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Pendant des années, la Syrie et sa guerre civile qui s'est internationalisée ont fait la une des médias du monde entier. Or, alors que le président du pays Bachar al-Assad a fait son retour sur la scène diplomatique au Moyen-Orient au printemps dernier, on n'entend plus parler de la Syrie en Occident. Pourquoi ? Elements de réponse dans ce nouvel épisode de notre série "Dis, Oncle Obs".

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00:00 En des années, la Syrie a fait la une des médias du monde entier.
00:03 Elle a disparu.
00:04 Pourquoi on ne parle plus de la Syrie ?
00:06 Qu'est-ce que la guerre civile syrienne ?
00:08 En 2011, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, il y a un grand mouvement qui se passe.
00:14 Les peuples ne veulent plus de leurs dictateurs.
00:16 C'est ce qu'on appelle le printemps arabe.
00:18 Ce printemps arabe arrive en mars 2011 en Syrie.
00:21 Il y a des manifestations pacifiques dans les rues contre Bachar el-Assad.
00:25 Un dictateur terrible qui torture, qui massacre, etc.
00:28 Lui, il emploie les pires moyens pour écraser cette rébellion.
00:32 De l'autre côté, on sort les armes.
00:33 C'est ainsi que commence la guerre civile syrienne.
00:37 En Syrie, il n'y a pas seulement un peuple contre un dictateur.
00:40 La Syrie, c'est aussi un agrégat de diverses communautés.
00:42 Il y a beaucoup de sunnites, c'est la majorité.
00:45 Mais il y a aussi des minorités.
00:47 Par exemple, la minorité à laquelle appartient Assad, le dictateur, c'est les alawites
00:51 qui sont proches des chiites.
00:52 Il y a aussi des chrétiens en Syrie.
00:54 Il y a aussi des druzes.
00:55 Et toutes ces minorités, elles ont plutôt peur que la majorité sunnite prenne le pouvoir
00:59 parce qu'elles ont peur de se faire massacrer par cette majorité.
01:02 Donc Assad va déjà jouer là-dessus.
01:05 Il va jouer "moi je défends les communautés contre cette majorité qui vous fait peur".
01:08 Et puis très rapidement, en Syrie, le pays va devenir le terrain de chasse de toutes
01:13 les grandes puissances qui rôdent autour.
01:15 Au départ, contre Assad, il y a l'Occident, l'Europe et les États-Unis.
01:19 Ils veulent qu'il y ait la démocratie en Syrie.
01:21 Ils veulent que les dictateurs disparaissent.
01:23 En 2013, Bachar al-Assad utilise des armes chimiques contre son peuple.
01:26 Il gaze son peuple.
01:27 Et Barack Obama dit "non, on n'intervient pas".
01:29 "On est intervenu en Irak, c'était une catastrophe, on va recommencer avec la Syrie".
01:33 Donc l'Occident se retire un peu du jeu à ce moment-là.
01:35 Un autre qui est contre Bachar al-Assad, c'est le Turc Erdogan.
01:38 Il y a une minorité kurde dans le nord de la Syrie qui profite de la rébellion pour
01:42 se tailler un petit État.
01:43 Il a très peur que ces Kurdes se joignent avec les Kurdes de Turquie et qu'ils forment
01:47 un État kurde.
01:48 Donc il entre dans le jeu pour lutter contre les Kurdes.
01:51 Et puis, il y a un troisième grand acteur et ses petits alliés qui entrent dans le
01:55 jeu, c'est l'Arabie Saoudite.
01:56 L'ennemi de l'Iran à ce moment-là.
01:58 Donc elle est décidée à se battre contre Bachar al-Assad parce qu'il est soutenu par
02:01 l'Iran.
02:02 Justement, il faut venir à qui soutient Bachar al-Assad.
02:05 Dès le départ, il y a l'Iran.
02:06 L'Iran veut jouer sur ce qu'on appelle l'arc chiite.
02:09 Ils espèrent progresser dans la région.
02:11 Et puis ensuite, très rapidement, il y a un deuxième allié qui arrive au secours de
02:15 Bachar al-Assad, c'est la Russie.
02:17 Les Occidentaux sont sortis du jeu.
02:18 Donc Poutine se dit, là, je peux tout miser sur la Syrie parce que comme ça, j'aurai
02:22 des bases sur la Méditerranée.
02:24 Donc il investit ses célèbres mercenaires Wagner qui sont en Syrie et qui appuient Bachar
02:29 al-Assad avec des méthodes atroces.
02:31 Bachar al-Assad, il est aussi paradoxalement soutenu par un grand ennemi qui est né dans
02:35 les années 2014-2015, c'est l'État islamique.
02:38 Les fanatiques qui sont au départ en Irak et qui vont s'étendre en Syrie et qui veulent
02:42 refaire un califat islamique dans lequel régneront la burqa, la flagellation.
02:47 Donc il y a une coalition qui se forme dans laquelle il y a les Occidentaux, il y a l'Arabie
02:51 Saoudite et qui vont lutter contre l'État islamique.
02:54 Mais Bachar al-Assad va être sauvé dans l'histoire parce que lui, pour sa propagande,
02:58 il apparaît comme l'homme qui a été le rempart, qui a lutté contre l'islamisme.
03:01 Alors qu'en fait, il a lutté contre l'islamisme avec des méthodes qui sont aussi atroces.
03:05 Où en est la Syrie aujourd'hui ? Au nord, il y a encore des Kurdes qui sont là et qui
03:10 se battent avec des espèces de milices qui sont armées par les Turcs.
03:14 Et puis d'autre part, dans l'est de la Syrie, il y a toute une partie du territoire
03:18 qui est encore contrôlée plus ou moins par des milices islamiques.
03:21 Les deux tiers du territoire sur lequel il règne, Bachar al-Assad, c'est un pays à
03:25 terre, c'est un pays en poussière, c'est un pays qui a été ravagé par la guerre.
03:28 La population vit sous le seuil de la pauvreté.
03:31 Il y a des coupures d'électricité, il y a des coupures d'eau.
03:34 La plupart des Syriens qui sont là-bas n'arrivent plus à manger.
03:36 Et puis aussi, il y a la moitié de la population syrienne qui n'habite plus là où elle
03:40 habitait, auparavant ils ont été déplacés dans le pays ou bien par millions, ils sont
03:45 partis à l'étranger.
03:46 Bachar al-Assad, c'est un dictateur fragile qui est tenu par Poutine et qui règne sur
03:51 des ruines.
03:52 Pourquoi on n'en parle plus ? Au mois de mai dernier, il y a la Ligue arabe qui s'est
03:56 réunie à Jeddah en Arabie Saoudite.
03:58 Et qui est-ce qu'on a vu inviter ? Bachar al-Assad qui avait été exclu de la Ligue
04:01 arabe en 2011.
04:02 Alors pourquoi il fait son grand retour diplomatique dans la région ? D'abord, il a été invité
04:07 par l'Arabie Saoudite.
04:08 Depuis environ 6 mois, 1 an, l'Arabie Saoudite et l'Iran se rapprochent, ne veulent plus
04:13 se faire de la guerre.
04:14 L'allié des Iraniens, Bachar al-Assad, peut désormais être considéré comme fréquentable
04:18 par l'Arabie Saoudite.
04:19 Et puis par ailleurs, Bachar al-Assad, il a deux armes dans la poche.
04:23 La première, c'est la drogue.
04:24 La Syrie, elle vit sur quelque chose qui est la production d'une drogue qu'on appelle
04:29 le Captagon.
04:30 Une amphétamine qui sert à rester éveillée pendant très longtemps, qui se vend parce
04:35 qu'elle n'est pas trop chère.
04:36 Tous les pays de la région sont évidemment affligés de voir leur population qui va voir
04:40 sa santé dégradée à cause de cette drogue terrible.
04:43 Le moyen le plus sûr pour lutter contre ce trafic, c'est d'essayer de trouver un accord
04:47 avec celui qui est responsable de ce trafic, c'est-à-dire l'état narco-trafiquant, la
04:51 Syrie, l'état de Bachar al-Assad.
04:52 Et puis il y a une autre arme qu'il a dans la poche aussi, c'est l'arme des réfugiés.
04:56 La plupart se sont installés dans les pays autour de la Syrie.
04:58 C'est très lourd, surtout pour les pays en ruine comme le Liban aujourd'hui.
05:02 Mais ils quitteront leur pays s'il y a un accord avec Bachar al-Assad pour les récupérer
05:06 en Syrie.
05:07 Donc tout ça fait que Bachar al-Assad refait son grand retour diplomatique au Moyen-Orient.
05:12 Et bizarrement, les médias occidentaux en parlent très peu.
05:15 Parce que tout ça, au final, c'est une honte pour l'Occident parce qu'on n'a pas été
05:19 capable de défendre la démocratie syrienne, on n'a pas été capable d'aider le peuple
05:24 syrien.
05:25 Et comme on a honte de ça, on préfère ne pas en parler.
05:27 Eh bien c'est un tort, il faut continuer à parler de la Syrie.
05:30 Il faut se souvenir qu'il y a des gens qui se sont battus pour la démocratie, qu'on
05:33 n'a pas été capable de les aider et que peut-être un jour on arrivera à les aider.
05:36 !

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