Marie Patouillet, championne de paracyclisme : "Être une femme dans le sport, c'est une charge mentale supplémentaire"

  • l’année dernière
Championne du monde de paracyclisme sur route, Marie Patouillet déborde d’énergie sur la piste comme dans la vie. Engagée dans la lutte contre le sexisme et l’homophobie dans le sport, la cycliste est déterminée à faire évoluer les mentalités.

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Sport
Transcription
00:00 Malheureusement, être une femme dans le milieu du sport,
00:02 c'est encore une charge mentale supplémentaire.
00:05 Je m'appelle Marie Patouillet, j'ai 34 ans,
00:11 je suis athlète paralympique en cyclisme sur piste et sur route.
00:15 Je suis également médecin généraliste.
00:17 Je suis née avec une malformation orthopédique
00:19 au niveau du pied et de la jambe gauche
00:22 qui ne m'a pas trop dérangée pendant mes 20 premières années.
00:25 Entre mes 20-25 ans, cette malformation s'est dégradée
00:28 et aujourd'hui, je ne peux plus du tout courir,
00:30 je ne peux plus pratiquer de sport où je suis obligée de porter mon poids.
00:32 J'avais le choix entre la natation et le cyclisme.
00:34 Je suis plutôt partie vers le cyclisme
00:36 parce qu'avec la vitesse, je prends beaucoup de plaisir,
00:39 parce qu'avec le vélo sur route en extérieur,
00:41 ça permet aussi de voyager.
00:43 De devoir accepter que finalement, mon corps ne fonctionnait pas normalement
00:46 et que j'allais devoir arrêter toutes les activités que j'adorais faire
00:51 qui nécessitaient de la course à pied, ça a été compliqué.
00:53 C'est vrai que là-dedans, le vélo et le cyclisme
00:56 m'ont pas mal aidée pour surmonter cette épreuve.
01:00 Dans le paracyclisme, ça concerne toutes les personnes
01:03 qui sont en situation de handicap.
01:05 Il y a plusieurs catégories.
01:06 Il y a une catégorie pour les malvoyants, non-voyants
01:09 et ensuite, il y a une catégorie pour les personnes
01:11 qui ont un handicap fonctionnel.
01:13 Ça va de la catégorie C1 à la catégorie C5.
01:16 C1 étant les personnes les plus touchées par le handicap.
01:19 Du coup, C5, les moins touchées, c'est ma catégorie en l'occurrence.
01:22 C'est vrai que d'avoir ce sport qui est adapté à mon handicap,
01:26 c'est très libérateur et ça m'apporte beaucoup de liberté.
01:29 Malheureusement, être une femme dans le milieu du sport,
01:31 c'est encore une charge mentale supplémentaire.
01:34 Il faut encore faire face à des situations de sexisme,
01:37 ne serait-ce qu'à des blagues qui sont considérées par certains comme drôles
01:42 et qui, pour d'autres, ne le sont pas du tout.
01:44 J'aimerais que petit à petit,
01:45 les sportives n'aient plus à supporter cette charge mentale
01:49 pour aller performer et qu'on arrive à une équité quasiment parfaite
01:53 dans la recherche de la performance.
01:54 C'est vrai que je prends ces engagements-là très à cœur,
01:58 en particulier le sexisme et la lutte contre l'homophobie dans le sport,
02:01 parce que je me suis rendue compte que ce n'était pas facile de parler.
02:05 Il y a des athlètes, hommes ou femmes,
02:07 qui en souffrent dans leur pratique
02:09 et ça les freine aussi pour aller chercher la performance.
02:11 Si on se sent légitime de prendre la parole sur ces sujets-là,
02:14 si on se sent capable de le faire,
02:16 je trouve que c'est important de le faire pour faire avancer ces causes.
02:19 Pour moi, un sport inclusif, dans l'idéal,
02:22 c'est un sport où n'importe quelle personne se sent en sécurité
02:26 pour être soi-même et pratiquer le sport qu'il a envie de pratiquer.
02:29 Aujourd'hui, le message que j'aurais envie de faire passer,
02:32 c'est de dire que l'inclusion, ça se conjugue au pluriel,
02:34 ce n'est pas parce qu'on se bat ou on lutte contre une discrimination
02:39 qu'on est OK sur toutes les autres.
02:41 Le plus important, c'est de se poser
02:43 et d'essayer de réfléchir à toute forme de discrimination
02:45 et pas de se contenter de travailler sur une seule.
02:48 Ça évolue.
02:49 On ne trouve que ça n'évolue jamais assez vite que ce qu'on aimerait,
02:52 mais ça évolue, les staffs se féminisent.
02:55 On prend de plus en plus en considération
02:58 le fonctionnement du corps et le corps de la femme
03:01 pour la recherche de la performance.
03:02 Le meilleur souvenir de ma carrière, j'espère que,
03:04 vu qu'elle devrait aller au moins jusqu'au jeu de Paris 2024,
03:07 j'espère que ce sera à Paris 2024.
03:09 Un des meilleurs souvenirs que j'ai,
03:11 c'est au tout début de mon apprentissage du cyclisme,
03:15 quand j'ai fait l'étape du Tour
03:16 et que j'ai passé plus de 9 heures sur la selle
03:18 et que j'ai quand même réussi à franchir la ligne d'arrivée.
03:20 À ce moment-là, j'étais hyper fière de moi
03:22 et ça a été un très bon souvenir sportif.
03:24 À Paris, ce que je vise vraiment, c'est mes meilleurs chronos,
03:26 c'est ma meilleure perf de tous les temps.
03:28 Et puis après, on verra si mes concurrentes sont meilleures que moi ou pas.
03:31 [Musique]

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