Matthieu Valet, porte-parole SICP police, était l’invité de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS.
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00:00 Il est 8h15, on accueille Mathieu Vallée. Bonjour Mathieu Vallée.
00:03 Bonjour Romain De Zembra.
00:04 Vous êtes policier et commissaire de police, porte-parole du syndicat indépendant des commissaires de police.
00:10 Merci d'être avec nous. On va effectuer un rappel de l'information.
00:14 Je voulais qu'on commence évidemment avec cette information qui est tombée un peu avant 8h à l'agence France Presse.
00:23 Un enfant de 10 ans est donc mort lundi soir, hier soir, victime d'une fusillade à Nîmes, dans un quartier dangereux.
00:29 Le quartier de Pissevin, c'est un quartier populaire gangréné par les trafics de stupéfiants.
00:34 Les informations de la rédaction de CNews et de Sandra Buisson.
00:40 Hier soir, vers 23h15, les policiers sont appelés pour des tirs dans la cité Pissevin.
00:46 En arrivant, la police voit des douilles au sol. C'est un point de deal.
00:50 Parallèlement, l'hôpital appelle la police pour signaler qu'un homme s'est présenté aux urgences avec une balle dans le dos.
00:55 Et il avait ses deux neveux dans la voiture, dont un avait aussi une balle dans le dos.
01:02 Il est décédé, il avait 10 ans.
01:04 L'homme habite la cité en question. Il rentrait chez lui et s'est donc fait tirer dessus et est remonté en voiture et était à l'hôpital.
01:12 Une voiture correspondant au signalement de celle des auteurs a été retrouvée dans la cité Val-de-Gour.
01:19 A noter que cela fait déjà un moment qu'il y a des tirs entre ces deux cités, Pissevin et Val-de-Gour.
01:24 Voilà les informations de Sandra Buisson du service Police Justice de CNews.
01:30 Mathieu Vallée, avec nous déjà votre premier commentaire, vos informations sur ce qui s'est passé à Nîmes.
01:37 D'abord, ça fait froid dans le dos. Un enfant de 10 ans ne devrait jamais mourir dans cette terrible condition,
01:42 avec de ce que l'on sait pour l'instant, une balle qu'il aurait reçue et qui aurait provoqué le décès.
01:47 Dans ce quartier Pissevin, les policiers sont mobilisés, vous l'avez dit vous-même, ce week-end,
01:51 au quartier Val-de-Gour, qui est un quartier rival de Pissevin à Nîmes.
01:55 Il y a eu également deux mineurs blessés.
01:57 Il y a eu deux interpellations d'individus d'une vingtaine d'années qui avaient quitté un véhicule volé
02:01 et dont la réactivité et l'implication des policiers ont permis d'interpeller les auteurs présumés.
02:07 Il y a une enquête judiciaire en cours.
02:08 Et si je peux me permettre d'enquiller l'entrée de jeu sur les trafics de stupéfiants,
02:12 il y a une guerre sans merci sur notre territoire national qui est menée dans tous les quartiers,
02:16 avec des armes de guerre et qui transforme nos cités en scènes de guerre.
02:19 Vous avez dans les quartiers nord de Marseille, par exemple, on y reviendra sûrement,
02:22 des équipes qui font froid dans le dos.
02:25 On a aujourd'hui une ubérisation des règlements de compte de notre pays,
02:27 c'est-à-dire qu'on a des individus très jeunes, parfois très peu connus ou pas connus,
02:31 dans tous les services de police, qui vont assassiner, exécuter des contrats
02:35 et accomplir des objectifs comme ils vont acheter une baguette de pain en boulangerie.
02:38 C'est ça la réalité aujourd'hui.
02:39 Et on constate, c'est très peu dit, mais les personnes, les policiers et les effectifs de la police judiciaire
02:44 me le disent, qu'aujourd'hui on a les femmes, les filles, des jeunes filles
02:47 qui jouent un rôle de plus en plus important dans les repérages,
02:50 dans la conservation et le gardiennat, si j'ose dire, des armes,
02:53 dans le go qu'ils peuvent donner pour exécuter les contrats,
02:56 dans la logistique et le suivi des auteurs des règlements de compte.
02:59 Là, c'est quelque chose qu'on constate aussi sur le terrain.
03:01 Donc, on a des équipes très jeunes, très mobiles, qui font ça pour l'appât du gain,
03:05 pour se filmer parfois et qui exécutent des contrats.
03:08 Vous avez à Marseille, depuis le début de l'année, la brigade de recherche et d'intervention,
03:10 la BRI et la brigade criminelle, qui ont fait cinq équipes de tueurs en série.
03:15 Ils ont encore fait, pas plus tard que ce week-end, une équipe supplémentaire
03:18 de six individus qui, le 15 août, avaient assassiné,
03:22 en tout cas étant présumé en tant que tel, une personne, Dylan Jetté,
03:25 sur la voie publique d'ailleurs, Dylan Jetté, qui était en permission de sortie,
03:28 qui n'avait pas réintégré sa prison et qui était condamné pour des faits de trafics de stupéfiants.
03:32 Donc, on voit que là aussi, la justice, on peut pas autoriser des permissions de sortie
03:35 lorsqu'on est condamné pour des faits aussi graves.
03:37 Et derrière, on a la BRI et la crime qui ont fait cette affaire importante.
03:40 Et j'en termine là. L'arme de guerre pour la police nationale,
03:44 pour lutter contre ces trafics aujourd'hui, c'est la police judiciaire,
03:47 les brigades criminelles, l'office anti-stupéfiants et les BRI.
03:50 Pourquoi ? Parce qu'il faut taper au cœur des trafics, au cœur des réseaux,
03:53 au cœur des mafias, au cœur des gangs, ces personnes qui se transforment,
03:56 nos rues, en véritables sang à couler dans les halls d'immeubles
03:59 et dans la jeunesse qui est en train de mourir dans ces quartiers
04:01 pour de l'argent sale pour des trafics de stupéfiants.
04:04 Il y a ce qui s'est passé à Nîmes.
04:07 Ce qui s'est passé à Nîmes, c'est la mort d'un enfant de 10 ans.
04:12 Quand on veut pacifier aujourd'hui un quartier comme ce quartier de Pisse 20 à Nîmes,
04:18 quartier gangréné par le trafic de drogue.
04:20 Qu'est-ce que ça veut dire un quartier gangréné par un trafic de drogue ?
04:22 Ça veut dire que ce sont des trafiquants de drogue qui font la loi, pour être clair.
04:26 On envoie la CRS 8, on a envoyé la CRS 8 à Marseille.
04:31 Avec quel effet ? Est-ce que ce n'est pas un sparadrap sur une jambe de bois ?
04:34 D'abord, on n'est jamais trop sur le pont pour lutter contre les trafiquants sur le terrain.
04:38 Ils tiennent les murs là où on tient le terrain.
04:40 Moi, la CRS 8, j'ai été la voir plusieurs fois.
04:42 Elle est basée dans le domaine de Bièvres, là où vous avez le groupe du Raid au niveau national.
04:46 J'ai échangé, pas plus tard qu'il y a un mois, près de trois heures avec ces effectifs de la CRS 8.
04:50 Ils sont motivés, ils sont dynamiques, ils sont réactifs,
04:53 comme toutes les compagnies républicaines de sécurité de France.
04:55 Je rappelle par exemple qu'à Marseille, vous avez trois compagnies de CRS à deux mœurs en permanence,
04:59 deux dans les quartiers Nord et deux dans le centre-ville de Marseille.
05:02 Ces CRS, c'est des compagnies qui quand même se déplacent plus de la moitié de l'année sur le territoire national,
05:07 loin de leur famille, loin de leur foyer, loin de leurs proches,
05:10 loin de leur vie habituelle que les Françaises et les Français peuvent connaître.
05:12 Et ces CRS, ils protègent nos frontières contre l'immigration illégale,
05:15 ils protègent nos quartiers contre les dealers et les trafiquants,
05:17 ils protègent les manifestations contre les antifas.
05:19 Ils sont mangés à toutes les sauces, c'est la réserve de la police nationale.
05:22 Cette CRS 8, elle va avoir des petites sœurs, trois petites sœurs,
05:25 une à Marseille, justement, au niveau de la CRS 55 à La Rose,
05:28 une à Lyon, une à Motomban et une à Nantes.
05:31 Donc, on a des compagnies aujourd'hui qui sont dynamiques, qui sont réactives
05:34 et qui appuient le formidable travail que nos collègues de la sécurité publique
05:37 mènent au quotidien, à savoir les brigades de sécurité de terrain,
05:39 les brigades d'anticriminalité, les brigades de police secours
05:42 et les brigades territoriales de contact pour la préfecture de police de Paris.
05:44 Tous ces acronymes que je vous dis, c'est des policiers qui occupent le terrain,
05:47 qui sont cette police de proximité que les commerçants, les habitants, les riverains,
05:52 les bailleurs connaissent au quotidien.
05:53 Et c'est ces policiers qui pilonnent les points de deal dans un contexte de plus en difficile.
05:56 Ils multiplient les saisies, ils multiplient les interpellations,
05:58 on déstabilise les réseaux.
06:00 Malheureusement, on ferme quelques points de deal, mais ce n'est pas encore suffisant.
06:03 Mais en tout cas, ils sont à la tâche.
06:04 Et moi, je vous dis qu'on a besoin de tout le monde sur le pont
06:06 et des policiers de terrain pour permettre à ces dealers de vivre l'enfer,
06:09 parce que ce sont eux qui font vivre l'enfer aux habitants,
06:11 et de la police judiciaire pour faire les réseaux.
06:12 Vous savez, j'habite dans une cité.
06:14 Quand vous avez des dealers en bas qui cassent vos boîtes aux lettres,
06:16 qui brûlent l'île d'immeuble, qui vous contrôlent,
06:18 on vous parle pas envers vos entités, c'est insupportable.
06:20 Quand vous avez des CRS, quand vous avez des policiers de la sécurité publique
06:23 qui viennent les bouger, les déranger, les interpeller,
06:25 ça change une vie, ça m'insouffle d'air.
06:27 Et la police judiciaire, d'ailleurs, elle est là pour faire les réseaux,
06:29 là où nos collègues sur le terrain font les petites mains
06:32 et font les dealers de proximité.
06:34 La réaction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
06:37 Regardez ce que Gérald Darmanin écrit ce matin.
06:40 "Nime un enfant de 10 ans tué lors de ce qui semble être
06:44 un règlement de compte entre trafiquants.
06:46 C'est un immense drame qui ne restera pas impuni."
06:50 La police a déjà interpellé de nombreux trafiquants ces dernières semaines
06:52 et va intensifier sa présence avec fermeté.
06:56 Bon, déclaration de fermeté du ministre de l'Intérieur sur Twitter,
07:00 mais c'est la barbarie qui s'installe.
07:03 Les règlements de compte entre trafiquants, on connaît,
07:06 j'allais dire, c'est de la violence, c'est de l'ultra-violence, on connaît.
07:12 Un trafiquant de drogue qui tire sur un gamin de 10 ans,
07:15 c'est de la barbarie, c'est de la barbarie.
07:19 Ils tuent des enfants, ils tuent des enfants pour de la drogue.
07:21 Alors rappelez-vous, sous l'ère de Nicolas Sarkozy, à la Courneuve,
07:23 on avait eu un enfant qui avait déjà pris à l'époque une balle
07:26 entre trafiquants et qui était décédé.
07:28 On a malheureusement toutes ces victimes qui sont des dommages
07:32 du trafic de stupéfiants, avec tout le respect que j'ai pour ces victimes.
07:36 Et c'est pour ça que ces enfants, cette jeunesse aujourd'hui,
07:38 elles doivent savoir que malheureusement, l'avenir de notre pays
07:42 va être très sombre et très mortel si elle est de près ou de loin
07:48 liée à ce trafic de stupéfiants, que ce soit les guetteurs ou les dealers.
07:50 Là, on parle de gamins de 10 ans qui évidemment n'ont rien à voir,
07:53 qui sont des victimes collatérales de trafic de stupéfiants.
07:56 Mais je peux vous dire que je vous l'ai dit, pour les exécuteurs de contrats,
07:58 notamment des tueurs en Syrie que les policiers arrêtent,
08:00 mais pour les guetteurs, pour les dealers, pour toutes les petites mains du réseau.
08:03 Aujourd'hui, on constate que d'abord, on a des publics de plus en plus jeunes
08:05 qui s'adressent au trafic de stupéfiants, mais qu'en plus,
08:08 on a des jeunes qui viennent de tout le territoire national
08:10 pour éviter d'être connus, reconnus des policiers locaux
08:12 et même de la main d'œuvre étrangère, de manière à ce qu'ils aient
08:15 une minimisation des risques au niveau judiciaire et au niveau pénal.
08:19 Cette information de Sandra Buisson, l'homme victime qui conduisait la voiture
08:24 à bord de laquelle se trouvait la petite victime de 10 ans,
08:26 est inconnue des services de police.
08:29 L'homme qui conduisait la voiture à bord de laquelle se trouvait le petit de 10 ans qui est mort
08:34 est inconnu des services de police, nous dit Sandra Buisson.
08:40 Est-ce qu'on se dirige vers une mexicanisation de la France ?
08:45 Alors, on en prend le chemin au niveau de la mexicanisation.
08:47 Vous avez d'abord ces assassinats et ces meurtres qui sont perpétrés
08:51 maintenant en plein jour, en plein centre-ville,
08:53 en plein cœur de nos agglomérations, de nos cités.
08:55 Vous avez aussi en Seine-Saint-Denis, mais aussi à Lyon
08:57 ou aussi parfois dans le Nord, ce qu'on appelle la jambisation,
08:59 c'est-à-dire des réseaux, des gangs, des mafias, des narcotrafiquants
09:03 qui, en semenant une guerre de territoire, une guerre aussi d'égo,
09:06 puisque on sait par exemple que pour Marseille, il y a des guerres d'égo
09:09 et des guerres de personnes qui sont à l'origine de ces règlements de comptes.
09:12 On a fait facilement aujourd'hui des mouvements d'intimisation
09:17 qui sont faits en tirant dans les jambes, mais aussi ces meurtres et ces assassinats.
09:19 Mais la seule arme de guerre, je vous l'ai dit, de la police-légionnaire-marie,
09:22 aujourd'hui, c'est l'outil de la police judiciaire.
09:24 C'est des enquêteurs chevronnés, expérimentés, aguerris,
09:27 qui ont les techniques, qui ont les moyens, qui ont le temps
09:29 d'identifier les petites mains jusqu'au grand réseau,
09:31 de faire des surveillances, des filatures, des écoutes téléphoniques,
09:34 toutes les techniques que les policiers disposent aujourd'hui
09:37 par la législation et le législateur pour pouvoir faire tomber les réseaux.
09:40 Les policiers de terrain font tomber les petites mains
09:42 et ceux au quotidien qui pourrissent en réalité l'enfer de ces habitants.
09:46 Et la police judiciaire fait les grosses têtes, les gros bonnets, les gros réseaux.
09:49 Par exemple, les Gofas qui viennent de l'Espagne, pour le sud de la France,
09:52 ou même du nord de la France, par la Belgique ou les Pays-Bas.
09:54 Et même aujourd'hui, la douane qui fait un travail exceptionnel au port du Havre,
09:57 mais aussi dans toutes les entrées maritimes en Méditerranée,
10:00 par exemple à Marseille, pour épauler leurs camarades de la police et de la gendarmerie.
10:04 Là, c'est un mineur qui est victime d'une fusillade.
10:07 Je vous rappelle cette information principale de la matinée.
10:12 Un enfant de 10 ans tué à Nîmes dans une fusillade probable.
10:16 Règlement de compte entre trafiquants de drogue dans une cité, la cité Pisse 20 à Nîmes.
10:21 Je dis probable parce que je reprends les mots du ministre de l'Intérieur.
10:27 Des mineurs qui sont donc victimes, on l'a vu, là à 10 ans, c'est un tout petit.
10:33 Et des mineurs qui sont aussi, Mathieu Vallée, embauchés entre guillemets par des trafiquants de drogue.
10:41 On le voit de plus en plus.
10:43 Mais aujourd'hui, il faut que certains magistrats...
10:45 J'entends mineurs, jeunes mineurs, moins de 15 ans.
10:49 Aujourd'hui, Romain Désalbes, on a un sérieux problème avec la délinquance des mineurs.
10:52 Au-delà, évidemment, de la comparaison qu'on ne fait pas par rapport à l'affaire de Nîmes,
10:57 qui n'a rien à voir, mais sur la délinquance des mineurs, on a un gros sujet.
11:00 On a des juges pour enfants qui doivent sortir de l'idéologie du béni-oui-oui
11:04 en traitant les délinquants mineurs que les policiers et les gendarmes leur présentent
11:07 dans des enquêtes qui sont bien ficellées.
11:08 Tenez-vous bien, ça fait froid dans le dos.
11:10 Je ne vais pas vous parler de faits d'il y a deux ou trois mois.
11:11 Je vous parle des trois dernières semaines.
11:13 On a eu à Marseille deux adolescents de 15 et 18 ans qui ont été mis en examen à Écrouet
11:17 pour avoir égorgé une victime de 70 ans.
11:18 À Grényes, ça fait la lune de l'actualité, on a eu deux auteurs présumés de 17 et 20 ans
11:23 qui ont littéralement lynché et fracassé une victime pour voler des deux roues
11:27 et à qui on rattache plusieurs faits similaires sur la même commune, le carrefour du Cournil.
11:31 Vous savez, les policiers le connaissent bien puisqu'on a Vincent et Jenny
11:33 qui avaient été brûlés vifs en octobre 2016 sur ce carrefour par des criminels.
11:36 À Los Angoines, dans le Pas-de-Calais, chez moi, pardon d'être chauviniste,
11:39 vous avez un mineur de 16 ans qui a égorgé une victime de 25 ans
11:42 parce qu'elle lui avait refusé l'entrée avec ses camarades.
11:44 Ensuite, à Garches, vous avez eu hier un garçon de 12 ans
11:47 qui déclare avoir été frappé, mis à nu, filmé sur Snapchat
11:50 par des individus qui sont très jeunes.
11:51 À Cherbourg, pour terminer, pardon de la longue liste
11:55 qui malheureusement est le quotidien, non pas de faits divers,
11:58 mais de faits d'insécurité qui deviennent des faits de société,
12:00 on a une mise en cause de 18 ans qui avait été déjà concernée par une viole sur mineurs
12:03 et qui est mise en cause et aujourd'hui incarcérée
12:05 pour un viol accompagné d'art de torture et de barbarie.
12:08 On voit bien qu'aujourd'hui, il y a un gros sujet sur la dénacrance des mineurs.
12:11 Le mineur de 2023, ce n'est plus mineur de 1945.
12:13 Et force est de constater que toutes les réformes de l'Ordonnance des mineurs
12:16 depuis 1945 qui sont au nom d'une quarantaine, ont été un échec.
12:20 Pourquoi ? Parce qu'on a des mineurs de plus en plus jeunes,
12:22 de plus en plus violents, de plus en plus débridés et pour qui tuer quelqu'un
12:26 ne correspond plus à grand chose et banalisé.
12:29 Et aujourd'hui, il faut être clair, la majorité pénale, elle a 18 ans.
12:32 Dans quelques temps, en 2024, on aura la possibilité de passer le permis à 17 ans.
12:35 Donc, je pense qu'il faut réfléchir à une réévaluation par le bas
12:39 de la majorité pénale, peut-être à 16 ans.
12:41 Ensuite, vous avez effectivement des établissements pénitentiaires
12:44 pour mineurs qu'il faut augmenter et créer de manière à ce qu'on enferme ces mineurs.
12:48 Moi, je vous dis que j'ai un ami qui travaille dans l'association Red Aventure,
12:51 qui a été faire un établissement pénitentiaire pour mineurs.
12:53 Je peux vous dire que là-bas, les jeunes qui sont incarcérés sont très assurés,
12:56 sont très fiers et sont très confiants, malgré les faits criminels,
12:59 parfois, qui le sont reprochés.
13:01 Et enfin, vous avez des peines de ferme qui doivent être délivrées
13:04 à l'endroit de ces mineurs parce que quand on est barbare
13:06 et qu'on est aussi violent à 16 ans qu'à 25 ans,
13:08 on doit être jugé de la même manière.
13:10 Est-ce que vous voyez arriver ?
13:12 Est-ce que vous pensez que les politiques,
13:17 les autorités comprennent l'importance de la situation ?
13:20 On compris l'importance de ce qui était en train de se passer en France ?
13:24 Vous êtes un policier, il y a beaucoup d'informations qui vous remontent.
13:29 Il y a d'autres syndicats, mais je pense qu'il y a une espèce de consensus
13:32 des policiers pour dire que la situation devient de plus en plus difficile, compliquée.
13:37 Est-ce que vous faites confiance aux autorités pour régler ce problème ?
13:40 Est-ce que vous pensez que ces autorités sont aveugles ou réalistes ?
13:44 En tout cas, le rôle des syndicats, notamment mon syndicat des commissaires,
13:47 c'est de faire des propositions alertées, comme on a bien constaté.
13:50 Écoutez, Romain Désarra, est-ce qu'on peut parler de concret ?
13:52 Vous savez que j'aime bien parler de concret.
13:53 On prend les émeutes, si je peux me permettre.
13:55 Les émeutes, ça fait un mois et demi.
13:57 Vous avez vu le paradoxe dans lequel notre institution policière est ?
14:00 Il y a un mois et demi, on se voyait sur ce plateau,
14:02 je quittais les scènes d'émeute du Val-de-Marne,
14:04 où je suis engagé en Bac de l'Union départementale du Val-de-Marne,
14:06 et j'étais sur votre plateau pour vous dire qu'on va venir à l'Apocalypse,
14:08 c'est des scènes d'insurrection.
14:09 On avait réussi finalement, en un mois et demi, à nous faire croire
14:12 que le problème de notre pays, ce n'était plus les émeutes, c'était les policiers.
14:15 Le procès des émeutes, c'était devenu le procès des policiers.
14:18 Vous avez des femmes et des hommes qui ont tout donné,
14:20 qui ont tout sacrifié, qui ont mis en avant leur vie,
14:23 leur temps, leur disponibilité, leur intégrité physique.
14:26 Je rappelle qu'on a 900 policiers, gendarmes et pompiers
14:28 qui ont été blessés durant trois jours,
14:30 pas durant trois semaines comme en 2005.
14:32 Et après, qu'est-ce qu'on a eu comme remerciement ?
14:34 Le procès de notre institution.
14:35 Eh bien, vous voyez, cruelle, cruelle actualité
14:38 que de montrer qu'en fait, le problème de notre pays,
14:39 ce n'est pas la police, mais c'est les délinquants.
14:41 Quand vous avez les faits que vous évoquez chaque jour,
14:44 les faits d'insécurité, les faits de société,
14:46 les faits de criminalité ou de barbarie pour des faits maintenant sordides,
14:49 que ce soit un regard mal croisé pour voler un téléphone portable
14:51 ou pour des règlements de compte à Marseille,
14:53 on voit bien aujourd'hui qu'en réalité, pendant un mois,
14:55 on nous a fait croire que le problème de notre société,
14:57 c'était l'affaire Eddy sur l'affaire Marseille.
14:59 Même s'il y a une enquête qui est en cours
15:00 et qu'évidemment, les policiers ont à rendre des comptes,
15:02 ne cachons pas la forêt par un arbre qui n'en est évidemment pas l'exemple.
15:05 En tout cas, nos policiers et nos gendarmes,
15:07 ils ont été courageux, ils ont été fiers
15:09 et dans notre société, ce sont les derniers remparts
15:11 à faire face à toute cette barbarie, à protéger les classes sociales.
15:14 Parce que le gros problème, Romain Désabre,
15:16 et j'en terminerai là, c'est que le bilan, c'est quoi ?
15:19 C'est que c'est vous, c'est moi, c'est nous
15:21 qui allons payer tous les dégâts, un milliard d'euros,
15:23 par ces profils qu'on a interpellés.
15:24 Vous savez, je viens d'un quartier populaire,
15:26 vous savez comment on appelle ces gens ?
15:27 Des cassos, des cas sociaux.
15:28 On leur a tout donné, on leur a tout payé,
15:31 on leur a tout excusé depuis des années.
15:32 Et finalement, aujourd'hui, c'est la République
15:34 qui va passer au tiroir.
15:36 Si vous n'avez pas échappé, qu'on a un budget
15:38 qui est en cours de préparation par l'État
15:40 et qu'un milliard d'euros, ça ferait du bien.
15:41 Vous voyez par exemple que la filière viticole,
15:43 les vignerons, on va leur demander des sacrifices
15:46 sûrement de l'ordre de 300 millions d'euros.
15:48 Vous voyez qu'avec un milliard, on peut faire beaucoup de choses.
15:49 Avec un milliard, on peut refaire des tribunaux,
15:51 on peut embaucher encore plus de magistrats,
15:53 on peut donner encore plus de moyens aux policiers.
15:54 Donc c'est un milliard, c'est des gamins,
15:57 souvent, c'est des jeunes individus
15:59 qui ont malheureusement passé à l'acte
16:02 et qui font qu'aujourd'hui, notre société a été diffigurée
16:05 par ces émeutes. Et moi, je vous le dis,
16:06 il faut un soutien sans faille à New Forth The Land
16:08 parce que ce sont eux qui tchênent la colonne vertébrale
16:09 de notre République.
16:10 Mathieu Vallée avec nous ce matin.
16:12 Merci beaucoup d'être venu sur le plateau de la matinale.
16:14 Policier et commissaire de police, bien sûr.
16:16 Et on a commencé cette interview avec ce qui s'est passé à Nîmes
16:20 et on va y revenir dans un instant.
16:21 Merci Mathieu Vallée.
16:22 [Musique]
16:26 [SILENCE]