Le porte-parole du Collectif19, Frédéric Francelle, était invité dans La Parole aux Français été, ce jeudi 20 juillet, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la lutte contre le crack à Paris : «Nous militons pour une prise en charge thérapeutique, avec des soins, du suffrage et une réhabilitation à la fin».
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00:00 Bonjour, oui tout à fait, c'est ce que nous dénonçons depuis déjà deux ou trois ans,
00:05 c'est que cette politique de réduction des risques basée uniquement sur la réduction des risques,
00:10 c'est-à-dire qui consiste à distribuer des pipa-crac,
00:14 à fournir des logements, de la nourriture ou des vêtements,
00:18 ça n'est clairement pas une bonne solution,
00:21 parce que ça ne fait qu'augmenter le nombre de toxicomanes sans les soigner.
00:25 Nous nous militons pour qu'il y ait réellement une prise en charge,
00:30 mais une prise en charge thérapeutique,
00:32 c'est-à-dire des soins, du sevrage et de la réhabilitation à la fin.
00:37 On voit bien que les salles de shoot n'ont servi à rien Frédéric Françel,
00:41 puisque leur objectif était de contenir la consommation à l'intérieur,
00:45 là visiblement on nous dit que des craqueurs fument même dans les toilettes des cafés qui se trouvent à côté,
00:51 donc quel était l'intérêt finalement ?
00:55 – L'intérêt en fait, si vous voulez, il était pour les consommateurs d'héroïne,
01:00 pour les consommateurs d'héroïne,
01:02 la salle de shoot c'est quelque chose qui est communément admis comme une alternative,
01:09 mais par contre pour les consommateurs de craque,
01:10 ça n'est carrément pas une solution,
01:12 parce qu'ils n'ont pas envie d'aller consommer dans une salle,
01:15 et contrairement à un consommateur d'héroïne,
01:17 un consommateur de craque, une fois qu'il a consommé,
01:20 il est un peu en état d'euphorie, il a envie de courir dans tous les sens,
01:22 et surtout il a envie de reconsommer du craque assez rapidement,
01:25 et donc du coup il n'a pas du tout envie de rester dans une salle,
01:28 ce qu'il a envie c'est d'aller chercher de quoi acheter de nouveau du craque,
01:33 ou s'il a de quoi en fait, se refaire une autre pipe à craque,
01:36 c'est surtout ça le problème,
01:37 et là en fait on parle autour de la rivazère,
01:40 mais il y en a également autour des quais de Stalingrad,
01:42 et là actuellement c'est Paris-Plage,
01:45 et on voit en fait qu'il y a des toxicomanes qui errent au milieu de Paris-Plage,
01:49 qui agressent certaines personnes,
01:50 qui vont également manger sur les terrasses de Paris-Plage,
01:53 c'est un petit peu bizarre.
01:55 - C'est intéressant ce que vous nous dites,
01:56 en quoi le problème n'est pas le même pour les consommateurs d'héroïne,
01:59 en quoi est-ce que ces salles de shoot peuvent en revanche avoir un intérêt
02:03 pour cette drogue-là et non pas pour le craque ?
02:08 - Quand un consommateur a pris de l'héroïne, en général après il est fatigué,
02:13 alors déjà l'héroïne ça s'injecte, il faut se la shooter en fait avec une seringue,
02:17 donc au niveau de la salle de consommation,
02:19 ils distribuent des seringues propres,
02:22 des petits pansements pour pas qu'ils aient des abscès, des choses comme ça,
02:25 mais en revanche, ils partent très peu de sevrage, pareil.
02:30 Et pour les consommateurs de craque,
02:35 ils ont pas besoin, ou très peu en fait,
02:37 ils ont juste besoin d'une pipe à craque pour pouvoir consommer.
02:40 Et le souci avec le craque,
02:43 c'est que quasiment le seul risque qu'ils ont, c'est de consommer du craque,
02:49 alors qu'avec l'héroïne, ils peuvent faire des overdose,
02:51 ils peuvent avoir des abscès, ce genre de choses-là,
02:54 d'où l'intérêt de la salle de shoot.
02:56 Mais pour le craque, il n'y a pas besoin de salle de shoot,
03:00 il y a besoin juste qu'il soit sevré, c'est surtout ça le problème,
03:03 c'est que comme le produit prend le dessus sur le cerveau,
03:07 ils n'ont pas envie de… enfin ils ont envie accessoirement de temps en temps,
03:10 comme un alcoolique peut dire "oui j'ai envie d'arrêter",
03:12 mais voilà, ils ne peuvent pas arrêter d'eux-mêmes,
03:16 il leur faut une aide,
03:17 et c'est pour ça qu'en fait on demande à ce qu'il existe des injonctions thérapeutiques
03:22 où ils vont être obligés de se soigner, obligés de se sevrer,
03:26 et ensuite des communautés thérapeutiques où ils vont être accompagnés pour ne pas rechuter.
03:31 - Quelle était votre position à vous au sein du Collectif 19
03:35 au moment de la création de ces salles de shoot,
03:39 et est-ce qu'elle a évolué aujourd'hui cette position ?
03:43 - Notre position a toujours été la même,
03:45 les salles de shoot ce n'est pas une solution,
03:47 surtout s'il n'y a pas derrière une volonté de sevrage et de les sortir de la toxicomanie.
03:53 Là si on interroge cette salle de shoot qui est active depuis 3 ou 4 ans,
03:58 4 ans comme il me semble maintenant,
04:00 il suffit de les interroger pour leur demander combien de personnes
04:03 ont effectivement arrêté l'héroïne après être passées par eux.
04:08 Et là en fait ils vont vous répondre que ce n'est pas leur boulot,
04:10 et que non en fait il n'y a personne parce que ce n'est pas leur boulot.
04:15 - C'est-à-dire qu'on prend le problème à l'envers finalement,
04:16 c'est-à-dire qu'au lieu de soigner ces gens, on les aide à se droguer ?
04:21 - Voilà, c'est plus une incitation qu'une réelle politique de prévention ou d'arrêt.
04:27 C'est vraiment, ils se contentent de leur fournir de quoi consommer.
04:32 Alors ils ne vont pas jusqu'à fournir le produit, mais on en est presque là.
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