La Première ministre Elisabeth Borne à la conférence de rentrée du Medef

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La Première ministre Elisabeth Borne se trouvait ce lundi à la conférence de rentrée du Medef à Paris. Revivez sa prise de parole en intégralité.
Transcript
00:00 Bonjour Madame la Première Ministre.
00:01 Bonjour.
00:02 Tout à l'heure, comme musique d'accueil, Patrick Martin avait choisi
00:04 "Don't Stop Me Now".
00:06 Ça pourrait être votre hymne aussi, non ?
00:08 On peut peut-être passer à la suite.
00:12 Vous l'avez entendu Patrick Martin, c'est comme le poète Pierre Reverdy
00:22 qui disait "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour".
00:25 Il veut donc des preuves d'amour de votre part,
00:28 des preuves d'amour pour les entreprises.
00:30 On va passer en revue les différentes revendications du MEDEF.
00:34 Est-ce que vous êtes un gouvernement pro-business ?
00:36 Alors je vous confirme que depuis 2017,
00:41 sous l'autorité du Président de la République,
00:44 les différents gouvernements ont été pro-business.
00:48 Et vous l'avez dit Monsieur le Président, cher Patrick Martin,
00:51 et j'en profite pour vous féliciter publiquement
00:54 pour votre élection à la présidence du MEDEF,
00:57 pour saluer votre prédécesseur avec qui on a eu de nombreux échanges.
01:01 Donc depuis 2017, je pense que c'est nouveau,
01:05 nous menons une politique pro-business
01:08 parce que nous sommes convaincus que c'est bon pour notre pays
01:12 et bon pour ses salariés. C'est comme ça qu'on crée des emplois,
01:16 c'est comme ça que notre pays peut enfin sortir du chômage de masse,
01:21 que le chômage est au plus bas depuis 40 ans,
01:23 et je vous confirme que nous allons continuer.
01:25 Alors ça c'est la déclaration d'amour,
01:30 on vient en propre d'amour maintenant.
01:33 La CVAE, la promesse était qu'elle soit supprimée,
01:37 8 milliards d'euros d'impôts de production
01:40 qui pèsent sur les entreprises. L'an dernier, il y a eu un petit décalage,
01:43 finalement vous aviez décidé de le faire en 2 ans, 4 et 4,
01:46 et là on nous dit que ça ne serait plus 4 et 4,
01:49 mais 4 + 1 + 1 + 1 + 1.
01:51 C'est-à-dire que la suppression de la CVAE, ça serait pour 2027,
01:55 la suppression définitive.
01:57 Est-ce que vous confirmez, et est-ce que ce n'est pas un reniement de vos engagements ?
02:01 Ce que je vous confirme, c'est que la totalité de la CVAE
02:06 sera supprimée avant la fin du quinquennat,
02:09 et qu'on le fera au rythme le plus rapide possible,
02:13 en tenant compte d'un autre objectif, je pense, que l'on partage,
02:18 qui est la nécessité de tenir notre trajectoire de maîtrise de nos finances publiques,
02:25 et si on ne le faisait pas, si on ne respecte pas nos objectifs
02:30 de maîtrise de la dette, de baisse de la dette, de réduction des déficits,
02:35 je pense que tous les chefs d'entreprise qui sont ici le savent,
02:39 ça aurait un impact immédiat sur les taux d'intérêt,
02:42 et donc sur notre activité économique.
02:45 La CVAE sera supprimée en totalité d'ici la fin du quinquennat,
02:50 au rythme le plus rapide, compatible, avec notre trajectoire de finances publiques.
02:55 Et si je dis ça, c'est que je pense que là aussi,
02:58 tous les chefs d'entreprise qui sont présents le savent,
03:01 on a aujourd'hui un contexte macroéconomique
03:05 qui est plus incertain que ce qu'on pouvait attendre,
03:09 dans lequel notre pays résiste bien, on pourra y revenir,
03:13 et donc on doit tenir compte de ce contexte macroéconomique.
03:17 Chacun doit prendre sa part, l'Etat prend la sienne,
03:21 notamment avec une baisse de 3% des dépenses en volume l'an prochain.
03:27 Ça n'est pas habituel, une baisse de 3% des dépenses de l'Etat en volume,
03:31 donc l'Etat prend sa part pour tenir notre trajectoire de finances publiques,
03:36 malgré un environnement macroéconomique qui est plus incertain,
03:41 et on demande en effet à chacun d'entendre la nécessité
03:45 de participer à cet effort, si je peux dire,
03:49 et en effet, l'engagement n'est pas de tout faire en 2024,
03:54 mais d'avoir tout fait en 2027.
03:56 Autre sujet d'inquiétude dans la préparation du budget et du PLFSS,
04:00 les indemnités journalières, les arrêts maladie,
04:04 il était à un moment donné envisagé, au début de l'été peut-être,
04:07 d'augmenter les genres de carences, et donc de faire porter davantage
04:10 aux entreprises et aux mutuelles le paiement de ces jours d'arrêts maladie.
04:14 Est-ce que c'est une piste qui est abandonnée,
04:17 comme le semble indiquer votre ministre de la Santé ?
04:19 Alors, je pense que là aussi, c'est un constat qu'on peut tous faire,
04:24 le nombre et le coût des arrêts maladie augmentent.
04:30 C'est évidemment autant d'argent qui ne peut pas aller
04:34 au financement de notre hôpital,
04:37 au financement de notre politique du médicament.
04:40 Donc je pense que tout le monde a intérêt à ce qu'on puisse contenir
04:45 les dépenses liées à ces arrêts maladie.
04:48 Une partie de la hausse, il faut le dire aussi,
04:51 est liée à l'augmentation du nombre de salariés.
04:54 C'est donc le revers, on va dire, de la bonne nouvelle
04:57 d'un taux d'activité qui est plus élevé qu'il n'a jamais été.
05:01 Mais donc je pense qu'on doit travailler ensemble,
05:04 et il n'y aura pas une décision descendante venant du gouvernement
05:09 sur la bonne méthode pour y parvenir,
05:12 mais nous devons ensemble, médecins, assurances maladies,
05:16 gouvernements, employeurs, salariés,
05:20 trouver la façon de contenir ces dépenses.
05:23 Mais en tout cas, il n'y aura pas une décision unilatérale
05:26 qui tomberait sur les entreprises.
05:28 Troisième sujet, l'UNEDIC qui fait des excédents, tant mieux.
05:31 Ca veut dire que 1, c'est bien géré,
05:33 et 2, c'est bien que la situation de l'emploi est bonne.
05:36 Patrick Martin faisait part de ses craintes que l'Etat
05:39 ne ponctionne 11 à 12 milliards d'euros
05:42 sur les futurs excédents de l'UNEDIC.
05:45 Est-ce que c'est votre volonté ?
05:47 Alors peut-être dire que si l'UNEDIC fait des excédents,
05:50 on peut aussi se dire que c'est grâce à une réforme
05:53 de l'assurance chômage qui a été portée
05:56 dans le précédent quinquennat,
05:59 notamment par une ministre du Travail que je connais bien,
06:02 ma prédécesseure puis moi-même,
06:05 et que nous avons poursuivie dans ce quinquennat.
06:08 Et on dit souvent qu'on doit faire attention
06:11 à réduire nos dépenses courantes.
06:14 Typiquement, je pense qu'on peut se réjouir
06:17 que les dépenses d'assurance chômage
06:20 baissent de 15 milliards d'euros à horizon,
06:23 de 1027 15 milliards d'euros de moins par an,
06:26 notamment grâce à ces réformes.
06:29 Alors ces excédents, en effet,
06:32 au moment où nous sommes,
06:35 où ceux qui n'ont pas un emploi aujourd'hui,
06:38 ceux qui sont demandeurs d'emploi, qui sont éloignés de l'emploi,
06:41 sont sans doute plus éloignés qu'ils ne l'étaient jusqu'à présent,
06:45 je pense que c'est un bon investissement pour l'UNEDIC
06:49 de contribuer à l'effort de la nation
06:52 pour la formation des demandeurs d'emploi
06:55 pour le meilleur accompagnement de ceux qui sont plus éloignés de l'emploi.
06:58 Donc c'est le sens du document de cadrage
07:01 que j'ai adressé aux partenaires sociaux.
07:04 Et je pense que de faire du préventif,
07:07 d'accompagner davantage des demandeurs d'emploi dans l'emploi,
07:10 de mieux les former,
07:13 c'est autant de dépenses d'assurance chômage
07:16 de moins demain.
07:19 Et c'est aussi permettre de répondre à la difficulté,
07:22 je pense que beaucoup parmi vous rencontrent, de recrutement.
07:25 Si on veut répondre aux demandes de recrutement,
07:28 aux besoins de recrutement des entreprises, bien sûr,
07:31 de notre côté, ça veut dire adapter notre appareil de formation initiale,
07:34 ça veut dire aussi mieux accompagner les demandeurs d'emploi,
07:37 leur trouver les bonnes formations, le bon accompagnement.
07:40 C'est comme ça qu'on évitera d'avoir des emplois non pourvus
07:43 et de se priver aussi de la richesse collective
07:46 que nous pouvons produire si,
07:49 ces emplois peuvent être pourvus.
07:52 - Tout à l'heure, dans son message au Medef,
07:55 le président de la République parlait d'une conjoncture
07:58 un peu plus difficile.
08:01 Comment abordez-vous, madame la Première Ministre,
08:04 cette rentrée économique avec l'inflation
08:07 qui se réduit légèrement mais qui est toujours là,
08:10 le pouvoir d'achat des ménages qui est contraint,
08:13 les incertitudes sur la situation économique mondiale en Europe,
08:16 l'Allemagne qui est en croissance nulle,
08:19 la Chine aussi qui a du mal à redémarrer.
08:22 Est-ce que vous êtes inquiète ?
08:25 - Ça ne vous surprendra pas, je partage l'optimisme lucide
08:28 ou la lucidité optimiste du président de la République.
08:31 Je pense qu'on doit évidemment être vigilant dans ce contexte
08:34 mais on a aussi des bonnes raisons de rester optimiste.
08:37 D'abord parce qu'on a des fondamentaux solides,
08:40 je le disais, 2 millions d'emplois créés depuis 2017,
08:43 depuis la 4e fois, la France est le pays le plus attractif
08:46 pour les investissements étrangers en Europe.
08:49 Je ne reviendrai pas sur le taux de chômage
08:52 qui est au plus bas depuis 40 ans
08:55 mais on peut noter qu'en 2023, on aura une croissance d'un pour cent
08:58 pendant que l'Allemagne est en récession.
09:01 Donc on a des motifs d'être optimiste.
09:04 Un autre motif, je pense, de très grande satisfaction
09:07 pour nous tous, c'est la réussite de l'économie.
09:10 C'est la réussite de notre politique de réindustrialisation.
09:13 100 000 emplois industriels créés,
09:16 vous savez j'étais dans le département du Nord hier,
09:19 j'ai eu l'occasion de le dire,
09:22 Dunkerque, sur les 20 dernières années,
09:25 ses 6 000 emplois industriels détruits,
09:28 16 000 emplois industriels vont être créés à Dunkerque.
09:31 Donc on a des raisons d'être optimiste,
09:34 ça ne vient pas de nulle part, je pense que c'est cette politique
09:37 pro-business, comme vous disiez, qui nous amène
09:40 à ces bons résultats, c'est tout l'engagement
09:43 pour la réindustrialisation de notre pays
09:46 et donc je le redis, comme ça marche, on ne va pas changer de cap,
09:49 on continuera cette politique de soutien à l'activité économique.
09:52 On vit évidemment des bouleversements majeurs,
09:55 d'abord la transition écologique et énergétique,
09:58 l'Etat s'engage, investit, flèche même les technologies
10:01 où les entreprises sont actives,
10:04 les technologies où les entreprises sont invitées à investir.
10:07 Est-ce que vous allez continuer ?
10:10 Je crois que le chef de l'Etat doit dérouler une feuille de route
10:13 de transition écologique dans les jours qui viennent.
10:16 Et puis qu'est-ce qu'on peut faire encore davantage
10:19 pour permettre aux entreprises de financer cette transition ?
10:22 Vous savez, je pense que vous l'avez dit,
10:25 monsieur le président, cher Patrick Martin,
10:28 moi je crois dans une croissance
10:31 respectueuse de la planète,
10:34 économe en ressources et riche en emplois.
10:37 Et ce défi, c'est par exemple
10:40 ce que traduit la loi Industrie verte,
10:43 cette confiance dans le fait qu'il peut exister
10:46 une croissance compatible avec les enjeux climatiques.
10:49 Alors évidemment, ça suppose d'agir
10:52 pour notre souveraineté industrielle,
10:55 c'est non seulement une question d'emploi
10:58 mais c'est aussi une question stratégique
11:01 d'autonomie, notamment énergétique,
11:04 sur des matériaux critiques,
11:07 sur des technologies critiques.
11:10 Mais on croit beaucoup à l'innovation,
11:13 c'est les 54 milliards d'euros de France 2030
11:16 pour préparer notre économie,
11:19 pour la positionner sur les secteurs d'avenir.
11:22 Vous savez que sur ces 54 milliards d'euros,
11:25 on a d'ores et déjà été engagé pour soutenir
11:28 plus de 2000 projets d'entreprises de toute taille
11:31 qui vont nous permettre d'être présents
11:34 sur ces technologies d'avenir.
11:37 Ça sera un million de véhicules électriques
11:40 produits dans notre pays à la fin du quinquennat.
11:43 C'est des gigafactories de production d'hydrogène,
11:46 donc c'est tous ces secteurs sur lesquels
11:49 on souhaite se développer, continuer à permettre
11:52 à nos entreprises de se développer.
11:55 On va poursuivre évidemment ces soutiens,
11:58 c'est près de 6 milliards d'euros qui sont d'ores et déjà
12:01 prévus pour la décarbonation de notre industrie.
12:04 Donc je pense que ce combat d'une croissance
12:07 respectueuse de la planète et des enjeux climatiques,
12:10 il faut qu'on la gagne ensemble.
12:13 Je pense que tous ceux qui prônent la décroissance
12:16 devraient dire que la décroissance
12:19 c'est remettre en cause notre modèle social.
12:22 Et je ne sais pas s'il existe une française ou un français
12:25 qui accepterait qu'on remette en cause
12:28 ce bien très précieux qu'est notre modèle social.
12:31 Donc sans décroissance, je vous le confirme.
12:34 Autre révolution, celle de l'intelligence artificielle
12:37 que le président a d'ailleurs cité deux fois tout à l'heure,
12:40 du quantique aussi, de l'informatique quantique.
12:43 Comment on s'y prépare parce que face à nous,
12:46 on est dans cette technologie, dans cette révolution
12:49 de l'économie et du monde du travail ?
12:52 Alors c'est effectivement un défi sur lequel
12:55 notre pays veut se positionner.
12:58 C'est en 2018 qu'on a présenté notre première stratégie
13:01 pour l'intelligence artificielle.
13:04 C'est ensuite la loi de programmation de la recherche en 2020.
13:07 C'est notre stratégie quantique en 2021.
13:10 Et notre objectif, c'est d'abord de maîtriser
13:13 des algorithmes au supercalculateur.
13:16 C'est d'anticiper aussi les impacts économiques et sociaux.
13:19 Et puis c'est de protéger à la fois les créateurs
13:22 et puis les données personnelles.
13:25 Donc c'est toute une stratégie que nous devons mener
13:28 qui concerne beaucoup de secteurs.
13:31 C'est pour ça que, comme l'a proposé Bruno Le Maire,
13:34 je vais créer un conseil stratégique de l'intelligence artificielle
13:37 que je présiderai, qui nous permettra de prendre en compte
13:40 la globalité de tous ces sujets.
13:43 Est-ce qu'on peut faire des deals cet après-midi avec les entrepreneurs ?
13:46 Par exemple, l'emploi des seniors, la partie invalidée
13:49 par le Conseil Constitut, il faut s'y remettre.
13:52 C'est quoi le mode de travail, la feuille de route pour...
13:55 Patrick Martin a dit qu'il était prêt à s'engager.
13:58 Comment on fait ? Et puis autre chose aussi, on parle souvent
14:01 de la trappe à bas salaire, le pouvoir d'achat, j'imagine
14:04 que c'est aussi votre priorité en cette rentrée sociale.
14:07 Par exemple, les effets de seuil, parce que c'est vrai
14:10 que beaucoup de Français restent trop longtemps sur le salaire minimum
14:13 parce qu'il est avantageux pour tout le monde, pour eux,
14:16 pour les entreprises qui payent moins de charges.
14:19 Comment on peut essayer de, petit à petit, lisser ces effets de seuil ?
14:22 Je pense effectivement qu'il est impératif
14:25 que nos concitoyens ressentent dans leur vie quotidienne,
14:28 dans leur vie personnelle,
14:31 l'apport de cette réussite macro-économique
14:34 et c'est comme ça qu'on changera peut-être le regard
14:37 qu'on peut avoir dans notre pays
14:40 sur la relation entre les contribuables et l'entreprise,
14:43 comme ça qu'on pourra faire adhérer
14:46 à notre politique pro-business
14:49 et si chacun en voit les effets dans sa vie quotidienne.
14:52 Donc ça veut dire effectivement pour les seniors
14:55 que les entreprises puissent s'engager,
14:58 mais j'ai bien entendu et c'est une question de la qualité
15:01 de l'agenda social sur lequel vous êtes arrêtés
15:04 avec les organisations syndicales
15:07 et les autres organisations patronales.
15:10 Oui, il faut que les seniors aient toute leur place dans l'entreprise.
15:13 Et puis je pense que c'est aussi indispensable
15:16 qu'on adresse le sujet des métiers
15:19 dont on avait beaucoup parlé au moment de la crise Covid,
15:22 les métiers de la première et de la deuxième ligne.
15:25 Ce sont des métiers dont tous les entreprises
15:28 ont besoin et qui sont sans doute insuffisamment rémunérés.
15:31 Et puis moi je suis aussi convaincue,
15:34 vous savez, j'ai eu l'occasion de le dire hier,
15:37 je pense que si on veut avoir de la cohésion dans notre pays,
15:40 il faut que chacun puisse avoir des perspectives
15:43 d'ascension sociale, de promotion sociale
15:46 et ce défi-là, il faut qu'on le relève
15:49 avec les entreprises et avec les syndicats.
15:52 Et je pense que c'est aussi important
15:55 et ce défi-là, il faut qu'on le relève avec les entreprises,
15:58 qu'on retrouve la possibilité de rentrer.
16:01 Alors il y a des entreprises qui le font,
16:04 mais peut-être qu'on peut le faire davantage,
16:07 qu'on rentre comme vendeur et qu'on termine PDG de son entreprise.
16:10 Je pense à une grande entreprise qui fait ça.
16:13 Et je crois que cette idée
16:16 qu'on a la possibilité
16:19 de rentrer sur les métiers
16:22 peut-être les moins qualifiés d'une entreprise
16:25 et de terminer au poste de direction d'une entreprise,
16:28 c'est aussi comme ça qu'on créera de la cohésion dans notre pays.
16:31 Et vous seriez prête à rediscuter
16:34 de ces fameux effets de seuil ?
16:37 Encore une question supplémentaire
16:40 par rapport aux craintes du Medef tout à l'heure.
16:43 Vous avez abandonné l'idée de baisser
16:46 certains allégements de charges sur les bas salaires ?
16:49 Je pense que le chantier qui est devant nous,
16:52 et je l'ai évoqué quand on a parlé de l'agenda social,
16:55 c'est effectivement comment on sort de ces trappes à bas salaires.
16:58 Geoffroy Roude-Bézieux avait eu l'occasion
17:01 de nous faire une démonstration tout à fait parlante.
17:04 Si donner 100 euros à un salarié
17:07 coûte 300 à l'entreprise
17:10 et qu'à la fin le salarié a 25,
17:13 on voit qu'il y a quelque chose qui ne marche pas.
17:16 Donc il faut absolument qu'on puisse améliorer
17:19 ce mode de fonctionnement
17:22 pour inciter aussi, en tout cas ne pas décourager les entreprises,
17:25 d'augmenter les salaires
17:28 et que les augmentations de salaires se traduisent bien
17:31 par du pouvoir d'achat pour les salariés
17:34 et ne soient pas contrebalancées par exemple
17:37 par une baisse de la prime d'activité.
17:40 Donc je pense que ce chantier est crucial.
17:43 Il faut vraiment les organisations patronales et syndicales
17:46 et c'est vraiment, je pense, une priorité
17:49 parce que les salariés... Vous savez, si vous rentrez dans une entreprise
17:52 en étant payé au SMIC et que vous vous dites que dans 20 ans
17:55 vous continuerez à être payé au SMIC, je pense que ça peut poser
17:58 un problème d'engagement, de sens pour les salariés.
18:01 Il faut qu'on sorte de cette situation.
18:04 (Applaudissements)
18:07 - Vous avez donc devant vous des milliers de salariés
18:10 ou plus de 10 millions de salariés.
18:13 Si vous aviez un ou plusieurs messages à passer aujourd'hui
18:16 en titre de conclusion, qu'est-ce que vous aimeriez leur dire ?
18:19 - Alors peut-être quelques mots pour terminer cet échange
18:22 pour dire qu'en effet, nous sommes dans une période de bouleversement
18:25 et le président de la République l'a dit.
18:28 On est dans un monde multicrise
18:31 qui bouscule nos certitudes
18:34 et qui nous impose des conditions
18:37 de notre modèle démocratique et social.
18:40 Et dans ce contexte, moi j'entends bien vos inquiétudes,
18:43 vos interrogations. J'ai bien noté que certains craignent
18:46 que les entreprises soient moins soutenues,
18:49 peut-être qu'elles soient davantage taxées.
18:52 Donc je le dis et je le redis, il n'en est pas question.
18:55 (Applaudissements)
18:58 Nous sommes dans un monde multicrise
19:01 et nous avons besoin de plus d'experts
19:04 pour faire face à cette situation.
19:07 (Applaudissements)
19:10 Nous sommes la majorité qui a fait le plus
19:13 pour libérer l'activité des entreprises depuis des décennies
19:16 et les résultats sont là.
19:19 Le chômage est au plus bas depuis 40 ans.
19:22 Près de 2 millions d'emplois ont été créés.
19:25 Pour la 4e fois, la France a été désignée
19:28 comme pays le plus attractif en Europe.
19:31 Le chômage est donc plus régulé et supérieur
19:34 à celle de l'Allemagne, de l'Italie ou de l'Espagne.
19:37 Donc en résumé, cette politique économique, elle marche
19:40 et ce n'est donc pas maintenant que nous allons changer de cap.
19:43 Il n'y aura pas de hausse d'impôts.
19:46 (Applaudissements)
19:49 Et puis, vous l'avez aussi dit, cher Patrick Martin,
19:52 l'instabilité, ça ne fait pas bon ménage.
19:55 C'est un problème qui est très important.
19:58 L'instabilité, ça ne fait pas bon ménage
20:01 avec l'activité d'une entreprise.
20:04 Vous avez besoin de visibilité pour déterminer vos stratégies,
20:07 pour anticiper vos investissements dans la transition écologique.
20:10 J'ai été moi-même chef d'entreprise,
20:13 donc je le mesure parfaitement.
20:16 Donc, je le redis, on s'était engagé
20:19 à supprimer totalement la CVAE, ça sera le cas.
20:22 Et d'ici la fin du quinquennat, on souhaite aussi,
20:25 par exemple, pour certains crédits d'impôts
20:28 comme l'éco-PTZ, qui est important,
20:31 évidemment, pour les bénéficiaires,
20:34 mais aussi pour le secteur du BTP,
20:37 donner de la visibilité jusqu'à la fin du quinquennat.
20:40 Donc, ce sera effectivement de la visibilité
20:43 des règles qui seront stables jusqu'à la fin du quinquennat.
20:46 Peut-être un autre point qui me tient à cœur,
20:49 c'est, moi j'entends beaucoup d'entreprises
20:52 qui nous disent "on est submergés",
20:55 et vous l'avez dit, par les règles et par les normes
20:58 qui ne sont pas toujours très lisibles.
21:01 Moi, j'ai une conviction, c'est que ça n'est pas
21:04 la complexité de la norme qui fait son efficacité.
21:07 Donc, je souhaite qu'on puisse recenser avec vous
21:10 les principaux irritants, qu'on puisse les lever
21:13 sans renoncer à nos objectifs,
21:16 et je suis convaincu que bien souvent c'est possible.
21:19 C'est le cas sur certaines normes environnementales,
21:22 et donc on puisse engager ce travail en associant
21:25 des entreprises, des parlementaires et l'administration
21:28 pour avoir des résultats visibles dès 2024.
21:31 Et puis peut-être...
21:34 (Applaudissements)
21:37 Peut-être mon deuxième message, c'est que je suis convaincu
21:40 que les défis devant nous peuvent être des opportunités.
21:43 Je pense bien sûr à la transition écologique,
21:46 le dérèglement climatique nous impose de bâtir
21:49 un nouveau modèle fondé sur la sobriété
21:52 et la décarbonation, mais je le redis,
21:55 ça ne veut pas dire décroître, ça veut dire réinventer
21:58 notre modèle de croissance, et ça passe par
22:01 la planification écologique. Alors la planification écologique,
22:04 ça peut paraître abstrait, c'est en effet
22:07 une démarche inédite, mais il s'agit secteur par secteur,
22:10 territoire par territoire,
22:13 de mesurer nos émissions de gaz à effet de serre,
22:16 de se dire de combien et comment on va les réduire.
22:19 Et je pense que c'est un nouveau modèle qu'on est en train
22:22 d'inventer, un modèle français, avec pour la première fois
22:25 un chemin clair, efficace et crédible
22:28 pour une société qui fait rimer
22:31 croissance, réindustrialisation et décarbonation.
22:34 Et puis nous mettons les moyens, et nous allons
22:37 continuer à le faire, je l'ai dit, c'est les investissements
22:40 de France 2030, les près de 6 milliards d'euros
22:43 pour la décarbonation de l'industrie, les 750
22:46 millions d'euros aussi pour préparer les nouvelles compétences,
22:49 et donc on va effectivement continuer à vous
22:52 accompagner. Et puis peut-être dire que
22:55 effectivement, devant ce défi, comme devant
22:58 les autres crises qui nous bousculent, certains
23:01 nient les réalités ou veulent opposer
23:04 les Français entre eux, et puis d'autres poussent
23:07 un grand retour en arrière, prônent la décroissance
23:10 dont je le redis, ça remettrait en cause notre modèle
23:13 social. En fait, les deux extrêmes
23:16 ont quelque chose en commun, c'est qu'ils ne font pas confiance
23:19 aux entrepreneurs, ils ne font pas confiance à l'entreprise
23:22 et à leurs salariés, ils veulent vous assommer
23:25 de taxes et de contraintes, nous, nous avons
23:28 confiance en vous.
23:32 Et mon 3e message,
23:35 c'est que la confiance que nous plaçons en vous,
23:38 nous l'incarnons par des actes depuis 2017,
23:41 le corollaire, c'est évidemment l'engagement,
23:44 et j'ai bien noté que c'était un des axes
23:47 de vos rencontres. Je le redis,
23:50 la politique de l'offre n'est pas naturelle
23:53 dans notre pays, donc n'hésitez pas à en parler avec les parlementaires
23:56 de l'opposition qui auront des questions,
23:59 qui auront à voter les prochaines lois de finances,
24:02 en tout cas, donc ça n'est pas naturel,
24:05 et trop souvent, les baisses d'impôts ou les aides
24:08 aux entreprises sont perçues comme des cadeaux.
24:11 Et s'il y a,
24:14 là encore, je me répète,
24:17 mais je pense que c'est important, s'il y a des résultats
24:20 au niveau macroéconomique, il faut que nos concitoyens
24:23 ressentent aussi ces bénéfices.
24:26 Les statistiques, c'est bien,
24:29 le quotidien, les résultats concrets, c'est encore mieux.
24:32 Donc les entreprises doivent être à l'écoute
24:35 de la société, à l'écoute de certaines attentes,
24:38 frustrations, parfois des salariés,
24:41 répondre à ces attentes et à ces inquiétudes,
24:44 que ce soit la transition écologique,
24:47 l'égalité des chances, les conditions de travail,
24:50 le pouvoir d'achat, nous avons une responsabilité partagée,
24:53 nous nous sommes prêts à prendre nos responsabilités,
24:56 mais je pense que c'est important aussi
24:59 que les entreprises s'engagent sur le dialogue social,
25:02 plus largement la participation des salariés
25:05 à la vie de l'entreprise, il est légitime,
25:08 et en tout cas c'est une attente forte aujourd'hui
25:11 de donner davantage de sens à leur travail.
25:14 Je pense aux rémunérations, c'est un sujet crucial,
25:17 il y a des métiers mal payés, je le disais,
25:20 et puis c'est d'autant plus important ces sujets
25:23 de rémunération quand des entreprises font des résultats
25:26 importants, je pense aussi aux conditions de travail,
25:29 à l'emploi des jeunes, je le disais, au parcours professionnel,
25:32 au temps partiel subi, aux discriminations à l'embauche,
25:35 à l'accueil des personnes en situation de handicap,
25:38 et puis à l'emploi des seniors. Moi je pense qu'on peut
25:41 se fixer sur l'emploi des seniors, l'objectif de porter
25:44 le taux d'emploi des 60-64 ans à la moyenne européenne
25:47 d'ici 2030. C'est à la fois un enjeu de responsabilité
25:52 et de confiance, mais c'est aussi un enjeu vital
25:55 pour les entreprises qui ont besoin de pouvoir attirer
25:58 les meilleurs talents, et elles attireront ces talents
26:02 en s'engageant sur ces différents points.
26:05 Mesdames et Messieurs, peut-être pour conclure,
26:08 moi je connais les difficultés et les préoccupations
26:11 de la période, dans ce contexte, certains prospèrent
26:16 sur la peur, propagent des mensonges,
26:19 cherchent des boucs émissaires. De notre côté,
26:22 nous croyons au progrès, nous savons que les grandes heures
26:26 de la France sont devant nous, et que nous avons
26:29 toutes les volontés et tous les talents pour réussir.
26:32 Nous croyons dans le travail qui permet de choisir sa vie,
26:35 de se construire et de s'émanciper. Nous croyons
26:39 dans l'entreprise, dans l'entreprenariat qui permet
26:42 l'innovation, l'emploi, et qui doit être un levier
26:45 d'ascension sociale. Nous croyons dans l'Europe
26:49 qui nous permet de peser, de surmonter les difficultés
26:52 et de renforcer notre souveraineté.
26:55 Mesdames et Messieurs, le thème de votre rencontre
26:57 est "Demain ne meurt jamais", j'en suis certaine,
27:00 nous avons encore beaucoup à faire et à réussir ensemble.
27:03 Je vous remercie.

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