14 Juillet 1953 : six Algériens, un Français tués par la police
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Transcript
00:00 Il s'appelait Ammar Tabjadi Abdallah Bachar Larbi Daoui Abdelkader Dranis Mohamed Isidore
00:08 Iloum Medjen Tahr et Maurice Lureau, six Français musulmans d'Algérie et un Français militant
00:15 de la CGT, tous sont morts sous les balles de la police le 14 juillet 1953 lors d'un
00:21 défilé populaire à Paris.
00:22 La raison de cette tuerie ? Les drapeaux algériens brandis par les nationalistes algériens du
00:27 mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques et le portrait de son leader, Messali Hajj.
00:32 Pour aller plus loin, on reçoit notre consoeur Asya Hamza, rédactrice en chef adjointe
00:38 Nouveaux Médias, autrice d'un webdoc sur cette page historique.
00:41 Asya, merci d'être là.
00:43 Bonsoir.
00:44 Alors déjà, peut-être commencez par nous dire qui étaient ces hommes et que faisaient-ils
00:48 à ce défilé ?
00:49 Donc au total, parmi ces victimes, il y avait sept personnes.
00:52 Comme vous l'avez dit, il y avait un militant CGT qui était chargé du maintien de l'ordre
00:58 lors de ce défilé populaire et six Algériens, mais qu'on n'appelait pas encore des Algériens
01:02 puisqu'on les appelait les Français musulmans d'Algérie.
01:05 Et donc, ces Algériens étaient des nationalistes.
01:09 Ils étaient membres du mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques et à
01:14 l'époque, ils avaient l'habitude de se joindre au défilé populaire en France, notamment
01:19 le 1er mai, pour réclamer l'égalité des droits avec les Français.
01:25 Cette année-là, donc le 14 juillet 53, ils réclament en plus la libération de Messali
01:31 Hedge qui est leur leader et qui est en résidence surveillée à Niord depuis 1952.
01:36 D'accord.
01:37 Et pourquoi la police a-t-elle tiré sur la foule ?
01:40 Alors il faut savoir que ces Algériens étaient très très nombreux.
01:43 Ils étaient 6 à 8000 sur un défilé où il y avait entre 10 et 15 000 personnes selon
01:48 les chiffres officiels de la préfecture de police et ils étaient très visibles.
01:52 Ils étaient en queue de cortège.
01:53 Ils sont passés après les Français.
01:56 Ils étaient en dimanché et ils ont défilé vraiment sur quasiment un pas militaire.
02:01 Donc on les voyait beaucoup et ils ont arboré des banderoles, un portrait de Messali Hedge
02:07 et le drapeau qui sera celui de l'Algérie indépendante par la suite.
02:10 Donc les policiers ont pris ça comme une provocation.
02:13 Ils ont voulu leur enlever les banderoles, le portrait, les drapeaux.
02:17 Il y a eu une petite bagarre et en fait dans un deuxième temps, ils se sont retirés les
02:22 policiers et ensuite dans un deuxième temps ils sont revenus, beaucoup plus nombreux.
02:25 Ils ont chargé et ils ont tiré à balles réelles.
02:28 Et comment Assia vous expliquer que cette page de l'histoire est quasiment tombée
02:32 dans l'oubli 70 ans après ?
02:34 Il y a plusieurs raisons pour expliquer ça.
02:38 Malheureusement, officiellement la version qui a été donnée c'est la légitime défense.
02:44 Donc il y a eu une enquête judiciaire qui a été menée mais à charge.
02:48 Donc on a retenu les témoignages des policiers et on a écarté tous les témoignages des
02:53 Algériens ou des témoins puisqu'il y avait beaucoup de Français, de Parisiens
02:58 qui ont assisté à toute la scène.
03:01 Donc l'enquête elle s'est soldée par un non-lieu.
03:06 Ensuite, donc il n'y a aucun policier qui a été inquiété.
03:12 Ensuite, la deuxième chose c'est que les Algériens qui sont morts, malheureusement
03:15 ils sont morts trop tôt.
03:17 C'est-à-dire qu'ils sont morts avant le début de la guerre d'Algérie.
03:19 Donc ils n'ont pas été considérés comme des martyrs.
03:21 Et à partir du moment où la guerre d'Algérie a commencé, il y avait beaucoup trop de morts
03:25 pour qu'on porte leur mémoire.
03:26 Merci en tout cas Assia Hamza d'être venue.
03:30 Je recommande vivement la lecture de ce webdoc sur notre site internet de France 24.
03:36 Merci beaucoup.
03:37 Merci.
03:37 - Merci.