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Transcription
00:00 Il est 7h40, bienvenue Simon Enjouanier sur Europe 1.
00:02 On atteint cette semaine la barre des 40 degrés à l'ombre dans la moitié sud de la France.
00:06 Votre invité Alexandre, le climatologue Christophe Cassou,
00:09 directeur de recherche au CNRS, co-auteur du 6e rapport du GIEC,
00:13 le groupe d'experts sur le climat mandaté par l'ONU.
00:16 Bonjour Christophe Cassou.
00:17 Oui bonjour.
00:18 La canicule ne prend pas de vacances, 40 degrés à l'ombre et plus dans le sud de l'Europe et de la France.
00:23 Est-ce qu'on est en train de vivre l'été le plus frais du reste de nos vies ?
00:29 On est en train de vivre un été chaud,
00:31 peut-être pas le plus frais de le reste de nos vies,
00:32 mais un été chaud qui s'inscrit dans une tendance au réchauffement qui est lourde,
00:37 un réchauffement chronique qui fait que les étés vont devenir de plus en plus chauds
00:42 et ces épisodes caniculaires vont devenir de plus en plus fréquents.
00:46 Est-ce que la canicule qui s'est installée là en Europe,
00:49 elle se distingue déjà par certains critères, par sa durée,
00:52 par le niveau des températures minimales nocturnes par exemple ?
00:56 Elle se différencie ou elle se distingue des canicules précédentes par son intensité.
01:03 Aujourd'hui, on est en présence de situations météorologiques qui sont classiques,
01:07 c'est ce qu'on appelle des dômes de chaleur,
01:10 c'est des conditions atmosphériques qui sont telles qu'il n'y a pas de nuages,
01:14 les vents sont faibles, ça dure assez longtemps, environ 7-10 jours
01:19 et tout ça conduit à une accumulation de chaleur jour après jour.
01:23 Mais aujourd'hui, ce qu'on montre ou ce qu'on observe,
01:26 c'est que ces dômes de chaleur sont fortement dopés par le changement climatique
01:30 qui est dû essentiellement à nos émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère
01:34 via l'utilisation de pétrole, de gaz et de charbon.
01:37 Donc une situation qui est chaude, très chaude, qui est classique en été,
01:42 elle devient aujourd'hui extrêmement chaude,
01:44 de plus en plus souvent record du fait de cette influence humaine.
01:48 - Le record absolu de température en Europe, il date de l'été 2021, 48,8 degrés en Sicile.
01:57 On va voir arriver, Christophe Cassou, des 50 degrés à l'ombre sur notre continent.
02:02 - Alors il est tout à fait possible d'avoir des 50 degrés à l'ombre sur le continent,
02:06 la question n'est pas est-ce que ça va arriver, mais quand est-ce que ça va arriver.
02:11 Est-ce que c'est dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans ?
02:14 On est sur une trajectoire qui est parfaitement attendue,
02:16 qui est parfaitement connue, qui est documentée dans les travaux scientifiques,
02:19 en particulier dans le rapport d'IGEC,
02:21 des vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses, partout,
02:25 avec des impacts et des conséquences de plus en plus marqués,
02:28 et qui menacent les écosystèmes, donc les écosystèmes terrestres,
02:32 les forêts, les prairies, les espèces animales, mais aussi les écosystèmes marins,
02:39 parce que généralement ces canicules sont associées à ce qu'on appelle des vagues de chaleur marine,
02:43 qui sont des véritables incendies sous-marins,
02:46 qui sont dévastateurs pour la biodiversité marine, pour les écosystèmes marins,
02:51 et tout ça dans un silence qui est assourdissant.
02:53 - On vous écoute, on vous entend, Christophe Cassou,
02:55 parfaitement prévus, ces températures, dites-vous, entre les lits,
02:59 on entend, ça fait des années, pour ne pas dire des décennies, qu'on alerte.
03:04 C'est ça en fait ce que vous nous dites ?
03:06 - Oui, ça fait des décennies, ça fait des...
03:10 On alerte, on continue à alerter, et ce qu'on dit, ce qu'on martèle,
03:14 c'est que chaque incrément de réchauffement supplémentaire,
03:17 chaque dixième de degré, rend l'adaptation au changement climatique plus complexe,
03:22 et augmente les risques.
03:24 - C'est-à-dire chaque dixième de degré, parce que quand on parle d'augmentation,
03:27 c'est l'augmentation moyenne des températures à l'échelle d'un pays ou d'un continent,
03:30 chaque dixième de degré, dites-vous,
03:32 ça se traduit par un dérapage de canicules très net, voire insupportable à chaque été ?
03:39 - Oui, on a l'impression que ces dixièmes de degré ne sont pas beaucoup,
03:43 mais en fait les risques sont vraiment proportionnels à ces niveaux de réchauffement.
03:47 Aujourd'hui, l'ensemble de la planète s'est réchauffé de l'ordre de 1,2 degré,
03:54 et avec ce 1,2 degré, on voit déjà des effets marqués, en particulier sur les événements extrêmes,
04:01 donc ces canicules, des puits d'inuviennes dans certains cas aussi,
04:05 des pénuries d'eau qui se mettent en place,
04:07 et puis aussi par exemple des méga-incendies que l'on voit un petit peu partout se développer sur l'ensemble de la planète,
04:12 au Canada, maintenant en Grèce, les incendies débutent, en Sibérie,
04:17 sur l'ensemble de la planète, les marqueurs du changement climatique sont aujourd'hui très clairs,
04:22 et pour diminuer les risques associés, il faut absolument, rapidement,
04:27 mettre en place des solutions d'adaptation et surtout des solutions d'atténuation,
04:32 c'est-à-dire des mesures, des réponses, qui visent à limiter nos émissions de gaz à effet de serre.
04:38 Ces réponses, elles tardent à venir, Christophe Cassou,
04:42 quand un ministre dit que ce sont des températures normales pour l'été,
04:45 en l'occurrence, Marc Faineau, ministre de l'Agriculture,
04:47 vous avez le sentiment qu'il n'y a toujours pas cette prise de conscience de l'urgence climatique au sommet de l'État,
04:52 pas suffisamment en tout cas ?
04:54 La prise de conscience est là, en particulier, je pense que l'été 2022 en France a marqué les esprits,
05:02 mais aujourd'hui, certains discours, que l'on appelle du climatorassurisme, s'expriment un petit peu partout.
05:08 On aurait du temps pour s'adapter, la situation n'est pas forcément grave,
05:14 ou alors elle est grave une année mais pas une autre, la technologie va nous sauver,
05:18 alors qu'on sait très bien aujourd'hui que les mesures doivent être prises maintenant.
05:24 Nos actions d'aujourd'hui conditionnent le climat de demain,
05:27 alors pas de demain en 2100, de demain en 2030, en 2040.
05:31 Donc la courbe de l'évolution des températures n'est pas déjà écrite pour les années, pour les décennies qui viennent, c'est ce que vous nous dites.
05:39 Ce qu'on montre dans les rapports du GIEC, c'est vraiment très clair,
05:43 et on oublie souvent de mentionner cette conclusion qui pour moi est vraiment un plaidoyer pour l'action,
05:49 c'est que si on arrête demain d'émettre des gaz à effet de serre,
05:53 la température globale de la planète et les événements extrêmes qui sont associés se stabilisent quasi immédiatement, quelques années.
06:00 D'autres indicateurs vont continuer à changer, même si on arrête d'émettre des gaz à effet de serre,
06:04 comme le niveau de la mer va continuer à augmenter, mais à un rythme qui sera beaucoup moins grand.
06:08 Donc en fait, les prochaines années sont écrites, non pas parce que le système climatique a ses contraintes géophysiques qui sont telles qu'on est sur une trajectoire,
06:19 mais du fait de l'inertie des sociétés humaines à ne pas diminuer nos émissions de carbone.
06:24 Il n'est pas trop tard pour agir, mais il est urgent d'agir. Voilà votre message renouvelé ce matin sur Europe 1.
06:30 Merci Christophe Cassou, je rappelle que vous êtes climatologue, directeur de recherche au CNRS. Merci à vous.

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