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Chroniqueuse : Estelle Colin 




Toute l’année, Ali Rebeihi anime les ondes de Radio France et partage ses propres ondes positives dans Bel & Bien sur France 2. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le journaliste qui vient nous rendre visible mais le tout jeune romancier ! En effet, il publie son premier roman, un polar événement intitulé « Tante Alice enquête : le bonheur est dans le crime ». Inspiré du Cluedo et des œuvres d’Agatha Christie, Ali Rebeihi nous parle de cette œuvre très British qui s'impose comme le roman policier de l’été !

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Transcription
00:00 Et un peu comme le journal de 13h qui a lieu à 11h, c'est l'invité de 8h15 qui a lieu à 8h11.
00:04 Allez savoir ce qui se passe sur Télématin, franchement il n'y a plus de saison ma bonne dame.
00:08 Et aujourd'hui vous recevez Ali Rebeihi, Estelle, toute l'année on l'écoute sur les ondes radio,
00:13 on le voit sur les antennes de France Télévisions dans Bel et Bien,
00:16 mais là ce n'est pas le journaliste que vous recevez mais le romancier.
00:19 Et c'est un tout jeune romancier puisque c'est son tout premier.
00:22 Oui Ali Rebeihi, hyper connu, ça m'amuse d'ailleurs de vous voir. Bonjour.
00:26 De l'autre côté du micro, être l'intervieweur interviewé, ça vous fait quoi ?
00:32 Honnêtement je préférais être à votre place Estelle.
00:35 Non ça fait un peu bizarre parce que c'est un travail très personnel,
00:38 écrire un roman et c'est vrai que c'est une position…
00:42 Je suis un peu timide là puisqu'on m'interviewe pour mon premier roman.
00:46 Non je ne suis pas timide de nature mais là c'est un peu particulier.
00:48 Je préférais être à votre place Estelle.
00:50 Alors on va parler de votre roman justement Tantalies s'enquête, le bonheur est dans le crime.
00:54 C'est le titre de l'ouvrage qui est paru aux éditions du Masque.
00:58 Un polar à la façon Cluedo, il y a un peu de l'Agatha Christie dans ce polar.
01:05 Ce n'est pas très franco-français comme type de bouquin.
01:08 Oui c'est un genre très british, très britannique, c'est un genre anglo-saxon.
01:12 La grande prêtresse de ce genre c'est évidemment Agatha Christie,
01:15 on connaît tous Miss Marple et c'est vrai que Tantalies
01:19 c'est un peu une cousine éloignée de Miss Marple.
01:22 Le roman se déroule dans une ville fictive qui s'appelle Valmont-sur-Loin du côté de Fontainebleau.
01:29 C'est vrai qu'il y a un côté très anglo-saxon de ce côté-là de l'île de France.
01:32 C'est vrai que c'est un genre très anglais mais il commence à y avoir des romanciers français
01:37 qui investissent ce qu'on appelle le "cosy crime", en bon français c'est le polar un peu léger.
01:42 Un peu doux.
01:43 C'est un type de roman qui marche très très bien à Outre-Manche,
01:47 ils sont très friands, ils marchent aussi de plus en plus en France.
01:50 La recette c'est un crime, une énigme, pas de violence, pas de vulgarité.
01:55 C'est ça la clé du succès de ce type de roman ?
01:58 Oui, il y a peu de violence, on ne décrit pas dans le détail les crimes,
02:02 c'est pas sanguinolent, il n'y a pas de serial killer.
02:05 C'est vrai que ce qui est important dans ce genre-là, le "cosy crime",
02:08 c'est l'atmosphère, c'est les personnages auxquels on s'attache, c'est l'humour.
02:12 Il y a beaucoup d'humour dans ce type de roman,
02:14 il y a évidemment une intrigue pour accrocher le lecteur
02:17 mais ce n'est pas décrit dans des détails sanguinolents.
02:23 C'est quand même assez doux.
02:24 Pourquoi ça marche si bien en ce moment ?
02:26 C'est quoi la suite de la pandémie ?
02:30 On a besoin de légèreté, on vit des moments très très difficiles,
02:36 la guerre en Ukraine, l'inflation, le post-covid etc.
02:40 Donc on a besoin quand même de fiction relativement douce.
02:42 Ça ne veut pas dire que dans les "cosy crime", ce sont des histoires de bisounours,
02:47 ce sont des passions humaines comme l'envie, la colère, la jalousie
02:51 qu'on retrouve dans les polars classiques.
02:53 Sauf que dans le "cosy crime", c'est un peu des beignets…
02:57 - Sucrés. - C'est sucré mais à l'intérieur, c'est du fumier quand même.
03:00 C'est du fumier enrobé de sucre.
03:02 Ça donne envie.
03:03 Le personnage principal, c'est Tante Alice, on a compris,
03:06 une enquête qui tourne autour du meurtre de Paul Fey,
03:08 surnommé "le grand pape de la méditation bienveillante".
03:12 Ça me rappelle un peu quelqu'un.
03:13 Non, ce n'est pas moi, je vous assure.
03:14 Vous êtes sûr que ce n'est pas autobiographique ?
03:16 Non, ce n'est pas moi.
03:17 Paul Fey, c'est vrai, c'est le pape du développement personnel.
03:21 C'est un ancien prof de philo qui a fait fortune avec les 5 vérités celtiques.
03:26 Ça fait penser un peu aux accords Toltec.
03:28 Et donc, il a un succès mondial et il est assassiné.
03:31 Il est assassiné parce qu'il suscite des jalousies.
03:34 Et c'est vrai que c'est un personnage qui m'a été inspiré peut-être
03:39 par l'auteur des 4 vérités, des 4 accords Toltec.
03:43 Oui, les 4 accords Toltec, pour les gens qui nous regardent,
03:46 en fait, c'est un livre qui est devenu culte,
03:48 "Promesses de liberté, de bonheur et d'amour".
03:52 Son auteur, c'est Don Miguel Ruiz.
03:54 Ruiz, oui, voilà, c'est ça.
03:55 Oui, c'est un succès mondial.
03:57 C'est vrai que les rayons de développement personnel dans les librairies
04:01 connaissent un succès absolument incroyable, c'est normal.
04:04 On vit dans une époque sans phare ni balise
04:07 de ce qu'on appelle les sociétés liquides qui sont très anxiogènes.
04:10 Et c'est vrai que les lecteurs ont besoin de ce type d'ouvrage
04:13 de développement personnel.
04:14 Donc, vous le dites là, devant la caméra,
04:16 maintenant, ce n'est pas votre double maléfique.
04:19 Non, ce n'est pas moi, ce n'est pas mon double maléfique.
04:21 Justement, quel est votre...
04:23 Je reviens aux personnages principaux, donc Paul Feige.
04:27 Ça n'est pas vous, on a bien compris.
04:30 Est-ce qu'on n'est pas à la limite du gourou dans cet ouvrage ?
04:36 C'est peut-être aussi pour vous une manière de faire la critique
04:39 de toute cette tendance des gourous qu'on a beaucoup vécue.
04:43 Paul Feige n'est pas vraiment un gourou, mais c'est vrai que,
04:45 moi, dans mes émissions de radio ou même dans Bel et Bien,
04:47 on lutte contre les gourous, les charlatans du développement personnel
04:49 qui se développent, on les connaît.
04:51 Ceux qui vont, par exemple, vous promettre des guérisons
04:55 grâce à des jus de légumes, à des jus de fruits,
04:57 alors que vous êtes atteint de maladies très graves, de cancers, etc.
04:59 Ça, ce sont vraiment des charlatans très dangereux
05:01 qui sont souvent visés par la myvilude,
05:04 la mission de lutte contre les sectes.
05:06 Évidemment que ces gourous-là, il faut lutter contre eux.
05:09 Paul Feige, non, ce n'est pas ça.
05:10 Ce n'est pas un gourou.
05:11 D'ailleurs, la philosophe Juliette Funès disait que ces gourous,
05:14 enfin cette façon de voir la vie, c'était le nouvel opium du peuple.
05:19 Vous partagez aussi ce point de vue ?
05:20 Partiellement, parce que c'est vrai que dans le développement personnel,
05:23 il y a l'idée que votre bonheur repose sur vos épaules.
05:26 C'est quand même assez vertigineux de vous dire que
05:28 « voilà, mon bonheur repose sur moi »,
05:30 alors que les recherches en psychologie positive
05:33 disent que le bonheur repose sur la relation aux autres,
05:36 aux relations avec les autres, avec ses amis, avec sa famille.
05:40 C'est ça la clé du bonheur.
05:41 Les grandes études internationales sur le bonheur,
05:43 notamment l'étude d'Harvard qui est très connue,
05:45 disent que le bonheur, ça passe par le lien social.
05:48 Et le développement personnel, le problème,
05:49 c'est que ça fait reposer le bonheur sur vos épaules.
05:52 C'est un peu vertigineux et un peu difficile.
05:54 Le bien-être à tout prix, ça fait vendre…
05:56 J'ai regardé quelques chiffres en imaginant que j'allais vous recevoir.
05:59 Le marché du développement personnel représentait déjà en 2018
06:03 32% du marché du livre.
06:05 C'est colossal.
06:06 Pour vous donner un peu une idée de grandeur à vous qui nous écoutez,
06:10 en fait c'est 11 milliards de dollars par an.
06:13 C'est énorme.
06:14 Ça marche toujours autant ?
06:16 Oui, ça marche toujours autant.
06:17 Je vous l'ai dit, on est dans une société difficile.
06:19 Il y a un sociologue qui s'appelle Zygmunt Boman
06:22 qui parle de société liquide sans farnibalise.
06:24 On est un peu perdu dans cette société contemporaine
06:28 et donc on a besoin de repères et les livres de développement personnel
06:31 aident à aller mieux.
06:33 C'est pour ça que les librairies et les rayons de développement personnel
06:36 ne désemplissent pas.
06:37 32%, c'est gigantesque.
06:39 Revenons au livre qui se moque quand même beaucoup,
06:41 des bobos parisiens qui plient bagages pendant le week-end
06:44 pour aller se mettre au vert.
06:46 Mais en fait, c'est pas un peu vous le bobo parisien
06:48 parce que vous dites que vous pliez bagages autant de fois
06:51 que vous le pouvez pour aller vous mettre au vert.
06:53 Vous avez d'ailleurs écrit votre bouquin du côté de Fontainebleau.
06:57 Alors vous êtes le bobo parisien par excellence.
07:00 J'assume.
07:02 Ce qui peut être embêtant, c'est notamment qu'il y a un personnage
07:04 de Parisienne qui redécouvre l'authenticité, le naturel
07:08 et qui a un discours comme ça qui assomme tout le monde.
07:10 Moi j'essaie de ne pas avoir trop ce discours-là
07:13 mais c'est vrai que oui, le bobo parisien, c'est un peu moi qui retrouve
07:16 les vertus de la nature, de la forêt, etc.
07:19 Non, ce qui peut être un peu agaçant, c'est d'en faire un discours permanent
07:22 qui saoule tout le monde.
07:24 Vous tirez à combien d'exemplaires ce nouveau bouquin ?
07:27 Vous étiez déjà célèbre,
07:28 maintenant vous allez peut-être devenir riche ?
07:30 Non, 10 000 exemplaires.
07:32 Le roman commence à bien fonctionner
07:34 mais non, on n'écrit pas pour devenir riche.
07:37 Si c'est le cas, ça sera très bien.
07:40 Ça vous titillait depuis longtemps ?
07:42 Oui, depuis très longtemps.
07:44 Je voulais écrire avant mes 50 ans.
07:46 Oui, j'ai lu ça.
07:48 Vous avez d'ailleurs fêté vos 50 ans le 22 juillet,
07:50 donc samedi dernier.
07:52 Pourquoi 50 ans ?
07:53 Non, c'est un cap symbolique les 50 ans.
07:55 Je ne les avais pas encore...
07:57 Tu choisirais ?
07:58 C'est un cap symbolique.
08:00 C'est vrai que j'avais envie d'avoir une création personnelle,
08:04 donc un roman,
08:05 et j'avais envie que ce soit publié avant cette tâche fatidique.
08:09 Pour revenir juste à la promotion de ce livre,
08:12 vous qui avez l'habitude d'être plutôt l'interviewer,
08:17 comment vous vivez cette période de promotion ?
08:20 Comment vous vivez le moment de...
08:22 Je viens avec quelque chose qui est moi, mon enfant,
08:25 et je viens en parler, ça vous fait quoi ?
08:26 C'est assez extraordinaire,
08:27 parce que c'est vrai, quand on est journaliste,
08:29 qu'on publie un roman,
08:30 on ne sait pas comment ça va être accueilli,
08:31 si vous allez être adoubé en tant que romancier.
08:34 Et c'est vrai que ce qui est beau,
08:35 c'est d'abord les premiers rapports avec les lecteurs,
08:37 c'est assez extraordinaire.
08:38 Et puis la critique qui est plutôt bonne
08:41 et qui vous adoube comme écrivain.
08:43 Et c'est vrai que c'est un moment assez extraordinaire.
08:46 Un nouveau cap dans votre carrière.
08:48 Après le cap des 50 ans.
08:50 Bon 50 ans, bon anniversaire.
08:53 Merci beaucoup Estelle.
08:54 Merci beaucoup Ali Rebeihi.
08:55 Je vous rappelle le titre de votre ouvrage.
08:58 Tante Alice enquête, vous le voyez à l'écran,
09:01 "Enquête, le bonheur est dans le crime",
09:03 Paris, aux éditions.
09:04 Le masque à mettre dans vos valises.
09:06 Merci Estelle.
09:07 Merci à vous.

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