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Chroniqueuse : Maya Lauqué 




Ce samedi 1er juillet, la France a vécu une quatrième nuit de violence. Invitée sur le plateau de Télématin, Sonia Fibleuil, porte-parole de la Police Nationale, nous dresse un premier bilan. Sur le terrain, les choses commencent à se calmer. Elle dénombre 536 interpellations, soit une centaine de moins par rapport à la nuit dernière. 70 policiers ont été blessés dans les émeutes. Les moyens déployés sont-ils suffisants pour neutraliser les fauteurs de trouble ? Sommes-nous en état d’urgence ? Comment restaurer l’image de la police après le choc de l’affaire Nahel ? La réponse avec Sonia Fibleuil.

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Transcription
00:00 C'est l'heure de l'interview d'actualité.
00:01 Maya, vous recevez ce matin Sonia Fibloy,
00:04 porte-parole de la police nationale.
00:06 Bonjour Sonia Fibloy.
00:07 Bonjour madame.
00:08 Merci d'être avec nous ce matin.
00:09 La France a vécu une quatrième nuit de violence.
00:12 Quel est le bilan et quels sont les derniers chiffres ?
00:15 Le bilan est un petit peu plus calme ce soir
00:17 puisque nous avons réalisé, toutes les forces de l'ordre comprises,
00:21 la police et Gendarmerie, 536 interpellations,
00:25 ce qui est à peu près une centaine de moins
00:27 par rapport à la nuit d'avant.
00:29 45 000 policiers et gendarmes qui ont été mobilisés
00:32 et je tiens à renouveler mon soutien à leur égard
00:35 parce qu'ils ont fait face à des violences
00:38 dans des conditions dégradées.
00:40 Est-ce qu'il y a eu des blessés parmi les forces de l'ordre ?
00:42 Oui, il y a eu cette nuit 70 blessés parmi les forces de l'ordre.
00:46 Vous le disiez, 45 000 policiers et gendarmes sur le terrain,
00:49 les moyens déployés sont-ils suffisants ?
00:52 Oui, nous avons mobilisé beaucoup de moyens,
00:54 des moyens évidemment humains,
00:56 mais des moyens mobiles, des moyens d'équipement
00:59 et notamment des moyens aériens.
01:01 Vous pourriez encore monter en puissance ou là vous êtes au maximum ?
01:03 Oui, nous pouvons tout à fait monter en puissance, bien sûr.
01:07 Est-ce que les policiers aujourd'hui réclament la mise en place
01:10 d'un état d'urgence ? Est-ce que ça vous aiderait dans les interventions ?
01:14 Alors c'est une partie des policiers actuellement qui le réclament.
01:18 Pour l'instant, bien sûr, tout ce qui nous aide
01:21 à avoir des mesures sécuritaires supplémentaires,
01:23 nous aide dans nos interventions.
01:25 On n'y est pas encore, on n'est pas là quant à présent
01:29 et nous allons continuer à être extrêmement mobilisés,
01:31 à faire face à ces violences pour rétablir la paix et le calme
01:36 dans nos quartiers et dans nos villes.
01:38 On parle beaucoup de la jeunesse des émeutiers,
01:40 certains ont 14 ans, entre 14 et 18 ans.
01:43 Est-ce qu'on fait du maintien de l'ordre de la même façon
01:46 avec des mineurs qu'avec des majeurs
01:48 ou est-ce qu'il faut prendre davantage de précautions ?
01:50 Est-ce qu'il y a des consignes de prudence ?
01:51 Bien sûr, nous avons des consignes de prudence qui sont constantes.
01:54 Lorsque nous intervenons, notre objectif est de mettre à distance,
01:59 de grader les moyens par lesquels on intervient
02:04 et d'éviter toute blessure, que ce soit parmi les émeutiers
02:08 mais également parmi les forces de l'ordre.
02:09 Donc il n'y a pas de consigne particulière pour les mineurs ?
02:12 Il n'y a pas de consigne particulière pour les mineurs,
02:14 bien évidemment, nous y prêtons une attention particulière
02:18 parce qu'il s'agit de jeunes et nous faisons extrêmement attention.
02:22 On voit l'importance des réseaux sociaux
02:24 qui manifestement sont un amplificateur de cette violence.
02:30 Est-ce qu'ils vous empêchent là encore ?
02:32 Est-ce qu'ils vous freinent dans les interventions ?
02:34 Est-ce que les policiers sont aussi dépassés
02:38 par l'utilisation de ces réseaux sociaux ?
02:40 Les réseaux sociaux, vous l'avez dit,
02:41 sont une caisse de résonance pour ces violences
02:44 parce qu'il y a un effet d'émulation,
02:47 voire de compétition qui n'est pas saine
02:50 et nous y prêtons une attention particulière.
02:53 C'est-à-dire que nous avons une veille sur les réseaux sociaux
02:56 pour savoir ce qui est diffusé, qui les diffuse,
02:59 comment aussi, est-ce qu'il y a des appels à la haine ou pas.
03:01 Et dès lors qu'il y a des choses illicites qui circulent,
03:06 des messages d'appels à la haine par exemple,
03:08 nous les signalons, nous avons un dispositif de plateforme en ligne
03:12 qui s'appelle "Faros" qui est au sein de la poli judiciaire
03:16 et qui permet de recueillir tous les signalements illicits
03:19 des internautes qu'il repère sur Internet
03:22 et notamment en matière de violence.
03:24 Beaucoup de policiers disent qu'ils n'ont jamais vu
03:26 un tel degré d'intensité dans les violences des derniers jours.
03:30 Est-ce qu'il y a de la peur aujourd'hui dans les commissariats ?
03:33 De l'intensité, oui.
03:34 De la peur, non.
03:35 Parce que nous sommes des professionnels,
03:37 nous sommes formés et nous sommes formés à affronter des crises majeures
03:42 et l'acmé de la crise que nous vivons actuellement
03:46 est également sous le contrôle des policiers.
03:49 Sauf que les policiers sortent de plusieurs mois aussi
03:52 de manifestations contre la réforme des retraites,
03:54 ils sont fatigués, éprouvés ?
03:57 Oui, on touche cet état d'esprit bien sûr,
03:59 les policiers sont fatigués, ce sont des êtres humains
04:01 qui travaillent intensément ces derniers temps,
04:04 donc ils sont fatigués mais pour autant ils restent mobilisés
04:07 et de manière assez intense également.
04:10 Hier, les syndicats Allianz et Insapoli
04:12 sont diffusés un communiqué dans lequel il est écrit
04:14 que les policiers font face à des "hordes sauvages", des "nuisibles",
04:18 "nous sommes en guerre", disent ces syndicats.
04:21 Tout à l'heure, je ne sais pas si vous avez entendu,
04:22 Éric Coquerel, député LFI qui était invité des 4 V,
04:25 qui a parlé de "groupes factieux".
04:27 Est-ce qu'il y a eu un dérapage avec ce communiqué ?
04:30 Oui, j'entends ce discours,
04:32 les syndicats de police sont dans leur rôle lorsqu'ils veulent dénoncer,
04:36 lorsqu'ils veulent appuyer de manière forte certains événements.
04:40 Donc c'est leur rôle de dire qu'aujourd'hui la police est en guerre ?
04:42 C'est le rôle des syndicats de dénoncer les choses,
04:45 le rôle de l'institution que je représente ici
04:47 et de ne pas reprendre ce vocabulaire
04:50 parce que nous sommes face à une crise,
04:53 encore une fois, une crise majeure à laquelle nous faisons face.
04:57 Je vais de nouveau citer Éric Coquerel tout à l'heure qui disait
05:01 "il y a un problème de maintien de l'ordre aujourd'hui en France,
05:04 il faut revoir la doctrine".
05:06 Hier, il y a des maires qui ont fait remonter
05:09 en comité interministériel des difficultés de certains quartiers
05:13 dans les rapports face à la police.
05:15 Est-ce qu'il y a aujourd'hui des difficultés
05:18 et un problème de maintien de l'ordre dans certains quartiers ?
05:20 Alors depuis les Gilets jaunes, nous avons largement communiqué
05:25 et revu notre doctrine d'engagement des CRS
05:28 et notamment sur les manœuvres opérationnelles.
05:30 Nous avons écrit un schéma national du maintien de l'ordre
05:33 qui est désormais complètement public et connu.
05:36 Ce schéma est constamment repris, nous réfléchissons beaucoup
05:41 et nous sommes ouverts bien évidemment aux dialogues
05:43 pour toujours progresser, progresser dans nos process,
05:47 progresser dans notre manière de faire.
05:48 Progresser au quotidien à nouveau, vers plus de proximité dans l'échange ?
05:52 Pour faire toujours mieux bien évidemment.
05:54 Comme je vous l'ai dit, ce schéma national de maintien de l'ordre
05:56 édicte quand même des principes de mise à distance,
05:59 des moyens qui sont mis en place de manière progressive
06:04 par rapport aux affrontements auxquels nous avons affaire.
06:07 Mais je tiens à souligner qu'en matière de maintien de l'ordre,
06:10 il y a beaucoup de violence, des éléments radicaux
06:13 qui s'insèrent dans les manifestations et nous devons y faire face.
06:18 Et il est évidemment de notre rôle d'y faire face,
06:21 d'y faire face avec fermeté et nous avons le monopole de la violence légitime.
06:26 Qu'elle soit légitime, c'est une chose, mais elle reste quand même violente.
06:30 Donc il y a des images qui circulent et nous pâtissons de ces images
06:34 parce que notre mission, le cœur de notre mission
06:37 est de maintenir l'ordre et la paix pour les institutions et pour les citoyens.
06:42 Les obsèques de Nahel auront lieu ce samedi.
06:44 Ce matin dans le Parisien, le troisième passager de la voiture
06:47 qui a pris la fuite apporte son témoignage.
06:50 D'après lui, les deux policiers se sont placés à gauche du véhicule.
06:54 Ils ont commencé par mettre des coups de crosse gratuitement, dit-il,
06:58 sur le visage de Nahel qui était sonné.
06:59 Et parce qu'il était sonné, il aurait relâché la pédale de frein
07:02 de cette voiture automatique qui aurait alors avancé.
07:06 Il décrit que l'un des policiers aurait dit à l'autre "shoote le"
07:09 et c'est là que le policier aurait tiré.
07:10 Quelle est votre réaction ?
07:12 Je ne peux pas réagir parce que je n'ai pas les éléments entiers de l'enquête.
07:17 L'enquête est soumise au secret, sous l'autorité d'un procureur de la République.
07:21 Donc je n'ai pas à me prononcer sur une enquête en cours.
07:23 Le jeune homme m'affirme qu'il se rendra lundi au commissariat pour livrer sa version.
07:26 Est-ce que vous avez un message à lui faire passer ?
07:28 Très bien, tout ce qui pourra concourir à l'établissement de la vérité sera utile.
07:34 On le disait dans le journal, pour terminer,
07:37 dans quelques heures va débuter le Tour de France.
07:39 Est-ce qu'il y a une inquiétude particulière sur la sécurité de cet événement ?
07:42 Comme tous les grands événements, le Tour de France est protégé par la police nationale
07:48 et nous serons vigilants.
07:49 La police et l'agent Améry d'ailleurs le concernent.
07:51 Nous agissons en interopérabilité.
07:54 Donc nous serons là, mobilisés pour assurer la sécurité des coureurs
07:58 et des spectateurs.
07:59 Est-ce qu'il y aura des effectifs supplémentaires ?
08:01 Il y aura des effectifs.
08:02 Je n'ai pas le chiffre global du dispositif,
08:04 mais il y aura des effectifs suffisants pour pouvoir assurer cette sécurité.
08:07 Merci beaucoup Sonia Fibloy d'avoir été avec nous ce matin.
08:10 Je rappelle que vous êtes porte-parole de la police nationale.
08:11 Merci à vous.

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