• l’année dernière
DÉNONCIATION DE L'ABJECTION !
HOMMAGE AUX ENFANTS MARTYRS

Compte tenu des horreurs avérées qui altèrent notre monde et, notamment, le scandale factuel abject qui se déroule dans cette société rendue aveugle par un système parfaitement bien planifié depuis des décennies, je me trouve dans la triste obligation d’apporter ici une dénonciation explosive, avec des vidéos choques à l’appui, concernant l’horrible et extrême violence que des monstres inhumains osent, sans scrupules, faire subir à de très jeunes enfants !

Vous trouverez une série de 37 vidéos que j’ai glanées sur le Nett, afin de dénoncer au public ignorant l’immensité d’un tel phénomène horrible, dont la cruauté est inimaginable !

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Merci également de votre attention et que Dieu vous garde contre tout mal.

AMOR PAX LUX VERITAS

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News
Transcription
00:00:00 [Générique]
00:00:12 Mes chers amis, mes bien chers compatriotes, puisque malheureusement les affaires de pédophilie
00:00:17 semblent éclore ces temps-ci, un peu comme les bourgeons de printemps, je vous invite
00:00:21 dans ma cave aux archives à une petite séance de Ciné-Club Citoyens.
00:00:26 Nous allons voir ou revoir ensemble Zandvoort, le fichier de la honte, un film que j'ai
00:00:32 eu la chance de co-signer avec Serge Gard, l'histoire du plus grand réseau pédophile
00:00:38 jamais découvert et bien entendu à ce jour jamais jugé.
00:00:42 J'en profite pour vous signaler la sortie en poche de Disparu si ce genre d'affaires
00:00:49 vous intéresse.
00:00:50 Maintenant, on regarde !
00:00:52 Aujourd'hui nous sommes à Bruxelles, sur la Grand Place en Belgique, où en 1998 va
00:00:58 démarrer une affaire absolument sordide dont aujourd'hui encore on n'a pas le fin mot.
00:01:03 Une affaire particulièrement douloureuse puisqu'il s'agit de sévices sexuels infligés
00:01:07 à des enfants, le tout filmé en vidéo et diffusé dans un CD-ROM appelé le CD-ROM
00:01:11 de Zandvoort.
00:01:12 Le journaliste qui a sorti le scoop en 2000 dans l'Humanité, Serge Gard, a accepté
00:01:17 de rouvrir pour nous ce dossier qui vous allez le voir est particulièrement troublant.
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00:01:57 Un CD-ROM.
00:02:00 Des enfants violés, torturés.
00:02:02 Des images qu'on aurait préféré ne jamais voir.
00:02:06 On en recense plus de 8000 sur un seul CD-ROM.
00:02:10 Des photos abominables.
00:02:12 Elles sont extraites des ordinateurs d'un Allemand, Gerrit Uhlrich, qui habitait à
00:02:19 Zandvoort en Hollande.
00:02:21 8000 photos qu'il commercialisait discrètement sur Internet.
00:02:24 Peu après cette découverte, Gerrit Uhlrich est assassiné en Italie.
00:02:29 L'homme qui a récupéré le CD-ROM de Zandvoort s'appelle Marcel Vervlozem, un citoyen belge
00:02:37 à la tête d'une petite association.
00:02:39 Nous sommes devant la prison de Turnhout à quelques kilomètres d'Anvers en Belgique,
00:02:45 là où Marcel Vervlozem est en prison actuellement.
00:02:49 Il purge une peine de trois ans et demi de prison pour des viols commis sur des mineurs.
00:02:54 C'est lui qui a récupéré le fameux CD-ROM de Zandvoort.
00:02:57 Alors, Marcel Vervlozem, héros ou salaud ? Et que cache cette affaire de CD-ROM ?
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00:03:08 Pour découvrir ce qui se cache derrière cette mystérieuse affaire, direction Bruxelles.
00:03:13 Nous arrivons au siège de l'association Morkoven que préside Marcel Vervlozem.
00:03:19 Une association belge sans but lucratif, du nom d'une petite ville près d'Anvers.
00:03:24 Active depuis les années 80, l'association est engagée dans les problèmes de maltraitance
00:03:30 et de disparition d'enfants.
00:03:32 Ses responsables disent lutter contre les réseaux pédocriminels.
00:03:36 Comment Marcel Vervlozem a-t-il récupéré le CD-ROM ? Qui est cet homme ?
00:03:41 Ce n'est pas un flic, ce n'est pas non plus un privé.
00:03:44 Impossible de le faire entrer dans les cases habituelles.
00:03:47 Il est complètement atypique.
00:03:49 Enfant, il a connu la misère et la maltraitance dans des institutions.
00:03:54 Ça, il n'a jamais pu l'oublier.
00:03:56 Marcel est un trublion, un provocateur.
00:03:59 Avec un incroyable culot, il n'hésite pas à interpeller les pédocriminels
00:04:03 qu'il a cherchés parfois pendant des mois.
00:04:05 Il les file, les photographie, ne les lâche jamais.
00:04:09 On peut comprendre que Marcel Vervlozem soit très vite devenu gênant.
00:04:13 D'autant qu'à chaque fois, il apporte des preuves.
00:04:16 Il révèle une réalité effrayante.
00:04:19 Des gens qui travaillent à la réalisation d'un catalogue d'enfants
00:04:22 en lien avec des studios de photographie spécialisés dans la pornographie.
00:04:27 Derrière des disparitions d'enfants se profilent la réalité d'un réseau
00:04:31 et d'étranges protections.
00:04:33 Et la commercialisation d'images de viols d'enfants.
00:04:37 On voit dans tous nos dossiers que c'est une branche de la criminalité ordinaire.
00:04:42 C'est une branche plus risquée qui rapporte plus.
00:04:45 Plus c'est horrible, le plus ça se vend.
00:04:47 Et le plus ça se vend cher.
00:04:49 Le soft, c'est 250 euros.
00:04:51 Le dur, c'est 450 euros.
00:04:53 C'était dans les prix 98.
00:04:56 C'est 450 euros.
00:04:58 Le 27 juillet 1993,
00:05:02 Manuel Schadewald disparaît à Berlin à l'âge de 12 ans.
00:05:06 A la demande de sa famille,
00:05:09 lassé par les lenteurs de l'enquête policière,
00:05:12 Marcel Werflossen se met sur la piste du jeune disparu.
00:05:16 Une traque qui va l'amener en Allemagne,
00:05:18 où son association enquête sur les activités pédosexuelles
00:05:21 d'une certaine clientèle de bar de nuit.
00:05:24 Petit à petit, le réseau prend forme.
00:05:26 En voici l'organigramme.
00:05:29 Au cœur du système, plusieurs bars à Berlin.
00:05:32 Tout se rejoint autour de ces trois bars,
00:05:37 qui sont le Pinocchio, le Tabasco et le Dachka.
00:05:39 C'est des gens qui font leur marché.
00:05:41 Ils décident, on a un enfant, le père ça va,
00:05:45 on va pas avoir de problème avec lui.
00:05:47 Là, il faut faire attention parce que la mère est un peu hystérique.
00:05:50 C'est comme ça que ça fonctionne.
00:05:53 Donc si vous voulez, vous comparez ça dans un monde plus simple,
00:05:56 comme un café des artistes, ou un café de musiciens, etc.
00:06:00 Mais là, c'est les cafés des pédos.
00:06:02 Entre-temps, Marcel Werflossen met la main sur une cassette
00:06:07 intitulée "Madère".
00:06:09 Tourné au Portugal, on y découvre les activités
00:06:13 de trois pédos criminels, dont un Belge et un Hollandais,
00:06:16 qui racolent de jeunes garçons sur la plage,
00:06:19 avant de filmer leurs zébas sexuels dans un bar.
00:06:22 Marcel remet cette cassette à la police portugaise,
00:06:25 permettant plusieurs arrestations au Portugal en 1997,
00:06:29 ainsi qu'en Belgique.
00:06:31 Sur un passage de la cassette tournée en Allemagne,
00:06:34 Marcel reconnaît le jeune Manuel.
00:06:36 La piste conduit à un certain Robby van der Planken.
00:06:41 Le cassette est un peu plus grand que la cassette
00:06:48 et est plus facile à filmer.
00:06:50 Il est encore plus jeune que les autres.
00:06:52 Il a été arrêté en 1998.
00:06:54 Il a été arrêté en 1999.
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00:14:16 L'hypothèse d'un réseau est au cœur de l'enquête.
00:14:19 Après tout, peut-être y a-t-il d'autres victimes vivantes ?
00:14:23 Des témoins ?
00:14:25 Et que fait le juge d'instruction, le juge Conroth ?
00:14:27 Il va avoir une idée qui n'a pas souvent cours.
00:14:31 Il va lancer un appel à témoins à toute la Belgique.
00:14:34 Il va donner un numéro vert.
00:14:36 Il va assurer aux gens qui ont des informations l'anonymat.
00:14:40 Bien sûr, il faudra qu'elles donnent leur identité à la justice,
00:14:44 mais elle ne sera pas divulguée, leur identité.
00:14:47 Et il va recevoir des tas de coups de fil.
00:14:49 Et là, la Belgique commence à trembler.
00:14:52 Je ne parle pas du peuple qui trouve que c'est une bonne initiative
00:14:57 que de se poser cette question, vu le nombre de victimes.
00:15:00 Mais je parle des autorités.
00:15:02 Parce que tout d'un coup,
00:15:04 des témoins commencent à faire des récits incroyables.
00:15:08 Une cellule hautement qualifiée de la gendarmerie
00:15:12 auditionne ses témoins, baptisés X1, X2, X3.
00:15:17 C'est le témoignage d'un de ces témoins, Régina Louf, alias X1,
00:15:22 qui va précipiter l'affaire.
00:15:24 Cette jeune femme, rescapée d'un réseau de prostitution,
00:15:27 acceptera finalement de témoigner à visage découvert
00:15:30 devant la caméra de Pascal Justice.
00:15:33 J'ai été filmée.
00:15:39 Les photos et les films étaient commandés par des gens
00:15:42 qui décidaient eux-mêmes du scénario.
00:15:45 Du genre d'enfant, des mauvais traitements
00:15:48 et des tortures qu'ils voulaient voir.
00:15:51 Mais il y avait également des photos et des films commerciaux
00:16:00 qui devaient simplement être distribués
00:16:03 dans un réseau de pédophiles beaucoup plus conventionnel.
00:16:08 Au début, il y avait des enfants amenés par leur famille
00:16:13 qui étaient préparés à être abusés.
00:16:16 Ensuite, on est passé à des enfants kidnappés dans la rue.
00:16:21 Ils étaient terrorisés et les abuseurs aimaient ça.
00:16:26 Prendre des enfants dans la rue représentait un risque énorme,
00:16:33 mais ça rendait le jeu encore plus excitant.
00:16:37 On va avoir des convictions.
00:16:40 Non seulement on la rencontre elle, mais on en rencontre d'autres.
00:16:43 Il y a des lieux qui se croisent, des témoignages qui se croisent,
00:16:47 alors que ces jeunes femmes ne se connaissent pas.
00:16:50 Elles ont vécu des choses avec des personnages identiques,
00:16:54 parfois dans des lieux identiques,
00:16:57 et surtout des événements incroyables
00:17:00 dans lesquels l'imagination laisse pantoie
00:17:03 quand on pense à des chasses d'enfants
00:17:06 qu'on laissait courir dehors nus, qu'on essayait d'attraper,
00:17:11 enfin des trucs des horreurs.
00:17:14 Tout ça aurait été fait dans une société bourgeoise,
00:17:20 pour ne pas dire plus.
00:17:23 Donc l'enquête là-dessus a été que Régina Louf,
00:17:28 un titre dans la presse, a bien résumé l'état d'esprit des enquêteurs,
00:17:32 égale Louf, c'est-à-dire cinglé.
00:17:35 Les témoins X font peur.
00:17:38 Régina Louf est diffamée, discréditée.
00:17:41 L'équipe de gendarmes concernés est mise au placard.
00:17:44 L'opinion publique se hérisse.
00:17:46 Il y a deux communautés en Belgique.
00:17:49 Et cette union, elle est fragile.
00:17:52 Et il faut savoir que la famille royale
00:17:55 sentait le lien entre ces deux communautés.
00:17:59 Et que si certaines personnes avaient évoqué dans certains témoignages
00:18:04 quelques implications plus ou moins proches de la famille royale,
00:18:08 alors là cette Belgique, elle aurait peut-être pu,
00:18:11 j'imagine que le pouvoir a pu se l'imaginer,
00:18:14 mettre à mal l'unité.
00:18:16 Il a été question de l'unité de la Belgique
00:18:18 dans la période de l'affaire Dutroux.
00:18:21 Donc je crois qu'il y a eu une volonté de ne pas chercher
00:18:26 au-delà de Dutroux, s'il existait ou non des réseaux,
00:18:31 pour des questions de stabilité de l'État.
00:18:35 Alors il faut coûte que coûte stopper le juge Conroth.
00:18:39 Le premier prétexte fera l'affaire.
00:18:41 Justement, le juge est photographié
00:18:44 lors d'un dîner de soutien aux victimes de Dutroux.
00:18:46 Le juge Conroth est désaisi,
00:18:48 au motif qu'il ne serait pas impartial.
00:18:51 Bonjour, la cour de cassation vient de trancher
00:18:54 et l'ordonne le désaisissement du juge Conroth.
00:18:58 Le peuple belge en colère descend dans la rue
00:19:01 pour protester contre l'éviction du juge Conroth,
00:19:04 qu'ils considèrent comme le héros qui a libéré Sabine et Laetitia,
00:19:08 le seul qui ose s'attaquer aux puissants.
00:19:11 Le 30 octobre 96,
00:19:13 350 000 personnes, selon la police,
00:19:16 défilent silencieusement dans les rues de Bruxelles.
00:19:19 Du jamais vu.
00:19:21 Une marche blanche canalisant une colère dans la dignité.
00:19:25 Puis, les mois passent.
00:19:27 L'affaire Dutroux va être réécrite
00:19:30 par un nouveau juge d'instruction, le juge Langlois.
00:19:33 Dutroux devient un prédateur solitaire.
00:19:36 Les réseaux n'existent pas.
00:19:37 Encore faut-il convaincre l'opinion publique.
00:19:40 Alors que la presse s'était engouffrée
00:19:43 dans l'idée que peut-être derrière il y avait des réseaux,
00:19:46 tout d'un coup, tout d'un coup,
00:19:49 la majorité de la presse va se retourner
00:19:52 pour dire que non, Dutroux, c'est un pervers solitaire.
00:19:56 Il va y avoir deux clans, deux clans dans ce pays.
00:19:59 Ceux qui vont croire aux réseaux qu'on va appeler les comploteurs
00:20:02 et puis ceux qui n'y croient pas.
00:20:04 On les appelle les croyants et les non-croyants.
00:20:06 En Belgique, après 1996 qu'on se le dise,
00:20:10 il n'y a plus de réseaux.
00:20:12 C'est malheureusement dans cette période
00:20:14 que Marcel Vervlossen révèle l'existence du CD-ROM de Zandvoort.
00:20:18 Le plus mauvais moment au mauvais endroit.
00:20:21 Le dossier Zandvoort est enterré en Belgique,
00:20:24 mais voilà qu'il réapparaît en France.
00:20:26 Serge, le CD-ROM apparaît en 1998
00:20:32 et toi tu en parles le 24 février 2000.
00:20:34 Pourquoi attendre ?
00:20:36 À l'automne 1999, je suis en Belgique.
00:20:39 J'enquête sur ce qui se passe dans l'affaire Dutroux.
00:20:42 Il y a des choses un peu bizarres.
00:20:44 Je veux voir ça d'un peu plus près.
00:20:46 Et puis, quelqu'un qui est assez proche de l'enquête me dit
00:20:50 "Vous devriez téléphoner à tel numéro, etc."
00:20:54 Je téléphone.
00:20:56 Je finis par rencontrer des gens qui me donnent un fichier.
00:21:01 Un fichier établi à partir d'un CD-ROM.
00:21:08 C'est comme ça que je découvre.
00:21:10 On voit des visages d'enfants.
00:21:12 Voilà, on voit des visages d'enfants.
00:21:14 C'est un document sérieux.
00:21:16 Il a été établi par la police hollandaise.
00:21:19 Et quand je découvre ça,
00:21:22 ma première réaction c'est "Qui sont ces enfants ?"
00:21:26 Et puis, qu'est-ce qu'on fait pour les retrouver ?
00:21:29 S'ils sont là, c'est qu'ils sont en danger
00:21:32 parce que ce sont des portraits qui sont tirés
00:21:35 d'images de viols, d'images de violences sexuelles sur des enfants.
00:21:41 S'agit-il d'une manipulation ?
00:21:44 En novembre 1999, Serge Gard est en possession du fichier papier.
00:21:49 Il se méfie et veut absolument vérifier que les photos du fichier papier de la police hollandaise
00:21:54 correspondent bien au CD-ROM de Zandvoort.
00:21:57 Des vérifications qui vont durer trois mois.
00:22:00 Une fois la filiation établie entre le CD-ROM et le fichier papier,
00:22:04 arrive enfin le moment crucial de la publication.
00:22:08 Est-ce que tu subis des pressions quand tu proposes à l'Humanité,
00:22:11 qui est ton journal à l'époque, de sortir l'enquête ?
00:22:14 Non. Non, non, non.
00:22:16 Je suis soutenu par la rédaction en chef.
00:22:19 Je dirais que là où il y a eu un problème, c'est...
00:22:23 Comment illustrer ? Comment illustrer l'article ?
00:22:26 C'est qu'il n'était pas question de publier des photos.
00:22:30 Mais comment montrer que ça existe sans révéler les photos ?
00:22:37 Là, on a eu une hésitation, mais pendant trois jours.
00:22:41 Et alors ?
00:22:42 Avant de trouver une solution.
00:22:44 Après, c'est Joël Lumien, un photographe, qui a mis toutes les images du fichier sur un mur
00:22:51 et qui en a fait une photo avec un effet de perspective.
00:22:55 Et brusquement, on réalise combien...
00:22:59 On voit l'ampleur du...
00:23:01 472 photos, comme ça.
00:23:05 Le 24 février 2000, l'Humanité fait sa une sur le dossier de la honte
00:23:09 et publie ses révélations.
00:23:11 Trois pages entières.
00:23:13 Comment trouver les mots pour transmettre l'indignation, la colère, sur des visages insoutenables ?
00:23:19 Toutes les radios, toutes les télés s'émeuvent.
00:23:21 Puis, le soufflet médiatique retombe.
00:23:24 C'est un sujet qu'on n'aime pas.
00:23:26 On n'aime pas traiter.
00:23:27 Parce que...
00:23:29 On sait pas où ça va mener.
00:23:31 Donc, tout devient plus urgent par rapport à ça.
00:23:36 C'est alors qu'une pigiste propose au Figaro de reprendre l'enquête.
00:23:40 Pour Laurence Benneux, l'affaire de pédocriminalité est indiscutable.
00:23:45 Les photos existent, elle aussi les a vues.
00:23:48 Les 6 et 7 avril 2000, le Figaro fait sa une sur le problème que posent les réseaux pédocriminels
00:23:54 et lui consacre deux pages.
00:23:56 C'est cette matérialisation qu'il existe, une criminalité organisée autour de la pédocriminalité,
00:24:04 qui s'en prend aux enfants.
00:24:06 Et avec notamment tout cet aspect photographie.
00:24:10 Donc, d'un seul coup, c'était des milliers de photos où des crimes se donnaient à voir.
00:24:15 On pouvait en parler comme ça, mais là, d'un seul coup, ça devenait concret.
00:24:19 Les images sont abominables.
00:24:23 Parler du viol d'un bébé, ça paraît... c'est inconcevable.
00:24:28 D'un seul coup, on le voit.
00:24:30 C'est-à-dire qu'on est obligé de se dire que ça existe.
00:24:33 Il y a des gens qui violent des bébés.
00:24:37 Si on n'a pas vu ça, on ne peut pas l'imaginer.
00:24:42 Une petite fille qui avait une lèvre explosée.
00:24:49 Elle avait le visage qui avait été massacré, ça se voyait.
00:24:54 Elle saignait, elle pleurait.
00:24:56 C'était le côté incroyablement malsain d'avoir gardé cette image.
00:25:02 Ça montrait qu'il y a des gens qui prennent plaisir à voir la souffrance d'enfants.
00:25:10 Là, on ne parle même plus seulement de perversion sexuelle.
00:25:13 On parle d'une perversion sadique.
00:25:17 L'humanité, plus le Figaro, c'est inhabituel.
00:25:21 Et ça commence à faire beaucoup.
00:25:23 Alors le 12 avril 2000, quelques jours après la publication du Figaro,
00:25:26 la ministre de la Justice, Elisabeth Guigou,
00:25:29 intervient en direct dans le journal télévisé de France 3.
00:25:32 La police et la justice ne peuvent rien faire,
00:25:34 puisque ce sont des photos de visages.
00:25:36 Ce qu'il faut, c'est faire un travail très minutieux
00:25:39 pour confronter ces photos aux images pornographiques
00:25:43 qui sont dans le scénario que nous ne disposons pas.
00:25:45 La justice a demandé, y compris aux journalistes,
00:25:48 qui ont des informations, qui peuvent posséder ce CD-ROM,
00:25:52 qui peuvent posséder d'autres fichiers de photos,
00:25:54 de les communiquer à la justice.
00:25:56 Elle lançait un appel aux journalistes
00:26:00 qui auraient des documents à les remettre à la justice
00:26:04 parce qu'il y avait une volonté d'enquêter.
00:26:07 Elisabeth Guigou admet donc que son ministère dispose du fichier photographique.
00:26:11 D'ailleurs, Interpol en a une copie.
00:26:13 Mais sans le CD-ROM, ajoute-t-elle, nous ne pouvons rien faire.
00:26:17 Alors pourquoi la chancelerie ne le réclame-t-elle pas à la justice hollandaise ?
00:26:22 Serge Gard, le journaliste de l'Humanité,
00:26:26 fournit le CD-ROM et le fichier au procureur général.
00:26:29 Ce n'est pas habituel. Un journaliste n'est pas un auxiliaire de police.
00:26:32 Seulement, je suis journaliste, je suis citoyen,
00:26:36 je suis aussi père de famille,
00:26:38 et je sais que les documents du CD-ROM
00:26:42 peuvent permettre de sauver des enfants.
00:26:45 Dès le départ, je sais que l'affaire va être enterrée.
00:26:52 Parce que, précédemment, cette magistrate s'est illustrée
00:26:56 en distribuant des non-lieux dans ce genre d'affaires.
00:26:58 C'est une spécialiste dans le genre, oui.
00:27:00 Est-ce qu'on pourrait dire qu'elle a été placée là pour faire ça ?
00:27:03 Tu sais, Carl, dans tous les milieux, il y a des gens dogmatiques.
00:27:07 Et quand quelqu'un est persuadé que ces affaires-là, c'est du fantasme,
00:27:12 qu'est-ce que tu veux faire ?
00:27:14 Ce n'est pas forcément quelqu'un qui va être complice
00:27:18 ou qui va soutenir un réseau.
00:27:20 Je n'ai pas d'élément pour pouvoir le dire.
00:27:22 Mais je constate simplement que, dès le départ,
00:27:24 on va confier cette enquête à quelqu'un qui n'y croit pas.
00:27:28 Et pour celles et ceux qui en douteraient encore,
00:27:31 il suffit d'écouter la réaction du substitut des mineurs à Paris,
00:27:34 Yvon Tallec, lorsqu'il exprime son point de vue devant les caméras de France 2
00:27:38 le 16 mai 2000, à propos du Cédérom de Zandvoort.
00:27:41 Les mineurs ont été photographiés la plupart du temps
00:27:45 avec non seulement leur accord, mais l'accord de leurs parents.
00:27:48 Certaines des photos sont en plus des matériaux très anciens,
00:27:52 puisque nous savons déjà que certaines photos remontent aux années 70 ou 80.
00:27:57 Et il faut aussi minimiser, en tout cas en France,
00:28:01 la portée de cette affaire,
00:28:05 dans la mesure où de nombreux enfants qui sont présentés ici
00:28:09 ne sont pas des enfants français.
00:28:11 Le chef du parquet des mineurs qui explique aux vinteurs
00:28:14 qu'il faut minimiser l'affaire.
00:28:16 On en reste sans voix.
00:28:18 Ces propos indignes de nombreuses associations,
00:28:20 notamment Innocence en danger.
00:28:22 Sa présidente, Omera Selye, invite donc le procureur Tallec
00:28:27 dans une réunion organisée à l'UNESCO.
00:28:30 Je lui ai posé des questions sur ce qu'il avait déclaré publiquement à la télévision,
00:28:34 à savoir, les enfants étaient pour la plupart pas français,
00:28:38 ce à quoi j'ai répondu "et alors, français ou pas français,
00:28:41 qu'est-ce qu'il en savait, sur les photos, il n'y a pas l'indécennabilité de l'enfant".
00:28:45 Et deuxièmement, il avait dit que pour beaucoup, les parents étaient consentants.
00:28:49 Et ce à quoi j'avais dit "et alors", ça veut dire que si les parents
00:28:52 veulent prostituer leurs enfants, en France, on est d'accord avec ça.
00:28:56 Et là-dessus, le procureur avait quitté la salle.
00:28:59 Sachant qu'auparavant, il avait exigé, lors de l'invitation que j'avais faite,
00:29:05 qu'il n'y ait aucun journaliste lors de cette rencontre, ce que j'avais respecté.
00:29:10 Un procureur de la République du Parc Aden Miller est capable de dire
00:29:15 que des parents ont le droit de donner à la consommation sexuelle leurs enfants.
00:29:21 Mais c'est vraiment un déni de justice complète.
00:29:25 C'est, de mon point de vue, une méconnaissance des lois, ça pourrait s'appeler proxénétisme.
00:29:29 Ça pourrait s'appeler viol, et ça aurait dû s'appeler viol.
00:29:34 Et que je sache, un enfant qui subissait des choses telles qu'on en voyait dans ce DVD,
00:29:39 c'était impossible de penser qu'il était consentant.
00:29:42 Le plus incroyable, c'est que le CD-ROM sans lequel, soi-disant, on ne pouvait pas enquêter,
00:29:47 la justice le détenait un an avant que la presse n'en révèle son existence.
00:29:53 Marcel Vervlausen avait envoyé, recommandé le CD-ROM au président de la République, Jacques Chirac.
00:30:02 Et Jacques Chirac, très logiquement, normalement, il avait renvoyé le CD-ROM,
00:30:08 il l'avait fait suivre, place Vendôme, à la chancellerie.
00:30:13 Et c'était en 99, un an avant que je sorte mon enquête.
00:30:19 Donc la justice française est parfaitement au courant de l'existence du CD-ROM,
00:30:24 le possède et s'est assis dessus et n'en a rien fait.
00:30:27 Voilà, et tout le monde fait semblant de découvrir.
00:30:30 Grand reporter à France 3, Pascal Justice approche la garde des Sceaux pour la mettre devant le fait accompli.
00:30:35 Mon caméraman va la filmer, je vais lui dire "Vous avez prétendu que vous n'aviez pas ces documents,
00:30:40 que vous vouliez les voir, or vous les avez depuis un an, regardez, ce document le prouve."
00:30:45 Et évidemment, à ce moment-là, elle est complètement surprise,
00:30:49 et elle nie, elle nie, elle nie, et elle va faire son meeting.
00:30:54 J'attends tranquillement.
00:30:55 Son service de presse va venir me contacter le midi,
00:30:58 il va y avoir des coups de fil avec la chancellerie,
00:31:01 et nous allons faire une interview tout de suite après,
00:31:05 genre, il faut que toute la vérité soit dite.
00:31:08 Bien sûr, qu'est-ce que vont dire les autorités,
00:31:11 si on veut que toute la vérité soit faite sur des faits qui horrifient tant le public.
00:31:15 Quand on a une photo de pédopornographie sous les yeux,
00:31:21 on est en train de voir un enfant qui se fait violer ou torturer par un adulte.
00:31:26 Et au-delà de l'aspect image, on devrait se dire,
00:31:31 mais il faut absolument retrouver cet enfant pour le tirer de là,
00:31:35 il faut absolument qu'on trouve les adultes qui sont derrière ça,
00:31:40 parce que ce sont des gens qui sont dangereux.
00:31:43 Parce que là, on voit une victime, et puis parce qu'il y en a d'autres,
00:31:46 parce qu'ils font un commerce qui est absolument horrible.
00:31:50 La justice a pourtant les moyens d'enquêter.
00:31:54 Les journalistes ont remis, outre le CD-ROM, des agendas,
00:31:57 des listings d'adresses liés au réseau de Gerrit Ullrich.
00:32:00 On y trouve des dizaines de contacts personnels,
00:32:03 des références bancaires, des comptes joints en France, en Hollande, en Belgique,
00:32:07 dans de nombreux pays de l'Est, en Grande-Bretagne, aux États-Unis,
00:32:11 et même à la Banque mondiale.
00:32:14 Et j'apprendrais, en lisant des articles dans la presse parisienne,
00:32:24 c'est-à-dire que les confrères ont été informés par le parquet,
00:32:29 que ces carnets d'adresses ne contenaient que des adresses de boulangers,
00:32:34 de coiffes, enfin des adresses sans intérêt.
00:32:37 Sans intérêt pour la justice.
00:32:39 Qu'elle nous explique qu'elle n'a pas les moyens de remonter ses pistes,
00:32:42 ce serait préoccupant, mais crédible.
00:32:45 Mais affirmer que ces documents sont sans intérêt confine à la désinformation.
00:32:49 Par ailleurs, ce qu'on n'avait pas prévu au ministère,
00:32:52 c'est que dès la publication de l'enquête,
00:32:55 le téléphone n'arrêtait pas de sonner au standard de l'humanité.
00:32:58 Les journalistes ont reçu des centaines de personnes
00:33:01 qui souhaitaient venir consulter le fichier.
00:33:04 Évidemment, je n'ai pas compté, je ne m'attendais pas à un tel rendement,
00:33:07 mais c'est peut-être 150, 200 personnes qui sont venues au journal
00:33:11 pour voir le fichier parce qu'ils avaient des craintes,
00:33:14 parce qu'il y en a qui sont venus des États-Unis, de Floride.
00:33:18 Brusquement, on voyait à quel point il y avait une réelle inquiétude
00:33:23 et que ça concernait énormément de monde.
00:33:25 Donc, à la fois, on espérait des reconnaissances,
00:33:28 et en même temps, on les redoutait parce qu'il faut mesurer ce que c'est
00:33:32 quand vous avez des parents, une mère qui, brusquement,
00:33:36 met son doigt sur une photo en disant "c'est mon fils".
00:33:40 Voilà. Et c'est arrivé.
00:33:43 C'est arrivé une première fois, et puis ensuite une deuxième fois,
00:33:48 et puis après, c'était...
00:33:50 Toutes les personnes qui demandent à voir le fichier de Zandvoort sont inquiètes
00:33:55 à propos d'enfants soit disparus, soit présumés victimes de violences sexuelles.
00:34:00 Plusieurs dossiers judiciaires sont ouverts.
00:34:02 Toutes ces personnes sont en quête de vérité,
00:34:05 comme ce pédiatre, un trouble en témoignage.
00:34:08 Le Dr Spitz est pédiatre. Il consulte le fichier,
00:34:12 reconnaît deux enfants venus dans son cabinet,
00:34:15 se plaignant d'abus sexuels, des témoignages
00:34:18 que les juges n'ont pas pris au sérieux.
00:34:20 Vous savez, dans la vie, on peut toujours se tromper.
00:34:22 Mais là, c'est trop, parce que l'enfant m'a dit quand même, il y a plus d'un an,
00:34:27 et il y a des messieurs qui prennent des photos.
00:34:31 Et ils dessinent des caméras sur ces dessins.
00:34:34 C'est un hasard, c'est bizarre, quand même.
00:34:36 Et on le retrouve en photo.
00:34:38 Alors que fait la justice ?
00:34:45 La consultation du fichier est finalement autorisée dans les gendarmeries.
00:34:48 Oh, pas pour longtemps. Quelques semaines seulement.
00:34:51 Et les reconnaissances se multiplient.
00:34:53 Plusieurs familles françaises disent reconnaître leur enfant sur le fichier.
00:34:58 On a des informations judiciaires en cours,
00:35:02 et ces photos pourraient aider ces enquêtes.
00:35:05 Au lieu de donner ces photos, ces documents,
00:35:10 à des fins d'enquête, aux enquêteurs, aux magistrats instructeurs,
00:35:14 enfin, à tous ces gens qui sont déjà en train de travailler sur ces dossiers,
00:35:20 on ne leur donne pas.
00:35:22 On ouvre une information judiciaire à part.
00:35:26 Toutes les enquêtes particulières déjà ouvertes sont noyées dans le dossier Zandvoort,
00:35:30 qui devient hypertrophié.
00:35:32 Au total, 81 mineurs sont reconnus par des proches.
00:35:36 Un tournant dans l'enquête, mais direction l'impasse.
00:35:39 Qu'elle soit effectuée devant les journalistes ou devant les gendarmes,
00:35:42 toutes les reconnaissances sont qualifiées d'erreurs.
00:35:45 Pas une mère, pas un médecin, pas un travailleur social ne sera cru.
00:35:50 Tous se trompent.
00:35:51 Des erreurs, ça reste à démontrer.
00:35:54 On dit à la mère, ça ne peut pas être votre enfant,
00:35:56 parce que cet enfant-là, c'est un enfant qui a été identifié en Hollande,
00:36:02 qui s'appelle Bjorn Nischkamp.
00:36:04 Le problème, c'est que moi, après, je pars en Hollande, donc,
00:36:07 et la personne que j'ai rencontrée était une des personnes qui dirigeait ce pôle d'enquête.
00:36:12 Donc, elle connaissait très bien le dossier.
00:36:15 Et il savait, et il me dit, dans les documents de Zornvorte,
00:36:18 il n'y avait pas de photo de Bjorn Nischkamp.
00:36:22 Donc, quand on disait à la mère de l'enfant français,
00:36:25 ça ne peut pas être votre enfant, parce que c'est une photo d'un autre enfant qu'on connaît déjà,
00:36:30 ce n'était pas vrai.
00:36:32 C'est une concentration incroyable de sosie.
00:36:35 Voilà ce que la justice a voulu faire passer dans l'opinion publique.
00:36:40 Tout le monde se trompe, sauf la juge d'instruction, qui dit "ce sont des sosies".
00:36:45 Elle reconnaît son enfant sur deux photos.
00:36:51 Elle dit "c'est lui, là".
00:36:53 Sur les 25 photos de la série, il y en a que 23 qui ont été expertisées.
00:36:56 Donc, on lui disait que ce n'était pas son enfant.
00:36:58 Elle ne disait pas le contraire.
00:37:00 Elle n'avait jamais dit que son enfant était l'enfant qui était sur ces 23 photos.
00:37:04 Elle, elle en avait reconnu deux autres.
00:37:06 Ces deux autres-là n'ont pas été expertisés.
00:37:09 Elle a donc demandé une contre-expertise pour rectifier l'erreur.
00:37:15 Mais on lui a refusé la contre-expertise.
00:37:17 D'abord, la justice se saisit parce qu'elle est obligée de se saisir.
00:37:21 C'est-à-dire qu'il y a un tel mouvement populaire,
00:37:23 il y a une telle incompréhension,
00:37:26 que forcément, ils sont obligés de se saisir.
00:37:29 Ils ne pouvaient pas ne pas dire "on va s'en occuper, on va vérifier".
00:37:32 Ils étaient obligés.
00:37:34 Et puis, très très vite, même tellement vite qu'on se dit
00:37:37 "ils n'ont pas eu le temps de vérifier quoi que ce soit"
00:37:39 ou alors ils font du travail très très inhabituel
00:37:42 parce qu'on avait quand même cette habitude lourde de la lenteur,
00:37:47 de la pesanteur, de la difficulté de la justice dans ces affaires-là.
00:37:50 Vous pensez que la justice traîne ?
00:37:53 Vous vous trompez.
00:37:54 L'affaire a éclaté en France en 2000 donc.
00:37:57 Un an plus tard, 81 mineurs sont reconnus par leurs proches.
00:38:00 En 2003, la juge d'instruction rend une ordonnance de non-lieu.
00:38:05 Dans ce non-lieu, il y a 81 personnes qui ont dit "je connais cet enfant-là".
00:38:10 Il y en a qui font l'objet d'une ligne, d'une seule ligne,
00:38:14 c'est-à-dire qu'il n'y a même pas eu d'enquête, d'une seule ligne.
00:38:17 Et à ces 81 personnes, à un moment, on a dit "il y a non-lieu".
00:38:21 C'est 81 non-lieux dans un seul.
00:38:25 Du point de vue du droit, c'est extraordinaire.
00:38:29 Et certains de ces enfants ont été du coup rendus aux parents ou à la personne
00:38:35 qui en a eu la garde, dont ils parlaient comme leur abuseur.
00:38:39 Ces enfants ont été tellement balottés, tellement broyés,
00:38:44 tellement pas crus, tellement détruits,
00:38:47 et ont été témoins de la destruction de leur famille autour de eux.
00:38:52 À cause du fait qu'ils avaient parlé d'un abus sexuel.
00:38:55 Ils sont plusieurs à m'avoir dit "j'aurais jamais dû parler".
00:38:59 Ils l'ont dit avec des mots différents, mais c'est ça qu'ils ont dit.
00:39:02 Donc moi je n'ai pas été étonnée, je suis furieuse,
00:39:05 parce que c'était tellement spectaculaire et des vraies preuves
00:39:10 qu'on se disait "même ça, il n'existe pas".
00:39:13 On sait que des enfants ont été reconnus,
00:39:16 qu'ils ont été reconnus, qu'ils ont été reconnus,
00:39:19 mais qu'ils n'existent pas.
00:39:20 On sait que des enfants ont été reconnus sur ces photos.
00:39:24 Et ça n'a pas déclenché quoi que ce soit judiciairement intéressant.
00:39:28 Au fond, la justice a rejeté tout ce qui leur a obligé à pousser l'enquête.
00:39:33 Les 81 mineurs reconnus ne seraient pas ceux qu'on croyait.
00:39:38 Admettons.
00:39:39 Mais s'il y a une erreur sur la personne,
00:39:41 alors dans ce cas-là, il n'empêche que derrière chaque photo
00:39:44 se trouve bien un enfant réel.
00:39:45 Et on en revient à la question qu'on se pose depuis le départ,
00:39:48 depuis le début de l'enquête.
00:39:49 Qui sont ces enfants ?
00:39:50 Que fait-on pour les retrouver ?
00:39:52 Et là, silence radio.
00:39:54 Comment expliquer une telle absence de réaction
00:39:59 face à une criminalité aussi grave ?
00:40:01 La présidente d'Innocence en danger ne peut se satisfaire de la situation.
00:40:05 Elle retourne voir le procureur Yvon Talec.
00:40:08 La seule réponse que j'ai eue, c'était que je devais cesser de m'acharner sur Zandvoort.
00:40:17 Je ne m'acharnais pas du tout, je voulais juste comprendre,
00:40:20 parce qu'il y avait des gosses derrière,
00:40:22 que je devais cesser cet acharnement parce que ce dossier ne se rouvrirait jamais.
00:40:26 L'enterrement du CD-ROM de Zandvoort passe mal.
00:40:30 Entre deux enquêtes en Afrique du Sud et en Amérique latine,
00:40:33 un rapporteur spécial de l'ONU fait escale à Paris.
00:40:36 J'ai appris qu'il y avait en France du trafic et de la prostitution touchant les enfants
00:40:44 et que cela constituait un problème inquiétant.
00:40:47 Il y eut aussi des plaintes et des dénonciations précises de maires
00:40:53 qui se disent poursuivies par des groupes pouvant être assimilés à des mafias ou à des loges
00:40:58 organisant la pornographie infantile.
00:41:01 Dans son rapport, Juan Miguel Petit pointe des questions préoccupantes.
00:41:06 Le refus d'envisager l'existence de réseaux.
00:41:11 La brigade des mineurs a émis des doutes quant à l'existence de réseaux pornographiques impliquant des enfants.
00:41:17 On doute donc, tout en reconnaissant les protections dont bénéficient certaines personnes impliquées dans ces activités.
00:41:24 Le rapport relève également de nombreux dysfonctionnements
00:41:28 dans le traitement judiciaire des dossiers de violences sexuelles sur des mineurs
00:41:32 et préconise la création d'un organisme indépendant pour lever les blocages.
00:41:36 Cette proposition urgente, selon l'ONU, n'a jamais connu le moindre début d'application.
00:41:42 A la direction centrale de la police judiciaire, on ne partage pas l'inquiétude du rapporteur de l'ONU.
00:41:48 Cette histoire de réseaux criminels, c'est vraiment le fantasme par excellence des journalistes, des associations, de tout ce qu'on veut.
00:41:59 Et le fait est qu'il y en a peut-être, en tout cas on ne les a jamais démantelés en France.
00:42:03 Jamais démantelés en France.
00:42:05 Le commissaire a la mémoire courte.
00:42:07 Dans l'émotion soulevée par l'affaire Dutroux, trois réseaux français ont été démantelés en quelques mois.
00:42:12 Toro Bravo, réseau franco-colombien découvert en 96, 67 personnes impliquées.
00:42:18 L'opération Achille en 97, qui permet 48 interpellations.
00:42:23 Et le vaste coup de filet Ado 71, lancé dans toute la France, à partir de la Saône-et-Loire, qui aboutit à 209 mises en examen.
00:42:31 Puis, l'affaire Dutroux étant recadrée en Belgique, brusquement, plus aucun réseau en France.
00:42:37 Tout dépend de ce qu'on entend par réseau pédophile.
00:42:39 C'est une question de définition.
00:42:41 Un réseau criminel, en matière de stupéfiance, ça n'a pas le même sens, à mon avis en tout cas, qu'un réseau d'internautes pédophiles.
00:42:50 Ce qu'on rencontre nous sur la toile, ce sont des internautes qui vont se connaître par le biais d'une huette.
00:42:57 Ça peut y en avoir un à Lille, à Marseille, à Paris, à Strasbourg, qui ne se connaissent pas autrement que par le net.
00:43:03 Et qui vont trouver des points d'intérêt communs, qui est donc leur déviance pédophile.
00:43:09 S'échanger des images, on en est là, dans ces réseaux "français", qui vont déborder aussi largement les frontières de l'Hexagone.
00:43:17 En termes de production, nous n'avons pas actuellement, en dehors de quelques sites que je qualifierais d'artisanaux,
00:43:25 nous n'avons pas en France de réseaux criminels qui vont enlever des enfants, les soumettre à des abus sexuels,
00:43:33 filmer ou photographier et ensuite diffuser ça sur Internet.
00:43:37 On n'en a pas en France, on n'en a pas dans la plupart des autres pays européens, excepté tous les pays de l'ancien bloc de l'Est.
00:43:46 En résumé, les réseaux pédocriminels n'existent pas, puisqu'ils ne ressemblent pas aux réseaux de Cosa Nostra.
00:43:53 Mais qui a prétendu que les réseaux pédocriminels devaient ressembler aux réseaux mafieux classiques ?
00:43:59 Finalement, on ne risque pas de trouver ce qu'on ne cherche pas.
00:44:03 Et pourquoi chercherait-on ce qui n'existe pas, puisque c'est un fantasme ?
00:44:07 Ce qui est frappant, c'est que de l'aveu même de la police, c'est qu'il n'existe en France aucun chiffre, aucune étude concernant la pédocriminalité.
00:44:15 En France, il n'y a pas d'étude qui a pu être établie sur les bénéfices illégaux, illicites, tirés par les producteurs d'images qui mettent ça en ligne.
00:44:28 Les seuls chiffres qu'on a sont des chiffres américains qui évaluent ces bénéfices criminels à plusieurs milliards de dollars.
00:44:36 En 2003, l'affaire du CdROM de Zandvoort est donc définitivement enterrée.
00:44:42 Et en 2004 s'ouvre au Palais de Justice le procès de Marc Dutroux, après 8 années d'instruction.
00:44:49 Quel sort la justice belge va-t-elle réserver à son ennemi public numéro 1 ?
00:44:53 Suspens ? Enfin, suspens cousu de fil blanc.
00:44:56 Marc Dutroux, pourquoi vous ne donnez pas les noms du prétendu réseau ?
00:45:02 Parce que je ne les connais pas.
00:45:04 Après 8 années d'une enquête mouvementée qui a débuté sur l'hypothèse d'un réseau, le dossier a été réorienté après le dessaisissement du juge Conroth.
00:45:13 Le procès va-t-il faire émerger la vérité ? Dutroux, pourvoyeur d'un réseau ou psychopathe solitaire ? C'est l'enjeu des 5 semaines du procès.
00:45:22 J'ai même vécu cette dichotomie journaliste, croyant, non-croyant, au sein de ma propre chaîne.
00:45:29 La personne qui faisait les éditos, les comptes rendus du procès a commencé très fort la première journée en disant
00:45:38 "Et de source proche de l'enquête, on se rend bien compte que la thèse du réseau ne tient pas"
00:45:45 et moi j'étais en train d'aller interviewer les parents de Julien et Mélissa qui refusaient cette parodie de justice.
00:45:52 Les parents des victimes de Dutroux déplorent que la thèse du réseau soit écartée.
00:45:57 Quand on était encore à l'époque de la disparition des enfants et qu'on ne savait absolument rien,
00:46:02 nous on était simplement des parents qui avaient porté plaide contre X, on a le sentiment d'être toujours des parents contre X.
00:46:12 Si ce n'est que la séquestration des enfants, on est certain qu'elle s'est produite chez Dutroux.
00:46:18 C'est Marc Dutroux qui a mis le feu aux poudres. L'enlèvement de Sabine, dit-il, c'était à l'origine pour le réseau.
00:46:24 La thèse du réseau, c'est Dutroux qui l'a avancée, sans toutefois le dénoncer.
00:46:28 Pour son ancien avocat, maître Magnier, il est pourtant difficile de ne pas y croire.
00:46:33 S'il y a un réseau pour des voitures volées, s'il y a un réseau pour de la drogue, s'il y a un réseau pour la prostitution,
00:46:39 pourquoi n'y aurait-il pas un réseau aussi pour les enfants ou les très jeunes filles ?
00:46:44 La clé du procès, c'est lui, Michel Nihoul, l'organisateur des parties fines de la Bonne Société belge.
00:46:50 Michel Nihoul peut être le lien entre Dutroux et le réseau.
00:46:54 Mais Nihoul, qui ne cache pas ses autres relations, arrive libre au procès.
00:46:58 Visiblement pas du tout inquiet sur son sort, il se dit victime des apparences.
00:47:04 Je corresponds. Je corresponds parce qu'il faut reconnaître que j'ai été partout, pendant quelques années, dans les années 85 à 89.
00:47:14 Je corresponds parce que je suis un homme d'affaires, je corresponds parce que je connais des gens haut placés.
00:47:21 Aucune de ces personnes hôt placées ne viendra témoigner au procès.
00:47:26 Michel Nihoul est reconnu coupable d'être le chef d'une association de malfaiteurs active dans le trafic de drogue et d'êtres humains.
00:47:33 En revanche, il a été acquitté pour les enlèvements d'enfants.
00:47:38 Le kidnapping d'enfants, la séquestration d'enfants, le viol d'enfants, l'assassinat d'enfants, c'est à mon avis les accusations les plus lourdes que peut supporter un être humain.
00:47:48 De cela, il est définitivement lavé. Les réseaux, ça n'existe plus. La vérité judiciaire est intervenue.
00:47:53 Libéré en 2006, Nihoul va rester tristement célèbre.
00:47:57 Si un jour je suis lâché, il y a une chance sur deux qu'on me plaindra.
00:48:01 De Dutroux, on a fait un monstre. De moi, on m'a présenté comme le diable.
00:48:06 Trop de questions sont restées en suspens. Pourquoi fréquentait-il Dutroux ?
00:48:10 La drogue a-t-elle servi au paiement de l'enlèvement des victimes de Dutroux ? La vérité judiciaire correspond-elle à la vérité des faits ?
00:48:18 Mais moi, je suis déçu pour le... La... Comment ? Comme il a quitté ? Je suis déçu.
00:48:23 Moi, pas. J'ai dit yes ! Moi aussi.
00:48:25 Dutroux prend le maximum, la Belgique d'en haut respire.
00:48:28 Un tout petit peu.
00:48:29 Bien sûr, je ne peux pas être satisfaite de la condamnation d'un Dutroux solitaire. Pourquoi ?
00:48:35 Parce que je ne peux pas être satisfaite de l'enquête qui permet cette condamnation.
00:48:40 Cette enquête, elle n'a pas été sérieusement menée.
00:48:44 Difficile également d'être satisfait avec ce qui s'est passé dans l'affaire du Cédérom de Zandvoort.
00:48:51 Le dossier est totalement enterré.
00:48:53 Quant à l'homme par qui le scandale est arrivé, Marcel Bwervlossen, il est en train de mourir à petit feu derrière moi dans cette prison lugubre.
00:49:01 Alors qu'il a dénoncé plusieurs réseaux et permis l'arrestation de pédocriminels,
00:49:09 à l'âge de 55 ans, c'est lui, Marcel Bwervlossen,
00:49:13 qui se retrouve condamné à trois ans et demi de prison par la cour d'appel d'Anvers en février 2008
00:49:18 pour des viols d'enfants et, ironie de l'histoire, détention d'images pornographiques.
00:49:23 Souffrant de diabète et d'un cancer avancé, l'état de santé de Marcel est plus qu'alarmant.
00:49:29 La justice belge lui interdit tout contact avec la presse, mais il peut passer quelques coups de fil à son association.
00:49:36 Nous avons la chance d'être là au moment d'un de ses appels depuis sa prison.
00:49:43 - Allô Marcel ? - Tu penses que tu payes ton combat sur le dossier Zandvoort ?
00:49:51 - C'est à cause de Zandvoort que tu as tous ces ennuis ?
00:49:54 - Oui, c'est le dossier Zandvoort, c'est la justice belge qui a peur de ne pas investiguer,
00:50:00 de ne pas tracer les abuseurs, etc. Et c'est représaillé moi.
00:50:07 - Là, ce soir au moment où nous parlons, est-ce que ta vie est en danger ?
00:50:13 - Moi, j'ai 5 opérations ici et mon cœur, ses cancres, ses leucémies, les nives, etc.
00:50:24 Et voilà, c'est fini, c'est fini ici.
00:50:28 Le ministre de la justice belge a refusé de répondre à nos questions.
00:50:34 Il a refusé de libérer pour raison médicale Marcel.
00:50:37 Un point qu'il est important de rappeler, Marcel n'a jamais avoué les crimes qu'on lui reproche.
00:50:42 Il a toujours clamé son innocence.
00:50:44 - Il a eu des accusations assez absurdes. Par exemple, une des personnes l'a accusée de l'avoir violée
00:50:52 le jour de son anniversaire de ses 15 ans.
00:50:55 Or, cette semaine-là, Marcel a pu produire parmi les pièces de sa défense, un certificat médical
00:51:05 selon lequel il sortait de l'hôpital en chaise roulante avec une jambe qui venait d'être réparée,
00:51:14 qui était pleine de broches.
00:51:15 Il y a un inversement des rôles où les témoins sont accusés des crimes qu'ils reprochent.
00:51:25 - Alors, ça veut dire quoi ?
00:51:27 Ça veut dire que c'était un menteur ou que tout a été inventé ?
00:51:30 Ou alors qu'il est tombé dans un piège ?
00:51:34 - Marcel Vervlozem a été condamné pour plusieurs viols de mineurs.
00:51:40 Si les faits sont avérés, les trois ans de prison sont insuffisants.
00:51:44 En dessous de trois ans de prison, il n'y a pas de prison effective.
00:51:50 - Il n'y a pas de prison ferme.
00:51:51 - Il y a eu une peine de substitution.
00:51:54 Donc, il s'agissait bien de mettre Marcel Vervlozem en prison pour l'éliminer.
00:52:02 - Donc, tu penses que Marcel a été condamné parce qu'il dérangeait ?
00:52:05 - C'est ma conviction.
00:52:06 Et cette conviction, je la base sur un document.
00:52:09 C'est une lettre que l'un de ses accusateurs a signée avec le tampon du bourgmestre
00:52:16 où il reconnaît avoir porté des fausses accusations
00:52:19 et d'avoir été payé pour accuser Marcel Vervlozem.
00:52:23 - On essaie de le faire passer pour un pédophile ?
00:52:26 Ah bon, Marcel Vervlozem aurait accumulé autant d'images pédophiles
00:52:32 qu'il a essayé de remettre aux polices du monde entier pour son plaisir personnel ?
00:52:37 Dites donc, il est sacrément habile, cet homme-là, si c'est un perverse.
00:52:43 - Marcel Vervlozem, c'est un emmerdeur.
00:52:47 Il a révélé en pleine affaire du Trou
00:52:51 des choses qu'il n'était plus possible de voir ou de montrer.
00:52:57 Et il le paye.
00:52:59 - On l'a dit, c'est un emmerdeur, Marcel.
00:53:02 Lorsqu'il révèle au grand public l'existence du CD-ROM en 1998,
00:53:06 de nombreuses informations lui parviennent du monde entier.
00:53:09 Il en transmet certaines à plusieurs autorités européennes, dont la France.
00:53:13 Ces informations pouvaient nourrir plusieurs dossiers d'instruction en cours.
00:53:17 Mais le dossier Zandvoort est classé sans suite.
00:53:20 Cette inertie va peser sur certaines célèbres affaires de pédocriminalité en France.
00:53:26 En 2005, un mégaprocès débouche sur 62 condamnations à Angers.
00:53:35 Zandvoort ne sera pas évoqué. Dommage.
00:53:38 Cinq enfants identifiés sur le fichier étaient de la région.
00:53:41 Rappelez-vous aussi l'affaire des sept jeunes filles disparues dans Lyon.
00:53:45 Sept jeunes filles confiées à la DAS.
00:53:47 Et l'enquête enterrée pendant 20 ans, malgré l'acharnement du gendarme Jambert,
00:53:52 cruellement isolé.
00:53:53 Comment expliquer que deux des disparus aient pu être reconnus sur le fichier de Zandvoort ?
00:53:59 L'histoire de l'affaire Zandvoort
00:54:03 On a eu d'abord Liliane Renaud qui a reconnu sa soeur.
00:54:09 Liliane est une jeune femme très fragile, très touchée par l'histoire.
00:54:15 Mais elle a eu, d'une certaine manière, un flash.
00:54:21 Elle a reconnu sa soeur de profil.
00:54:23 Et puis ensuite, Francine Lemoyne a reconnu sa mère.
00:54:27 Elle était toute petite quand sa mère a disparu.
00:54:30 Et une autre personne de la famille Lemoyne a reconnu également la mère de Francine Lemoyne.
00:54:36 Donc ça faisait beaucoup de reconnaissance.
00:54:40 D'une certaine manière, comme si ces jeunes femmes qui avaient disparu il y a longtemps
00:54:46 renaissaient au travers de ces photos avec une sorte d'espoir.
00:54:51 Puisqu'elles étaient dans un fichier, puisqu'elles étaient dans un CD-ROM quelque part,
00:54:55 on pouvait espérer qu'on pourrait les retrouver.
00:54:59 La comparaison entre les photos des disparues de Lyon et celles du fichier de Zandvoort est troublante.
00:55:05 Surtout celle de Bernadette.
00:55:07 Les gendarmes ont dit qu'il s'agissait plutôt de garçons que de filles.
00:55:12 Et donc il y avait eu très certainement une erreur d'identification des familles.
00:55:16 Encore une fois, comme toujours, l'enquête est orientée vers un seul suspect,
00:55:21 Émile Louis, un chauffeur de car qui connaissait les victimes.
00:55:25 Émile Louis avoue, puis se rétracte.
00:55:27 Mais un faisceau d'indice la câble.
00:55:29 Si les photos des deux disparus apparaissent sur le fichier de la police hollandaise,
00:55:33 la thèse du pervers solitaire est sacrément fragilisée.
00:55:37 La piste de Zandvoort ? Écartée.
00:55:40 Prédateur solitaire.
00:55:42 Émile Louis est jugé et définitivement condamné.
00:55:45 Comme du trou.
00:55:46 Dommage qu'on n'ait pas posé la question.
00:55:48 Si Émile Louis n'a jamais été un accro de l'Internet,
00:55:51 comment expliquer que deux des disparus se retrouvent identifiés sur le scéderome de Zandvoort ?
00:55:56 Que ce soit en France ou en Belgique,
00:55:59 on constate dans ce type de dossier toujours les mêmes refus d'enquêter,
00:56:02 toujours les mêmes blocages, des lenteurs,
00:56:05 et finalement le même type de dysfonctionnement.
00:56:07 C'est quand même curieux.
00:56:08 Que reste-t-il finalement de l'enquête de Zandvoort ?
00:56:11 Un non-lieu global.
00:56:12 Des parents qui se sont tous trompés en reconnaissant leurs gamins
00:56:15 et une concentration extraordinaire de sosie.
00:56:18 Finalement dans cette affaire, le seul condamné, ça sera Marcel Vervlozem.
00:56:22 Un bilan qui ne permet pas d'être vraiment satisfait de la justice
00:56:26 et qui peut même, on le comprend, susciter beaucoup de colère.
00:56:28 Parce que dans ce dossier Zandvoort, comme dans d'autres,
00:56:31 les grands oubliés ce sont toujours les petites victimes, les enfants.
00:56:35 Quand on regarde les milliers d'images du scéderome,
00:56:38 on se surprend à penser que le phénomène pédocriminel est profondément sous-estimé.
00:56:42 Alors qu'il pose, il faut le dire, un véritable problème de santé publique.
00:56:46 En fait, depuis quand se préoccupe-t-on de l'état des enfants ?
00:56:50 Évoquer les réseaux pédocriminels vous classe très vite dans la catégorie des crédules,
00:56:56 voire des comploteurs.
00:56:57 J'en sais quelque chose.
00:56:59 Croire ou ne pas croire au scéderome, telle n'est pas la question.
00:57:02 Le scéderome existe.
00:57:03 Les enfants du scéderome ne sont pas virtuels.
00:57:06 On les voit violés.
00:57:08 Sauf à nous apprendre que ces victimes ont été retrouvées,
00:57:11 personne ne peut affirmer qu'elles ont été activement recherchées.
00:57:14 Comment expliquer cette indifférence ?
00:57:16 À bien y réfléchir, la prise en compte de la maltraitance des enfants,
00:57:20 ça remonte à quand ?
00:57:22 Depuis quand en parle-t-on ?
00:57:25 Quand j'ai commencé à faire de la prévention de l'agression sexuelle, en 1986,
00:57:30 on me disait "mais c'est dans les milieux ruraux, il n'y en a pas, ça n'existe pas,
00:57:35 c'est des fantasmes, toutes les petites filles ont toujours rêvé d'être sautées par leur papa,
00:57:38 ça n'existe pas, et puis les enfants, ça ment."
00:57:41 C'était ça la petite musique, jusqu'au milieu des années 85.
00:57:46 Présidente du collectif féministe contre le viol,
00:57:49 le docteur Piette mène un combat patient et tenace.
00:57:52 Pour elle, le silence qui entoure les violences sexuelles subies par des enfants n'a rien d'étonnant.
00:57:57 On n'est pas en train de croire que ça existe.
00:58:00 Donc si ça n'existe pas, il n'y a rien à faire.
00:58:06 C'est plus sortir de la guimauve qu'on a tous les humains dans la tête,
00:58:10 où on a envie d'être gentil avec les petits enfants,
00:58:13 et de penser qu'avec les petits enfants on ne fait que des choses agréables et sympathiques.
00:58:16 C'est ça l'idée qu'on a, et penser aux affreuses choses qu'on fait sur les enfants, c'est dérangeant.
00:58:23 Donc plutôt on ne les voit pas.
00:58:25 Et ce n'est pas une question de moyens, ou alors ça serait des moyens de formation, etc.
00:58:29 Mais c'est plus sortir de cette guimauve qu'on a tous.
00:58:33 C'est au cours d'une visite dans une classe que Jean-Pierre Alexandre,
00:58:36 inspecteur de l'éducation nationale, découvre la gravité d'une situation qui lui avait complètement échappé.
00:58:42 Près de mon bureau, il y avait une classe de perfectionnement,
00:58:47 classe où l'on regroupe les élèves en grandes difficultés scolaires,
00:58:52 qui ont donc de très grandes difficultés, voire incapacités à faire les apprentissages.
00:58:58 Je suis allé inspecter la maîtresse à sa demande d'ailleurs.
00:59:02 Nous avons constaté en examinant les dossiers qu'il y avait de façon certaine sur 12 enfants,
00:59:09 4 enfants qui avaient été victimes d'abus sexuels caractérisés.
00:59:15 4 sur 12, ça fait 30%.
00:59:18 Ça a été un choc pour moi, et je pense que ça a été le point de départ essentiel de toute ma réflexion.
00:59:31 Dans cette circonscription que j'avais en charge, à faire entre 10 et 20 signalements par an.
00:59:40 Signalements de soupçons d'abus sexuels sur ces enfants dans le cadre familial.
00:59:48 À l'échelle du département, cela ferait plus de 250 enfants victimes chaque année.
00:59:54 Je le dis, j'ai été mal vu de certaines structures, parce que je signalais trop.
01:00:01 Je pèse mes mots, au moins la moitié des enfants en grandes difficultés d'apprentissage,
01:00:12 souvent classés, le mot est terrible, classés,
01:00:16 souvent classés débile léger ou débile moyen, donc QI en dessous de 80,
01:00:22 ont été victimes d'abus sexuels.
01:00:27 Et c'est la raison de leur difficulté d'apprentissage.
01:00:31 Ça touche toutes les catégories sociales, toutes, sans aucune exception,
01:00:38 toutes les ethnies, ça touche toute la société.
01:00:44 Ces choses qui nous dérangent profondément, nous ne voulons pas les voir.
01:00:50 Patricia fut l'une des petites victimes du silence.
01:00:53 À 8 ans, elle a été violée par un instituteur dans son appartement de fonction, au sein même de l'école.
01:00:59 Son calvaire a duré plusieurs années. Parfois, l'enseignant a invité un collègue.
01:01:04 L'école était devenue l'endroit de tous les dangers. Du coup, Patricia a cessé d'apprendre.
01:01:09 Il lui aura fallu 35 ans pour briser le silence qui l'étouffait.
01:01:13 Elle accepte de témoigner. C'est la première fois.
01:01:18 Il me disait toujours que c'était normal, que toutes les petites filles pouvaient le faire.
01:01:25 Le dire à ma mère, elle ne m'aurait même pas crue.
01:01:30 Personne ne m'aurait crue. Ils m'ont toujours dit que si je parlais, qu'on me prendrait pour une folle.
01:01:39 J'étais des fois malade, je ne mangeais pratiquement plus.
01:01:43 Même le médecin disait à ma mère que c'était de la comédie, des caprices.
01:01:48 Si un médecin ne se rend pas compte que je ne fais pas bien, qui aurait pu s'en rendre compte ?
01:01:56 Surtout quand je revenais de chez l'instituteur.
01:02:00 Je me lavais vite fait, je n'avais pas faim et j'allais me coucher.
01:02:08 Je n'étais pas la victime, c'était moi la coupable.
01:02:15 Le cas de Patricia est exemplaire.
01:02:18 Elle n'a pas fait d'études, elle parle de sa vie passée en termes de gâchis.
01:02:22 Le viol qu'elle a subi enfant a également rétréci son espace vital.
01:02:26 Alors qu'elle habite à 50 km de Paris, c'est la première fois qu'elle vient dans la capitale.
01:02:31 Depuis qu'elle a pu se libérer de son lourd secret, Patricia peut se reconstruire.
01:02:36 Je me disais que ce n'était pas la faute de la petite fille que j'ai été.
01:02:41 Que c'était les salauds.
01:02:43 Le temps passe et je me dis que la petite fille que j'ai été n'était pas coupable.
01:02:48 On disait que le tabou, ce n'est pas de violer son enfant.
01:02:51 Le tabou, c'est que ça se sache.
01:02:53 En vrai, la faute est sur la petite qui parle, pas sur le violeur.
01:02:57 C'est ça qu'on essaie de casser.
01:03:01 On se rend compte que c'était tellement profondément ancré, tellement ancien,
01:03:07 que c'est trop violent pour les gens.
01:03:09 Les réactions à l'arrestation de Roman Polanski nous offrent un formidable miroir des ambiguïtés de la société française.
01:03:19 Le viol d'une fillette, une simple affaire de mœurs, vieille de 30 ans.
01:03:23 Le seul scandale, c'est l'arrestation du cinéaste.
01:03:26 Pour Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, l'arrestation du cinéaste est épouvantable et dénuée de sens.
01:03:33 Un homme qui viole une petite fille, 13 ans, c'est une petite fille, en tout cas c'est mineure,
01:03:41 par sodomie, avec drogue et alcool,
01:03:45 qui a une affaire avec la justice du pays où il commet ça,
01:03:50 et qui fuit.
01:03:53 Le fait qu'il soit rattrapé 30 ans après, c'est assez légitime puisqu'il n'a pas payé à ce moment-là.
01:03:58 Et c'est pour ça que c'est très irritant que des ministres de l'État puissent dire,
01:04:04 même pas grave, pour de rien,
01:04:07 ça, c'est compliqué.
01:04:09 Ainsi, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères,
01:04:13 intervient auprès de son homologue aux États-Unis, Hillary Clinton,
01:04:17 pour demander, ni plus ni moins, la libération de Polanski.
01:04:21 Le nombre de procès de violeurs d'enfants a prodigieusement augmenté ces dernières années.
01:04:26 Les condamnations sont de plus en plus lourdes.
01:04:28 On pourrait en conclure qu'enfin, la société est sortie du déni,
01:04:32 et qu'elle a une réaction à la hauteur du phénomène criminel.
01:04:34 Mais est-ce qu'on en est si sûr ?
01:04:36 Pour le savoir, je vous propose de revenir quelques instants sur l'affaire du pédophile Francis Évrard,
01:04:41 vous savez, celui qui avait violé le petit Ennis,
01:04:44 une affaire qui a vraiment défrayé la chronique.
01:04:50 Il a fait la une de toute la presse.
01:04:52 Il cristallise sur lui toutes les colères, tous les rejets.
01:04:55 On le qualifie de monstre, et c'est vrai, son crime est inexcusable.
01:04:59 Quelques semaines après être sorti de prison pour des faits similaires,
01:05:02 le 15 août 2007, Francis Évrard enlève un garçon de 5 ans, prénommé Ennis.
01:05:08 Il l'enferme dans un box sordide, où il va lui infiger des violences sexuelles.
01:05:13 Fort heureusement, il n'a rien fait pour passer inaperçu.
01:05:16 Évrard porte un bras en écharpe, dans un plâtre bleu, il arbore une casquette rouge,
01:05:21 il prend un taxi avec l'enfant.
01:05:23 Aussi, lorsque le dispositif "alerte enlèvement" est lancé sur toutes les télévisions,
01:05:27 Évrard est vite retrouvé.
01:05:29 Le petit Ennis est vivant. L'émotion est très forte dans tout le pays.
01:05:33 C'est vrai qu'après le kidnapping de mon fils et après les retrouvailles,
01:05:38 Madame Dati, la garde des Sceaux, est venue à notre domicile
01:05:42 pour nous dire qu'elle était avec nous et que tout serait mis en oeuvre
01:05:47 pour que ça ne se reproduise plus.
01:05:49 Ensuite, M. le Président de la République, M. Sarkozy, nous a reçus gentiment à l'Elysée,
01:05:54 également pour nous proposer son soutien,
01:05:58 nous dire qu'il serait à notre côté, qu'il nous comprenait,
01:06:01 qu'il comprenait notre douleur, notre souffrance, mais ça n'a été que ça.
01:06:06 Deux ans plus tard, Francis Évrard, le violeur, est jugé par la cour d'assises à Douai.
01:06:11 Le procès fait l'unanimité sur un point.
01:06:14 Le cas Évrard démontre l'échec de la prise en charge des prédateurs sexuels.
01:06:18 Évrard a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux, sans être soigné.
01:06:22 Aucun de ses passages en prison n'a empêché la récidive.
01:06:25 Lorsqu'il est libéré, il n'obtient même pas de rendez-vous immédiat avec un psychologue.
01:06:30 Ces pédophiles pervers ne sont ni des monstres, ni des diables.
01:06:38 Ce sont des hommes qui ont eu une enfance.
01:06:41 Bien souvent, cette enfance a été fracturée par des viols, très souvent.
01:06:47 Et il est indispensable de pouvoir les prendre en charge sérieusement,
01:06:51 ou alors on les enferme définitivement, on ne s'occupe plus de ces personnes,
01:06:56 et on les met au banc définitivement de la société.
01:06:59 Évrard dit avoir été violé lorsqu'il était enfant.
01:07:02 Il n'a pas été cru et n'a jamais eu de suivi psychologique.
01:07:05 Et c'est une peine éliminatoire qui est prononcée contre lui.
01:07:09 Il ne sortira probablement plus de prison.
01:07:12 Et au fond, qu'est-ce que c'est un récidiviste ?
01:07:14 C'est jamais qu'un crâtin qui s'est fait gauler deux fois.
01:07:17 Et si je réfléchis à la fonction que ça a, ce prédateur récidiviste,
01:07:21 monstrueux, épouvantable, antipotentable,
01:07:24 et bien c'est pour sortir de la tête, ou pas réfléchir,
01:07:28 sur l'ensemble de ces viols qui sont commis, je dirais, tranquillement,
01:07:32 en dehors de toute sanction.
01:07:36 Qu'est-ce que c'est un papa qui viole sa femme, sa fille,
01:07:39 tous les soirs pendant 15 ans ?
01:07:42 Quand il tombe ce jour-là, ça va être un primo délinquant.
01:07:45 Et d'ailleurs, il sera en liberté jusqu'au jugement,
01:07:48 parce que c'est un primo délinquant.
01:07:51 Et au fond, s'attaquer comme ça au récidiviste,
01:07:54 nous emmener la foule sur le récidiviste gravement dangereux,
01:07:58 vilainement monstrueux, c'est là aussi pour banaliser
01:08:02 l'ensemble de ces viols que vivent les victimes
01:08:06 sans que personne ne s'intéresse.
01:08:09 Selon plusieurs estimations convergentes,
01:08:12 un viol sur 100 seulement fait l'objet d'une plainte,
01:08:15 ce qui signifie que 99% des violeurs échappent à toute sanction,
01:08:19 et que leurs victimes sont condamnées à souffrir en silence.
01:08:25 Combien sont-elles, les victimes condamnées au silence ?
01:08:28 On est saisi de vertige quand on pense à l'immensité du problème
01:08:32 et à la solitude de ces anciennes victimes.
01:08:34 Pour la première fois aujourd'hui, un homme a décidé de témoigner
01:08:37 face caméra, visage découvert.
01:08:39 Cet homme a été violé quand il était enfant,
01:08:41 et aujourd'hui, il nous décrit son attirance pour les petites filles.
01:08:44 Badr-e-Edin ne veut plus vivre prisonnier du silence
01:08:49 et de sa peur de passer à l'acte.
01:08:51 Il se souvient précisément du jour où il a découvert
01:08:54 son désir pour les fillettes.
01:08:56 C'était chez ses parents, il avait 17 ans.
01:08:59 J'avais une amie de mes petites sœurs, je dirais 3-4 ans,
01:09:03 je dirais même plutôt 3 ans, et puis bon,
01:09:06 la situation était comme elle était d'habitude,
01:09:09 sauf que ce jour-là, à un moment donné,
01:09:12 j'ai ressenti une très forte attirance
01:09:16 à un moment donné pour cette petite fille,
01:09:19 que j'ai été obligé de qualifier en moi-même,
01:09:24 pour moi-même, d'attirance sexuelle.
01:09:26 Il n'y avait pas de doute là-dessus.
01:09:28 C'est exactement comme si un immeuble m'était tombé sur la tête.
01:09:31 Il y a eu un changement radical,
01:09:33 c'est comme si j'avais été foudroyé,
01:09:36 et il y a eu un moment, quelques secondes,
01:09:38 ou peut-être un peu plus, je ne savais plus qui j'étais,
01:09:41 je ne savais plus où j'étais, je ne savais plus mon nom ni rien,
01:09:45 j'étais totalement perdu.
01:09:47 Et donc ça a été extrêmement violent pour moi sur l'instant,
01:09:51 et je n'ai absolument pas compris ce qui s'est passé.
01:09:53 Et après cette grande violence, il y a eu un moment de calme,
01:09:56 où j'étais perdu, je ne savais plus du tout comment faire.
01:10:01 Puis j'ai compris, c'est-à-dire, j'ai compris ce qui s'était passé,
01:10:06 et je me suis dit, ben, qu'est-ce qui vient de m'arriver, quoi ?
01:10:10 Voilà exactement, qu'est-ce qui vient de m'arriver.
01:10:12 S'il n'est jamais passé à l'acte,
01:10:14 il a connu l'angoisse de céder à sépultion.
01:10:16 Pendant 13 ans, il s'est cloîtré dans le silence.
01:10:19 Lorsque j'ai voulu exprimer publiquement ça,
01:10:23 trouver de l'aide, chercher du secours,
01:10:26 j'ai eu des réactions qui m'ont assez interloqué.
01:10:33 Je n'ai pas bien compris, enfin, il y a eu un malentendu
01:10:39 entre les personnes auxquelles je me suis adressé
01:10:43 et mon désir à moi de faire connaître publiquement mon combat.
01:10:47 Aucun médecin, aucun travailleur social n'a su répondre à sa demande.
01:10:51 S'il avait violé une enfant, là, il y aurait eu une réponse connue.
01:10:55 La prison, le lynchage médiatique,
01:10:57 une réponse éliminatoire qui ne règle aucun problème sur le fond.
01:11:01 Je trouve qu'il y a, dans la presse française,
01:11:05 le souci, évidemment, de publier de façon très large
01:11:08 toutes les affaires sensationnelles qui font réagir viscéralement.
01:11:15 Mais il faut dire, parce que c'est quelque chose qui est une réalité,
01:11:19 qu'il y a beaucoup de personnes
01:11:22 qui sont attirées par les enfants et qui sont abstinentes.
01:11:26 Le Dr Stolérue est le premier scientifique
01:11:29 chargé d'une recherche médicale en France sur la pédosexualité.
01:11:33 Il nous apporte une confirmation.
01:11:35 Il y a d'innombrables Badreddines qu'on ne veut pas voir.
01:11:39 Badreddine, lui, pense détenir une solution
01:11:42 en choisissant de ne plus se cacher.
01:11:44 Le fait que dans mon quartier, toutes les personnes sachent
01:11:47 que je suis sexuellement attiré par les petites filles,
01:11:49 ça ne fait pas de moi quelqu'un qui devient un paria,
01:11:52 quelqu'un qu'il faut montrer du doigt en disant
01:11:54 "Regardez, c'est ce pervers qui oue, c'est le pédophile".
01:11:57 Non, c'est exactement le contraire.
01:11:58 Ça veut dire que tous les enfants, toutes les petites filles de mon quartier
01:12:01 vont être protégés.
01:12:02 Non pas uniquement grâce à moi et au combat que je mène
01:12:05 pour ne pas en arriver à agresser un enfant,
01:12:07 mais aussi parce que toutes les personnes
01:12:09 qui ont en charge un enfant le sauront
01:12:11 et donc pourront gérer cette situation en même temps que moi.
01:12:14 Badreddine a-t-il mesuré les risques
01:12:16 en se plaçant sous le regard de ses voisins ?
01:12:18 Nous avons voulu flouter son visage,
01:12:21 mais il a tenu à témoigner à visage découvert.
01:12:24 Il a fait un immense travail sur lui-même, en solitaire.
01:12:27 Il raconte son combat dans un livre qu'il a auto-édité.
01:12:30 Il s'appuie sur sa foi chrétienne pour tenir.
01:12:33 Pour un Badreddine qui a privilégié une thérapie personnelle,
01:12:36 combien d'autres pédosexuels sont en recherche d'une aide thérapeutique ?
01:12:40 Il est faux d'affirmer qu'en ce domaine,
01:12:43 on a tout essayé et que rien ne marche.
01:12:45 C'est même exactement le contraire.
01:12:47 Il y a énormément de travaux sur la sexualité,
01:12:51 sur les modèles de rongeurs, par exemple.
01:12:54 Beaucoup.
01:12:55 Mais dès qu'il s'agit d'humains,
01:12:58 même pour une sexualité tout à fait, je dirais,
01:13:03 hétérosexuelle entre adultes,
01:13:06 ça pose déjà beaucoup de questions, beaucoup de problèmes.
01:13:09 Alors quand il s'agit d'étudier le phénomène
01:13:12 comme celui de la pédophilie,
01:13:15 les choses sont encore plus difficiles.
01:13:18 Effrayant.
01:13:19 Jusqu'à ces dernières années,
01:13:20 les étudiants en médecine ne recevaient aucune formation spécifique.
01:13:24 Comment alors les médecins pourraient-ils déceler des violences sexuelles
01:13:27 et aider les personnes en proie à ce type de fantasme ?
01:13:30 Je n'ai jamais eu de cours sur la pédophilie.
01:13:32 Et au cours de mon internat ou de mon clinica,
01:13:35 je n'ai jamais eu l'occasion de recevoir un patient pédophile.
01:13:39 Tout simplement.
01:13:40 D'où le combat du Dr Stollerhue pour la création d'un centre
01:13:43 pour accueillir les patients.
01:13:45 Un lieu de recherche et de formation pour les professionnels.
01:13:48 C'est en 2009 seulement que l'Inserm a financé
01:13:51 la première étude scientifique sur la pédosexualité.
01:13:54 Une expérience menée par le Dr Stollerhue et ses collaborateurs
01:13:57 sur des volontaires soumis à un traitement
01:14:00 associant la prise de médicaments à un suivi psychologique.
01:14:04 Le sujet nous dit, cliniquement,
01:14:07 je ne ressens plus d'attirance sexuelle pour les enfants
01:14:12 et, sur un plan socio-professionnel,
01:14:15 j'ai réussi à bien mieux m'intégrer,
01:14:18 à trouver une activité professionnelle
01:14:21 où je me sens beaucoup plus épanoui que je n'étais.
01:14:24 Malgré des résultats prometteurs, que croyez-vous qu'il arriva ?
01:14:27 L'expérience a été interrompue, faute de patients.
01:14:30 Alors que des centaines de pédos criminels sortent chaque année de prison,
01:14:34 avec une obligation de soins.
01:14:36 Même si l'administration pénitentiaire refuse de jouer le jeu,
01:14:39 il était possible de recruter des patients grâce à la télévision,
01:14:43 comme cela a été fait en Allemagne avec ce clip.
01:14:46 Le docteur Stolerhue et plusieurs ONG ont demandé la diffusion de ce clip en France.
01:14:50 Le gouvernement a refusé.
01:14:52 Dommage car en Allemagne, il y a eu plus de 500 appels en quelques semaines.
01:14:56 Je crois que c'est quelque chose qui n'a pas traumatisé l'Allemagne.
01:14:59 Il n'y a pas eu de psychose, comme certains en France m'ont dit.
01:15:03 Il y aura une psychose si vous faites ça.
01:15:06 Aujourd'hui, quelques années après,
01:15:09 aucune psychose ne s'est déclarée en Allemagne
01:15:12 suite à la diffusion sur la ZDF de ces spots.
01:15:15 Je crois que c'est quelque chose qui a fait que la psychose
01:15:19 a été déclarée en Allemagne.
01:15:22 suite à la diffusion sur la ZDF de ces spots.
01:15:26 Ne pas aider les pédosexuels est lourd de conséquences.
01:15:29 Il y a bien une chose qui est claire,
01:15:32 après des années et des années de recherche internationale sur ces questions,
01:15:36 c'est que dans environ 50% des cas d'agresseurs sexuels,
01:15:42 on retrouve dans leurs antécédents
01:15:45 le fait d'avoir eux-mêmes été victime d'agressions sexuelles.
01:15:49 Il aura fallu plusieurs années à Badreddine
01:15:52 pour établir un lien entre son attirance sexuelle pour les petites filles
01:15:56 et un traumatisme de sa petite enfance.
01:15:59 C'est seulement à l'âge de 30 ans qu'il comprend.
01:16:02 J'ai compris que j'avais été violé par un membre de ma famille.
01:16:10 J'ai compris que j'avais été violé par un membre de ma famille.
01:16:15 J'avais 30 ans en 2001, j'avais 30 ans précisément.
01:16:20 Comme s'il existait un tiroir dans lequel le petit enfant que j'étais
01:16:25 avait caché tout ça là-dedans et qu'il avait fallu attendre jusqu'à l'âge de 30 ans
01:16:29 pour que ça puisse sortir.
01:16:31 Les viols qu'il a subis entre 3 et 7 ans,
01:16:34 il les a inconsciemment enfouis dans sa mémoire.
01:16:37 23 ans d'amnésie.
01:16:39 Ce qu'a ressenti Badreddine, le docteur Muriel Salmona l'explique,
01:16:44 en travaillant en réseau, cette spécialiste de la violence
01:16:47 nous décrit les mécanismes naturels qui permettent la survie d'une victime.
01:16:51 Dans le cas de violences très graves,
01:16:56 particulièrement les violences sexuelles,
01:16:59 parce qu'elles sont totalement incompréhensibles,
01:17:02 on se retrouve dans l'incapacité de pouvoir mettre des mots,
01:17:06 de pouvoir réagir face à cette violence
01:17:09 et de pouvoir trouver une explication ou une rationalisation
01:17:15 à ce qui est en train de se passer.
01:17:17 C'est comme si le cerveau se retrouvait en panne.
01:17:19 Pour aider à faire face à un danger,
01:17:22 le cerveau donne l'ordre de secréter des hormones de stress,
01:17:26 l'adrénaline, le cortisol.
01:17:29 Notre cœur bat plus vite, notre vigilance est stimulée,
01:17:32 nous sommes plus performants pour trouver une solution.
01:17:35 Chez la victime d'un viol, surtout lorsqu'il s'agit d'un enfant,
01:17:38 le danger est incompréhensible, absolu.
01:17:41 La sécrétion des hormones de stress s'amplifie.
01:17:44 Mais là, ce sont des drogues dures.
01:17:46 Juste avant l'overdose mortelle, le cerveau fait tout disjoncter
01:17:49 et envoie de la morphine naturelle, les endorphines.
01:17:53 Et soudain, la peur, la souffrance disparaissent.
01:17:56 Ça donne vraiment l'impression d'être spectateur de la situation.
01:18:02 C'est ce que décrivent les victimes, particulièrement de viols.
01:18:05 C'est qu'elles sont... Elles voient ce qui se passe
01:18:09 comme si ce n'était pas elles qui étaient attaquées,
01:18:13 qui vivaient les violences,
01:18:15 mais comme si elles étaient spectatrices de ces violences.
01:18:17 Ça ne les concerne plus, puisqu'elles ne ressentent plus rien.
01:18:21 La souffrance a peut-être disparu,
01:18:23 mais elle reste intacte, enfouie, prête à rejaillir.
01:18:27 Autrement dit, la victime porte en elle une véritable bombe à retardement,
01:18:31 susceptible de la replonger à tout instant
01:18:34 dans la souffrance du viol.
01:18:36 Toute situation en lien avec les violences
01:18:39 est susceptible de rallumer cette mémoire traumatique.
01:18:42 Donc ça peut être une date, ça peut être un lieu,
01:18:45 ça peut être une sensation, ça peut être voire une violence
01:18:48 qui va rallumer cette mémoire traumatique
01:18:51 et qui va faire revivre l'événement en l'état.
01:18:55 C'est-à-dire qu'on le revit comme on l'était au moment du traumatisme.
01:19:03 Quand vous êtes dans une situation où vous revivez les violences,
01:19:07 que vous êtes dans un état de stress, d'effroi, de tension,
01:19:11 l'impression que vous allez mourir,
01:19:13 que c'est en train d'imploser à l'intérieur de vous,
01:19:16 on attend que la disjonction,
01:19:18 si la disjonction ne vient pas, il faut la faire venir.
01:19:20 Faire disparaître l'atroce souffrance.
01:19:23 Comment trouver un raccourci pour arriver à la disjonction ?
01:19:27 Se mettre en danger par des conduites à risque, drogue, alcool.
01:19:31 D'autres retournent la violence sur leur entourage,
01:19:34 allant jusqu'à agresser des enfants.
01:19:36 Et si on est violent en reproduisant à peu près en l'état
01:19:45 les violences qu'on a subies dans l'enfance,
01:19:48 on aggrave encore plus le stress,
01:19:50 on se remet encore plus en scène,
01:19:52 de façon encore plus incohérente, encore plus sidérante,
01:19:56 puisqu'on reproduit quelque chose qu'on nous a fait
01:19:58 et qui nous a fait si mal.
01:20:00 C'est-à-dire qu'on est encore plus dans l'incohérence,
01:20:02 encore plus dans la sidération.
01:20:04 Autrement dit, si l'on veut prévenir les prédateurs de demain,
01:20:07 les Évrars de l'an 2020,
01:20:09 il est primordial de prendre en charge
01:20:11 les petites victimes d'aujourd'hui,
01:20:13 de les écouter.
01:20:15 Or, en France, rien n'est fait pour elles.
01:20:17 Un certain pourcentage de ces victimes laissées à l'abandon
01:20:21 deviendront les prédateurs dans quelques décennies.
01:20:25 L'affaire de Zandvoort a révélé une situation désastreuse.
01:20:29 Face à une pédocriminalité boostée par l'Internet,
01:20:32 la justice fonctionne mal quand elle ne dysfonctionne pas.
01:20:35 Les médecins n'ont pas été formés, les enseignants non plus.
01:20:38 On ne finance pas les études et les programmes
01:20:40 qui permettraient de mieux connaître ce phénomène criminel.
01:20:44 Quelques scientifiques se battent avec pugnacité
01:20:46 dans la quasi-indifférence des pouvoirs publics.
01:20:48 Il n'y a pas d'argent pour ce combat.
01:20:50 La France est dramatiquement en retard sur d'autres pays
01:20:53 comme la Grande-Bretagne, le Canada, l'Allemagne.
01:20:55 Et c'est justement en Allemagne que nous allons aller maintenant
01:20:58 pour suivre une conférence internationale
01:21:00 contre le phénomène de la pédocriminalité.
01:21:04 Berlin, été 2009.
01:21:08 Des spécialistes du monde entier viennent présenter leurs travaux
01:21:11 dans cette conférence organisée par le gouvernement fédéral
01:21:14 avec Innocence en danger, une ONG internationale.
01:21:17 Lors d'une séance, la secrétaire d'État à la Famille, Nadine Morano,
01:21:21 fait une courte apparition, le temps de déclaration d'ordre général,
01:21:25 qui n'était pas sans intérêt d'ailleurs.
01:21:28 - Il ne faut jamais oublier qu'à travers ces images pédopornographiques,
01:21:34 il y a des enfants qui sont des victimes.
01:21:36 Et où que ces enfants se trouvent, nous avons la nécessité de les protéger.
01:21:41 C'est un devoir des adultes.
01:21:44 Quitte à s'inspirer de ce qui se passe outre-Rhin,
01:21:47 Nadine Morano pourrait proposer en France des opérations
01:21:50 telles que celle qui a été baptisée Mikado,
01:21:53 en 2006 par la justice allemande.
01:21:55 Pour la première fois, la justice et les opérateurs de cartes de crédit
01:21:59 ont coopéré en organisant un filtrage ciblé de 22 millions de cartes de crédit,
01:22:04 ce qui a permis l'interpellation de 322 personnes
01:22:07 soupçonnées d'être inscrites sur un site pédocriminel.
01:22:11 Les perquisitions ont permis de saisir des milliers de documents.
01:22:14 Un suspect sur dix avait déjà un casier judiciaire éloquent.
01:22:19 Pour cela, il fallait qu'ils donnent, qu'ils identifient
01:22:23 les personnes qui avaient payé cette exacte somme de 57,65 euros
01:22:30 à une certaine banque avec un nom de passe spécial.
01:22:35 Donc c'était très très très codé, il y avait cinq critères,
01:22:38 c'est-à-dire on ne pouvait pas se tromper.
01:22:40 Sur les 22 millions de personnes qui détenaient des cartes de crédit
01:22:44 de ces 14 compagnies, 322 ont été identifiées.
01:22:50 À Berlin, on n'en est plus à ergoter sur l'existence réelle
01:22:53 ou supposée des réseaux pédocriminels.
01:22:55 On est dans le combat concret.
01:22:57 Venu de Suède, Lars Loeff attire notre attention
01:23:00 sur les évolutions de la cyberpédocriminalité.
01:23:03 Ce que l'on voit, c'est que de plus en plus de ces productions d'images
01:23:07 sont réalisées dans un cadre domestique.
01:23:10 Ces images sont tournées dans des maisons particulières.
01:23:17 Les enfants sont visiblement abusés dans la chambre
01:23:21 ou dans le salon de quelqu'un.
01:23:24 Ils sont de plus en plus jeunes sur les images,
01:23:28 ce qui est très troublant et rend l'identification plus difficile.
01:23:34 Parfois, ce sont même des bébés.
01:23:39 L'Américaine Sharon Cooper est considérée comme l'une des sommités
01:23:43 dans la lutte contre la pédocriminalité.
01:23:45 Le constat qu'elle fait est édifiant.
01:23:48 Chacune des opérations confirme nos informations.
01:24:01 Il y a l'opération Cathédrale, l'opération Hamlet et Apollo aux États-Unis.
01:24:08 Continuellement, il y a de 10 à 45 personnes connectées en même temps
01:24:14 tout autour du monde qui discutent et échangent des informations sur Internet.
01:24:20 Dans la plupart des cas, les abus s'effectuent en direct,
01:24:23 diffusés par les webcams.
01:24:25 Il y a les abuseurs, des membres de la famille
01:24:28 et ceux qui prennent du plaisir à regarder.
01:24:31 Tous constituent un réseau.
01:24:34 Fini l'époque des pédocriminels solitaires qui vendaient sous le manteau
01:24:38 les photos ou les films 8 mm de viols d'enfants pour financer leur perversion.
01:24:43 L'artisanat a été balayé par les nouvelles technologies.
01:24:46 Aujourd'hui, un viol commis à domicile ou entre amis
01:24:49 peut être commercialisé et visionné de l'autre côté de la planète.
01:24:53 Avant, il y avait une victime, un abuseur.
01:24:59 Les enfants avaient un chien, un oiseau, un oiseau, un oiseau,
01:25:03 et les enfants avaient un secret, c'est qu'ils avaient été sexuellement abusés.
01:25:08 Les recherches ont montré que les enfants exposaient leurs secrets
01:25:12 au grand jour quand ils étaient prêts.
01:25:14 Bien souvent, ce n'était pas pendant l'enfance.
01:25:19 Les victimes faisaient des révélations à l'âge adulte
01:25:23 quand ils sentaient que l'abus était suffisamment loin pour en parler.
01:25:29 Avec l'Internet, le secret de l'enfant n'en est plus un.
01:25:33 L'abus devient visible, oui visible, et parfois même dans le monde entier.
01:25:39 Les conséquences pour les victimes, pour un enfant, quand il grandit,
01:25:51 il se sent continuellement une victime.
01:25:55 Et à chaque fois qu'une personne télécharge une image ou une vidéo de son viol,
01:26:01 cet enfant redevient à nouveau une victime.
01:26:05 En France, contrairement à ce qu'on entend parfois,
01:26:09 la parole de l'enfant n'a jamais été sacralisée.
01:26:12 Bien au contraire. Il n'existe d'ailleurs pas de statut de victime.
01:26:16 En revanche, aux États-Unis, on indemnise les victimes
01:26:20 à chaque téléchargement de leurs images.
01:26:23 Au début, le montant s'élevait à 50 000 dollars,
01:26:27 mais récemment, les tribunaux se prononcent plutôt autour de 200 000 dollars par victime.
01:26:33 Par conséquent, si une image d'une victime a été téléchargée par 400 personnes,
01:26:39 comme c'était le cas dans une affaire récente que nous avons traitée,
01:26:44 alors cet enfant a la possibilité de poursuivre pénalement ces 400 personnes
01:26:49 qui ont été dommagées dans le but de faciliter sa réhabilitation sociale.
01:26:55 On entend souvent dire que la vie d'un enfant violé est fichue.
01:27:03 Et pourtant, c'est faux.
01:27:05 C'est faux si les adultes le croient et qu'ils le prennent en considération,
01:27:08 qu'ils prennent en considération son récit.
01:27:10 Pour peu qu'on les aide à surmonter le traumatisme,
01:27:13 ces enfants blessés peuvent redécouvrir la vie.
01:27:16 On vous propose de partir en Suisse où plusieurs petites victimes du CDROM de Zandvoort
01:27:20 se retrouvent sous la houlette de l'organisation Innocence en danger.
01:27:25 Gstaad, en Suisse.
01:27:27 Ce village regroupe les résidences de célébrités, dont celle, ironie du destin, de Roman Polanski.
01:27:33 C'est aussi le lieu où sont organisés les camps d'été d'Innocence en danger.
01:27:37 Ici, chaque année, plusieurs petites victimes du réseau Zandvoort sont accueillies et prises en charge.
01:27:43 Et oui, les petites victimes françaises vont trouver en Suisse ce qui n'existe pas en France.
01:27:48 On leur fait faire des ateliers qui sont extraordinaires le matin.
01:27:53 Quand ils font des sculptures, ils nous font des sculptures complètement dingues.
01:27:58 Les peintures, la même chose.
01:28:00 Ils ont un atelier photo.
01:28:02 Pour ces enfants-là, c'est quand même un petit peu important.
01:28:06 Ils nous font des photos, ils se prennent en portrait les uns les autres.
01:28:10 Il y a des photos extraordinaires qui en ressortent.
01:28:13 Ici, tous les enfants ont en commun un lourd passé.
01:28:17 Les adultes les aident à se reconstruire, avec des résultats si étonnants, si concrets,
01:28:22 qu'une université allemande étudie ce phénomène de résilience.
01:28:26 Lorsqu'il y a 3-4 ans, ils sont venus pour la première fois.
01:28:35 C'était des enfants qui avaient des problèmes scolaires, des problèmes de communication,
01:28:40 des problèmes énormes de concentration, des problèmes de confiance.
01:28:44 Rien que le fait que quelqu'un les aide à mettre une veste ou lasser une chaussure
01:28:49 est difficile à se mélanger aux autres.
01:28:53 Aujourd'hui, je ne peux absolument pas faire la différence entre ces enfants
01:28:58 et les enfants qui n'ont pas d'histoire.
01:29:01 Au terme de cette enquête, on voudrait tous sortir de la guimauve ambiante,
01:29:05 comme le soulignait le Dr. Piette.
01:29:07 Mais la guimauve, nos voisins européens semblent décider à en sortir plus vite que nous.
01:29:12 Pourtant, il suffirait d'une volonté politique pour que les choses s'améliorent.
01:29:17 Pour en revenir à l'affaire qui nous a emmenés jusque-là, l'affaire de Zandvoort,
01:29:21 peut-on se satisfaire de voir les CD-ROM enfermés dans une armoire ?
01:29:26 Car au début, Serge Gard n'en avait qu'un.
01:29:29 Mais à l'issue de son enquête, aujourd'hui, il se trouve en possession
01:29:33 de centaines de milliers de documents pédo-criminels,
01:29:37 tous retrouvés à Zandvoort sur les ordinateurs de Gerrit Ullrich.
01:29:41 Ou bien la justice me les demande en bonne et due forme,
01:29:46 et je les lui remets,
01:29:49 ou alors, elle doit me mettre en examen pour détention de matériel pédopornographique.
01:29:56 Donc tu vas finir comme Marcel en prison ?
01:29:59 J'en doute.
01:30:02 Pour l'instant, en France, c'est plutôt l'étouffoir.
01:30:08 Parce que, utiliser tous ces CD-ROM, ça veut dire qu'il faut des moyens,
01:30:12 il faut des enquêteurs, etc.
01:30:15 C'est tellement plus facile de regarder ailleurs, et de faire comme s'il n'y avait rien.
01:30:20 Nous voici donc au bout de notre contre-enquête.
01:30:23 Nous vous avons présenté l'affaire du CD-ROM de Zandvoort,
01:30:26 en essayant de ne rien vous cacher.
01:30:28 Mais comme vous, j'ai constaté qu'il y avait un certain décalage entre la réalité d'un côté,
01:30:32 celle de la pédocriminalité, et celle des discours officiels en Europe,
01:30:36 qui prétendent que tout est fait pour lutter contre.
01:30:39 Maintenant, c'est à vous d'agir, et de réfléchir, en fonction de votre conscience.
01:30:43 Après tout, chaque pays a la justice, et la police qui le mérite.
01:30:47 Bonsoir.
01:30:50 (Générique)
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