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Special CHRISTOPHER NOLAN : la possibilité d'un monde
Transcription
00:00:00 Bon, ça devrait être bon.
00:00:01 Alors, voilà, le live est lancé.
00:00:03 Bonjour, bonsoir à tous.
00:00:05 Ça dépend quand vous le regardez.
00:00:06 Si vous êtes avec nous en direct, tant
00:00:07 mieux. Comme ça, vous pourrez poser
00:00:08 des questions si vous en avez un
00:00:10 autre invité.
00:00:11 Aujourd'hui, on revient sur
00:00:13 un réalisateur assez connu,
00:00:14 Christopher Nolan.
00:00:15 Comme vous le savez, sur cette
00:00:16 chaîne, le but, c'est pas d'avoir
00:00:17 un débat sur ces savoir si
00:00:19 ces films sont bons ou non, mais
00:00:21 plutôt
00:00:22 l'invité ici présent qui va se
00:00:23 présenter, évidemment,
00:00:24 de nous guider, peut être
00:00:27 à appréhender un peu son cinéma,
00:00:29 peut être à le voir un peu
00:00:30 différemment et tout ça.
00:00:31 Je précise déjà,
00:00:32 je me permets de prendre la
00:00:34 première place, que le monsieur,
00:00:35 il a écrit ce petit livre.
00:00:36 Donc, Christopher Nolan,
00:00:38 la possibilité d'un monde qui
00:00:41 coûte donc 14 euros.
00:00:42 Précisons, c'est un petit livre
00:00:43 comme ça.
00:00:44 Et c'est un pur essai, c'est à
00:00:45 dire, il va pas vous raconter des
00:00:47 films. Il y a tout qui est mélangé
00:00:48 là dedans. Ce sont des idées qui
00:00:50 sont développées dans un sens,
00:00:51 dans l'autre.
00:00:52 Connaissez les films avant de dire
00:00:54 ça, parce qu'il va tout vous
00:00:55 raconter dedans, évidemment.
00:00:56 Et puis, en plus, vous connaissez
00:00:57 pas certains films. Vous allez
00:00:58 être là.
00:00:59 Je crois, mais je comprends rien.
00:01:00 Donc, regardez les films
00:01:02 avant. Mais c'est un petit livre
00:01:04 qui est franchement très
00:01:05 sympathique. C'est un ami qui me
00:01:06 l'avait recommandé, un ami du
00:01:07 groupe Cinéphile, pour ceux qui
00:01:08 y suivent. Donc, voilà.
00:01:09 Alors, vu que je parle trop et
00:01:11 que j'ai un invité, je vais la
00:01:12 fermer.
00:01:12 Bonjour, merci d'être là et je
00:01:14 te laisse te présenter pour
00:01:15 tout le monde.
00:01:16 Eh bien, bonjour.
00:01:18 Je suis aussi ravi d'être là.
00:01:19 Je me présente.
00:01:21 Je m'appelle Timothée Gérardin
00:01:23 et effectivement, j'ai écrit ce
00:01:26 livre sur Christopher Nolan.
00:01:28 Ainsi que deux autres
00:01:29 livres, toujours publiés chez
00:01:32 Play Society.
00:01:33 Un deuxième qui s'appelle "Ciné
00:01:35 Miracle, l'émerveillement
00:01:36 religieux à l'écran".
00:01:38 Et un troisième, plus récemment,
00:01:41 qui s'appelle "Fred Astaire, la
00:01:42 haute société du spectacle", sur
00:01:44 le danseur Fred Astaire.
00:01:45 Et effectivement,
00:01:47 j'ai cette petite activité de
00:01:49 critique que je fais à travers
00:01:50 ces livres et quelques articles
00:01:52 à droite à gauche.
00:01:53 Voilà pour la présentation.
00:01:56 Et effectivement, Nolan
00:01:58 c'est vraiment le projet
00:01:59 que je portais un peu depuis
00:02:02 l'adolescence et la découverte
00:02:04 de Memento, Following, etc.
00:02:07 Et j'ai eu le sentiment assez
00:02:10 vite que
00:02:11 il y avait plein de choses,
00:02:13 qu'en fait, il y avait beaucoup de
00:02:15 monde qui aimait Nolan comme moi,
00:02:16 qui avait plein de choses à en dire
00:02:17 et qui n'étaient pas encore
00:02:19 vraiment
00:02:20 étudiés comme objet critique,
00:02:23 comme un vrai auteur
00:02:25 avec des...
00:02:27 une œuvre cohérente,
00:02:28 des convictions esthétiques,
00:02:31 un vrai univers
00:02:33 de cinéaste.
00:02:35 Et donc, je me suis dit, bon, en
00:02:37 fait, il y a plein de choses à dire
00:02:38 et donc je suis allé déplier tout
00:02:39 ça dans un petit
00:02:40 essai, comme tu le disais.
00:02:42 Voilà, c'est assez simple.
00:02:45 C'est vraiment l'initiation à...
00:02:46 Enfin, c'est vraiment
00:02:47 l'initiation aux grandes idées
00:02:50 qui...
00:02:51 qu'on peut voir à l'œuvre dans ses
00:02:53 films.
00:02:56 Donc, voilà. Et puis, on avait fait
00:02:57 une mise à jour du
00:02:59 livre, une édition augmentée avec...
00:03:01 à la sortie de Ténet.
00:03:03 Donc, le livre va jusqu'à Ténet.
00:03:06 C'est prévu de faire encore une
00:03:09 actualisation ?
00:03:10 Pour ça, il faut que l'entièreté
00:03:12 de tes abonnés aillent acheter
00:03:14 les exemplaires
00:03:16 restants de la deuxième édition.
00:03:17 Comme ça, après, vous pourrez pas
00:03:19 acheter la troisième.
00:03:20 Voilà, il faut qu'on...
00:03:23 Mais je crois que c'est presque
00:03:25 écoulé, la deuxième édition, mais
00:03:26 pas encore tout à fait.
00:03:27 Donc, on attend ça.
00:03:28 On verra si...
00:03:29 si on voit quel est le potentiel à
00:03:31 en faire une troisième édition,
00:03:32 quoi.
00:03:33 D'accord. Je précise, donc, Playlist
00:03:34 Society, en effet, je vais pas
00:03:36 parler de l'éditeur.
00:03:37 Dans la description, évidemment,
00:03:38 il y a le lien pour ceux qui veulent
00:03:39 le prendre, etc.
00:03:40 Ça, vous êtes au courant.
00:03:41 Donc, on va commencer.
00:03:43 T'as commencé déjà à évoquer
00:03:44 qu'est-ce que Nolan pour toi.
00:03:46 Mais d'abord, j'aimerais justement
00:03:47 un peu cerner notre invité,
00:03:48 justement. C'est-à-dire
00:03:49 comment tu l'as découvert ?
00:03:52 Qu'est-ce qui a fait "bim" ?
00:03:53 Qu'est-ce qui fait que ça plaît ?
00:03:54 Est-ce qu'il y a des choses qui te
00:03:55 déplaisent aussi chez lui ?
00:03:56 Quelque chose où tu es un "la la"
00:03:57 pas terrible.
00:03:58 Qu'est-ce qu'il y a ?
00:04:01 Moi, c'est vraiment...
00:04:02 Ce qui était bien, c'est que
00:04:04 finalement, j'ai eu la période où
00:04:05 j'ai découvert...
00:04:06 C'est vraiment momento que j'ai
00:04:08 découvert en DVD,
00:04:09 genre en 2002
00:04:12 ou 2003, je pense.
00:04:14 Je ne l'avais pas vu au cinéma,
00:04:16 mais c'est environ l'époque...
00:04:18 Il faut que je retrouve la date
00:04:19 exacte de sortie de Insomnia.
00:04:21 Mais un peu à la même époque,
00:04:22 Insomnia est sortie,
00:04:23 donc je suis allé voir au cinéma.
00:04:25 Et je me suis dit, quand même,
00:04:28 il y avait
00:04:31 Memento qui était un peu le film
00:04:33 gadget dont tout le monde parlait,
00:04:35 qui
00:04:36 c'était un peu l'objet étrange
00:04:39 qui avait fait l'objet
00:04:41 de beaucoup d'analyses
00:04:44 de fans.
00:04:46 Et en voyant Insomnia, je me disais
00:04:48 "Disons, finalement, c'est un film
00:04:49 qui est un peu le film
00:04:50 gadget".
00:04:51 Et en voyant Insomnia, je me disais
00:04:52 "Disons, finalement, il y a quand
00:04:53 même des choses, il y a quand même
00:04:55 une vision commune, il y a quand
00:04:56 même des choses à en dire".
00:04:57 Dès cette époque-là, j'avais
00:05:01 commencé à écrire des articles
00:05:03 là-dessus.
00:05:05 J'ai découvert Following aussi à
00:05:07 cette époque-là, il y avait
00:05:08 quelques courts-métrages qui étaient
00:05:09 disponibles en ligne,
00:05:10 notamment un qui s'appelle
00:05:13 Doodlebug, que j'avais découvert
00:05:15 à cette époque-là aussi.
00:05:17 Tout ça, en fait, il y a eu une
00:05:18 effervescence de le fait de
00:05:19 découvrir Insomnia au cinéma et
00:05:21 voir que finalement, c'était pas
00:05:22 juste un coup pour rien.
00:05:24 Enfin, comment dire, un coup, je
00:05:26 veux dire, un coup unique.
00:05:27 Et que finalement, avec Insomnia,
00:05:29 déjà, on est en lien avec
00:05:31 Following, Insomnia, on voyait se
00:05:32 dessiner quelque chose de
00:05:34 l'ordre de
00:05:35 qu'est-ce que c'est que la
00:05:39 subjectivité au cinéma,
00:05:40 comment on peut jouer avec la
00:05:44 perception, mais surtout,
00:05:46 parce que ça, finalement, tout
00:05:47 le monde a voulu le faire, le
00:05:48 maître de la subjectivité, mais
00:05:50 qu'est-ce que ça signifie ?
00:05:51 Qu'est-ce que ça signifie, en
00:05:54 fait, dans l'existence des gens,
00:05:56 d'avoir ces problèmes de
00:05:57 perception et quelles questions
00:05:59 d'histoire, de scénario,
00:06:04 et aussi parfois morale, dans
00:06:06 Insomnia ?
00:06:07 Enfin, en gros, c'est comment
00:06:08 toutes ces questions de
00:06:09 perception se répercutent sur
00:06:11 tous les aspects, toutes les
00:06:13 facettes de l'existence.
00:06:15 Je trouvais ça super
00:06:16 intéressante et stimulante.
00:06:19 Et puis après, il y a eu
00:06:21 Batman Begins, pareil, que j'ai
00:06:22 trouvé au cinéma, et puis après,
00:06:23 du coup, je me suis dit, dis donc,
00:06:25 il y a quelque chose de cohérent
00:06:27 là-dedans, et petite
00:06:29 obsession se développe
00:06:31 tranquillement.
00:06:32 C'est un réalisateur que j'ai
00:06:36 l'impression que, évidemment, il a
00:06:37 ses fans, surtout à une époque,
00:06:38 il a eu ses fans, et maintenant,
00:06:39 il y a une espèce de
00:06:40 contre-coup, alors c'est des
00:06:41 sensations, évidemment, sur le
00:06:42 réseau social et tout, mais de
00:06:43 contre-coup de gens qui ne
00:06:44 l'aiment pas et qui disent que
00:06:45 c'est un gars qui se regarde
00:06:47 dans le miroir en mode "ah,
00:06:49 regardez ce que j'ai fait, comme
00:06:50 c'est trop bien, regardez, j'ai
00:06:51 inversé les scènes", etc.
00:06:53 Bref, que c'est quelqu'un qui
00:06:54 se rend imbue de lui-même un peu
00:06:57 dans sa manière de faire des
00:06:58 films.
00:06:59 On lui reproche beaucoup, déjà,
00:07:00 de faire des pures films de
00:07:02 scénarios, c'est-à-dire de
00:07:05 partir d'un appartie-prix
00:07:07 scénaristique fort,
00:07:08 donc le coup de l'insomnie,
00:07:11 le coup de l'insomnie dans
00:07:12 Insomnia, celui de la
00:07:14 mémoire d'un memento,
00:07:15 pareil, il y a la notion de film
00:07:18 à l'envers d'un memento, donc
00:07:19 il y a toute une imbrication de
00:07:21 scénarios, donc on lui reproche
00:07:23 parfois de faire des films un
00:07:24 peu gadget et finalement, pour
00:07:26 cette raison, un peu vain, quoi.
00:07:28 Et du coup, ne parlant pas de
00:07:31 choses vraiment profondes, mais
00:07:34 jouant juste avec…
00:07:35 Il y a souvent, je me souviens
00:07:38 surtout à l'époque, justement,
00:07:40 où j'avais été un peu
00:07:42 frustré que ces films ne soient
00:07:43 pas beaucoup analysés dans les
00:07:45 revues ou autres, parce qu'on
00:07:48 parlait souvent de lui comme un
00:07:49 petit malin, quoi, quelqu'un qui
00:07:51 fait des films gadget, qui, comme
00:07:53 tu disais, qui se regarde un peu
00:07:56 poser, peut-être, alors que moi,
00:07:58 ça m'énervait, cette vision-là,
00:08:01 je me disais, mais en fait, non,
00:08:03 non, il y a vraiment… il en
00:08:05 tire quelque chose, en fait, sur
00:08:07 la caractérisation de ses
00:08:08 personnages, sur… par exemple,
00:08:10 voilà, je trouvais que ça allait
00:08:12 vraiment au-delà du jeu, en fait.
00:08:14 Et effectivement, tu demandais
00:08:18 tout à l'heure, est-ce qu'il y a
00:08:20 des choses qui me déplaisent ?
00:08:22 Oui, bien sûr, il y a des trucs
00:08:24 qui me déplaisent, après, peut-être
00:08:26 pas suffisamment pour me gâcher
00:08:28 tout à fait le plaisir, mais c'est
00:08:30 vrai que… effectivement, tu disais
00:08:32 que récemment, il y avait un peu
00:08:34 un retour de… peut-être un retour
00:08:36 de flamme, etc., et tu disais que
00:08:38 récemment, il y avait un peu un
00:08:40 retour de… peut-être un retour
00:08:42 de flamme, etc., et parfois, j'ai
00:08:44 un peu l'impression qu'il était
00:08:46 quand même arrivé au bout de
00:08:48 quelque chose avec Interstellar,
00:08:50 et que finalement, ensuite, il
00:08:52 tente plein de choses dans toutes
00:08:54 les directions, et tu ne peux pas
00:08:56 aimer tout autant, quoi. Par
00:08:58 exemple, dans Tenet, moi, Tenet,
00:09:00 c'est un film que j'ai bien aimé,
00:09:02 mais c'est vrai que je…
00:09:04 je… je… je… je… je…
00:09:06 j'ai regretté qu'il n'ait pas
00:09:08 cette… parce que le grand talent
00:09:10 quand même de Nolan, dans
00:09:12 Inception et dans Interstellar,
00:09:14 par exemple, c'était quand même
00:09:16 de… de… de faire des scénarios
00:09:18 complexes, et des films qui
00:09:20 nous emmenaient assez loin,
00:09:22 tout en tenant vraiment le spectateur
00:09:24 par la main, et en l'emmenant avec
00:09:26 une sorte de générosité, qui
00:09:28 allait aussi dans le cadre de
00:09:30 l'exposition, et qui allait
00:09:32 aussi dans le cadre de l'exposition,
00:09:34 qui allait aussi avec la volonté
00:09:36 de vulgarisation scientifique,
00:09:38 de… donc il y avait vraiment
00:09:40 cette idée d'aller vers le spectateur
00:09:42 quand même, et de le laisser
00:09:44 recomposer les pièces du puzzle,
00:09:46 et Tenet, c'était moins clair
00:09:48 pour moi qu'il était dans cette
00:09:50 démarche, quoi. Donc…
00:09:52 voilà.
00:09:54 - Je vais faire une citation
00:09:56 inventée, mais qui je pense est très
00:09:58 vraie, ouais, mais de toute façon,
00:10:00 sans son frère ou scénario, c'est
00:10:02 - De quoi ? Ça dit quoi ?
00:10:04 - Sans son frère, ses films,
00:10:06 ses scénarios sont pourris, de toute façon.
00:10:08 - C'est vrai qu'il y en a qui disent ça.
00:10:10 Après, bon…
00:10:12 Non, ça je sais pas si
00:10:14 c'est vraiment… je crois pas que ce soit lié à ça.
00:10:16 Je pense que…
00:10:18 en fait, il a eu un…
00:10:20 ce qui est dur pour lui, je pense, c'est que…
00:10:22 Je me demande parfois, en fait,
00:10:26 s'il est obligé…
00:10:28 on a l'impression qu'il doit avoir un
00:10:30 budget supérieur de film en film,
00:10:32 et on a un peu envie de dire est-ce qu'il est obligé,
00:10:34 en fait, d'aller toujours plus…
00:10:36 de faire toujours un plus gros film ?
00:10:38 Et parfois, je regrette
00:10:40 un peu le Nolan
00:10:42 du Prestige, où…
00:10:44 j'aimerais bien qu'il…
00:10:46 peut-être qu'à un moment,
00:10:50 il se prendra un gadin au box-office
00:10:52 et…
00:10:54 le film suivant, il devra peut-être faire des concessions
00:10:56 et faire un petit film, je sais pas.
00:10:58 Mais bref, je suis très curieux de ce qu'il fera ensuite.
00:11:00 Là, t'as commencé à soulever un point, justement,
00:11:04 que je voulais mettre en avant, c'est est-ce qu'au bout d'un moment,
00:11:06 à force de jouer avec les différentes choses qu'on va voir par la suite,
00:11:08 de jouer avec le médium qu'est le cinéma,
00:11:10 finalement, avec le langage cinématographique,
00:11:12 est-ce qu'au bout d'un moment, ça devient un peu
00:11:14 sa marque de fabrique, et il se retrouve
00:11:16 d'une certaine manière à se forcer à le faire, à se parodier,
00:11:18 ce qui va arriver à la limite
00:11:20 de ce concept,
00:11:22 et finalement, il va juste…
00:11:24 le faire, parce qu'il faut le faire.
00:11:26 Après, moi, ce qui ne va pas
00:11:28 tout à fait dans ce sens-là, c'est quand même,
00:11:30 je trouve que
00:11:32 quand on regarde
00:11:34 surtout Dunkerque
00:11:36 et
00:11:38 Openheimer, là,
00:11:40 il va vraiment,
00:11:42 il tente vraiment des choses, je trouve,
00:11:44 qu'il n'y avait… alors, on voit plein de points communs
00:11:46 avec ses films précédents,
00:11:48 mais il tente des choses formellement
00:11:50 ou alors sur le plan du scénario
00:11:52 qu'il n'avait jamais fait
00:11:54 auparavant.
00:11:56 Je pense, par exemple, dans Dunkerque,
00:11:58 la manière dont il raconte l'histoire,
00:12:00 les trois histoires fabriquées,
00:12:02 avec les trois échelles temporelles,
00:12:04 qu'il prenait toujours le temps
00:12:06 de justifier
00:12:08 par un…
00:12:10 comment dire… un contexte narratif
00:12:14 de science-fiction dans les précédents films,
00:12:16 dans Inception et dans
00:12:18 Interstellar, on comprenait pourquoi il y avait
00:12:20 différentes échelles temporelles, puis c'était justifié par le…
00:12:22 c'était justifié par le…
00:12:24 comment dire…
00:12:26 le cadre de la science-fiction.
00:12:28 Dans un cas, c'était les rêves qui étaient fabriqués,
00:12:32 donc il y avait un écart temporel,
00:12:34 et dans Interstellar, c'était la relativité…
00:12:36 le principe de relativité entre les planètes.
00:12:40 Ici, dans Dunkerque,
00:12:44 il n'y a aucun
00:12:46 prétexte qui justifie
00:12:48 cette fabrication des trois histoires,
00:12:50 donc il est vraiment un peu dans l'expérimentation
00:12:52 narrative, quoi.
00:12:54 C'est ça que j'ai trouvé intéressant.
00:12:56 Et c'est la même chose dans
00:12:58 The Open Aimer, pas pour la même raison,
00:13:00 mais je trouve que
00:13:02 finalement, il joue avec
00:13:04 le montage, avec les décors, etc.,
00:13:06 d'une manière qui fait un pensée un peu à Inception,
00:13:08 donc là, c'est pas sur le temps, mais plutôt sur l'espace,
00:13:12 et sur la mise en scène, les décors, etc.,
00:13:14 qui fait penser
00:13:16 à Inception, sans qu'il y ait la justification
00:13:18 de science-fiction,
00:13:20 qui expliquerait pourquoi,
00:13:24 à tel moment,
00:13:26 la réalité est perçue ainsi, etc., quoi.
00:13:28 Je ne vais pas trop en dire non plus sur le nouveau film, mais…
00:13:30 - On n'a pas le droit,
00:13:32 il parait qu'il y a un embarco, donc on…
00:13:34 En plus, moi je ne l'ai pas vu,
00:13:36 et je pense qu'il y en a beaucoup qui ne l'ont pas vu.
00:13:38 Mais du coup, c'est ça.
00:13:40 En fait, ce que je trouve intéressant avec son cinéma,
00:13:42 c'est que finalement,
00:13:44 c'est un retour aux sources, c'est-à-dire
00:13:46 qu'il joue avec le langage cinématographique,
00:13:48 avec l'outil qu'est le cinéma.
00:13:50 Si je ne dis pas de bêtises, il a fait des études en littérature,
00:13:52 - Oui, c'est ça.
00:13:54 - Et donc, peut-être qu'il a des idées,
00:13:56 je ne dis pas qu'il vienne de là, mais qu'il a aussi
00:13:58 une vision peut-être hors cinéma, et il rejoue.
00:14:00 Et j'ai même envie de dire,
00:14:02 c'est peut-être un petit peu abusé, mais que finalement,
00:14:04 ce côté
00:14:06 point de vue et tout ça,
00:14:08 c'était déjà exploité par d'autres cinéastes aussi,
00:14:10 comme par exemple Akira Kurosawa dans Rashomon.
00:14:12 - Oui, bien sûr, bien sûr.
00:14:14 - C'est clair, de toute façon, et même quand on regarde
00:14:16 tout simplement les Citizen Kane et autres,
00:14:18 la non-lénéarité,
00:14:20 le fait d'avoir des histoires imbriquées, etc.,
00:14:22 non seulement,
00:14:24 ce n'est pas nouveau au cinéma,
00:14:26 mais en plus, comme tu le soulignes,
00:14:28 ce n'est pas non plus nouveau
00:14:30 dans l'art en général et dans la littérature,
00:14:32 parce que,
00:14:34 je ne sais pas,
00:14:36 des écrivains qui l'aiment beaucoup,
00:14:38 comme par exemple un Borgès,
00:14:40 l'écrivain argentin,
00:14:42 le faisait aussi,
00:14:44 donc il y a vraiment un...
00:14:46 comment dire...
00:14:48 effectivement,
00:14:50 c'est quelque chose
00:14:52 avec lequel il est familier.
00:14:54 - On lui reproche aussi, du coup,
00:15:00 d'être un réalisateur qui fait
00:15:02 ses films avec ses montages et tout ça,
00:15:04 mais du coup, que justement,
00:15:06 le scénario, il est simple,
00:15:08 voire simpliste,
00:15:10 même, ça c'est un truc qu'on lui a reproché,
00:15:12 surtout sur Tenet et Dunkerque,
00:15:14 des films très froids.
00:15:16 - Oui, oui. Alors après, souvent,
00:15:18 ce qu'on dit, c'est...
00:15:20 on ne lui reproche pas des trucs trop simples,
00:15:24 mais souvent, on dit que, déjà,
00:15:26 on relève parfois des incohérences
00:15:28 scénaristiques, etc.,
00:15:30 notamment dans Interstellar.
00:15:34 Ce ne sont pas des trucs qui m'ont
00:15:38 étonné, mais parfois,
00:15:40 ce sont des remarques qui sont faites.
00:15:42 Et oui, le reproche
00:15:44 sur la froideur, effectivement,
00:15:50 et le manque d'implication,
00:15:52 le manque de caractérisation
00:15:56 des personnages,
00:15:58 le manque de côté sentimental, humain, etc.
00:16:02 Mais moi, je ne suis pas
00:16:04 vraiment d'accord.
00:16:06 Je trouve qu'à chaque fois,
00:16:08 il y a une visée spécifique.
00:16:10 Dans Dunkerque, typiquement,
00:16:12 c'est vrai qu'il ne donne pas
00:16:16 beaucoup de contexte historique,
00:16:18 il ne donne pas beaucoup
00:16:20 de contexte au personnage
00:16:22 qui permettrait de s'attacher à eux,
00:16:24 mais il n'est pas dans le sentiment,
00:16:26 il est dans la sensation.
00:16:28 Donc, effectivement,
00:16:30 on est avec les personnages,
00:16:32 on est totalement immergé.
00:16:34 C'est vraiment ça que fait le film.
00:16:36 Et je trouve que dans un film
00:16:40 comme Interstellar, on est vraiment,
00:16:42 au contraire, sur quelque chose de très sentimental.
00:16:44 Interstellar, c'est un film
00:16:46 qui est vraiment construit comme un mélodrame.
00:16:48 Il montre la manière dont
00:16:52 le temps qui passe est cruel
00:16:54 pour les relations humaines,
00:16:56 la manière dont...
00:16:58 Souvent, dans les mélodrames, on parle
00:17:00 de...
00:17:02 la manière dont...
00:17:04 Souvent, c'est dans les films...
00:17:06 Dans le mélodrame classique hollywoodien,
00:17:08 souvent, c'est des films qui racontent
00:17:10 ce qu'est une famille,
00:17:12 ce qu'est habiter un autre endroit,
00:17:14 devoir être déplacé, etc.
00:17:16 Donc, il y a cette notion-là dans Interstellar.
00:17:18 Ça rejoint, dans plein de manières,
00:17:20 le mélodrame classique.
00:17:22 Donc, non, je ne suis pas d'accord sur ce...
00:17:24 Alors, après,
00:17:26 quand on regarde tous ces films,
00:17:28 tous ces films,
00:17:30 à chaque fois,
00:17:32 on est sur des personnages,
00:17:34 souvent des héros masculins
00:17:36 qui ont perdu leur fiancée
00:17:38 ou leur femme, etc.
00:17:40 Donc, il y a toujours...
00:17:42 En gros, il y a toujours une impulsion
00:17:44 et en gros, ce qui pousse
00:17:46 les personnages à agir, il y a toujours
00:17:48 quelque chose de très profond et assez tragique.
00:17:50 Donc...
00:17:52 Je ne suis pas forcément d'accord
00:17:54 sur le manque, sur la froideur
00:17:56 de ces films et son manque
00:17:58 soi-disant d'humanité.
00:18:00 Alors, juste pour le chat,
00:18:02 on fera une partie questions-réponses.
00:18:04 Du coup, j'en prends une en attendant,
00:18:06 mais sachez qu'on le fera peut-être un petit peu après.
00:18:08 Là, ici, donc, il y a Pascal Doyel
00:18:10 qui nous dit...
00:18:12 C'est vrai que la temporalité de Nolan
00:18:14 et celle de Westworld, son frère,
00:18:16 de où leur viennent ces complexifications ?
00:18:18 Est-ce qu'on a une idée ?
00:18:20 Est-ce qu'on sait, par hasard,
00:18:22 s'il y a eu un déclic, quelque chose qui a fait que ?
00:18:24 Alors, ce qu'il faut savoir,
00:18:26 c'est vrai que c'est une marotte qu'ils ont tous les deux.
00:18:28 Et d'ailleurs, même Antho,
00:18:30 à la base, c'était une idée
00:18:32 de Jonathan Nolan
00:18:34 et que, en fait, ils ont...
00:18:38 C'était au cours d'un déménagement
00:18:42 qu'ils faisaient de la côte Est à la côte Ouest
00:18:44 puisqu'ils étaient à Chicago,
00:18:46 tous les deux, et puis Nolan et Christopher
00:18:48 allaient s'installer à Los Angeles.
00:18:50 Ils ont traversé
00:18:52 les Etats-Unis ensemble en voiture
00:18:54 et ils ont un peu gambergé
00:18:56 sur cette idée de scénario qu'avait
00:18:58 Jonathan sur le trajet.
00:19:00 Et, effectivement,
00:19:02 tous les deux,
00:19:06 ils ont vraiment le côté...
00:19:08 Ouais, ils aiment bien,
00:19:10 effectivement, tirer le fil
00:19:12 d'histoires complexes, quoi.
00:19:14 Et après,
00:19:16 Jonathan a fait
00:19:18 une nouvelle de cette idée
00:19:22 et Christopher est parti
00:19:24 sur le film.
00:19:26 Mais je ne saurais pas
00:19:28 dire d'où ça leur vient.
00:19:30 Mais ce qui est vrai,
00:19:32 et d'ailleurs, c'est une occasion de répondre
00:19:34 un peu plus spécifiquement à la question que tu posais,
00:19:36 ce qui est vrai, c'est que
00:19:38 Christopher Nolan, c'est aussi, effectivement,
00:19:44 quelqu'un qui a fait des études de lettres
00:19:46 et il est fasciné
00:19:48 notamment par tous les mythes
00:19:50 les mythes grecs.
00:19:52 Il est vraiment...
00:19:54 Il est très tricultivé
00:19:58 et il aime bien, effectivement...
00:20:00 En fait, c'est un mix entre
00:20:02 une fascination pour la science et une fascination pour la littérature.
00:20:04 Donc, il aime bien mélanger les deux
00:20:08 d'où, sans doute, cette complexification.
00:20:10 Est-ce qu'on peut dire que son cinéma est une sorte de...
00:20:14 Comment dire ça ?
00:20:16 De rendre populaire et grand public
00:20:18 certaines notions un peu plus complexes ?
00:20:20 C'est-à-dire qu'il sort un peu du cadre
00:20:22 juste classique du film
00:20:24 linéaire, blockbuster classique.
00:20:26 Attends, je suis en train de mettre mes écouteurs.
00:20:30 Pas de soucis.
00:20:32 Tu m'entends ?
00:20:34 Oui, oui, moi j'entends.
00:20:36 Ok. Non, parce qu'il y avait du bruit à côté, donc j'ai voulu mettre mes écouteurs.
00:20:38 Oui, oui, tout à fait. Il y a cette démarche
00:20:42 que je trouve super sympathique
00:20:44 chez lui, c'est
00:20:46 cette volonté d'être un vulgarisateur.
00:20:48 Il aime bien expliquer
00:20:52 par des moyens simples des sujets
00:20:54 compliqués. Et c'est vraiment
00:20:56 perceptible, je trouve, dans "Inception".
00:20:58 La manière dont
00:21:00 il explique
00:21:02 plein de choses.
00:21:04 La manière dont il imbrique ses histoires
00:21:08 et qu'il guide les spectateurs dans le labyrinthe.
00:21:10 Je trouve que c'est très intéressant.
00:21:12 Et puis, surtout dans "Interstellar", aussi,
00:21:14 la manière d'expliquer
00:21:16 les différentes théories scientifiques,
00:21:18 la notion de tronc noir, etc.
00:21:20 La volonté d'avoir essayé
00:21:22 de restituer
00:21:24 à la fois de manière artistiquement
00:21:26 convaincante et
00:21:28 en essayant d'avoir
00:21:30 une vraisemblance scientifique
00:21:32 le tronc noir,
00:21:36 c'est une démarche
00:21:38 super attachante, je trouve.
00:21:42 Et qu'on retrouve un petit peu dans...
00:21:44 C'est paradoxal, parce que
00:21:46 dans "Penimer" et dans
00:21:48 "Dunkerque", par exemple,
00:21:50 à la fois,
00:21:54 on apprend des choses
00:21:56 et en même temps, il se maintient un peu
00:21:58 à distance. Donc, il va toujours
00:22:00 privilégier
00:22:02 la sensation,
00:22:04 l'expérience cinématographique.
00:22:06 Ce qu'on peut saisir,
00:22:08 en fait, dans le moment,
00:22:10 dans le présent.
00:22:12 Et il ne va pas beaucoup
00:22:14 prendre de recul
00:22:16 et donner des dates
00:22:18 et des contextes
00:22:20 à ce niveau-là. Il va plutôt essayer
00:22:22 de nous donner un morceau d'expérience.
00:22:24 C'est sa part d'entrée.
00:22:26 C'est vraiment l'expérience, sa part d'entrée.
00:22:28 Je rebondis sur quelqu'un du chat qui dit
00:22:32 qu'en fait, dans ses films, il y a toujours quelqu'un pour expliquer
00:22:34 comment ça fonctionne, parce qu'il est
00:22:36 incapable de le faire par la mise en scène.
00:22:38 En même temps, expliquer Inception juste par la mise en scène,
00:22:40 il faut vraiment être très fort.
00:22:42 Surtout qu'Inception, c'est clairement le film où la première partie,
00:22:44 c'est "je vous explique les règles".
00:22:46 Et on fait toujours.
00:22:48 Pour le coup, Inception,
00:22:50 là, pour moi, c'est une vraie réussite
00:22:52 justement au niveau de l'équilibre
00:22:54 entre
00:22:56 effectivement, comme tu dis,
00:22:58 une première partie
00:23:00 qui explique les règles, une seconde,
00:23:02 il y a l'action,
00:23:04 la manière, par le montage,
00:23:06 de
00:23:08 faire comprendre,
00:23:10 de rendre sensible la narration.
00:23:12 Vraiment, à ce niveau-là,
00:23:14 il y a un peu
00:23:16 de parlotte pour expliquer,
00:23:18 mais je trouve qu'il y a un bon équilibre.
00:23:20 Dans Nantes et Nettes, c'est moins évident.
00:23:22 Je trouve qu'il y avait un peu des tunnels de dialogue
00:23:24 Nantes et Nettes, effectivement,
00:23:26 et il y avait un petit côté, je trouve, aveu d'échec
00:23:28 sur la possibilité
00:23:30 de tout expliquer.
00:23:34 Mais je comprends cette critique-là,
00:23:36 c'est vrai que
00:23:38 c'est un peu le cas dans
00:23:40 Nantes et Nettes.
00:23:42 Ce que je trouve très fort dans Nantes et Nettes,
00:23:44 quand on réfléchit 5 secondes, si on repose
00:23:46 le film dans la filmographie du monsieur,
00:23:48 il fait des films comme
00:23:50 Nemento où il raconte à l'envers.
00:23:52 Il fait des films comme Dunkerque
00:23:54 où en fait, il raconte
00:23:56 un montage alterné sur
00:23:58 une temporalité différente, et là,
00:24:00 il te raconte un film linéaire de base,
00:24:02 mais non linéaire
00:24:04 par une inversion du temps dans le film.
00:24:06 Quand on réfléchit, il a pris son concept,
00:24:08 il est encore allé plus loin, il a encore trouvé une autre
00:24:10 manière de le traiter.
00:24:12 Attends, tu veux dire quoi, tu parles duquel,
00:24:14 de Nemento ?
00:24:16 Non, je parlais de Tenet à l'arrivée, c'est-à-dire que
00:24:18 le film en lui-même est linéaire.
00:24:20 Oui, c'est vrai.
00:24:22 Oui, c'est vrai.
00:24:24 Non, mais je suis d'accord.
00:24:26 En fait,
00:24:28 c'est comme si
00:24:30 pour arriver à la vérité
00:24:32 de l'expérience,
00:24:36 tu verras que c'est la même chose dans Open Aimer,
00:24:40 c'est pour arriver à la vérité des choses,
00:24:42 on a l'impression qu'il doit
00:24:44 triturer effectivement les strates temporelles,
00:24:46 sinon il a la sensation de ne pas
00:24:48 arriver à la vérité de ses personnages.
00:24:50 C'est assez troublant.
00:24:52 En fait, c'est une méthode,
00:24:54 je pense, d'écriture
00:24:56 qui permet d'arriver
00:24:58 à la vérité de ses personnages.
00:25:00 Et je pense,
00:25:02 ça c'est mon point de vue, mais c'est que Nolan,
00:25:04 d'ailleurs c'est aussi du temps de l'hiver au passage,
00:25:06 donc je pense,
00:25:08 c'est quelqu'un qui invite à revoir ses films
00:25:10 parce que c'est une expérience, il invite à les revoir,
00:25:12 je pense que l'exemple le plus frappant c'est le Prestige,
00:25:14 mais
00:25:16 j'ai l'impression que ses films sont faits pour être revus,
00:25:18 c'est-à-dire une fois tu le ressens,
00:25:20 et une fois tu peux le réanalyser.
00:25:22 Oui, c'est vrai.
00:25:24 Je ne sais pas s'il a vraiment ça en tête dans sa conception.
00:25:26 Oui, d'ailleurs il le dit,
00:25:28 mais c'est clair,
00:25:30 en fait c'est très troublant parce que,
00:25:32 par exemple, ses intros,
00:25:34 très souvent,
00:25:36 ils commencent avec des
00:25:38 ce qu'on appelle des scènes de montage,
00:25:40 où en fait,
00:25:42 dans le livre, je l'explique,
00:25:44 il y a trois manières d'utiliser des montages.
00:25:46 Une première manière qui va être
00:25:50 qui va être plus pour
00:25:54 comment dire
00:25:56 qui va être pour mettre dans l'ambiance.
00:26:00 Donc souvent ça commence,
00:26:02 c'est une montage atmosphère en fait.
00:26:04 Et souvent, ces films commencent
00:26:06 par une succession de scènes,
00:26:08 on ne sait pas si c'est, enfin de plans,
00:26:10 on ne sait pas si c'est le point de vue d'un personnage,
00:26:12 si c'est lui qui ajoute une scène à ce moment-là,
00:26:14 si c'est juste pour créer une ambiance au début,
00:26:16 etc.
00:26:18 Et très souvent,
00:26:20 on se rend compte que ce qu'on croyait
00:26:22 totalement gratuit dans ce qui est montré
00:26:24 comme image, s'avère être
00:26:26 aussi des clés pour comprendre
00:26:28 la suite du film.
00:26:30 Et donc ça,
00:26:32 ça montre clairement qu'effectivement,
00:26:34 ces films peuvent être revus,
00:26:36 parce qu'il y a plein de
00:26:38 scènes de montage comme ça,
00:26:40 qui sont juste là pour semer des petits indices.
00:26:42 Et effectivement, en le revoyant,
00:26:44 tu recomprends mieux,
00:26:46 mais ça a quand même une fonction, la première fois qu'on le voyait,
00:26:48 parce que
00:26:50 ça mettait dans une atmosphère,
00:26:52 ça créait un contexte,
00:26:54 ça créait un univers.
00:26:56 Donc ça, c'est la première manière
00:26:58 dont ils utilisent le montage.
00:27:00 La seconde, ça serait de manière plus linéaire
00:27:02 pour faire avancer l'histoire.
00:27:04 Et la troisième, c'est plutôt
00:27:06 pour un montage un peu schématique,
00:27:08 pour essayer de faire comprendre
00:27:10 une mécanique narrative,
00:27:14 ou alors
00:27:16 une imbrication d'histoires entre elles.
00:27:18 Ça, c'est le montage qu'on a beaucoup dans Inception.
00:27:20 Quand on voit les différentes
00:27:22 strates de rêve se répondre
00:27:24 par le montage,
00:27:26 ça, c'est la manière qu'ils ont utilisé aussi.
00:27:28 Et du coup, question, parce que là, on a évoqué le montage,
00:27:32 mais je suppose
00:27:34 qu'ils supervisent le montage,
00:27:36 mais c'est un montage qui est prévu dans le scénario,
00:27:38 ça me paraît logique, Inception,
00:27:40 dans le scénario, mais
00:27:42 à quel point est-ce qu'ils
00:27:44 regardent le montage ?
00:27:46 Est-ce qu'il monte ?
00:27:48 Est-ce qu'il est derrière le monteur en mode "fais gaffe" ?
00:27:50 Je pense qu'il est derrière le monteur.
00:27:52 Je n'ai pas l'info
00:27:56 de première main,
00:27:58 mais oui, je pense vraiment
00:28:00 que c'est une telle importance
00:28:02 dans ces films
00:28:04 que c'est certain qu'il suit l'affaire
00:28:06 de très près.
00:28:08 Et d'ailleurs,
00:28:10 le montage est super important
00:28:12 dans ces films, c'est vraiment
00:28:14 essentiel pour lui.
00:28:16 Depuis ses tout premiers films,
00:28:18 en fait,
00:28:20 ses films, c'est vraiment...
00:28:24 C'est comment donner
00:28:28 de la texture aux plans
00:28:30 par la manière de les filmer,
00:28:32 souvent très proche,
00:28:34 de manière à comprendre
00:28:36 la matérialité du monde. Donc il y a un côté super
00:28:38 concret, super
00:28:40 incarné.
00:28:42 Et le second,
00:28:44 il y a deux pieds,
00:28:46 il y a deux jambes.
00:28:48 Ça c'est la première jambe, et la deuxième jambe c'est le montage
00:28:50 qui va permettre d'intellectualiser la chose.
00:28:52 Donc c'est un mélange entre
00:28:54 un côté matérialiste d'un côté
00:28:56 et
00:28:58 spiritualiste de l'autre
00:29:00 par le montage.
00:29:02 Et c'est ça
00:29:04 qui donne un peu la patte
00:29:06 pour moi de Lan. C'est vraiment ce mélange entre les deux.
00:29:10 Dans "Openheimer", à un moment,
00:29:12 je ne vais pas trop dévoiler, mais il y a juste un petit truc
00:29:14 qui m'a fait penser,
00:29:16 il parle de physique quantique et il dit...
00:29:18 Il explique que la physique quantique...
00:29:20 Pour expliquer la physique quantique, il dit...
00:29:22 On a l'impression qu'il y a de la chair,
00:29:24 mais en fait, c'est que des atomes
00:29:26 qui sont
00:29:28 en train d'être attirés vers les autres
00:29:30 et/ou repoussés.
00:29:32 Et tout ça, ça constitue la matérialité du monde.
00:29:34 Ce qu'on croit être matériel,
00:29:36 c'est ça. Et moi, je trouve
00:29:38 que ça ressemble beaucoup à sa vision du cinéma.
00:29:40 C'est que, à la fois, c'est très matérialiste,
00:29:44 il va montrer les choses très concrètes,
00:29:46 et à la même temps, c'est totalement abstrait.
00:29:48 C'est rendre abstrait tout ce qui est concret
00:29:52 et inversement.
00:29:54 C'est ça que j'aime bien. Il n'y a pas l'intermédiaire.
00:29:56 Il n'y a pas la chair
00:29:58 qui va faire passer de l'un à l'autre.
00:30:00 C'est soit l'abstrait, soit le concret,
00:30:02 soit l'abstrait et le matériel,
00:30:04 et les deux se discutent en direct.
00:30:06 - Une vision intéressante, j'aime bien.
00:30:08 Moi, je verrai le film demain, je y penserai.
00:30:12 Du coup, je vais vite faire,
00:30:16 vu qu'on parle du montage, ça, c'est un truc intéressant.
00:30:18 C'est que c'est un réalisateur,
00:30:20 le succès, ça aide à ça,
00:30:22 mais c'est un réalisateur qui a la main mise sur ses projets,
00:30:24 alors qu'on est à l'époque des franchises
00:30:26 où tout est cadré.
00:30:28 Lui, déjà, il a la chance, même s'il a des détracteurs,
00:30:30 il a la chance
00:30:32 de que son nom soit,
00:30:34 je dirais même au-delà du concept
00:30:36 de "on va voir un film monté",
00:30:38 parce que, comme on a dit, ces films, c'est des high concepts,
00:30:40 des gadgets, comme on a dit,
00:30:42 mais son nom est...
00:30:44 Il a cette liberté, son nom est suffisamment vendeur.
00:30:46 Il arrive à se débrouiller dans ce domaine-là.
00:30:48 Il a jamais eu de soucis de...
00:30:50 - Je pense que son nom a le même pouvoir
00:30:52 que la présence d'une star.
00:30:54 C'est "vous voir plus", je pense.
00:30:58 Donc, effectivement,
00:31:00 ça, c'est une sacrée réussite.
00:31:02 Il a, effectivement,
00:31:04 sa maison de production,
00:31:06 qui s'appelle Syncopy,
00:31:08 qui est dirigée par sa femme, Emma Thomas,
00:31:10 et qu'il a rencontrée
00:31:16 quand il étudiait avec elle,
00:31:18 justement, à la fac de littérature
00:31:20 à Londres.
00:31:22 Mais, effectivement,
00:31:24 c'est vrai qu'il a un status en pareil.
00:31:26 Je pense que c'est...
00:31:28 Je ne sais pas comment il est réussi.
00:31:30 Il a eu, je pense, plusieurs succès d'affilée.
00:31:32 Et que, du coup,
00:31:34 les studios
00:31:36 ont encore ce bénéfice
00:31:38 d'avoir ce nom de Nolan,
00:31:40 jusqu'à quand ça durera, quoi.
00:31:42 Jusqu'à quand il aura la vista comme ça
00:31:44 et pourra utiliser son nom pour...
00:31:46 Parce que c'est vrai qu'on en voit plein
00:31:48 des réalisateurs qu'on trouve
00:31:50 super intéressants, super promoteurs,
00:31:52 voire super reconnus.
00:31:54 Et pourtant,
00:31:56 ensuite, ils se font...
00:31:58 manger par le système.
00:32:00 Et finalement, ils se retrouvent
00:32:02 à monter telle ou telle suite
00:32:04 de tel ou tel film.
00:32:06 Donc, c'est vrai que, pour l'instant,
00:32:08 il n'est pas trop dans cet écueil-là.
00:32:10 - Espérons pour lui, déjà,
00:32:12 que ça n'arrive pas.
00:32:14 - Espérons que
00:32:16 le nouveau film ne fera pas trop d'infos.
00:32:18 - Ça risque d'être compliqué
00:32:22 vu l'embouteillage de sortie et tout ça.
00:32:24 - En plus, c'est un film
00:32:26 très...
00:32:28 Comment dire...
00:32:30 Ardu, quand même.
00:32:32 Je ne sais pas si c'est le parfait
00:32:34 blockbuster de l'été.
00:32:36 On va voir.
00:32:38 - On ne va rien dire de plus sur le film,
00:32:40 mais déjà, le principe de base,
00:32:42 c'est de se baser sur
00:32:44 quelque chose de peut-être un peu moins
00:32:46 justement à "e-concept".
00:32:48 Parce qu'au "open-aimer", on voit à peu près
00:32:50 qui c'est, mais personnellement,
00:32:52 je trouve ça beaucoup moins vendeur
00:32:54 que le film d'action, d'aventure
00:32:56 de base, déjà. Il y a un risque, je trouve.
00:32:58 - Oui, je suis d'accord.
00:33:00 Cela dit, "Dunkerque",
00:33:02 ce n'était pas non plus...
00:33:04 Ah si, c'est vrai qu'il y a le film.
00:33:08 C'est un film de guerre.
00:33:10 - Ça va faire "pampam", donc des gens vont voir.
00:33:12 - Oui, c'est vrai.
00:33:14 Effectivement, c'est un film plus dure à vendre.
00:33:16 Et d'ailleurs, on a vu
00:33:18 qu'ils ont pas mal tâtonné sur la manière de le vendre,
00:33:20 le discours autour du film...
00:33:22 Mais bon, on va voir.
00:33:24 On va voir si ça fonctionne.
00:33:26 - Alors, pour le moment,
00:33:28 on a évidemment pas mal insisté
00:33:30 sur le montage, j'ai envie de dire,
00:33:32 cette manière de...
00:33:34 de placer le temps dans ces films,
00:33:36 qui est une chose assez évidente.
00:33:38 Mais dans le livre, entre autres,
00:33:40 je rappelle, le livre de notre invité,
00:33:42 si jamais, il y a un truc qui est très intéressant,
00:33:44 c'est la question du point de vue.
00:33:46 Et je profite, avant même d'aller plus loin,
00:33:48 il suffit de voir la discussion dans le chat,
00:33:50 c'est pour ça qu'il ne les aime pas.
00:33:52 La preuve, c'est que la différence de point de vue,
00:33:54 c'est quelque chose d'humain.
00:33:56 Et au cinéma, c'est vrai qu'un réalisateur
00:33:58 peut guider le point de vue de tout le monde
00:34:00 pour dire "voilà, c'est ça, la vérité",
00:34:02 mais lui, il s'amuse aussi à...
00:34:04 Comment dire ça ?
00:34:06 - Oui, à créer le doute...
00:34:08 - Voilà.
00:34:10 - À créer le doute en mélangeant les points de vue,
00:34:12 en les entremêlant, etc.
00:34:14 - Oui, c'est ça.
00:34:16 - Ben oui, non, mais c'est clair, c'est clair.
00:34:18 C'est comme ça qu'on a fait des films
00:34:20 sur la question de la perception.
00:34:22 Donc...
00:34:24 En fait, c'est comment la perception
00:34:26 rend partielle
00:34:28 la manière dont on voit les choses.
00:34:30 Donc c'est comment la perception réduit, en fait,
00:34:32 réduit le champ
00:34:34 de la compréhension du monde.
00:34:36 Et là-dessus,
00:34:38 c'est clair que c'est à la fois,
00:34:40 à la base,
00:34:42 la question de la perception,
00:34:44 la question de la perception,
00:34:46 là-dessus, c'est clair que c'est à la fois,
00:34:48 à la base, c'était, dans les films comme
00:34:50 "Insomnia", "Memento", etc.,
00:34:52 "Following", c'était une manière
00:34:54 de...
00:34:56 Comment dire ?
00:34:58 Faire des voyages dans la subjectivité humaine,
00:35:00 de montrer
00:35:02 les impacts
00:35:04 existentiels
00:35:06 de ces problèmes de perception.
00:35:08 Et puis très vite, avec...
00:35:10 Effectivement,
00:35:12 en fait, avec
00:35:14 "Batman", il y a quand même eu un vrai...
00:35:16 Il y a vraiment eu un vrai
00:35:18 bascule dans ces films,
00:35:20 qui est une bascule
00:35:22 à la fois de ce que ça raconte,
00:35:24 mais aussi de mise en scène.
00:35:26 C'est-à-dire que...
00:35:28 C'est vraiment passé avec "The Dark Knight",
00:35:30 parce qu'effectivement,
00:35:32 "Batman Begins"
00:35:34 était encore un film très, très découpé,
00:35:36 très...
00:35:38 assez complexe
00:35:40 dans sa construction, etc.,
00:35:42 et avec "The Dark Knight",
00:35:44 il a vraiment été forcé
00:35:46 de...
00:35:48 d'essayer de donner
00:35:50 un point de vue un peu plus surplombant,
00:35:52 de donner un peu une vision d'ensemble
00:35:54 et montrer plusieurs points de vue qui s'imbriquent.
00:35:56 Et du coup, s'il y a plusieurs points de vue,
00:35:58 ça veut dire qu'il y a aussi un point de vue un peu panoptique
00:36:00 qui va être là pour essayer
00:36:02 de comprendre l'ensemble.
00:36:04 Et c'est d'ailleurs un peu le sujet du film,
00:36:06 parce que dans "The Dark Knight", on voit
00:36:08 Batman qui crée
00:36:10 son espèce de grand module de surveillance
00:36:12 où il voit tout Gotham.
00:36:14 Et donc, en fait,
00:36:16 c'est vraiment...
00:36:18 Je trouve que cette bascule est assez symbolique
00:36:20 de comment...
00:36:22 de comment Nolan s'est mis à changer d'échelle.
00:36:24 Et d'ailleurs, c'est assez logique
00:36:26 qu'après qu'il ait fait "Inception",
00:36:28 où on était vraiment
00:36:32 pareil sur l'imbrication des points de vue,
00:36:34 jusqu'à arriver au plus large,
00:36:36 du plus large au plus petit.
00:36:38 Et avec "Interstellar",
00:36:40 c'est encore allé plus loin à ce niveau-là.
00:36:42 Et donc, voilà.
00:36:48 C'est vrai que c'est assez fascinant,
00:36:50 cette manière qu'il a d'imbriquer les points de vue.
00:36:52 Et le dernier, je n'échappe pas à la règle.
00:36:54 - Je rigole un peu, parce que je vais dire
00:36:58 "J'ai envie de le voir, du coup !"
00:37:00 - Bah oui, ça donne envie, c'est clair.
00:37:02 Je retourne aussi demain.
00:37:04 - Ah, bah attendez.
00:37:06 Je reviens vite fait sur "The Dark Knight".
00:37:08 Alors, le point de vue, cette question des points de vue,
00:37:14 et même dans le scénario,
00:37:16 puisque Batman, le chevalier noir,
00:37:18 admire Harvey Dent,
00:37:20 le chevalier blanc qui lui est, admire Batman.
00:37:22 Et pendant tout le film, on a toujours une inversion
00:37:24 du bien et du mal. Entre autres, la fameuse scène
00:37:26 des deux bateaux, bon ça c'est peut-être un peu bateau,
00:37:28 ce qu'il y a de mieux dire, mais il y a plein de trucs.
00:37:30 Il y a un attentat où les méchants
00:37:32 sont déguisés en policiers.
00:37:34 Il y a un moment où Batman doit sauver des gens.
00:37:36 Les otages sont déguisés en terroristes,
00:37:38 et les méchants en terroristes,
00:37:40 et les terroristes en scientifiques, je crois.
00:37:42 Il y a une inversion constante du bien et du mal.
00:37:44 - Un côté interchangeable, en fait,
00:37:46 effectivement, des personnages
00:37:48 et du bien et du mal, oui.
00:37:50 C'est vrai.
00:37:52 Et d'ailleurs, c'est le début de "Tenet" aussi,
00:37:54 où on voit les personnages
00:37:56 qui arrivent avec leurs uniformes,
00:37:58 dont on ne sait pas exactement
00:38:00 de quelle armée ils sont.
00:38:02 Ou de quel pays ils défendent.
00:38:04 Et puis on les voit changer
00:38:06 leur insigne sur l'uniforme,
00:38:08 comme pour dire que finalement,
00:38:10 voilà, en un coup de scratch,
00:38:12 on peut changer de point de vue.
00:38:14 C'est clair que ça, c'est assez fascinant.
00:38:16 Mais c'était déjà présent, déjà,
00:38:18 dans "Rinsomnia",
00:38:20 dans le face-à-face
00:38:22 entre Al Pacino
00:38:24 et Romney Williams.
00:38:26 Ou, en fait,
00:38:28 c'est un peu comme un "Tenet"
00:38:30 où, finalement,
00:38:32 Romney Williams
00:38:34 essaie de faire comprendre
00:38:36 à Al Pacino
00:38:40 qu'ils sont, en fait,
00:38:42 tous les deux comme il y a un meurtre,
00:38:44 ils sont au même niveau tous les deux.
00:38:46 Et que, en fait,
00:38:48 c'est à nouveau cette question du point de vue,
00:38:50 de la perception.
00:38:52 En fait, plus on zoom dans la perception,
00:38:54 moins on a le contexte,
00:38:56 et moins, du coup,
00:38:58 les repères moraux
00:39:00 ont un sens.
00:39:02 Et ça explique pourquoi aussi,
00:39:04 dans "Memento",
00:39:08 on a un personnage principal
00:39:10 dont toute la quête
00:39:12 est de retrouver l'assassin
00:39:14 de sa femme.
00:39:16 Je ne veux pas révéler forcément la fin,
00:39:20 mais il y a aussi cette idée
00:39:22 de point de vue,
00:39:24 et que, finalement,
00:39:26 le bien et le mal sont totalement...
00:39:28 les cartes sont rebattues sans cesse.
00:39:30 "Memento" le représente bien
00:39:32 parce qu'on a, et cette inversion temporelle,
00:39:34 et comme il oublie,
00:39:36 on est toujours de son point de vue
00:39:38 qui découvre la scène, et nous en tant que spectateurs aussi.
00:39:40 La fameuse scène qui, en plus,
00:39:42 est citée dans le livre, encore une fois,
00:39:44 mais c'est une scène qui, je pense, a fait sourire tout le monde.
00:39:46 C'est "Ah, je poursuis ce mec !
00:39:48 Ah non, c'est lui qui me poursuit !"
00:39:50 C'est symbolique
00:39:52 de comment il réussit
00:39:54 à inscrire...
00:39:56 En fait, ça commence par un jeu
00:40:00 de scénario, et comment il en fait
00:40:02 des vraies situations.
00:40:04 Et là, c'est une situation très parlante,
00:40:06 et c'est ça qu'il réussit à faire
00:40:08 et qui fonctionne bien.
00:40:10 Alors, là, on a parlé
00:40:12 un peu, j'ai envie de dire, des stéréotypes.
00:40:14 Après, on reviendra sur le titre du livre,
00:40:16 parce qu'il y a un monde à développer,
00:40:18 ça me calme le dire, peut-être même plusieurs.
00:40:20 Mais là, on a été
00:40:22 un peu sur la surface
00:40:24 de Nolan. Mais maintenant, j'aimerais revenir sur justement,
00:40:26 puisqu'on dit que parfois, il est froid,
00:40:28 que les scénarios sont simples, revenir sur ces personnages.
00:40:30 Et moi, j'ai une espèce de petite théorie,
00:40:32 c'est qu'en fait, ces personnages, alors le terme est peut-être un peu
00:40:34 fort, mais ce sont des personnages qui,
00:40:36 au début du film, sont morts, en fait.
00:40:38 Alors, dans "Tenet", c'est évident, on va dire,
00:40:40 c'est plus parlant, mais je veux dire, dans "Inkirk",
00:40:42 on a perdu la bataille, la bataille de France.
00:40:44 Batman, on le sait tous,
00:40:46 il est plus ou moins mort dans sa tête quand on a tué ses parents.
00:40:48 Le personnage de DiCaprio
00:40:50 dans "Inception", bon, lui, c'est la mort
00:40:52 de sa femme qui fait qu'il est, on va dire,
00:40:54 traumatisé. Ce sont des personnages
00:40:56 qui, de base,
00:40:58 qu'on dirait ça,
00:41:00 je ne vais pas dire
00:41:02 perdre leur humanité, ça c'est plus pour "Tenet" ou autre,
00:41:04 mais qui, de base, ont un drame.
00:41:06 Donc déjà, de base, ils ont quelque chose.
00:41:08 C'est clair que tout commence toujours
00:41:12 par un deuil.
00:41:14 Donc, effectivement, c'est le
00:41:16 monde qui s'effondre,
00:41:18 enfin, en gros,
00:41:20 en fait, il y a un côté table rase,
00:41:22 c'est-à-dire qu'on commence toujours
00:41:24 de quelque chose qui s'est effondré
00:41:26 et le personnage
00:41:28 va se retrouver à le reconstruire.
00:41:30 C'est clairement le cas
00:41:32 dans "Memento" où, en fait,
00:41:34 finalement,
00:41:36 on se rend compte qu'en fait,
00:41:38 toute sa vie,
00:41:42 c'est quelque chose qui s'est lui-même construit.
00:41:44 Ça, on le découvre
00:41:46 au fur et à mesure en remontant
00:41:48 le fil du temps, que tout ce qu'on croit
00:41:50 établi dans sa vie, c'est quelque chose que lui-même
00:41:52 a mis en place comme un système.
00:41:54 Et donc, dans "Inception",
00:41:56 effectivement,
00:41:58 c'est le monde des architectes,
00:42:00 donc forcément, il crée
00:42:02 des mondes autonomes.
00:42:04 Et pour ça, en gros,
00:42:08 le personnage est contraint
00:42:12 de faire ça parce que
00:42:14 leur monde a commencé
00:42:16 par s'effondrer au début du film.
00:42:18 Donc, effectivement, il y a cette constance.
00:42:20 Il y a toujours cette idée qu'il faut un monde à reconstruire
00:42:24 ou dans "Interstellar", il y a le monde
00:42:26 qui suffoque, il faut aller chercher une nouvelle planète.
00:42:30 Il y a toujours un monde...
00:42:34 C'est paradoxal parce que c'est à la fois
00:42:36 un monde à aller chercher ailleurs,
00:42:38 mais c'est aussi
00:42:40 le monde ancien, le monde qui a disparu,
00:42:42 qu'on souhaite retrouver.
00:42:44 Donc ça, c'est le principe d'"Interstellar".
00:42:46 Il va à l'autre bout de l'univers
00:42:50 pour aller chercher un nouveau monde
00:42:52 et puis il finit par retrouver le sien.
00:42:54 - Alors, du coup, avant de repartir sur les mondes,
00:42:58 parce que dès que j'ai parlé du titre,
00:43:00 il s'est dit "c'est bon, je me lâche".
00:43:02 Peut-être parler un peu de la trilogie "Batman".
00:43:04 J'explique pourquoi.
00:43:06 Parce que déjà, un, c'est celle qui l'a fait
00:43:08 définitivement exploser d'un point de vue popularité.
00:43:10 Et d'ailleurs, c'est là qu'on disait,
00:43:12 entre les "Batman" qui étaient ses gros trucs,
00:43:14 il avait assez de budget pour faire des films
00:43:16 comme "Le Prestige", par exemple.
00:43:18 - "Le Prestige", ouais.
00:43:20 - A vie perso, j'aimais bien cette période,
00:43:22 parce qu'il se permettait de faire un "Batman"
00:43:24 qui allait être un succès, et avec "Le Prestige"
00:43:26 et tout ça, il avait quand même des finances
00:43:28 pour faire des projets "plus personnels".
00:43:30 Mais revenons sur la trilogie "Batman"
00:43:32 qui finalement inverse très peu la temporalité.
00:43:34 Alors là, on a dit "Batman",
00:43:36 le personnage mort, le point de vue, tout ça, ça y est.
00:43:38 Mais ce sont des films qui se présentent
00:43:40 de manière plus simple. En quoi sont-ils
00:43:42 totalement nolaniens, malgré
00:43:44 la présence, le poids très lourd
00:43:46 de l'histoire de "Batman"
00:43:48 derrière ? Je parle des comics et des autres.
00:43:50 - Alors déjà,
00:43:52 quand on regarde "Batman Begins",
00:43:54 c'est totalement évident que
00:43:56 c'est... enfin, on retrouve
00:43:58 vraiment le réalisateur d'"Insomnia",
00:44:00 "Memento", "Following", etc.
00:44:02 par...
00:44:04 donc, il y a déjà l'idée de
00:44:06 traumatisme initial.
00:44:08 Et... chose
00:44:14 assez frappante,
00:44:16 l'effet du traumatisme,
00:44:18 c'est quoi ? C'est les chauves-souris,
00:44:20 le batmandelle des chauves-souris
00:44:22 qui créent des espèces de...
00:44:24 enfin, c'est ça son obsession,
00:44:26 ces images, ces persistances rétiniennes
00:44:28 qui reviennent un peu tout le temps
00:44:30 dans la tête du personnage.
00:44:32 Et ça, ça ressemble vraiment
00:44:34 à toutes les images un peu
00:44:36 mentales qu'on voyait aussi dans
00:44:38 "Memento",
00:44:40 notamment.
00:44:42 Donc, à ce niveau-là, je trouve qu'on retrouve
00:44:44 vraiment l'idée d'un héros
00:44:46 plongé dans sa propre subjectivité,
00:44:48 dans son propre
00:44:50 mal-être, qui est
00:44:52 un problème de perception, qui est un problème
00:44:54 de compréhension du monde,
00:44:56 c'est un monde qui manque de cohérence.
00:44:58 Et d'ailleurs, le film est super...
00:45:00 pour le coup,
00:45:02 là, c'est pas comme "The Dark Knight",
00:45:04 "Batman Begins",
00:45:06 il y a plein d'autres
00:45:08 petites ramifications temporelles, etc.
00:45:10 Narrativement, il est assez complexe,
00:45:12 "Batman Begins".
00:45:14 Et en cela,
00:45:16 il se rapproche quand même de ses premiers films.
00:45:18 Et puis, c'est un film qui est vraiment
00:45:20 en râle à... comment dire...
00:45:22 qu'encore le point de vue du super-héros
00:45:24 avance
00:45:26 sa transformation.
00:45:28 Et puis, toute l'idée,
00:45:30 c'est...
00:45:32 on va prendre
00:45:34 toutes les faiblesses,
00:45:36 on va prendre le traumatisme,
00:45:38 et on va le transformer
00:45:40 en force.
00:45:42 Et ça, pareil, c'est un peu
00:45:44 le...
00:45:46 comment dire...
00:45:48 Tu vois le personnage de
00:45:50 Memento, par exemple,
00:45:52 il utilise son traumatisme
00:45:54 pour se créer
00:45:56 une seconde peau en mettant tous ses tatouages,
00:45:58 pour créer tout un attirail
00:46:00 de petits objets
00:46:02 qui vont le suivre avec lui dans les chambres dans lesquelles il va.
00:46:04 Donc finalement, on a déjà quelqu'un
00:46:06 qui utilise son trauma
00:46:08 pour se construire un personnage
00:46:10 qui lui permet de survivre.
00:46:12 Et c'est ce qui se passe aussi
00:46:14 dans "Batman".
00:46:16 Alors après, je suis d'accord qu'il y a clairement
00:46:18 une...
00:46:20 une bascule avec "The Dark Knight".
00:46:24 Parce que, d'une certaine manière,
00:46:26 il y a un déséquilibre
00:46:28 qui se crée
00:46:30 avec "Le Joker".
00:46:32 Et donc là, on retrouve
00:46:36 un autre schéma
00:46:38 qu'il a souvent utilisé
00:46:40 dans ses films.
00:46:42 C'est celle de la rivalité,
00:46:44 de la confrontation de deux personnages
00:46:46 qu'il avait déjà
00:46:48 dans "Insomnia",
00:46:50 ensuite dans "Prestige",
00:46:52 et ensuite dans "The Dark Knight".
00:46:54 Il y a l'idée que
00:46:56 c'est deux personnages face à face.
00:46:58 Et là, en fait,
00:47:02 là où...
00:47:04 En fait, c'est qui va...
00:47:08 Parce qu'en fait, finalement, dans ses premiers films,
00:47:10 il y avait toujours le personnage qui était manipulé.
00:47:12 Et là, avec "The Dark Knight",
00:47:14 on ne sait plus trop
00:47:16 qui va manipuler qui
00:47:18 entre "Le Joker"
00:47:22 et "Batman". Parce que c'est vrai que
00:47:24 "Le Joker", il va
00:47:26 être aussi dans
00:47:28 une vision du monde chaotique,
00:47:30 qui se rapproche
00:47:34 peut-être plutôt de ses personnages d'avant.
00:47:36 Donc finalement, l'héritier des personnages
00:47:38 précédents de Nolan
00:47:40 va plutôt, limite, être du côté du Joker
00:47:42 avec le monde qui est chaotique,
00:47:44 qui n'a plus aucun sens,
00:47:46 donc autant faire n'importe quoi,
00:47:50 face à un Batman qui, pour le coup,
00:47:52 est la personne qui essaie de donner une cohérence,
00:47:54 de suivre une vision d'ensemble.
00:47:56 Donc les rôles sont un peu inversés, c'est ça qui est intéressant dans le film.
00:48:00 Et après, son dernier,
00:48:02 "The Dark Knight Rises",
00:48:04 qui est né dans la douleur,
00:48:06 il faut le rappeler quand même.
00:48:08 Le mal-aimé. Oui, c'est vrai.
00:48:10 C'est encore différent.
00:48:14 Là, à nouveau,
00:48:16 il parle de sa peur du chaos.
00:48:18 C'est aussi un film qui parle
00:48:20 de la peur du chaos.
00:48:22 Moi, je trouve que c'est un film intéressant
00:48:26 politiquement.
00:48:28 Parce qu'il y a ça aussi dans les Batmans,
00:48:30 c'est que finalement,
00:48:32 tous les méchants
00:48:34 présentés dans les Batmans,
00:48:36 on voit la manière dont ils représentent chacun
00:48:40 un péril,
00:48:42 une sorte de péril de démocratie.
00:48:46 Le Joker serait le risque de l'anarchie.
00:48:48 Ra's al Ghul serait le fascisme.
00:48:54 Il y a l'autodéfense pour Harvey Dent.
00:49:02 Bane, ça va être la démagogie.
00:49:06 Avec un truc qui se rapproche un peu de...
00:49:10 Son tableau de Gotham
00:49:14 sous son règne
00:49:16 qui évoque la France de la terreur.
00:49:18 À ce niveau-là, c'est intéressant.
00:49:22 Finalement, il développe quand même
00:49:26 une vision politique
00:49:28 à travers ces Batmans de l'âme.
00:49:30 Pour le chat, si vous avez des questions,
00:49:34 commencez à cogiter et à les préparer.
00:49:36 Je suis en train de voir que tout ce que j'avais
00:49:40 plus ou moins prévu, qui n'était pas prévu,
00:49:42 en grande partie improvisé,
00:49:44 j'ai bientôt fini, donc commencez à écrire.
00:49:48 Je sais qu'en plus, il y a un décalage entre le live
00:49:50 et ce que les gens reçoivent.
00:49:52 Pour revenir au livre, tu es parti dessus,
00:49:54 mais la possibilité d'un monde, explique-nous cette histoire.
00:49:56 Tu as commencé à développer de créations de monde,
00:49:58 puisque c'est une petite vieille, c'est important.
00:50:00 Il y a plusieurs choses que j'évoquais
00:50:04 et que la notion de monde
00:50:08 rassemblait un peu
00:50:10 toutes ces notions.
00:50:12 Le monde, c'est quoi ?
00:50:14 C'est un tout cohérent
00:50:16 dans lequel on évolue.
00:50:18 C'est le monde social
00:50:22 et le monde de la perception
00:50:26 que les gens ont
00:50:28 de leur environnement.
00:50:30 C'est aussi la matérialité des choses,
00:50:34 c'est la terre,
00:50:36 c'est le monde concret.
00:50:38 C'est aussi le monde politique
00:50:40 et ces trois choses.
00:50:44 Il y a aussi le monde,
00:50:50 on pourrait dire un peu subjectif,
00:50:52 ça rejoint ce que je disais
00:50:54 sur l'environnement cohérent.
00:50:56 Mais en gros, ce que j'ai voulu montrer,
00:50:58 c'est qu'à chaque fois,
00:51:00 Nolan nous montre
00:51:04 la manière dont cette notion de monde
00:51:06 est ébranlée
00:51:08 et la manière dont ces personnages
00:51:10 vont essayer de le remettre en place.
00:51:12 "Ébranlée" dans sa matérialité,
00:51:16 par exemple, c'est quand
00:51:18 le personnage d'Unsterlar
00:51:20 va devoir quitter
00:51:22 la planète Terre pour aller chercher
00:51:24 un autre monde parce que
00:51:26 concrètement, la planète sur laquelle il est
00:51:28 est en train de se dépérir.
00:51:30 Le monde au sens subjectif du terme
00:51:32 d'un environnement qui se délite,
00:51:34 c'est ce qu'on retrouve
00:51:36 dans Inception,
00:51:38 avec ce monde
00:51:40 qui est fait de décors permanents
00:51:42 et qui sont toujours...
00:51:44 Il suffit qu'on comprenne
00:51:46 que c'est une illusion
00:51:48 pour que le décor se délite
00:51:50 et que tout se désagrège.
00:51:52 Et le monde au sens politique aussi,
00:51:58 ça rejoint ce que je disais à l'instant
00:52:00 sur...
00:52:02 sur...
00:52:04 le côté politique de Batman,
00:52:06 c'est comment
00:52:08 la communauté
00:52:10 humaine peut se tenir.
00:52:12 Il y a un grand sujet
00:52:14 sur l'interdépendance
00:52:16 entre les gens, dans les films
00:52:18 de Nolan, par exemple.
00:52:20 Il y a
00:52:22 tous les passages dans le bateau,
00:52:24 dans le bateau
00:52:28 d'Hackerk,
00:52:30 où on comprend
00:52:32 que finalement, chaque
00:52:34 petit soldat,
00:52:36 le comportement de chacun,
00:52:38 va avoir un impact
00:52:40 sur la survie du groupe.
00:52:42 C'est le cas dans La Tassella aussi,
00:52:44 où tu as un personnage qui est là
00:52:46 pour sauver l'humanité.
00:52:48 Ou alors c'est carrément le cas
00:52:50 dans les deux
00:52:52 bateaux dont tu parlais
00:52:54 dans The Dark Knight.
00:52:56 Il y a une histoire d'interdépendance
00:52:58 perpétuellement.
00:53:00 Ça aussi, c'est un...
00:53:02 Et aussi le personnage de Batman.
00:53:06 Le personnage de Batman, c'est quelqu'un
00:53:08 qui, en mettant un masque,
00:53:10 peut être tout le monde, peut être
00:53:12 tous les citoyens de Gotham.
00:53:14 Et donc, c'est un peu
00:53:16 le citoyen par excellence
00:53:18 qui symbolise
00:53:20 cette interdépendance
00:53:22 entre les gens.
00:53:24 Ça aussi, c'est le monde.
00:53:26 Et donc, c'est
00:53:28 l'antithèse du monde, c'est le chaos.
00:53:30 Et donc,
00:53:36 Nolan ne parle que de la peur du chaos.
00:53:38 C'est son grand sujet.
00:53:40 C'est la peur du chaos,
00:53:42 c'est comment construire un monde,
00:53:44 comment rendre possible le monde.
00:53:46 Et le monde, c'est aussi le chez-soi.
00:53:48 Et les personnages
00:53:50 de Nolan ont de cesse de vouloir
00:53:52 rentrer chez eux.
00:53:54 C'est un peu comme
00:53:56 Mulis.
00:53:58 Et c'est le cas dans Dunkerque,
00:54:00 quand ils sont en train d'entrer chez eux,
00:54:02 c'est un Tastellar, le personnage qui peut retrouver sa famille,
00:54:04 Inception aussi, qui peut retrouver sa famille.
00:54:06 Il faut reconstruire un monde,
00:54:08 il faut retrouver un chez-soi.
00:54:10 C'est ça, son grand sujet.
00:54:12 Je partage un peu dans tous les sens.
00:54:16 C'est parfait, j'adore.
00:54:18 Par contre, il y a un truc, c'est intéressant.
00:54:20 Batman, en mettant un costume,
00:54:22 il devient tout le monde.
00:54:24 Et pour moi, c'est une des choses qui a été mal comprise,
00:54:26 ou en tout cas mal ressentie,
00:54:28 sur Dunkerque, c'est qu'en ne donnant pas de nom
00:54:30 à ses personnages, c'est qu'il n'est pas en train de raconter
00:54:32 l'histoire du soldat John, Edward,
00:54:34 Philippe, je ne sais pas quoi.
00:54:36 L'histoire
00:54:38 d'un soldat, des soldats, en fait.
00:54:40 C'est vrai, tu as juste vu ce que je voulais dire.
00:54:42 Il y a un côté...
00:54:44 Il y a un côté...
00:54:46 Comment dire...
00:54:48 C'est comme un paradigme.
00:54:50 C'est comme un symbole, finalement.
00:54:52 Mais oui, c'est clair,
00:54:58 c'est une dimension super intéressante.
00:55:00 Comment un personnage
00:55:04 devient un peu
00:55:06 une sorte de porte-parole d'humanité.
00:55:08 Il y a ça aussi, un peu dans un poney.
00:55:10 "Eh bien, on verra ça demain !"
00:55:12 "Eh bien, on verra ça demain !"
00:55:14 "C'est le gars qui va le voir !"
00:55:18 Et puis après, il y a Barbie, il ne faudra pas oublier.
00:55:20 Le dernier sujet qui, moi,
00:55:26 en tout cas, me quittille, c'est celui de la musique.
00:55:28 Parce qu'Anne Zimmer fait de la musique depuis longtemps.
00:55:30 Elle a déjà gagné des Oscars, entre autres pour "Gladiator".
00:55:32 Je ne me trompe pas, c'est bien lui.
00:55:34 Mais j'ai l'impression qu'il est devenu
00:55:36 hyper populaire, vraiment,
00:55:38 à la suite de ses collaborations
00:55:40 avec Nolan.
00:55:42 Et ce qui est intéressant, puisque la popularité
00:55:44 de Zimmer, c'est surtout des films, justement, comme
00:55:46 "The Black Ark" ou même dans "Interstellar",
00:55:48 la musique devient
00:55:50 presque un concept aussi.
00:55:52 Je pense que ça,
00:55:54 c'est aussi un effet,
00:55:56 une déformation qu'on a, parce qu'on a découvert...
00:55:58 On est de la génération
00:56:04 plutôt Nolan.
00:56:06 Mais je pense qu'à l'époque
00:56:08 de "Pirates des Caraïbes" sortant au cinéma,
00:56:10 la musique de Zimmer
00:56:12 était super populaire.
00:56:14 Donc,
00:56:16 je ne pense pas que ce soit
00:56:18 Nolan qui est vraiment popularisé.
00:56:20 Mais par contre, ce qui est vrai, c'est qu'il donne
00:56:22 une place comme
00:56:24 vraiment centrale à la musique.
00:56:26 Officiellement, "Pirates des Caraïbes",
00:56:28 ce n'est pas lui officiellement.
00:56:30 Officiellement, en tout cas, sur le CD, ce n'est pas lui.
00:56:32 Mais bon...
00:56:34 Indirectement, lui.
00:56:36 Il a fait des musiques qui ont marqué.
00:56:38 Là, j'ai parlé de "Gladiator", "Le Dernier Samouraï".
00:56:40 Il en a fait des musiques.
00:56:42 C'est connu.
00:56:44 Là, ce que tu veux dire, c'est que c'est vraiment inclus
00:56:46 dans l'œuvre.
00:56:48 Dans l'oeuvre en tout fait.
00:56:50 Ça se conceptualise.
00:56:52 Ça, c'est clair.
00:56:54 Dans "Dunkerque", c'est hallucinant.
00:56:56 Dans "Dunkerque", parfois, j'avais du mal
00:56:58 à discerner
00:57:00 est-ce que le son que j'avais entendu,
00:57:04 c'était de la tôle froissée
00:57:06 du bateau
00:57:08 qui est en train de couler, ou alors
00:57:10 un violoncelle qui fait
00:57:12 un glissando.
00:57:14 La musique se confond totalement
00:57:18 avec le bruitage du film
00:57:20 et aussi avec ses enjeux
00:57:22 narratifs.
00:57:24 C'est vrai que c'est totalement
00:57:26 une œuvre musicale.
00:57:28 Aussi, je pense que c'est important
00:57:32 pour Nolan parce que la musique
00:57:34 lui permet
00:57:38 dans "Dunkerque", quasiment muet,
00:57:40 la musique rend encore plus éloquent
00:57:44 ce qu'il nous montre.
00:57:46 C'est sa manière pour lui
00:57:50 de faire un film expressif.
00:57:52 C'est clair qu'il utilise la musique pour ça.
00:57:56 C'est assez remarquable.
00:58:00 Après, j'avoue que dans "Dunkerque",
00:58:02 je l'ai trouvé un peu grave l'utilisation en mode chrono,
00:58:04 mais ça, c'est moi.
00:58:06 C'est un principe de toute tentative.
00:58:08 Soit on fait un truc plat, soit on essaye quelque chose
00:58:12 et ça peut marcher ou pas.
00:58:14 C'est clair que
00:58:16 Nolan n'y va pas de main morte
00:58:20 quand il veut tenter des choses.
00:58:22 Il y va à fond.
00:58:24 C'est la façon d'effort et sa qualité.
00:58:26 Sauf si tu as quelque chose à ajouter.
00:58:32 Tu dis "Coco, tu as oublié ce détail-là".
00:58:34 Non, je vais écouter avec plaisir
00:58:36 les interventions sur le chat.
00:58:38 On va voir s'il y a des questions.
00:58:42 Profitez-en.
00:58:44 Je vais juste prendre une remarque.
00:58:46 Notre camarade nous met
00:58:50 beaucoup de théories,
00:58:52 mais ça ne fait pas un film.
00:58:54 Je te laisse répondre.
00:58:56 Je vois ce qu'il veut dire.
00:58:58 Souvent, on a dit de Nolan
00:59:00 que c'était un excellent scénariste,
00:59:02 qu'il avait des concepts.
00:59:04 Mais est-ce que ça rendrait un grand cinéaste ?
00:59:08 C'est une bonne question.
00:59:10 Là, on fait de la théorie,
00:59:14 parce qu'on essaie d'analyser.
00:59:16 Mais c'est vrai que ça mériterait
00:59:18 d'aller plus en détail dans ce qu'il fait.
00:59:20 Après, ce que je voudrais dire,
00:59:22 c'est qu'il y a vraiment
00:59:24 la mise en scène dans les films de Nolan.
00:59:26 Déjà, on a parlé du montage.
00:59:30 J'ai un peu développé
00:59:32 en quoi il utilisait
00:59:34 les différentes manières d'utiliser le montage.
00:59:36 Mais il y a aussi vraiment
00:59:38 une manière d'utiliser
00:59:42 les décors, par exemple,
00:59:44 souvent très dépouillés.
00:59:46 Souvent, c'est une sorte de minimalisme,
00:59:48 mais qui veut aboutir à quelque chose de monumental.
00:59:52 Quelqu'un a parlé,
00:59:54 il se propose un minimalisme monumental.
00:59:56 C'est un peu l'héritage Kubrick.
00:59:58 C'est l'idée qu'on va prendre
01:00:00 un tout petit motif et le répéter
01:00:02 pour en faire quelque chose de monumental,
01:00:04 ou alors l'isoler dans le plan
01:00:06 pour lui donner une importance.
01:00:08 C'est quelque chose qu'il fait beaucoup.
01:00:10 Il a quand même une faculté
01:00:14 à créer des espèces d'univers
01:00:16 de science-fiction.
01:00:18 Dans "Tenet", par exemple,
01:00:20 je trouve que l'espèce
01:00:22 d'univers,
01:00:24 comme on appelle ça, brutaliste,
01:00:26 toute l'architecture
01:00:28 qu'on voit dans le film,
01:00:32 c'est vraiment pareil.
01:00:34 Il y a un peu des convictions de mise en scène
01:00:36 sur comment jouer des décors,
01:00:38 comment gérer la composition du plan, etc.
01:00:42 Je trouve qu'il y a vraiment la mise en scène.
01:00:46 C'est chacun son point de vue.
01:00:50 Le côté minimaliste est intéressant
01:00:54 parce qu'on a parlé d'un caire qui est "Tenet"
01:00:56 en disant que ce ne sont pas des personnages
01:00:58 nommables, on va dire.
01:01:00 "Tenet", on sait qu'il y a une petite référence
01:01:02 légère à James Bond
01:01:04 qui se voit à peine.
01:01:06 Mais finalement, c'est aussi ça.
01:01:08 C'est enlever finalement
01:01:10 tout ce qui, en tout cas lui,
01:01:12 je ne dis pas que ce n'est pas important,
01:01:14 mais dans cette idée-là,
01:01:16 il n'était pas forcément important de développer.
01:01:18 Il y a aussi cette recherche de retrouver un concept pur.
01:01:22 En fait,
01:01:24 dans "Inception",
01:01:28 il n'arrête pas de répéter
01:01:30 "One simple idea".
01:01:32 Il y a toujours l'idée qu'on part
01:01:34 d'une idée mais basique
01:01:36 de chez Basique.
01:01:38 C'est autour de ça qu'on va tourner.
01:01:40 On va construire plein d'histoires
01:01:42 autour de ça. On va essayer d'approcher cette idée
01:01:44 de mille façons.
01:01:46 C'est pour ça que certains trouvent que c'est la complication
01:01:48 pour quelque chose de simple.
01:01:50 Arriver à la simplicité
01:01:52 en tournant autour
01:01:54 pour mieux la cerner, mieux la comprendre, etc.
01:01:56 Mais c'est vrai qu'il y a toujours un noyau
01:01:58 qui est censé être
01:02:00 ultra simple.
01:02:02 Il y a cet idéal-là
01:02:04 de la simplicité.
01:02:06 Il n'y a pas un idéal de la complexité.
01:02:08 Il y a vraiment un idéal de la simplicité.
01:02:10 Pour donner mon avis
01:02:14 sur cette question,
01:02:16 je trouve que
01:02:18 le cinéma est multiple.
01:02:20 On a parlé de la différence de point de vue.
01:02:22 Le cinéma est multiple.
01:02:24 Ça peut être juste raconter une histoire basée sur un pur scénario.
01:02:26 Par exemple, une pièce de théâtre,
01:02:30 c'est une forme de concept.
01:02:32 C'est-à-dire être capable de raconter une histoire en étant dans un lieu unique.
01:02:34 Pour donner un exemple que tout le monde connaît.
01:02:38 J'ai envie de dire que
01:02:40 les théories qu'on a faites là
01:02:42 pour comprendre son cinéma
01:02:44 permettent de voir que le monsieur, même si on peut ne pas l'aimer,
01:02:46 évidemment, ça n'y a pas de souci,
01:02:48 il a des intentions.
01:02:50 Il cherche à faire quelque chose.
01:02:52 Encore une fois, ça peut déplaire.
01:02:54 Un film à concept,
01:02:56 c'est aussi une manière
01:02:58 de faire des films.
01:03:00 Encore une fois, on n'adhère ou pas.
01:03:02 Je suis d'accord.
01:03:04 C'est clair qu'il utilise
01:03:06 les concepts pour...
01:03:08 C'est ça qui le stimule,
01:03:12 je pense, artistiquement.
01:03:14 C'est d'avoir un concept,
01:03:16 de pouvoir dérouler
01:03:18 les conséquences d'un concept fort.
01:03:20 C'est ça qui...
01:03:22 C'est sans doute ça qui le motive
01:03:24 à raconter des histoires.
01:03:26 Alors dans le chat, continuez à écrire.
01:03:30 Alors là, je vais encore prendre une remarque
01:03:32 qui est peut-être un petit peu difficile à cerner
01:03:34 parce qu'on nous dit par contre, il tournait un peu en rang
01:03:36 avant Nolan, c'était très reconnaissable car très proche,
01:03:38 alors qu'avec
01:03:40 Nolan, avec un N majuscule,
01:03:42 il a retrouvé une fraîcheur.
01:03:44 C'est qui, "il" ?
01:03:46 Je pense qu'il parle de Hans Zimmer.
01:03:52 Ah oui, d'accord, c'est ça.
01:03:54 Oui, c'est vrai, je suis d'accord avec Chloé
01:03:58 parce que
01:04:00 Interstellar et Dunkerque,
01:04:04 qui auraient imaginé
01:04:06 ces B.O. venant de Hans Zimmer ?
01:04:10 C'est quand même très surprenant.
01:04:12 Hans Zimmer a vraiment épousé son sujet
01:04:16 en faisant ses scores,
01:04:20 ses "Bonds de son".
01:04:22 Il s'est réinventé avec ces deux films, je trouve.
01:04:30 Après, je ne suis pas non plus un grand spécialiste,
01:04:34 donc si ça se trouve, j'ai un mot de bêtise.
01:04:38 On a le droit de discuter, c'est pas interdit.
01:04:40 On est aussi spectateurs,
01:04:42 avant d'être quoi que ce soit d'autre.
01:04:44 On a déjà posé la question en direct,
01:04:48 mais on nous demande, n'est-il pas meilleur
01:04:50 dans la création de scénarios quand il développe avec son frère ?
01:04:52 C'est la vaste question.
01:04:56 Je ne sais pas.
01:05:02 Dunkerque, c'était...
01:05:06 C'était très très fort, quoi.
01:05:08 Du point de vue du scénario,
01:05:12 de la construction narrative,
01:05:14 il est allé beaucoup plus loin.
01:05:16 Moi, je trouve que... Non, non,
01:05:20 je n'ai pas reçu cette sensation.
01:05:22 Je reviens là-dessus.
01:05:26 C'est plus des points de vue, mais c'est intéressant
01:05:28 de développer sur des points de vue aussi.
01:05:30 On nous dit que la trilogie Batman, pour moi,
01:05:32 est à mettre à part, car c'est une histoire
01:05:34 de série de comics, une forme de mini-censure.
01:05:36 Il est obligé de suivre une ligne conductrice.
01:05:38 En tant que collecteur de comics,
01:05:40 j'ai un truc à dire après.
01:05:42 Je vais laisser le réponseur.
01:05:44 Non, mais ça, pareil, je ne pourrais pas
01:05:46 comparer beaucoup avec les comics,
01:05:48 parce que je ne connais pas assez bien.
01:05:50 Mais par contre, ça pose une question
01:05:52 qui est son rapport au studio
01:05:54 et à quel point...
01:05:56 En fait, on disait tout à l'heure,
01:06:00 c'est un des seuls réalisateurs
01:06:02 qui, sur son nom, réussit à financer des films.
01:06:04 Je pense qu'il a une bonne relation
01:06:10 avec les studios,
01:06:12 parce qu'il a déjà enchaîné des succès.
01:06:14 Mais aussi, c'est quelqu'un
01:06:18 qui tient ses budgets,
01:06:20 qui tourne ses films très rapidement.
01:06:22 En général, c'est quelqu'un
01:06:24 qui réussit vraiment
01:06:26 à produire quelque chose de très impressionnant
01:06:28 et de très vendeur
01:06:30 dans un budget donné.
01:06:32 C'est ce qui explique, je pense,
01:06:34 pourquoi les studios
01:06:36 continuent de lui faire confiance.
01:06:38 Après, on ne sait pas dans quelle mesure
01:06:42 il s'auto-censure, lui, pour...
01:06:44 Je sais qu'il aime aussi...
01:06:46 Je pense qu'il a un côté marketing aussi.
01:06:50 Il aime bien vendre aux studios
01:06:52 ses idées, et ça lui importe aussi
01:06:54 que ses idées soient vendables par le studio.
01:06:56 Je pense qu'il participe aussi
01:06:58 un peu à cette mécanique-là.
01:07:00 Ce n'est pas un rebelle.
01:07:02 Et pourtant, il a réussi à créer
01:07:06 sa liberté dans ce système-là.
01:07:08 Donc, la mini-censure,
01:07:12 je ne sais pas...
01:07:14 C'est une question de point de vue.
01:07:16 J'ai l'impression que lui, il a réussi à...
01:07:18 En tout cas, on arrive à un résultat
01:07:20 très cohérent dans son œuvre,
01:07:22 même s'il compose avec des contraintes
01:07:24 posées par les studios
01:07:26 qui plus aident dans les adaptations
01:07:28 de Batman, quoi.
01:07:30 Tu voulais dire quoi, toi, sur les comics ?
01:07:32 Alors, il faut savoir
01:07:34 que le premier, Batman Begins,
01:07:36 s'inspire du Year One.
01:07:38 Batman Year One, qui est un comic
01:07:40 qui est en fait assez simple,
01:07:42 et une des choses que par exemple
01:07:44 un de mes camarades, OZ, qui a une chaîne YouTube
01:07:46 sur les comics, lui, par exemple,
01:07:48 il dit que le problème de Year One,
01:07:50 c'est qu'il te raconte l'arrivée du héros,
01:07:52 fin de l'histoire, tandis que, par exemple,
01:07:54 il raconte le grand méchant et tout ça,
01:07:56 pour qu'il y ait un petit quelque chose.
01:07:58 Ce que je veux dire par là, c'est que...
01:08:00 Je vais continuer vite fait.
01:08:02 The Dark Knight, c'est surtout inspiré
01:08:04 d'un long Halloween, qui est d'ailleurs
01:08:06 le même comic, c'est inspiré de The Batman,
01:08:08 alors qu'il s'inspire de deux aspects
01:08:10 différents de l'œuvre.
01:08:12 Le dernier, il est inspiré par
01:08:14 Nightfall, et je crois pas un autre,
01:08:16 tout de suite, j'ai plus tout à faire.
01:08:18 Mais bon, je pose ça pour dire qu'il y a en effet
01:08:20 des produits de base. Mais si tu lis
01:08:22 The Batman que The Dark Knight,
01:08:24 sont inspirés du même comic.
01:08:26 Et ce sont des films relativement différents.
01:08:28 Ce que je veux dire par là, c'est que, certes,
01:08:30 il y a le produit de base, mais ce sont des films
01:08:32 qui arrivent à s'en émanciper en les respectant.
01:08:34 Est-ce qu'il a été,
01:08:36 entre guillemets, pour reprendre le terme,
01:08:38 "mini censure", c'est-à-dire, est-ce qu'il sait forcément
01:08:40 qu'il y a certaines exigences du studio, moi ça me parait un peu logique,
01:08:42 surtout que c'était peut-être ses premiers gros films, tu vois.
01:08:44 Mais malgré tout, là-dedans,
01:08:46 c'est ce que tu as expliqué,
01:08:48 il arrive à mettre quand même du sien, c'est-à-dire,
01:08:50 c'est une grande force pour moi de certains réalisateurs,
01:08:52 en tout cas au début, c'est que je suis enfermé dans un cadre,
01:08:54 comment je bouge dans le cadre ?
01:08:56 Comment j'occupe le cadre ?
01:08:58 Et puis du coup, ça rejoint aussi
01:09:00 la question de la mise en scène.
01:09:02 Vous me le posez plus tôt,
01:09:04 c'est que, par excellence, là,
01:09:06 il est contraint par un personnage,
01:09:08 par, pas des scénarios, mais des...
01:09:10 un canevas initial,
01:09:14 et par la mise en scène, par sa vision,
01:09:16 il arrive quand même à le transcender un peu.
01:09:18 Ça, ça réussit.
01:09:20 - Alors, là, on n'a pas le droit de trop en dire,
01:09:24 il paraît-il,
01:09:26 donc juste un avis, parce qu'il paraît qu'on a le droit de dire un avis,
01:09:28 grandiose, peut-être le terme est fort,
01:09:30 on va dire comme ça. Est-ce que le film t'a plu ?
01:09:32 Déjà, pour commencer.
01:09:34 - Oui, il m'a plu. Il m'a plu,
01:09:36 je ne crie pas aux chefs d'oeuvre non plus,
01:09:40 mais il m'a beaucoup plu.
01:09:42 - D'accord. Et il s'inscrit dans la continuité
01:09:44 des films de Nolan, c'est-à-dire ceux qui n'aiment pas Nolan,
01:09:46 et ceux qui l'aiment, ils n'aimeront pas.
01:09:48 - Oui, voilà, c'est vraiment dans la continuité
01:09:50 des films de Nolan, mais je trouve,
01:09:52 comme je disais tout à l'heure, je trouve qu'il tente vraiment
01:09:54 de nouvelles choses, et comme tu disais aussi,
01:09:56 quand il tente quelque chose, il y va à fond,
01:09:58 et donc là, je trouve qu'il y va à fond
01:10:00 dans plein de directions, et ça, c'est intéressant.
01:10:02 Je crois que c'est...
01:10:04 certains aspects-là qui ont pu
01:10:06 parfois énerver certaines personnes,
01:10:08 mais il y va vraiment à fond, quoi.
01:10:14 - Une petite question qui est intéressante, quand même,
01:10:16 là, en plus de ça, surtout.
01:10:18 J'ai raté le début du live, mais je ne sais pas
01:10:20 si ça a été demandé, mais Timothée,
01:10:22 a-t-il rencontré Nolan ?
01:10:24 - Non, j'ai pas eu cette chance de rencontrer Nolan.
01:10:26 Désolé, Chloé.
01:10:28 J'aurais aimé avoir une anecdote
01:10:30 à apporter sur
01:10:32 sur Nolan.
01:10:34 Mais j'ai lu un...
01:10:36 aucun rapport, mais j'ai lu...
01:10:38 j'ai lu il n'y a pas très longtemps
01:10:40 un livre
01:10:42 d'entretiens
01:10:44 qui s'appelle "Nolan Variations".
01:10:46 Je ne sais pas si il est sorti
01:10:48 en français.
01:10:50 Je vais regarder.
01:10:52 C'est vraiment
01:10:54 super intéressant, on apprend plein de choses sur lui.
01:10:56 Ce que je trouve vraiment à travers
01:10:58 de ces interviews à Nolan, c'est que c'est souvent un peu...
01:11:00 il est très poli, très
01:11:02 british, très...
01:11:04 Mais vous savez que parfois, on a l'impression
01:11:06 qu'on ne va pas au fond des...
01:11:08 au fond des sujets.
01:11:10 Et là, dans ces entretiens-là,
01:11:12 ils vont apprendre plein de choses.
01:11:14 Je suis en train de regarder,
01:11:16 deux secondes.
01:11:18 Je profite, si c'est possible. Je fais une parenthèse
01:11:20 pendant que tu cherches.
01:11:22 Alors, ça c'est aussi un truc
01:11:24 par exemple sur Internet en ce moment, je trouve que beaucoup de gens sont
01:11:26 à retransmettre
01:11:28 la parole d'un réalisateur et tout. Et c'est très bien.
01:11:30 Que les choses soient bien claires. Le réalisateur, il a dit qu'il voulait
01:11:32 faire ça, on le dit, c'est très très bien.
01:11:34 Mais il ne faut pas oublier un détail, c'est qu'un film,
01:11:36 c'est aussi une part d'interprétation,
01:11:38 de compréhension personnelle, de ressenti.
01:11:40 Depuis toute l'histoire du cinéma.
01:11:42 Donc,
01:11:44 il y a aussi cette possibilité de se libérer.
01:11:46 Alors, comment tu dis ?
01:11:48 "The Nolan Variations"
01:11:50 Ok. "The Nolan Variations"
01:11:52 C'est super intéressant.
01:11:54 Et voilà.
01:11:56 Donc non, je n'ai pas eu la chance de rencontrer
01:11:58 Stéphane Nolan.
01:12:00 Et puis, elle te rajoute "Je te souhaite alors,
01:12:02 on ne sait jamais".
01:12:04 Pour la mise à jour, avec une petite interview.
01:12:06 Oui, exactement.
01:12:08 Non, ce serait chouette, je suis d'accord.
01:12:10 Et puis en plus,
01:12:12 j'ai transmis, je sais que
01:12:14 quelqu'un qui pouvait rencontrer Jonathan,
01:12:16 lui a transmis mon bouquin.
01:12:18 Je sais qu'il a,
01:12:20 je sais qu'il existe,
01:12:22 mais je vais le mettre en français.
01:12:24 Est-ce qu'il est le français où il a été traduit ?
01:12:26 Non, non. "The French"
01:12:28 Bon, ben c'est déjà pas mal,
01:12:30 quand même.
01:12:32 C'est une bonne fierté, je trouve.
01:12:34 Alors,
01:12:36 du coup, en attendant, peut-être qu'il y aura encore des remarques,
01:12:38 mais du coup, on reparle vite fait du livre.
01:12:40 On a dit qu'il était disponible chez
01:12:42 Playlist Society.
01:12:44 Yes.
01:12:46 Il faut parler en anglais. "The price is
01:12:48 14 euros".
01:12:50 C'est pour si Jonathan
01:12:52 nous écoute, c'est ça ?
01:12:54 Voilà, exactement.
01:12:56 Lui, il l'a eu ratos, peut-être.
01:12:58 14 euros.
01:13:00 Disponible.
01:13:02 Il y a d'autres livres chez cet éditeur.
01:13:04 J'espère faire venir d'autres personnes aussi, pour parler
01:13:06 de plein de sujets intéressants, parce que moi, j'adore
01:13:08 parler anglais.
01:13:10 C'est une super collection
01:13:12 qui, donc,
01:13:14 c'est une collection qui aborde plein
01:13:16 de réalisateurs,
01:13:18 aussi de musiciens,
01:13:20 et de,
01:13:22 et de...
01:13:24 Quoi d'autre ? De jeux vidéo, aussi.
01:13:26 Donc, il y a, c'est vraiment
01:13:28 super intéressant.
01:13:30 Il y a plein de beaux essais.
01:13:32 Une question intéressante, mais plus sur la
01:13:34 conception. Non, elle n'est pas bête, je trouve.
01:13:36 "Pour écrire un livre sur quelqu'un comme
01:13:38 Donald, doit-on avoir une autorisation du sujet ?"
01:13:40 Bon, là, en plus, c'est écrire plus sur les films que
01:13:42 lui-même. C'est pas une autorisation.
01:13:44 Non, non, non. Non, effectivement,
01:13:46 je pense que la question se pose plus sur
01:13:48 les biographies.
01:13:50 Mais là, comme c'est vraiment un essai, il n'y a vraiment
01:13:52 aucun... Et je veux un peu même,
01:13:54 le bio a fait un endroit, je pense, mais...
01:13:56 Mais...
01:13:58 La biographie, c'est juste d'y avoir des risques
01:14:00 de diffamation, ou des choses...
01:14:02 Exactement. Donc, je pense que tu fais checker par le juridique pour vérifier que...
01:14:04 Voilà, et puis, c'est toujours plus content d'avoir
01:14:06 des témoignages de première main. Donc, c'est mieux
01:14:08 d'avoir des... Que le sujet
01:14:10 soit au courant, et puis, il donne des infos.
01:14:12 Mais là, en l'occurrence,
01:14:14 non, non, pas besoin.
01:14:16 Mais, le...
01:14:18 Juste pour finir sur PlaySociety, ils font aussi
01:14:20 des livres d'entretien,
01:14:22 pour le coup, des petits livres
01:14:24 avec entretien et essais mélangés.
01:14:26 Donc, voilà.
01:14:28 C'est bien aussi.
01:14:30 Vous avez le lien, je le répète,
01:14:32 dans la...
01:14:34 dans la description, ne serait-ce
01:14:36 que pour voir ce qu'ils font, etc.
01:14:38 Et puis, si le livre vous intéresse... Parce qu'évidemment, on va pas se mentir,
01:14:40 il y a quand même plus de choses dans le livre
01:14:42 que ce qu'on a dit, logique.
01:14:44 Et, comme j'ai dit, c'est dense, quand même.
01:14:46 Faites attention.
01:14:48 Donc, voilà.
01:14:50 C'est dense, mais j'ai essayé de faire comme Nolan,
01:14:52 de... Enfin, c'est...
01:14:54 - Monter à l'envers, ça, Thierry ?
01:14:56 - Non, non, quand même pas.
01:14:58 Non, non, non. Disons que c'est plutôt...
01:15:00 C'est plutôt...
01:15:02 C'est pas tel net, quoi. On comprend.
01:15:04 - Alors, qu'est-ce qu'on nous dit, ça ?
01:15:08 Ouh là. Qu'est-ce que c'est que ça ?
01:15:10 Qu'est-ce que c'est que ça ?
01:15:14 Alors, "Délectique images,
01:15:16 sert-elle à rendre les gens plus intelligents ?"
01:15:18 On comprend rien, on comprend, on comprend rien.
01:15:20 Je...
01:15:22 C'est moi qui n'ai pas compris, là.
01:15:24 S'il y a quelque chose à comprendre, je vais peut-être larguer ces blagues.
01:15:26 - Non, mais, je veux dire,
01:15:30 effectivement, le... Bah, franchement,
01:15:32 je vois pas ce que tu veux dire.
01:15:34 Non, mais, le...
01:15:36 Je sais pas si j'ai bien compris la question,
01:15:38 mais...
01:15:40 "Tenet",
01:15:42 c'est vraiment un film...
01:15:44 Il y a des trucs qui m'ont déplu, mais il y a un truc qui m'a vraiment plu,
01:15:46 c'est que...
01:15:48 Il cherche pas à nous...
01:15:50 À nous donner une vision de la...
01:15:52 De la...
01:15:54 De l'intrigue dans son ensemble. Le but, c'est pas de...
01:15:56 Que tout s'éclaire à la fin et qu'on ait une vision
01:15:58 totalisante
01:16:00 de l'histoire du...
01:16:02 L'histoire qui vient d'être racontée.
01:16:04 Mais, au contraire, de multiplier
01:16:06 les petites sensations
01:16:08 d'intuition, d'avoir l'impression
01:16:10 d'avoir compris quelque chose.
01:16:12 Et, en fait, c'est...
01:16:14 Nolan, en Italie, où c'était au moment de...
01:16:16 "Tenet" sortait, il parlait beaucoup,
01:16:18 il parlait beaucoup de "movie", de cinéma, c'était vraiment l'expérience.
01:16:20 C'est vraiment restituer une expérience...
01:16:22 Irremplaçable.
01:16:24 Et en jouant sur...
01:16:26 La séquence dans un sens
01:16:28 ou la séquence dans l'autre, etc.,
01:16:30 c'est comme s'il passait vraiment...
01:16:32 La notion d'expérience,
01:16:34 de pur présent, au ralenti, dans un sens et dans l'autre,
01:16:36 pour vraiment essayer
01:16:38 de comprendre quelque chose, quoi.
01:16:40 Et là, dans "Tenet",
01:16:42 je sais pas si c'était le sens de la question,
01:16:44 mais on a l'impression, effectivement, que...
01:16:46 On passe de "je comprends rien" à "je comprends".
01:16:48 Et c'est le passage d'un à l'autre,
01:16:50 mais qui est un peu plus justif,
01:16:52 et puis qui revient en arrière, etc.,
01:16:54 qui rend le film assez...
01:16:56 assez fascinant, malgré tout.
01:16:58 On profite...
01:17:02 Voilà.
01:17:04 Alors...
01:17:06 Quel est ton film préféré ?
01:17:08 Alors, je pense que c'est de Nolan,
01:17:10 mais peut-être même au sens large, quel est ton film préféré ?
01:17:12 Ah, ça, je sais pas dire.
01:17:14 C'est une question où signifie le film ?
01:17:16 Impossible, impossible. Ça, je peux pas.
01:17:18 Pour Nolan, je dirais que ça se joue
01:17:22 entre "Interstellar" et "Le Prestige", pour moi.
01:17:24 Parce que je trouve que c'est vraiment...
01:17:28 Donc, "Interstellar", je trouve qu'il y a
01:17:30 vraiment le...
01:17:32 le côté...
01:17:34 l'espèce de moteur sentimental
01:17:36 qui...
01:17:38 qui donne une dimension au film,
01:17:40 vraiment...
01:17:42 vraiment insupportable au film,
01:17:44 et qui est vraiment, je trouve...
01:17:46 Enfin, je trouve ça une fois de plus émouvant,
01:17:48 et...
01:17:50 et satisfaisant intellectuellement,
01:17:52 et très bien construit,
01:17:54 et qui offre des visions aussi
01:17:56 qui restent gravées dans la tête.
01:17:58 Je trouve que c'est vraiment
01:18:00 un très beau film.
01:18:02 Je sais pas si... Je te vois faire une mine...
01:18:04 Non, c'est que je...
01:18:06 Je pense à ce que je vais dire après.
01:18:08 Mes copains me disent souvent, toi,
01:18:10 quand tu parles tout seul, c'est que c'est bon,
01:18:12 t'es en train de penser à quelque chose.
01:18:14 C'est juste ça.
01:18:16 Non, je me suis dit, peut-être qu'il déteste "Interstellar",
01:18:18 et il pense à la réponse qu'il va faire ensuite.
01:18:20 Non, mais...
01:18:22 Et "Le Prestige", je trouve que c'est
01:18:24 vraiment aussi un film
01:18:26 où il y a aussi une sorte de dimension...
01:18:28 Il y a plein de petits...
01:18:30 Comment dire ?
01:18:32 De petits détails...
01:18:34 Sur le...
01:18:36 En fait, il parle d'un postulat
01:18:38 totalement...
01:18:40 Un peu...
01:18:42 Incongru, quoi.
01:18:44 Deux visionnistes qui se font la guerre
01:18:46 et qui vont se manipuler l'un l'autre, etc.
01:18:48 Ça semble totalement étrange.
01:18:50 Et c'est comment cette situation
01:18:52 un peu bizarre
01:18:54 va créer
01:18:56 des situations humaines
01:18:58 qui restent poignantes malgré tout.
01:19:00 Et ça, il réussit
01:19:02 très bien de le faire.
01:19:04 Comment un truc...
01:19:06 Un truc qui est mécanique,
01:19:08 qui est de l'ordre du système
01:19:10 et de la structure
01:19:12 va avoir
01:19:14 des conséquences
01:19:16 sur les émotions,
01:19:18 sur les sentiments...
01:19:20 Et ça, il arrive quand même
01:19:22 bien à le faire, malgré tout ce qu'on dit
01:19:24 de lui.
01:19:26 Alors, mon petit sourire, même si c'est un peu
01:19:28 HS par rapport à la révision, là. En fait,
01:19:30 j'étais en train de penser, par rapport à
01:19:32 à Tenet,
01:19:34 est-ce que finalement, la phrase au début
01:19:36 qu'on a dit en off, d'ailleurs,
01:19:38 qui dit
01:19:40 "Je ne cherche pas à tout comprendre, ressent l'air",
01:19:42 est-ce que ce n'est pas une forme d'aveu d'échec aussi
01:19:44 par rapport au film, de dire
01:19:46 "C'est un peu trop compliqué, je n'y arrive pas" ?
01:19:48 Ou alors, est-ce que c'est plus
01:19:50 pas tant un aveu d'échec, mais plus une intention générale ?
01:19:52 En tout cas, sur ce film-là.
01:19:54 Sur ce film-là,
01:19:56 c'est vraiment...
01:19:58 C'est ce que je disais avant.
01:20:00 En fait, c'est...
01:20:02 C'est un film sur l'intuition,
01:20:04 sur le lien entre l'intelligence
01:20:06 et l'émotion.
01:20:08 Et donc, c'est comment...
01:20:10 C'est sur l'émotion de comprendre,
01:20:12 sur la sensation de comprendre.
01:20:14 Et pour avoir cette sensation,
01:20:18 il faut passer de la compréhension
01:20:20 à l'incompréhension, et de l'incompréhension
01:20:22 à la compréhension. C'est à cette manière.
01:20:24 C'est pour ça qu'effectivement,
01:20:26 il fait jouer
01:20:30 la sensation
01:20:32 contre l'intelligence,
01:20:34 et inversement.
01:20:36 Moi, j'ai envie de dire que "Nolan",
01:20:38 en fait, ce sont des films engageants.
01:20:40 C'est-à-dire que ce sont des films que tu dois regarder,
01:20:42 mais tu es actif pendant le film.
01:20:44 Il faut que tu repères un peu les choses,
01:20:46 voilà. Personnellement, c'est quelque chose que j'apprécie, moi.
01:20:48 Pour les films pas juste.
01:20:50 Oui, je te cache quand même.
01:20:52 C'est clair que... Et c'est pour ça que,
01:20:54 parfois,
01:20:56 on a repoché à "Nolan"
01:20:58 de faire des films un peu faussement intelligents,
01:21:00 c'est-à-dire des trucs un peu clinquants,
01:21:02 qui vont en jeter plein la vue.
01:21:04 Et puis, en fait, quand on creuse, c'est bête et méchant.
01:21:06 Alors que je trouve...
01:21:08 Et donc, ça témoignerait...
01:21:10 J'ai souvent entendu ce critique,
01:21:12 ça témoignerait d'une sorte de mépris
01:21:14 pour ses spectateurs,
01:21:16 de faire une espèce de machine incompréhensible.
01:21:18 Et lui, c'est le plus fort,
01:21:20 il a tout compris.
01:21:22 En fait, moi, je trouve qu'au contraire,
01:21:26 c'est des films qui sont dans le jeu,
01:21:28 avec les spectateurs.
01:21:32 Et donc, c'est super...
01:21:34 Ça implique vachement le spectateur,
01:21:36 et c'est au contraire...
01:21:38 En fait, c'est l'inverse.
01:21:40 Si ça donne à quelqu'un l'illusion d'être intelligent,
01:21:42 c'est plutôt au spectateur.
01:21:44 C'est ça qui est génial, quoi.
01:21:46 C'est que ça nous donne l'impression
01:21:48 de comprendre des trucs.
01:21:50 Et c'est là-dessus que son cinéma est assez généreux.
01:21:52 Donc, ça veut dire que si vous prenez de haut
01:21:54 les films de la la la la, et que vous les aimez pas
01:21:56 parce que vous trouvez que c'est de la merde,
01:21:58 en fait, vous êtes fan.
01:22:00 Ouais, c'est ça. On vous a bien vu.
01:22:02 Retournement de situation,
01:22:04 vous pouvez revoir tout le live.
01:22:06 Allez, hop, c'est bon, on est à l'envers.
01:22:08 Alors, prochaine petite question,
01:22:10 est-ce que tu es écrivain de métier,
01:22:12 ou c'est juste une passion ?
01:22:14 C'est une passion, un hobby.
01:22:16 Mais quand même,
01:22:18 qui m'occupe beaucoup, beaucoup de temps.
01:22:20 Au bout d'un moment, ça devient un bien.
01:22:22 Mais non, non, c'est pas mon métier.
01:22:24 J'ai une toute autre vie
01:22:26 le jour, et c'est le soir,
01:22:28 et le week-end que je me mets à écrire.
01:22:30 Il se met une fausse peau de costume de chauve-souris.
01:22:32 Voilà, exactement.
01:22:34 Je fais pareil, en même temps, sur Internet.
01:22:36 Qu'est-ce qu'on nous dit ?
01:22:38 Alors, ici,
01:22:40 on nous dit, est-ce que, alors,
01:22:42 le Prestige et Memento est un bon
01:22:44 exemple de thèmes différents que souhaite
01:22:46 traiter Nolan pour moi ?
01:22:48 Si on regarde ces deux films,
01:22:50 on peut dire qu'on a plus ou moins
01:22:52 compris de l'idée, ou il faut
01:22:54 justement aller voir aussi du côté
01:22:56 de votre film, Interstellar, qui est quand même un peu différent.
01:22:58 Est-ce que ces deux-là cristallisent
01:23:00 Nolan ?
01:23:02 Surtout que c'est des films assez...
01:23:04 je ne sais plus les termes.
01:23:06 Plutôt du début de carrière, on va dire.
01:23:08 Oui, c'est ça.
01:23:10 Je suis en train de réfléchir.
01:23:12 Est-ce qu'il...
01:23:14 En tout cas,
01:23:18 comme je le disais au début,
01:23:20 dans le Prestige, on est dans le face-à-face,
01:23:24 alors que Memento, on est vraiment sur
01:23:26 une vue subjective
01:23:28 d'une personne.
01:23:30 Donc déjà, effectivement,
01:23:32 ces deux...
01:23:34 ces deux schémas différents.
01:23:36 Oui, parce que dans le Prestige, il y a l'idée
01:23:42 de manipulation, il y a l'idée
01:23:44 d'illusion, etc.
01:23:46 Et dans Memento, il y a l'idée
01:23:48 de subir cette illusion et d'être
01:23:50 prisonnier de quelque chose.
01:23:52 Donc c'est sûr qu'après, il a fait
01:23:56 quand même plein d'autres films, et qu'il a
01:23:58 exploré plein de nouvelles choses dans tous les autres films.
01:24:00 Prestige et Memento sont
01:24:04 deux bons aperçus, mais bien sûr,
01:24:06 il y a ensuite...
01:24:08 Il y a quand même des thématiques
01:24:12 qu'on ne voit pas encore dans
01:24:14 Prestige. Le côté, par exemple,
01:24:16 dans le Prestige et Memento,
01:24:20 quand on parle de créer des mondes,
01:24:22 tout le côté du coup
01:24:24 cosmique
01:24:26 et grande échelle, etc.,
01:24:28 qu'il a pu faire grâce à LIMAX, grâce
01:24:30 au blockbuster, etc.,
01:24:32 on ne l'a encore pas du tout dans ces films-là.
01:24:34 Alors que c'est une part super...
01:24:36 maintenant, c'est une part super importante de ces films.
01:24:38 Alors, ici, il y a une remarque que je trouve
01:24:42 intéressante, d'un point de vue
01:24:44 pure mise en scène. On nous dit,
01:24:46 sauf que la mise en scène n'est absolument rien de ludique,
01:24:48 et je pense que c'est par rapport au concept qu'on a dit, raconter
01:24:50 les concepts à travers l'image.
01:24:52 Après, moi, je vais dire quelque chose.
01:24:54 Je te laisse parler, parce que moi,
01:24:56 normalement, je suis censé en avoir...
01:24:58 Ça dépend de ce qu'on entend par "ludique",
01:25:00 en fait. Est-ce que c'est...
01:25:02 Du coup, je ne sais pas quel est le sous-entendu,
01:25:06 en fait, dans
01:25:08 "Rien de ludique".
01:25:10 Si c'est
01:25:12 un côté,
01:25:14 peut-être,
01:25:16 divertissant, pas prise de tête,
01:25:18 machin, c'est sûr que ce n'est pas le cas.
01:25:20 Parce qu'effectivement,
01:25:24 il va être assez, quand même,
01:25:26 abrupt
01:25:28 et sec, dans sa
01:25:30 mise en scène.
01:25:32 Mais par contre,
01:25:34 moi, je pense que c'est ludique, au sens où
01:25:36 ça fait entrer dans un jeu
01:25:38 de compréhension, dans un déchiffrage.
01:25:40 Et donc, ça rend
01:25:42 le spectateur actif.
01:25:44 Et c'est dans ce sens-là que je trouve
01:25:46 "ludique" et qu'il coupera dans sa mise en scène.
01:25:48 Pour moi, l'exemple typique,
01:25:52 c'est
01:25:54 comme on a dit un peu précédemment,
01:25:56 dans "Inception", par exemple, quand il y a une scène d'explication,
01:25:58 etc., où certes, il y a des dialogues,
01:26:00 mais par le montage,
01:26:02 par exemple, il va réussir
01:26:04 à nous faire comprendre comment les mondes
01:26:06 sont abriqués les uns dans les autres.
01:26:08 Ça, c'est pour moi purement de la mise en scène ludique.
01:26:10 Peut-être qu'il y a un autre sens
01:26:14 sous-entendu par ce côté ludique.
01:26:18 C'est sûr que ce n'est pas,
01:26:20 comment il s'appelle,
01:26:26 celui qui a fait la trilogie du Cornetto, là.
01:26:28 Right.
01:26:30 Ouais, c'est ça.
01:26:32 Il n'y a pas ce côté, effectivement,
01:26:34 qui est très sérieux, très...
01:26:36 Je ne sais pas, certains pourront considérer que c'est ludique,
01:26:38 parce que c'est plaisant, comme un...
01:26:40 Donc, il n'y a pas ce côté-là, effectivement,
01:26:44 chez... Il est très sérieux, très...
01:26:46 Et donc, dans ce cas, on pourrait dire
01:26:48 que ce n'est pas ludique.
01:26:50 Je ne sais pas si j'ai bien compris, du coup, la règle.
01:26:52 L'objection.
01:26:54 Alors, tel que je le conçois, alors, comme on a dit,
01:26:56 ces films ont un côté ludique, mais par contre,
01:26:58 c'est vrai que, j'ai envie de dire, d'un point de vue de mise en scène,
01:27:00 c'est-à-dire, utilisation de la caméra et tout,
01:27:02 c'est pas le meilleur du monde. Mais pour moi,
01:27:04 il rattrape ça, justement, avec des idées,
01:27:06 des concepts et tout ça. Alors, par exemple,
01:27:08 moi, je suis très fan de films d'action, c'est vrai que je suis
01:27:10 très regardant sur des scènes d'action, et je suis d'accord,
01:27:12 Nolan, niveau scènes d'action, c'est pas son truc,
01:27:14 on ne va pas se mentir. Mais je ne vais pas
01:27:16 le condamner pour ça, parce que ces films ne sont pas des pires
01:27:18 films d'action. Si Nolan me faisait
01:27:20 commando, avec Sharty,
01:27:22 à notre époque, là, je serais regardant
01:27:24 là-dessus. Mais lui, il amène d'autres
01:27:26 concepts qui font que le film dépasse un peu
01:27:28 cette limite, je trouve.
01:27:30 - C'est vrai.
01:27:32 Après, je trouve qu'il s'est amélioré, par exemple,
01:27:34 je trouve qu'au début de
01:27:36 de
01:27:38 de
01:27:40 Batman Begins, il y a quand même une progression, par exemple,
01:27:42 entre Batman Begins et The Dark Knight,
01:27:44 sur les scènes d'action.
01:27:46 Au début de Batman Begins, il y a une bagarre,
01:27:48 on ne voit rien à ce qui se passe,
01:27:50 c'est totalement
01:27:52 bizarrement filmé,
01:27:54 et sans réussir
01:27:56 à créer une visibilité de l'action, etc.
01:27:58 Alors qu'il a carrément progressé
01:28:00 dans The Dark Knight.
01:28:02 A ce niveau-là.
01:28:06 - Parait-il qu'il a déclaré,
01:28:08 c'est des choses que j'ai entendu dire,
01:28:10 que c'était pour représenter le côté insaisissable
01:28:12 de Batman.
01:28:14 - Si, je pense que
01:28:16 moi, c'est quand même...
01:28:18 il a dû se réinventer, quand même,
01:28:20 parce que,
01:28:22 comme je disais tout à l'heure, Batman Begins, c'est vraiment
01:28:24 arrangé du côté du début
01:28:26 de sa filmographie.
01:28:28 Où ça parait de chaos,
01:28:30 de perceptions
01:28:32 limitées,
01:28:34 et donc, effectivement, pour filmer
01:28:36 des scènes d'action, une perception limitée,
01:28:38 c'est compliqué, quoi.
01:28:40 - Ok. Alors,
01:28:42 je vois qu'il n'y a plus beaucoup de
01:28:44 discussions dans le chat,
01:28:46 donc ça veut dire qu'on va, je pense, bientôt conclure,
01:28:48 c'est déjà pas mal, je pense qu'on a,
01:28:50 grâce à vos remarques, on a parlé aussi de pas mal
01:28:52 d'autres trucs. Alors,
01:28:54 le livre Playlist Society, je répète,
01:28:56 d'autres livres, un, entre autres, sur Fred Astaire,
01:28:58 et un, je cite
01:29:00 "L'émerveillement religieux à l'écran",
01:29:02 et on te retrouve où, sinon ?
01:29:04 Où est-ce qu'on peut lire ?
01:29:06 - Alors, j'ai un blog
01:29:08 qui s'appelle "Fenêtres sur cours",
01:29:10 fenêtre avec un "s",
01:29:12 fenêtre pluriel, quoi, "Fenêtres sur cours",
01:29:14 tous attachés, .blog.com.
01:29:16 - C'est tiré d'un film, ça ?
01:29:18 - C'est quoi ? - Ça me dit quelque chose.
01:29:22 Et ça, c'est un blog que j'allume
01:29:24 en plus beaucoup, mais il y aura sûrement, bientôt,
01:29:26 je vais sûrement mettre une petite critique
01:29:28 d'Openheimer bientôt, donc,
01:29:30 vous pouvez aller voir,
01:29:32 et puis j'écris parfois un peu pour Critiqu'At,
01:29:34 qui est un site de critique de cinéma,
01:29:38 mais c'est très irrégulier,
01:29:40 je suis pas très, comme je me
01:29:42 focus sur mes sujets de livres, etc.,
01:29:44 je suis pas très régulier dans les articles,
01:29:46 et tout. J'ai un compte Twitter, sinon,
01:29:48 si vous voulez me suivre. Mais voilà.
01:29:50 - Par contre, là, il y a un sous-entendu,
01:29:52 je me concentre sur mes sujets de livres,
01:29:54 ça veut dire qu'il y a quelque chose en prévision ?
01:29:56 - Non, non, non, là, je suis dans le pur...
01:29:58 J'ai un sorti en janvier, donc je...
01:30:04 Et en plus,
01:30:06 Freelaster, ça m'avait pas fait ça
01:30:08 pour le précédent, mais c'est vrai que
01:30:10 je viens de le sortir, et pourtant,
01:30:12 j'ai envie d'ajouter des trucs,
01:30:14 je suis bien tenté de faire des articles
01:30:16 en complément de mon livre, etc.,
01:30:18 donc j'ai plein de projets autour de Freelaster, encore.
01:30:20 - En parlant de Freelaster,
01:30:22 il me semble qu'il y a un de ses films qui est plus ou moins cité,
01:30:24 là-dedans, à un moment donné. - Oui, tout à fait,
01:30:26 tout en scène, de Vincent Tomminelli.
01:30:28 - Mais pas le dessin animé, on est bien d'accord.
01:30:30 - Non, oui, exactement.
01:30:32 C'est "Bandwagon", et parce que
01:30:34 il y a...
01:30:36 Alors, non, non, non, je cite,
01:30:38 je cite, pardon,
01:30:40 "Mariage royal", où on voit Freelaster
01:30:42 qui danse sur le mur
01:30:44 et le plafond, et je le compare
01:30:46 avec la scène d'Inception, où on voit les personnages
01:30:48 courir au mur, etc.
01:30:50 Et j'explique, finalement,
01:30:54 on est quasiment
01:30:56 sur un même dispositif,
01:30:58 en gros, sur le même dispositif
01:31:00 scénique,
01:31:02 c'est en fait
01:31:04 les intentions opposées, dans ce que ça montre,
01:31:06 dans ce que ça... Donc j'explique,
01:31:08 c'est un peu l'anti...
01:31:10 Inception, c'est un peu l'anti-comédie musicale,
01:31:12 pour plein de raisons
01:31:14 que je détaille un peu dans le livre.
01:31:16 - Il y a quelqu'un qui va acheter le livre, je sens.
01:31:20 Des séances de dédicaces à venir ?
01:31:22 - De Nolan ?
01:31:26 - Ou d'autres, si elle veut acheter
01:31:28 un "Salut sur Freelaster" !
01:31:30 - En fait,
01:31:32 non, non, non.
01:31:34 J'en avais fait...
01:31:36 J'en avais fait
01:31:38 pour...
01:31:40 Il y a eu des soirées de dédicaces pour les
01:31:42 différents livres.
01:31:44 Parfois, j'en avais fait dans différents festivals,
01:31:46 mais il n'y a rien de spécial qui arrive là.
01:31:48 - Quand il y aura un prochain livre, si tu l'as,
01:31:50 tu verras. - Ouais, c'est ça.
01:31:52 Si tu veux acheter, Chloé, le livre
01:31:54 sur le site de l'éditeur, je peux envoyer une dédicace.
01:31:56 - Bah, ouais.
01:31:58 Voilà qui est bien.
01:32:00 Maintenant, peut-être dernier thème
01:32:02 que je vous laisse, un peu pour conclure.
01:32:04 Est-ce que Christopher Nolan,
01:32:06 je dirais même, indépendamment des goûts,
01:32:08 est-ce que c'est un réalisateur important de notre époque ?
01:32:10 - Ah oui, moi, ça, c'est sûr.
01:32:12 Même si j'en venais à dire
01:32:14 "Waouh, j'en ai marre,
01:32:16 Nolan, toujours la même chose, etc."
01:32:18 Ce qui est clair,
01:32:20 c'est qu'il aura
01:32:22 influencé plein de monde
01:32:24 dans sa manière de faire le blockbuster.
01:32:26 Ça, c'est sûr.
01:32:28 Quand on voyait...
01:32:30 C'est pas des impressants,
01:32:32 mais quand j'avais vu
01:32:34 Oblivion,
01:32:36 de l'époque,
01:32:38 quand j'ai vu Oblivion,
01:32:40 de John Krasinski,
01:32:42 je m'étais vraiment dit...
01:32:44 Joseph Kosinski, pardon.
01:32:46 Oui, je confonds avec
01:32:48 Monsieur Zéophys.
01:32:50 Je m'étais vraiment dit
01:32:52 finalement, voilà,
01:32:54 ce que Nolan a créé
01:32:56 avec Inception
01:32:58 est un peu dans l'air du temps
01:33:00 et va continuer
01:33:02 de...
01:33:04 C'est un film qui a quand même marqué son temps.
01:33:06 Et Interstellar aussi.
01:33:08 Non, je pense qu'il restera
01:33:10 par sa manière de...
01:33:12 En fait,
01:33:14 il fait les...
01:33:16 Pas comme on disait tout à l'heure,
01:33:18 c'est un des seuls à faire des blockbusters
01:33:20 sur des sujets originaux.
01:33:22 Donc oui,
01:33:24 je pense qu'il va marquer son époque.
01:33:26 Ça, c'est sûr.
01:33:28 Alors, on a fini.
01:33:30 Je vais juste répondre vite fait
01:33:32 la dernière question.
01:33:34 Qui est celle-là, pardon.
01:33:36 Est-ce que Christopher Nolan fait caca,
01:33:38 à votre avis ?
01:33:40 Vu qu'il est porté sur la science,
01:33:42 je pense plutôt qu'il va à celle.
01:33:44 Oui, exactement. Il va à la selle.
01:33:46 Voilà. Bon, on arrête là, je pense.
01:33:48 Je pense que c'est déjà pas mal.
01:33:50 Merci, comme un rover.
01:33:52 C'était une très bonne conclusion.
01:33:54 Tout à fait. Merci beaucoup.
01:33:56 Je le remonte juste en gros plan,
01:33:58 quand même, pour que vous le voyez.
01:34:00 C'est gentil, merci.
01:34:02 Vous avez tout, l'intégral.
01:34:04 Donc si vous voulez, vous le procurez.
01:34:06 Et puis sinon, on se voit demain
01:34:08 dans la salle pour voir OpenAimer, j'ai envie de dire.
01:34:10 Peut-être évidemment Commando Hover qui ne va pas y aller,
01:34:12 il semble-t-il.
01:34:14 Et il a raison, puisqu'il a envie d'y aller.
01:34:16 Donc voilà.
01:34:18 Merci à toi d'avoir accepté cette discussion.
01:34:20 C'était un plaisir. C'était bien agréable.
01:34:22 J'ai trop parlé, je le sais, comme d'hab.
01:34:24 Non, c'était super intéressant.
01:34:26 Je suis content de pouvoir changer.
01:34:28 Et puis j'espère à bientôt.
01:34:30 Et bonne chance demain.
01:34:32 Voilà. Et il dure combien de temps, en fait ?
01:34:34 Trois heures.
01:34:36 D'accord. Bon, là, ça va être long.
01:34:38 Sortie du boulot, hop, on va vous signer.
01:34:40 Ouais, ça va être plus long.
01:34:42 Merci encore. Et puis merci à tous dans le chat.
01:34:44 Vous avez participé, vous avez fait des remarques.
01:34:46 Ça nous a permis de développer, de parler,
01:34:48 de revenir sur certains trucs que peut-être on avait survolés.
01:34:50 Donc merci à vous.
01:34:52 Et puis ceux qui arrivent maintenant,
01:34:54 il y a aussi la rediff, vous n'en faites pas.
01:34:56 Et puis s'il y a des questions, vous allez où vous pouvez,
01:34:58 les gens, pour lui poser des questions.
01:35:00 Au pire des cas, on peut dans les commentaires.
01:35:02 Et puis je pense qu'il regardera.
01:35:04 Ça marche.
01:35:06 Allez, merci à tous. Portez-vous bien.
01:35:08 À la prochaine.

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