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Lundi 17 avril 2023, SMART TECH reçoit Laurent Cervoni (Professeur référent du MBA en intelligence artificielle, DeVinci Executive Education) et Pierre-Emmanuel Dumouchel (PDG, Dessia)

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00:00 ...
00:01 -Bismart.
00:02 -L'intelligence artificielle vient menacer des emplois,
00:07 mais aussi en créer.
00:09 Comment on doit modifier aussi nos formations
00:13 tout au long de notre carrière pour apprendre à travailler
00:16 avec ces nouveaux outils ?
00:17 On en parle avec Laurence Servoni, professeure référente
00:20 du MBA IA de Devinci Exécutive Education.
00:24 C'est le pôle de formation professionnel.
00:26 Vous êtes aussi directeur de la recherche et de l'innovation
00:29 de Talent, cabinet de conseil en innovation et transformation
00:33 par la technologie.
00:34 Et vous êtes aussi le partenaire de Hyperion,
00:37 enfin Talent, l'entreprise, qui est un projet de recherche
00:40 qui vise à mesurer l'impact de ces IAs génératives,
00:43 comme Chadj Pt, mais pas seulement,
00:45 sur les métiers des entreprises.
00:47 On va en parler ensemble.
00:48 Avec vous, autour de la table, Pierre-Emmanuel Dumouchel,
00:51 président directeur général de Decia,
00:54 une startup qui développe une plateforme
00:56 d'intelligence artificielle explicable, précisons,
00:59 qui permet aux ingénieurs d'automatiser
01:01 le travail de conception technique.
01:03 Restez avec nous, Vincent Oley, fondateur de Gigli.
01:06 Vous travaillez pratiquement sur les mêmes sujets.
01:10 On a parlé ensemble d'intelligence humaine augmentée,
01:13 augmentée aussi par de l'IA, bien évidemment.
01:16 Première question, est-ce que ces IAs génératives,
01:19 en particulier, l'arrivée de Chadj Pt,
01:21 ça a bousculé tout le monde ?
01:22 Est-ce que c'est un séisme pour l'emploi ?
01:26 Je serais tenté de répondre...
01:28 Il y a deux éléments de réponse.
01:30 On va rentrer dans une 1re révolution
01:32 où les entreprises vont chercher de la productivité.
01:35 Dans un 1er temps, on peut avoir peur pour la quantité d'emploi.
01:39 C'est un 1er sujet.
01:41 Par contre, un 2e point, une 2e révolution,
01:44 c'est aussi l'assistance de ces IAs génératives
01:47 qui vont permettre plus de créativité pour les ingénieurs.
01:50 - Ça va leur permettre d'ouvrir... - Mais dans un 2e temps ?
01:53 Je pense que d'abord, on va le subir.
01:56 On va améliorer nos processus, nos entreprises, nos ingénieries,
02:00 donc des grands gains de productivité.
02:02 Dans un 2e temps, on aura un changement de paradigme
02:05 sur la façon de concevoir des ingénieurs.
02:07 On va imaginer ces IAs qui seront au service
02:10 de comment faire une aviation plus verte,
02:12 une automobile hydrogène, par exemple, et ainsi de suite.
02:15 Votre regard sur cette question.
02:17 Est-ce qu'on est face à un choc sismique ?
02:20 Est-ce que l'IA va détruire davantage d'emplois
02:23 qu'elle n'est capable d'en créer ?
02:25 Il y a beaucoup de craintes là-dessus.
02:27 Chaque fois qu'il y a une nouvelle technologie,
02:30 on le voit, il y a une crainte sur l'emploi.
02:32 Il y a quelques années, à l'occasion d'une présidentielle,
02:35 on disait que la robotique allait détruire des millions d'emplois.
02:39 Il y a à peu près en 2018-2019,
02:41 il y a eu une étude très sérieuse d'IBM
02:43 qui disait que 120 millions d'emplois seraient détruits
02:45 par l'IA dans les 3 ans.
02:47 Les 3 ans se sont écoulés et les 120 millions n'ont pas disparu.
02:50 Il y a une étude très récente d'un grand cabinet
02:53 qui disait que 300 millions d'emplois disparaîtraient
02:56 dans les 5 ans. Je suis prêt à faire un point d'étape
02:59 avec vous tous les 3 mois et on verra que ces 300 millions
03:02 ne disparaîtront pas.
03:03 -On a le sentiment que ça s'accélère.
03:05 Peut-être que ça a pris plus de temps que prévu
03:08 d'installer ces IA dans le monde professionnel.
03:10 -Il faut du temps.
03:12 Toutes les nouvelles technologies
03:13 mêlent du temps à imprégner une société.
03:16 Regardez Internet, le temps qu'il a fallu
03:18 pour que ça devienne un outil,
03:20 quelque chose que tout le monde utilise.
03:22 Il faut comprendre l'utilisation de ces outils,
03:25 le mode de fonctionnement,
03:26 sinon on les utilise à mauvaise escient.
03:29 Et puis se former et former
03:31 pour être capable de les maîtriser.
03:33 Comme ça a été dit, ces outils-là sont là
03:35 pour augmenter l'intelligence humaine
03:37 et donc permettre la naissance de nouveaux métiers,
03:40 de nouveaux usages.
03:42 Quand on se saisit de ces outils,
03:44 on s'aperçoit qu'on augmente sa productivité.
03:46 On le voit, vous avez cité Hyperion,
03:48 qui est un partenariat entre talent
03:51 et Devinci, exécutive éducation.
03:53 Et donc, on a essayé de faire, au travail de ce partenariat,
03:56 de montrer comment utiliser de manière professionnelle
03:59 ces outils.
04:01 Donc, on a commencé par faire un hackathon, un concours,
04:04 où on a mis autour de la table une quarantaine d'apprenants
04:07 à qui on a fait découvrir ce type d'IA générative.
04:10 Pendant à peu près une journée,
04:12 on leur a montré comment ça fonctionnait,
04:15 la façon dont il fallait interroger
04:17 des outils de type...
04:18 de langage de type chap GPT,
04:20 mais aussi Midjourney, Dali, tous ces outils
04:23 qui font de la génération vidéo, d'images.
04:25 Et on leur a montré comment ça pouvait s'articuler
04:28 au travers de la construction d'un jeu,
04:30 donc quelque chose d'un peu ludique.
04:33 Ce qui a été extraordinaire, c'est que,
04:35 alors qu'ils ne connaissaient pas, au début,
04:38 ce type d'outils, la manière de les prendre en main,
04:41 en une journée de formation,
04:42 alors évidemment, on aurait pu aller plus loin,
04:45 mais il s'agissait de faire une étude sur un temps limité,
04:48 et ils ont suivi, ils se sont saisis de l'outil
04:51 et ont construit des choses assez extraordinaires,
04:54 qui ont montré que la créativité humaine,
04:56 quand on lui met à disposition des outils
04:58 qui lui permettent de la décupler,
05:00 arrive à faire des choses extraordinaires.
05:03 Ils ont construit un outil pour aider à la création d'entreprises
05:07 où on voit la requête que l'on fait à chap GPT,
05:09 ce qu'on appelle le prompt,
05:11 qui s'enrichit des réponses qu'il a données,
05:14 et donc qui devient de plus en plus précis.
05:16 C'est le passage de la génération de son et de vidéo.
05:19 C'était extraordinaire de voir cette création,
05:22 qui n'aurait pas été possible il y a 10 ou 2 ans.
05:24 -On a des interfaces très simples, c'est facile d'accès,
05:28 mais du coup, on ne sait pas jusqu'où on peut aller,
05:31 quel est le champ des possibles, et c'est un peu vertigineux.
05:34 Quels sont les premiers métiers
05:36 qui vont être profondément remis en question, selon vous ?
05:40 -Alors, vous voyez... -Oui, peut-être.
05:42 -Bon, allez-y. En fait, vous voyez,
05:44 l'inquiétude, dans les IA d'avant, la robotique,
05:47 on voyait l'inquiétude sur des métiers plus manuels.
05:50 Là, ce qui fait un peu plus peur, c'est que ce type d'outils
05:54 touche à des métiers plus intellectuels.
05:56 C'est un peu les cols blancs qui s'inquiètent.
05:59 C'est pour ça que, subitement, on se dit que ça prend une telle ampleur.
06:02 Parce que ça touche à de nouveaux métiers,
06:05 sur la créativité, la création d'images.
06:07 On se dit que tout le monde va être capable de ce que faisait un designer.
06:11 -C'est une question de cols blancs.
06:14 Parce que là, la question, c'est vraiment quelle est la valeur humaine.
06:17 C'est la question de notre apport dans la société, aussi.
06:21 -Voilà, tout à fait.
06:22 Comme je disais, c'est le côté un peu créativité, finalement.
06:25 L'intérêt, pour moi, de ces IA génératives,
06:28 c'est que ça va permettre de libérer les ingénieurs et les techniciens
06:32 de tout un tas de tâches, on l'estime à 80 %,
06:34 de tâches rébarbatives, comme recevoir des spécifications,
06:38 les réécrire dans un nouveau format, faire un compte-rendu de réunion,
06:42 les différentes actions,
06:43 tout ça représente une masse importante du travail des ingénieurs.
06:47 Ca va leur permettre de libérer de cette partie-là.
06:50 Ca va, au final, leur donner... -C'est le discours que j'entends
06:54 depuis des années. L'IA, c'est super,
06:56 car toutes les tâches rébarbatives vont disparaître.
06:59 On va pouvoir les confier à des logiciels qui feront ça.
07:02 Sauf que là, quand on s'approprie ces outils,
07:05 on se dit que ça va au-delà de la tâche rébarbative.
07:08 C'est là où on se pose la question.
07:10 -Jusqu'où, finalement, certains métiers
07:13 vont être totalement substitués par des IA ?
07:15 -Alors, totalement substitués, peut-être, sur certains,
07:19 mais en fait, ce qu'on s'aperçoit, c'est que là, encore une fois,
07:22 c'est la créativité et l'intelligence humaine
07:25 qui font tout ce qu'il y a dans ce type d'outils.
07:27 Ces outils n'existent que par le contenu
07:30 qu'a apporté l'être humain dedans.
07:32 C'est l'être humain qui l'enrichit.
07:34 La manière dont l'être humain le met en place,
07:37 c'est ça qui fait qu'il devient plus créatif,
07:40 comme le disait Pierre-Emmanuel.
07:42 Les ingénieurs ont trouvé une technique
07:44 et une manière de l'utiliser
07:46 qui leur permet de travailler plus efficacement.
07:48 Sur le centre de recherche chez Talent,
07:51 ce que l'on regarde, c'est comment appliquer ce type d'outils
07:54 dans des cas pratiques.
07:55 On ne fait pas de la recherche fondamentale,
07:58 mais de la recherche appliquée.
08:00 On regarde comment, dans le domaine de la banque,
08:03 de la finance, de l'assurance ou de la santé,
08:05 ce type d'outils peut aider le travail des médecins
08:08 à faire des recherches plus efficaces.
08:10 -C'est une technique qui est très utile.
08:13 -Oui, mais elle ne vous substitue pas.
08:15 Vous auriez confiance à une IA qui vous dirait
08:18 que vous avez tel type de maladie, voilà le traitement,
08:21 sans qu'il y ait un regard humain.
08:23 Quand le médecin va avoir cet outil
08:25 qui va lui donner des indications
08:27 sur la manière dont vous pourriez...
08:29 Des modèles prédictifs, vous voyez.
08:32 Ce type d'IA, la manière dont vous apportez un traitement,
08:35 c'est le médecin qui va trancher à la fin.
08:38 -Leur apprendre à éduquer ces IA,
08:39 leur apprendre à mieux maîtriser notre métier,
08:42 nos attentes, vous appelez ça des "dresseurs d'IA".
08:45 Est-ce que tout le monde est "dresseur d'IA"
08:47 ou il y aura des métiers spécifiques ?
08:49 -En fait, "dresseur d'IA" est un nouveau mot,
08:52 un nouveau concept qui est apparu.
08:54 Aujourd'hui, dans les grands industriels,
08:56 c'est les départements méthode.
08:58 Ce sont les gens qui sont à l'interface
09:01 entre les DSI et les opérationnels.
09:03 Ces métiers existent déjà pour nous.
09:05 Et en fait, c'est vrai qu'on voit
09:07 un peu dans la tendance que ces métiers,
09:09 ces métiers méthode, "dresseurs d'IA",
09:12 si on peut dire, vont augmenter, en fait,
09:14 pour venir aider de plus en plus les opérationnels.
09:17 Dans cette logique-là, on préfère parler d'ingénierie augmentée.
09:20 On va pas remplacer l'ingénieur, on va l'augmenter
09:23 avec des bots et des IA génératifs qui vont lui permettre
09:26 d'être plus créatif, de trouver la bonne architecture
09:29 d'un véhicule hydrogène, d'un avion hydrogène,
09:32 et de venir répondre aux grands défis environnementaux.
09:36 -Vous faisiez référence à l'étude que vous avez menée
09:38 sur l'utilisation de l'IA dans le cadre d'un hackathon.
09:42 Le laboratoire IA a publié le résultat aussi
09:44 de son enquête sur les usages d'impact de l'IA au travail.
09:47 96 % des répondants ayant déclaré utiliser
09:50 un système d'intelligence artificielle
09:52 dans leur organisation estiment que cette IA a eu un impact
09:56 très positif ou plutôt positif sur leur travail.
09:58 Donc on voit que, finalement, quand on s'empare vraiment
10:02 de l'outil, peut-être que certaines angoisses disparaissent,
10:05 mais en tout cas, on sait quoi en faire.
10:07 Il y a un besoin, aujourd'hui, d'utiliser ces IA, sans doute.
10:11 C'est pas quelque chose de superflu.
10:14 -Oui, de toute façon,
10:15 les métiers sont transformés par l'IA, on s'en saisit.
10:18 Le 1er point, c'est de comprendre, après, c'est de se former
10:22 ou de former, et ensuite, c'est d'expérimenter,
10:24 de mettre l'IA en pratique sur des cas d'usage concret,
10:27 parce que si on reste dans le modèle théorique,
10:30 on voit pas à quoi ça sert.
10:32 C'est d'appliquer l'IA sur des cas concrets
10:34 et, très sincèrement, c'est pas quelque chose de magique,
10:38 ça reste de l'informatique, améliorée par rapport
10:41 à ce qu'on a pu connaître dans le passé,
10:43 mais ce sont des outils qui, encore une fois,
10:46 facilitent la vie des ingénieurs, des chefs de projet,
10:49 des médecins, des responsables de marketing,
10:51 donc qui leur apportent une nouvelle manière de travailler,
10:55 mais ça transforme les métiers plus que ça ne les supprime.
10:58 -43 % des non-utilisateurs
11:01 envisagent cette dimension comme un élément de risque.
11:04 Est-ce que vous pensez que la bascule de la confiance
11:07 se fait au moment de l'utilisation ?
11:09 Il est presque urgent, finalement,
11:11 de mettre ces outils entre les mains de tout le monde
11:14 pour expérimenter ce que ça donnera dans son travail.
11:17 -On voit bien que la révolution d'OpenAI,
11:20 qui est arrivée, avant l'arrivée d'un acteur comme OpenAI,
11:23 finalement, il y avait une certaine réticence dans les entreprises
11:26 et les gens étaient assez méfiants et défiants
11:29 envers les sciences artificielles.
11:31 Avec l'arrivée de ces nouvelles approches,
11:34 ça a complètement changé.
11:35 Tout un chacun, comme vous, peut-être,
11:37 vous avez pu faire l'expérience de ces "chet bots".
11:40 Ca amène les gens à se poser la question
11:43 de comment faire évoluer leur métier,
11:45 comment le faire plus performant
11:47 et comment aider l'entreprise à gagner en productivité.
11:50 -Là-dessus, parce que vous, vous travaillez avec les ingénieurs
11:53 qui expérimentent une nouvelle façon de travailler,
11:56 vous leur donnez un outil qui leur permet de prendre
11:59 de meilleures décisions, vous sentez qu'il y a une bascule
12:03 dans l'utilisation de l'outil ?
12:04 -D'une manière globale, dans nos domaines,
12:07 l'IA n'est pas très développé.
12:09 Pour une raison simple,
12:10 à partir du moment où on touche la vie des gens,
12:13 comme quand on conçoit un avion, une voiture...
12:15 -Des systèmes critiques industriels.
12:18 -Ou ceux de tous les jours que vous pouvez utiliser
12:20 et qui peuvent mettre en danger la vie humaine,
12:23 l'IA est un frein.
12:24 Les ingénieurs ont peur de ça car on ne sait pas comment ça résonne.
12:28 Ca sera peut-être plus le cas dans quelques années.
12:31 On est tous d'accord que Kasparov avait certainement raison
12:34 en disant que le meilleur combo, c'est celui de l'homme et de la machine.
12:38 L'IA a du sens, bien évidemment.
12:40 On n'est pas contre l'IA, mais ça a du sens sur des choses
12:43 où c'est pas critique.
12:44 Passer les spécifications, comme disait Pierre-Emmanuel,
12:48 d'un document "word" imbitable à quelque chose de plus structuré,
12:51 c'est très bien, mais il faut être sûr de ne pas en avoir oublié.
12:55 Si vous avez oublié qu'il faut sortir le train d'atterrissage,
12:58 vous avez un avion qui se pose sur le ventre.
13:01 -Les avantages, mais aussi les inconvénients, les risques,
13:04 ces angoisses autour de la transformation du travail
13:08 par les IA, elles sont aussi fondées sur des bases réelles.
13:12 Qu'est-ce que ça peut bousculer ?
13:14 Où sont les risques de cette irruption
13:17 des nouveaux usages professionnels de l'IA ?
13:19 Ah !
13:23 Vous êtes vraiment au-delà de la conviction.
13:26 -Est-ce que cette chatte d'Ingrid y a fait la question ?
13:30 -Toute technologie a des biais.
13:32 N'importe quelle technologie,
13:34 si elle n'est pas utilisée de manière éthique, responsable,
13:38 elle peut avoir des biais.
13:39 L'entraînement des gros modèles d'IA,
13:42 par exemple, a un impact sur l'environnement.
13:45 Ca utilise des centaines de milliers de serveurs qui tournent.
13:48 Donc, il faut trouver des techniques
13:51 pour entraîner de l'IA de manière plus responsable,
13:54 aussi bien sur le contenu que sur l'impact environnemental.
13:58 Ca, par exemple, peut faire partie des réflexions.
14:01 Sur tout ce qui est la dimension éthique,
14:04 quand vous prenez un outil de type,
14:06 celui du chat GPT de OpenAI,
14:08 il a été entraîné sur des gros volumes de données,
14:11 mais il y a un ajustement humain derrière.
14:14 Et cet ajustement humain,
14:15 comme OpenAI n'a d'opène que le nom de l'entreprise,
14:20 n'explique pas comment ça a été fait.
14:22 Des garde-fous ont été mis, mais qui sont décidés
14:25 par des êtres humains qui ont décidé ce qui était bien.
14:28 Et donc, évidemment, ça, ça peut être des défauts
14:32 ou des biais de l'IA, mais qui sont...
14:35 -Il y a des risques de perte de compétence
14:37 au sein de l'entreprise,
14:39 ou de faire trop confiance
14:41 aux résultats qui sortent après mon prompt.
14:45 Une fois que j'ai rédigé ce prompt,
14:48 est-ce que je ne vais pas faire trop confiance
14:50 aux résultats qui apparaissent ?
14:52 -On n'a pas un risque de perte de compétence et de bon sens ?
14:55 -Non, alors je pense que, déjà, dans votre remarque,
14:58 il y a un premier aspect.
15:00 Les entreprises ne pourront pas utiliser tel quel ces chatbots,
15:03 donc il va falloir les entraîner,
15:05 créer des bases de données assez structurées
15:08 et assez conséquentes pour pouvoir, derrière,
15:10 imaginer faire fonctionner ces systèmes-là.
15:13 -Ce sont de nouveaux métiers
15:14 qui vont arriver dans l'entreprise.
15:16 -C'est amener les ingénieurs à non pas stocker les données
15:19 qu'ils ont produites dans des bases de données,
15:22 mais plutôt à écrire leur savoir, la manière dont ils raisonnent.
15:26 On revient à ce que Vincent et moi-même proposons
15:28 dans nos solutions logicielles.
15:30 Ca, ça va être un point important.
15:32 Après, il va y avoir besoin d'explicabilité,
15:35 de systèmes d'interface d'aide à la décision
15:38 pour, derrière, être capable de donner ces raisonnements-là
15:41 et expliquer de bout en bout
15:43 pourquoi telle solution a été choisie par une autre solution.
15:47 -Et puis, il y a la question du management,
15:49 de l'organisation de l'entreprise.
15:51 Qui sait, qui a raison, qui détient la connaissance, le savoir ?
15:55 Tout ça peut être très profondément bousculé, également.
15:58 -Eh bien, c'est pour ça qu'il faut venir
16:01 au MBA Intelligence Artificielle.
16:03 -C'est pour ça que vous nous invite,
16:05 pour nous partager votre savoir.
16:07 -Je pense que la formation, encore une fois,
16:09 j'ai l'impression de me répéter, est essentielle.
16:12 A partir du moment où vous êtes formé
16:14 aux technologies que vous utilisez,
16:16 vous n'en avez pas peur, vous les maîtrisez,
16:19 vous ne voulez pas les suspendre, vouloir faire des moratoires,
16:22 en interdire l'accès serait ce qu'il y a de pire.
16:25 Il faut que ces outils soient le plus largement diffusés,
16:28 le plus largement utilisés et enseignés.
16:31 Il y a des universités ou des écoles qui l'interdisent,
16:34 d'autres qui l'inscrivent dans leur cursus.
16:36 Ces outils-là doivent être généralisés en entreprise.
16:39 Encore une fois, sur le centre de recherche de talent,
16:43 on essaye de généraliser, d'apporter à l'ensemble
16:45 de l'entreprise, au travers de fiches, de notes,
16:48 comme type d'usage et comme mise en oeuvre.
16:51 Je crois que c'est fondamental.
16:53 Il faut éviter, effectivement, une rupture, une fracture
16:56 entre ceux qui savent, ceux qui seraient les sachants de l'IA,
16:59 et ceux qui n'y auraient pas accès.
17:01 Ce serait dramatique pour ce type de doutes.
17:04 Mais, comme pour tout outil numérique,
17:06 c'est-à-dire que la fameuse fracture numérique
17:09 est quelque chose de dramatique,
17:11 car il y a ceux qui ont accès aux outils numériques
17:13 et ceux qui ne l'ont pas.
17:15 L'IA n'est que le prolongement de ces outils numériques.
17:18 Il y a un plus large accès à des outils
17:20 qui paraissent assez extraordinaires,
17:23 mais qui, en réalité, sont une évolution du numérique.
17:26 -Sur la manière dont ça peut bousculer l'organisation
17:29 au sein d'une entreprise ?
17:30 -Tout à fait. Il y a un impact majeur
17:32 sur la façon d'organiser l'entreprise.
17:35 Si on regarde les 10 dernières années,
17:37 comment les ingénieurs fonctionnent,
17:39 les métiers sont assez silotés.
17:41 Ca veut dire que le métier,
17:42 le département qui va travailler sur le moteur,
17:45 par exemple, rendra sa copie,
17:47 proposera la meilleure architecture,
17:49 celui qui concevra la boîte de vitesse fera la même chose,
17:52 et celui qui fera le design global, la même chose.
17:55 On espère que ces 3 domaines vont se marier correctement.
17:58 C'est la manière dont les ingénieurs travaillent.
18:01 Avec le système d'aide à la décision,
18:03 on bouscule complètement les frontières
18:06 et on remet vraiment au centre du village, en quelque sorte,
18:09 le savoir, et on met tous les ingénieurs autour de la table,
18:13 autour d'un même système d'aide à la décision,
18:16 pour les aider à trouver la bonne solution.
18:18 C'est ça qui est intéressant, avec cette révolution.
18:21 -Vous faites de la compétition entre les métiers.
18:24 Une compétition saine, parfois.
18:26 -Oui, sauf que la compétition n'est pas à sortir
18:29 le meilleur composant, mais plutôt à structurer
18:32 le mieux possible son savoir et ses données.
18:34 C'est ça qui est intéressant. Ca redessine complètement
18:37 les frontières entre les départements
18:39 et la façon dont on structure l'entreprise.
18:42 -Est-ce que demain, un excellent ingénieur
18:45 sera celui qui utilise le mieux ces nouveaux outils ?
18:47 -Oui. Typiquement, je pense qu'il faut garder...
18:50 On parle beaucoup d'humains, en fait, autour de la table.
18:54 Il faut garder cet aspect de confrontation.
18:56 Tous les ingénieurs, dans toutes les industries,
18:59 ont des bons processus. C'est leur confrontation
19:02 qui fait qu'on va aboutir au bon modèle
19:04 à la bonne prise de décision.
19:06 Je suis d'accord pour déployer l'IA.
19:08 Sur plein de sujets, ça apporte de la valeur,
19:10 où c'est des tâches répétitives.
19:12 Il faut donner la main à chacun d'exprimer sa vision des choses.
19:16 C'est cette confrontation qui nous amène à la bonne décision.
19:19 -Merci à tous les trois.
19:21 Pierre-Emmanuel Dumouchel de Dessia,
19:23 Laurence Ervony de Devinci,
19:25 et Vincent Ollet de Gigli.
19:26 On se retrouve juste après une petite pause.
19:29 On va parler du biomimétisme,
19:31 comment la nature nous donne une nouvelle perspective

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