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Iran, Turquie, Qatar... Qui sont les gagnants et les perdants de la chute du régime de Bachar al-Assad en Syrie ? Le décryptage de notre journaliste Pascal Airault.

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Transcription
00:00La dynastie familiale qui a contrôlé le Syrie pendant plus de demi-siècle
00:04n'est plus en pouvoir.
00:09Le régime de Bachar el-Assad s'effondrait assez rapidement
00:12parce que l'offensive éclair a été très bien préparée.
00:18Avec des troupes assez aguerries
00:21qui avaient un soutien logistique de la Turquie derrière
00:24et c'est dans un contexte où Bachar el-Assad
00:27et son armée n'avaient plus envie de se battre
00:29après des années de crise en Syrie.
00:31Le Hezbollah, l'un de ses alliés, était affaibli.
00:33L'Iran aussi affaibli sur la scène régionale
00:36avec le conflit en cours depuis le 7 octobre
00:39entre Israël et les proxys iraniens dans la région,
00:42le Hamas et le Hezbollah d'un autre côté.
00:45Donc toute cette conjoncture a été favorable
00:49aux rebelles islamistes et aux groupes alliés
00:51qui ont mené une première offensive sur Alep.
00:54Assez victorieux, ce sont vraiment deux combats très importants.
00:57Ils sont descendus après Surama, Homs
01:00et après la route de la capitale d'Hamas était ouverte.
01:02L'armée syrienne n'a pas combattu.
01:04C'est pour ça qu'en quelques jours simplement,
01:06ils sont devenus les nouveaux maîtres de Damas.
01:12Tout n'est pas encore consolidé.
01:14Il y a des dynamiques en cours.
01:16Il y a une situation sécuritaire dans le pays qui n'est pas stabilisée.
01:19Par contre, on peut penser qu'il y a un ou deux vainqueurs assez certains.
01:23C'est la Turquie qui a des relations,
01:26des contacts avec HTC, avec Ahmed Al-Shara,
01:30alias Abou Mohamed Al-Joulani.
01:32Et puis bien sûr, l'armée syrienne libre aussi,
01:34qui est l'émanation, qui a été formée,
01:37qui a été appuyée par la Turquie
01:39et qui est aussi une composante de la rébellion qui a pris le pouvoir.
01:42Donc la Turquie sera là.
01:43Elle sera influente politiquement.
01:45Elle sera influente dans la reconstruction
01:47avec les groupes turcs qui auront démarché dans cette reconstruction.
01:50L'autre vainqueur, bien sûr, c'est le Qatar,
01:53allié aussi de la Turquie.
01:54Allié aussi des régimes islamistes dans la région
01:58et qui héberge actuellement à Doha
02:00beaucoup de représentants de l'opposition syrienne
02:03qui vont participer dans les discussions
02:05pour l'établissement, la construction de la Syrie de demain.
02:08Donc l'influence politique du Qatar sera réelle.
02:11On peut penser que l'influence financière aussi,
02:13notamment à travers l'aide qu'elle donnera au pays,
02:16sera aussi importante.
02:17Et du côté des perdants,
02:18bien sûr, le principal perdant, c'est l'Iran.
02:21Le corridor de ravitaillement du Hezbollah au Liban
02:25a été coupé pour l'instant.
02:27L'Iran n'a plus de levier à Damas politique
02:30parce que maintenant, c'est un pouvoir sunnite,
02:33bien qu'il va devoir être élargi aux autres composantes de la nation.
02:36Les chiites iraniens sont affaiblis dans cette situation.
02:39Le Hezbollah aussi, qui a toujours compté sur la famille Assad
02:43comme un protecteur, n'est plus dans des conditions favorables.
02:47Affaibli militairement par Israël
02:49et puis actuellement, qui a perdu un voisin
02:51sur lequel il pouvait s'appuyer.
02:58Il est encore un peu trop tôt pour savoir
02:59quelles vont être toutes les conséquences
03:01de cette reconfiguration en cours en Syrie
03:04et ses conséquences sur la région.
03:06Il y a beaucoup de questions qui se posent.
03:07L'influence de la Turquie versus les ambitions
03:10aussi des Kurdes dans la région.
03:12Quel va être aussi le rôle de la nouvelle administration américaine
03:16avec Donald Trump au pouvoir à partir du 20 janvier ?
03:19On sait que les Américains, comme les Français,
03:21appuient la communauté kurde.
03:23Mais cette communauté kurde de Syrie
03:25va peut-être devoir aussi couper les liens avec le PKK,
03:28qui est dans une hostilité permanente
03:31contre le pouvoir d'Erdogan et la Turquie.
03:34Il y a des questions aussi régionales entre la Syrie et le Liban.
03:38Les nouveaux maîtres du pouvoir à Damas
03:42seront-ils enclins à favoriser les alliances
03:44avec les sunnites du Liban dans une période aussi pas facile
03:48où en janvier, normalement, on doit nommer un nouveau président au Liban,
03:52un nouveau premier ministre ?
03:54Tout ça, c'est une période d'incertitude qui s'ouvre,
03:57avec les questions aussi de stabilité sécuritaire,
03:59qui est l'une des priorités.
04:01Si tout rebascule dans une guerre civile,
04:03il va y avoir des conséquences sur la Jordanie,
04:04il peut y avoir des conséquences sur le Liban,
04:06sur l'Irak, sur tous les pays voisins,
04:08avec aussi la question des réfugiés.
04:10Pour le moment, on peut penser que les appels à l'unité nationale,
04:14la protection des minorités vont dans le bon sens.
04:16C'est plus les réfugiés ou les déplacés
04:18qui ont intérêt à revenir dans le pays.
04:20Erdogan a mis ça aussi dans la balance.
04:22Mais si la situation dégénère sur le terrain,
04:24on peut aussi avoir de nouveaux exodes de réfugiés
04:27dans les pays voisins,
04:28et pas ricocher peut-être au bout d'un long processus en Europe.

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