La loi très attendue sur la restauration de la nature votée mercredi par le Parlement européen a été amputée de plusieurs de ses objectifs phares sous la pression de la droite alliée à une partie de l’extrême-droite. Analyse complète du vote et de ses conséquences avec le député européen Benoît Biteau ( les Verts ).
Avec Jean-Jacques Régibier, journaliste.
Avec Jean-Jacques Régibier, journaliste.
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00:00 Bonjour et bienvenue dans cette rencontre depuis le Parlement européen de Strasbourg.
00:04 Restaurer la nature, c'est l'un des grands enjeux de l'Union européenne
00:08 et pas seulement d'ailleurs pour cette législature.
00:11 Les députés européens se sont prononcés aujourd'hui, ce mercredi, il y a quelques minutes,
00:17 dans un climat qui était, il faut le dire, extrêmement tendu, très polémique.
00:21 D'ailleurs, deux manifestations internationales ont eu lieu devant le Parlement européen hier mardi.
00:27 Et les députés viennent de rendre leur verdict.
00:31 Ils ont dit oui, mais qui y a-t-il exactement derrière ce oui ?
00:35 On en parle tout de suite avec vous, Benoît Bittaud.
00:38 Je rappelle que vous êtes député européen des Verts.
00:40 Bonjour et merci d'être avec nous sur le plateau.
00:43 Je veux dire, quelle est votre réaction ?
00:45 Vous en sortez de l'hémicycle du Parlement, vous venez de voter.
00:49 Quelle est votre réaction à chaud ?
00:52 C'est un passage qui a été éminemment politisé.
00:55 C'est-à-dire que le PPE avait fait des enjeux de l'agriculture,
00:59 après son congrès il y a un peu plus d'un mois maintenant,
01:02 un véritable enjeu de cette loi sur la restauration de la nature,
01:06 qui était l'occasion pour eux de défendre une sorte de manifesto du PPE sur…
01:13 – La droite, sur l'opinion.
01:14 – Voilà, sur leur vision de ce que pourrait être le pacte vert,
01:19 avec des incohérences malgré tout,
01:23 en tout cas des choses qui ne se vérifient plus quand on consulte les scientifiques,
01:28 qui consistent à dire que plus on prend soin du climat,
01:31 plus on prend soin de la biodiversité, plus on prend soin de la nature,
01:34 plus on s'éloigne de la souveraineté alimentaire,
01:38 plus on s'éloigne de revenus dignes et décents pour les paysans.
01:41 Et donc ça, c'est absolument plus la vérité, c'est une logique,
01:47 un raisonnement qui est bloqué dans la fin du XXème siècle.
01:50 Aujourd'hui, on se rend compte que si vraiment on veut tenir la souveraineté alimentaire,
01:54 si vraiment on veut soutenir un revenu digne et décent pour les paysans,
02:00 nous avons tout intérêt à protéger la nature,
02:03 à lutter, à s'attaquer frontalement contre le changement climatique,
02:07 et donc cette position est vraiment éculée et surprenante de la part de gens
02:13 qui, quand on est élu, normalement, devraient prendre soin de l'intérêt commun,
02:17 devraient imaginer des cadres réglementaires qui prennent soin de l'intérêt commun,
02:21 et surtout devraient préparer au mieux l'avenir des générations futures.
02:25 Donc cette loi allait voter, effectivement au travers d'amendements,
02:28 au travers de discussions, parce qu'il y a eu cette forte résistance.
02:32 Beaucoup de textes, beaucoup de contenus de cette loi ont été vidés de leur sens,
02:37 mais elle existe, et c'est à nous maintenant de l'améliorer,
02:40 c'est à nous maintenant de l'amender, c'est à nous maintenant de faire en sorte
02:45 qu'elle devienne une loi importante pour les générations futures.
02:48 – Beaucoup de textes, de parties de cette loi, de ce texte que vous venez,
02:53 enfin qui a été voté en tous les cas il y a quelques minutes ici,
02:56 ont été édulcorés, vous venez de le dire,
02:59 j'allais dire, qu'est-ce qui a été enlevé, qui a de l'importance finalement,
03:03 qui aura de l'importance et qui aurait de l'importance s'il avait été voté ?
03:08 – C'est principalement sur les sujets de l'agriculture,
03:11 c'est-à-dire que, je ne peux pas détailler parce qu'il y a beaucoup,
03:14 beaucoup d'amendements qui ont été malheureusement votés,
03:17 à des courtes majorités d'ailleurs, mais toutes ces solutions
03:22 qu'on appelle "basées sur la nature", même si je n'aime pas trop cette expression,
03:26 mais tout le monde la comprend parce qu'y compris une belle expression comme ça
03:29 est reprise par des gens qui n'ont pas tout à fait la même définition
03:35 des solutions basées sur la nature, c'est principalement ça
03:38 qui a été vidé de son sens dans cette loi-là,
03:41 et je pense que la principale impactée par des amendements
03:47 qui vident un peu la substance de cette loi,
03:50 c'est effectivement le sujet de l'agriculture qui vraiment a souffert d'amendements
03:56 qui enlèvent les avancées intéressantes qu'on pouvait trouver sur cet axe-là.
04:01 Malgré tout, je pense qu'on va entrer dans la prochaine mandature,
04:06 dans la discussion de la future PAC, et je pense que malgré tout,
04:10 on ne pourra pas complètement faire abstraction dans la discussion de cette future PAC,
04:16 bien sûr de la stratégie de la ferme à la fourchette,
04:20 de la stratégie sur la biodiversité, mais aussi de cette loi pour la restauration de la nature,
04:25 ce sera quand même quelque chose qui proposera un garde-fou
04:29 pour éviter que cette PAC ne soit pas dans la continuation de logique ultralibérale
04:35 tournée vers l'économie de marché au détriment du climat et de la biodiversité.
04:40 – Derrière ce qui vient d'être voté ici au Parlement européen,
04:43 il y a les questions récurrentes qui concernent l'environnement aujourd'hui,
04:47 le réchauffement climatique, les émissions carbone,
04:51 est-ce que d'après ce que vous en voyez, d'après le résultat d'un vote comme celui d'aujourd'hui,
04:57 vous voyez que ces questions-là vont aller dans un sens positif en Europe,
05:02 ou au contraire vont marquer un peu le pas ?
05:05 C'est peut-être un peu tôt pour en parler, mais quelle est la tendance ?
05:09 – Il y a la volonté de certains conservateurs et libéraux de marquer le pas,
05:14 on le voit en France avec notre Président de la République qui dit qu'il faut faire une pause,
05:18 alors qu'au contraire, ce sur quoi il faut faire une pause,
05:23 c'est sur cette inaction climatique.
05:26 L'État français a été condamné à deux reprises pour l'inaction climatique,
05:29 donc c'est là-dessus qu'il faut faire une pause, c'est sur l'inaction climatique.
05:32 Aujourd'hui, tous les scientifiques sérieux nous disent qu'il y a un caractère d'urgence,
05:36 mais on voit bien que dans l'émergence du nouveau monde,
05:40 de nouvelles politiques publiques nécessaires,
05:44 il y a toujours cette résistance à ne pas vouloir quitter l'ancien monde.
05:48 Et donc, notre vigilance, elle est là,
05:52 de vérifier que dans ce clair-obscur, on ne fasse pas naître des monstres.
05:58 Et malgré tout, même si c'est une courte majorité,
06:01 même si le texte est sévèrement édulcoré,
06:03 c'est quand même une entrée, on a mis un pied dans la porte,
06:07 une entrée dans le monde d'après,
06:10 où même s'il y a une tentative de ne pas l'imaginer,
06:14 on commence à poser les bases, certes peut-être trop faibles encore,
06:19 du monde d'après, et moi je pense que c'est quand même là-dessus qu'il faut qu'on s'appuie,
06:24 et c'est de ça qu'il faut qu'on se réjouisse aujourd'hui.
06:27 – Vous êtes vous-même agriculteur, le monde agricole était-il mobilisé,
06:31 est-ce qu'il s'attendait au résultat, est-ce qu'il était attentif au résultat de ce vote,
06:36 est-ce que ça a de l'importance pour lui ?
06:38 – Alors oui, le monde agricole était très mobilisé contre ce vote,
06:42 enfin en tout cas pour convaincre des députés de ne pas voter cette loi
06:47 sur la restauration de la nature, on l'a vu hier matin
06:49 avec la mobilisation du COPA et de la COGECA,
06:52 avec en France la déclinaison FNSEA,
06:55 Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles et les Jeunes Agriculteurs,
06:58 ils étaient là devant les portes du Parlement à Strasbourg,
07:03 on voit bien que le monde agricole était mobilisé,
07:07 mais leurs arguments, les motifs de leur mobilisation
07:12 s'appuient sur des biais absolument incroyables,
07:16 c'est-à-dire que d'abord ils racontaient qu'on allait confisquer 20%
07:21 de leur structure agricole pour produire, c'est absolument faux,
07:24 et puis enfin, quand on y regarde de près,
07:27 il faut qu'on sorte de ces logiques cloisonnées,
07:29 où on est en train de penser qu'on ne pourrait pas faire d'agriculture
07:32 sur des zones de protection de la biodiversité,
07:35 alors que précisément on a besoin d'activités d'élevage,
07:38 par exemple sur les zones humides, sur les zones de montagne,
07:40 et c'est précisément parce qu'il y a des activités d'élevage sur ces zones-là
07:44 qu'on peut préserver de la biodiversité,
07:46 la biodiversité faunistique, la biodiversité floristique,
07:51 et donc la nature fait la démonstration sur ces zones-là
07:55 que c'est la meilleure alliée des agriculteurs.
07:59 Voilà un exemple de biais dans leur raisonnement qui est absolument incroyable,
08:02 et il faut aussi qu'ils admettent que sur des zones
08:06 où on a des pratiques agricoles productives,
08:08 on doit aussi préserver de la biodiversité.
08:11 Si on n'a plus de pollinisateurs demain,
08:13 l'activité agricole est la première victime de ces logiques
08:16 qui effacent les pollinisateurs.
08:18 Or, toutes les études scientifiques montrent que l'agriculture
08:22 est à l'origine de la disparition de 70% des cortèges d'insectes,
08:26 de 40% des cortèges d'oiseaux,
08:28 qui sont des alliés incontournables, incontestables de la souveraineté alimentaire.
08:34 Donc c'est des erreurs extrêmement sévères dans l'analyse du monde agricole.
08:41 Et puis il y a un autre sujet qui était traité dans la loi sur la restauration de la nature,
08:45 c'est le sujet de l'eau, et des milieux aquatiques du coup,
08:49 parce qu'on est toujours en train d'imaginer des solutions
08:53 qui sont des fuites en avant, qui sont des solutions qui règlent les conséquences
08:58 des dérives des pratiques agricoles qu'on connaît depuis des décennies,
09:01 comme les méga-bassines par exemple.
09:03 Sauf que ce monde agricole qui a effacé les méandres des cours d'eau,
09:08 qui a recalibré les cours d'eau pour que l'eau parte toujours plus vite à la mer,
09:12 qui a effacé les zones humides pour les drainer, pour les labourer,
09:16 qui font que des herbivores ne mangent même plus d'herbe,
09:19 doivent revisiter leurs pratiques agricoles,
09:21 et doivent s'appuyer sur la loi sur la restauration de la nature,
09:25 pour dire "il faut qu'on reméandre les cours d'eau, il faut qu'on ralentisse l'eau,
09:28 il faut qu'on la retienne sur les bassins versants,
09:31 pour que cette eau recharge les nappes souterraines de façon efficace,
09:36 et de manière à ce que tous les usages de l'eau puissent être satisfaits,
09:39 y compris les usages liés à l'irrigation".
09:41 En Alsace, on pensait qu'on était assis, appuyés sur une ressource en eau parfaitement inépuisable,
09:48 et on voit bien en 2023, la vulnérabilité de cette ressource en eau,
09:54 on voit bien en 2023 que ce qu'on croyait intarissable est extrêmement menacé.
10:00 Donc on doit revisiter tout ça.
10:01 Et donc, le monde agricole a tout intérêt à coopérer avec la nature,
10:06 sauf que depuis des décennies, il s'est plutôt acharné à tenter de la mettre au pas,
10:12 et c'est ça l'erreur fondamentale.
10:14 Et donc, tant qu'ils n'auront pas compris ça,
10:16 et bien effectivement, ils feront des erreurs d'analyse, des erreurs de jugement,
10:20 et donc des erreurs d'orientation absolument graves.
10:23 – D'autant qu'il n'a jamais été question, dans ces mutations nécessaires,
10:28 que les agriculteurs ne soient pas aidés, bien sûr qu'ils vont être et qu'ils doivent être aidés.
10:33 Ça c'est aussi, l'Europe est engagée sur cette question.
10:36 – Mais il ne faut pas qu'on imagine ça contre les agriculteurs,
10:39 d'ailleurs la loi sur la restauration de la nature,
10:42 ce n'est pas une loi contre les agriculteurs.
10:44 La stratégie de la ferme à La Fourchette, la stratégie pour la biodiversité,
10:49 ne sont pas des stratégies contre les agriculteurs,
10:52 c'est précisément l'inverse.
10:53 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, quand on regarde les études scientifiques,
10:56 on voit que quand on adopte les grandes orientations
11:00 qui sont posées dans ces textes législatifs,
11:02 c'est les premiers bénéficiaires de ces orientations-là.
11:07 Et maintenant, il faut qu'on transforme les c avec la politique agricole commune,
11:11 c'est-à-dire que la politique agricole commune,
11:13 on a eu un rapport la semaine dernière en commission de l'agriculture,
11:17 60% des aides, des premières aides versées,
11:20 ne sont absolument pas conditionnées.
11:22 Donc ça conduit à un constat qui est absolument désastreux,
11:27 c'est-à-dire que 60% des aides continuent à perfuser
11:31 les pratiques agricoles dont il faudrait qu'on se débarrasse
11:35 pour être au rendez-vous de l'histoire,
11:36 sur le climat, sur la biodiversité, sur la santé.
11:39 Et du coup, on a dépensé ces 60% sans conditionnalité,
11:43 on perfuse ce modèle qui devrait disparaître,
11:45 et donc il ne disparaît pas parce qu'on le perfuse,
11:48 et on a plus que 40% des aides pour accompagner la transition,
11:51 pour accompagner la bifurcation.
11:53 Si demain, il y a une vraie ambition autour de la politique agricole commune,
11:56 c'est de mobiliser la totalité de l'enveloppe
12:00 sur la bifurcation agricole.
12:01 Et les premiers bénéficiaires de ces logiques-là,
12:04 c'est les agriculteurs eux-mêmes.
12:05 Donc à continuer de s'opposer à ces orientations-là,
12:11 ils sont en quelque sorte dans un sévère syndrome de Stockholm,
12:14 c'est-à-dire qu'ils passent leur temps à venir à la défense
12:18 en soutien de leurs bourreaux,
12:21 que sont les vendeurs de pesticides,
12:23 les vendeurs d'engrais de synthèse, les vendeurs de semences,
12:25 et à l'aval de l'industrie agroalimentaire,
12:28 comme Cargill par exemple,
12:30 qui fait la pluie et le beau temps sur le prix des denrées agricoles,
12:32 et qui spéculent avec un cynisme et une indécence rare
12:35 sur une guerre en Ukraine, sur une sécheresse l'été dernier.
12:39 On voit bien que quand on approche les choses dans une approche globale,
12:43 on n'a pas intérêt à continuer sur cette voie-là,
12:46 et que si à un moment donné, on dit stop à tout ça,
12:50 et qu'on bifurque, franchement, c'est le monde agricole,
12:54 c'est les agriculteurs qui vont être les grands bénéficiaires de cette bifurcation.
12:57 Parmi les arguments qui ont été avancés
12:59 par ceux qui étaient fondamentalement contre
13:02 tout ce qui pourrait être une loi de restauration de la nature,
13:06 il y avait l'argument de la sécurité alimentaire
13:08 qui ne serait peut-être plus assurée dans les conditions
13:12 qui seraient celles que mettrait en place la nouvelle loi.
13:15 On est dans la fake news, là ?
13:17 Absolument, on est complètement aux antipodes
13:20 de ce que nous disent tous les scientifiques.
13:23 J'ai eu l'honneur et le plaisir de présider
13:26 les porteurs de l'initiative citoyenne européenne.
13:30 Une initiative citoyenne européenne,
13:32 c'est sur une période d'un an,
13:34 plus d'un million de citoyens européens qui ont signé une pétition
13:38 et qui sont issus d'au moins 6 États membres différents.
13:40 J'ai eu le plaisir, l'honneur d'auditionner les porteurs d'une ICE
13:46 qui s'appelle "Sauvons les abeilles, sauvons les paysans",
13:49 qui fait le lien évident entre la nécessaire protection de la biodiversité
13:55 et la sauvegarde des paysans, et donc de la souveraineté alimentaire.
13:58 Pendant 4 heures, j'ai vu défiler des scientifiques du monde entier
14:03 nous expliquer que la souveraineté alimentaire,
14:06 si on veut l'imaginer dans la durée,
14:08 c'est précisément dans des approches où on prend soin de la nature,
14:12 où le monde agricole coopère avec la nature.
14:14 Et donc en vérité, y compris sur ce sujet de la souveraineté alimentaire,
14:19 si on veut imaginer dans cette approche globale
14:23 une souveraineté alimentaire qui s'inscrit dans la durée,
14:26 on doit dès maintenant attraper à bras le corps le sujet du climat,
14:31 le sujet de la biodiversité,
14:33 et c'est en attrapant ces sujets à bras le corps
14:36 qu'on va sauver les paysans,
14:38 et donc qu'on va sauver la souveraineté alimentaire.
14:42 Notre slogan c'est "No nature, no food",
14:44 c'est-à-dire que sans nature, il n'y a pas de nourriture.
14:48 Et c'est ça qu'il faut qu'on intègre.
14:50 Et malheureusement les indicateurs récents montrent,
14:52 depuis 10 ans maintenant,
14:54 que l'agriculture productiviste qui s'appuie sur les pesticides,
14:56 les engrais de synthèse,
14:58 est précisément le modèle agricole qui menace notre souveraineté alimentaire,
15:02 c'est-à-dire qu'on voit les rendements s'effondrer
15:04 parce qu'on n'a pas pris soin de la fertilité des sols,
15:07 on n'a pas pris soin des milieux aquatiques
15:09 qui permettent le rechargement des nappes phréatiques
15:11 et des nappes souterraines.
15:13 Et donc c'est ça qui menace véritablement la souveraineté alimentaire,
15:17 et donc c'est à partir de ce constat-là
15:20 qu'on doit imaginer l'avenir de l'agriculture
15:23 et donc l'avenir de la souveraineté alimentaire.
15:25 – En ce qui concerne, j'allais dire, les enseignements politiques
15:29 sur la composition des opinions et des points de vue
15:33 au sein du Parlement européen,
15:35 ce vote a aussi une grande importance,
15:38 il marque aussi un tournant,
15:39 puisque vous l'avez dit en quelques mots tout à l'heure,
15:42 il y a une volonté clairement de tenter de remettre en place
15:47 un autre type d'alliance politique au sein du Parlement européen,
15:51 ce qui est quand même une très grande nouveauté,
15:53 j'allais dire, par rapport à l'origine même du Parlement européen
15:56 et des institutions européennes.
15:58 – Moi, je vais peut-être être très dur,
15:59 mais moi je pense que cette loi sur la restauration de la nature
16:04 illustre une nouvelle dichotomie sur l'échiquier politique
16:08 entre ceux qui sont à la botte des corporatismes,
16:14 à la botte des lobbies qui servent des intérêts privés,
16:18 des intérêts individuels d'une minorité,
16:23 et toute obédience politique confondue d'ailleurs,
16:28 des élus qui enfin écoutent les attentes sociétales,
16:33 les attentes citoyennes, je parlais de l'ICE tout à l'heure,
16:36 mais quand on parle de cette loi pour la restauration de la nature,
16:38 on sent bien que l'opinion publique y est très sensible, très attentive,
16:43 et que donc, cette dichotomie à laquelle j'assiste
16:48 montre que même si la majorité est encore trop faible,
16:52 il y a quand même dans cet hémicycle des députés qui sont sensibles,
16:56 qui ne sont pas hors sol donc, qui sont sensibles aux attentes sociétales,
17:00 aux attentes citoyennes, et ça me paraît fondamental
17:03 quand on pilote des politiques publiques qui vivent,
17:06 qui fonctionnent avec l'argent public.
17:08 – Il va y avoir les élections européennes dans quelques mois maintenant,
17:12 dans une dizaine de mois aujourd'hui,
17:14 mais quand les sessions du Parlement reprendront en septembre,
17:18 ce sera huit mois, est-ce que vous pensez que ces questions sociétales,
17:22 d'environnement, ces questions dont on parle là depuis le début,
17:26 vont être des questions centrales, débattues, est-ce qu'elles devraient l'être,
17:29 en tout cas, est-ce que c'est des points sur lesquels vous allez vous appuyer
17:34 pour faire campagne ? J'allais dire vous au sens large,
17:36 puisque vous-même, vous employez ce mot au sens large.
17:39 – Oui, oui, c'est cette dichotomie, c'est-à-dire que moi je pense que,
17:43 et je l'espère en tout cas, c'est ce que je souhaite,
17:47 c'est que les élus, quelle que soit l'obédience politique,
17:50 qui seront à l'écoute des citoyens, ont une chance effectivement
17:54 de se démarquer dans cette élection européenne,
17:56 moi j'y crois fondamentalement,
18:00 et donc c'est ça qui va se jouer à cette élection européenne,
18:05 je ne peux pas présumer ou prédire le vote,
18:09 mais ce qui est sûr, c'est que beaucoup de citoyens aujourd'hui comprennent
18:12 qu'on ne peut pas traiter de l'enjeu climatique à l'échelon d'une nation,
18:16 qu'on ne peut pas traiter l'échelon de la biodiversité à l'échelon d'une nation,
18:20 qu'on ne peut pas traiter le sujet de l'eau à l'échelon d'une nation,
18:23 et que ces sujets-là, que sont le climat, la biodiversité, l'eau,
18:26 la souveraineté alimentaire dont on a parlé,
18:28 doivent s'approcher à l'échelon du continent,
18:31 et donc c'est ça le rôle de l'Union européenne,
18:33 c'est ça que doit remplir l'Union européenne,
18:35 beaucoup de gens sont en rejet de cette Union européenne,
18:38 en vérité, ce que ces gens rejettent de l'Union européenne,
18:42 c'est les orientations qu'elle a pu prendre ces dernières années,
18:45 et donc on a une occasion, rêvée une occasion,
18:49 qui se présente à nous que de changer la gouvernance au Parlement européen,
18:54 de mettre en situation de majorité des élus qui sont sensibles à ces sujets-là,
19:00 qui sont sensibles aux attentes sociétales,
19:02 et donc utilisons cette échéance électorale,
19:04 utilisons notre bulletin de vote pour changer la gouvernance,
19:07 c'est-à-dire que plutôt que de jeter l'eau du bain et le bébé avec,
19:10 et de repousser cette Union européenne,
19:12 faisons en sorte que les orientations prises par l'Union européenne,
19:16 soient enfin en adéquation avec les attentes sociétales et citoyennes,
19:19 et c'est ça l'intérêt d'une élection,
19:21 donc moi sans donner de consignes de vote,
19:23 ce que j'invite à faire les citoyens européens,
19:26 c'est de venir voter le 19 juin 2024, pour changer cette Europe,
19:31 et faire en sorte qu'on intègre,
19:34 que des sujets ne peuvent être traités qu'à l'échelon du continent,
19:37 et que le rôle du Parlement européen,
19:39 soit au rendez-vous de l'Histoire sur ces grands sujets.
19:42 – On en reparlera bien sûr d'ici là, merci beaucoup Benoît Dutot,
19:46 – Merci avec plaisir, bon courage.
19:47 – Et puis à bientôt, et merci à vous qui nous avez suivis,
19:50 à très bientôt à vous aussi, au revoir.
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