SMART IMPACT - Le débat du mercredi 24 mai 2023

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Mercredi 24 mai 2023, SMART IMPACT reçoit Estelle Mabon Escande (membre, Association Fort Récup) et Sven Saura (directeur adjoint en charge du recyclage et des plastiques, Veolia)

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00:00 Le débat de ce Smart Impact avec Sven Saura, bonjour, bienvenue.
00:10 Bonjour.
00:11 Vous êtes directeur adjoint en charge du recyclage des plastiques chez Veolia.
00:14 Estelle Mabon-Escande, bonjour.
00:16 Bienvenue à vous aussi, vous êtes membre de l'association Fort Récup.
00:20 C'est quoi Fort Récup en quelques mots ?
00:21 Fort Récup, c'est une association d'urbanisme transitoire
00:24 où on redonne vie à des espaces qui sont délaissés
00:27 en y apportant toutes les dimensions de la transition écologique.
00:31 Et vous accompagnez les entreprises,
00:33 il y a des entreprises qui viennent dans vos lieux, dans vos locaux.
00:36 Tout à fait, on a un espace événementiel
00:38 et puis on propose des team buildings qui vont permettre d'aborder
00:41 toutes les notions de la sensibilisation sur le plastique,
00:44 les déchets, la végétalisation, etc.
00:48 Sven Saura, dans quelques jours se tient à Paris,
00:51 à partir de ce 29 mai, une session de travail sous l'égide des Nations Unies
00:56 pour aboutir à un traité contraignant sur la pollution plastique.
01:00 Alors en fait, pour bien l'expliquer, il s'agit de donner des suites concrètes
01:03 à une résolution qui a été votée il y a un an
01:05 par l'Assemblée des Nations Unies pour l'environnement.
01:08 Qu'est-ce qu'on peut en attendre ?
01:10 C'est quoi les enjeux de ces sessions et d'un éventuel traité ?
01:14 Oui, en effet, c'est un événement important parce que c'est international.
01:18 On a beaucoup de réglementations à l'échelle européenne.
01:21 Là, l'idée c'est vraiment d'avoir un impact mondial.
01:24 On sait qu'il y a beaucoup de fuites vers l'environnement
01:26 qui peuvent se passer dans des pays qui n'ont pas d'infrastructures
01:29 aujourd'hui de collecte de déchets.
01:31 Et donc, l'objectif de ce congrès, c'est d'arriver à un traité
01:36 qui va engager des pays à prendre des mesures
01:38 pour éviter les fuites de plastique dans l'environnement.
01:41 Traité contraignant, je disais ça, c'est important le mot contraignant
01:45 parce qu'on a été déçus dans le passé.
01:49 Est-ce que vous, vous pensez vraiment qu'il y a une volonté politique internationale
01:53 et c'est ce à quoi on est en train d'assister
01:55 pour vraiment réduire la pollution plastique ?
01:57 Je l'espère. Je pense que les impacts sont très visibles.
02:01 Les déchets de plastique sont vraiment un enjeu de recyclage très important,
02:07 très visible avec beaucoup d'engagement citoyen
02:09 parce qu'on voit la pollution tous les jours.
02:11 On voit la pollution dans les mers.
02:13 On voit des animaux empêtrés dans des produits en plastique.
02:16 C'est un impact extrêmement visible.
02:18 Je pense que c'est ça qui donne toute cette motivation autour du sujet.
02:22 Cette pollution plastique, Estelle Mabon-Escande, fléau planétaire.
02:26 Est-ce que vous, dans les sessions que vous organisez,
02:28 vous évangélisez avec des informations sur l'impact sur l'environnement,
02:34 le lien entre pollution plastique et impact sur l'environnement ?
02:36 Quelles données vous avez ? Quelles informations vous faites passer ?
02:39 Alors effectivement, on peut l'avoir à plusieurs niveaux.
02:43 Il y a d'abord un peu cette logique de se dire
02:46 qu'il ne faut surtout pas déjà juger ni moraliser.
02:49 Il faut plutôt arriver à une réflexion et une prise de conscience.
02:52 C'est ça qui va amener à un véritable changement de comportement.
02:55 Moi, je travaille beaucoup sur la règle des 5 R,
02:57 c'est ce que ça vous parle.
02:59 D'abord, je dis non, je refuse.
03:02 Ensuite, je réduis, je réutilise, je recycle.
03:06 Et pour tout ce qui va être déchet organique, je rends à la terre.
03:09 Donc là, on va rentrer dans une circularité.
03:11 L'économie circulaire dont on parle souvent, évidemment, dans cette émission.
03:16 Donc ça démarre d'abord par notre comportement collectif
03:20 dans les pays occidentaux, mais un peu partout.
03:23 Et c'est peut-être plus difficile à faire passer comme message dans d'autres pays.
03:26 Oui, certainement.
03:28 C'est tout un enjeu d'ailleurs, puisque finalement, on propose des produits.
03:32 Les entreprises proposent des produits, donc il est compliqué de dire non.
03:35 Donc il y a vraiment tout un ensemble de mesures.
03:38 On va parler un peu des trois leviers.
03:40 On a chacun une voie en tant qu'habitants et citoyens de ce monde.
03:44 On a aussi des entreprises qui ont une responsabilité.
03:47 Et puis ensuite, on a un cadre législatif pour revenir à ce prochain traité.
03:52 À ce prochain traité.
03:53 Sven Saurat, il faut traiter cette pollution plastique.
03:56 Je pense que c'est intéressant à expliquer, à détailler,
03:58 sur l'ensemble de la chaîne de valeur.
04:00 Qu'est-ce que ça veut dire et qu'est-ce qu'on peut faire ?
04:02 Absolument. Je pense que c'est intéressant de voir les positions relatives
04:05 entre Forecube, qui est vraiment là pour motiver les citoyens
04:07 à faire le premier geste consistant à ne pas jeter les produits dans la nature,
04:11 mais à les mettre dans le système de collecte.
04:13 Et une entreprise comme la nôtre, qui est là pour, d'une part, traiter les déchets,
04:17 donc réduire les pollutions, éviter que ça parte dans l'océan,
04:19 mais aussi derrière, faire des produits industriels pour fermer la boucle
04:22 et pour refaire un produit comme J6.
04:25 Alors ça, c'est quoi ça ?
04:26 Ça, c'est des granules de plastique recyclé.
04:28 Il faut montrer les assez haut, parce que sinon on ne les voit pas.
04:31 Ça ressemble un peu à des lentilles.
04:33 C'est un peu l'équivalent d'un produit industriel qui s'utilise de la même façon.
04:37 Et donc, notre mission…
04:39 C'est du plastique recyclé, c'est ça ?
04:41 C'est du plastique 100% recyclé.
04:42 Là, il est coloré pour faire des pots de fleurs, par exemple.
04:45 Donc, c'est destiné à ce type d'industrie.
04:47 Et donc, l'idée, c'est ça, c'est de faire le lien entre ce qui était un déchet
04:50 et ce qui va devenir derrière un produit industriel comme celui-ci,
04:52 avec des spécifications industrielles qui sont contraignantes et qu'il faut respecter.
04:57 C'est ça, fermer la boucle.
04:58 Et fermer la boucle, et donc rallonger la durée de vie d'un produit,
05:03 parce que finalement, c'est ça, on redonne vie à un produit.
05:06 Combien de fois on peut redonner vie à un produit plastique ?
05:09 Ça, c'est une grande question.
05:10 Difficile de répondre très clairement, honnêtement.
05:12 Il y a beaucoup de littérateurs scientifiques là-dessus.
05:14 Ça dépend du plastique de départ ?
05:16 Exactement. Et ça dépend des produits qui sont à l'intérieur.
05:18 Dans le plastique, il y a des charges additives, par exemple des colorants.
05:21 Moi, cette couleur, je ne sais pas l'enlever.
05:23 Donc, de ça, je ne pourrais faire qu'un recyclé de la même couleur ou plus sombre.
05:27 Donc, voilà, tout ça, toute la façon d'utiliser, va donner le nombre de cycles qu'on peut avoir.
05:33 Et alors, je parlais du comportement des consommateurs pays par pays.
05:37 Les solutions, il faut aussi les adapter pays par pays ?
05:39 Oui. Alors, je pense qu'en Europe, on a la chance d'être assez avancé en termes de gestion de déchets.
05:44 Mais nous avons ouvert, par exemple, en Indonésie, une usine il y a deux ans.
05:48 En Indonésie, à l'époque, il n'y avait pas de système de collecte de déchets.
05:51 Donc, il a fallu aussi créer l'infrastructure de collecte avec des personnes
05:55 qui vont ramasser les déchets de plastique spécifiquement,
05:58 qui du coup, ont une rémunération pour ça.
06:01 Et cette usine qui traite de 25 000 tonnes,
06:03 finalement, il a fallu se procurer 25 000 tonnes de déchets de plastique
06:07 qui, avant, n'étaient pas collectés.
06:09 Et une partie d'entre elles partait clairement dans l'environnement.
06:12 Donc, l'intérêt de ce type d'usine, c'est aussi de réduire cette pollution des océans.
06:16 Estelle, ma bonne seconde, quel type de session vous organisez à Forécup ?
06:21 Et comment vous faites passer le message ?
06:22 Alors, à Forécup, Forécup, c'est l'association qui englobe, effectivement,
06:26 on a Plastic Palace, qui est le projet que j'ai lancé en cofondation, du coup, avec Forécup.
06:31 Moi, j'interviens beaucoup, en fait, auprès de différents publics,
06:35 dans les centres scolaires, aussi dans les universités, dans les entreprises,
06:39 même lors des événements grand public.
06:41 Et moi, mon prisme, c'est vraiment de me dire,
06:43 on va aller transmettre la compétence d'animation.
06:45 On va aller former les encadrants, tous les publics, en fait,
06:50 pour qu'ils forment ensuite et qu'ils sensibilisent leur public.
06:53 Que le message se transmette.
06:54 Exactement, ça s'appelle l'intelligence collective.
06:56 Donc, en fait, ça permet de créer des communautés locales, engagées,
07:00 et d'agir, alors, on va dire, petit pas par petit pas,
07:03 et multiplié par des millions, tel que l'ADN de Precious Plastic,
07:08 je sais pas si ça vous parle.
07:10 Mais le plastique, s'il y a autant de plastique sur la planète,
07:14 c'est hyper pratique, quoi.
07:16 Il n'y a pas de hasard.
07:19 Donc, ça ne doit pas être si facile de lutter contre des décennies d'usage
07:23 et de confort, d'une certaine façon.
07:25 Et je dirais que ce qui est encore plus compliqué,
07:27 c'est d'aller toucher les personnes qui ne se sentent pas concernées.
07:30 Voilà, puisque c'est clairement ces personnes-là qui ne vont pas regarder,
07:33 en fait, qui ne vont pas venir aux conférences,
07:35 qui ne vont pas regarder forcément toutes les émissions qu'il peut y avoir à ce sujet.
07:38 Donc, comment aller les toucher ?
07:39 Et c'est notamment à travers leur lieu de travail,
07:42 à travers toucher les enfants, bien sûr, qui sont l'avenir,
07:46 qui, eux, auront les clés pour décider de faire leur choix de consommation.
07:52 Sensoraf Veolia est présente un peu partout sur la planète.
07:55 Je crois qu'il y a près de 40 usines de recyclage dans le monde.
07:59 Ça représente combien de tonnes de plastique recyclé chaque année ?
08:03 J'ai vu presque 500 000 tonnes.
08:05 500 000 tonnes de produits de ce type-là,
08:07 de ce type de granules qui sont 100 % recyclés,
08:11 qui ont eu l'intérêt de réduire les pollutions au départ grâce aux activités de collecte,
08:16 mais qui ont aussi l'intérêt par rapport aux produits fossiles
08:19 de représenter moins d'émissions de CO2, 70 % de moins à peu près,
08:24 et de préserver la ressource, puisque ça, c'est autant de pétrole
08:27 qu'on n'a pas besoin d'extraire pour refaire des nouveaux plastiques.
08:29 Évidemment. Il y a aussi ce programme qui s'appelle PlastiLoop.
08:33 PlastiLoop, c'est quoi exactement ?
08:35 PlastiLoop, c'est une gamme de produits qu'on a mis en œuvre.
08:40 40 usines, c'est 40 gammes différentes de produits.
08:43 On a essayé d'homogénéiser tout ça pour être vraiment orienté client,
08:46 c'est-à-dire par segment industriel, automobile, emballage, textile, etc.,
08:51 avoir des gammes vraiment spécifiques pour, comme ce que je disais tout à l'heure,
08:55 avoir un produit qui répond à des spécifications industrielles.
08:59 Il était produit par un déchet, on trouve absolument de tout,
09:02 et c'est un mélange de tout un tas de produits,
09:04 et on en fait à la sortie un produit avec des spécifications industrielles.
09:07 Donc d'une certaine façon, vous aidez à, peut-être pas créer,
09:11 mais en tout cas à structurer une filière ?
09:14 Oui, absolument. On a besoin des collectes sélectives
09:17 pour générer notre matière première à nous,
09:19 et on a besoin des industriels qui consomment du plastique
09:23 pour derrière, fermer la boucle.
09:25 Je reviens vers vous Estelle Mabon-Escante.
09:28 Le projet Plastic Palace dont vous avez parlé, c'est quoi exactement ?
09:32 C'est un projet de sensibilisation à travers des programmes qui sont hybrides.
09:39 On va avoir des parcours de jeu pour les adultes, pour les enfants.
09:44 On va avoir des bandes dessinées qui vont faire perdurer l'action dans le temps,
09:47 qui vont pouvoir être partagées, de sensibilisation notamment sur le plastique.
09:51 Amener l'information, aller la donner dans les mains, aller toucher tous ces publics.
09:56 Plastic Palace, c'est amener à une prise de conscience
10:00 et booster le changement de comportement
10:03 qui doit avoir lieu en parallèle de tout le cadre législatif
10:08 et des engagements, des co-conceptions des produits.
10:11 Un cadre législatif contraignant à Svensora, c'est quoi ?
10:15 C'est à la fois compliqué pour une entreprise parce qu'il va falloir s'adapter,
10:18 mais c'est un accélérateur de changement, c'est comme ça que vous le prenez ?
10:21 C'est des pays qui s'engagent à mettre en œuvre une réglementation chez elles.
10:25 Ils vont en effet à un moment contraindre les entreprises,
10:28 mais c'est en effet aussi la possibilité de développer une industrie du recyclage
10:32 qui aujourd'hui n'est pas suffisante.
10:34 L'industrie du recyclage a l'avantage d'être locale forcément
10:36 puisque c'est là où on génère le déchet qu'il faut la mettre en place.
10:39 C'est de l'emploi local et c'est de l'emploi assez qualifié
10:42 parce que c'est des technologies innovantes.
10:44 Ça, je trouve ça vraiment passionnant parce qu'on évoquait la différence
10:48 entre les pays occidentaux, les pays riches et les pays un peu moins développés.
10:53 C'est un bon argument pour développer le recyclage dans les pays développés ?
10:57 Tout à fait. Il y a une première étape qui doit se faire localement
11:01 parce que le transport des déchets, c'est compliqué.
11:04 Ce sont des produits assez légers, c'est difficile à transporter.
11:07 Il y a beaucoup de législation maintenant qui empêche le transport d'un pays à l'autre.
11:11 Et puis, il y a une sorte d'absurdité environnementale.
11:16 On ne va pas faire faire le tour de la planète à des déchets.
11:19 Donc, plus vous centralisez, plus vous localisez, mieux c'est ?
11:23 Et c'est ce que vous cherchez à mettre en place ?
11:25 On localise, on ne centralise pas.
11:27 On a vraiment une industrie qui consiste à localement traiter les déchets.
11:31 Ensuite, on peut transporter les granules ou les biens, c'est une autre chose.
11:34 C'est le marché économique qui veut ça.
11:36 Mais les déchets, on les traite localement.
11:38 Merci beaucoup, merci à tous les deux.
11:41 Désolé encore pour cette ambiance de travaux dans l'immeuble d'à côté.
11:44 À bientôt sur Bsmart.
11:46 On passe tout de suite à notre rubrique consacrée aux startups.
11:50 Tout simplement, ça s'appelle Smart Ideas.

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