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Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, est l'invitée de Christelle Rebière. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-13-14/13h30-invite-de-13h-du-mardi-11-juillet-2023-4426114

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00:00 Le 15 avril dernier, la loi portant l'âge de départ à la retraite à 64 ans était promulguée.
00:05 Près de trois mois après, Elisabeth Borne reçoit l'ensemble des partenaires sociaux
00:09 demain à Matignon pour une réunion multilatérale.
00:12 L'idée c'est de bâtir un nouveau pacte de la vie au travail.
00:16 La CGT s'y rendra, mais a-t-elle dépassé la crise de la réforme des retraites ? Quels
00:20 sont les thèmes sur lesquels elle souhaite désormais négocier ? Elle arrive avec 100
00:24 propositions dont le SMIC a 2000 euros bruts.
00:26 Vous pouvez passer par le standard 0,1, 45, 24, 7000 si vous souhaitez poser des questions
00:32 à notre invitée, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
00:36 Bonjour.
00:37 Bonjour.
00:38 La dernière fois que vous vous êtes rendue à Matignon, c'était au mois de mai.
00:41 Et vous aviez dit, il ne s'agit pas de discuter mais de poser des exigences.
00:45 Allez-vous arriver dans le même état d'esprit demain ?
00:47 Oui, tout à fait.
00:48 Et ce qui tombe bien, c'est qu'il n'y a pas d'ordre du jour à cette réunion.
00:51 Donc nous arrivons avec le nôtre.
00:53 Le premier point à l'ordre du jour, ça va être la réforme des retraites puisque
00:56 le gouvernement a prévu de l'appliquer à marche forcée au 1er septembre dans des
01:00 conditions scandaleuses, à la fois pour les agents des caisses et à la fois pour les
01:04 assurer qu'ils ne peuvent pas anticiper leur départ en retraite.
01:06 Et que cette réforme, comme nous l'avions dit, elle est non seulement violente mais
01:10 en plus elle ne règle pas le problème de financement puisque le conseil d'orientation
01:13 des retraites a montré que le problème de financement n'était pas réglé.
01:17 Donc cette réforme, il faut revenir dessus.
01:19 Nous portons des exigences très concrètes sur la question de la prise en compte de la
01:22 pénibilité des dispositifs de pré-retraite et de l'emploi des seniors sur lesquels
01:27 le gouvernement doit prendre ses responsabilités parce que c'est des sujets dont le patronat
01:31 ne veut absolument pas entendre parler.
01:33 Il nous explique que tout va bien et qu'il ne faut surtout aucune mesure contraignante.
01:37 Donc vous restez dans un rapport de force avec l'exécutif ?
01:40 Il faut le maintenir, c'est indispensable à la CGT d'être dans un rapport de force.
01:44 On ne peut pas faire autrement ?
01:46 Pour gagner des avancées, il faut un rapport de force.
01:49 Et là, aujourd'hui, plus qu'à tout autre moment puisque je pense que tout le monde
01:53 a bien compris qu'on avait en face de nous un gouvernement pro-business, pro-patronale
01:57 qui passait ses journées avec les grands patrons et écoutait beaucoup moins les besoins,
02:02 les problèmes des travailleuses et des travailleurs.
02:04 Donc oui, il faut évidemment un rapport de force.
02:05 Nous allons aussi porter un certain nombre d'exigences très concrètes à commencer
02:13 par l'exigence d'augmenter les salaires parce que les salaires face à l'inflation
02:16 ne permettent pas de maintenir notre pouvoir d'achat et de vivre.
02:20 On va y venir, mais puisque vous aviez commencé sur la réforme des retraites, restons-y
02:23 encore un petit peu.
02:24 Vous aviez dit en avril sur notre antenne "je suis convaincue que la réforme des retraites
02:28 ne s'appliquera jamais".
02:29 Or, à partir du mois de septembre, l'âge légal de départ à la retraite va être
02:33 relevé de trois mois par génération.
02:35 Est-ce que vous avez le sentiment d'avoir perdu la bataille ?
02:37 On a le sentiment que le gouvernement et Emmanuel Macron ont changé les règles du jeu en
02:42 cours de match et qu'il a perverti l'arbitre puisqu'il a dégainé le 49-3 alors que
02:50 ça n'était pas prévu et qu'il passe sa réforme en force.
02:53 Aucun autre gouvernement n'aurait fait la même chose, ni en France, ni ailleurs.
02:57 La loi va s'appliquer, c'est assez inéluctable.
03:01 Donc, votre mission c'est comment améliorer la loi ou comment contourner la loi aujourd'hui ?
03:05 Nous, notre mission, c'est ce qu'on a l'habitude de dire, c'est quand on est syndicaliste,
03:10 on veut perdre par la porte, ça nous arrive malheureusement, mais on rejoue et on veut
03:13 gagner par la fenêtre.
03:14 Et donc là, c'est notre stratégie de gagner des départs anticipés dans un maximum d'entreprises
03:19 et de branches.
03:20 Nous appelons à l'ouverture de négociations dans toutes les branches sur la question de
03:23 la pénibilité et des départs anticipés.
03:26 Nous appelons aussi à ce que les négociations sur l'Agir Carco, les retraites complémentaires
03:32 pour les salariés du privé, nous permettent de limiter l'impact régressif de la réforme
03:36 du régime général en améliorant les pensions complémentaires qui représentent entre 20
03:40 et 50% du montant total de la pension des salariés du privé.
03:44 Donc c'est un gros enjeu.
03:45 Ces négociations vont s'ouvrir en septembre.
03:47 Nous irons de façon déterminée et nous aurons besoin d'un rapport de force pour
03:51 pouvoir gagner des avancées pour les salariés.
03:53 On va prendre tout de suite la question d'un premier auditeur qui nous a appelé au 01 45
03:57 24 7000, c'est Jean-Pierre, bonjour.
03:59 Oui, bonjour.
04:00 Soyez bienvenue.
04:01 Merci pour vos émissions et vive le service public.
04:04 Bonjour Sophie.
04:05 Je me permets de t'appeler Sophie.
04:08 Voilà, moi, je suis un vieux militant.
04:10 J'ai 65 ans, je suis retraité de la céramique et voilà, je milite depuis l'âge de mes
04:15 15 ans.
04:16 Moi, la question, elle est simple.
04:17 Voilà, moi, j'ai manifesté toute ma vie.
04:20 Je suis sur Vierzon, là, donc c'est une ville qui est bien connue pour le militantisme.
04:24 Et je m'aperçois qu'en fait, les choses ne bougent pas depuis tellement d'années,
04:29 que ce soit sous Sarkozy, Hollande et maintenant Macron.
04:32 Et j'ai l'impression qu'il va falloir vraiment qu'on passe à la vitesse supérieure, si
04:36 on veut vraiment ne pas faire qu'accompagner les lois, mais vraiment changer la vie.
04:40 Et par exemple, je voudrais dire, je sais que ce n'est pas facile de militer, je sais
04:43 de quoi je parle.
04:44 Là, on est en pause syndicale de deux mois, je sais qu'on va me dire qu'il y a des actions
04:47 qui sont faites, mais si on veut vraiment changer la vie des gens, je crois vraiment
04:51 qu'il va falloir passer à la vitesse supérieure.
04:53 C'est-à-dire ?
04:54 On va trouver d'autres moyens d'action, des moyens d'action beaucoup plus durs, sinon
04:57 on n'y arrivera jamais.
04:58 Et simplement, ce que je voudrais dire, c'est ce que je voudrais ajouter.
05:01 - Rapidement.
05:02 - Qu'est-ce qu'elle prévoit de faire dans les actions futures ?
05:06 Et ce que je voudrais dire aussi, je voudrais finir là-dessus, qu'on ne nous dise pas
05:09 aujourd'hui qu'il n'y a pas d'argent en France.
05:12 Quand on voit l'argent qui va être alloué au budget de l'armée, c'est insensé, c'est
05:18 indécent.
05:19 Et je voudrais dire aussi, je voudrais finir là-dessus.
05:21 - Oui, mais rapidement, parce que là, vraiment, moi j'aimerais déjà que Sophie Binet, elle
05:25 réponde à vos questions.
05:26 Jean-Pierre vous dit, est-ce qu'il ne serait pas temps de changer votre mode d'action ?
05:30 - Moi, je suis d'accord avec Jean-Pierre sur le fait que les passages en force et cet autoritarisme
05:35 gouvernemental et patronal sont inacceptables.
05:37 Il est très bien placé pour savoir de quoi on parle quand on parle de pénibilité, parce
05:41 que les métiers du verre et de la céramique sont très pénibles.
05:43 Et pour autant, il n'y a quasiment aucun dispositif de départ anticipé.
05:46 Et ce qu'il faut pour gagner, pour qu'on soit plus forts ensemble, c'est qu'il y ait plus
05:51 de syndiqués en France.
05:52 Le problème, c'est qu'il y a 40% des salariés du privé qui n'ont pas de syndicat dans leur
05:57 entreprise.
05:58 Et à partir de là, pour elles et pour eux, la grève c'est très théorique, mais c'est
06:01 très difficile de passer à l'action.
06:02 La bonne nouvelle, c'est que dans le cadre du conflit, on a eu des dizaines de milliers
06:06 d'adhésions.
06:07 C'est plus de 100 000 pour l'ensemble des syndicats.
06:09 Pour la seule CGT, on est autour de 40 000.
06:11 Et donc, il faut que ça se poursuive.
06:13 Donc, j'appelle tous les auditeurs et les auditrices à adhérer à un syndicat, cgt.fr,
06:17 et à pouvoir développer...
06:18 - Et pas les autres, bien sûr !
06:19 - Non, mais c'est bien d'adhérer...
06:21 Non, non, adhérer à un syndicat, par principe, c'est bien.
06:23 Si c'est la CGT, évidemment c'est mieux.
06:25 Mais ce qu'il faut, c'est se syndiquer pour pouvoir s'organiser collectivement et redresser
06:30 la tête face au patron, et reprendre le pouvoir et arrêter de subir.
06:33 - Bon, alors la Première Ministre va ouvrir des débats sur le travail, demain, pour bâtir,
06:38 dit-elle, un nouveau pacte de la vie au travail.
06:41 Bon, en réalité, c'est Emmanuel Macron qui avait donné cette feuille de route le 17
06:44 avril.
06:45 Qu'est-ce que vous, vous lui proposez ? Et vous n'êtes pas forcément sur la même ligne
06:48 que les autres syndicats qui seront reçus demain.
06:50 - Oh, les syndicats vont être très convergents, parce qu'on échange beaucoup ensemble.
06:54 Et donc, ce que demandent l'ensemble des organisations syndicales, c'est des augmentations de salaires.
06:59 Parce qu'aujourd'hui, dans la quasi-totalité des branches professionnelles, les minimums
07:03 sont inférieurs au SMIC.
07:04 Ce qui signifie qu'il y a un énorme tassement et qu'il y a de plus en plus de salariés
07:07 qui sont payés au SMIC.
07:09 Donc, nous, nous demandons à ce que les salaires soient indexés sur les prix.
07:13 - Mais là, vous n'êtes pas tous d'accord, parce que le Medef dit que c'est un problème
07:16 d'entreprise.
07:17 Et là, on est tous d'accord entre syndicats, mais on n'est pas du tout d'accord avec le
07:20 patronat qui refuse de parler salaire.
07:22 Là, on est dans une situation complètement hallucinante où, pour le gouvernement et
07:26 pour le patronat, le mot « salaire » a disparu du vocabulaire.
07:29 Juste l'outil de partage de la valeur, comme ils disent, c'est les salaires.
07:33 Et c'est les salaires qu'il faut augmenter pour nous permettre de vivre et de financer
07:36 notre sécurité sociale.
07:37 On va également parler égalité femmes-hommes.
07:40 Les femmes gagnent toujours 25% de moins que les hommes.
07:43 Il y a un dispositif qu'il faut revoir en profondeur qui s'appelle l'Index Egalité
07:47 sociale, qui ne fait illusion pour personne, sauf peut-être à la Première Ministre et
07:51 aux membres du gouvernement qui, à chaque fois que je leur dis que ça ne marche pas,
07:53 me regardent avec des yeux ronds.
07:54 Ça ne marche pas du tout.
07:55 La preuve, quasiment toutes les entreprises ont une très bonne note, alors qu'il y a
07:58 toujours 25% d'écart de salaire.
08:00 Donc ça, il faut le réformer totalement.
08:03 Il faut prendre des mesures pour augmenter la démocratie au travail, la démocratie
08:08 sociale, que les représentants du personnel aient plus de pouvoir, qu'on ait plus de
08:11 capacité de négocier.
08:13 Et puis, il faut enfin défendre notre industrie et répondre à la question environnementale.
08:17 Et dans les 100 propositions de la CGT, vous réclamez le SMIC à 2000 euros bruts.
08:22 Il est actuellement à 1747 euros.
08:24 C'est quand même une augmentation plus que conséquente, qui coûterait quand même très
08:28 cher aux entreprises.
08:29 Oui, enfin aujourd'hui, comme le disait Jean-Pierre tout à l'heure, de l'argent, il y en a,
08:33 puisque les dividendes et les profits explosent.
08:36 Rien que l'année dernière.
08:37 Oui, mais si vous prenez une petite PME, elle n'est pas dans la même situation qu'une
08:40 entreprise du CAC 40.
08:41 Oui, sauf que le problème, c'est que c'est les entreprises du CAC 40 qui donnent le ton
08:45 sur l'économie en France, puisque la moitié des emplois sont dans les plus grandes entreprises
08:49 en France.
08:50 Et c'est elles qui ont les clés du porte-monnaie, puisque c'est elles qui imposent des conditions
08:54 intenables pour leurs sous-traitants.
08:56 Donc la responsabilité, elle est bien du côté des grandes entreprises.
08:59 Et augmenter les salaires, on peut, tout simplement, parce que l'année dernière, 70% des profits
09:06 des entreprises ont été captés par les actionnaires en dividendes et en rachats d'actions.
09:10 Les profits, les entreprises ne se sont jamais aussi bien portés que l'année dernière.
09:14 Donc on voit bien qu'il y a la possibilité de distribuer les richesses autrement.
09:17 Aujourd'hui, on n'est pas dans une boucle prix-salaires, on est dans une boucle prix-profits.
09:21 Ou comme les entreprises ne veulent pas lâcher leurs profits et leurs dividendes, et bien
09:25 c'est les prix qui augmentent avec une inflation insupportable pour nous.
09:28 Il faut augmenter les salaires.
09:30 Vous voulez aussi, Sophie Binet, évoquer les règles d'indemnisation des chômeurs.
09:34 Le projet de loi plein emploi commence à être examiné à l'Assemblée.
09:38 Il prévoit notamment 15 à 20 heures d'activité par semaine.
09:41 Enfin, il est examiné au Sénat, plus précisément, en ce moment.
09:43 Il prévoit notamment 15 à 20 heures d'activité par semaine pour les personnes au RSA.
09:47 Pour vous, c'est une ligne rouge ?
09:49 Oui, clairement.
09:50 C'est scandaleux.
09:51 C'est une stigmatisation inacceptable des personnes qui sont au RSA.
09:54 Je rappelle que quand on est au RSA, on vit avec autour de 500 euros par mois.
09:58 Avec ça, on ne vit pas.
09:59 Et donc, imposer en plus 15 heures de travail gratuit par semaine, quand on sait que les
10:04 allocataires du RSA sont d'abord des femmes en situation monoparentale, donc avec des
10:08 enfants à gérer, sachant, je le rappelle, qu'en France, il y a plus de 50% des enfants
10:12 de moins de 3 ans qui ne sont ni en crèche, ni chez une assistante maternelle.
10:16 Donc, ils sont pris en charge par les mères et les grands-mères.
10:18 Imposer ce type de mesures, c'est une mesure populiste et qui va conduire à mettre sous
10:23 pression les plus pauvres.
10:24 Mais le gouvernement explique, au contraire, qu'il s'agit de ramener des personnes éloignées
10:30 de l'emploi et qui ont perdu confiance vers le travail.
10:32 Si c'est leur donner confiance, pourquoi les sanctionner ? On ne donne pas confiance
10:36 en quelqu'un en le sanctionnant.
10:37 Ce qu'il faut conditionner, ce n'est pas le RSA, c'est les aides publiques aux entreprises.
10:41 Chaque année, c'est 200 milliards qui sont distribués sans contrepartie ni évaluation
10:46 aux entreprises.
10:47 C'est un tiers du budget de l'État.
10:49 Le ministre du Budget demande à tous les ministères de faire des économies conséquentes
10:54 sur le budget de la santé, le budget de l'éducation nationale, les services publics.
10:57 Au lieu de faire ça, il faudrait qu'ils remettent les aides publiques aux entreprises,
11:01 qu'ils les conditionnent et puis qu'ils nous donnent, tout simplement, à nous, représentants
11:04 du personnel, un droit suspensif pour que, quand ces aides ne vont pas financer la recherche
11:08 ou les salaires et qu'elles s'évaporent en dividende, on puisse les suspendre.
11:12 Ça, ça serait efficace.
11:13 On vous a vu aussi, Sophie Binet, défendre les journalistes de la rédaction du JDD qui
11:17 ne veulent pas qu'un journaliste d'extrême-droite prenne la tête de leur rédaction.
11:21 Vous avez écrit une lettre ouverte avec votre consoeur de la CFDT, Marie-Elise Léon, ces
11:25 derniers jours.
11:26 La loi ne permet pas de défendre suffisamment le pluralisme ?
11:29 Oui, tout à fait.
11:31 Ça fait partie des sujets que je vais évoquer avec Elisabeth Borne, la situation du JDD
11:36 parce que, si on ne fait rien, le scénario, il est connu.
11:39 Ça va se finir comme Europe 1 et ITV qui est devenu CNews avec l'ensemble des journalistes
11:44 qui vont partir pour faire respecter leur déontologie.
11:48 On ne peut pas se résoudre à avoir un grand journal papier qui bascule et qui ne garantisse
11:55 plus les libertés éditoriales.
11:56 Et on ne peut pas dire que l'État ne peut rien puisque le gouvernement a deux leviers
12:02 à sa disposition.
12:03 Le premier, c'est les aides publiques à la presse qu'il doit conditionner à des garanties
12:06 déontologiques pour les journalistes qui doivent pouvoir empêcher la nomination d'un
12:10 rédacteur en chef ou d'un directeur de rédaction.
12:12 Et puis le deuxième levier, c'est de changer la loi puisqu'on voit bien qu'il y a une
12:15 concentration sans précédent des titres de presse dans les mains de quelques milliardaires.
12:19 Le débat, ça ne peut plus être.
12:21 Est-ce qu'on préfère être acheté par Rodolphe Saadé ou par Vincent Bolloré ?
12:24 Ce n'est pas possible.
12:25 On a une nouvelle question au Standard de Claude qui nous appelle de Blois.
12:29 Bonjour Claude.
12:30 Bonjour.
12:31 Je voudrais.
12:32 Oui, je voudrais témoigner de ce que le travail est un extraordinaire stimulant intellectuel
12:37 sans lequel les facultés chutent très rapidement.
12:40 On devient très vieux très rapidement.
12:43 N'aurait-on pas pu consacrer toute cette énergie gaspillée dans les rues et à l'Assemblée
12:49 nationale pour améliorer les conditions de travail durant les cinq à dix dernières
12:54 années de la vie ? On pourrait imaginer que tout le monde serait promu au grade supérieur
13:01 et passerait à mi-temps jusqu'à par exemple 70 ans.
13:06 Un ouvrier deviendrait agent de maîtrise etc.
13:08 Sophie Binet.
13:09 J'ai 71 ans.
13:10 J'ai 71 ans donc je peux témoigner de ce que c'est une volonté et une capacité
13:15 chez la plupart des gens.
13:17 Sophie Binet vous répond.
13:18 Oui, le problème c'est qu'il y a beaucoup d'ouvriers qui ne vivent pas jusqu'à 70
13:22 ans tout simplement parce que le travail c'est un levier d'émancipation.
13:26 La CGT défend le travail mais le travail c'est aussi de la pénibilité, des contraintes
13:29 physiques et un abaissement de l'espérance de vie où je rappelle que les ouvriers ont
13:32 une espérance de vie de sept ans plus faible à celle des cadres et ce n'est pas les études
13:36 qui dopent l'espérance de vie des cadres, c'est les conditions de travail qui dégradent
13:39 celles des ouvriers.
13:40 Donc oui, il y a un chantier majeur sur l'amélioration des conditions de travail mais travailler jusqu'à
13:45 64 ans dans plein de métiers, ça n'est pas possible.
13:47 C'est pour ça que nous défendons la retraite à 60 ans.
13:49 Moi, il y a un dernier sujet que je vais aborder avec la Première Ministre, c'est la question
13:52 du fret ferroviaire.
13:54 Le fret ferroviaire c'est un sujet majeur pour la transformation environnementale,
13:58 on en a besoin et aujourd'hui en France, le gouvernement s'apprête à sacrifier le
14:02 fret ferroviaire en imposant une libéralisation totale du fret et on risque de voir disparaître
14:08 par exemple le train des primeurs, le Perpignan-Ringis dont la CGT avait gagné la remise en service.
14:14 Là, cet été, s'il ne se passe rien, le Perpignan-Ringis va s'arrêter.
14:18 On a besoin pour répondre aux défis environnementaux et répondre aux défis industriels de renforcer
14:23 notre fret ferroviaire sauf que le gouvernement fait tout l'inverse et donc je vais également
14:26 interpeller la Première Ministre sur cette question-là pour que nous ayons des réponses
14:30 précises.
14:31 Donc demain, vous serez reçue par Elisabeth Borne avec l'ensemble des partenaires sociaux.
14:35 Est-ce que vous, vous avez eu des contacts avec Emmanuel Macron depuis la crise de la
14:39 réforme des retraites ?
14:40 Pas de son, pas d'image.
14:42 Vous le regrettez ou pas ?
14:43 Ça dépend.
14:44 Nous, avoir des contacts pour se dire des aimabilités, ce n'est pas forcément ça
14:48 qui m'intéresse.
14:49 Si c'est pour nous dire « j'ai raison, vous avez tort, je ne vois pas l'intérêt ».
14:52 Si c'est par contre pour nous dire qu'il est prêt à ouvrir de grands chantiers, par
14:57 exemple à revenir sur les ordonnances travail, la réforme autoritaire du code du travail
15:01 ou si c'est pour nous dire qu'il est prêt à revenir sur sa réforme des retraites,
15:05 oui tout à fait.
15:06 Il faut qu'il comprenne que ces 100 jours sont une débâcle puisque la défiance, normalement
15:12 ça devait apaiser.
15:13 Là, c'est les 100 jours de défiance et donc pour sortir de la défiance, il faut
15:18 changer de méthode, arrêter l'autoritarisme, la surenchère sécuritaire et arrêter le
15:23 mépris.
15:24 Merci, merci Sophie Binet d'avoir été l'invité de ce 13/14.

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