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Laurent Moulin, responsable de la recherche et du développement à Eau de Paris, qui travaille notamment à l’analyse de la qualité de l’eau de la Seine, était jeudi 17 août le Grand témoin de franceinfo.

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Transcription
00:00 Ce sont donc des épreuves test de triathlon qui ont lieu aujourd'hui à Paris, dans la Seine,
00:05 comme une répétition générale à un an des Jeux Olympiques,
00:09 car c'est exactement le même parcours que pour les JO.
00:12 Et donc pour la partie natation, en tout cas, les mêmes questions qui se posent sur la qualité de l'eau du fleuve.
00:18 Bonjour Laurent Moulin.
00:19 Bonjour.
00:20 Grand témoin de France Info ce matin.
00:21 Vous êtes donc responsable recherche et développement à l'eau de Paris,
00:24 chargé d'analyser la qualité de cette eau.
00:26 On se souvient qu'une compétition de natation dans la Seine avait dû être annulée il y a dix jours à cause de la pollution du fleuve.
00:34 Est-ce qu'aujourd'hui tout est bien sous contrôle pour cette épreuve de triathlon ?
00:37 C'est le même dispositif qui est en place.
00:39 C'est-à-dire qu'il y a deux types de contrôles qui sont réalisés.
00:42 Il y a des prélèvements sur place qui sont faits la nuit précédant l'épreuve pour vérifier la bonne qualité de l'eau.
00:50 Et il y a aussi deux petits capteurs qui mesurent en temps réel, je dirais, la qualité d'eau.
00:55 Donc il y a quelques heures, les dernières mesures ont eu lieu cette nuit ?
00:58 Il y a des prélèvements qui ont eu lieu cette nuit.
01:00 Les résultats de cette nuit sont ceux de la nuit dernière.
01:03 Mais il y a des mesures qui sont faites toutes les 20 minutes par des capteurs automatiques.
01:06 Et alors qu'est-ce qu'on peut en dire ?
01:07 Est-ce que pour l'instant c'est convaincant les résultats que vous avez ?
01:10 Alors moi je ne cherche pas les résultats.
01:12 Ces résultats sont transmis, ce n'est pas nous qui décidons.
01:13 Nous on transmet les résultats à la réunion qui se déroule,
01:17 qui réunit les athlètes, les organisateurs et la ville pour décider la retenue ou non des épreuves.
01:24 Et ces résultats permettent de prendre cette décision.
01:26 Vous êtes confiant ?
01:28 Confiant ? Bien sûr, si les résultats sont bons, il n'y aura pas de souci.
01:31 Ça suit une réglementation très précise pour permettre ou non la baignade.
01:36 Comment ça se passe cette série de mesures ? Comment se font-elles ?
01:39 Alors, c'est des mesures qui... Donc vous voyez, il y a deux types de mesures.
01:42 C'est des mesures où on prélève un petit peu un échantillon d'eau, un petit volume d'eau,
01:46 qui est ramené au laboratoire et on va regarder sur cet échantillon
01:49 la présence de bactéries indicatrices, c'est-à-dire de traces de matières fécales,
01:54 qui ne sont pas en elles-mêmes dangereuses,
01:56 ce sont des... On commence à connaître maintenant des Echerichia coli et des enterococques.
01:59 Et ces deux indicateurs nous permettent de traduire la qualité d'eau du fleuve
02:04 vis-à-vis d'un certain nombre de micro-organismes potentiellement dangereux
02:09 pour les athlètes et les gens qui se baigneraient.
02:11 Mais ce n'est pas forcément dangereux, dites-vous, malgré tout,
02:13 un niveau trop important de ces matières-là avait provoqué, il y a des jours, l'annulation de ces épreuves.
02:19 Alors, c'est un indicateur, c'est-à-dire qu'en fait, le fait qu'on ait trop de bactéries,
02:23 Echerichia coli et enterococques, indique qu'il y a trop de traces de matières fécales,
02:28 et donc la potentialité qu'il y ait des pathogènes,
02:31 qui ne sont pas des colis d'enterococques, est trop importante pour que les gens puissent se baigner.
02:35 - C'est essentiellement cette bactérie-là que vous recherchez ?
02:37 - Alors, on cherche toujours ces indicateurs, bien sûr.
02:38 C'est la réglementation européenne, qui est basée sur des travaux scientifiques auxquels on participe,
02:43 qui permet de faire une relation entre la santé des baigneurs et la qualité d'eau.
02:48 Et on sait que quand il y a trop de bactéries indicatrices,
02:53 les gens ont de fortes chances de faire des gastroenterites ou des problématiques de peau,
02:59 ou d'oreille, ou de nez. Voilà.
03:01 - Quel est l'enjeu principal, finalement, face à cette question de l'assainissement de la Seine ?
03:07 - Alors, l'enjeu, c'est d'avoir une eau de qualité permettant la baignade,
03:12 donc il faut éviter les rejets des eaux usées.
03:15 Finalement, tous ces micro-organismes, ces organismes pathogènes qui rendraient les gens malades,
03:20 viennent des humains. On essaie de casser, finalement, le cycle
03:23 qui fait que nos rejets, à tout à chacun, se retrouvent dans l'environnement
03:27 et pourraient contaminer d'autres personnes.
03:29 Donc, l'idée, c'est de traiter ces eaux le mieux possible
03:32 pour qu'il n'y ait pas de contamination de la rivière.
03:35 - Alors, vous restez avec nous, Laurent Moulin,
03:36 parce qu'il y a un vrai souhait à Paris de développer la baignade urbaine.
03:41 Trois sites de baignade seront d'ailleurs inaugurés l'an prochain sur la Seine
03:45 et depuis 2017, maintenant, des milliers de baigneurs, chaque année,
03:49 piquent une tête dans le bassin de la Villette,
03:51 dans le 19e arrondissement où s'est rendu Boris Loumanie.
03:54 - Nabil a la carure des habitués des piscines municipales.
03:58 Il en a l'équipement aussi avec ses palmes au pied,
04:01 mais Nabil s'approche prudemment du bassin.
04:03 - C'est verdâtre, contrairement aux zones des piscines qui sont bleues.
04:07 Alors, je vais y aller progressivement parce que...
04:09 C'est la 1re fois que Nabil... - Oui, en effet.
04:12 ...plonge dans le bassin de la Villette.
04:14 - Elle est fraîche.
04:16 C'est super génial. Non, il y a pas d'odeur du tout.
04:20 Allez, on laisse Nabil assez longueur pour discuter avec Alice,
04:23 qui est une habituée du bassin.
04:25 - Elle est fraîche.
04:27 Mais c'est chouette de pouvoir se baigner dans une eau naturelle.
04:30 Une température, on frissonne,
04:32 mais c'est le plaisir, justement, de l'eau naturelle.
04:34 - Regarde, tu sautes...
04:35 Beaucoup d'enfants, ici, dans le bassin,
04:37 Rizlène est venue avec ses 3 filles.
04:39 - C'est en plein air et tout.
04:41 En plus, les enfants aiment bien.
04:43 Je les ai ramenées la dernière fois, elles ont aimé, on est revenus.
04:46 D'habitude, elles vont à la piscine,
04:48 mais elles ont plus aimé ici que la piscine.
04:50 - Eh oui, c'est une vraie respiration pour ces enfants.
04:53 Beaucoup viennent de quartiers populaires,
04:55 comme le souligne Peggy, qui surveille son petit-neveu.
04:57 - Moi, je trouve que c'est très, très bien pour les enfants
04:59 qui n'ont pas beaucoup de moyens et qui peuvent pas partir en vacances.
05:02 Ils ont l'impression quand même d'être un peu à la campagne, malgré tout.
05:05 Il y a un peu d'algues, mais on se sent très sécurisés.
05:07 - Ah, ça, c'est Nabil qui fait un petit bilan après ses longueurs.
05:11 - A refaire. Je viendrai tous les jours, maintenant.
05:13 Retour un peu aux fondamentaux, la nature.
05:16 On a vraiment la sensation d'être dans l'environnement.
05:18 - Se baigner dans un espace moins aseptisé que les piscines,
05:21 c'est notamment ce qui explique l'essor de la baignade urbaine ces dernières années.
05:26 Mais pas seulement.
05:27 Julia Moutier est architecte et chercheuse au CNRS.
05:31 Elle écrit une thèse sur la baignade à Paris.
05:34 - L'offre existante de lieux frais n'est pas suffisante
05:37 pour faire face aux vagues de canicules que l'on a déjà aujourd'hui.
05:41 Les autorités cherchent à trouver des solutions pour rafraîchir les populations
05:44 parce que c'est une question de santé publique.
05:46 Et comme la plus grande source d'eau et donc de rafraîchissement facile
05:50 à disposition dans une ville aussi dense que Paris, ce sont les cours d'eau.
05:53 Ça amène un regard nouveau sur ces espaces-là.
05:56 - Et voilà notamment pourquoi de plus en plus de communes en Ile-de-France
06:00 aménagent des zones de baignade le long de leurs cours d'eau.
06:03 - Boris Lemaigne pour France Info.
06:05 Laurent Moulin en parlait ensemble jusque-là de quelques épreuves sportives.
06:08 Le triathlon du jour, les JO l'an prochain.
06:10 Bientôt l'idée c'est que tout le monde puisse se baigner dans la Seine.
06:13 - Je crois que c'est une volonté claire de la ville de Paris
06:16 et d'un grand nombre de collectivités en Ile-de-France
06:18 mais même sur toute la France qui veulent ouvrir ces baignades urbaines.
06:22 C'est une demande sociétale assez forte pour que les gens se réapproprient
06:26 les fleuves et les rivières qui passent dans leur village et leur ville.
06:29 - Sauf qu'il y a une question d'image en quelque sorte.
06:31 On l'entend avec le débat actuel et les questions posées par ces mesures
06:36 pour la qualité de l'eau de la Seine.
06:38 En l'occurrence, comment on communique auprès du public
06:41 pour les convaincre qu'il est tout à fait possible de se baigner dans le fleuve ?
06:45 - Je ne sais pas si la question se prend comme ça.
06:48 L'idée c'est de respecter des règles sanitaires
06:52 qui ont été extrêmement bien travaillées
06:55 pour éviter que les gens aient des problèmes quand ils se baignent.
06:59 On fait des analyses pour répondre à ces critères.
07:02 C'est exactement ce qui s'est passé et que vous avez présenté dans votre reportage précédent.
07:06 Sur le canal de l'Ourcq, on a mis en place des dispositifs de surveillance.
07:10 Le même type de double dispositif avec des prélèvements ponctuels
07:14 permettant de vérifier la qualité et une mesure en temps réel
07:17 avec des capteurs sur place qui permettent de vérifier la présence de pollution ponctuelle
07:22 et de fermer si nécessaire la baignade pendant quelques heures, quelques jours
07:26 et si parfois, quand il y a des pollutions ponctuelles.
07:29 - Vous qui êtes chargé d'analyser la qualité de l'eau de la Seine,
07:33 dans combien de temps pensez-vous que tout le monde pourra s'y baigner ?
07:37 - Il y a des gros efforts qui sont faits.
07:40 Il y a un objectif qui est 2025.
07:43 Après, je ne suis pas Madame Irma,
07:45 donc on peut espérer que les résultats permettront à tout le monde de se baigner.
07:49 Je pense que c'est l'objectif et il devrait être atteint.
07:52 Mais il faut attendre les résultats.
07:54 L'idée, c'est de protéger les gens quand ils se baignent.
07:58 - L'épreuve du jour de Triathlon, qui démarre dans 10 minutes, est donc maintenue ?
08:01 - J'ai l'impression, aux informations que j'ai pu avoir,
08:04 qu'il n'y avait pas de soucis sur les derniers résultats.
08:07 - Merci beaucoup Laurent Moulin, responsable recherche et développement à l'eau de Paris
08:11 et grand témoin ce matin de France Info.
08:13 - Merci.

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