AFFAIRE NAHEL : COMMENT EN PARLER AUX ENFANTS ?

  • l’année dernière
Comment répondre aux questions des enfants sur les récentes émeutes liées au décès de Nahel, mort à 17 ans sous les balles d’un policier le 27 juin dernier ? Kool Mag a contacté la pédopsychiatre Marie Touati-Pellegrin pour savoir comment aborder cette discussion.


Sur les réseaux, à la télé, dans la cour de récréation, dans les discussions d’adulte… D’une manière ou d’une autre, peu importe son âge, ton enfant va entendre parler des émeutes ou en constater les dégâts sur le chemin de l’école. S’il faut évidemment adapter la teneur de la discussion à l’âge de l’enfant, une discussion s’impose… Et comme ce type de sujet n’est pas simple à aborder, on a demandé des conseils à la spécialiste Marie Touati-Pellegrin, pédopsychiatre.

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Transcript
00:00 "Papa, c'est quoi une émeute ?"
00:01 "Papa, pourquoi l'école elle brûle ?"
00:02 Comment et avec quels mots parler des émeutes avec tes enfants ?
00:06 On a posé la question à Marie-Toiti Pellegrin,
00:09 elle est psychiatre de l'enfance et de l'adolescence,
00:10 et pour elle, il y a deux cas de figure.
00:12 Soit ton enfant est en primaire, soit il est au collège.
00:15 S'il est en primaire, attention, il ne faut surtout pas éluder la question,
00:19 même si ça peut paraître jeune.
00:21 Son conseil ? Parler des faits, juste des faits,
00:23 sans émotion, sans interprétation.
00:25 On peut lui dire "c'est une histoire très grave qui s'est produite,
00:28 il y a un adolescent qui conduisait une voiture
00:31 et en fait il a fait des choses qui étaient interdites par la loi
00:36 et à ce moment-là, le policier qui a voulu l'arrêter lui a tiré dessus et il est mort."
00:41 Moi je le raconterais de façon très factuelle.
00:43 Il est important de nommer et de ne surtout pas minimiser les faits.
00:46 En fait, on passe notre vie à faire des petits mensonges à nos enfants,
00:49 mais ils sont capables de sentir ces petits mensonges
00:51 et ça pourrait donc créer chez eux de la défiance,
00:53 voire générer une forme d'angoisse.
00:55 Enfin, un truc très simple,
00:57 vous pouvez leur dire que c'est pas contre eux que sont dirigées ces violences.
01:01 La preuve, papa ou maman n'ont pas peur.
01:03 Donc toi mon chéri ou ma chérie, tu n'as aucune raison d'avoir peur.
01:05 Si ton enfant est ado, là c'est une autre histoire.
01:08 Qui dit collège, dit téléphone portable, réseaux sociaux
01:12 et des grands et des grandes dans la cour d'école.
01:14 Donc il ou elle a sans doute vu des vidéos.
01:16 Là, le conseil de Marie-Toity Pellegrin, c'est d'être proactif,
01:19 clairement, de mettre le sujet sur la table.
01:21 - Tu sais, il fait des trucs difficiles en ce moment,
01:23 souvent pour en parler et puis de voir comment la vie réagit,
01:26 s'il en a besoin, tu parles, s'il a vu des vidéos,
01:28 lui dire "tu sais, si t'as vu des vidéos,
01:29 on peut peut-être les regarder ensemble pour que je t'explique".
01:31 Selon Marie-Toity Pellegrin, avec un ado,
01:33 on peut aller plus loin dans les explications.
01:34 On peut parler par exemple d'une erreur très grave commise par un policier.
01:38 On peut aussi expliquer les événements
01:40 par un sentiment de désespoir ressenti par une partie des jeunes de quartier.
01:44 Avec un ado, on peut donc parler injustice sociale, mal-être.
01:47 Mais on peut aussi, surtout,
01:49 aller ensemble regarder les vidéos sur les réseaux sociaux.
01:51 Vous savez, comme moi, qui ai tout et rien.
01:54 L'occasion donc de faire un petit cours sur les fake news.
01:56 Moi, ce matin, je suis tombé sur une vidéo qui était présentée comme
01:59 émeute de banlieue, alors qu'en fait, elle s'était passée en Ukraine.
02:02 [Générique]

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