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Ancien docteur en neurosciences, Pierre Hugues José est maintenant rappeur. Il est venu nous parler de son parcours atypique et de son envie de projeter davantage Vesoul, sa ville d'origine.

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00:00 Vous avez déjà vu un docteur en neurosciences devenir rappeur ?
00:02 Bah y'a moi, Jeanne Vesoul, 7ZR, R.P.Z, t'as capté ?
00:05 Je vais vous raconter mon parcours d'électron libre.
00:08 *Musique*
00:15 Alors j'ai quitté les neurosciences pour le rap,
00:17 pas parce que je n'aimais pas les neurosciences.
00:18 J'étais docteur, et puis y'avait un petit poste d'ingénieur, de recherche,
00:22 donc on fait tout un tas de bordel.
00:23 Et je me suis dit, putain c'est intéressant,
00:25 mais tu te vois faire ça 40 balais jusqu'à la retraite ?
00:27 Donc il essaye de, je sais pas, qu'est-ce qui te plairait,
00:30 c'est quoi ton rêve, c'est quoi ton truc ?
00:32 Puis depuis gosse, je voulais faire de la musique.
00:34 Mais bon, va dire au daron que t'as envie de faire du son,
00:36 dans un milieu un peu ouvrier, comme le Grand Est, t'as capté, on est deux bzouls.
00:39 Donc je me suis dit, je vais avoir les diplômes,
00:41 puis une fois que je les ai, je pourrai l'ouvrir.
00:42 Donc j'ai attendu d'avoir le doctorat, la maman était fière, le papa aussi,
00:45 puis je leur ai dit, bon allez, maintenant on a assez déconné,
00:47 tu vas aller faire un peu de rap.
00:48 Fallait voir la gueule de la mère, puis le père pareil,
00:50 mais bon, ils m'ont fait confiance, au début c'était pas évident,
00:52 parce qu'ils veulent des épreuves, donc ils attendent que les stats montent.
00:55 Bon ça remonte un peu, mais on est encore pas au stade de Booba,
00:57 mais ça ira peut-être un jour.
00:59 Pourquoi tu fais la mou quand j'ai raison ?
01:01 Si je te dis que la musique c'est ma passion.
01:02 Déjà tout y pulse, payer ma tête,
01:04 comme un lannisteur je paye toujours mes dettes.
01:06 Alors moi j'ai un public, c'est vrai que c'est un public particulier.
01:08 Je dirais que j'ai les extrêmes, c'est-à-dire que d'un côté,
01:11 j'ai du bon zinzin, de la bonne brutasse.
01:13 Après ça me représente beaucoup, parce que moi quand j'évoluais,
01:16 de mes 14 à mes 18 balais, même un peu encore après,
01:19 quand je faisais mes études, les étés, j'allais pas en vacances moi.
01:21 J'allais bosser avec les bûcherons, horticulteurs, agriculteurs,
01:25 j'avais des potos qui étaient mécanos,
01:26 voilà ça bricolait toujours, des putains de bagnoles,
01:29 c'est un milieu un peu de brutaxe,
01:31 voilà, moi je viens de ça, je viens de ça.
01:33 Mais en même temps j'étais le mec le plus kuss de la bande.
01:35 Donc je vais pas dire que j'étais le cerveau,
01:37 mais j'étais le mec un peu moins manuel de la bande.
01:39 Visiblement mon public c'est ça.
01:40 C'est soit c'est des gros intellectuels,
01:42 qui me disent "on voit qu'il y a un deuxième,
01:43 troisième, quatrième degré dans ce que tu proposes,
01:46 ça me touche".
01:46 Puis t'en as qui me disent "t'as un abat chez nous,
01:48 putain c'est bon ça, Bezoul, Sochaux, Montgomery".
01:51 Donc ça c'est les brutaxe, les vrais.
01:53 Donc je suis un peu un condensé, une fusion de ces deux trucs-là,
01:55 et moi ça me va parce que c'est vraiment ce que j'incarne et ce que je suis.
01:57 Moi de base je m'appelle pas Pierrick José,
02:10 je m'appelle Jordi.
02:11 Mais Jordi à l'autre pélo, avec la chantée "Dieu d'être un bébé",
02:15 à l'hystère, à deux, trois balais.
02:16 Y'a Jordi un autre rappeur aussi,
02:17 J-O-2-R-D-E-E.
02:19 Y'a Jordi Alba, le joueur de foot, machin,
02:20 je me suis dit "c'est déjà trop pris".
02:21 Pierrick José, je suis sûr que je suis pas emmerdé,
02:23 tu vois je suis tout seul.
02:23 Pierrick José c'est trois prénoms.
02:25 Donc j'avais mon pote, quand j'étais en licence de physique fondamentale,
02:28 un ami autiste,
02:29 qui avait toujours une vision de la vie,
02:31 il avait des raisonnements qui étaient un petit peu loufoques.
02:33 Déjà que j'étais électron libre depuis toujours,
02:35 mais lui il l'était encore plus que moi, et ça me fascinait.
02:37 Vu qu'il s'appelle Pierre et que son nom de famille c'est Hag,
02:39 c'est pas top, parce que c'est pas un prénom.
02:41 Du coup je me suis dit "Hag, Hug, Pierre, Hug".
02:44 Après il m'en fallait un troisième pour le côté triangle des Bermudes.
02:47 Et José ensuite pour le type de "Hélène et les garçons",
02:49 le joueur de synthé.
02:51 À 4-5 ans j'ai eu mon premier synthé,
02:52 et puis c'est de là qu'est venue ma passion pour la musique.
02:54 Est-ce que j'ai inventé un nouveau vocabulaire avec mon rap ?
03:03 J'essaye en tout cas, j'aimerais bien.
03:05 Il y a eu Renaud qui a inventé son petit vocabulaire du Titi parisien.
03:08 Il y a eu Yann Camoura qui a inventé aussi ses expressions,
03:10 c'est des termes qui sont repris à l'international.
03:12 Yann Camoura, elle a fait une dinguerie.
03:13 Le "Djou Djou Djou" qu'a fait Assa So,
03:15 c'est ce l'enfoiré avec la moulaga.
03:16 Faudrait que je fasse mon truc de mon côté.
03:18 J'ai déjà essayé un peu, "Tarbeulé", "La Bouillave".
03:21 Le "Café Remburé", vous savez ce que c'est ?
03:22 "Café Remburé", c'est ma grand-mère.
03:24 J'étais marmotte et puis j'allais la voir pour prendre le café le matin.
03:27 Elle me disait, "Oh, tu m'emmerdes, il n'y en a plus beaucoup dans la cafetière.
03:30 Tu vas t'en faire un Remburé."
03:31 Donc, je mettais le café qui était bien serré
03:33 parce que c'est comme ça qu'elle le buvait.
03:34 Puis, je complétais avec un petit peu d'autres choses.
03:36 Il n'y a pas de petite expression comme ça que je pourrais réutiliser
03:38 et puis faire mon rap à ma sauce.
03:53 Alors, les neurosciences et le rap, qu'est-ce que ça m'apporte ?
03:55 Dans la construction d'un morceau rap,
03:57 il y a différents placements, il y a différentes méthodes,
03:59 il y a différentes manières de réaliser son morceau.
04:01 Là, il y a un côté un petit peu plus cartésien, plus technique, plus mateux.
04:04 Donc là, ça me sert.
04:05 Par contre, quand on est artiste, il faut un lâcher prise.
04:08 C'est ça, des fois, qui sublime et qui permet de créer le morceau
04:11 qui va toucher tout le monde.
04:12 Moi, j'ai eu plus de mal avec ça,
04:14 parce que j'ai toujours aimé le contrôle.
04:16 Ça, ça peut poser problème parce qu'on dit souvent que les artistes,
04:19 c'est des uns-un ultimes, ils vont jusqu'au bout.
04:21 Ils se lâchent, et c'est là où les ondes, le parfum,
04:25 il y a tout qui pète, c'est le feu d'artifice.
04:27 Peut-être va falloir que je me laisse un peu plus vivre,
04:29 laisse un peu plus aller,
04:30 mais c'est le seul conseil que je me donnerais à moi-même, me connaissant.
04:33 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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