• il y a 5 mois
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Chaque matin, Carl Meeus, rédacteur en chef au Figaro Magazine revient sur l'actualité politique du jour.
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Transcription
00:00Lors de l'édito politique de Karl Meus, bonjour Karl.
00:02Bonjour Christophe.
00:03Rédacteur en chef de Figaro Magazine en direct ce matin,
00:05vous nous parlez de la fable que la gauche raconte aux français
00:09sur le Premier ministre.
00:10Que voulez-vous dire par là Karl ?
00:12Alors écoutez, on le sait depuis longtemps,
00:13la gauche aime bien raconter des fables à ses électeurs,
00:15mais depuis le 7 juillet elle se surpasse.
00:17Elle nous avait vendu une belle image d'unité,
00:19sa capacité à gouverner
00:21et la nécessité de l'urgence à agir.
00:23Tout cela a volé en éclat en une semaine.
00:25On voit une gauche divisée,
00:27incapable de s'entendre sur le nom de celui
00:29qui dirigerait son gouvernement
00:30et qui désormais explique qu'il n'y a plus d'urgence
00:33mais qu'il faut prendre son temps
00:34et que d'ailleurs, dans les autres pays,
00:35les partis le prennent avant de former
00:37leur coalition gouvernementale.
00:38Mais Karl, ce n'est pas totalement faux.
00:40En Allemagne par exemple,
00:41il a fallu deux mois en 2021
00:43pour que Lavchol se constitue sa coalition
00:44avec les Berts et les Libéraux.
00:46Oui, vous avez raison Christophe.
00:47Et en 2017, Angela Merkel
00:49avait pris cinq mois pour former la sienne.
00:51Mais on voit bien la différence
00:53avec la situation actuelle en France.
00:55En Allemagne, le nom du chancelier
00:56est connu quasiment le soir du scrutin.
00:58Le temps de la discussion est pris
00:59pour négocier les contours de la coalition,
01:01du fonds du projet et de l'attribution des postes.
01:04On est quand même loin du compte là chez nous.
01:05La gauche française est pour le moment
01:07incapable de s'entendre sur le nom de celui qu'elle veut
01:10pour diriger son hypothétique futur gouvernement.
01:12Je rajoute hypothétique
01:13parce que ça suppose quand même au préalable
01:15qu'Emmanuel Macron accède à sa demande,
01:17ce qui pour le moment est quand même loin d'être gagné.
01:19Le nouveau Front populaire de 2024
01:21n'est ni le Front populaire de Léon Blum de 1936
01:25ni la gauche plurielle de Lionel Jospin de 1997
01:28quand ces deux hommes étaient les leaders naturels de leur coalition.
01:30Car comment expliquez-vous que ça prenne autant de temps ?
01:34Parce qu'en réalité, les dirigeants de gauche
01:36n'avaient pas prévu de gouverner au lendemain de la dissolution,
01:39ne sont d'accord sur rien
01:40et n'ont absolument pas la même stratégie.
01:42On s'en rend compte chaque jour qui passe,
01:44socialistes, insoumis, écologistes et communistes
01:46ne sont pas prêts à gouverner.
01:48On en avait eu un aperçu au moment de la sortie de leur programme
01:51à plus de 200 milliards d'euros
01:52qui avait mis de côté la question pourtant pas mince du nucléaire,
01:55faute d'accord entre eux.
01:57Une semaine après le scrutin,
01:58l'image renvoyée aux Français est désastreuse.
02:00Comme dit l'un d'eux,
02:01on a l'impression qu'il se croit dans une assemblée générale de l'UNEF.
02:05Et je ne pense pas que ce soit un compliment dans sa bouche.
02:07Deuxième point, ils ne sont pas d'accord sur le nom du premier ministre.
02:10Les insoumis réclament Matignon pour eux,
02:12les socialistes le veulent pour Olivier Faure.
02:14Devant l'impasse, c'est la foire au nom improbable
02:16comme la réunionnaise Huguette Bélot,
02:18ancienne communiste proche des insoumis
02:21qui n'était même pas au courant que son nom avait été évoqué.
02:23Et il semblerait que ce week-end,
02:25François Hollande avait évoqué, lui,
02:26celui de Najat Vallaud-Belkacem
02:30pour répondre à Huguette Bélot
02:31et incarner, comme on dit, la société civile.
02:34C'est quand même une ancienne ministre.
02:36Dans cette foire au nom, on frise le ridicule
02:37et on se demande si ces gens savent
02:39ce qu'ils parlent du futur premier ministre de la France,
02:41une personne qui doit être capable de s'imposer à ses ministres,
02:44de discuter avec un parlement en majorité hostile
02:46et surtout faire face à un président en situation de cohabitation.
02:50Les socialistes, au moins certains d'entre eux,
02:51sont en train de se rendre compte que les insoumis ne veulent pas gouverner
02:54et préfèrent tout bloquer pour acculer Emmanuel Macron à l'impasse
02:57et donc, à terme, à la démission.
02:59L'accord signé n'était donc qu'un jeu de dupe,
03:02mais les socialistes n'osent pas encore s'affranchir
03:04du nouveau front populaire pour se tourner vers l'ancienne majorité
03:08qui, pourtant, leur tend les bras.
03:09Jacques Lacan disait que le réel, c'est quand on se cogne
03:12et on constate que le mur des réalités est douloureux
03:15aujourd'hui pour les socialistes.
03:16La réalité vient de frapper au carreau, peut-être.
03:18Signature Europe 1.
03:19Carl Méusse, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
03:21Merci, Carl, à demain.
03:22À demain.

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