SMART IMPACT - L'invité de SMART IMPACT : Emmanuel Toussaint Dauvergne (Screlec Batribox)

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Lundi 3 juillet 2023, SMART IMPACT reçoit Emmanuel Toussaint Dauvergne (Directeur Général, Screlec Batribox)
Transcript
00:00 L'invité de ce Smart Impact c'est donc Emmanuel Toussaint-Dauvergne, bonjour.
00:10 Bonjour monsieur.
00:10 Bienvenue, vous êtes donc le directeur général de Screllec Battery Box,
00:14 éco-organisme je le disais en titre de la filière des piles et batteries.
00:16 Ça représente combien d'entreprises en France, c'est quoi ?
00:19 Alors aujourd'hui notre éco-organisme fédère de notre côté plus de 7000 entreprises,
00:23 c'est colossal.
00:24 En fait on a une croissance qui est exponentielle du fait d'une quantité
00:27 qui sont mises sur le marché, qui sont de plus en plus importantes.
00:30 Aussi bien pour des gens qui veulent s'engager dans la mobilité,
00:33 donc qui font le choix des batteries,
00:34 que d'autres qui veulent être connectés en permanence à internet.
00:37 Et donc ça représente, j'ai trouvé ce chiffre en 2022,
00:40 4831 tonnes de piles et petites batteries usagées, collectées avec,
00:46 on va évidemment ensuite détailler,
00:48 mais avec une légère baisse de la collecte sur un an.
00:50 Comment ça s'explique ça ?
00:51 Alors ça s'explique parce qu'on est dans des périodes qui sont un petit peu bouleversées
00:54 suite au Covid.
00:55 Il y a eu des activités qui ont été un petit peu modifiées.
00:58 Et paradoxalement sur cette année 2023, on est sur une énorme croissance.
01:02 C'est en train de reprendre très fort.
01:03 Oui, on devrait dépasser les 6000 tonnes.
01:05 D'accord.
01:06 Et on parle de quoi ?
01:08 De piles et petites batteries alors, c'est quoi ?
01:11 De quel matériel on parle ?
01:14 Donc on parle des batteries qui sont essentiellement dans nos foyers.
01:17 Donc ça peut être la pile de votre horloge,
01:20 la batterie de votre perceuse ou de votre téléphone portable par exemple.
01:24 Est-ce que dans ce bilan, justement les batteries,
01:27 alors je voudrais qu'on parle ensuite de nouvelles mobilités,
01:29 elles prennent de plus en plus de place ?
01:31 Oui, tout à fait.
01:32 Nous, on le voit déjà au niveau de nos adhérents.
01:34 Il y a une quantité de plus en plus significative de batteries
01:37 qui sont mises sur le marché.
01:38 Et on voit aussi maintenant, parce qu'elles ont une durée de vie plus longue,
01:41 qu'on les récupère de manière plus significative aussi
01:44 dans la partie collecte de notre activité.
01:46 Alors la réglementation européenne sur les batteries, elle change.
01:50 Elle a changé en ce mois de juin.
01:53 Dans quel sens ?
01:53 Est-ce que les règles sont plus strictes ?
01:54 Qu'est-ce qui change ?
01:55 Alors ce qui change, c'est qu'on a un nouveau règlement européen.
01:58 Déjà, c'est un règlement.
01:59 Donc c'est quelque chose qui va s'appliquer à l'ensemble des pays membres.
02:02 Il va s'appliquer à tous de la même façon.
02:03 Donc il n'y aura pas de transposition,
02:05 si ce n'est des ajustements de textes réglementaires au niveau national.
02:08 Donc là, c'est vraiment un règlement que je qualifierais de développement durable.
02:12 Parce qu'on va agir aussi bien sur l'économique,
02:15 on va agir sur le social et l'environnemental.
02:17 Je vous donne juste un exemple.
02:18 Par exemple, on va développer l'économie circulaire
02:21 en essayant de promouvoir l'intégration de matières premières recyclées
02:25 dans les nouvelles batteries.
02:26 Ok, d'accord.
02:27 Et donc, je posais la question,
02:29 est-ce que ça va être plus ou moins strict ?
02:31 Qu'est-ce que ça change pour les industriels du secteur ?
02:33 Ce sera beaucoup plus strict aujourd'hui pour les industriels.
02:35 Ils devront être beaucoup plus vigilants à la fin de vie de leurs produits.
02:38 Donc comment il va rentrer dans le circuit de la collecte, du tri et du recyclage,
02:42 qu'on puisse bien extraire les batteries.
02:44 Et de la même façon, ils devront aussi être à l'initiative en termes d'éco-conception
02:47 de nouvelles batteries qui devront intégrer, par exemple,
02:50 des matières premières secondaires et qui seront plus enclins
02:53 à être engagés dans le système du recyclage.
02:55 Est-ce que ça entre en vigueur très vite ?
02:58 Est-ce qu'il y a des paliers dans la mise en œuvre ?
03:01 Comment ça se passe ?
03:02 Comme je vous le disais, le règlement européen a été validé déjà par le Parlement.
03:06 Le Conseil de l'Europe doit aussi donner son avis.
03:08 Ensuite, il doit y avoir une lecture des textes au niveau français
03:11 pour savoir si en termes réglementaires, il y a une homogénéité.
03:14 Et après, je pense que pour nous, ce sera en vigueur
03:16 surtout sur l'année 2024, voire 2025.
03:18 D'accord.
03:20 Est-ce que dans les obligations liées à ce nouveau règlement européen,
03:24 il y a aussi cette notion de transparence vis-à-vis des usagers ?
03:27 Est-ce que l'industrie de la nouvelle mobilité,
03:30 que j'élargis volontairement, va devoir être plus transparente ?
03:34 Oui, en fait, il y a une volonté aussi de donner plus d'informations aux consommateurs.
03:38 Il y aura ce qu'on appelle un passeport batterie
03:40 qui va justement accompagner la batterie tout au long de son cycle de vie.
03:43 Et puis, quelque chose qui sera fort aussi,
03:45 c'est qu'on va commencer à parler de la deuxième vie des batteries.
03:48 Autrefois, on était dans une économie qui était un peu linéaire.
03:50 On collectait des batteries, on les envoyait dans des centres de recyclage
03:53 pour en récupérer les métaux.
03:54 Maintenant, on va prendre des batteries, on va essayer de les réparer
03:57 et de leur redonner une deuxième vie ou d'étendre la première vie.
04:01 Donc là, ça concerne tout ce qui est trottinette, vélo, scooter électrique.
04:05 C'est quel type de batterie ?
04:06 Exactement.
04:06 Donc, le fameux règlement européen prévoit une nouvelle catégorie de batteries
04:10 qui est les batteries de transport, on va dire léger.
04:14 Et donc, on aura les trottinettes, les EDPM, ce qu'on appelle les vélos,
04:17 tout ce qui permet de la mobilité douce.
04:19 Et donc, on aura une réglementation adaptée à ces produits.
04:21 Est-ce que ce sont des produits que vous recyclez déjà et dans quelle proportion ?
04:28 Oui, on les recycle déjà.
04:29 En fait, on avait anticipé cette évolution réglementaire.
04:32 Lorsqu'on a fondé la filière il y a 25 ans, on était déjà des précurseurs.
04:35 Et aujourd'hui, on s'est dit qu'il fallait justement travailler avec les acteurs
04:38 concernés par les batteries de cette mobilité pour les accompagner
04:41 sur la bonne gestion de leur flux.
04:43 Donc, aussi bien dans les déclarations qu'ils nous font
04:45 jusqu'à la prise en charge vers la réparation et le recyclage.
04:48 Ça veut dire que dans les 7000 entreprises dont vous me parliez,
04:52 il y en a quelques centaines qui sont de ce secteur des nouvelles mobilités
04:56 et potentiellement d'autres centaines, peut-être des milliers, qui pourraient vous rejoindre ?
05:01 Tout à fait. Avec justement le nouveau règlement européen,
05:03 ce sera une obligation réglementaire forte pour elles.
05:05 Aujourd'hui, on est dans une filière volontaire.
05:07 Et demain, on sera dans une filière encadrée par les pouvoirs publics.
05:11 Et donc, il y aura beaucoup plus d'adhérents dans cette filière-là.
05:13 Alors, je voudrais qu'on parle de l'efficacité du recyclage
05:17 et des objectifs qui sont les vôtres.
05:18 Est-ce que les batteries, aujourd'hui, elles sont moins bien collectées
05:23 que les piles, par exemple ?
05:24 Non, c'est collecté de la même façon.
05:27 On a un système qui est mutualisé.
05:29 Donc, partout où on apporte un service, on récupère aussi bien
05:31 que des piles et que des batteries.
05:33 Et ensuite, on les emprunte dans des centres de recyclage
05:35 qui sont dédiés à une technologie précise.
05:38 On est à quel taux de récupération ?
05:41 Aujourd'hui, dans ce qui nous concerne, on a dépassé les 52,5%
05:46 de taux de collecte.
05:47 Donc, c'est plutôt pas mal, sachant que le règlement,
05:49 la précédente directive européenne nous imposait 45%.
05:53 Et là, on va glisser vers un 73% en 2030.
05:56 Donc, c'est très ambitieux, très très ambitieux en termes de performance.
05:59 Qu'est-ce que ça suppose pour vous et surtout pour les industriels du secteur
06:03 pour atteindre ce taux de collecte ?
06:05 Ce que ça suppose pour nous, c'est qu'il va falloir qu'on fédère
06:08 beaucoup plus les acteurs qui détiennent le gisement
06:10 et qu'on leur apporte plus de services.
06:11 Aussi bien le public, à travers par exemple les déchetteries,
06:14 ou les acteurs de la distribution ou les entreprises qui détiennent
06:18 ce gisement, comme les gestionnaires de déchets.
06:20 Donc, plus de services et des accompagnements financiers.
06:22 Mais on est dans la logique de la responsabilité élargie des producteurs.
06:26 Donc, de toute façon, ils doivent le faire.
06:28 Vous voyez ce que je veux dire.
06:30 Pourquoi on n'atteint pas plus facilement un taux de collecte plus important ?
06:33 Alors, parce que c'est très simple.
06:34 Aujourd'hui, on a commencé, on va dire, à mettre des actions
06:36 qui nous ont permis de collecter les fruits qui sont en bas de l'arbre.
06:40 Aujourd'hui, il va falloir qu'on fasse demain les fruits qui sont en haut de l'arbre.
06:43 Donc là, forcément, il va falloir démultiplier des projets,
06:46 d'avoir beaucoup plus d'initiatives pour aller chercher des gisements additionnels.
06:50 Est-ce qu'il y a aussi, alors là, vous parliez de déchetteries
06:53 à destination du grand public.
06:56 Est-ce qu'il y a des campagnes d'information que vous faites déjà
06:58 ou d'autres campagnes qui sont prévues ?
07:00 Oui, on fait beaucoup d'opérations.
07:02 On pense qu'aussi, pour avoir un impact plus important,
07:04 il faut qu'il y ait un volet social dans notre activité.
07:08 Donc, par exemple, on fait des opérations avec le Téléthon,
07:10 on fait des opérations avec Électricien sur Frontière
07:12 pour donner du sens aux gestes.
07:13 Et on pense que justement, étendre ce type d'activité
07:16 permettra de rehausser nos performances.
07:18 Avec Électricien sur Frontière, je crois que c'est une opération dans les écoles, c'est ça ?
07:21 Exactement.
07:22 Pile solidaire, de quoi il s'agit ? Racontez-moi.
07:24 Alors, en fait, on demande aux écoliers de collecter les piles et les batteries
07:27 qu'ils ont à la maison, donc dans les consoles de jeu
07:29 ou dans les autres équipements que l'on peut trouver, les jouets par exemple.
07:33 Ils ramènent ensuite ces piles à l'école.
07:35 On va collecter ces piles.
07:36 Et au pro rata des quantités qu'on a collectées,
07:38 en fait, on reverse 250 euros la tonne à Électricien sur Frontière
07:42 pour qu'il aille électrifier une école dans un pays en voie de développement.
07:45 J'avais vu, je crois que c'était au mois de mars dernier,
07:47 quand il y a eu la journée mondiale du recyclage,
07:49 vous avez lancé une campagne qui était une sorte d'appel à la génération des 18-35 ans.
07:53 Oui.
07:54 Quel était cet appel ? Et puis, pourquoi vous avez ciblé cette génération ?
07:57 Parce qu'aujourd'hui, ce sont ceux qui sont beaucoup plus sensibles,
08:00 on va dire, à la mobilité déjà et aussi à la consommation,
08:03 on va dire, de produits qui nécessitent justement l'utilisation de batteries et de piles.
08:07 De la même façon, c'est aussi une fraction de la population
08:10 qu'on a le plus de mal à aborder
08:13 parce qu'ils sont un petit peu plus loin parfois de l'environnement.
08:15 Donc, on essaie vraiment de se rapprocher d'eux.
08:17 Donc, avec un film, une campagne qui était ciblée sur les réseaux sociaux.
08:22 Exactement.
08:23 Donc, on a essayé de les toucher par des moyens détournés,
08:25 par justement essayer de les sensibiliser sur comment avoir le meilleur geste
08:29 avec une approche un peu plus ludique.
08:31 Je reviens pour conclure à ce nouveau règlement européen.
08:34 Oui.
08:34 Parce que j'ai vu cette formule, il y est dit que l'industrie des batteries
08:37 sera soumise à une politique de diligence raisonnable.
08:41 Je me suis dit, ça ne va pas nous mener bien loin, ça veut dire quoi ?
08:45 En fait, il y a des ambitions qui sont données.
08:47 La volonté des pouvoirs publics français, déjà, c'est de décarboner l'industrie aujourd'hui.
08:51 Donc, il va y avoir une utilisation massive de batteries qui va arriver.
08:55 On entend beaucoup parler de gigafactories qui vont se construire dans l'ordre de la France.
08:59 Et donc, il y a une mobilisation qui va être forte et croissante de tous les acteurs,
09:03 aussi bien sur l'utilisation que sur la gestion de la fin de vie de leurs déchets.
09:07 Mais diligence raisonnable, ça veut dire qu'on ne leur met pas tant la pression que ça ?
09:10 Je n'ai pas bien compris la formule.
09:11 C'est nous qui avons la pression, parce que c'est nous qui devons répondre aux obligations
09:14 qui nous sont apportées par les pouvoirs publics.
09:17 Et quelque part, on va transférer cette pression à nos adhérents cette fois-ci
09:21 pour qu'ils s'engagent dans des projets plus engageants.
09:23 Merci beaucoup. Merci Emmanuel Toussaint d'Auvergne.
09:25 À bientôt sur Bismarck.
09:26 On passe à notre débat, le rôle de la culture pour rendre cette transition environnementale désirable.

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