Jeudi 13 juillet 2023, SMART TECH reçoit Laurence Devillers (professeure en intelligence artificielle, LISN-CNRS)
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00:05 -Pour débriefer cette actualité,
00:08 j'ai conviée en plateau Philippe Delmas,
00:10 consultant en stratégie industrielle.
00:12 Bonjour, Philippe.
00:14 Guy Mamoumani, entrepreneur, business angel,
00:16 ex-co-président d'Open. Bonjour, Guy.
00:19 Et Henri Dagrin, délégué général du CIGREF.
00:21 Bonjour, Henri. -Bonjour.
00:23 -Et notre star du jour, c'est Laurence De Villers,
00:26 professeure en intelligence artificielle à la Sorbonne,
00:29 chercheur au CRNRS, on le sait,
00:31 mais ce qu'on ne savait pas, c'est que vous étiez
00:34 également autrice de pièces de théâtre.
00:36 Ca, c'est la surprise pour moi du jour.
00:39 Qui a hacké Garutia ?
00:41 Il faut prononcer "Garutia", d'ailleurs.
00:44 C'est une pièce de théâtre dans laquelle un chatbot
00:47 joue le rôle principal.
00:48 Il est incarné par une véritable actrice sur scène
00:52 qui s'appelle Léa Thuil.
00:55 C'est une pièce de théâtre mise en scène par Lisa Bretzner.
00:58 Elle sera jouée les 15, 16, 17 juillet,
01:01 donc ce week-end, au Festival Hof d'Avignon.
01:04 Comédie policière écrite par trois chercheurs scientifiques.
01:07 Je m'en étouffe, c'est original, ça, Laurence.
01:10 Comment vous vous y êtes pris ?
01:12 -On a écrit avec Serge Habitboul et Gilles Doeck
01:15 juste avant la crise du Covid.
01:19 On a eu du temps, sous Zoom, pour écrire ensemble.
01:23 C'est parti de l'idée qu'en discutant avec Serge,
01:26 on écrivait beaucoup de livres sérieux,
01:29 que c'est pas la meilleure manière d'atteindre tout le monde,
01:32 et qu'il y a un vrai sujet derrière ces chatbots qui nous parlent,
01:37 parce que c'est comme un chat GPT, ce qu'on a fait,
01:40 sauf que c'est de la science-fiction, soyons clairs.
01:42 Mais il y avait un facteur comique, un facteur de médiation.
01:46 Le théâtre de l'absurde a toujours été intéressant.
01:49 Il faut trouver dans cette matière riche
01:52 le moyen de lier avec l'aspect comique,
01:56 avec... Enfin, c'est triculant.
01:59 -Une intrigue policière,
02:00 qui va permettre à ce chatbot de se replonger dans son passé ?
02:04 -C'est sur la mémoire, sur la mémoire des humains.
02:08 Le chatbot existe que parce qu'il enregistre des données d'humains.
02:12 Et donc, nous, nous avons envie aussi, quelque part,
02:15 de laisser une trace.
02:17 Donc, ça va jouer aussi sur ce désir, en fait,
02:20 d'être, pas immortel, mais en tout cas,
02:23 immortalisé via la capture de nos données.
02:26 Et en même temps, cette machine,
02:28 qui, finalement, commence à interpréter des choses
02:31 et qu'on a libérées.
02:33 Une machine n'a pas le droit de garder les souvenirs des humains.
02:36 Celle-là a été hackée. Qui a hacké Garutia ?
02:39 C'est une intrigue policière. On va voir que, en plus...
02:42 -Ce sont passés effets de propriétaires.
02:45 -Exactement. Ce chatbot a eu plusieurs propriétaires
02:48 qui sont décédés.
02:49 Donc, il y a une enquête policière sur le pourquoi et le comment,
02:53 en remontant le cours du laité,
02:55 pour aller chercher des informations
02:57 qui permettraient de comprendre l'énigme.
03:00 C'est amusant, parce que c'est une machine
03:02 qui apprend de nous.
03:04 On va la voir se transformer. Cette jeune fille est extraordinaire.
03:08 Avec Gilles et Serge, on s'est beaucoup amusé
03:10 avec les mots, avec le langage.
03:12 On a du San Antonio jusqu'au "Précieuses Ridicules".
03:16 On a fait un feuilletage différents styles.
03:18 C'est accessible à tout le monde et c'est plutôt comique.
03:22 -J'ai vu la mette en scène parler de Nantes.
03:24 On parlait de burlesque, parfois.
03:26 -Oui. C'est...
03:28 C'est vraiment lâché.
03:29 -J'avais une question. Vous avez fait le choix,
03:32 qui aurait pu être différent, d'incarner
03:35 ce chatbot sur scène par une personne en chair et en os,
03:39 par un humain, une humaine, en l'occurrence.
03:41 Est-ce que c'est pas joué avec nos fantasmes
03:44 sur cette idée que peut-être ces IA
03:48 pourraient demain être comme des humains ?
03:50 -C'est une très bonne question.
03:52 On la personnifie par... C'est un humain qui le joue,
03:55 ce chatbot, qui d'abord est un garçon, puis une fille.
03:58 Vous allez voir qu'il change complètement,
04:01 qu'il s'adapte.
04:03 On ne pouvait pas le faire facilement avec une machine.
04:06 Cette finesse de jeu n'était pas possible.
04:08 Et c'est jamais... On ne confond jamais.
04:11 Il est toujours dans une position où il est machine.
04:14 -Pas d'anthropomorphisme, alors ? Pas de biais d'anthropomorphisme ?
04:18 -Je crois qu'on fait bien la distinction.
04:21 On a eu un premier essai qui montrait qu'on distinguait bien
04:24 que c'était le chatbot et que ce n'était pas la vision de l'humain
04:28 qu'on essayait de montrer.
04:29 Il est enfermé dans une boîte et il est libre dans sa boîte.
04:33 Sa boîte, c'est sa mémoire numérique, son imaginaire à lui.
04:37 Et donc...
04:38 C'est de la métaphore, en utilisant ces termes,
04:41 puisqu'il apprend de nous et il crée des...
04:44 des souvenirs qui sont, en fait, comme "ChatGDPT" le fait,
04:49 la suite de langage avec un algorithme
04:52 qui est capable de construire cela.
04:54 Nous sommes à la limite.
04:55 On ne pense pas que c'est de l'anticipation du tout.
04:59 On n'ira pas vers des machines proches de l'humain.
05:02 On est là, dans cette comédie burlesque,
05:04 pour montrer, en fait, des dialogues intéressants
05:07 avec cette machine qui se pose des questions.
05:10 Ca nous fait poser des questions. C'est un miroir de nos questions.
05:14 Elle n'a pas d'émotion, mais en même temps,
05:16 elle est gentille, c'est sa façon de dire.
05:19 Donc, il y a des formes de langage qui nous ont beaucoup amusées.
05:22 Je pense qu'on aborde vraiment,
05:24 en étant détachées d'une réalité,
05:27 avec cette idée qu'on sera en interaction demain tous
05:30 avec des machines comme celle-là,
05:32 on aborde vraiment une espèce de co-construction
05:35 intéressante pour le public.
05:37 -C'est une pièce en quatre actes.
05:39 J'ai lu ça dans le dossier de présentation.
05:42 Est-ce que c'est le temps de la réflexion ?
05:44 Est-ce qu'il y a un processus qui nous emmène
05:47 à pousser plus loin cette réflexion
05:49 au fur et à mesure que l'intrigue se déroule ?
05:52 -C'est le tour des humains.
05:53 C'est un propriétaire, un deuxième propriétaire,
05:56 un troisième propriétaire, finalement, une intrigue.
05:59 Vous saurez si vous venez la voir.
06:01 Elle sera jouée aussi à Paris, dans plusieurs lieux.
06:05 -C'est ça. "Kia", qui est "Garruzia",
06:07 donc 15, 16, 17 juillet, au Festival of Avignon,
06:10 au Grenier, à Sel.
06:11 La pièce sera également jouée en hommage à Michel Serres à Agen,
06:15 le 11 novembre, à la Reine Blanche, et puis à Paris, fin 2024.
06:18 -Elle sera jouée à Paris... Non, elle sera jouée en Paris
06:22 le 6 octobre. -Ah, j'avais pas cette date.
06:24 -A l'UNS, à Claire. -Super.
06:26 -Et elle sera jouée aussi en 2024 à la Reine Blanche.
06:30 -Parfait. J'avais tout mélangé. Merci, Laurence.
06:32 Je vais remettre tout dans l'ordre.
06:34 Vous restez avec nous, parce qu'il y a d'autres sujets
06:38 qui vont vous intéresser dans notre débrief.