L'ANGLE ÉCO - Quand la nomination d'une lobbyiste américaine à la tête de la direction de la concurrence de l'Union Européenne fait polémique...

  • l’année dernière
Elle s'appelle Fiona Scott Morton. Elle est américaine. Elle a conseillé et travaillé pour quelques une des plus grosses entreprises du numérique : Apple, Microsoft ou Amazon. Et c'est elle que la Commission Européenne à la tête de la Direction de la Concurrence, chargée d'éviter les situations de monopole ou les stratégies anti-concurrentielles des GAFAM et de leurs homologues chinois. Houston (et Bruxelles !), on a un problème !
Regardez L'angle éco du 17 juillet 2023 avec Martial You.

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00:02 Avec Martial You à 7h38, ce nom qui agite beaucoup les esprits ces jours-ci, Martial, c'est Fiona Scott Morton.
00:13 C'est une lobbyiste américaine qui devrait prendre la tête de la direction de la concurrence de l'Union Européenne.
00:19 Pardon monsieur You, mais quel est le problème ?
00:21 Une américaine à Bruxelles, Fiona Scott Morton.
00:24 Américaine, brillante, professeure à l'université de Yale, ancienne de l'administration Obama.
00:30 Mais elle a aussi été consultante pour des cabinets de conseil américains, elle l'est encore,
00:34 et pour des entreprises comme Apple, Microsoft ou Amazon.
00:37 Et c'est là que ça commence quand même à poser un problème.
00:39 Aïe aïe aïe, quel serait son rôle ?
00:41 Économiste en chef de la direction générale de la concurrence.
00:44 Et la direction générale de la concurrence, elle est chargée de surveiller, notamment les géants du numérique.
00:49 Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.
00:51 Oui, ces anciens patrons, ceux pour qui elle travaillait ces derniers mois.
00:55 Donc il faut s'assurer qu'ils ne sont pas en position de monopole,
00:58 qu'ils ne nous imposent pas l'obsolescence programmée de leurs produits,
01:01 ou des chargeurs qu'ils sont les seuls à vendre.
01:03 Dans les exemples que je viens de citer, je fais référence à des affaires où l'Europe a fait condamner ces derniers mois
01:09 ces géants des technologies pour des pratiques qui n'allaient pas dans le sens des consommateurs,
01:13 que nous sommes tous autour de cette table.
01:14 Alors comme elle sera scrutée, ça peut l'obliger à être encore plus irréprochable, non ?
01:18 Bon alors, imaginez deux secondes, on inverse les choses.
01:21 Est-ce que les Américains confieraient le dossier Boeing Airbus à un Français, à votre avis ?
01:26 Non.
01:27 Non !
01:28 Je vais vous raconter une anecdote à Davos, fin janvier 2009.
01:31 Barack Obama est attendu au forum économique.
01:33 Il est en poste depuis moins de dix jours,
01:35 et sa première décision de président a été de relever les droits de douane sur les pneus
01:40 pour stopper l'arrivée des produits chinois chez lui.
01:43 À Davos, temple du libéralisme, c'est la stupeur à ce moment-là,
01:46 parce que le monde avait cru que Barack Obama était un symbole,
01:49 un philanthrope humaniste élu à la Maison Blanche.
01:52 Ben non, c'était d'abord le président des États-Unis qui défendait,
01:55 comme tous ses prédécesseurs, les intérêts de son pays.
01:58 C'est comme ça.
01:58 Une question, tiens.
01:59 Est-ce que la Commission européenne doit embaucher obligatoirement des Européens ?
02:02 Alors c'est quand même la pratique, oui.
02:05 Sur un effectif de 32 000 personnes, la Commission n'emploie aucun Américain à un poste central à Bruxelles.
02:11 On nous dit que sur tous les dossiers sensibles, elle se déportera Fiona Scott-Morton.
02:17 Ben oui, mais comme elle était au cœur de tous les dossiers sensibles de ces derniers mois,
02:21 on va donc nommer quelqu'un qui va passer son temps à se retirer pendant deux ans.
02:24 Non, il n'y avait pas un Européen compétent dans la salle.
02:27 Est-ce que ça faiblit l'Europe, ça ?
02:29 Ben oui, forcément.
02:29 Ça donne le sentiment que l'Europe n'existe pas, qu'elle est sous le joug des Américains.
02:33 Les anticommissions européennes, comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen,
02:36 se sont ruées sur cet argument.
02:38 On sait déjà que sur la taxe en tigafa, sur les sanctions à l'égard des Américains ou des Chinois,
02:43 on a du mal à adopter une politique commune entre les Français qui veulent des sanctions,
02:46 une politique dure, et des Allemands qui ont toujours peur de perdre leurs exportations américaines ou chinoises.
02:52 En plus, on fragilise aussi tous ceux qui croient aux rêves européens.
02:55 Et j'en fais partie.
02:56 Il y a un espace économique qui peut être une alternative aux USA et à la Chine.
03:00 Et ces deux empires-là sont déjà en train de renforcer leur protectionnisme pour se protéger en fait.
03:04 Absolument, ils favorisent leurs économies à grands coûts de subvention.
03:07 Alors on va arrêter l'éternelle naïveté européenne.
03:10 C'est le moment de mettre des règles de protection.
03:13 L'intelligence artificielle arrive, les voitures électriques chinoises arrivent,
03:17 l'exploitation des données personnelles devient un enjeu commercial.
03:20 Si l'Europe ne se protège pas en intégrant ses citoyens et ses responsables politiques
03:24 au sein d'un même projet économique et politique,
03:27 on transforme le strapontin actuel des populistes en trampoline pour les prochaines élections.
03:33 Un petit peu colère ce matin, Marcial Lio.
03:34 !

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