SMART IMPACT - Le débat du mardi 25 avril 2023

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Mardi 25 avril 2023, SMART IMPACT reçoit Thomas Serré (PDG, Ibaia Boats) et Mehdi Ferhan (Directeur d'exploitation, Hyvia)
Transcript
00:00 [Musique]
00:06 Deux solutions de mobilité décarbonée à découvrir dans ce débat avec mes invités Médiférent, bonjour.
00:12 Bonjour Thomas Hugues.
00:13 Bienvenue, vous êtes le directeur d'exploitation d'Ivia et puis avec nous en duplex, en visioconférence, Thomas Serré, le PDG d'Ibaiabote.
00:21 Bonjour et bienvenue à vous aussi.
00:24 Médiférent, Ivia c'est une coentreprise qui a été créée par le groupe Renault et par Plug Power.
00:30 Plug Power c'est un, on va dire, leader mondial de l'hydrogène et des piles à combustible.
00:35 Donc vous c'est de l'hydrogène, de l'hydrogène vert ?
00:37 Tout à fait.
00:38 Alors c'est quoi ?
00:39 Alors l'hydrogène vert c'est l'hydrogène qui est produit de façon décarbonée.
00:42 L'objectif c'est d'avoir une énergie pour la mobilité, un carburant qui ne contienne pas ou très peu de carbone, très peu de CO2
00:48 dans toutes les problématiques actuelles de réchauffement climatique, d'émissions de CO2.
00:52 Donc une solution qui est complètement intégrée, qui va du véhicule à la pile à combustible,
00:56 qui est l'objet finalement au cœur du sujet de Ivia, qui est la propulsion par hydrogène.
01:00 Donc on produit de l'électricité à bord du véhicule à partir d'une pile à combustible.
01:04 Et on va même fabriquer notre carburant, puisque sur le site de Flins,
01:07 on est en train de démarrer la production d'hydrogène vert à partir d'un électrolyseur.
01:11 Donc l'électrolyseur c'est la mini-usine.
01:13 Vous venez de l'installer en plus ?
01:14 On vient de l'installer, ça fait une quinzaine de jours, donc là on est très excité par ce projet.
01:18 C'est un projet au long cours, qui est en train d'être déployé grâce aux forces de Plug Power et de Renault,
01:23 nos deux actionnaires, et qui va nous permettre d'être autonomes
01:26 dans nos besoins de consommation quotidienne d'hydrogène,
01:29 puisque à l'usine à Flins, nous avons une usine pilote qui fonctionne depuis un peu plus d'un an maintenant
01:32 et qui fabrique des piles à combustible.
01:34 Quand on arrive en fin de fabrication, on a besoin de tester la pile pour savoir si elle fonctionne.
01:38 Et donc pour ça, il faut consommer de l'hydrogène.
01:40 Et donc on va, grâce à cet électrolyseur, être capable d'alimenter le bâtiment
01:43 et donc de subvenir à nos propres besoins.
01:45 Et tout le reste, puisque l'électrolyseur est une mini-usine qui fabrique beaucoup d'hydrogène,
01:49 on va être capable de nourrir nos clients dans différents points d'avitaillement,
01:53 des stations de recharge que Ivia développe également avec des partenaires
01:57 et qui permettent à nos clients qui vont rouler en hydrogène
02:00 de s'avitailler de façon complètement sereine, en dérisquant la présence ou pas du carburant pour se recharger.
02:05 Alors on y reviendra évidemment en détail, mais je me tourne tout de suite vers Thomas Serré.
02:09 Alors je le disais en titre, on est sur la route avec Ivia,
02:13 on est sur l'eau avec Ibaïa Bôte.
02:16 Donc vous êtes basé sur le bassin d'Arcachon. C'est quoi Ibaïa Bôte ?
02:20 Alors Ibaïa Bôte, c'est un chantier naval où on se focalise sur la construction à faible impact environnemental.
02:26 C'est-à-dire qu'on travaille sur l'ensemble de la chaîne de la construction et de l'usage du bateau
02:31 pour réduire l'impact environnemental des bateaux.
02:34 Ça passe par des matériaux biosourcés ou recyclables pour la construction.
02:39 Ça passe par de la propulsion solaire et la passerelle est très bien avec l'hydrogène
02:45 parce que ça passera aussi à l'avenir par de la propulsion hydrogène.
02:48 Voilà, on a énormément de sources. Aujourd'hui on a deux bateaux en construction
02:53 qui sont des bateaux où on a réfléchi toute la chaîne de A à Z
02:59 pour impacter le moins possible sur notre environnement, aussi bien la construction qu'à l'usage.
03:04 Alors c'est de la propulsion solaire, c'est particulièrement adapté au transport fluvial, expliquez-nous pourquoi.
03:11 Alors aujourd'hui on se focalise exclusivement sur le transport fluvial
03:15 parce que l'énergie solaire ne permet pas d'apporter suffisamment de puissance et d'énergie
03:21 pour avoir une autonomie en maritime.
03:24 On fait aussi, on est des ingénieurs, donc on fait aussi des calculs de bateaux électriques dans le maritime
03:31 mais ils ne sont pas 100% solaires.
03:33 Sur le fluvial, on a des vitesses beaucoup plus lentes, donc c'est vraiment de la mobilité douce
03:38 et cette basse vitesse nous permet d'être 100% autonome au solaire.
03:43 Mais différent cet électrolyseur, donc il est en phase de test encore
03:49 et donc vous nous l'avez dit, ça va servir aussi à alimenter des stations-services
03:53 parce que pour bien comprendre, le modèle IVIA c'est un modèle assez global en fait dans sa conception, dans son concept.
04:00 Et ça en fait on est sur une chaîne de valeur intégrée, donc on dit la chaîne vraiment de A à Z
04:04 où on a le véhicule mais on a aussi les stations d'avitaillement,
04:08 on a le carburant hydrogène vert dont on a parlé tout à l'heure
04:11 et puis on a aussi toute une offre de services à la fois financiers pour acquérir ou louer les voitures
04:16 et aussi des services de maintenance et d'après-vente, c'est aussi très important pour rassurer nos clients.
04:20 Mais ces stations elles existent déjà parce que c'est évidemment l'enjeu majeur.
04:23 Il y a déjà, j'ai regardé les photos en préparant l'émission, il y a les véhicules utilitaires,
04:28 ça ils existent déjà, c'est quoi, c'est des Renault Master, il y a une gamme déjà de véhicules ?
04:32 Alors en effet depuis la fin de l'année dernière, finalement depuis le mondial de l'auto où on a fait l'annonce,
04:36 donc on a mis au niveau européen le lancement du Renault Master H2 Tech.
04:40 Donc c'est un Renault Master qui est électrique de base sur lequel on rajoute la technologie hydrogène
04:45 et donc ça, ça permet de répondre en fait aux cas d'usage intensif,
04:48 les cas les plus gourmands en énergie, ceux qui vont faire le plus de kilomètres
04:51 ou qui vont utiliser leur véhicule le plus d'heures par jour.
04:54 Et donc l'avantage de l'hydrogène c'est qu'on est toujours sur du zéro émission,
04:57 donc on a un véhicule qui ne pollue pas du tout, il n'y a aucune émission à part de l'eau et de la vapeur d'eau.
05:01 Par contre on a beaucoup d'énergie à bord et donc cette énergie c'est de l'usage,
05:05 c'est de l'usage intensif pour nos clients et par exemple par rapport au véhicule batterie équivalent,
05:08 c'est à peu près deux fois plus d'utilisation possible du véhicule.
05:11 Ok, donc on voit bien l'intérêt sauf qu'il faut pouvoir s'avitailler comme vous dites,
05:16 il faut une station service ou une station d'avitaillement,
05:18 donc le maillage il n'est pas encore très important, il faut être clair.
05:21 Le maillage, alors en France on a quand même la chance parce qu'on est dans un des deux ou trois pays
05:25 pionniers en Europe sur le déploiement des infrastructures hydrogènes,
05:28 il y a notamment des sociétés qui développent des stations d'hydrogène françaises,
05:31 il y a des initiatives en Ile-de-France, il y a des initiatives en Rhône-Alpes, un peu partout.
05:35 L'Allemagne est également très active sur le déploiement de l'infrastructure,
05:38 il y en a un petit peu aux Pays-Bas et puis le reste de l'Europe,
05:40 objectivement aujourd'hui c'est très faible, on ne trouve pas de station d'hydrogène ou très peu.
05:44 Donc notre sujet pour démarrer notre activité sur les véhicules, ça a été aussi d'apporter la BRIC station,
05:49 de façon à pouvoir faire une offre intégrée à nos clients et à leur dire
05:52 "mais vous avez un besoin de véhicules décarbonés" parce qu'aujourd'hui par exemple
05:55 vous utilisez un Renault Master Diesel, demain avec les ZFE, avec les projets européens de décarbonation,
06:00 vous n'allez plus pouvoir utiliser aussi simplement votre véhicule diesel,
06:03 donc on vous propose un véhicule hydrogène, mais comme cette technologie est nouvelle,
06:06 il n'y a pas encore d'infrastructure très développée, donc on vous apporte aussi une solution de recharge
06:10 que vous pouvez installer sur votre site ou un accès à un de nos partenaires
06:13 qui se trouve dans le territoire d'exploitation.
06:15 D'accord, c'est là qu'on est vraiment dans la solution intégrée.
06:18 Thomas Serré, ils sont placés où vos panneaux solaires ?
06:21 On a vu quelques photos des bateaux en dessin ou en cours de construction,
06:27 ils sont j'imagine sur le toit du bateau, c'est ça ?
06:30 Oui, quasiment l'intégralité des toits sont recouverts de panneaux solaires,
06:35 on garde des petits accès pour des terrasses, mais oui, on recouvre énormément de panneaux solaires,
06:39 tous sur le toit parce que c'est là qu'on a les meilleures efficacités bien sûr.
06:42 Ce n'est pas le cas, ce sont plutôt des bateaux habitables, d'ailleurs sur lesquels on peut habiter à l'année,
06:48 mais est-ce qu'on peut imaginer des péniches de transport de fret qui seraient propulsées à l'énergie solaire
06:53 ou est-ce que c'est trop lourd une péniche ?
06:55 Ce n'est pas forcément le facteur poids qui va être le plus gênant,
07:00 parce que plus il est lourd, plus il est gros, plus on a de la surface aussi pour mettre des panneaux solaires,
07:05 et puis on a une multitude d'énergie, donc on pourrait très bien imaginer du solaire mélangé avec de l'hydrogène,
07:10 il y a beaucoup de solutions aujourd'hui sur le marché.
07:13 Le facteur par contre qui va être peut-être plus dimensionnant, ça va être le facteur de temps d'utilisation à la journée.
07:19 C'est assez compliqué de rendre un bateau autonome au solaire sur toute une journée entière.
07:25 On calcule pour des certaines heures d'utilisation par jour,
07:30 on sait les rendre autonomes pour quelques heures de navigation,
07:36 mais c'est encore pour une utilisation professionnelle où les gens vont naviguer 10 heures par jour.
07:40 Je voudrais revenir sur l'éco-conception de vos bateaux,
07:45 notamment je crois qu'il y a un bateau qui s'appelle le Koch,
07:47 c'est quoi les choix de matériaux que vous avez fait ?
07:50 Le Koch c'est un bateau qui est tout en eau saturbois,
07:54 contrairement à la construction nautique d'habitude où on utilise énormément de résine,
08:00 énormément de fibres de verre qu'on ne sait pas recycler.
08:06 Aujourd'hui on utilise encore un petit peu de résine parce qu'on n'a pas toutes les solutions qui sont mises en place,
08:10 mais à l'avenir on a l'intention d'utiliser du polyéthylène,
08:14 qui est une matière qui est 100% recyclable et a très faible impact lors de la fabrication.
08:20 On n'utilise quasiment que des matériaux recyclables,
08:23 en tout cas c'est l'objectif à terme, aujourd'hui on n'est pas encore à 100% sur nos objectifs,
08:28 mais c'est l'objectif à terme de n'avoir que des matériaux recyclables.
08:32 Et donc pour vos clients quels usages ils peuvent faire de vos bateaux ?
08:36 Alors ce sont des bateaux, divers usages, ce sont des bateaux comme vous dites habitation,
08:40 donc on peut imaginer tous les usages de l'habitat normal,
08:45 c'est à dire qu'on a des clients particuliers qui l'achètent pour vivre dessus à l'année ou pour faire une résidence secondaire,
08:50 on a également des clients qui l'achètent pour faire du locatif et un investissement financier,
08:55 que ce soit un particulier qui va juste en loyer un ou un professionnel qui va faire une flotte de 10 ou 15 bateaux.
09:00 Et aujourd'hui on a aussi des clients qui veulent faire du petit transport de passagers,
09:06 donc on propose aussi pas que de l'habitat, on propose aussi des transports de passagers,
09:10 et dans l'année on va développer aussi une gamme d'habitats flottants,
09:14 donc cette fois-ci non navigrants qui seront comme des écologes,
09:17 basés sur les mêmes principes d'autonomie, avec toute autonomie solaire et peu d'impact environnemental.
09:24 Merci beaucoup Thomas Héré.
09:27 Médiférent, je termine avec vous pour donner peut-être la dimension européenne du projet IVIA,
09:32 je ne sais plus quel est le terme exact, projet d'intérêt, d'intérêt européen ?
09:36 Un IPCEI ou un PIEC selon qu'on le dit en français ou en anglais,
09:40 donc en fait c'est les projets européens qui ont été sélectionnés par la Commission Européenne,
09:43 donc c'est un processus qui a été assez long de plusieurs mois,
09:45 et à l'issue de ce processus de tamisage, les projets ont été sélectionnés pour bénéficier de subventions.
09:50 Donc nous on a été très contents à l'automne dernier de recevoir la notification formelle de la Commission Européenne,
09:56 à travers aussi les pouvoirs publics français, puisque notamment le ministère de l'économie supporte notre initiative.
10:01 Donc ça, ça va être un accélérateur phénoménal pour nous,
10:04 de nos capacités de développement et de déploiement.
10:06 Ça va se traduire concrètement par de l'embauche,
10:08 de l'embauche d'ingénieurs qui font de la R&D pour préparer les futures générations de véhicules à hydrogène,
10:13 et puis enfin ça va aussi permettre de développer notre projet d'intérêt,
10:16 de notre propre usine de production à l'échelle industrielle.
10:20 Donc on parle d'une gigafactory de piles à combustible,
10:23 qui sera installée sur le site de Flins, et qui va nous permettre de passer à l'échelle.
10:27 Et donc ça, ça a un effet vertueux, c'est qu'on va pouvoir produire plus d'objets,
10:31 qui sont des objets vertueux aussi en termes d'empreintes carbone,
10:34 comme le disait tout à l'heure la personne sur les bateaux.
10:37 Et puis ça va nous permettre aussi de baisser les coûts,
10:39 puisqu'un des sujets aujourd'hui avec la technologie hydrogène,
10:41 c'est que c'est une technologie encore novatrice,
10:43 qui n'a pas eu toute la courbe d'apprentissage des moteurs thermiques pendant plus d'un siècle,
10:47 et donc c'est une technologie qui est encore plus chère aujourd'hui que les moteurs diesel, pour ne pas les citer.
10:52 Donc la mise à l'échelle industrielle grâce au projet européen dit DPCEI,
10:55 va nous permettre d'accélérer industriellement,
10:57 et donc de devenir plus vite compétitif face aux alternatives thermiques.
11:01 Merci beaucoup, merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.
11:05 A bientôt sur Bsmart.
11:07 C'est l'heure de Smart Ideas, belle idée signée Marianne Aladretz.
11:11 Il est boué de plage de vos enfants, devenez des sacs haut de gamme.
11:15 haut de gamme.

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