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Transcription
00:00 On s'arrête sur ce risque d'escalade militaire dans la région avec vous, Leonardo Alfonso Villalon.
00:05 Bonsoir à vous, vous êtes professeur de sciences politiques et d'études africaines à l'Université de Floride.
00:11 Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:13 D'abord, peut-être une réaction à la sortie de la chef de la diplomatie française.
00:18 La perspective qu'il faille en venir à d'autres moyens doit être prise très au sérieux.
00:24 Et en effet, l'option militaire se rapproche.
00:26 L'option militaire se rapproche effectivement et jusqu'à maintenant, vous comptez vraiment les heures, je crois.
00:34 Mais écoutez, je crois que ça reste à confirmer d'après les informations que je viens de voir dans la presse du Nigeria,
00:41 il semble que le Sénat du Nigeria a réfusé au président Tinubo d'autoriser une intervention militaire,
00:50 la participation des troupes nigériennes dans cette intervention.
00:53 Donc je crois que les choses sont en train de basculer à la dernière heure, aux dernières minutes.
00:57 On ne sait pas très bien. Comme je dis, ça reste à confirmer.
01:00 Mais pourtant, l'armée nigérienne serait en première ligne si l'intervention était concrétisée.
01:09 Absolument, absolument. C'est l'armée nigérienne qui serait du Nigeria qui serait en première ligne
01:14 et qui serait vraiment le chef de file de toute intervention militaire au Niger.
01:20 Donc c'est pour ça en fait, effectivement, que c'était, je crois, un grand débat à l'intérieur du Nigeria.
01:25 Et voilà, on est en train, comme je dis, ce sont des informations que je viens de voir.
01:31 Je viens de recevoir une communiqué des gouverneurs des sept états du Nord-Nigeria qui font frontière avec le Niger,
01:39 en expliquant aussi qu'ils dénonçaient le coup d'État au Niger, mais qu'ils refusaient d'autoriser une intervention militaire.
01:46 En tout cas, les chefs d'État-major de la CDAO se sont réunis hier et leur réunion aboutit sur un plan,
01:52 un plan très concret pour intervenir dans le cas où l'ultimatum touchait à sa fin.
01:58 À ce jour, seul le Nigeria, le Sénégal et la Côte d'Ivoire se sont dits prêts à envoyer des soldats.
02:05 Quelle serait donc leur force de frappe s'ils intervenaient ?
02:09 Oui, donc effectivement, il ne faut pas exclure que ça va quand même continuer.
02:14 C'est très difficile. Je crois qu'on est dans une situation inédite.
02:17 On ne connaît pas en fait ce type d'intervention.
02:20 On a la possibilité d'une guerre ouverte en Afrique de l'Ouest avec effectivement le Nigeria en première ligne,
02:28 mais avec le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Togo, le Benin, peut-être éventuellement.
02:33 Et il faut s'attendre quand même que l'armée du Niger va répondre.
02:39 Ce qu'on ne sait pas c'est s'ils vont garder l'unité autour de Puchiste
02:44 ou s'il y aura quand même une fissure à l'intérieur de forces militaires du Niger.
02:48 C'est vraiment une situation très floue et pour l'instant, on ne sait même pas si ça va avoir lieu ou non.
02:53 C'est une situation très floue et pour cause de ce risque d'une confrontation militaire entre les pays d'Afrique de l'Ouest, il est inédit ?
03:02 Inédit. En fait, on a eu quand même une petite intervention, si vous voulez, en Gambie,
03:08 il y a quelques années pour faire reconnaître le résultat d'une élection que le président Sartorne ne voulait pas reconnaître,
03:14 mais c'était quand même un cas assez spécial.
03:16 Le Gambie, c'est un tout petit pays et l'armée gambienne n'a pas forcément soutenu.
03:21 Donc, c'est-à-dire qu'on n'a pas vu une telle situation en Afrique de l'Ouest.
03:26 Et puis là, il y a un front qui se dessine entre le Burkina Faso, le Niger et le Mali.
03:32 C'est ça aussi qui fait ?
03:34 Absolument, absolument. Nous avons vu que les autorités militaires du Burkina Faso et du Mali ont déclaré
03:41 qu'une attaque contre le Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre leur pays aussi.
03:46 Et donc, ça fait vraiment la possibilité d'un bloc.
03:49 Je crois qu'il faut être un peu prudent.
03:54 Les capacités du Mali ou du Burkina d'effectivement intervenir militairement en ce moment,
04:01 avec le problème qu'ils ont déjà chez eux, c'est sans doute limité.
04:05 Mais on pourrait voir quand même un bloc, c'est-à-dire deux blocs très importants en Afrique de l'Ouest, très divisés.
04:11 Et justement, quelles sont-elles ces possibilités militaires pour le bloc poutchiste ?
04:17 Combien de temps pourra-t-il tenir ?
04:19 Écoutez, ça vraiment, on ne sait pas.
04:22 On ne sait pas à quoi ça peut ressembler une intervention militaire.
04:25 Est-ce que ça serait une intervention dite "chirurgicale" ?
04:28 On va essayer tout simplement de restaurer, de sauver le président Bozoum,
04:31 mais de le restaurer avec évidemment des grands risques sur sa sécurité personnelle.
04:36 Ou est-ce que ça serait une espèce d'invasion d'essayer d'occuper le pays ?
04:39 On ne sait pas très bien.
04:41 Les détails de ce plan qui a été décidé depuis hier par les chefs d'État-majeur de l'Afrique de l'Ouest
04:48 ne sont pas connus pour l'instant.
04:50 Donc, on ne sait pas très bien à quoi ça va ressembler.
04:52 Mais quels sont les risques justement d'une telle intervention pour les civils,
04:56 mais aussi pour le reste de la région du Sahel,
04:58 qui, je le rappelle, est aussi minée par le djihadisme
05:01 et d'autres problématiques sécuritaires très importantes ?
05:05 Tout à fait. Il y a certainement des risques à tous les niveaux.
05:08 Le risque, je crois que c'est avec raison que certains disent
05:12 que les djihadistes sont très contents de voir cette situation,
05:15 puisque sans doute c'est dans ce chaos, dans l'instabilité,
05:18 qu'ils peuvent profiter pour avancer à leur cause.
05:20 Donc, je crois qu'on a des risques forts de voir le Niger,
05:24 qui avait quand même fait un certain progrès
05:26 et avait entamé un processus avec le président Basioum
05:30 un peu différent des autres pour essayer de faire face
05:33 à ces problèmes de djihadisme.
05:35 Je crois qu'on risque de voir vraiment un récul avec ça.
05:39 Mais on risque aussi de voir quand même à l'intérieur du Niger,
05:42 on ne connaît pas très bien, la division du pays
05:47 entre les gens qui se portent, qui sont en faveur du putsch
05:50 et ceux qui soutiennent quand même toujours la restauration de la démocratie.
05:54 Est-ce qu'on peut avoir de violences internes au pays ?
05:56 Est-ce qu'on risque une guerre civile, si vous voulez ?
05:58 Je crois que tous les risques sont là, on ne sait pas.
06:01 On connaît mal, effectivement, l'état de l'opinion nigérienne.
06:04 On sait que la capitale Niamey n'est pas forcément
06:06 représentative du reste de l'opinion.
06:09 Mais justement, est-ce qu'il y a un enjeu démocratique derrière ?
06:12 Est-ce qu'il en va de l'avenir démocratique de la région ?
06:15 Comme le dit le Quai d'Orsay.
06:17 Est-ce qu'il y a une crise de la démocratie en ce moment
06:20 dans la région ouest africaine, plus généralement,
06:22 si on prend un peu de recul ?
06:24 Tout à fait, tout à fait.
06:25 Non, effectivement, c'est encore un risque énorme sur la démocratie.
06:28 Et je crois que c'est effectivement exactement ça
06:30 ce qui motive le président Tinubu au Nigeria
06:34 et certains autres d'insister qu'ils ne veulent pas,
06:36 ils ne peuvent pas et ils ne réaccepteront jamais ce coup d'état.
06:39 Parce que ça semble un peu, dans un sens, un coup d'état de trop
06:42 dans la sub-région, après les autres.
06:45 Surtout parce que c'est un coup d'état qui n'a pas été provoqué
06:48 ni par une crise politique institutionnelle
06:50 comme les coups d'état précédents au Nigeria,
06:54 ni par des mouvements d'instabilité sociale,
06:58 des mouvements sociaux comme on a vu au Mali, par exemple, il y a deux ans.
07:02 Donc, c'est-à-dire que c'est un coup d'état qui est venu,
07:04 qui semble avoir venu vraiment de raisons purement personnelles
07:07 car on versait un régime élu,
07:09 avec bien sûr des questions sur l'élection elle-même,
07:13 mais quand même un régime élu qui était déjà sur place depuis deux ans
07:17 et qui semblait faire quand même un certain progrès
07:20 pour l'institutionnalisation de la démocratie au Nigeria.
07:22 Le coup d'état de trop, c'est effectivement ce qu'a dénoncé Paris
07:26 aujourd'hui à propos de ce putsch au Nigeria.
07:30 Merci beaucoup à vous, Leonardo Alfonso Villalon,
07:32 professeur de sciences politiques.

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