Mardi 29 août 2023, SMART IMPACT reçoit Sébastien Barles (Adjoint au Maire de Marseille délégué à la transition écologique) et Vincent Godebout (Directeur du programme, Territoires Zéro exclusion énergétique)
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00:00 Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:04 C'est le débat de Smart Impact, on parle exclusion énergétique avec Vincent Godbout. Bonjour, bienvenue.
00:17 Bonjour.
00:18 Vous êtes le directeur du programme Territoire Zéro Exclusion Énergétique, avec nous également en duplex Sébastien Barle,
00:23 qui est adjoint au maire de Marseille, délégué à la Transition Écologique. Bonjour et bienvenue à vous aussi.
00:30 On va présenter tout simplement pour commencer ce programme, Vincent Godbout, c'est quoi ? Territoire Zéro Exclusion Énergétique.
00:36 Ça vient d'être lancé, c'est ça ?
00:37 Oui, effectivement. C'est un programme qui vient d'être lancé, mais qui est le fruit d'une association qui est réunie des acteurs de nature différente.
00:44 Des entreprises, des acteurs sociaux, des associations de lutte contre la précarité, Schneider Electric, EDF, Saint-Gobain,
00:52 qui se mettent autour d'une même table, des collectivités, la ville de Marseille, autour d'une même table pour évoquer cette question de précarité énergétique
01:00 et de solutions à trouver. Et donc la première des solutions, c'est de dire qu'il faut se rapprocher au plus près des besoins.
01:07 Le plus près des besoins, c'est le territoire. Le territoire urbain, le territoire rural, un quartier dans une rue.
01:13 Alors, justement, c'est quoi un territoire ? Parce que c'est quoi ? Un quartier d'une ville, c'est pas si grand que ça.
01:19 C'est pas un département ou une région quand on dit territoire.
01:21 Alors, on a un département, la Mahéienne, par exemple, qui a été labellisé et qui s'engage dans les années à venir, qui a signé un label,
01:27 qui s'engage à développer tous les moyens possibles pour lutter contre la précarité énergétique, notamment pour les propriétaires en situation de précarité.
01:39 Alors ça, vous avez prononcé le mot le plus important. On parle des propriétaires. Ce qui peut sembler paradoxal peut-être aux yeux de certains.
01:47 Vous êtes propriétaire, vous n'avez pas les moyens de rénover votre logement. Et pourtant, et pourtant, ça concerne beaucoup de Français, cette situation.
01:53 — Et pourtant, ça concerne 2 millions de Français qui n'ont pas les moyens aujourd'hui de se loger dans 500 000 maisons à peu près en France.
02:03 Vous devenez propriétaire, vous avez un accident de vie, un accident de parcours. Vous tombez au chômage. Et puis le chômage se poursuit.
02:11 Vous tombez au RSA. Vous n'avez plus le droit, eh bien vous n'avez plus le droit, plus les moyens d'entretenir correctement votre logement.
02:17 Alors certes, il y a des aides qui existent, des aides publiques qui existent. Mais ces aides sont limitées dans le temps, sont limitées à certains profils de personnes, etc., etc.
02:26 Et donc l'idée de ce programme, c'est aussi de créer un nouveau métier pour faire dialoguer ensemble l'ensemble des parties prenantes.
02:34 — Alors ça, on va l'expliquer en détail. Je me tourne vers Sébastien Barle. Est-ce qu'il y a beaucoup de Marseillais qui sont dans ce cas-là propriétaires,
02:39 soumis à ces questions d'exclusion énergétique ? Ça, c'est la première question. Et puis aussi, pourquoi ce programme vous intéresse à Marseille ?
02:47 — Alors Marseille, en fait, est extrêmement concernée par la question de précarité énergétique. On sait qu'on a hérité en tout cas de lourds problèmes,
02:59 de logements indignes extrêmement importants. Donc on a tout un programme de rénovation qui doit coupler en fait la rénovation thermique en fait de ces logements.
03:07 Ça, c'est pour le cœur de ville ancien de Marseille. Et puis il y a beaucoup de quartiers avec de l'habitat ancien dégradé.
03:14 Et ce sont des passions thermiques avec effectivement souvent des propriétaires occupants qui ont très peu de moyens et donc qui sont en situation de précarité.
03:22 À Marseille, effectivement, l'hiver n'est souvent pas tellement rude. En revanche, les étés, on a des épisodes extrêmes.
03:28 On en a un encore qui est en train de finir, je l'espère, mais qui est très rude. Et on sait qu'on a des boulevards thermiques.
03:33 Et donc la contrainte en fait, la précarité énergétique, c'est l'hiver avec l'impossibilité de se chauffer,
03:40 mais c'est également l'impossibilité de rafraîchir son immeuble l'été. Et donc c'est essentiel d'aller vers ce type de dispositif.
03:47 Et nous, ça nous a intéressé d'aller vers ce dispositif de territoire zéro exclusion parce qu'on a déjà,
03:53 on travaille déjà avec différents donneurs d'alerte pour repérer, pour accompagner des ménages en situation de précarité.
03:59 Mais on voulait expérimenter sur un territoire, donc un quartier de la ville de Marseille qui fait environ 10 000 personnes.
04:05 On souhaite expérimenter en fait un dispositif qui massifie en fait la question de la rénovation en s'appuyant d'abord sur les propriétaires occupants,
04:12 les accompagnants, mais également en traitant l'ensemble du quartier pour montrer que c'est possible en mobilisant l'ensemble des forces,
04:18 l'ensemble des acteurs, de lutter contre la précarité énergétique. Et c'est un défi majeur pour les prochaines années.
04:24 – Ça veut dire Sébastien Barle que, tout simplement, on va être très concret, c'est des travaux d'isolation qui vont être mis en œuvre,
04:33 qui vont, je ne sais pas à quelle échéance d'ailleurs, vous pouvez nous le détailler dans les prochains mois peut-être, dans les prochaines semaines ?
04:38 – C'est une démarche globale, effectivement, on va s'appuyer sur ce nouveau métier qui vient d'être évoqué, les ensembles du Solidaires.
04:47 Et l'idée donc c'est d'accompagner en fait les ménages sur l'ensemble des phases, donc à la fois sur trouver des financements,
04:53 trouver également le reste à charge, donc on cherche des partenaires en fait financiers qui peuvent nous accompagner, des entreprises qui pourraient être…
05:01 – Alors on a perdu le lien, mais on va retrouver Sébastien Barle dans un instant. On vient d'entendre ce mot pour la première fois,
05:08 j'avoue que je ne le connaissais pas, "ensemblier solidaire", donc c'est ce nouveau métier dont on parle.
05:13 C'est quoi ? C'est une sorte de chef d'orchestre de compétences qui existaient déjà, qui existent déjà ?
05:19 – Exactement, donc l'idée c'est plus qu'un chef d'orchestre, la personne doit maîtriser les aspects techniques, les aspects financiers, les aspects sociaux,
05:27 entrer en dialogue avec l'ensemble des parties prenantes qui vont être des artisans demain, qui vont intervenir dans des familles, dans des foyers,
05:33 qui sont des familles en situation de précarité. Ce n'est pas toujours facile de discuter avec ces familles qui ont des difficultés particulières.
05:39 Ces familles aussi, il faut qu'elles aient confiance dans le dispositif, et donc M. Barle parlait très justement du reste à vivre.
05:47 Aujourd'hui, la mission de cet ensemblier solidaire va être d'identifier tous les financements disponibles, de les ajouter un par un,
05:55 et il y aura un reste à charge pour la famille. C'est impossible pour ces familles de financer le reste des travaux,
06:01 qui va représenter entre 5 et 10 000 euros environ. Et donc en fait, pour financer ce reste à charge, on est en train de créer un fonds,
06:08 et donc l'ensemblier va mettre tout le monde autour de la table, avec la famille concernée, et puis ensuite, quand les travaux vont continuer,
06:15 l'ensemblier va accompagner de bout en bout, donc du montage du dossier, jusqu'au moment où la famille va avoir son logement rénové.
06:24 J'ai visité, il y a trois semaines, deux familles qui se trouvent dans les Hauts-de-France en particulier.
06:31 Une des familles a un enfant qui souffre d'un handicap. Il a eu 17 interventions chirurgicales, ce qui fait que le papa a dû abandonner son travail.
06:43 Et puis progressivement, il s'est installé dans une situation de précarité. Le papa n'a plus de travail. Ils ont dû déménager pour la durée des travaux.
06:51 Donc ils ont été accompagnés par un ensemblier territorial. On teste ce programme depuis aujourd'hui trois ans.
06:57 Mais l'idée, c'est vraiment, comme le disait M. Barl, de massifier le programme.
07:03 – Avec quel budget ? Parce qu'il y a forcément de l'argent public, de l'argent des collectivités locales. Comment c'est financé ?
07:09 – Alors aujourd'hui, c'est financé, c'est un programme de 15 millions sur trois ans, qui est financé exclusivement par quatre partenaires entrepreneuriaux.
07:19 En l'occurrence EDF, en l'occurrence pour partie, sur les certificats d'économie d'énergie, OAN, Elio, et puis les Mousquetaires,
07:28 enfin la filiale des Mousquetaires, du groupe Les Mousquetaires, qui s'occupe des pétroles et des rivets.
07:33 Et donc en fait, l'ensemble du programme, par déjà long, est validé par la DGEC, qui valide le fait que les travaux sont bien réalisés,
07:41 la Direction Générale de l'Environnement et du Climat, qui valide qu'eux. Et nous, nous sommes rémunérés par nos partenaires, fonction de l'avancement du chantier.
07:52 – Sébastien Barl, on vous a retrouvé, donc je vous redonne la parole tout de suite.
07:57 Vous nous avez dit, ça concerne, pour l'instant, parce que c'est peut-être que ça grandira, un quartier spécifique, 10 000 personnes à Marseille.
08:06 On était là dans des exemples très concrets, ce sont des personnes qui sont en exclusion énergétique.
08:14 Est-ce que ça s'est aggravé avec la hausse du prix de l'énergie ? J'imagine que oui. Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire de ça ?
08:19 – Alors, en fait, on a identifié, pour l'instant, on a trois quartiers, en fait, on a identifié les quartiers
08:26 où il y a effectivement un nombre de propriétaires occupants assez important.
08:31 Et il y a également, on a travaillé sur le taux de pauvreté des quartiers et également sur le taux de précarité énergétique.
08:37 Pour être au-dessus, en fait, de la moyenne de Marseille, si vous voulez, on veut aller sur un quartier
08:41 qui est quand même fortement impacté par la précarité énergétique.
08:44 Et on voit, effectivement, que ce fléau de la précarité énergétique est en train de s'aggraver énormément,
08:50 notamment en touchant maintenant les bailleurs sociaux.
08:52 C'est-à-dire, en fait, aujourd'hui, on a à Marseille des personnes qui payent plus de charges
08:58 qu'ils ne payent de loyer dans le parc social de la ville.
09:01 Et on a des mouvements de locataires qui sont extrêmement importants.
09:03 Et ça, c'est lié, en fait, à l'explosion, effectivement, du coût d'énergie qui est en train de rebaisser actuellement
09:09 mais qui a été très, très rude pour l'ensemble des locataires,
09:12 notamment, je vous le disais, dans le parc public.
09:15 Et donc, on a une situation qui s'aggrave et la question énergétique, pour nous, est essentielle.
09:20 Alors, on essaye de développer des boucles, des communautés locales d'énergie avec du renouvelable.
09:26 Ça, pour nous, c'est également un pari d'avenir que l'on fait,
09:28 parce que ça va permettre de baisser et surtout de garantir un coût d'énergie constant sur une vingtaine d'années.
09:34 Pour nous, ça, c'est un pari qui est essentiel.
09:36 Mais on veut également aller sur des programmes globaux de massification de la rénovation.
09:41 C'est extrêmement important.
09:43 Et pour ça, il faut également que ces programmes soient accompagnés,
09:46 et c'est ce que l'on trouve dans le dispositif de stop-expulsion énergétique,
09:50 par des programmes de formation, en fait, des artisans, des professionnels en local,
09:54 parce que ça crée de l'emploi également local,
09:56 et puis par des filières d'approvisionnement également de matériaux biosourcés, géosourcés,
10:01 pour isoler les bâtiments qui vont être concernés, environ 350 bâtiments sur un quartier de Marseille.
10:07 – Vincent Gaudebou, il y a évidemment…
10:09 enfin, on peut modéliser ce que ça va apporter en termes de bilan carbone,
10:13 parce que ces passoires thermiques, elles vont l'être de moins en moins grâce à un programme comme celui-là.
10:17 – Oui, bien entendu, on peut tout modéliser,
10:19 et pour nous, en fait, on peut arriver à éradiquer cette problématique,
10:23 cette problématique en 2030.
10:25 Voilà, si on arrive à massifier le programme, à former suffisamment d'acteurs,
10:29 donc ces ensembliers solidaires, mais aussi les ensembliers territoriaux.
10:34 Donc les ensembliers territoriaux sont des gens qui vont intervenir dans chacun des territoires,
10:39 on va en avoir un à partir de septembre à Marseille,
10:41 qui va mettre autour de la table l'ensemble des acteurs du territoire.
10:45 Là, on n'aura plus la famille, mais vraiment l'ensemble des acteurs.
10:48 On va former les artisans, on va former des bénévoles associatifs,
10:52 on va former des travailleurs sociaux,
10:54 et à force de formation, si on arrive à développer le nombre d'artisans,
10:59 donc on aura une capacité supplémentaire plus importante
11:02 pour rénover globalement, de manière qualitative,
11:06 des logements qui appartiennent à des propriétaires pauvres,
11:09 parce qu'on n'a pas le droit de laisser de côté ces personnes en difficulté.
11:13 – 2 millions de personnes en France, c'est le chiffre que vous nous donniez tout à l'heure.
11:16 Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
11:19 on parle entretien et hygiène tout de suite dans notre rubrique Startup.