• l’année dernière
Meurtre d'une enseignante au Pays-Basque, réforme des retraites, révolution du travail, soignants non-vaccinés...Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a fait le point sur les dossiers qui font l'actualité. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-23-fevrier-2023-9620110

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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le Grand Entretien le ministre chargé
00:04 du Renouveau Démocratique, porte-parole du gouvernement.
00:07 Questions, réactions au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:12 Olivier Véran, bonjour.
00:13 Bonjour à vous deux.
00:15 Et bienvenue à notre micro.
00:17 Commençons par le drame hier dans ce lycée privé de Saint-Jean-de-Luz où une professeure
00:23 d'espagnol est morte poignardée par un de ses élèves de 16 ans.
00:27 Une minute de silence aura lieu aujourd'hui dans les établissements scolaires de France
00:31 qui ne sont pas en vacances en hommage à cette professeure.
00:34 Que pouvez-vous nous dire Olivier Véran de plus ce matin sur les circonstances de ce
00:38 drame ?
00:39 D'abord, saluer la mémoire de cette enseignante.
00:42 Dire que toutes mes pensées les plus sincères vont vers ses collègues, les élèves, les
00:47 parents d'élèves, la population de Saint-Jean-de-Luz et plus généralement la communauté éducative
00:51 nationale.
00:52 Ce n'est pas quelque chose de courant et heureusement.
00:54 C'est quelque chose qui est absolument dramatique, dont les conséquences sont dévastatrices
00:58 sur le moral.
01:00 Quand on vient enseigner dans une classe, ce n'est pas pour se faire abattre, c'est
01:04 pour apprendre aux enfants.
01:05 C'est qu'on a une vraie vocation d'aider, d'accompagner, de faire grandir.
01:08 Et donc tout cela soulève énormément d'émotions dans l'opinion et c'est tout à fait normal.
01:13 C'est aussi pour ça que le ministre Papandiaï s'est rendu sur place hier.
01:16 Une enquête est ouverte, on a besoin d'avoir des réponses.
01:19 Très clairement.
01:20 Une enquête est ouverte pour assassinat.
01:22 Est-ce à dire qu'il y aurait pu y avoir préméditation ? Est-ce que vous avez des
01:26 informations ?
01:27 Il n'y a pas encore eu de communication en tant que telle de la part du procureur.
01:30 Je pense qu'ils ont besoin d'avoir davantage d'informations.
01:33 Il se dit que le jeune en question, qui n'avait pas d'histoire, pas de passif, ni avec la
01:38 justice, ni avec qui que ce soit, aurait déclaré avoir eu des hallucinations ou en tout cas
01:42 être possédé.
01:43 Ce qui en ferait évidemment une situation liée à une pathologie psychiatrique.
01:47 Pour cela, il faut qu'il y ait des études qui soient faites et cela peut prendre un petit
01:51 peu de temps, chacun doit comprendre, que pour que des examens psy approfondis puissent
01:54 déterminer la réalité ou non.
01:56 Tout ça peut prendre du temps.
01:57 Donc attendons la communication du procureur.
02:00 Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas de mobile apparent qui ait pu être identifié.
02:03 Mais cela ne remet en aucun cas en question le traumatisme que cela peut représenter.
02:08 Il y a eu beaucoup de réactions politiques à ce drame.
02:10 Olivier Faure du Parti Socialiste souligne qu'on demande tout à nos enseignants qui
02:15 doivent faire face à toutes les violences de la société.
02:17 Éric Ciotti, nos hussards noirs de la République sont en première ligne face à l'ensauvagement
02:22 de la société.
02:23 Il appelle à revoir la graduation des peines des mineurs.
02:26 Le maire LR de Cannes, David Lysnard, lui fait un lien avec l'assassinat de Samuel
02:30 Paty et dit que la violence qui gangrène notre société ne connaît désormais plus
02:34 de frontières.
02:35 L'État doit protéger nos enseignants.
02:38 Votre réaction à l'ensemble de ces mots ?
02:41 Qu'il puisse y avoir une montée de la violence sociale.
02:43 C'est un fait.
02:44 Que la violence verbale sur les réseaux sociaux, voire la violence physique, puisse imprégner
02:51 toutes les strates de la société et toucher y compris des mineurs ou les plus jeunes,
02:56 c'est probablement aussi avéré.
02:59 Je me garderais, mais vraiment, et pour bien des raisons, de faire le lien entre ce drame
03:05 dont on ne sait pas encore à quoi il est lié.
03:08 Parce que s'il est lié vraiment à une pathologie psychiatrique aiguë, apparaissant
03:12 chez un mineur qui n'avait pas d'histoire, etc. et que c'est le mode d'entrée dans
03:15 une pathologie psychiatrique, comme ça peut arriver.
03:17 J'ai été médecin, ministre de la Santé, et il arrive que dans le secteur psychiatrique
03:22 il y ait des gestes de violence extrêmement aigus.
03:25 Donc nous n'avons pas les réponses.
03:26 Donc moi, en politique raisonnable et responsable, je m'engage d'une part à ce que les réponses
03:31 soient apportées, que si il faut prendre des décisions parce que cela révélait une
03:35 situation plus grave ou plus générale, évidemment qu'il faut en intervenir.
03:39 Mais par respect pour la victime, pour sa famille, respect pour le fonctionnement de
03:45 la justice dans notre pays et pour la politique en général, je me garderais bien de faire
03:48 des conclusions, de tirer des conclusions, tant que nous n'avons pas le minimum de réponses
03:52 sur les raisons qui ont pu conduire à ce meurtre terrible.
03:55 Venons-en à la réforme des retraites.
03:57 Les débats à l'Assemblée se sont achevés dans la confusion la plus totale.
04:00 Vendredi dernier, 100 votes sur le fameux article 7, celui qui porte l'âge de départ
04:04 légal à la retraite de 62 à 64 ans.
04:07 Alors certes, il y a eu l'obstruction des députés insoumis, une vraie obstruction,
04:11 mais il y a aussi le choix de votre méthode de limiter les débats à 20 jours à l'Assemblée
04:15 nationale en première lecture, n'est-ce pas là ? Ce qui s'est passé, la co-production
04:20 d'un grand gâchis.
04:22 Une réforme aussi importante que celle des retraites ne méritait-elle pas plus de 20
04:25 jours de débat à l'Assemblée ?
04:27 Léa Salamé, je vais vous dire très clairement, il suffit de voir le tweet de Jean-Luc Mélenchon
04:31 qui disait surtout "continuez l'obstruction, n'allons pas à l'article 7, vous avez décidé
04:35 de vous faire battre à l'adresse de ces troupes pour que chacun, si quelqu'un avait
04:39 un doute, comprenne que s'il y avait eu 20 jours de débat de plus, nous aurions eu
04:42 20 jours d'obstruction de plus".
04:44 Il faut comprendre qu'il n'y a peut-être même pas 1 000 amendements examinés sur
04:48 les 20 000 qui avaient été déposés.
04:50 Je vais même vous dire, vous n'auriez pas donné 20 jours de plus, mais 40 ou 60 ou
04:53 80.
04:54 Quand on veut obstruer, on obstrue.
04:56 Et la France Insoumise n'a jamais fait montre de vouloir voter cet article 7.
05:00 Alors que nous voulions voter.
05:01 Nous voulions arriver au vote.
05:03 Et nous voulions que le Parlement puisse se prononcer.
05:06 Et nous étions confiants sur le vote de l'article 7.
05:08 Donc nous regrettons cette obstruction qui n'est pas de notre fait et qui n'est pas
05:11 liée à la durée d'examen de ce texte.
05:14 Il y a eu plus de jours pour examiner ce texte dans l'hémicycle que lors des précédentes
05:17 réformes des retraites par ailleurs.
05:18 Il y a comme une pause avant la journée du 7 mars où l'intersyndical appelle à la
05:23 mise à l'arrêt du pays.
05:24 Il y a toujours, vous le savez, 7 Français sur 10 qui sont opposés à votre réforme
05:28 et qui soutiennent la mobilisation.
05:30 Quoi qu'il advienne, ils peuvent faire ce qu'ils veulent, manifester, bloquer le
05:34 pays.
05:35 Vous maintiendrez la réforme ?
05:36 Nous ne sommes pas en pause.
05:38 Nous sommes dans la continuité de la phase démocratique qui s'est ouverte avec l'examen
05:42 à l'Assemblée Nationale puisque le Sénat, dans quelques jours, va commencer l'examen
05:45 du texte.
05:46 D'abord en commission, puis en séance.
05:48 Et donc dans le fonctionnement de nos institutions, il est normal que le texte puisse être examiné.
05:53 Et nous l'espérons cette fois-ci voter par les sénateurs avant ensuite de revenir à
05:57 l'Assemblée.
05:58 Vous avez l'impression d'avoir les voix LR au Sénat ? Ils vont voter comme un seul
06:01 homme ? Ronald Taillot tient bien ses troupes ? Mieux qu'Eric Ciotti à l'Assemblée ?
06:05 Je ne parlerai pas à la place des LR.
06:06 Je fais juste le constat que les LR du Sénat ont déjà voté plusieurs années consécutives
06:14 dans les budgets de la Sécu des dispositions qui ressemblent bigrement à ce que nous
06:19 proposons aujourd'hui.
06:20 Donc nous considérons que la base d'un accord est sur la table.
06:23 Ensuite, nous sommes à l'écoute des sénateurs, comme nous avons été à l'écoute des
06:26 députés, prêts aussi à amender, à modifier, à améliorer notre texte là où ça fait
06:31 sens.
06:32 Nous verrons sur quoi.
06:33 Nous avons vu que les députés ont rejeté hélas l'index senior qui permet de favoriser
06:38 l'emploi des séniors en entreprise.
06:40 Qui risque d'être sanctionné également par le Conseil d'Etat ?
06:42 Par le Conseil constitutionnel.
06:44 Au titre d'un cavalier social ? Nous verrons.
06:47 Mais nous considérons que cet article a sa place.
06:50 Le Conseil d'Etat estime qu'il y a un risque d'unconstitutionnalité de l'index senior.
06:54 Il ne considère pas qu'il est anticonstitutionnel, il considère qu'il peut y avoir un risque
06:59 sur une partie de l'article.
07:00 Donc ça ne veut pas dire "retirez-le" parce qu'il n'a pas sa place dans le texte.
07:03 C'est vraiment une différence importante dans un avis du Conseil d'Etat.
07:05 Bref, sur le fond, moi je considère que les sénateurs ont vocation à aller dans le sens
07:10 d'améliorer l'emploi des seniors dans l'entreprise.
07:12 Et s'ils ont des propositions à faire qui partent de l'index senior ou qui sont différentes,
07:17 nous les écouterons bien sûr.
07:18 Ce qui est essentiel, c'est vraiment que ce sujet qui était soulevé dans l'opinion
07:21 à la faveur de la réforme des retraites, la place de nos seniors dans l'entreprise,
07:25 ce qu'ils peuvent apporter comme compétences, comment ils peuvent eux-mêmes se former,
07:29 évoluer dans la carrière et les missions, tout cela puisse se concrétiser par la loi.
07:33 Pardon de revenir sur la séquence politique à l'Assemblée nationale et ce qui s'est
07:37 passé ces dernières semaines.
07:38 Vous avez été constamment mise en difficulté, vous et les autres ministres, sur votre communication.
07:42 Vos arguments ont été contredits sur les 1200 euros, sur les femmes qui seraient pénalisées
07:46 par la réforme, sur les carrières longues.
07:48 Est-ce que vous faites un peu, à un moment, juste une forme de mea culpa, monsieur le
07:53 porte-parole du gouvernement ? Est-ce que vous reconnaissez que vous n'avez pas su
07:57 défendre le bien fondé de cette réforme ? Et quand, au bout de six semaines, il y a
08:00 toujours 7 Français sur 10 qui sont contre et qui sont pour la mobilisation, qu'il
08:03 y a un truc qui a raté ?
08:04 Moi, je crois que dans l'opinion, la mesure de l'allongement de l'âge à 64 ans écrase
08:11 tout.
08:12 Pourquoi l'EHSA la met ? Parce que si j'étais venu vous présenter une proposition de loi
08:16 qui ne proposait que la revalorisation de toutes les petites pensions de retraite, pour
08:21 ceux qui ont travaillé toute leur vie, à carrière complète, au niveau du SMIC, en
08:24 vous disant "Aujourd'hui, ces retraités, ils gagnent très peu, ils gagneront plus
08:27 demain".
08:28 On aurait l'opinion avec nous.
08:30 On aurait l'opinion avec nous.
08:31 Vous avez tenté sur les 1200, vous avez tenté de vendre ça.
08:34 Ça a été contredit.
08:35 Non, mais je vous dis juste que, trouvez-moi quelqu'un qui était en désaccord sur le
08:38 fond et sur le principe avec le fait d'augmenter les petites retraites de Français qui ont
08:41 travaillé toute leur vie avec des petits revenus.
08:44 Trouvez-moi quelqu'un qui serait en opposition avec le fait que jusqu'ici, il pouvait y
08:47 avoir trois ou quatre ans d'écart en termes d'années de cotisation entre quelqu'un
08:51 qui avait commencé tôt ou tard et que maintenant, on va tomber à zéro ou un an.
08:55 Je ne comprends pas votre réponse.
08:56 Ce que je veux vous dire, c'est que pris indépendamment, toutes les mesures dont vous
08:59 parlez en disant "ça n'a pas été compris, c'est mal perçu par l'opinion", en réalité,
09:02 ce sont des mesures qui sont ultra favorables aux personnes qui en sont bénéficiaires.
09:07 Et qu'il vaut mieux que nous prenions ces mesures plutôt que nous ne les prenions pas.
09:10 Et je vous dis que la mesure 64 ans écrase tout et que dès lors que la mesure 64 ans
09:14 est rejetée par une majorité d'opinions, le reste du texte, toutes les mesures qui
09:19 sont pourtant normalement bien accueillies par la population, a du mal à trouver un
09:22 équilibre entre les deux.
09:23 Il n'y a pas de "mais elle ne coule pas" en fait.
09:24 Non, mais on est là dans un texte qui est extrêmement compliqué à comprendre, à
09:29 saisir, à expliquer.
09:30 Sans doute qu'on aurait pu faire mieux.
09:31 Je n'ai aucun problème à vous le dire.
09:32 Il n'y a pas de sujet là-dessus.
09:33 Il n'y a pas eu de tromperie sur la marchandise dès la conférence de presse inaugurale de
09:37 la première ministre.
09:38 On ne va pas ressortir, franchement Olivier Véran, on ne va pas refaire le match.
09:41 On l'a largement fait ici, mais on ne va pas ressortir toutes les déclarations des
09:44 ministres à ce micro qui expliquait que c'était 1 200 euros, une pension minimale, une pension
09:48 planche à 1 200 euros.
09:49 Je vous parle de la conférence de presse inaugurale.
09:51 Qui explique clairement que les femmes vont être pénalisées.
09:53 Est-ce que vous avez écouté la première ministre dans sa conférence inaugurale ?
09:56 Oui, je l'ai écoutée, elle était longue.
09:57 Qu'est-ce qu'elle présente en matière de dispositifs pour les petites retraites ?
10:00 Elle dit factuellement 1 200 euros pour les retraités.
10:04 Elle l'a dit le 10 janvier.
10:07 Et ensuite, il y a eu quatre semaines où vous êtes allé sur les plateaux expliquer
10:09 que ce serait une pension planchée à 1 200 euros.
10:11 Mais bon, elle a dit, Elisabeth Borne, que c'était une réforme de justice pour commencer.
10:17 Emmanuel Macron, lui, en a appelé au bon sens des Français sur cette réforme.
10:22 Mardi, 70 % des Français, je le redis, sont contre cette réforme après des mois de débat
10:27 sur tous les plateaux de radio et de télé.
10:29 Est-ce que ça veut dire tout simplement que 70 % des Français n'ont pas de bon sens,
10:32 Olivier Véran ?
10:33 C'est certainement pas ce qu'a voulu dire le président de la République.
10:36 Nous assumons de demander aux Français de devoir travailler un peu plus longtemps,
10:40 parce que c'est notre travail qui permet de financer ce qui va être la dépense sociale,
10:43 le modèle social, de financer tout ce qui fait notre bien commun en société,
10:49 en démocratie, en République.
10:50 Et donc, cette mesure d'augmentation de la durée de travail,
10:56 elle est absolument indispensable au regard de ce qui se passe d'ailleurs chez nos voisins,
10:59 au regard de la démographie, puisque nous avons une population qui vieillit.
11:04 Et donc, on peut comprendre que quand on passe plus de temps à la retraite
11:07 et qu'il y a moins de gens qui cotisent que de gens qui prennent la retraite,
11:09 il faille augmenter un petit peu la durée de cotisation.
11:11 Encore une question, et ensuite on a pas mal d'autres questions sur d'autres sujets.
11:17 En marge du débat sur les retraites, il y a le débat sur le travail.
11:19 Le président Arringy s'est multiplié les clins d'œil à la France qui se lève tôt,
11:23 mot jadis employé par Nicolas Sarkozy.
11:25 Or, comme le dit Jacques Attali, la crise actuelle nous fait découvrir
11:28 que les gens n'aiment pas leur travail. La clé, c'est de créer une société
11:31 où on n'aurait pas envie de le quitter.
11:32 Ce chantier sur le travail n'aurait-il pas dû être le préalable à la réforme des retraites ?
11:37 Et qu'est-ce que vous avez à dire sur ça, sur le travail ce matin ?
11:39 Ça, c'est une question totalement fondamentale.
11:41 D'abord, 80% des Français sont attachés à leur travail.
11:45 Donc, je considère qu'une majorité des Français ne s'inscrit pas dans un débat
11:49 qui consiste à déterminer si le travail libère ou le travail aliene.
11:52 Ce n'est pas leur sujet.
11:54 Ceux qui veulent, c'est avoir un bon emploi.
11:56 Et c'est ce que nous voulons aussi, avoir la politique du plein emploi et du bon emploi.
12:00 Qu'est-ce que c'est qu'un bon emploi ?
12:01 Ce n'est pas un emploi qui crée à lui seul le bonheur,
12:04 mais c'est un emploi qui apporte du bien-être.
12:08 La donne a considérablement changé, en France et dans le monde.
12:10 Le Covid a été un accélérateur, le chômage partiel, le télétravail,
12:14 une introspection pour les gens qui ont retrouvé une autre façon de vivre
12:17 et d'organiser leur temps de vie et qui aspirent désormais à travailler différemment.
12:20 Et alors, quelle proposition vous avez ? La semaine des 4 jours, par exemple ?
12:24 Justement, il y a de nouvelles inégalités qui ont été créées.
12:27 Vous avez un tiers des Français qui peuvent télétravailler,
12:30 mais pour trois quarts d'entre eux, ce sont des cadres.
12:31 C'est-à-dire que pour les deux tiers des Français qui ne peuvent pas télétravailler,
12:34 essentiellement des salariés qui ont un travail posté, qui ont des horaires fixes,
12:38 pour eux, la vie n'a pas changé.
12:39 Or, souvent, ce sont les travailleurs de la première et de la deuxième ligne.
12:42 Et donc, le décalage est encore plus saillant avec ce qu'ils constataient auparavant.
12:46 Et eux ne veulent plus, aujourd'hui, réaliser de grandes distances pour aller bosser,
12:48 passer une heure dans les transports en commun.
12:50 Ils veulent plus de flexibilité.
12:52 Et donc, il faut que nous puissions aussi faire évoluer la culture managériale de notre entreprise.
12:57 Juste une statistique, Léa Salamé.
12:59 En France, il y a juste une petite majorité de salariés qui considèrent qu'il est valorisé
13:03 et reconnu à la hauteur de ses missions.
13:05 En Angleterre ou en Allemagne, c'est plus des trois quarts.
13:08 Donc, il faut davantage de souplesse, de flexibilité.
13:11 Donc, il faut qu'on soit capable d'innover.
13:13 Nous le faisons depuis 2017.
13:14 On a créé les sociétés à mission pour donner du sens aux salariés dans les entreprises.
13:19 On est en train d'acter un phénomène important pour le partage de la valeur dans l'entreprise.
13:24 Pour que quand une entreprise gagne, le salarié gagne.
13:26 Sans doute, il faut aussi évaluer d'autres modalités.
13:28 J'ai parlé déjà de la semaine de quatre jours, par exemple.
13:31 C'est une idée, ça ? Vous trouvez que c'est une bonne idée, ça ?
13:33 Ça marche bien en Bretagne.
13:35 Là où ça peut fonctionner, il y a plein d'endroits où ça ne marcherait pas.
13:38 Et d'ailleurs, il y a beaucoup d'entreprises privées et publiques
13:40 qui ont déjà expérimenté ou mis en place des dispositions comme celle-ci.
13:44 Mais mon message, c'est vraiment ça.
13:45 Il y a beaucoup de salariés de la première et la deuxième ligne
13:48 pour qui la vie au travail n'a pas changé alors que les aspirations ont évolué.
13:52 Et ça, il n'y aura pas de retour en arrière.
13:55 Et donc, nous allons avoir une occasion à travers un projet de loi sur le travail,
13:58 sur le plein emploi, qui va nous permettre d'aborder, de rentrer dans le vif du sujet.
14:02 Un accord a été trouvé entre syndicats et patronats sur le partage de la valeur dans les entreprises
14:07 qui généralise les dispositifs d'intéressement, de participation pour les salariés.
14:11 Elisabeth Borne a promis de l'inscrire dans la loi.
14:14 Exemple concret, Stellantis qui va redistribuer 2 milliards d'euros à ses salariés à travers le monde.
14:20 En raison, Dominique Seux en parlait, de ses performances record en 2022.
14:24 Bénéfice net de presque 17 milliards d'euros.
14:27 Ces primes ne reflètent absolument pas l'engagement des salariés.
14:30 La super performance économique a réagi la CFDT qui explique que les actionnaires vont, eux,
14:35 se partager 4 milliards d'euros de dividendes.
14:38 Donc 2 milliards pour les salariés, le double, 4 milliards pour les actionnaires.
14:43 Est-ce que vous trouvez, Olivier Véran, que c'est un juste partage de la valeur ?
14:46 Quand je vous parlais tout à l'heure de changer la culture managériale
14:49 ou de la faire évoluer là où c'est nécessaire,
14:51 moi je crois que tout ça doit partir de la base dans l'entreprise.
14:54 On n'a pas un syndicalisme très porté par les salariés.
14:57 Les participations aux élections ne sont pas phénoménales
15:00 et dans beaucoup d'endroits, les syndicats ont d'ailleurs du mal à renouveler les délégués syndicaux.
15:04 Ça va mieux, vous l'avez noté, grâce à vous, grâce à la réforme des retraites.
15:07 Non, non, mais pas dans la capacité à mobiliser,
15:10 mais dans la capacité au sein de l'entreprise, au quotidien,
15:14 à rendre les salariés pleinement acteurs de ce qui est en train de se passer.
15:17 Il y a beaucoup de domaines dans lesquels les salariés sont davantage acteurs,
15:19 quand on parle de RSE, de valeur environnementale, de mission, etc.
15:24 Mais sans doute, il faut aller plus loin.
15:26 Et moi, je plaide pour qu'il y ait un enjeu démocratique au sein de l'entreprise.
15:30 Mais 2 milliards pour les salariés, 4 milliards pour les actionnaires, ça vous semble juste ?
15:34 Si les conditions de dialogue entre les salariés et les patrons sont plus florissantes
15:40 et je considère que c'est une clé pour pouvoir y arriver,
15:42 plutôt que de fonctionner à l'injonction d'Etat,
15:44 entreprise par entreprise, à chaque fois qu'il y en a une qui fait du bénéfice.
15:46 Là, les syndicats ne sont pas contents de ce qui est en train de se passer.
15:49 J'entends ça, c'est une affaire...
15:51 Vous comprenez qu'ils ne soient pas contents ou non ?
15:52 Vous dites "c'est pas l'affaire de l'Etat", d'une certaine manière,
15:55 vous n'avez pas de commentaire à faire.
15:57 L'affaire de l'Etat, c'est que si on considère que la loi ne convient pas, on la change.
16:00 Ou si on considère que la loi n'est pas appliquée, on s'assure qu'elle soit appliquée.
16:03 L'affaire de l'Etat, ce n'est pas d'aller dire à une entreprise combien elle doit redistribuer aux salariés.
16:07 Nous, nous avons posé les conditions pour que lorsqu'une entreprise décide de mieux payer ses salariés,
16:11 elle puisse le faire à moindre coût, pour pouvoir l'encourager.
16:14 C'est notamment la prime, la fameuse prime Macron,
16:16 où on permet d'aller donner jusqu'à 6 000 euros quand même défiscalisés.
16:19 Donc, on a créé les conditions qui permettent de mieux payer le travail
16:24 lorsque l'entreprise dégage des marges.
16:26 Et c'est l'Etat d'esprit qui est le nôtre et on va l'étendre,
16:28 grâce au syndicat, qui nous propose de le faire,
16:30 à toutes les entreprises, à partir de 11 salariés.
16:32 Emmanuel Macron a appelé mardi à un nouveau geste sur le diesel
16:35 et l'esprit de responsabilité de Total en rapport aux profits records
16:38 enregistrés par l'entreprise cette année.
16:40 Ce matin, Total a annoncé que le litre d'essence ou de gazole
16:43 serait donc plafonné à 1,99 euro toute cette année,
16:46 toute l'année jusqu'à la fin de l'année, dans ses stations-services en France.
16:50 Il a fallu supplier, hein ?
16:53 Je ne sais pas s'il a fallu supplier, en tout cas je note qu'il y a eu une réaction rapide
16:56 à la demande du chef de l'Etat et je m'en félicite.
16:59 Ça veut dire concrètement que si le prix du baril de pétrole
17:01 devait remonter au-dessus de 100 dollars, comme ça a été le cas l'année dernière,
17:05 et si le diesel devait réatteindre les 2,40 euros,
17:07 pour les Français, le diesel continuerait de coûter 1,99 à la pompe.
17:11 Donc quoi qu'il arrive, même si le prix du brut prend 30% en septembre,
17:15 ça restera sur les 2 euros.
17:16 C'est l'engagement qui a été pris par Total.
17:17 Donc ça veut dire que ça donne de la lisibilité, de la visibilité aux Français.
17:20 Je souhaite évidemment que l'essence puisse coûter moins cher que 1,99,
17:23 mais ça veut dire que si on devait reconnaître des pics à 2,40 comme ça a pu être le cas,
17:27 eh bien ça ne coûterait pas ce prix-là.
17:30 On passe au standard d'inter, on nous attend Frédéric, bonjour !
17:34 Oui, bonjour à tous, Monsieur Véran.
17:35 Bonjour, je voulais vous parler des soignants suspendus,
17:39 comme vous le savez parfaitement, comme vous ne pouvez pas l'ignorer.
17:43 Il n'y a strictement aucune différence médicale entre vaccinés et non-vaccinés.
17:48 J'ai sous les yeux un document de Santé publique France,
17:51 d'août 21, qui le démontre.
17:54 Donc j'aimerais savoir quand est-ce que vous allez les réintégrer,
17:56 et les réintégrer dans leurs droits,
17:58 avant même toute décision de l'Haute Autorité de Santé ?
18:01 Alors la Haute, merci Frédéric pour cette question,
18:04 la Haute Autorité de Santé s'est prononcée.
18:07 Lundi, dans le contexte actuel, l'obligation vaccinale contre le Covid-19
18:12 pourrait être levée pour tous les professionnels.
18:16 La vaccination devrait toutefois rester fortement recommandée.
18:19 Donc que répondez-vous Olivier Véran ?
18:21 On attend effectivement l'avis de la Haute Autorité de Santé,
18:24 ce n'est pas un avis qu'elle a rendu, elle a dit qu'elle travaillait dans cette orientation-là,
18:27 puisqu'on l'a ressaisi, ça doit être la troisième ou quatrième fois.
18:30 Pourquoi ils ont du mal à dire ?
18:32 Alors contrairement à ce que dit votre auditeur,
18:34 il n'y a pas un document de Santé publique France qui dit que la situation médicale est la même.
18:37 Donc ils doivent évaluer les risques, les avantages et les risques,
18:42 en cas de reprise épidémique, d'avoir des soignants non vaccinés dans des EHPAD ou dans des hôpitaux.
18:47 Donc on attend l'avis de la Haute Autorité, le ministre François Braun sera ensuite amené
18:51 à prendre une décision de réintégration ou non, et dans quelles conditions.
18:54 J'ai cru comprendre que ce serait d'ici la fin du mois de mars ou le début du mois d'avril
18:57 que l'avis de la CHS tomberait.
18:59 Nous, on a toujours été très clair, je l'ai dit à plusieurs reprises,
19:01 on suit l'avis des recommandations scientifiques.
19:04 On entend dire qu'il pourrait y avoir une réintégration des soignants non vaccinés en mai.
19:08 Est-ce qu'on va vers ça ?
19:10 Attendons l'avis de la Haute Autorité.
19:12 Je n'anticipe pas sur un sujet aussi brûlant les décisions scientifiques.
19:15 On passe au Standard à nouveau. Bruno, bonjour.
19:18 Oui, bonjour et merci d'avoir pris ma question.
19:21 Bonjour à tous.
19:21 Bonjour.
19:22 M. Véran, le président de la République, M. Macron, a voulu faire de l'égalité
19:27 entre les femmes et les hommes la grande cause de son quinquennat.
19:30 Alors que déjà leurs pensions sont plus basses d'auprès de 40 % en moyenne,
19:34 il est avéré que dans le projet de réforme des retraites,
19:37 les femmes sont encore les grandes perdantes.
19:39 Non seulement elles vont percevoir moins de pensions,
19:42 mais elles vont devoir travailler encore plus longtemps.
19:44 Sur ce projet de réforme des retraites, M. Véran,
19:47 pourquoi n'attechez-vous aucune importance à ce principe d'égalité
19:50 entre les femmes et les hommes ?
19:52 Cela veut dire quoi, M. Véran, ce « glomant fructuisme institutionnel » ?
19:55 Merci à vous, Bruno, pour cette question.
19:58 « Cash », comme on dit, pour finir.
20:00 Olivier Véran vous répond.
20:01 Deux doigts d'une question élégante, ça m'aurait changé.
20:02 Bonjour, Bruno.
20:04 Bruno, factuellement, vous avez raison,
20:07 il y a un écart de 40 % des pensions de retraite entre les femmes et les hommes.
20:10 Alors, pour le coup, vous aurez du mal à dire que c'est la faute du gouvernement.
20:12 En fait, l'écart de pensions, qui est scandaleux,
20:15 il reflète l'écart de rémunération tout au long de la vie
20:18 des 40 dernières années des femmes et des hommes dans ce pays.
20:21 C'est pourquoi, d'ailleurs, nous avons pris à bras-le-corps
20:22 le dossier de l'égalité professionnelle femmes-hommes
20:25 pour faire en sorte que cet écart de salaire, qui ne se justifie pas,
20:28 qui ne s'est jamais justifié, mais qui aujourd'hui est encore plus inacceptable,
20:31 et c'est tant mieux qu'il le soit, se réduise.
20:34 Et donc, ça, c'est un enjeu majeur.
20:36 Ensuite, vous avez dit que cette réforme pénalise les femmes.
20:39 Je vous redis qu'on assume de demander à tous les Français,
20:41 qui le peuvent, de travailler plus longtemps.
20:43 Surtout les femmes.
20:44 Non, pas surtout les femmes, pardonnez-moi,
20:46 quand on passe de 62 à 64 ans, il n'y a pas une clause.
20:49 En revanche, vous avez des clauses pour les femmes qui ont des enfants,
20:52 puisqu'on maintient des dispositifs de congés maternités.
20:54 Ce qui veut dire qu'il y a des effets, en tout cas.
20:56 On crée des dispositifs pour les congés parentaux.
21:03 On protège davantage les femmes, c'est vrai, qui ont des carrières hâchées,
21:07 parce qu'elles ont des grossesses et que ça leur rend leur parcours professionnel compliqué.
21:10 Et à la fin, factuellement, alors qu'aujourd'hui les femmes, c'est factuel,
21:13 partent après les hommes, demain, après notre réforme,
21:16 elles partiront deux mois avant les hommes à la retraite.
21:19 Deux questions très rapides pour terminer.
21:21 La première sur l'Ukraine, la deuxième sur la Convention citoyenne sur la fin de vie.
21:26 Sur l'Ukraine, à la veille de la commémoration de l'agression russe et du début de la guerre,
21:30 je ne sais pas si vous avez eu l'opinion ce matin,
21:32 il y a un article de Jordan Bardella du Rassemblement national,
21:35 qui, je ne sais pas, peut-être un mea culpa,
21:37 qui dit "il y a eu une naïveté collective sur Poutine en France".
21:42 Ça vous étonne, venant du Rassemblement national ?
21:45 Le Rassemblement national nous joue la carte des résistants de 45.
21:50 Ils ont emprunté pour faire leur campagne auprès des Russes,
21:52 ils ont fait l'apologie de Poutine en permanence, nous expliquer qu'il n'y avait pas de danger.
21:56 Ils sont allés, le recevaient, le citaient en exemple.
21:59 Puis quand ils voient qu'en fait, ils se sont plantés,
22:02 enfin ils se sont plantés, ils n'ignoraient pas quelle était la menace que représentait M. Poutine.
22:06 Aujourd'hui, quand ils voient que leur propre électorat s'est complètement détourné du camp russe,
22:11 ils nous la jouent "erreur collective".
22:13 Non M. Bardella, l'erreur elle est vôtre, elle est première.
22:16 Le président de la République a toujours été extrêmement clair sur le soutien à l'Ukraine
22:20 et sur la manière dont nous devions protéger l'Europe vis-à-vis de cette agression.
22:24 Sur la fin de vie, la Convention citoyenne doit rendre le 19 mars son avis,
22:28 mais une tendance dessine déjà parmi les 180 participants.
22:33 84% d'entre eux seraient favorables à une évolution de la loi pour une aide active à mourir.
22:40 Ça, ce sont les chiffres donnés dimanche par le CESE.
22:43 Allez-vous suivre forcément l'avis de cette Convention citoyenne et changer la loi ?
22:47 Alors d'abord, petite prudence, je salue vraiment cet exercice.
22:49 Moi, j'y suis allé, c'est impressionnant.
22:51 C'est une petite France qui se réunit au CESE, qui travaille d'arrache-pied depuis des semaines,
22:55 qui s'est formée, qui s'est acculturée.
22:57 Ils sont vraiment devenus très très bons dans le domaine de la fin de vie et des soins palliatifs.
23:00 Donc ce n'est pas un avis exprimé aux doigts mouillés, c'est un avis forgé.
23:03 Après, ce n'est pas un avis définitif.
23:05 Attention, c'est une première délibération.
23:07 Ils ont décidé de leur propre méthode de travail.
23:09 Ils sont amenés à voter, voire à re-voter sur les mêmes sujets.
23:12 Attendons la fin de la Convention pour pouvoir en tirer des conclusions.
23:16 Je note qu'il y a manifestement un esprit d'ouverture vers une légalisation de l'aide active à mourir
23:21 sous la forme euthanasie suicide assistée.
23:23 J'ai eu l'occasion de dire hier que le Président de la République,
23:25 qui a souhaité cette Convention citoyenne,
23:28 recevra les conventionnels dès la fin de leurs travaux
23:31 pour ensuite poser les bases d'un calendrier et déterminer les conditions d'une modification de la loi.
23:36 Il y aura une loi.
23:37 Vraisemblablement.
23:39 Merci.
23:40 Merci Olivier Véran d'avoir été à notre micro ce matin.

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