SMART TECH - Le débrief du jeudi 6 juillet 2023

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Jeudi 6 juillet 2023, SMART TECH reçoit Jean-Noël de Galzain (Président, Hexatrust) , Alain Staron (président cofondateur, Artifeel) et Julien Pillot (Consultant, Enseignant-chercheur en économie, Inseec - Groupe Omnes Education)

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00:00 *Musique*
00:05 Les débatteurs de Smartech aujourd'hui s'appellent Jean-Noël Degasin, président d'Exatra,
00:09 Julien Pigot, économiste, enseignant-chercheur en économie à l'INSEC
00:13 et Alain Staron, cofondateur et président d'Artifil.
00:15 Et resté avec nous bien entendu Samuel Assine, cofondateur de Filigrane.
00:19 On en a parlé tout à l'heure à l'instant.
00:21 Donc petite pépite, enfin même grande pépite, qui est en train de devenir grande pépite de la cyber française.
00:27 Je voulais qu'on commence ce débrief par l'actualité du jour la plus chaude, c'est la naissance de Threads.
00:32 Donc Threads, nouveau réseau social annoncé par Mark Zuckerberg,
00:37 qui pourrait faire de l'ombre éventuellement à Twitter.
00:40 En tout cas son interface y fait grandement penser.
00:43 Cette application est disponible officiellement depuis ce matin aux Etats-Unis et au Royaume-Uni,
00:50 mais pas dans l'Union Européenne.
00:53 Déjà première réaction, est-ce que vous avez pu regarder à ce que ça ressemble ?
00:55 Est-ce que ça vous séduit l'idée d'avoir un nouveau réseau social sur un modèle de Twitter,
00:59 mais qui ne soit pas chez Elon Musk ?
01:01 [Rires]
01:03 Je t'en prie.
01:05 Elon Musk, je dirais, c'est peut-être la goudeau qui fait déborder le vase.
01:10 Mais le fondamental du réseau social du genre Twitter, c'est les communautés et les usages qui en sont faits.
01:17 Donc un de plus, très bien.
01:19 Il y a la puissance de feu de méta derrière.
01:22 Parce que ce réseau social sera lié à Instagram.
01:26 Voilà, donc du coup, il ne faut pas s'étonner s'il les croit très très vite.
01:30 Après, ce que les gens vont faire est une vraie question.
01:32 On est sur Twitter, c'est très politisé Twitter.
01:35 Insta, c'est très commercial et c'est très...
01:37 Je suis beau, je suis...
01:39 Show off !
01:41 Je ne suis pas sûr que les gens s'en saisissent de la même manière qu'on se saisit Twitter.
01:45 Et question ouverte.
01:47 Oui, Julien ?
01:49 Les concurrentialistes économistes vont plutôt regarder si Thread peut devenir effectivement un Twitter killer.
01:54 Beaucoup s'y sont essayés, notamment depuis la reprise en main de Twitter par Elon Musk.
01:59 Pour l'instant, personne n'a réussi.
02:01 Pourquoi ? Parce que généralement, les services numériques, en tout cas les plus puissants d'entre eux,
02:05 ceux qui dominent un petit peu le game, jouissent en fait d'effets de réseau
02:09 qui font qu'on est très peu incité, une fois qu'on a nos routines et qu'on a nos communautés,
02:13 de quitter le réseau social avec le risque de perdre finalement tous les acquis.
02:17 Pas facile de redémarrer à zéro.
02:19 Exactement. Mais là, il est vrai que c'est méta.
02:23 Il y a des compétences techniques, il y a des compétences financières
02:25 et il y a aussi une communauté déjà énorme préinstallée sur Instagram.
02:29 1,6 milliard.
02:31 Oui, on parle même parfois de 2 milliards d'utilisateurs actifs.
02:35 Sur Insta ?
02:37 Alors c'est 2,8 milliards sur l'ensemble de méta.
02:39 Et sur Insta, c'est 1,6 milliard, effectivement.
02:41 Donc ça fait une base installée potentielle d'utilisateurs qui est vraiment colossale.
02:45 Et qui pourrait effectivement d'un coup, d'un seul, démontrer que pour aller faire du show-off ou autre chose,
02:51 c'est peut-être du côté stress que ça va se passer désormais.
02:53 Parce qu'on ne fera peut-être pas effectivement la même chose.
02:55 On voit par exemple le succès de LinkedIn qui devient aussi un réseau social à la Twitter.
03:00 Mais il s'y passe totalement autre chose que sur Twitter.
03:02 Jean-Noël, votre appréciation de cette innovation du méta ?
03:06 Je pense que LinkedIn c'est utile. A mon avis c'est utile.
03:09 Bon, je ne sais pas si Twitter c'est utile pour s'informer.
03:13 Après, ce qu'il en faut à nous, ou pas.
03:15 Ou se désinformer.
03:17 Non mais quand on est bien éduqué, ou quand on a appris à l'école, ou on a appris des langues, etc.
03:23 On peut communiquer librement.
03:25 Enfin, moi ce que je trouve intéressant avec Leonemus, c'est quand même, c'est la philosophie de la personne.
03:30 Qui consiste à dire, bon, il y a un endroit où on dit ce qu'on veut, on fait ce qu'on veut,
03:34 sans aucune, de manière débridée.
03:36 Au-delà de toutes les règles et les lois.
03:38 Ça c'est quand même intéressant.
03:40 Donc après, la réalité commerciale qu'il y a derrière, moi personnellement,
03:46 je ne sais pas si c'est utile simplement dans la vie. Voilà, tout simplement.
03:49 À quoi va servir ce nouveau réseau social ?
03:51 Il y a une seule chose que je sais, c'est que pour moi le groupe méta,
03:54 bon d'abord le groupe méta il peut se tromper, il s'est trompé sur la réalité virtuelle.
03:58 Ça fait 20 ans qu'on essaye de fabriquer des mondes virtuels,
04:01 et ce n'est pas quelque chose de facile.
04:03 On voit bien que c'est un sujet culturel quand même.
04:06 Humain, qui touche à l'humain, et moi le point que je sais par rapport à méta,
04:12 c'est le problème de la vie privée.
04:14 Si ce n'est pas lancé en Europe, c'est pour des problèmes de vie privée et de données personnelles.
04:18 Donc moi par principe, je sais déjà que je ne serai pas forcément le premier client.
04:23 Ce qui est intéressant, vous parliez de LinkedIn,
04:25 sur LinkedIn on voit de temps en temps des commentaires qui disent "Eh, on n'est pas sur Twitter".
04:29 Donc il y a vraiment chacun une conscience assez forte.
04:33 Alors je ne sais pas combien de temps cette porosité ne peut pas grandir,
04:37 mais il y a une conscience assez forte de ce qu'on vient faire sur chacun des réseaux.
04:41 LinkedIn a un vrai but professionnel, Twitter a un vrai but je ne sais pas quoi.
04:46 - Informationnel ou désinformationnel pour d'autres.
04:48 - Informationnel plutôt, et puis tendance politique quand même.
04:51 - Absolument, très engagée.
04:52 - Très engagée, voilà.
04:53 Fred, pourrais-tu bien avoir un autre positionnement ?
04:56 - Il faut savoir quand même que sur Insta, il y a déjà un réseau social.
04:59 On ne fait pas juste partager des photos sur Instagram, c'est déjà un lieu de discussion pour les utilisateurs.
05:06 - Oui, mais récemment ils disent plutôt du texte et moins d'images.
05:08 Ils veulent changer. Du coup le show off sans images, je ne sais pas ce que ça va donner.
05:12 - Une fonctionnalité qu'il faudra scruter de près, sur laquelle communique, pour l'instant,
05:16 parce que ce n'est pas encore implémenté, mais communique Facebook sur le lancement de threads,
05:20 c'est son interopérabilité avec d'autres réseaux sociaux.
05:23 Ils appellent ça le fait divers.
05:25 L'idée c'est d'avoir une expérience d'utilisation sans couture,
05:30 lorsque l'on passe d'un univers tel que Threads vers un autre comme Mastodon éventuellement.
05:34 Twitter de son côté reste très, à rebouter sur sa politique générale de base,
05:39 resté très fermé en silo.
05:41 Peut-être que ça pourrait le desservir à l'avenir.
05:44 - Oui, c'est vraiment un nouveau modèle aussi de réseau social qui est proposé par Mark Zuckerberg.
05:49 C'est intéressant.
05:50 Alors effectivement, Jean-Noël, vous avez raison,
05:52 on n'y a pas le droit en France et plus largement dans l'Union européenne
05:55 pour des questions de règlement sur la protection des données personnelles.
06:01 Est-ce que ce n'est pas également une menace finalement de la part d'Egafab
06:07 pour dire "regardez finalement toutes nos innovations"
06:09 parce qu'on a aussi Google, Barde, de la même façon,
06:11 qui est bloqué aux portes de l'Union européenne,
06:13 pour dire "regardez toutes ces innovations".
06:15 Bah non, vous n'y aurez pas le droit.
06:17 - Ça va peut-être donner naissance à des innovations différentes.
06:20 - Les nôtres, voilà, moi j'aime pas trop l'idée quand même que...
06:25 On voit bien, on parlait d'Elon Musk,
06:28 aujourd'hui il cherche un modèle économique finalement.
06:30 Bon, il cherche un modèle économique, il teste des choses.
06:32 Quand il dit "je veux certifier les comptes" finalement il veut recréer LinkedIn.
06:36 LinkedIn, je m'authentifie, je me certifie, je mets mes renseignements
06:40 et là je partage de l'information dans un but précis et authentique quelque part.
06:47 Bon, voilà, moi je trouve que ça c'est plus intéressant,
06:50 c'est plus proche de la réalité et du moyen d'utiliser l'électronique
06:53 pour être le plus mondial possible finalement.
06:56 - Alors il passe de la certification à l'auto-certification quand même.
07:00 C'est une période un peu compliquée pour Elon Musk et son réseau social Twitter
07:05 parce que justement il cherche son modèle économique,
07:07 donc il y a plein de fonctionnalités qui sont désormais payantes,
07:10 il y a des limitations qui s'installent.
07:13 Est-ce que c'est pas le bon moment pour, dans cette rivalité,
07:16 Mark Zuckerberg-Elon Musk, pour l'un, de prendre le pas sur l'autre ?
07:22 - Evidemment que le moment est plutôt bien choisi
07:25 parce que Twitter est affaibli de la bouche même, de la veux même d'Elon Musk.
07:29 Elon Musk a dit il y a quelques mois que Twitter avait perdu à peu près 50% de sa valeur
07:32 par rapport au prix qu'il a déboursé, 40 milliards quand même,
07:35 pour mettre la main sur le réseau social.
07:37 On sait aussi que Twitter a perdu 60% de ses 100 plus gros annonceurs mondiaux,
07:43 qu'aujourd'hui justement ils essaient de rétropédaler un petit peu
07:48 pour essayer de les ramener de nouveau sur le réseau social sans garantie de succès.
07:52 Donc Twitter aujourd'hui est en difficulté et c'est peut-être le bon moment,
07:57 parce qu'il a un genou à terre, de lui porter peut-être une estocade.
08:00 En tout cas je suis absolument convaincu que Mark Zuckerberg y pense très fortement.
08:04 - Et alors quant à cette question de la réglementation européenne
08:07 qui finalement fait barrage à ces nouveautés ?
08:10 - Très bien, je vous suis tout à fait.
08:13 À un moment ce sont des innovations conduites par une philosophie nord-américaine
08:17 qui est très business-minded.
08:19 Nous en Europe on est très humain-centrique, enfin centré sur l'individu
08:24 et c'est assez différent.
08:25 On discute avec des Américains, ils n'ont pas du tout la même perception
08:28 de ce qu'est la privacy, la confidentialité.
08:32 Donc du coup nous devons, nous n'avons pas le choix, répondre à un besoin
08:37 parce que tout le monde voit ce qui se passe.
08:38 C'est comme dans les pays en voie de développement,
08:40 il y avait le modèle économique occidental.
08:42 Nous devons répondre avec nos modèles à nous et proposer autre chose.
08:45 - Est-ce qu'on peut tenir ? Est-ce que la digue va tenir longtemps ?
08:47 - Je pense que non, ce n'est pas une digue.
08:49 - Parce que là on va rentrer dans une phase de négociation quand même.
08:51 - Je ne pense pas que ce soit une digue.
08:53 - La digue tient que si ça remonte d'un côté et pas de l'autre.
08:55 Dès qu'on monte de l'autre côté, la digue elle est équilibrée.
08:57 - Là vous ne pensez pas qu'on rentre en négociation avec les gars-femmes ?
08:59 - Je pense qu'on peut imaginer que la digue rompe de l'autre côté.
09:02 C'est-à-dire qu'au bout d'un moment, il y a une forme de ménage qui soit fait par la société américaine
09:07 qui considère qu'au bout d'un moment, elle devient ingérable socialement
09:11 avec finalement le peu de règles qu'elle a au regard.
09:14 Par exemple, nous on a un état qui est très fort,
09:17 qui est sur le social, sur l'éducation, sur la sécurité,
09:21 sur tout un tas de sujets pour régler la vie des gens.
09:24 Et on a ce qu'on appelle par exemple pour les retraites un système par répartition.
09:28 Tout ça passe par de la régulation.
09:30 Si on laisse ce genre de réseau ou d'œuvre collective gérer nos échanges,
09:37 à ce moment-là, à quoi servent toutes les règles qu'on a bâties ?
09:40 - Mais au sein même de l'Union Européenne, on s'interroge quand même sur un excès de régulation
09:44 qui serait pénalisant.
09:45 - Oui, et en même temps, on se veut normatif.
09:48 - Oui, on fait beaucoup de choses.
09:50 On fait énormément de choses.
09:52 - La réglementation, à mon avis, elle est là pour poser les fondamentaux de l'Europe.
09:57 Il faut innover dans le cadre des fondamentaux.
09:59 Ce n'est pas les mêmes qu'aux Etats-Unis, ce n'est pas les mêmes qu'en Chine.
10:01 On ne doit pas innover de la même manière.
10:02 À un moment, il faut qu'on le réalise et qu'on innove.
10:04 - C'est l'innovation.
10:05 Je pense qu'on est défensif.
10:07 Je pense que dans tout ça, pour le moment, vous parlez de digues.
10:09 Ça veut dire qu'on est défensif.
10:11 - Complètement, oui.
10:12 - Donc l'intérêt de mettre entre guillemets des digues, c'est de gagner du temps.
10:16 Donc on gagne du temps pourquoi ? Pour innover.
10:18 Et pour trouver des alternatives.
10:20 Moi, je trouve que ça va nous permettre à un moment de créer des alternatives.
10:24 C'est ça qui vient.
10:25 - Alors dans le genre nouvelles mesures, on attaque notre deuxième sujet ensemble.
10:29 Protection des mineurs.
10:31 Nouvelle majorité numérique officielle à 15 ans.
10:35 Contrôle d'accès aux sites pornographiques qui posent des questions technologiques
10:40 mais aussi d'anonymat et de confidentialité.
10:43 D'abord, peut-être une réaction sur cette majorité numérique
10:47 sachant que la réalité est toute différente.
10:51 On sait que les enfants, dès l'âge de 8 ans, pratiquement, sont tous sur les réseaux sociaux.
10:57 En tout cas, c'est ce que nous dit LACNIL.
10:59 Une dernière enquête de LACNIL qui disait que la première inscription sur un réseau social
11:02 interviendrait en moyenne vers l'âge de 8 ans.
11:05 Et plus de la moitié des 10-14 ans sont déjà présents sur ces plateformes.
11:10 Donc que pensez-vous de cette majorité numérique à 15 ans
11:14 qui va donc obliger les parents,
11:16 parce que ça remet la question de la responsabilité des parents,
11:19 va obliger les parents à s'intéresser au sujet et à donner leur accord ?
11:23 On parle beaucoup de responsabilité parentale en ce moment.
11:25 En ce moment, c'est le gros sujet.
11:27 Moi, je trouve ça très bien.
11:29 Je trouve que plus on ramène le numérique à une réalité dans le monde dans lequel on vit,
11:37 mieux c'est finalement.
11:39 Moi, je trouve ça très bien, très normal.
11:41 J'ai plein d'exemples, vous en avez sûrement aussi.
11:43 C'est des âges pas faciles à négocier avec les parents en plus.
11:46 Les enfants de 13-15 ans, ce n'est pas le plus simple pour discuter de l'accès aux réseaux sociaux.
11:50 Le problème, c'est que le reste de la société, par la médiatisation,
11:54 rend adultes plutôt des adolescents.
11:57 On le voit bien.
11:59 On est tous plus mûrs plus tôt.
12:01 Nos enfants sont tous plus mûrs.
12:02 Donc du coup, ça devient compliqué en tant que parent de dire
12:04 que c'est à 18 ans que tu seras responsable de tout
12:06 et à 15 ans que tu peux aller sur les réseaux sociaux,
12:08 avant que tu restes un enfant.
12:10 Mais non, papa, regarde la pub, le machin, le truc,
12:12 les héros de films, ils ont 10 ans, ils sont déjà super-héros.
12:15 Il y aura la pression sociale.
12:17 Les parents, en grande majorité, vont donner leur accord, j'imagine, Julien.
12:21 Oui, mais s'il y a un problème, s'il y a un délit ou quoi que ce soit,
12:27 ou à l'inverse, s'il y a du harcèlement ou des choses comme ça,
12:31 on pourra peut-être retrouver plus rapidement l'origine du problème,
12:36 le déceler plus rapidement.
12:38 Et voilà, là, on parle de sécurité aussi.
12:41 Ce n'est pas si simple.
12:43 Je ne remets pas finalement aussi cette problématique-là
12:47 et les parents devant aussi les aspects de fracture technologique et d'inégalité.
12:52 Parce qu'on sait bien que dans certaines familles,
12:55 une partie de l'éducation, l'accord parental,
12:58 discuter de ces sujets-là à la maison,
13:00 on a certaines familles qui ne sont pas forcément capables de le faire.
13:02 Ensuite, il y a quand même des contraintes technologiques
13:04 à mettre en place ce type de contrôle.
13:07 Est-ce que cette technologie-là sera aussi accessible
13:09 à des familles potentiellement plus modestes ?
13:11 Je trouve que ça remet quand même aussi en perspective tout ce qu'on dit là.
13:14 C'est vrai que nous, on a tendance à vouloir bien éduquer nos enfants,
13:17 à leur parler de désinformation, etc.
13:19 Mais là, ça remet quand même devant toutes les contraintes
13:23 que pose finalement cette majorité numérique à 15 ans.
13:27 Ça s'accompagne aussi de tout un tas d'obligations de la part des réseaux sociaux
13:32 sur la prévention de l'information contre le cyberharcèlement.
13:36 Mais est-ce que cette clé d'entrée, 15 ans,
13:39 qui nécessite jusqu'à 15 ans l'accord parental,
13:42 ça vous semble intéressant, Julien ?
13:44 Ça me semble intéressant, oui, à condition que ce soit techniquement réalisable
13:47 et sur une base juridique solide.
13:49 Moi, je m'interroge sur la capacité finalement des réseaux sociaux
13:54 à pouvoir contrôler et ensuite sécuriser finalement l'identité des mineurs,
13:59 parce qu'on parle de mineurs,
14:00 qui vont devoir pouvoir justifier de leur âge
14:02 et finalement démontrer leur identité.
14:05 Donc moi, sur la partie technique, aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il y a un flou.
14:09 Alors, donc ça, on recoupe le sujet avec le contrôle d'accès au site pornographique.
14:13 C'est comment, quelle technologie on va choisir demain
14:16 pour s'assurer de l'âge des utilisateurs ?
14:19 Absolument.
14:20 Et puis ça va complètement à l'encontre, on voit bien avec le lancement de FRED,
14:24 5 millions d'utilisateurs en une nuit.
14:26 Si jamais tout le monde doit scanner sa carte d'identité,
14:29 avoir l'accord parental, quelque chose de signé,
14:32 c'est contre-productif par rapport à un réseau social
14:35 qui veut se lancer rapidement et croître rapidement.
14:37 Ça va à l'inverse de la fluidité, effectivement, qui est généralement fait le sel numérique.
14:41 Mais là où c'est aussi intéressant, c'est que j'ai jeté un petit coup d'œil
14:44 au texte tel qu'il est aujourd'hui ficelé
14:46 et on peut apprendre que l'accord d'un parent peut être suffisant
14:50 pour pouvoir s'inscrire lorsqu'on est mineur,
14:52 mais également la demande d'un des deux parents peut être suffisant
14:55 pour forcer la désinscription du réseau social.
14:58 Moi, je pose la question, il y a de plus en plus de familles qui sont éclatées.
15:01 Qu'est-ce qui se passe lorsque papa est d'accord et maman n'est pas d'accord ?
15:04 Finalement, comment est-ce qu'on va trancher ce genre de choses ?
15:07 Et l'enfant va se positionner comment mieux de tout ça ?
15:10 Non, parce que c'est vrai que d'habitude, quand il faut l'accord des deux parents,
15:13 c'est sur des sujets généralement plutôt homogènes, consensuels.
15:17 Et effectivement, là, sur les réseaux sociaux,
15:19 même d'ailleurs l'acquisition d'un téléphone portable, etc.,
15:21 on sait que c'est quand même soumis généralement.
15:24 Moi, je pense que c'est hyper utile.
15:27 Cela en vient de soulever quand même un autre critique important.
15:30 Je suis d'accord, mais évidemment, ce sont des choses nouvelles, des réalités.
15:35 Il y a des problèmes.
15:36 Moi, j'ai vu autour de moi, par exemple, j'ai eu un exemple en tête d'une jeune femme
15:43 qui s'est fait embarquer.
15:45 Elle est fille d'une gardienne dans un immeuble.
15:48 Elle vit dans une loge.
15:49 Pour elle, le téléphone, elle avait un téléphone.
15:51 C'était le moyen d'aller à l'extérieur, de prendre contact avec des gens, etc.
15:56 Elle s'est fait embarquer par des manipulateurs.
15:59 Elle est partie dans les banlieues, etc. pendant une semaine à 13 ans.
16:04 Elle est tombée enceinte.
16:06 Il y a eu toute une problématique.
16:10 Sa mère s'est séparée.
16:12 Le père était parti.
16:14 La mère, elle, cherchait sa fille.
16:16 Elle a demandé à la police.
16:18 Ils ne pouvaient pas la récupérer.
16:19 Enfin, c'était extrêmement compliqué.
16:21 Est-ce que cette majorité numérique aurait empêché cette histoire ?
16:25 Mais on va en parler.
16:27 C'est ce que vous disiez à l'instant.
16:29 On va parler du sujet.
16:30 On va mettre le sujet du numérique sur la table.
16:32 On va se dire ce qu'on peut faire, ce qu'on ne peut pas faire.
16:35 Comment on accompagne les gens ?
16:37 On va parler du téléphone à l'école.
16:39 On ne va pas l'interdire, mais on va en parler.
16:41 Donc, c'est aussi tout le sujet de la prévention que vous mettez en avant.
16:45 Et le rôle de l'éducation et d'avoir des dispositifs.
16:47 Allez, on enchaîne parce que le temps passe vite.
16:49 Je voulais qu'on parle de la pression que met le gouvernement sur les réseaux sociaux.
16:53 Une pression maximale, nous dit Jean-Noël Barraud dans une interview à Challenges.
16:59 Puisque, au moment des émeutes, le président de la République a constaté que, finalement,
17:04 c'était un facteur favorisant pour se rassembler, se motiver, se regrouper.
17:09 Oui.
17:11 Est-ce que c'est condamnable ?
17:13 Donc, on rassemble les réseaux sociaux, les plateformes, vendredi,
17:17 pour leur demander de s'exécuter un peu plus rapidement sur le retrait des contenus
17:21 et de surveiller ce qui s'y passe sur leurs réseaux.
17:23 Il y a une difficulté, il y a un flou.
17:26 C'est que, comment est-ce qu'on fait le distinguo entre un contenu qui se veut informatif,
17:30 je rencontre une situation, et là, il y a un tramway qui est en train de brûler,
17:34 il y a une mairie qui est en train de se faire attaquer aux mortiers,
17:36 et l'incitation à aller prendre part à ces exactions.
17:40 C'est extrêmement compliqué, d'autant que la frontière entre les deux peut être très fine.
17:46 Quand vous êtes, on parlait des jeunes tout à l'heure, qui ont un usage parfois peu précautionneux des réseaux sociaux,
17:52 lorsque vous voyez une vidéo à usage informatif,
17:56 ça peut vous inciter de façon indirecte à vous-même aller dans la rue pour aller casser
18:02 ou tout simplement aller peut-être piller des magasins.
18:05 Donc, en fait, c'est extrêmement compliqué.
18:08 Les plateformes, à bon droit, vont dire "mais écoutez, nous, on est juste là pour relier de l'information,
18:11 et de fait, c'est ce qu'on fait, et on va faire effectivement la chasse aux quelques contenus
18:15 qui incitent ouvertement à la dégradation, à la violence et à tout un tas d'autres exactions,
18:20 mais l'incitation, elle se fait par le simple visionnage de vidéos à caractère informatif parfois.
18:24 Après, j'ai l'impression que ça fait quand même des années qu'on dit que les réseaux sociaux,
18:27 les plateformes ne s'exécutent pas quand on leur demande de retirer des contenus.
18:30 Elles sont lentes, elles traînent des pieds.
18:33 Elles s'exécutent peu.
18:35 Là-dessus, on suit quand même le sujet de près depuis longtemps.
18:39 Moi, je me souviens, il y a déjà cinq ans de ça,
18:42 j'étais à Bruxelles lors d'une réunion avec les GAFAM pour parler justement
18:46 des sujets de modération, des contenus, etc.
18:49 Il y a eu énormément d'efforts qui ont quand même été faits.
18:51 Quand on regarde les moyens investis par exemple par Meta,
18:54 sur les équipes de modération, sur les algorithmes, etc.,
18:57 on ne peut pas dire qu'ils soient restés les bras ballants.
19:00 D'ailleurs, Elon Musk fait effectivement tomber un peu toutes les barrières
19:03 de ces algorithmes et de ces équipes de modération qui ont été coupées en dix
19:10 ou divisées par dix en termes d'effectifs.
19:12 Donc, il y a eu quand même vraiment des efforts qui ont été faits.
19:15 Après, c'est vrai que ça reste un sujet extrêmement complexe.
19:18 Et c'est d'ailleurs pour ça qu'aujourd'hui, on parlait d'innovation tout à l'heure,
19:22 quand on regarde aujourd'hui ce que ça veut dire faire un réseau social,
19:26 créer un réseau social en Europe en partant de rien pour une start-up par exemple,
19:30 et je pense à nous côté filigrane, aujourd'hui, c'est quasi impossible.
19:34 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, si on n'a pas la puissance financière,
19:37 technologique, etc., d'un méta pour justement mettre ce type de barrière en place,
19:42 ça nécessite vraiment des moyens colossaux.
19:44 Et là encore, ça oblige une négociation. On est obligé de les recevoir, de leur demander.
19:48 Bon.
19:49 Oui.
19:50 Eh oui.
19:51 La réglementation est toujours en retard sur l'innovation.
19:54 On essaie de poser des principes, ce qui est très bien, mais c'est assez récent.
19:58 Ce truc-là, il existe depuis 20 ans maintenant, quand même.
20:00 20 ans, 2004.
20:02 Donc, 20 ans, on va attendre le temps de croître et embellir, de s'installer,
20:05 de créer des réflexes, ce qui fait que même la population n'est plus d'accord
20:08 avec son gouvernement pour réglementer.
20:10 Rappelez-vous que la conséquence soit un catalyseur des émeutes,
20:13 et c'est une évidence.
20:15 Par rapport à l'idiot du village au bar le samedi matin,
20:19 qui peut raconter des bêtises et puis après on passe à autre chose,
20:21 l'idiot du village, il a soudain un million de vidéos villages avec lui,
20:24 donc du coup, c'est plus pareil.
20:25 Donc, l'effet est clair, c'est un catalyseur.
20:27 Ça fait 20 ans que ça existe.
20:29 On ne peut pas facilement changer les choses,
20:31 et donc dès que le politique dit "coucou, il faut faire quelque chose",
20:34 les autres ont un bon droit de dire "attendez, il n'y a pas de réglementation,
20:36 on ne sait pas séparer les bons messages des autres",
20:40 et le public dit "mais non, moi j'en ai besoin".
20:42 C'est compliqué.
20:43 Dernier sujet, est-ce que ces IA génératives vous inquiètent en matière de protection
20:48 des données, de confidentialité des informations que l'on déverse
20:52 au moment où l'on réalise les promptes ?
20:54 Est-ce que c'est un sujet de préoccupation pour les entreprises de la cyber ?
20:58 C'est un sujet intéressant en tous les cas,
21:00 parce que ça ouvre plein de...
21:02 Disons que c'est une technologie plus aboutie,
21:05 qui va vers l'interaction en langage naturel avec la machine.
21:09 Ça permet de systématiser, d'automatiser, de tester tout un tas de choses.
21:14 Ça va permettre de développer, on va dire, les codes basiques plus rapidement,
21:19 de faire de la maintenance plus rapidement.
21:23 Bon, voilà.
21:24 Après, oui, la problématique de l'IA générative avec les données.
21:29 C'est vrai que l'IA générative est plus performante avec plus de données.
21:33 Donc quand ce sont les entreprises qui saisissent leurs données,
21:36 dans le cas de GPT par exemple,
21:39 ces données vont directement aux Etats-Unis, ça pose un petit problème, non ?
21:43 Alors ça pose un petit problème.
21:44 Moi je me souviens avoir parlé de ce sujet-là avec le directeur général,
21:47 par exemple, de la Gendarmerie nationale.
21:49 On a parlé de ce sujet-là.
21:50 C'est intéressant parce que lui il dit "mais moi j'ai besoin de ça,
21:53 mais je ne peux pas l'utiliser en l'état,
21:56 parce que justement il y a cette problématique des données".
21:59 Donc il nous faut un tchad GPT européen.
22:02 Mais voilà, il nous faut des solutions équivalentes.
22:04 On a des solutions, on en a des solutions.
22:06 On en a reçu, c'est vrai.
22:07 On en a.
22:08 C'est raison Alain.
22:09 Donc c'est juste que là, c'est quelque chose qui arrive dans l'actualité
22:12 et je pense qu'on découvre des choses avec et on s'inquiète.
22:15 Voilà, et donc il faut quand même être conscient de tous ces risques.
22:17 100 000 comptes qui ont été découverts sur le dark web,
22:19 100 000 comptes de tchad GPT,
22:21 des plaintes à la CNIL qui commencent à pleuvoir,
22:24 même pour des IA Génératives qui ne sont pas encore en France.
22:27 Il y a une plainte à la CNIL contre Barde.
22:30 Merci beaucoup pour vos commentaires.
22:31 On arrive déjà à la fin de ce débrief.
22:33 Jean-Noël Degasien, président d'Exatras,
22:35 Julien Pillot, économiste,
22:37 et Alain Staraud, cofondateur, président d'Artifi,
22:39 Samuel Hassin, cofondateur de Finigran.
22:41 Merci encore.
22:42 On part pour une petite pause
22:44 et ensuite on va s'intéresser à un nouveau mode de paiement.

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