Un sentiment anti-Français au Sahel alors que l’immigration venant de la région continue

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Transcript

00:00 L'édito politique à 7h49 sur Europe 1 avec Guillaume Roquet du Figaro magazine.

00:04 - Bonjour Guillaume. - Bonjour Lionel.

00:06 - Alors vous revenez ce matin sur la situation au Niger et les signes d'hostilité envers la France

00:12 qui se multiplient après le coup d'état de la semaine dernière.

00:15 Vous dites que c'est un revers de plus pour notre diplomatie dans la région ?

00:19 - Oui, sans aucun doute.

00:21 Dimanche dernier, des manifestants ont essayé de mettre le feu à notre ambassade à Niamey

00:25 et hier, les poutchistes qui ont pris le pouvoir ont accusé l'armée française

00:29 sans la moindre preuve de vouloir rétablir par la force le président déchu Mohamed Basoum.

00:34 Si ça continue comme ça, nos soldats présents au Niger vont vite devoir faire leur pactage

00:39 et quitter le pays.

00:41 Après avoir été renvoyés du Mali en 2022, puis du Burkina Faso au début de cette année,

00:47 à chaque fois suite à des coups d'état militaires.

00:49 La France qui était historiquement très présente dans cette partie de l'Afrique,

00:53 constituée de ses anciennes colonies, subit une véritable déroute.

00:57 Les dirigeants que nous soutenions sont renversés et plus grave encore,

01:01 les populations locales nous sont de plus en plus hostiles.

01:04 - Alors question toute simple, Guillaume, qu'est-ce qu'on peut faire ?

01:07 - Eh bien à mon avis, tourner la page.

01:08 Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour aider ces pays à consolider la démocratie

01:13 et surtout pour les aider à combattre le djihadisme.

01:16 Mais c'est un échec.

01:17 Les opérations Serval puis Barkhane ont été terriblement coûteuses,

01:21 en argent mais surtout en vie humaine.

01:23 58 morts parmi les soldats français et tout ça pour un bilan qui est malheureusement négatif

01:28 puisque les combattants islamistes sont aujourd'hui plus offensifs que jamais au Sahel.

01:33 Et en plus, même si c'est injuste,

01:35 beaucoup d'habitants de la région ont considéré cette présence militaire

01:39 comme une forme de néocolonialisme, donc de gré ou de force.

01:43 Nous devons faire le deuil de notre influence là-bas

01:46 et nous devons en tirer toutes les conclusions,

01:49 en particulier pour ce qui concerne l'immigration.

01:51 Car depuis l'indépendance des pays d'Afrique francophone,

01:54 il y avait une sorte de pacte non écrit avec la France.

01:57 Nous avions une présence privilégiée chez eux,

01:59 à la fois diplomatique, militaire, économique, culturelle,

02:03 et en échange, leurs ressortissants pouvaient facilement migrer chez nous.

02:07 Et bien puisque les termes de l'échange ne sont plus respectés,

02:10 il est temps, me semble-t-il, de fermer progressivement nos frontières.

02:13 - Mais est-ce que vous feriez le même raisonnement pour les pays du Maghreb ?

02:17 - Et bien oui. Vous avez vu ce qui se passe avec l'Algérie.

02:20 Jamais peut-être nos relations avec ce pays n'ont été aussi mauvaises.

02:23 Les provocations à notre égard sont incessantes.

02:26 L'Algérie refuse obstinément de reprendre ses clandestins que nous essayons d'expulser.

02:30 Et pour que nous n'ayons aucun doute sur ses intentions hostiles,

02:34 elle vient de rétablir un couplet anti-français dans son hymne national.

02:38 Les paroles sont les suivantes, je cite "Oh France, le temps des palabres est révolu,

02:42 voici venu le jour où il te faut rendre des comptes."

02:46 Et nous, que faisons-nous face à une telle agressivité ?

02:49 Nous continuons naïvement à appliquer un vieil accord de 1968

02:53 qui facilite incroyablement l'immigration des Algériens en France.

02:57 C'est un marché de dupe, il est temps de changer les règles du jeu.

03:01 Comme d'ailleurs l'ancien Premier ministre Edouard Philippe l'a souhaité récemment.

03:04 - Et le gouvernement y est prêt ?

03:05 - Et bien non. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin

03:08 doit présenter à la rentrée un projet de loi sur l'immigration.

03:11 Mais il n'est pas question de contingenter le nombre d'entrées légales venant d'Afrique

03:16 puisque le tour de vis concerne essentiellement l'immigration clandestine,

03:20 ce qui nous gouverne.

03:21 Les ministres, mais au Premier chef Emmanuel Macron,

03:23 ne semblent pas comprendre que nous avons changé d'époque.

03:26 - Signature Guillaume Roquet du Figaro Magazine.

03:29 Merci Guillaume, à demain, l'édito politique chaque matin à 7h50 sur Europe.

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