Espagne : Pedro Sánchez a gagné une première bataille au Parlement

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00:00 cette édition en Espagne, donc avec cette victoire politique, il faut bien le dire
00:04 pour le Premier ministre Pedro Sánchez. Sa formation, le Parti Socialiste, décroche.
00:08 La présidence du Parlement, la socialiste Francina Armengol, a ainsi obtenu 178 voix
00:14 lors du vote. C'est plus que la majorité absolue. Les indépendantistes catalans ont
00:17 visiblement aidé à son élection. De quoi ouvrir peut-être la voie à un maintien
00:22 donc en poste de Pedro Sánchez. Et cette situation politique en Espagne, on va tout
00:27 de suite l'évoquer en longueur avec notre invitée. Bonjour Mercedes Justa.
00:31 Bonjour. Vous êtes professeure de l'histoire contemporaine
00:35 de l'Espagne à l'université Paris 8, ici en France. Merci à vous d'être avec
00:39 nous sur France 24. Victoire politique de Pedro Sánchez, je le disais, avec cette victoire
00:45 donc à la présidence du Parlement espagnol, on peut donc vraiment parler d'une victoire
00:48 politique pour le Premier ministre espagnol ?
00:50 Oui, en effet, c'est une victoire. C'est une avancée très importante vers la possibilité
00:58 d'une investiture de Pedro Sánchez en tant que président du gouvernement, ce qui n'était
01:03 pas aussi envisageable il y a par exemple une semaine. En fait, il faut comprendre que
01:11 cette constitution de ce qu'on appelle la Mesa del Congreso, c'est-à-dire le bureau
01:15 qui va présider le nouveau congrès des députés, est un pas très important puisque c'est
01:21 une institution politiquement très importante dans un régime parlementaire comme le régime
01:27 espagnol. En effet, c'est cette Mesa del Congreso qui va présider toutes les séances
01:35 parlementaires, qui contrôle les temps et qui contrôle tout le processus législatif.
01:42 Donc c'est vraiment quelque chose de très important.
01:44 Oui, puisque la situation politique est de nouveau inédite en Espagne, ou presque, avec
01:51 depuis ces élections anticipées les socialistes qui ont 171 sièges, quasiment autant pour
01:56 les conservateurs et l'extrême droite. C'est donc les indépendantistes catalans
02:02 qui ont fait visiblement basculer le vote, les indépendantistes de Carles Puigdemont.
02:06 Quelle concession ont dû faire selon vous les socialistes pour attirer les voix des
02:10 catalans ?
02:11 En fait, la situation est un petit peu plus compliquée que ça. Le PSOE a eu 121 députés
02:19 alors que le PP avait 137. Mais il y a une sorte de troisième bloc qui n'est pas uniquement
02:27 constitué des indépendantistes catalans, mais de tous les partis nationalistes basques,
02:33 galiciens et catalans qui ont un poids très important dans la politique espagnole. Le
02:40 gouvernement de Pedro Sánchez a eu une politique d'apaisement, notamment vis-à-vis du conflit
02:47 catalan. C'est quelque chose qui a payé politiquement pour lui. Ça a permis qu'il
02:53 ait l'appui de ses partis nationalistes et indépendantistes, parce que ce n'est
02:59 pas tout à fait la même chose. Le Parti populaire n'a pas pu opter à cet appui
03:06 là parce qu'il a eu par le passé une politique très dure vis-à-vis notamment de la Catalogne.
03:12 Ça lui a aliéné les possibilités d'avoir des pactes politiques avec des partis, notamment
03:18 catalans, mais aussi avec le parti nationaliste basque du fait de leur alliance avec Vox.
03:25 C'est une situation compliquée. En effet, le Parti socialiste a dû négocier avec
03:35 le parti Junts, qui est un parti plutôt de centre-droite, mais qui a mené le processus
03:44 indépendantiste en 2017 avec Carles Puigdemont. Les concessions qui apparemment sont dans
03:54 la table des négociations, c'est notamment l'utilisation du catalan dans le congrès
04:00 des députés et les institutions, et aussi de façon plus importante politiquement, la
04:07 possibilité d'une amnistie pour les politiques qui sont en prison ou sur lesquelles pèsent
04:17 des condamnations pénales du fait du processus d'indépendance mené en 2017.
04:23 Oui, parce que Carles Puigdemont avait mené, voulait une indépendance de la Catalogne.
04:28 Il est depuis recherché par la justice espagnole. Il est d'ailleurs en exil à Bruxelles.
04:32 Est-ce qu'on imagine que ça a dû susciter des fortes critiques en Espagne, cette alliance
04:38 politique ?
04:39 En fait, ça dépend. En effet, il y a des secteurs, notamment de droite et les secteurs
04:49 qui sont proches du Parti populaire ou de Vox, qui sont critiques vis-à-vis de cette
04:54 situation. Au sein du Parti socialiste aussi, il n'y a pas l'unanimité vis-à-vis de
05:00 la politique amenée sur cette question catalane. Il y a des fortes dissensions, en fait. Mais
05:09 il y a un secteur progressiste qui est pour l'apaisement de ce conflit catalan. Et en
05:17 fait, il faut noter par exemple qu'en 2017, au moment de ce processus d'indépendance,
05:25 la Catalogne était citée dans les enquêtes par les Espagnols comme le problème numéro
05:31 un d'Espagne. En 2018, ce n'était plus le cas. Donc, la politique de concession d'apaisement
05:40 a eu des conséquences aussi positives, et notamment à l'intérieur de la Catalogne,
05:46 où en ce moment, la question de l'indépendance ne se pose plus. C'est quelque chose qui
05:53 appartient au passé. En ce moment, il s'agit plutôt de négocier avec le gouvernement
06:00 de l'Espagne, avec le gouvernement de l'État, pour essayer d'avoir des améliorations
06:07 ou des concessions. Mais ça m'étonnerait que la question de l'indépendance soit menée
06:14 à nouveau sur le devant de la scène.
06:17 Selon vous, quelles conséquences cela va avoir cette alliance avec ce groupe indépendantiste
06:24 nationaliste que vous nous avez évoqué des socialistes sur la politique générale de
06:29 l'Espagne si Pedro Sánchez naturellement venait à conserver son poste ?
06:32 En fait, c'est difficile à dire. C'est certain que cette question de l'amnistie
06:40 va être posée. Par rapport à la politique générale, c'est très difficile de s'aventurer
06:51 à faire des prévisions de ce que va être la politique menée par Pedro Sánchez.
06:58 Si il réédite cette alliance, qui a été à la tête du gouvernement dans la précédente
07:11 législature, on peut aventurer que la politique va être à peu près la même, c'est-à-dire
07:20 de continuer à travailler sur un apaisement du conflit catalan et à approfondir dans
07:28 les politiques sociales qui ont été déjà avancées par l'intérieur du gouvernement,
07:34 notamment la réforme du code du travail, la loi sur le logement et des questions de
07:42 cet ordre-là qui étaient dans le programme du PSOE.
07:45 Merci beaucoup Mercedes Justa d'avoir répondu à nos questions ce midi sur France 24. Je
07:51 rappelle que vous êtes professeure d'histoire contemporaine de l'Espagne, ici en France
07:54 à l'université Paris 8. Merci beaucoup.

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