SMART IMPACT - Le débat du mercredi 5 juillet 2023

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Mercredi 5 juillet 2023, SMART IMPACT reçoit Jocelyn Denis (Président et directeur général, Digitaleo) et Alexandre Solacolu (CEO, Hoali)

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00:00 Entrepreneurs pour la planète, c'est une association d'entrepreneurs qui œuvre pour
00:09 la transition environnementale des hommes, des femmes, des dirigeants expérimentés
00:14 qui accompagnent des porteurs de projets à impact dans une logique de mentorat.
00:18 Vous le savez, on reçoit ici dans cette émission un binôme quasiment tous les mois.
00:24 Je vous présente mes invités, Alexandre Solacolu, bonjour.
00:27 Bonjour.
00:28 C'est le directeur d'Oali et avec nous en duplex, Jocelyn Denis, le président de Digitaleo.
00:33 Bonjour et bienvenue à vous aussi.
00:35 Allez, un peu de présentation pour démarrer.
00:37 C'est quoi Oali ? Oali, c'est une start-up bretonne qui vise
00:40 à lutter contre les déchets, notamment les déchets plastiques, pour protéger les océans.
00:44 On a développé une marque qui s'appelle Gourd Friendly pour lever les freins à l'usage
00:48 de la gourde et révolutionner son usage.
00:50 C'est quoi ? C'est une plateforme, c'est une sorte de carte des endroits où on peut
00:56 recharger ses gourdes.
00:57 Il y a ça aussi parmi les services ?
00:58 Oui, exactement.
00:59 Ça se matérialise par une plateforme d'information autour de l'usage de la gourde.
01:02 Tous les points, on peut remplir sa gourde.
01:04 Mais c'est surtout une mobilisation des territoires autour de l'usage de la gourde.
01:08 Et notamment, on mobilise les cafés, les hôtels, les restaurants, les boutiques, ce
01:12 qu'on appelle les établissements Gourd Friendly qui accueillent les utilisateurs de gourde
01:16 et qui permettent de faire un maillage important sur toute la France.
01:19 Et puis, on amène un peu d'informations aussi pour lever les freins à l'usage de
01:23 la gourde, notamment la qualité de l'eau en fonction de l'endroit où on se trouve.
01:27 Jocelyn Denis, vous allez nous parler évidemment de votre rôle de mentor, mais d'abord un
01:32 mot de vos expériences d'entrepreneur.
01:35 C'est quoi Digital.io ?
01:36 Digital.io, c'est une plateforme SaaS que j'ai créée il y a 19 ans et qui permet
01:41 à tous les réseaux de distribution d'organiser leur communication locale et digitale dans
01:46 toute la France et aussi en Europe.
01:48 Et j'ai aussi créé un incubateur digital qui s'appelle La Fabrique il y a 10 ans
01:51 maintenant.
01:52 Et qui est basé à Rennes.
01:53 C'est un binôme breton dont on parle, là, c'est ça ?
01:55 Tout à fait.
01:56 On a la chance de vivre en Bretagne et d'entreprendre en Bretagne, une très belle région pour
02:02 s'épanouir.
02:03 Est-ce que cet incubateur à Rennes, finalement, on est déjà dans une forme de démarche
02:07 de mentorat ? Ça se rejoint, il y a une cohérence dans tout ça ?
02:10 Tout à fait.
02:11 Je suis un passionné entrepreneurien.
02:12 J'ai la chance d'avoir accumulé une expérience pendant 19 ans.
02:13 Et c'est vrai que je l'ai fait très tôt parce que par passion, par envie de partager
02:22 cette expérience.
02:25 Je l'ai fait avec des jeunes entrepreneurs dans le digital notamment.
02:27 Et puis, à un moment donné, a émergé Entrepreneur pour la planète, cette rencontre avec Alexandre
02:33 dont on va en parler, j'imagine.
02:34 Et je me suis dit qu'il fallait que je le mette au service d'une cause qui est bien
02:38 au-delà du digital et notamment l'environnement.
02:40 Effectivement.
02:41 Jocelyne Denis, comment ça se passe ? Parce qu'en général, c'est plutôt les mentors
02:47 qui choisissent les entreprises et les entrepreneurs ou entrepreneuses avec qui ils veulent travailler.
02:52 Comment ça s'est passé pour vous Jocelyne ?
02:53 Ça a été une rencontre mutuelle en fait, facilitée par Entrepreneur pour la planète.
02:59 Mais c'est vrai que la première fois que j'ai reçu Alexandre dans mon bureau, j'ai
03:04 senti tout de suite une alchimie entre nous.
03:06 Il m'a challengé dès le départ.
03:07 Je me suis dit que j'allais lui apporter, mais il allait aussi m'apprendre et me challenger.
03:10 Ça a commencé, il a vu une bouteille de plastique d'eau sur mon bureau.
03:13 Il m'a dit que mon métier, c'est d'éradiquer la bouteille en plastique.
03:16 Il faut que tu arrêtes d'emmener des bouteilles.
03:19 Je me suis dit qu'on allait s'apporter mutuellement et ça a démarré par cette
03:23 rencontre avec un fit réciproque.
03:26 Après, c'était parti avec des rencontres régulières et des échanges pour essayer
03:31 de l'aider à faire émerger son projet, en tout cas à lui partager de l'expérience
03:38 du réseau, des erreurs que j'ai pu commettre et lui éviter de les commettre pour lui faire
03:42 gagner du temps.
03:43 - Alexandre Selakoulou, vous en êtes où du développement de Gourde-Fradelie ?
03:48 On rentre dans le fonctionnement du binôme qui a été créé il y a un an, c'est ça ?
03:53 - Oui, tout à fait.
03:54 - D'abord, vous en êtes où du développement de la boîte et ce que va vous apporter Jocelyne
03:59 Denis pour éviter d'éventuelles erreurs ou fausses routes ?
04:03 - Aujourd'hui, on a un déploiement qui s'est accéléré du réseau Gourde-Fradelie.
04:08 C'est-à-dire les territoires qui sont en Gourde-Fradelie, les collectivités avec
04:11 lesquelles on travaille, le réseau des CHR, des établissements Gourde-Fradelie.
04:14 On a 1 800 établissements sur toute la France.
04:17 - Donc café, hôtel, restauration.
04:18 - Exactement, parfait.
04:19 Café, hôtel, restauration.
04:20 Et puis, on est sur un modèle économique aujourd'hui qui est plutôt un modèle économique
04:24 que nous on appelle alimentaire, où on va animer les territoires en s'appuyant soit
04:29 sur les collectivités, soit sur certaines entreprises engagées en matière de RSE.
04:32 Et nous, en fait, le modèle économique que l'on vit, c'est un modèle qui indexe nos
04:36 revenus à la performance écologique que l'on amène.
04:39 Et en fait, on veut pouvoir monitorer, indexer nos revenus à l'usage de la Gourde.
04:44 Et ce contexte de réflexion sur le modèle économique qui serait un modèle économique
04:49 scalable, d'accélération, c'est un des gros sujets de conversation avec Jocelyn.
04:54 Mais même si le binôme, quand il a démarré, quand nous on a sollicité Jocelyn dans le
04:59 contexte d'entrepreneur pour la planète, c'est moi j'avais besoin d'accompagner
05:04 un profil d'entrepreneur qui était dans la tech, mais qui n'était pas lui-même
05:07 tech.
05:08 Et donc, j'ai décidé de changer mon profil, parce que moi je suis juriste en droit maritime
05:10 de formation, et de voir aussi comment on structure une entreprise qui emploie des développeurs,
05:17 comment elle va accélérer, comment il y a différentes étapes à franchir, qui n'étaient
05:20 pas très lisibles pour moi.
05:22 Et j'avais besoin de quelqu'un qui ait cette expérience et peut-être faire des
05:25 erreurs, ou éviter des erreurs que certains ont déjà fait avant moi.
05:28 Juste pour bien comprendre le modèle économique vers lequel vous voulez aller, par exemple,
05:34 je ne sais pas, je veux boire une bière ou un soda dans un café.
05:38 Qu'est-ce que je fais avec ma gourde ?
05:39 Alors, c'est exactement ce sur quoi on est en train de travailler.
05:41 Eren va nous servir de laboratoire avec un certain nombre de partenaires, d'ailleurs
05:46 que Jocelyn nous a présenté.
05:47 Les partenaires sont des patrons de bars.
05:51 L'idée, c'est que j'ai une application qui va me permettre de choisir la boisson
05:55 que je veux mettre dans ma gourde, donc éviter le contenant à usage unique.
06:00 On va me dire où sont les bars où je peux acheter cette boisson, et je vais choisir
06:06 cette boisson.
06:07 On pense que là on n'a pas encore tout à fait fini, mais on va pré-payer cette
06:10 boisson, c'est-à-dire qu'elle sera achetée directement, je vais me présenter au bar,
06:13 il va remplir ma gourde et je vais repartir sans avoir généré de déchets inutiles.
06:19 Et en fait, pour les établissements, c'est aussi le moyen d'avoir accès à un nouveau
06:23 marché, qui est ce marché de la consommation nomade de boissons, qui aujourd'hui est
06:26 plutôt occupé par les super-êtes de quartier, d'amener aussi de la création de valeur
06:34 écologique et de la création de valeur économique pour nos partenaires.
06:37 Jocelyn Denis, votre rôle à ce moment clé de l'histoire de Gold Friendly, c'est
06:44 de l'aider à évaluer effectivement ce nouveau modèle économique, la réalité
06:49 économique du marché ? Oui, clairement, j'ai l'intuition que
06:57 pour avoir un maximum d'impact positif au niveau écologique, il faut que l'entreprise
07:02 trouve son modèle économique et un modèle économique qui puisse grandir fortement.
07:06 Et donc, c'est là où j'accompagne, où je challenge aussi Alexandre, mais je l'aide
07:11 à avoir des réflexions sur ce sujet-là, à aller se confronter à la réalité du
07:15 marché, notamment des bars et des vides boissons en Bretagne pour commencer, pour justement,
07:22 s'il apporte une vraie valeur ajoutée à ces bars, qui puisse derrière les faire
07:29 performer et donc faire grandir son entreprise.
07:31 Moi, je pense que c'est la clé pour arriver à avoir une entreprise qui prend un maximum
07:35 d'ampleur et de l'impact.
07:36 Ce sera la conséquence.
07:37 Donc, c'est mon expérience que j'apporte là-dessus pour l'aider à ne pas rentrer
07:44 dans un modèle qui serait dépendant de la commande publique ou de subventions ou autres
07:49 et d'avoir un modèle qui soit vraiment économiquement viable pour avoir un maximum
07:53 d'impact ensuite et prendre une ampleur nationale, voire plus ensuite.
07:57 - Jocelyn, Denis, quand on est dans cette phase, on se pose toujours la question d'une
08:02 levée de fonds.
08:03 Est-ce que vous, dans votre expérience professionnelle, vous en avez fait beaucoup ? Et quelle est
08:08 l'erreur à ne pas commettre quand on décide de faire une levée de fonds ?
08:11 - Alors, il faut faire une levée de fonds que si on en a réellement besoin.
08:16 Et je pense que la première… Moi, j'ai fait 11 ans sans levée de fonds, ce qui est
08:19 assez rare dans le métier de l'édition de logiciels.
08:22 Mais ça m'a permis d'assurer un modèle économique très solide et très robuste et
08:26 de le faire qu'ensuite, une fois que l'entreprise était bien mature et que j'étais prêt
08:30 à gérer des actionnaires plus exigeants, des fonds d'investissement.
08:35 Donc, il ne faut pas le faire trop tôt non plus.
08:37 Je pense qu'il faut le faire au moment où on a justement bien trouvé son modèle
08:41 économique, surtout dans le contexte actuel où c'est plus difficile de trouver des
08:43 financements.
08:44 Donc, il faut se concentrer sur les clients, les partenaires, faire des tests, faire pivoter
08:50 éventuellement sa société quand c'est nécessaire pour trouver son marché.
08:53 Et une fois qu'on a trouvé son marché et qu'on sent que là, il y a quelque chose
08:56 qui prend, et c'est le cas aujourd'hui de « road friendly » qui commence à accélérer
08:59 au niveau national, là, ça peut valoir le coup d'aller voir des investisseurs pour
09:04 prendre le marché en premier, mais ne pas y aller trop vite parce que sinon, on se
09:09 retrouve à finalement passer son temps à faire la course ou le levier de fonds au détriment
09:15 de s'occuper des clients et des partenaires.
09:17 Alexandre Solacolu, ça fait partie de votre feuille de route en quelque sorte ?
09:21 Effectivement, surtout dans une logique d'accélération, surtout dans une logique où ce qu'on amène
09:27 et le marché, tout ça devient un peu évident, donc il va falloir qu'il y ait une logique
09:30 de vitesse et derrière vitesse, souvent, il y a la question de l'argent et de la trésorerie.
09:34 Et c'est vrai qu'avec Jocelyn, c'est plutôt de nous mettre dans la bonne situation,
09:40 dans les bonnes conditions de cette levée de fonds.
09:42 Là, on est en train de franchir des étapes que moi, je n'avais pas sur mes feuilles
09:45 de route et que Jocelyn a amenées et qui me permet d'être plus solide, notamment
09:50 dans la discussion avec les investisseurs potentiels et futurs.
09:54 Jocelyn, Denis, dans le mentorat, ça marche dans les deux sens.
09:59 Qu'est-ce que vous apporte, vous, ce mentorat, le fait de participer à la montée en puissance
10:05 d'une entreprise à impact ?
10:06 Moi, je prends beaucoup de plaisir à échanger avec Alexandre parce que déjà, il m'apporte
10:11 de la fraîcheur.
10:12 C'est-à-dire que moi, je suis un passionné d'entrepreneuriat, mais j'ai un regret,
10:16 c'est de ne pas avoir fait plein d'entreprises.
10:19 J'ai privilégié de développer moins l'entreprise avec laquelle je suis toujours
10:22 à ma tête, c'est la Digitalio.
10:23 Je me suis concentré dessus, mais là, je vis finalement un autre parcours d'entrepreneuriat
10:28 à travers Alexandre en l'accompagnant.
10:30 Deux, c'est que ça me permet aussi de m'éduquer au sujet de l'environnement.
10:36 Mon entreprise n'est pas née là-dessus, donc j'essaie d'être proactif et de la
10:41 transformer pour la mettre en adéquation avec mes valeurs.
10:44 Sur ce sujet de l'environnement, je suis très sensible.
10:46 Mais c'est vrai que l'entreprise, quand je l'ai créée en 2004, ce n'était pas
10:49 sa mission.
10:50 Donc là, ça me permet de vivre aussi un projet pour moi qui a du sens et puis finalement
10:59 de participer à cette révolution qui est liée à l'environnement.
11:01 Moi, je pense que j'ai vécu les années 2010-2020 qui étaient la révolution digitale
11:05 au cœur des entreprises.
11:06 Je pense que là, la décennie actuelle, c'est-à-dire 2020-2030, c'est la décennie
11:10 où l'environnement doit être au cœur des préoccupations des entreprises et au
11:13 cœur des stratégies.
11:14 C'est indispensable.
11:15 Je le vis à travers le projet d'Alexandre et grâce à Entrepreneurs pour la planète.
11:21 Alexandre, vous avez regardé un peu ce qui était fait dans l'entreprise Digitaleo
11:26 en matière d'environnement ?
11:27 C'est surtout que déjà, Jocelyn a été engagée dans des démarches autour de la
11:32 question environnementale, la compensation carbone.
11:36 Et moi, quand je suis rentré dans l'entreprise, il le mentionnait tout à l'heure comme
11:39 une anecdote.
11:40 C'est vrai que moi, tout de suite, j'ai un radar à bouteilles plastiques.
11:43 L'idée, c'était plutôt de donner les moyens à Jocelyn vraiment d'être alignée
11:49 culturellement dans l'entreprise sur un discours qui porte à l'extérieur.
11:53 Et souvent, c'est des enjeux un peu culturels, des choses qu'on ne voit pas à l'UE.
12:00 Des habitudes qu'il faut changer.
12:01 Des habitudes qu'il faut changer.
12:02 Et puis, on voit bien, c'est aussi la singularité d'Entrepreneurs pour la planète, c'est
12:08 qu'il y a des entrepreneurs qui viennent d'un entrepreneuriat classique, traditionnel,
12:13 mais qui ont l'intuition, comme vient de l'évoquer Jocelyn, des enjeux environnementaux.
12:18 C'est-à-dire même des enjeux business, mais aussi des enjeux intimes.
12:21 Et en fait, il y a plein de projets qui sont capables d'accélérer aussi, eux, leur transition.
12:26 Et c'est un peu notre rôle dans ce contexte-là.
12:28 Ça marche dans les deux sens, effectivement.
12:29 Merci à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
12:31 On passe à notre rubrique Start-up.
12:33 On parle de crédit carbone.

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