Initiative politique d’ampleur : "Le consensus, ça ne peut pas être les propositions de Renaissance imposées aux autres", déclare la députée PS Valérie Rabault

  • l’année dernière
Valérie Rabault, députée PS du Tarn-et-Garonne et vice-présidente de l’Assemblée nationale, était jeudi 17 août l’invitée du 8h30 franceinfo.
Transcript
00:00 avant effectivement la suite 2027, etc.
00:02 Il y a la rentrée qui va se rapprocher.
00:04 Emmanuel Macron, ce soir, va prononcer un discours à Bormes-Nimosa
00:08 et il promet pour la fin de l'été une initiative politique d'ampleur
00:12 qui s'adresserait à tous les autres partis politiques de l'arc républicain,
00:15 socialistes compris.
00:16 Est-ce que vous vous considérez, vu les défis du pays,
00:18 qu'il faut travailler avec Emmanuel Macron ?
00:20 Moi, je considère que depuis un an, on est dans une situation inédite.
00:24 C'est la première fois sous la Ve République
00:25 qu'il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
00:28 Certes, il y avait eu Sourocard et il manquait quatre voix,
00:30 mais là, il en manque plus de 40.
00:31 Donc, c'est inédit puisque la Ve République a été construite
00:34 pour une majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui n'est pas le cas.
00:37 Donc, il faut trouver les voix et les moyens pour pouvoir travailler
00:41 et faire en sorte que ce ne soit pas cinq ans perdu pour le pays,
00:43 parce que ce serait extrêmement grave.
00:45 Mais cette initiative, elle doit revenir à ceux qui ont le plus de députés
00:49 à l'Assemblée nationale, c'est-à-dire le parti Renaissance.
00:52 On a, depuis un an, on voit que le mode de fonctionnement
00:56 ne s'est pas adapté à cette nouvelle donne.
00:59 Et je vais prendre un exemple très concret.
01:00 Vous voyez, quand mon collègue Guillaume Garraud, en juillet 2022,
01:03 il y a exactement un an, crée un groupe transpartisan de LR à LFI
01:07 pour réfléchir à une proposition commune sur les déserts médicaux,
01:10 alors que nous savons que nous ne partageons pas tous
01:13 les mêmes propositions qui étaient dans nos programmes électoraux.
01:17 200 députés, la signe, 200.
01:20 Et que la majorité Renaissance la balaye comme ceci.
01:22 Et a préféré faire sa propre proposition.
01:24 Mais oui, mais du coup, c'est quand on est dans la situation actuelle,
01:28 il faut que Renaissance prenne des propositions qui ne viennent pas d'elle.
01:32 Ça veut dire que vous ne croyez pas en la bonne volonté d'Emmanuel Macron
01:34 - Moi, je veux bien croire à plein de choses. - Pour permettre de travailler différemment.
01:37 Vraiment, je veux bien de bonne volonté, mais ce qui compte, ce sont les faits.
01:40 Là, il va y avoir un deuxième défi.
01:43 C'est la loi Grand âge qui a été sans cesse reportée.
01:46 On a bien vu qu'il y avait dans les EHPAD des situations catastrophiques
01:50 pour nos concitoyens. Donc ça aussi, ça va être là aussi.
01:53 Nous avons mis une proposition sur la table.
01:55 Je dois saluer juste la seule initiative qui a été faite.
01:57 C'est que la première ministre a demandé un rapport à ma collègue Christine Pires-Bonne
02:01 et que du coup, il y a eu un peu d'argent qui a été remis sur la table.
02:04 Ça, je le concède. Mais ce que je veux dire par là, c'est que si le président de la République
02:09 n'engage pas son groupe parlementaire à l'Assemblée nationale
02:13 à avoir de vraies initiatives en disant on prend des propositions
02:17 qui ne viennent pas de chez nous, même si effectivement,
02:20 il ne correspondait pas tout à fait à leur programme électoral.
02:22 Mais on ne peut pas balayer d'un revers de main une proposition
02:26 qui a été signée par 200 députés qui vont des Républicains à LFI.
02:31 Ça, ce n'est pas possible.
02:32 Vous parliez de bonne volonté à l'instant.
02:33 Vous aviez dit avoir refusé le poste de Premier ministre l'an dernier.
02:37 Est-ce que vous seriez intéressée cette fois-ci, Elisabeth Borne, que vous évoquiez,
02:41 qui t'aime à Tignon et si l'occasion se présentait à nouveau ?
02:43 Non, mais ce n'est pas comme ça que les choses se passent en politique.
02:47 Ce qui compte, c'est de savoir ce qu'on veut faire.
02:49 Et quand vous avez une situation comme elle est aujourd'hui,
02:53 il n'y a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale,
02:56 il faut trouver une nouvelle méthode.
02:57 Mais la nouvelle méthode, ça ne peut pas être de dire,
03:00 Renaissance dit voici mes propositions, votez-les.
03:03 Ce n'est pas comme ça que ça doit marcher.
03:04 Emmanuel Macron dit que dans son initiative d'ampleur,
03:07 qui est encore un petit peu floue,
03:09 il pourrait y avoir des thèmes à aborder avec les oppositions.
03:12 L'écologie, les services publics, le travail, l'ordre, le progrès, l'immigration.
03:17 Est-ce que là-dessus, il y a des choses où vous pensez que vous pourriez être en phase ?
03:20 Quand on prend tous ces sujets, c'est quasiment un programme entier pour le pays.
03:25 Donc, ça ne peut pas être des idées qui soient jetées comme ça.
03:29 Vous vous rendez compte, par exemple, quand l'Allemagne fait un programme de coalition,
03:31 c'est un document qui fait 200 pages, tout est écrit, qui est négocié.
03:35 Mais oui, donc c'est ça.
03:37 S'il n'y a pas une méthode où les choses sont négociées,
03:40 eh bien, il ne se passera rien.
03:41 Et l'initiative du président de la République, je crains qu'elle soit assez vaine.
03:45 Vous n'y croyez pas, à ce rendez-vous fixé pour la fin de l'été par le président ?
03:48 Je ne sais pas ce qu'il va dire, je ne sais pas ce qu'il va proposer.
03:51 Moi, j'observe ce qui s'est passé depuis un an.
03:53 Bon, ce qui s'est passé depuis un an ne va pas dans le sens de dire
03:56 on essaie de trouver un consensus national sur un certain nombre de sujets pour avancer.
04:00 Et le consensus national, ça ne peut pas être les propositions de renaissance imposées aux autres.
04:05 Ça ne marche pas comme ça.
04:06 Et est-ce que vous pouvez y participer, à cette initiative proposée par le président,
04:10 sachant que l'un de vos alliés, la France insoumise, en est exclu ?
04:15 Encore une fois, je ne sais pas ce qu'il va proposer.
04:18 Donc moi, je ne signe pas de chèque en blanc, jamais.

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