrès.
44:57 C'est l'école et la santé.
44:58 Et nous déployons des feuilles de route
44:59 pour permettre de donner un médecin traitant
45:01 à tous ceux qui en ont besoin
45:02 et permettre à l'école de notre pays
45:04 de se transformer.
45:05 Plus aucun enseignant, par exemple,
45:06 ne gagnera moins de 2000 euros à la rentrée
45:08 en début de carrière.
45:09 Pour l'école, c'est un peu faible les résultats.
45:11 Ensuite, nous avons le troisième axe,
45:12 qui est l'axe de la planification écologique
45:14 où nous devons aux Français
45:17 cette feuille de route de la planification écologique
45:19 qui est quasi prête
45:20 et que nous allons pouvoir sortir.
45:21 Et vous verrez qu'on se donne les moyens
45:23 de notre ambition, à savoir la neutralité carbone.
45:25 On sera le premier pays en Europe
45:26 à pouvoir l'atteindre.
45:28 Et le dernier axe, c'est l'ordre républicain.
45:31 L'ordre républicain, nous avons fait adopter
45:33 au Parlement la loi sur la sécurité intérieure,
45:35 la loi sur le budget de nos armées,
45:37 je le redis, avec une majorité colossale
45:39 à l'Assemblée nationale.
45:41 Et nous avons également la loi sur la justice
45:43 qui justement augmente très fortement
45:45 les moyens pour la justice
45:46 et qui sera examinée à partir de lundi.
45:47 Donc, pourquoi je vous fais ce long laius ?
45:50 Peut-être pour rappeler quand même aux Français
45:52 ce que nous avons fait dans cette période
45:53 et ce que nous faisons dans cette période des 100 jours
45:55 et pour montrer aussi que notre pays, il avance.
45:57 Il avance et nous progressons
45:58 vers le plein emploi,
45:59 vers la réduction des inégalités.
46:00 Mais vous avez vu dans quel état
46:01 vous êtes quand même en charge du renouveau démocratique.
46:03 Il y a notre portefeuille, il y a notre...
46:05 Je vous redis que je ne fais pas de ce qui se passe
46:07 un acte politique les nuits dans notre pays.
46:11 Il y en a qui le font, Michel Vivorca, sociologue,
46:13 évoque un pays énervé et presque à bout de souffle.
46:15 Est-ce que vous ressentez ça ?
46:17 Non mais à chaque crise, vous avez des sociologues
46:19 qui vont vous parler ici de crise démocratique,
46:21 ici de pays à bout de souffle, etc.
46:23 J'en vois beaucoup des sociologues.
46:25 Figurez-vous que j'en reçois beaucoup.
46:27 J'en ai peut-être reçu une centaine des sociologues.
46:29 Je suis un sociologue qui travaille en France.
46:31 Oui, parce que c'est passionnant, figurez-vous,
46:33 de se poser les questions.
46:35 C'est vous qui refuses le lien.
46:37 C'est vous qui refuses le lien.
46:39 Parce que je suis ici comme porte-parole d'un gouvernement
46:41 mobilisé pour assurer la sécurité des Français.
46:43 On aura peut-être l'occasion de se parler dans un autre format.
46:45 Je serais ravi de partager avec vous quelques conclusions.
46:47 Non mais, bien sûr, chaque chose en son temps.
46:49 Et évidemment que quand on fait de la politique,
46:51 on s'intéresse à ce qui mobilise les Français
46:53 dans un sens ou dans l'autre.
46:55 Évidemment qu'on cherche...
46:57 Mais François, rappelez-nous aussi que vous êtes ministre
46:59 du Renouveau Démocratique et qu'on ne peut pas dire
47:01 aujourd'hui que ça traduit
47:03 ce qui se passe aujourd'hui, une salubrité démocratique.
47:05 Je ne suis pas convaincu,
47:07 et c'est un euphémisme,
47:09 que les jeunes qui souhaitent arrêter la nuit
47:11 dans nos villes soient des fringants électeurs
47:13 mobilisés par les campagnes électorales.
47:15 Ça ne veut pas dire...
47:17 Ça veut dire justement l'un des axes
47:19 que nous devons renforcer, c'est l'éducation à la citoyenneté.
47:21 L'éducation et l'adhésion aux valeurs républicaines.
47:23 Je n'ai pas répondu, Nathalie Saint-Criq,
47:25 à votre question sur la question de l'intégration
47:27 que vous m'avez posée tout à l'heure.
47:29 C'est vrai que nous avons là à faire aussi
47:31 un sujet dans les quartiers populaires,
47:33 et je vois certains Français qui disent...
47:35 D'abord, rappelez que les personnes qui sont arrêtées
47:37 sont quasiment toutes de nationalité française,
47:39 parfois depuis une génération,
47:41 deux générations, voire trois générations.
47:43 Donc pour répondre aussi peut-être à monsieur Zemmour,
47:45 ce ne sont pas des personnes
47:47 qui sont amenées à prendre je ne sais quel bateau
47:49 pour entrer dans je ne sais quel pays qui n'est plus le leur
47:51 depuis 50 ou 60 ans.
47:53 Après, posons-nous la question des conditions de vie
47:55 et d'intégration dans les quartiers populaires.
47:57 Vous avez un département,
47:59 le département de la Seine-Saint-Denis,
48:01 où il y aurait officiellement 30% d'étrangers,
48:03 officieusement, plutôt sans doute plus proche des 40.
48:05 C'est-à-dire que malgré tous les moyens
48:07 que nous mettons dans ce département,
48:09 quand une famille monte de deux étages
48:11 et qu'on la sort de la misère,
48:13 il y en a parfois une ou deux autres qui vont arriver.
48:15 Qu'est-ce que nous avons adopté avec le président de la République ?
48:17 Le fait qu'il n'y ait pas un plafond
48:19 de 40% de logements sociaux, par exemple.
48:21 Parce qu'on ne peut pas avoir des quartiers
48:23 entiers de nos villes où 100% des gens
48:25 sont... 100% des gamins ne parlent pas
48:27 français dans les écoles, parce que c'est de la concentration
48:29 de la misère. Et la misère n'engendre pas
48:31 autre chose que la misère en général.
48:33 Et donc, quand on parle d'intégration,
48:35 c'est évidemment l'apprentissage du français,
48:37 le respect des valeurs républicaines,
48:39 l'engagement à prendre un emploi
48:41 et à subvenir à ses propres besoins. Quand on arrive en France,
48:43 on doit travailler. Le taux de chômage
48:45 des étrangers dans notre pays est le double
48:47 du taux de chômage des français, 14% contre 7.
48:49 Ce n'est pas le cas ailleurs en Europe.
48:51 Peut-être qu'on devrait en conclure
48:53 qu'il faut faciliter le travail
48:55 pour les étrangers. Ça tombe bien, ça fait partie
48:57 du projet de loi... - Alors là, vous parlez du texte de loi
48:59 immigration qui a arrivé. - Ça fait partie du projet de loi
49:01 que nous défendons. Mais ça veut dire
49:03 aussi qu'il faut être capable, pour accueillir
49:05 les gens dans des bonnes conditions, de ne pas
49:07 accueillir ceux qui n'ont pas vocation à rester.
49:09 Ce qui tombe bien, ça fait partie de notre projet de loi.
49:11 - Donc c'est toujours à l'ordre du jour, ce texte de loi
49:13 sur deux jambes. Régularisation
49:15 dans les secteurs en tension et de ceux qui travaillent.
49:17 Et à côté de ça, fermeté
49:19 avec ceux qui ne devraient pas. - Pragmatisme, humanisme,
49:21 efficacité. - Toutes petites choses,
49:23 concrètes. Bruno Le Maire a demandé aux assureurs
49:25 de faire un geste pour les personnes...
49:27 - Les banques aussi, et à l'État. - Et à l'État.
49:29 Vous avez bon espoir, vous allez
49:31 mettre une pression. Alors je finis la phrase
49:33 pour les gens qui ne le seraient pas. De manière à ce que les
49:35 commerçants qui ont été... - Vandalisés.
49:37 - Vandalisés, puissent
49:39 être indemnisés assez rapidement, puissent rouvrir,
49:41 ne soient pas obligés d'attendre trois semaines un expert,
49:43 puissent prendre des photos tout de suite.
49:45 Est-ce que vous avez bon espoir ? Et je demande également
49:47 à l'État, les commerçants,
49:49 que les charges soient... qu'on repousse
49:51 le paiement des charges, voire qu'on annule
49:53 pendant un certain temps. Est-ce que vous
49:55 avez bon espoir de pouvoir les aider ?
49:57 - Est-ce qu'on a déjà manqué
49:59 à notre devoir
50:01 vis-à-vis des commerçants de notre pays ? - Mais quoi qu'il en coûte, il est fini
50:03 normalement. - Non mais, attendez, à chaque fois
50:05 que les commerçants de notre pays ont traversé
50:07 des crises, ils n'en sont pas
50:09 responsables de cette crise. Je peux même vous dire, j'en ai eu beaucoup,
50:11 c'est très émouvant d'avoir un commerçant
50:13 au téléphone qui a eu son commerce saccagé pendant
50:15 la nuit, qui est là
50:17 en train d'essayer de mettre des plaques
50:19 de bois pour protéger ce qui peut être encore
50:21 protégé à la place des vitrines, et qui sait pas
50:23 quand il va rouvrir, et qui voit toutes
50:25 les ruelles commerçantes qui sont dévastées.
50:27 Les gens, ils pleurent, c'est leur outil de travail, c'est leur vie,
50:29 c'est leur engagement au quotidien.
50:31 Évidemment qu'on va être à leur côté, et évidemment
50:33 qu'on travaille avec les assurances, avec
50:35 les banques, avec les services de l'État
50:37 pour pouvoir trouver avec eux
50:39 des solutions qui leur permettent, un, de redonner
50:41 vie au centre-ville le plus vite possible,
50:43 et deux, de ne pas être,
50:45 de ne pas payer deux fois.
50:47 Olivier Véran, on évoque pas mal l'idée d'une
50:49 dissolution peut-être, pardon, d'un remaniement
50:51 ministériel dans... - C'est après ça.
50:53 - D'un remaniement ministériel dans quelques
50:55 semaines, est-ce que vous considérez que le gouvernement
50:57 est en place
50:59 pour gérer les problèmes et les tensions
51:01 actuelles, ou que remettre un peu de sang neuf,
51:03 ça pourrait effectivement aider, peut-être, à ce
51:05 renouveau démocratique que vous incarnez ?
51:07 Je crois que dans l'heure que nous avons
51:09 passée ensemble, vous avez montré, en tout
51:11 cas, que le gouvernement est totalement
51:13 à l'action, et que nous sommes totalement
51:15 mobilisés, et que
51:17 moi je ne me suis pas levé le matin, ce matin,
51:19 en pensant au remaniement, en fait, je me suis levé ce matin
51:21 en regardant ce qui avait pu m'échapper
51:23 depuis deux heures du matin, parce que je reste
51:25 comme beaucoup de Français éveillés
51:27 pour regarder ce qui se passe dans les différents
51:29 territoires que nous connaissons
51:31 et affectionnons, et donc voilà, on est
51:33 mobilisés, point. - Ça on dit tout le temps ça.
51:35 - Mais la question du remaniement, c'est pas la même chose.
51:37 - On est mobilisés, on pense au remaniement.
51:39 - C'est la mission d'un président de la République.
51:41 - Vous portez la parole d'un gouvernement, pas du tout.
51:43 - Dans les deux dernières minutes, on n'en a pas parlé,
51:45 on a été d'une correction extrême.
51:47 Donc, est-ce que ce dont tout
51:49 le monde parle, ministres, journalistes,
51:51 enfin, c'est un secret de police.
51:53 - Dans les cabinets. - Dans les cabinets, en disant,
51:55 en gros, avant le 14 juillet,
51:57 est-ce que la situation actuelle
51:59 fait que ça gèle ?
52:01 On gèle, et on verra plus tard que c'est pas l'impératif,
52:03 et que c'est pas le moment, en clair.
52:05 - Nathalie Saint-Cricq, vous faites de la politique
52:07 depuis... Vous connaissez le milieu politique.
52:09 - Depuis 200 ans. - Depuis... Non.
52:11 - Peut-être 300, j'ai commencé sous Clovis.
52:13 - Non, mais en tout cas, vous faites, j'allais vous dire un compliment,
52:15 et certainement pas faire une remarque
52:17 sur votre carrière, pourtant
52:19 plus qu'honorable.
52:21 Vous connaissez parfaitement le monde de la politique,
52:23 le milieu politique,
52:25 et vous savez très bien que ce n'est
52:27 certainement pas un porte-parole de gouvernement
52:29 qui va donner un avis sur la légitimité
52:31 ou la judicialité du moment pour remanier un gouvernement.
52:33 - Tout est dit, si on la pose pas, on est pas normal.
52:35 - Eh ben, vous me l'avez posé, je ne vous ai pas répondu,
52:37 personne n'est surpris.
52:39 - Une dernière question,
52:41 il était question
52:43 du service national.
52:45 Il a été question de le rendre obligatoire,
52:47 puis plus obligatoire. Est-ce que vous pensez que
52:49 ce qui se passe là fait que
52:51 au fond, on pourrait aller
52:53 par citoyenneté pour développer la citoyenneté
52:55 vers un service national obligatoire ?
52:57 - Une réponse assez brève, s'il vous plaît.
52:59 - Moi, je suis très favorable à tout ce qui peut recréer
53:01 du sens, du rituel de la cohésion.
53:03 Et je pense qu'on a besoin de symboles aussi
53:05 dans la République. Et on a besoin de montrer à chacun
53:07 qu'il est appartenant. On a besoin de travailler
53:09 sur cet accès de la jeunesse
53:11 à différents services. Vous voyez, la première ministre
53:13 a annoncé le permis à 17 ans, par exemple.
53:15 Le service national
53:17 universel est une manière d'extraire
53:19 parfois des jeunes du milieu dans lequel
53:21 ils vivent mal, et de leur montrer
53:23 qu'il existe autre chose dans la République.
53:25 Moi, je suis très favorable
53:27 au développement du service national universel,
53:29 quelle que soit sa forme, obligatoire
53:31 ou facultative.
53:33 Je considère que c'est un temps fort
53:35 d'apprentissage de la citoyenneté, d'apprentissage
53:37 du vivre ensemble, et surtout de nous donner
53:39 la capacité de faire quelque chose
53:41 que parfois on fait mal dans notre pays. Faire confiance
53:43 à celui qu'on ne connaît pas.
53:45 - Merci, Olivier Véran, de nous avoir
53:47 fait confiance, même si vous ne nous connaissez pas
53:49 très bien. Merci beaucoup d'avoir été avec nous.
53:51 Merci également à tous. C'est la dernière de la saison,
53:53 la dernière pour moi, également à la tête
53:55 de Questions politiques. J'allais dire du grand face-à-face,
53:57 j'anticipe l'année prochaine.
53:59 Merci, les merci de Tradition, Jean-Philippe
54:01 Ballas pour la rédaction en chef,
54:03 Amaury Bauchet pour la programmation,
54:05 toutes les équipes en régie, bien sûr,
54:07 Laurence Perron, merci, Cyril Graziani, Anne Souhaitemont,
54:09 Jeff Wittenberg, Clark Gatinois, Guillaume Darré,
54:11 étaient à mes côtés dans la saison,
54:13 et en particulier Karine Bécart, qui sera
54:15 aux commandes de l'émission à partir du début
54:17 du mois de septembre prochain, et puis bien sûr
54:19 Nathalie Saint-Cricq. Merci, Nathalie.
54:21 - Merci, Thomas, nous on était bien contents.
54:23 - Moi, j'étais bien content d'être avec vous. Et merci, Françoise.
54:25 - Merci à vous, Thomas. - Merci à tous.
54:27 Je vous retrouve donc le samedi 2 septembre, à midi,
54:29 pour le grand face-à-face. Merci, et passez un bel été.

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