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00:00 John Wager est un ancien inspecteur de police qui s'est confronté au barrage systématique de la police, des services sociaux et du gouvernement.
00:07 Il a subi toutes sortes d'attaques et de pressions visant à le faire taire.
00:11 J'ai traduit et doublé l'entièreté de son témoignage qui dure plus ou moins 40 minutes.
00:15 John Wager s'attaque au réseau pédocriminel qui implique des personnalités de la haute société.
00:19 Voilà ce que John Wager a à dire.
00:22 John Wager est un officier de police et lanceur d'alerte.
00:28 En tant qu'inspecteur, il a découvert des réseaux de trafic sexuel d'enfants qui ont été étouffés,
00:34 ce qui a mené à une enquête indépendante.
00:42 Il est considéré par beaucoup d'entre nous comme étant l'un des hommes les plus braves du pays.
00:48 John, merci de nous avoir rejoints.
00:51 Je suis récemment retraité de la police où je travaillais comme détective.
00:57 J'étais affecté à l'unité d'abus sur mineurs.
01:09 On m'avait demandé d'aller vérifier la plainte d'une fille de 14 ans qui a été utilisée comme prostituée.
01:18 J'ai mené mon enquête et il s'est avéré qu'elle était l'une parmi beaucoup d'autres.
01:21 Elle m'a donné le nom d'une autre fille qui m'a conduit à une autre, et à une autre, et à une autre, et ainsi de suite.
01:27 C'était comme une spirale. Très vite, on avait des douzaines d'enfants.
01:31 J'étais face à des enfants entre 9 et 14 ans.
01:36 Tous étaient sous ou partiellement sous tutelle de l'État.
01:39 Toutes connues des services sociaux.
01:42 Beaucoup d'entre elles étaient connues des services de police pour disparition.
01:51 Et toutes étaient accros au crack et à l'héroïne.
01:56 Elles étaient toutes entraînées par une femme, une ancienne prostituée, bien connue des services de police de Met.
02:06 Cette femme avait des connexions, des connexions supposées, avec des officiers haut placés,
02:13 des magistrats locaux, et quelqu'un de haut placé à la BBC, la télévision nationale.
02:22 Cette femme a travaillé dans l'impunité pendant de nombreuses années.
02:28 En enquêtant sur elle, j'ai découvert qu'elle faisait ça depuis très longtemps.
02:35 J'ai exposé ce que j'avais découvert.
02:39 J'ai rédigé un rapport et je l'ai montré à un officier haut gradé.
02:46 Ce que je veux dire, c'est que ce n'était pas la première fois que j'étais mis sur la touche pour avoir exposé des maltraitances d'enfants.
02:53 Quelques années auparavant, si je peux me permettre de faire un saut dans le passé,
02:56 j'étais sur une enquête concernant deux pédophiles,
03:00 deux pédophiles qui ne s'étaient pas présentés au tribunal.
03:04 J'avais découvert qu'ils résidaient sur un bateau dans un canal.
03:17 Ce bateau avait un permis de naviguer.
03:22 Le réseau de canal est très très vieux et n'est pas surveillé par la police.
03:25 Et les enfants aiment les bateaux.
03:28 A l'époque, la BBC avait un programme pour enfants avec deux poupées qui vivaient sur un bateau dans un canal, Rose et Jim.
03:40 Donc ils m'ont demandé d'investiguer sur ces deux-là,
03:43 et si je trouvais aussi un ou deux autres pédophiles sur la même période de temps, mes supérieurs seraient contents.
03:55 Durant cette période, j'en ai trouvé 90.
04:03 Un officier haut placé m'a informé que l'enquête avait été fermée,
04:06 et le motif était qu'il ne pouvait plus financer mon enquête.
04:12 Mais j'ai été approché par un détective de Scotland Yard,
04:15 qui m'a dit que quand on enquête sur n'importe quel crime et qu'on fait bien son job, on est félicité.
04:20 Mais que quand tu bosses sur des viols d'enfants, c'est l'inverse.
04:23 Sois très prudent, qu'il m'a dit.
04:26 Il m'a ensuite expliqué qu'il y avait un cabinet ministériel qui avait à plusieurs reprises investigué sur des réseaux,
04:32 et à chaque fois, ils avaient été entravés.
04:37 Lorsque j'ai demandé à l'officier haut gradé les raisons réelles pour lesquelles mon enquête avait été stoppée,
04:42 il m'a dit, "John, je suis vraiment désolé, mais ça vient d'en haut. Je ne peux rien faire."
04:52 Donc moi, je m'attendais à être félicité pour ce que je faisais.
04:56 Chaque jour, on découvrait un nouvel enfant.
04:58 Et là, on m'amène devant quelqu'un qui est maintenant très, très, très haut placé en Grande-Bretagne.
05:06 Il m'a demandé de m'asseoir et m'a dit, "John, je vais être honnête avec toi.
05:12 De tous les 40 officiers ici, tu es le second meilleur, ce qui est formidable,
05:18 mais malheureusement, tu t'es aventuré trop loin. Qu'est-ce que tu as foutu?"
05:25 J'ai quatre enfants et tous mes collègues le savent.
05:38 Et il m'a dit, "Si jamais tu parles de ce que tu as trouvé, tu vas perdre ta maison, tes enfants et ton job.
05:45 Tu dois la fermer.
05:48 Tu dois la fermer, sinon tu vas être jeté au lion.
05:51 Tu n'as aucune idée des gens auxquels tu t'attaques.
05:54 Je te préviens maintenant, tu dois te retirer."
05:57 Et puis il m'a dit quelque chose d'étrange.
05:59 Il m'a dit, "Si tu répètes ce que je viens de te dire et que tu te plains,
06:03 ta plainte remontera jusqu'à moi et elle volera à la poubelle."
06:13 Alors je me suis retiré de l'affaire et je suis passé à autre chose.
06:17 Peu après, le témoin principal, la petite fille,
06:26 elle a été retrouvée morte dans la rue d'une overdose suspecte.
06:30 Alors ensuite, j'ai bougé aux enquêtes sur les abus d'enfants,
06:37 qui sont légèrement différentes des mœurs.
06:44 Ils m'ont placé dans une unité où on ne faisait rien, un cul-de-sac.
06:57 Je travaillais dans les quartiers les plus pauvres de Londres.
07:02 J'ai demandé si quelqu'un s'occupait d'aller voir ce qui se passait dans la maison de ces enfants.
07:07 On m'a dit que non, qu'il y avait une policière qui s'occupait de ça,
07:11 mais qu'elle était partie il y a deux ans et que de toute façon,
07:13 il n'y avait rien à signaler, donc on n'y retourne plus depuis.
07:17 J'ai demandé s'il y avait des problèmes de prostitution avec les enfants.
07:21 Je lui ai dit, "Non, il n'y a pas de problème."
07:23 Je lui ai dit, "Mais pourquoi tu ne le fais pas?"
07:25 Je lui ai dit, "Parce que je ne suis pas un policier."
07:27 Je n'y retourne plus depuis.
07:29 J'ai demandé s'il y avait des problèmes de prostitution avec ces enfants.
07:34 Il m'a regardé et il m'a dit, "De quoi tu parles? Bien sûr que non."
07:41 J'ai alors pris une liste provenant des services sociaux, avec 26 familles qui sont suivies par ces services.
07:47 J'ai décroché le téléphone, j'ai demandé aux parents, "Combien d'enfants avez-vous?"
07:52 Il y avait en moyenne cinq enfants par foyer.
07:55 Et puis, combien d'enfants disparaissent le week-end?
08:00 Ce qui est le schéma habituel.
08:04 On a trois enfants qui disparaissent le week-end.
08:07 Et je leur ai demandé honnêtement, "Qu'est-ce qui leur arrive pendant le week-end?"
08:10 Ils se font prostituer.
08:11 Donc, ce policier qui était chargé de faire ça, pendant des années, n'a rien trouvé.
08:19 Et en quelques minutes, j'en ai trouvé trois.
08:22 À la fin de la journée, j'en ai trouvé six.
08:25 Au bout de trois jours, j'en ai trouvé cinquante.
08:29 J'ai organisé une conférence avec des organisations caritatives, non-gouvernementales et les services sociaux,
08:36 et j'ai surligné le problème.
08:44 Après ça, j'ai été engueulé, attaqué verbalement par les services sociaux de l'enfance.
08:49 Ils m'ont dit, "Mais qu'est-ce que tu fous?"
08:52 On est au courant pour ces gosses, mais ils rentrent à la maison, alors il n'y a pas de quoi s'inquiéter.
08:56 Ces enfants se font de l'argent.
08:58 Ils ont un copain, qui est leur macro, et ils pensent que c'est de l'amour.
09:06 Ils prennent de la drogue, donc ils ont envie de recommencer.
09:11 Donc, les services sociaux ont tiré une croix dessus,
09:14 et ce, malgré le fait que les parents viennent se plaindre, ils étaient retirés des dossiers.
09:18 Les enfants étaient enlevés le week-end.
09:20 Ils étaient déclarés personnes disparues.
09:22 La police a une unité pour les personnes disparues, mais il y a des milliers d'enfants qui disparaissent chaque année,
09:27 mais beaucoup d'entre eux retournent à la maison.
09:29 Mais ce qui n'est jamais pris en compte, c'est ce qui se passe pendant qu'ils disparaissent.
09:32 Et ils travaillent comme prostituées.
09:34 Les services sociaux laissent ça de côté, parce que ce n'est pas un problème familial.
09:38 C'est quelqu'un d'extérieur à la famille qui les prostitue, donc c'est extérieur à la famille.
09:43 Les plus grandes villes sont censées les prendre en charge,
09:48 et les services sociaux ne s'en occupent pas, parce que c'est quelque chose, selon eux, d'extérieur à la famille.
09:52 Donc personne ne s'en occupe.
09:55 Et ça continue, et ça moisit, et ça moisit.
09:59 Suite à cette conférence, j'ai été mis sur la touche et transféré à nouveau.
10:08 Quelques années plus tard, quand j'ai parlé de ça, j'étais inquiet de perdre mes enfants.
10:13 Je sais à quel point la police est puissante et de quoi ils sont capables.
10:18 J'ai lancé l'alerte il y a quelques années,
10:22 et on m'a dit que mes allégations étaient prises très au sérieux.
10:28 J'ai demandé à voir une femme détective haut placée.
10:34 Elle m'a dit que j'avais été débattue, mais j'ai finalement pu la voir.
10:39 Et elle m'a demandé pourquoi est-ce que je venais la trouver.
10:42 Je lui ai dit « Toi, tu ne peux pas fermer les yeux. »
10:45 Sous-entendu, parce que c'est une femme.
10:48 Et elle m'a dit « Je sais exactement de toi que tu parles. »
10:51 Alors ils ont investigué sur mes allégations de corruption au sein des officiers haut placés,
10:57 et en tant que témoin dénonciateur, j'étais censé recevoir les avancements de l'affaire tous les 28 jours.
11:03 Je n'ai reçu une seule nouvelle en trois ans.
11:07 Le dossier est passé d'une unité à l'autre.
11:09 Ils ne m'ont tenu au courant de rien, et l'enquête n'a débouché sous rien, malgré toutes les preuves.
11:16 J'ai rencontré d'autres policiers lanceurs d'alerte, et quelques ministres du Parlement,
11:21 et quelques membres du Parlement.
11:23 L'une de ces policières était Maggie Oliver, qui a exposé le scandale à Rothschild.
11:31 L'autre, c'était Lenny Harper, qui a exposé d'autres de ces horreurs.
11:39 Chacun d'entre eux me disait la même chose.
11:42 « Ils vont te tomber dessus, et ça finira mal. »
11:45 « À quoi dois-je m'attendre ? »
11:47 « Tu vas recevoir un papier disant que tu as commis une faute lourde. »
11:53 « Ils vont te faire passer un entretien, et puis tu vas probablement aller en prison. »
12:00 « La menace, c'est que tu perdes ta maison, ton travail et tes enfants. »
12:06 Pendant toute cette période, je n'ai pas été payé. Pas de salaire pendant presque trois ans.
12:10 Et j'ai quatre enfants à la maison.
12:16 Et ils m'ont envoyé un papier comme quoi j'avais commis une faute lourde.
12:19 J'ai été chargé pour violation de données protégées.
12:23 C'est ce qui semble être ce dont ils accusent les lanceurs d'alerte la plupart du temps.
12:27 J'ai été chargé de nombreuses accusations, et chacune d'entre elles valent jusqu'à deux ans de prison.
12:32 Et ça a continué, et ça a continué, et ça a continué.
12:40 Pendant cette période, mon fils a eu un grave accident.
12:43 Il a été déclaré mort pendant quelques minutes.
12:47 Il a survécu, mais il est resté dépendant des machines pendant de longs mois.
12:53 Ce qui s'est passé, c'est que l'hôpital m'a appelé pour identifier le corps.
12:58 J'y suis allé, et entre-temps, ils l'avaient réanimé.
13:07 Je suis resté trois jours au chevet de son lit.
13:10 Et quand il a donné signe de vie, je suis retourné à la maison.
13:15 Un de mes collègues, qui était inquiet pour moi, qui savait que je n'avais plus d'argent,
13:19 est allé trouver un supérieur pour lui dire que c'était injuste, que je n'avais rien fait de mal,
13:23 et que je ne méritais pas ça.
13:40 Ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils ont envoyé deux employés des services sociaux chez moi
13:44 pour questionner mon plus jeune fils sous prétexte que j'avais laissé mes enfants seuls à la maison
13:52 pendant que j'étais au chevet de mon fils mourant.
13:55 Ils m'ont dit que j'allais perdre ma maison et que mes enfants allaient être placés.
13:58 Mais j'ai persisté, j'ai refusé d'abandonner,
14:01 et j'ai organisé un groupe de travail avec les autres policiers lanceurs d'alerte.
14:13 L'unité qui était chargée de l'enquête sur l'affaire de corruption
14:16 a fini par m'envoyer une lettre d'un seul paragraphe me disant que c'était fini,
14:20 que je ne devais plus jamais les recontacter et que l'enquête était terminée.
14:24 La conclusion de l'enquête, c'était que trois haut placés accusés de corruption
14:28 avaient été entendus, qu'ils avaient nié, et que c'était la fin de l'enquête
14:32 et que je ne devais plus les recontacter.
14:36 Je leur ai demandé si ils avaient fait ça, si ils avaient dit non, c'était tout.
14:39 C'est ce qu'ils m'ont attendu à m'avoir surveillé et à me dire de ne plus les contacter.
14:44 J'ai pris le sujet au ministre de la police.
14:47 Il m'a donné un numéro et m'a donné un numéro de l'administration.
14:52 Il m'a rencontré et a été en fait appelé par mon secrétaire.
14:59 Il a organisé une rencontre avec l'office de la maison.
15:01 L'office de la maison a ensuite invité son équipe d'investigation indépendante
15:06 et a déclaré qu'il y aurait une enquête sur la police de Metz et l'IGPN,
15:11 et qu'ils allaient enquêter là-dessus.
15:16 J'ai été convoqué à un meeting qui était enregistré,
15:20 avec des témoins et le cabinet ministériel a donné mes rapports
15:24 à deux officiels du bureau d'intérieur.
15:27 C'était la prise en main officielle de mon travail.
15:32 Ils m'ont donné leur parole qu'ils resteraient en contact avec moi
15:37 et ils m'ont donné un numéro d'appel 24 heures sur 24
15:44 et ils allaient enquêter indépendamment.
15:48 Je n'ai jamais entendu parler d'eux après ça.
15:52 Ils ont depuis nié avoir reçu les dossiers.
15:55 Ils ont fait pression, ils ont finalement admis avoir reçu les dossiers,
15:58 mais les ont perdus.
16:00 Nous assistons à l'échec de la police vis-à-vis de la prostitution infantile
16:04 qui émerge dans ce pays.
16:07 On le constate au niveau provincial, à Rothschild, à Blackpool, à Rotherham,
16:13 à Oxford, Asbury, Swindon.
16:19 Londres est l'une des plus larges agglomérations du monde occidental
16:22 avec l'une des plus grandes forces de police.
16:25 On n'a jamais rien entendu au sujet de la prostitution infantile organisée
16:31 et la raison est que ceux d'en haut étouffent ça.
16:33 Ça provient du cœur de l'establishment.
16:41 J'ai rencontré Lenny Harper.
16:44 Des enfants avaient été assassinés et il avait des preuves ADN
16:47 et ces preuves ADN ont par la suite disparu.
16:50 Il m'a dit "Fais attention, ce sur quoi tu enquêtes
16:53 te confrontera au cœur de l'establishment."
16:57 J'ai rencontré le commissaire de la police métropolitaine, Chris Adelick,
17:04 et je lui ai expliqué ce qui se passait et les dynamiques,
17:07 les techniques pour entraîner des enfants dans la prostitution.
17:11 Je lui ai expliqué que tu peux prendre un enfant des services sociaux,
17:14 avoir des rapports sexuels avec lui, le passer à tes amis et le prostituer,
17:19 et que aucun officier n'a été assigné pour enquêter là-dessus,
17:23 et que moi je vais perdre ma maison, mon travail,
17:25 je vais avoir un casier judiciaire et je ne travaillerai plus jamais à la police de Metz.
17:32 Comment justifiez-vous ça ?
17:39 Maintenant je travaille avec des survivantes de viol.
17:43 J'aide les anciennes alcooliques et les toxicomanes.
17:48 Je travaille en collusion avec les gangsters les plus notoirs d'Angleterre.
17:52 Certains ont commis des meurtres.
17:56 Et je n'ai jamais vu autant de support et de compassion venant de ces personnes.
18:00 En comparaison, la police me pendrait si elle le pouvait.
18:04 Quand on regarde le système carcéral, 75% des détenus sont illettrés.
18:13 C'est en Grande-Bretagne.
18:15 75% des détenus ont été maltraités dans leur enfance.
18:19 On a un taux de récidive de 75%.
18:22 Le système ne fonctionne pas.
18:24 La maltraitance d'enfants est la racine du problème.
18:32 J'ai bossé avec beaucoup d'unités spécialisées différentes.
18:35 Les unités investiguant sur le gouvernement ou bien sur les crimes financiers.
18:39 Quand tu bosses là-dedans, tu as accès à une voiture.
18:41 Tu as un compte spécial pour les dépenses courantes.
18:44 Ils donnent un temps illimité pour enquêter.
18:46 Mais lorsque j'étais à la maltraitance d'enfants, on avait une voiture pour 10.
18:50 Je bossais avec trois alcooliques, tant le travail était horrible et impactant.
18:56 Pas le temps de souffler. On était largués, livrés à nous-mêmes.
19:01 On avait un rendez-vous tous les six mois avec un psychiatre,
19:03 pas vraiment pour nous aider ou bien pour nous donner des jours de congé,
19:06 mais plus pour nous faire continuer.
19:08 Ils disaient, "Oh, tu vas bien, tu vas bien. Continue, continue."
19:11 Ils ont délibérément diminué les fonds d'argent
19:14 pour tout ce qui concerne la maltraitance d'enfants.
19:16 Et c'est fait pour une raison.
19:18 J'ai beaucoup d'indics qui viennent de la rue.
19:24 Des mendiants, des toxicaux.
19:27 Ils ont tous été violés en tant qu'enfants.
19:30 L'un d'eux m'a confié qu'étant enfant, à l'âge de 4 ans, dans un orphelinat,
19:35 il a été violé lors de son premier soir.
19:38 Il a été violé le premier soir par un prêtre catholique,
19:41 puis violé quotidiennement, fouetté et battu.
19:44 Il est devenu toxico et prostitué dans la rue,
19:47 dans la zone de Westland, là où je travaillais à la brigade des mœurs.
19:51 Il est monté dans une voiture.
20:03 Il avait des problèmes, il avait besoin de drogue,
20:05 donc il lui fallait de l'argent.
20:07 Il a dit qu'il avait un macro qui s'occupait de lui,
20:09 et qu'il était plus en sécurité avec le macro que quand il était à l'orphelinat.
20:13 Il allait rentrer dans une voiture, une Rolls Royce blanche,
20:17 avec deux hommes dedans.
20:19 Mais son macro lui a dit de ne pas rentrer dans cette voiture,
20:22 et que les deux derniers garçons qui étaient rentrés ont été tués,
20:24 on ne les a jamais revus.
20:26 Il a quand même fini par rentrer dans cette voiture,
20:31 et il a été emmené dans une partie affluente de Londres,
20:34 appelée Northampton.
20:37 Il a été sujet à trois jours de torture et de viol.
20:40 Ces deux hommes pensaient l'avoir tué,
20:47 ils ont jeté son corps sans vie, en pensant qu'il était mort.
20:50 Et il m'a dit, "John, ce qui m'a le plus choqué,
20:53 c'est que ces deux hommes étaient bien habillés,
20:55 ils avaient une grande maison,
20:57 et ils se préparaient à aller au mariage de leur nièce,
21:00 au même moment où ils m'ont laissé pour mort dans un terrain vague."
21:04 En 2003, le système de justice a mis en place
21:08 ce qu'ils appellent le décret de mauvaise réputation.
21:12 Avant ça, on ne pouvait pas prendre en compte
21:14 le casier judiciaire de quelqu'un qui vient témoigner à la barre,
21:17 à moins que ce soit pour quelque chose de vraiment très sérieux.
21:20 Mais maintenant, lorsqu'on connaît les faits,
21:31 mais maintenant, lorsqu'on commet un vol à l'étalage,
21:34 c'est un crime malhonnête,
21:36 vous êtes considéré comme une personne malhonnête par la justice.
21:39 Chaque personne avec qui j'ai travaillé,
21:42 toutes ces prostituées ont été violées durant leur enfance.
21:46 Ils ont tous commis des petits crimes pour rester en vie.
21:50 Ils ont volé, se sont prostitués,
21:52 ils ont fait ça pour survivre, pour acheter leurs drogues et survivre.
21:56 Alors lorsqu'on les appelle devant la barre pour témoigner,
21:59 ils sont présentés comme étant malhonnêtes.
22:02 Et c'est ce à quoi on assiste maintenant.
22:05 Ceux qui viennent à la barre sont démolis.
22:07 Au début des années 2000, ils ont amené May Juliano, de New York,
22:21 pour nous parler de la théorie de la vitre brisée,
22:23 qui dit que dans les quartiers où il y a du crime,
22:26 s'il y a une vitre brisée ou bien un abribus saccagé,
22:30 il faut le réparer, et comme ça, ça fera baisser le crime.
22:34 C'est au mieux une théorie naïve.
22:55 Le fait que ces gens la prennent de la drogue, de l'héroïne,
22:59 c'est parce que c'est un antidouleur.
23:01 La douleur peut être mentale, émotionnelle, aussi bien que physique.
23:05 Et la majorité d'entre eux se droguent parce qu'ils ont grandi
23:08 en étant pris en charge par les services sociaux.
23:11 Services sociaux qui les ont laissés tomber et laissés se faire violer,
23:15 et ils n'ont pas d'autre moyen de se reconstruire
23:17 après les dommages qui leur ont été faits.
23:19 Notre système judiciaire les pousse à l'échec, du berceau à la tombe.
23:24 Ils sont au courant pour ces enfants, mais ils ne font rien.
23:27 En grandissant, ils échouent à l'école, ils deviennent violents,
23:32 on les dirige vers les services sociaux, et le problème n'est pas adressé.
23:36 Ils commettent des crimes mineurs et vont devant le juge de l'enfance,
23:41 mais rien n'est fait.
23:42 Puis ils passent à des crimes plus graves, comme cambriolage,
23:47 passent devant le juge, et rien n'est fait.
23:50 Ils passent à des crimes plus graves, comme les crimes de la croix,
23:53 et finalement, ils passent devant les courts des coronés.
23:56 Mais tout au long de ce cercle, rien ne le brise jamais.
24:00 Les gens qui ont payé un bon échec vivant ont échoué,
24:03 parfois délibérément, parfois par apathie, parfois par ignorance.
24:08 Je reviens de Rotherham, une petite ville.
24:17 J'ai rencontré une travailleuse sociale qui a dénoncé la prostitution infantile.
24:22 Elle a créé un groupe où des enfants peuvent venir la voir
24:26 et raconter ce qui leur est arrivé.
24:28 C'est de la prostitution organisée, et dans une toute petite ville,
24:33 2000 enfants ont été prostitués.
24:37 Elle s'est faite attaquer par la police,
24:41 et son mari a failli perdre son travail.
24:44 C'est à la mener au bord du suicide.
24:47 Et c'est ce qu'ils font, ils orchestrent ça.
24:50 Ils manipulent, et ça vient d'en haut.
24:53 Elle m'a dit « ça vient des officiers haut-gradés ».
24:56 Et c'est le cas.
24:58 Mon enquête montre des liens solides
25:09 entre des officiers haut-gradés et le crime organisé.
25:13 J'ai parlé à un autre enquêteur
25:15 qui bosse aussi sur la maltraitance d'enfants.
25:17 Il est haut-gradé lui aussi,
25:19 et il a des preuves qui établissent des liens
25:22 entre d'autres officiers haut-gradés et la prostitution infantile.
25:26 On a eu une lueur d'espoir quand un commissaire, Markville,
25:33 s'est mis à enquêter sur la prostitution d'enfants,
25:36 de trafic d'enfants et de maltraitance d'enfants.
25:40 Ça impliquait l'ancien premier ministre, Ted Heath.
25:43 Il est allé au Parlement,
25:45 et il a dit « s'ils peuvent m'attaquer »
25:48 parce que ça lui est arrivé,
25:50 et ces attaques provenaient de directions
25:52 qu'il ne savait même pas qu'elles existaient.
25:55 Donc il a dit « s'ils peuvent m'attaquer,
26:00 Dieu seul sait ce qu'ils vont faire à John Wager ».
26:07 Et il m'a dit « John, c'est puant, c'est puant ».
26:11 Et la plus grosse frayeur pour un policier, c'est d'aller en prison.
26:18 Et ils le savent, ils le savent, c'est délibéré.
26:22 J'étais un bon gars.
26:24 Quand tu es dans la police, tu dois faire un serment,
26:26 un serment qui est « j'agirai sans peur et sans faire de faveur ».
26:30 Alors quelqu'un m'a dit « John, ne juge pas les autres
26:35 pour leur manque de bravoure ».
26:38 Je ne me vois pas comme quelqu'un de brave.
26:40 Je me perçois comme quelqu'un qui protège les vulnérables.
26:45 Mon serment dit « sans peur et sans faveur ».
26:53 Eux, ils vont à l'encontre de leur serment.
26:55 La peur.
26:57 Mais de quoi ont-ils peur ?
26:59 Dire la vérité ?
27:01 Là où il y a la vraie peur, c'est là où il y a un enfant.
27:04 Un enfant qui est dans son lit,
27:06 et ils viennent pendant la nuit lui retirer sa couverture.
27:09 C'est ça la vraie peur.
27:11 On doit se ressaisir.
27:13 On se fait attaquer, et ça fait mal.
27:16 Ça fait mal quand ils attaquent.
27:18 Ils font du mieux qu'ils peuvent pour vous détruire.
27:21 Meg Oliver m'a dit « John, je vais aller en prison ».
27:27 L'IGPN a dit « on a assez de preuves,
27:31 et si on ne trouve pas un arrangement, vous serez envoyés en prison ».
27:34 Elle a dû dire à ses enfants qu'elle allait aller en prison.
27:37 L'IGPN voulait aussi m'envoyer en prison,
27:41 et je leur ai donné ma déclaration,
27:43 celle que j'allais faire devant le tribunal.
27:45 « Vous pouvez m'accuser de ce que vous voulez, je m'en fous. »
27:49 Je ne serai pas jugé par vous, mais par le tribunal de la Couronne,
27:53 équitablement, avec un jury.
27:56 Je n'ai rien fait de mal.
27:59 J'ai listé toutes les personnes du bas de l'échelle jusqu'en haut.
28:03 Toutes les personnes qui se sont impliquées,
28:08 qui étaient au courant et qui n'ont rien fait.
28:11 Bernard Hogan-Howe était au courant, il est au courant.
28:19 La campagne de harcèlement dirigée contre moi
28:24 a été orchestrée sous son commandement.
28:27 Et c'est maintenant lui qui est propulsé par la Chambre des Lords
28:31 d'enquêter sur les Grooming Gangs et comment ils sont apparus.
28:35 C'est malsain.
28:38 On m'a demandé d'expliquer au bureau de Lord Person
28:45 les mécaniques des Grooming Gangs.
28:48 Ils voient ça sous un angle de vue religieux,
28:54 mais la réalité est plus complexe.
28:56 C'est une plus grande image.
28:59 Les enfants sont des objets.
29:01 Et une des choses que je veux rappeler,
29:05 c'est que le commissaire à ma droite a mentionné
29:09 la marque du vrai.
29:11 On peut établir des liens avec l'affaire marque du trop.
29:14 Il faut rester cohérent.
29:16 On ne parle pas du tiers-monde, c'est différent là-bas au tiers-monde.
29:19 Parce qu'il y avait des gens différents.
29:21 Ils ont regardé si ils avaient un autre type de cheveux,
29:23 ils avaient une couleur différente.
29:25 Regardons ce qu'on a à l'arrière-plan.
29:27 Un pays qui a une caractéristique très similaire à la Belgique.
29:30 Mais en Belgique, il nous ressemble culturellement.
29:32 En mémoire vivante, ça a commencé en Belgique.
29:34 Et ça a commencé avec la marque du vrai.
29:37 Et les enfants qui sont venus
29:39 étaient tellement à l'aise
29:41 de ce qu'ils pouvaient parler.
29:43 Tout ce qui n'était pas du tiers-monde,
29:45 c'était le tiers-monde.
29:47 Il y avait 23 ou 22 témoins morts pendant le procès.
29:50 19.
29:52 En réalité, il y a eu une trentaine de morts
29:54 pendant le procès de marque du trou.
29:56 C'est incroyable.
29:58 C'est absolument incroyable.
30:00 Et là, le peuple a pris le pouvoir.
30:03 Il y a eu la marche blanche.
30:05 Les pompiers ont balancé de la mousse sur le palais de justice.
30:08 Et plus d'un demi...
30:10 Et un demi-million de personnes ont défilé dans la rue.
30:13 Et nous, qu'est-ce qu'on fait ?
30:16 On se révolte uniquement
30:18 quand quelqu'un jette un chat dans la poubelle.
30:21 Il fait référence à ce fait divers.
30:23 Si on autorise que nos enfants se fassent attaquer de la sorte,
30:31 nous avons échoué en tant que société morale et décente.
30:35 Les gens comme moi ont besoin de soutien.
30:47 (Applaudissements)
30:49 En gros, ce qu'elle lui demande, c'est
31:02 si lever des fonds pour aider financièrement les lanceurs d'alerte
31:06 qui sont persécutés par le système,
31:08 ça pourrait encourager plus de gens à parler.
31:13 C'est du harcèlement financier et ils le savent.
31:16 C'est ce qui m'est arrivé à moi et aussi à un autre lanceur d'alerte.
31:22 Mon compte bancaire a été coupé sans raison.
31:25 Il faut bien vivre.
31:29 Heureusement que des gens bien ont levé de l'argent pour m'aider.
31:41 Mais il y a aussi la pension.
31:43 La pension de la police qu'on risque de perdre.
31:46 C'est ce qui nous oblige au silence.
31:48 On a besoin d'argent.
31:50 Et on a aussi besoin d'assistance légale.
31:56 Aucune firme d'assistance étatique, d'avocat, n'a accepté de me défendre.
32:00 Mais quand je suis allé au privé, ils ont directement accepté.
32:08 Merci.
32:12 Merci.
32:16 Merci.
32:19 Merci.
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