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00:00:00 - Merci une nouvelle fois monsieur le président, merci Nicolas Sarkozy d'être avec nous ce matin. Je disais il y a la grande actualité, l'actualité
00:00:06 diplomatique sur laquelle vous êtes intervenu et sur laquelle on pourra vous interroger mais c'est vrai qu'il y a
00:00:12 dans le temps des combats beaucoup de pages
00:00:14 d'émotions de l'homme que vous êtes, comment vous vivez ces moments là et je voulais qu'on commence par la tragédie
00:00:22 du vol Air France, Rio-Paris
00:00:26 qu'on ne peut pas lire d'ailleurs sans avoir les larmes aux yeux parce que vous écrivez si invraisemblable que cela puisse paraître
00:00:32 je compris en regardant
00:00:34 toutes les familles
00:00:37 des voyageurs qui étaient à Roissy ce jour là, je compris en les regardant que certains nourrissaient encore un espoir fou
00:00:44 c'était bouleversant je n'oublierai jamais ces moments où la vie des autres avait basculé dans le cauchemar et vous dites cette phrase
00:00:51 "ce fut une expérience qui m'a profondément changé, je crois bien que de ce moment je n'ai plus jamais été le même"
00:00:59 - Bon c'est d'abord j'ai voulu écrire ce livre je ne prétends ni à l'objectivité
00:01:06 ni à l'exhaustivité
00:01:09 mais je n'aime pas quand on parle de la politique que j'ai tant aimé qu'on en parle comme d'un plat froid
00:01:16 la politique c'est chaud, il y a des sentiments
00:01:21 et j'ai voulu être un président incarné
00:01:24 j'ai pas voulu arrêter de vivre parce que j'étais président, on me la reprochait d'ailleurs, mais j'avais vu
00:01:30 beaucoup de
00:01:33 d'aspects mécaniques dans la personnalité de François Mitterrand qui avait des grandes qualités ou dans celle de Jacques Chirac
00:01:40 beaucoup d'aspects mécaniques
00:01:42 je me demandais souvent, j'ai été ministre à l'époque de Mitterrand, c'était la cohabitation
00:01:46 et en regardant je me demandais mais qu'est ce qu'il pense
00:01:50 j'ai très bien connu Chirac, je l'ai connu, j'avais 18 ans, je l'ai aimé, on a combattu, on s'est détesté, on s'est rabiboché
00:01:59 souvent je me suis demandé
00:02:01 mais qu'est ce qu'il a dans le coeur ?
00:02:03 et j'ai voulu être un président qui arrête pas de vivre, c'est sans doute une faiblesse
00:02:07 mais en même temps je pense quand on est président de la république on doit rester un être humain
00:02:12 alors pour faire écho au drame du Paris-Riot
00:02:16 j'étais au Cap-Nègre
00:02:19 et j'apprends que
00:02:21 on n'a plus de nouvelles d'un avion, vous savez j'ai compris
00:02:24 immédiatement
00:02:26 quand on n'a plus de nouvelles d'un avion c'est très très mauvais signe
00:02:30 parce que quand l'avion a un problème à 15 000 mètres d'altitude
00:02:34 c'est rare qu'il y ait des survivants, il y a eu cette petite extraordinaire qui a survécu
00:02:40 au Comores, on lâche des Comores mais bon, donc je comprends qu'il va y avoir des
00:02:44 centaines de morts
00:02:48 et les familles, les maris, les femmes, les parents
00:02:52 les frères, les sœurs se précipitent à Roissy pour avoir des nouvelles, pauvres gens
00:02:57 vous attendez votre
00:03:00 votre mari, votre fils, votre fille et puis on n'a plus de nouvelles de l'avion
00:03:04 Donc où ils vont ? Ils peuvent pas rester chez eux, c'est insupportable d'attendre
00:03:10 donc ils vont
00:03:12 ils vont à l'aéroport et à l'aéroport qu'est-ce qu'ils voient ? Ils voient des avions qui partent et qui arrivent
00:03:17 sauf le leurre
00:03:19 Il y avait peut-être 300 ou 400 personnes rassemblées et pourquoi vous y allez-vous ?
00:03:23 Pourquoi vous décidez ? Parce que je voulais leur dire, je voulais pas leur laisser dire par un fonctionnaire ou par quelqu'un
00:03:30 Air France ! - Mais tous les présidents n'auraient sans doute pas fait ça - Non mais pas après chacun fait comme il veut, moi je l'ai senti comme ça
00:03:36 je dis, je pars du Cap Neck, je me pose directement avec l'avion présidentiel
00:03:41 sur le tarmac de Roissy
00:03:45 je fais un dernier point de la situation avec les responsables de l'aviation civile, le dernier point c'était simple, ils savaient rien
00:03:51 bon mais quand vous n'avez pas de nouvelles vous savez tout
00:03:54 vous savez rien mais vous savez tout
00:03:57 et donc je dis il faut leur dire maintenant
00:04:00 il était fin après-midi, on n'avait plus de nouvelles depuis le milieu de la nuit ou le petit matin
00:04:06 ça suffit, je dis maintenant il faut leur dire
00:04:11 on peut plus s'en sortir et à un moment donné vous êtes dos au mur
00:04:15 donc je rentre dans cette salle
00:04:18 un silence Pascal Pau, mais un silence
00:04:22 tous les yeux braqués sur moi, pas d'agressivité, pas de colère, rien, un silence
00:04:29 un silence de mort
00:04:32 parce que la mort c'est d'abord le silence
00:04:37 Et je prends la parole et ma première phrase
00:04:40 j'avais pas pu dire un mot dans l'avion qui m'amenait du Cap-Neigle
00:04:43 à Roissy parce que je pensais qu'à ça
00:04:47 qu'est ce que j'aurais senti moi, qu'est ce que j'aurais pu dire si ma femme était dans l'avion, si mon fils était dans l'avion
00:04:54 qu'est ce que j'aurais fait, qu'est ce que je dois leur dire
00:04:57 et j'ai pas pu parler à mes collaborateurs, à personne
00:05:00 et quand j'arrive
00:05:03 la première phrase qui me vient
00:05:06 Mon devoir c'est de vous dire la vérité
00:05:08 On va chercher jusqu'au bout
00:05:13 Mais l'espoir de retrouver quelqu'un vivant est infinitésimal
00:05:20 Et là physiquement
00:05:24 j'ai senti comme une onde de choc
00:05:27 comme une bombe vous savez qui explose et il y a l'onde de choc c'est à dire la masse d'air qui s'épanouit
00:05:35 j'ai senti que ça pulvérisait les gens
00:05:38 pendant deux trois secondes il n'y a aucune réaction
00:05:41 comme une chape de plomb qui était tombée sur ces gens
00:05:47 Et puis ils ont réalisé parce que le cerveau
00:05:52 prend une information mais le temps que le coeur accepte de l'analyser il y a un décalage
00:05:59 Et là trois secondes après
00:06:03 c'était des pleurs, des cris, des sanglots
00:06:07 beaucoup de bruit enfin de bruit pardon c'est pas un jugement beaucoup de
00:06:13 d'expressions, des gens qui s'écroulaient
00:06:16 Et oui bien que j'avais été auparavant quatre ans au ministère de l'intérieur je m'étais pas
00:06:22 Habitué, d'abord peut-on s'habituer à la mort mais à cette violence et
00:06:29 j'ai compris à ce moment là mieux que la vie c'était dur c'était cruel
00:06:34 c'était une brutalité inouïe et après
00:06:37 une semaine ou huit jours après on fait une cérémonie à Notre-Dame
00:06:40 il y avait une bougie par personne je sais pas il y avait 248 morts ou quelque chose comme ça
00:06:47 Et il y a un jeune couple qui vient qui dépose sa bougie
00:06:52 j'étais avec Carla à côté de moi et là tout le monde a fondé en larmes c'était trop
00:06:58 Et j'ai compris aussi à ce moment là
00:07:00 L'importance de la religion
00:07:04 quand tout le monde dit du mal de la religion, les gens parlent sans réfléchir, moi je ne suis pas pratiquant
00:07:10 Je suis chrétien, je suis de culture
00:07:14 mais j'ai compris que devant la brutalité extrême et l'absence
00:07:20 dans Notre-Dame de Paris qui n'avait pas brûlé, que les gens croient ou pas, Pascal Proulx
00:07:27 il y avait un soulagement parce qu'on était tous ensemble
00:07:29 voilà alors bon moi j'ai voulu raconter ça
00:07:33 parce que c'est ce que j'ai vécu
00:07:36 - Non mais forcément ça en dit beaucoup sur vous, je pensais à ce que disait parfois François Mitterrand, la première qualité d'un président c'est l'indifférence
00:07:41 c'est pas exactement quelque chose qu'on pourrait dire de vous
00:07:46 - Non mais je reconnais que ça peut être aussi une faiblesse pour moi
00:07:50 on me l'a d'ailleurs reproché vous savez
00:07:52 quand j'ai reçu
00:07:54 les parents de cette petite jeune fille violée et tuée
00:07:57 Il m'a fallu une demi-heure seule après pour pouvoir apaiser ma colère
00:08:05 Parce que je respecte monsieur Mitterrand
00:08:10 mais s'il y a bien quelque chose que je déteste Pascal Proulx, c'est l'indifférence
00:08:16 parce que si on est un être humain
00:08:18 et si on aime la civilisation, la civilisation
00:08:22 c'est d'être concerné, pas d'être indifférent parce que celui qui est dans la rue, celui qui souffre, ça pourrait être votre frère
00:08:30 votre enfant ou votre père
00:08:32 - On va marquer une première pause
00:08:34 évidemment j'ai lu le temps des combats, j'avais lu également un passion, ça se lie d'ailleurs d'une traite
00:08:39 il y a tellement de choses à dire sur la politique mais également sur les portraits, sur les coups de griffe de temps en temps
00:08:45 et puis sur la vie privée, vous parlez de Carla Bruni, vous parlez de votre fils Jean, il y a beaucoup de choses à dire
00:08:51 vous allez pouvoir intervenir si vous le souhaitez, on va rappeler d'ailleurs le téléphone avec Géraldine
00:08:56 - Le 01 80 20 39 21, 018 20 39 21, appel non surtaxé Pascal
00:09:02 - Et vous allez pouvoir interroger
00:09:04 - Un mot sur l'expression coup de griffe Pascal
00:09:06 - Oui, il y a des gens que vous n'aimez pas beaucoup
00:09:08 - Oui je le dis
00:09:10 - Oui, ça ça se...
00:09:12 - Si vous voulez faire un livre pour rien dire, il vaut mieux pas faire de livre
00:09:16 - Oui
00:09:17 - La question n'est pas de donner un coup de griffe, la question c'est de raconter la vie
00:09:22 la vie avec ses plaints et ses reliefs
00:09:24 - Oui et puis ça fait sourire parfois
00:09:26 parce que c'est vrai par exemple quand vous parlez de Jean-François Copé
00:09:28 que vous dites depuis son plus jeune âge
00:09:30 Jean-François Copé se croyait voué au plus grand rôle
00:09:34 il n'était pas le seul dans ce cas mais cela avait développé chez lui une arrogance assez marquée
00:09:38 un amour de sa propre personne sans doute disproportionné
00:09:41 - On sourit
00:09:43 - Mais tant mieux
00:09:45 - Ce que je veux vous dire c'est que je n'ai pas vocation...
00:09:49 comme tous les bagarreurs
00:09:51 je n'ai pas de méchanceté
00:09:53 - Parce que le bagarreur
00:09:55 - Exprime
00:09:57 celui qui est méchant c'est celui qui n'exprime pas
00:09:59 - Il faut toujours se méfier de ceux qui ne parlent pas
00:10:01 - Oula, ça c'est sûr
00:10:03 comme de ceux qui affichent une modestie militante
00:10:06 c'est toujours suspect
00:10:08 et je veux dire ceux qui disent rien
00:10:10 parce que tu n'as rien dit, tu l'as déjà dit
00:10:12 parce que ne rien dire c'est déjà un programme
00:10:14 et moi j'ai voulu
00:10:16 ça ne veut pas dire que M. Copé n'a pas de qualité
00:10:20 et ce n'est pas pour démolir
00:10:22 je suis plutôt un constructeur
00:10:24 c'est pour expliquer qu'on peut être au sommet du pouvoir
00:10:27 et garder un cœur
00:10:29 ça me semblait important
00:10:31 - Eh bien nous allons d'abord garder notre cœur
00:10:33 on va essayer en tout cas
00:10:35 mais on va laisser passer une page en couleur
00:10:37 je le disais hier parce que c'était André Arnaud
00:10:39 qui disait cela dans cette grande maison d'Europe 1
00:10:41 j'ai eu également Jean-Pierre Elkabache
00:10:43 tout à l'heure avant cette émission
00:10:45 et Jean-Pierre me disait que la première fois
00:10:47 que vous avez fait une interview en radio
00:10:49 c'était à son micro
00:10:51 - C'est vrai, il m'a donné ma chance
00:10:53 il m'avait fait attendre 5 ans avant
00:10:55 parce que à mon époque
00:10:57 quand j'étais jeune, il fallait
00:10:59 mais il fallait galérer pour être invité
00:11:01 à vos micros, parce que maintenant
00:11:03 il y a plus de micros qu'un invité
00:11:05 à mon époque, il y avait beaucoup plus
00:11:07 d'invités potentiels qu'un micro
00:11:09 - En tout cas on embrase Jean-Pierre
00:11:11 qui nous écoute, c'est une immense voix
00:11:13 d'Europe 1 et pour tous les journalistes
00:11:15 de ma génération, c'est quelqu'un qui a
00:11:17 tout simplement donné envie
00:11:19 de faire ce métier, et vous en parlez
00:11:21 d'ailleurs dans votre livre avec des louanges
00:11:23 - C'est un immense travailleur
00:11:25 - Ce qui n'est pas la qualité première toujours des journalistes
00:11:27 c'est ce que vous voulez dire
00:11:29 - Oui, ça c'est certain, il n'y a pas que les journalistes d'ailleurs
00:11:31 mais enfin parmi les journalistes, oui
00:11:33 - Mais le premier interview qu'il m'a fait
00:11:35 j'étais tout jeune
00:11:37 et j'étais fasciné de voir qu'alors
00:11:39 qu'il interviewait un bleuet
00:11:41 il avait travaillé
00:11:43 comme une brute, tout était
00:11:45 stabile au bossé comme vous
00:11:47 en jaune, et je me dis
00:11:49 le secret au fond, c'est pas le talent
00:11:51 c'est le travail
00:11:53 - La pause à tout de suite
00:11:55 - Vous êtes bien sur Europe 1, Pascal Prévou
00:11:57 c'est jusqu'à 13h et Pascal
00:11:59 Nicolas Sarkozy est votre invité exceptionnel
00:12:01 aujourd'hui, l'ancien président
00:12:03 de la République est venu répondre à toutes vos questions
00:12:05 - Et je le remercie une nouvelle fois d'accorder
00:12:07 sa première interview radio à Europe 1
00:12:09 Monsieur le Président, il y a beaucoup
00:12:11 de choses, je le disais dans votre livre
00:12:13 et sur le rôle que vous faites de président
00:12:15 Florence Cassé c'est extrêmement
00:12:17 intéressant parce que c'est une jeune
00:12:19 femme qui est donc détenue
00:12:21 au Mexique d'une manière injuste
00:12:23 et vous intervenez, vous allez d'ailleurs avoir
00:12:25 une audience avec le pape
00:12:27 et vous allez lui demander d'intervenir
00:12:29 et vous écrivez "c'est vraiment
00:12:31 l'idée que je me fais du rôle du président
00:12:33 de la République que d'aller porter secours
00:12:35 à ceux de nos compatriotes
00:12:37 qui se trouvent abandonnés de tous
00:12:39 et elle était abandonnée de tous
00:12:41 - Oui, Florence Cassé, je ne la connaissais pas
00:12:43 et par l'intermédiaire
00:12:45 d'un de mes amis qui était député
00:12:47 de mon propre parti à l'époque, Thierry Lazaro
00:12:49 je reçois ses parents
00:12:51 je vois un couple merveilleux
00:12:53 de dignité
00:12:55 vraiment sympathique
00:12:57 et désespéré
00:12:59 leur fille venait d'être condamnée
00:13:01 après 70 ans de prison
00:13:03 et était dans une des prisons
00:13:05 les plus dures au Mexique
00:13:07 alors qu'ils étaient persuadés
00:13:09 de son innocence
00:13:11 mais Pascal Praud, même si
00:13:13 j'avais été persuadé de sa culpabilité
00:13:15 je l'aurais aidé
00:13:17 parce que si elle avait fait
00:13:19 quelque chose de mal, c'était en France
00:13:21 dans son pays
00:13:23 qu'elle devait plonger sa peine
00:13:25 et donc
00:13:27 j'ai promis, j'ai donné ma parole à ces gens
00:13:29 que j'allais les aider et au fur et à mesure
00:13:31 je suis rentré dans le dossier
00:13:33 j'ai vu qu'elle était innocente
00:13:35 on pouvait pas la laisser tomber
00:13:37 elle a quand même fait plus de 6 ans de prison
00:13:39 et donc comme
00:13:41 le président mexicain
00:13:43 d'époque était vraiment
00:13:45 avec un ministre de l'intérieur
00:13:47 corrompu, qui est d'ailleurs en prison
00:13:49 aujourd'hui
00:13:51 aux Etats-Unis
00:13:53 j'ai essayé de l'aider du mieux que je pouvais
00:13:55 et la seule personne qui vraiment
00:13:57 pouvait m'aider c'était le pape Benoît XVI
00:13:59 et
00:14:01 parce que l'influence de l'église est énorme
00:14:03 au Mexique. Et un jour
00:14:05 le pape me recevait, on avait passé une heure dans son bureau
00:14:07 moi j'aimais beaucoup cet homme
00:14:09 un homme très intelligent, merveilleux
00:14:11 qui a passé sa vie à réfléchir
00:14:13 sur deux mots
00:14:15 qui sont en général présentés comme contradictoires
00:14:17 et qui pour lui
00:14:19 c'est le sens de sa vie, le mot "raison"
00:14:21 et le mot "foi"
00:14:23 un homme qui a passé sa vie à réfléchir
00:14:25 là-dessus. Ça vous le rend sympathique
00:14:27 déjà. Et à la fin
00:14:29 de l'entretien je lui dis "Très Saint-Père, j'ai vraiment
00:14:31 un service à vous demander." "Bien sûr"
00:14:33 me dit-il. J'ai une protégée
00:14:35 qui vient d'être condamnée
00:14:37 je crois à 68 ans de prison
00:14:39 et pour vous dire la qualité
00:14:41 de cet homme
00:14:43 au lieu de se dire "hop"
00:14:45 se protéger, il joint ses mains en signe
00:14:47 de prière et il me dit
00:14:49 "Oh la malheureuse"
00:14:51 vous voyez déjà l'humanité
00:14:53 la réflexion
00:14:55 je lui dis "écoutez Très Saint-Père, j'ai une conviction
00:14:57 elle est innocente mais je vous demande
00:14:59 de saisir l'église
00:15:01 mexicaine
00:15:03 qu'ils fassent leur propre enquête
00:15:05 et en fonction des résultats
00:15:07 vous déciderez si vous l'aidez ou pas." Ils ont fait
00:15:09 l'enquête, on a compris que Florence
00:15:11 était innocente et
00:15:13 peut-être
00:15:15 tous les deux ou trois mois
00:15:17 j'appelais Florence dans sa prison
00:15:19 elle pleurait beaucoup
00:15:21 vous vous rendez compte
00:15:23 un jour je lui dis "écoutez Florence
00:15:25 j'ai parlé avec le pape
00:15:27 de votre situation" elle a fondu en larmes
00:15:29 et est devenue très violente
00:15:31 elle m'a dit "mais c'est pas bien de me mentir
00:15:33 alors que je suis en prison, je suis au fond
00:15:35 du trou" ça me faisait penser
00:15:37 à
00:15:39 à Zola
00:15:41 qui faisait l'appel pour défendre
00:15:43 Dreyfus, il y a une magnifique lettre
00:15:45 de Dreyfus au fond de sa prison
00:15:47 qui écrivait au garde des Sceaux de l'époque
00:15:49 mais j'ai dit "mais c'est vrai Florence, je vous assure
00:15:51 c'est vrai" et finalement on l'a fait sortir de prison
00:15:53 et bien si
00:15:55 le grand pouvoir du président
00:15:57 de la république ne sert pas
00:15:59 à aider des gens
00:16:01 abandonnés de tous
00:16:03 au fond du trou
00:16:05 à quoi il sert ?
00:16:07 à quoi ça sert une vie
00:16:09 si jamais
00:16:11 à un moment ou à un autre on a envie de
00:16:13 tendre la main à quelqu'un qui est en train de se noyer
00:16:15 c'est quoi ? à quoi ça sert d'avoir ce pouvoir là ?
00:16:17 - Et c'est pourquoi on a voulu commencer
00:16:19 par ces deux exemples du rôle
00:16:21 que vous vous faites, alors c'est très intéressant
00:16:23 - Ça m'a beaucoup goûté parce que Mme Aubry
00:16:25 qui était à l'époque patronne du Parti Socialiste
00:16:27 qui avait une coeur à gauche
00:16:29 qu'elle soit à gauche c'est sûr qu'elle est un coeur
00:16:31 ça ça risque de démontrer
00:16:33 m'a traité
00:16:35 d'immature
00:16:37 allant au secours de quelqu'un de
00:16:39 forcément coupable
00:16:41 et de mettre en cause
00:16:43 les relations franco-missicaines. D'abord je savais rien
00:16:45 s'il était coupable, mais Pascal Proulx
00:16:47 même s'il avait été coupable
00:16:49 on n'abandonne pas les gens
00:16:51 jamais
00:16:53 surtout quand ils sont dans l'épreuve
00:16:55 - Alors j'apprendrai évidemment rien
00:16:57 à personne en disant que vous êtes présent
00:16:59 sur tous les dossiers, vous l'écrivez vous-même
00:17:01 je devais aussi mettre les mains dans le combouis
00:17:03 on parle d'un remaniement et c'est pour ça que c'est intéressant
00:17:05 ces deux exemples où vous êtes au Cap-Nec
00:17:07 vous prenez votre avion pour venir
00:17:09 vous-même dire aux familles
00:17:11 le drame qu'elles vivent
00:17:13 vous intervenez sur l'affaire Florence Cassez
00:17:15 d'autres présidents peut-être ne l'auraient pas fait
00:17:17 mais je devais aussi mettre les mains dans le combouis
00:17:19 et cette fois-ci on parle d'un remaniement
00:17:21 et quand je vous lis je dis
00:17:23 mais le Premier ministre il ne sert à rien du tout
00:17:25 c'est vous qui faites la liste, c'est vous qui choisissez
00:17:27 tous les noms. L'exercice du remaniement
00:17:29 était délicat, je savais qu'il ne créerait
00:17:31 qu'un élan de quelques jours s'il était réussi
00:17:33 etc. Mais c'est vous qui choisissez
00:17:35 alors on peut le comprendre parce que, et vous le dites souvent
00:17:37 dans les livres, c'est vous qui êtes élu
00:17:39 c'est le Premier ministre qui ne l'est pas
00:17:41 mais à ce moment-là est-ce que la Ve République doit se réformer ?
00:17:43 A quoi sert le Premier ministre ?
00:17:45 - Non mais on peut encore une fois, Pascal Praud, ne pas être d'accord avec moi
00:17:47 et je ne prétends pas à la vérité
00:17:49 mais
00:17:51 j'ai beaucoup de respect pour M. Fillon
00:17:53 qui a été un très bon Premier ministre
00:17:55 mais quand on avait des discussions
00:17:57 qu'il avait un désaccord avec moi
00:17:59 je lui disais "rappelle-moi, qui a été élu ?
00:18:01 Et qui a été nommé ?
00:18:03 Dans le système démocratique
00:18:05 celui qui décide
00:18:07 c'est celui qui est élu
00:18:09 pas celui qui est nommé. - Et vous lui disiez ça
00:18:11 comme ça ? - Absolument
00:18:13 pourquoi il ne fallait pas le dire ? - Non mais je vous pose
00:18:15 la question et que vous répondez-vous ?
00:18:17 - Parce qu'il est intelligent, il a parfaitement compris
00:18:19 le travail du Premier ministre c'est que
00:18:21 le président qu'il a nommé soit content
00:18:23 et satisfait
00:18:25 le travail du président
00:18:27 c'est que 68 millions de Français soient contents
00:18:29 c'est pas de la même nature
00:18:31 alors je me suis beaucoup posé la question
00:18:33 de savoir au moment de la réforme consciente de 2008
00:18:35 est-ce qu'il fallait ou non
00:18:37 supprimer le poste de Premier ministre
00:18:39 j'ai conclu que non
00:18:41 parce que déjà comme on parlait de moi
00:18:43 comme l'omniprésident j'ai été décrit comme quasi-dictateur
00:18:45 par tous ceux
00:18:47 qui sont à gauche - Dictateur non mais
00:18:49 omniprésident oui, je pense même que
00:18:51 vous avez changé la fonction
00:18:53 présidentielle, c'est qu'on ne peut plus présider
00:18:55 après vous comme on présidait
00:18:57 avant vous puisque vous avez été
00:18:59 présent toujours, partout
00:19:01 et tout le temps. Alors est-ce
00:19:03 peut-être aussi l'époque ?
00:19:05 - Est-ce que vous croyez que c'est Pompidou
00:19:07 qui dirigeait De Gaulle ?
00:19:09 - Il était moins présent sur le terrain
00:19:11 - Quand même, Pompidou
00:19:13 remporte la bataille du Grenelle à l'époque
00:19:15 de 68
00:19:17 et
00:19:19 De Gaulle le vire
00:19:21 vous pensez
00:19:23 que c'est Chaban qui contrôlait
00:19:25 Pompidou ? - Non mais Jacques Chirac ne présidait
00:19:27 pas comme vous - Ecoutez j'étais numéro 2
00:19:29 du gouvernement de
00:19:31 Jean-Pierre Raffarin - C'est pas Chirac
00:19:33 qui dirigeait si Jean-Pierre Raffarin ?
00:19:35 - C'est une plaisanterie - Vous trouvez que vous n'avez pas
00:19:37 changé d'une certaine manière ?
00:19:39 - Si, si, si, j'ai ma responsabilité
00:19:41 qu'est-ce qui a changé ?
00:19:43 C'est que moi, peut-être à tort
00:19:45 je veux pas mentir
00:19:47 j'aime pas le théâtre d'ombre
00:19:49 y'a un patron et un patron
00:19:51 j'étais le leader et j'étais le patron
00:19:53 donc oui, peut-être c'est
00:19:55 une erreur, mais ce qui a changé
00:19:57 c'est que je revendiquais une
00:19:59 situation qui était connue
00:20:01 de tout le monde mais qui était masquée
00:20:03 parce qu'entre Rocart et Mitterrand
00:20:05 c'est pas Mitterrand qui décidait ?
00:20:07 - Non mais je dis pas que c'est une erreur, d'ailleurs c'est peut-être une demande du public
00:20:09 également une demande de l'opinion
00:20:11 qui... elle vote
00:20:13 pour quelqu'un, elle veut que celui
00:20:15 pour qui elle a voté soit manette - Ecoutez j'avais vu
00:20:17 Jacques Chirac aller à la télévision pour dire
00:20:19 martialement "j'ai demandé à Jean-Pierre Raffarin
00:20:21 d'engager la lutte contre
00:20:23 le chômage" mais vous plaisantez
00:20:25 si les gens votaient pour Jacques Chirac
00:20:27 deux fois, c'est pour que lui fasse le boulot
00:20:29 pas pour que je le fasse faire
00:20:31 - On va marquer une pause
00:20:33 et on va prendre peut-être une première question
00:20:35 "La politique est affaire d'incarnation
00:20:37 écrivez-vous et la valeur
00:20:39 d'une peinture ne serait expliquée par le seul
00:20:41 choix des pinceaux, des toiles
00:20:43 ou de la qualité des tubes de couleur, c'est le peintre
00:20:45 seul qui fait toute la différence"
00:20:47 - Oui, bah donnez-moi les pinceaux de Van Gogh
00:20:49 vous verrez, vous ne serez pas déçu
00:20:51 je crains de ne pas être capable
00:20:53 de faire les tournesols - Bon
00:20:55 et puis on écoutera, alors on est évidemment sur Europe 1
00:20:57 on écoutera quelques musiques parce que
00:20:59 je sais que vous êtes proche du monde artistique
00:21:01 et musical - Bah oui je suis marié
00:21:03 avec une grande artiste
00:21:05 qui écrit merveilleusement bien
00:21:07 et la musique m'a toujours accompagné
00:21:09 c'est d'ailleurs pour moi, vous savez
00:21:11 le seul moment où je
00:21:13 me remémore, moi je me tourne vers l'avenir
00:21:15 assez lentement vers le passé, ce qui fait
00:21:17 revenir en moi des émotions du passé c'est la musique
00:21:19 beaucoup plus que la photo
00:21:21 - Bah écoutez on va écouter des vieilles chansons
00:21:23 alors ça tombe bien, 11h27
00:21:25 - Des vieilles chansons, des chansons
00:21:27 d'autrefois - Des chansons d'autrefois
00:21:29 je sais que Didier Barbeau-Livien nous écoute
00:21:31 également et c'est monsieur nostalgie
00:21:33 souvent dans ses chansons, pas forcément
00:21:35 dans la vie, mais
00:21:37 on pourra pourquoi pas l'écouter également
00:21:39 avant la fin de cette émission, mais
00:21:41 nous allons écouter un premier auditeur ou auditrice dans une seconde
00:21:43 à tout de suite, vous êtes bien sur Europe 1
00:21:45 - Pascal on vous retrouve avec votre invité exceptionnel
00:21:47 ce mardi 29 août, l'ancien président
00:21:49 de la république Nicolas Sarkozy
00:21:51 son dernier livre "Le temps des combats" vient de paraître
00:21:53 aux éditions Fayard - Nous sommes depuis 30 minutes
00:21:55 effectivement avec Nicolas Sarkozy
00:21:57 et nous allons écouter
00:21:59 peut-être une première question, bonjour Véronique
00:22:01 - Bonjour monsieur Proulx,
00:22:03 bonjour monsieur le président - Et merci d'être avec nous
00:22:05 vous habitez où Véronique ?
00:22:07 - J'habite Le Mans, dans la Sarthe
00:22:09 - Et est-ce que vous avez acheté ou est-ce que vous allez acheter
00:22:11 "Le temps des combats" ?
00:22:13 - Eh bien écoutez, je lis beaucoup
00:22:15 ce qui fait que tout ce qui est politique
00:22:17 je ne fais pas, mais j'ai beaucoup
00:22:19 entendu de critiques positives
00:22:21 et je pense qu'effectivement je vais l'acheter
00:22:23 et là je viens d'entendre effectivement
00:22:25 une personne qui a
00:22:27 énormément de sensibilité
00:22:29 et ça me plaît, et c'est vrai
00:22:31 qu'on dit souvent que le président est le père de la nation
00:22:33 et je pense que monsieur
00:22:35 le président a été un père présent
00:22:37 pour la nation, qui a su nous montrer qu'il avait
00:22:39 une sensibilité et qu'il était comme nous
00:22:41 - Vous aviez voté pour lui ?
00:22:43 - Oui
00:22:45 - Et vous avez peut-être une question à poser
00:22:47 à Nicolas Sarkozy ou un souhait
00:22:49 exprimé ?
00:22:51 - Moi j'ai 66 ans
00:22:53 j'ai vécu dans ma vie
00:22:55 des périodes où je vivais bien
00:22:57 auprès d'une personne d'un pôle libéral
00:22:59 ensuite je me suis retrouvée en précarité
00:23:01 c'est-à-dire qu'en fait je suis aussi bien au courant des problèmes
00:23:03 de gens qui vivent bien que de gens qui vivent mal
00:23:05 donc je ne peux pas dire que je sois de droite, de gauche
00:23:07 moi en ce moment je me constate
00:23:11 une chose, c'est qu'au niveau économique on critique
00:23:13 beaucoup les gens qui ont des capitaux
00:23:15 mais il en faut parce que
00:23:17 effectivement sinon on ne peut pas créer d'emplois etc
00:23:19 mais on a aussi également le problème
00:23:21 de personnes qui travaillent et qui en
00:23:23 travaillant n'arrivent pas à vivre, ils survivent
00:23:25 simplement, donc effectivement il faut des capitaux
00:23:27 pour créer de l'emploi mais il faut aussi des gens
00:23:29 qui travaillent mais qui soient satisfaits de leur travail
00:23:31 et qui puissent profiter tout en travaillant
00:23:33 - Et la question Véronique ?
00:23:35 - Ma question c'est aujourd'hui
00:23:37 est-ce que M. Macron qui est le père de la nation
00:23:39 est-ce que vous ne pensez pas
00:23:41 comme je pense moi qu'actuellement
00:23:43 il y a non-assistance à peuples en danger ?
00:23:45 - Bonjour Véronique
00:23:47 - Bonjour M. le président
00:23:49 - Alors, il y a
00:23:51 vous avez posé en vérité
00:23:53 18 000 questions
00:23:55 - Oui
00:23:57 - Je crois voyez-vous que
00:23:59 tout chasseur
00:24:01 devrait
00:24:03 avoir été gibier
00:24:05 avant de chasser
00:24:07 que tout
00:24:09 winner, que tout gagneur
00:24:11 devrait avant
00:24:13 avoir été un loser ou avoir perdu
00:24:15 et
00:24:17 on ne peut pas
00:24:19 comprendre un pays
00:24:21 si on n'a pas soi-même
00:24:23 le corps recouvert de cicatrices
00:24:25 parce que
00:24:27 la vie n'est qu'un long continuum
00:24:29 d'épreuves et le bonheur
00:24:31 est dans l'épreuve surmontée
00:24:33 jamais dans l'épreuve évitée en attendant
00:24:35 la prochaine
00:24:37 et j'ai compris ça moi-même
00:24:39 lorsque j'ai divorcé malheureusement publiquement
00:24:41 et donc ce que vous avez
00:24:43 dit sur la sensibilité me touche beaucoup
00:24:45 alors après
00:24:47 M. Macron, moi je suis plus dans
00:24:49 la politique, mais je ne vais pas fuir
00:24:51 Raymond Aron a
00:24:53 dit quelque chose de fantastique comme tous ces
00:24:55 génies, en une phrase
00:24:57 il résume tout, la politique
00:24:59 disait-il, c'est le choix
00:25:01 entre
00:25:03 le préférable et le détestable
00:25:05 c'est pas
00:25:07 le choix entre le bien
00:25:09 et le mal, entre le génial
00:25:11 et le minable
00:25:13 c'est le choix entre le préférable et le détestable
00:25:15 moi j'ai choisi et je l'ai assumé
00:25:17 et si c'était à refaire je le referais
00:25:19 Emmanuel Macron, parce que je ne voulais pas
00:25:21 de Marine Le Pen et parce que je ne voulais
00:25:23 pas de M. Mélenchon
00:25:25 - Donc c'est le préférable ? - Exactement
00:25:27 ça veut pas dire que je suis
00:25:29 non mais déjà
00:25:31 Pascal Praud ne le répétez pas
00:25:33 mais pour voter au deuxième tour il faut être qualifié
00:25:35 pour le deuxième tour
00:25:37 quand vous arrêtez à la première étape c'est difficile
00:25:39 de remporter le tour de France
00:25:41 donc le problème c'est même pas posé
00:25:43 et ne soyons pas cruels
00:25:45 parfois la barre est trop haute
00:25:47 mais moi j'ai fait
00:25:49 ce choix là, pas parce que j'étais d'accord
00:25:51 surtout avec lui
00:25:53 pas parce que je comprends tout de lui
00:25:55 mais parce que j'ai pensé
00:25:57 qu'en tant qu'ancien président de la République
00:25:59 mon devoir, vous m'entendez Véronique ?
00:26:01 mon devoir, c'était
00:26:03 de faire le choix
00:26:05 le meilleur possible
00:26:07 dans le climat politique qui était celui-ci
00:26:09 et donc je ne le regrette pas
00:26:11 - Bon la question de Véronique c'est
00:26:13 non-assistance à peuples en danger
00:26:15 - Mais la vérité Véronique c'est que c'est l'ensemble
00:26:17 de l'Occident
00:26:19 qui a dominé le monde
00:26:21 pendant des siècles
00:26:23 et qui se trouve aujourd'hui dominé
00:26:25 la nouvelle la plus
00:26:27 préoccupante ces dernières semaines
00:26:29 c'est la réunion de ce qu'on appelle
00:26:31 les BRICS
00:26:33 sans nous
00:26:35 en 2007 quand je fais le premier G8
00:26:37 ou G7, G8 à l'époque
00:26:39 les BRICS
00:26:41 c'est-à-dire Chine, Afrique
00:26:43 du Sud, Inde
00:26:45 Russie, nous rejoignent pour la
00:26:47 dernière journée
00:26:49 maintenant Véronique, ils se réunissent
00:26:51 sans nous
00:26:53 l'axe du monde était un axe
00:26:55 plein Ouest, il est en train de devenir un axe
00:26:57 plein Est, c'est ça qui est préoccupant
00:26:59 - Oui mais vous voyez vous dites vous n'êtes plus dans la politique
00:27:01 et moi je voulais vous faire parler d'autre chose
00:27:03 - Vous ne dites pas dans le bouquin que de politique
00:27:05 et vous revenez immédiatement d'ailleurs à la politique
00:27:07 ce que je comprends, d'ailleurs en même temps il y avait la question de
00:27:09 Véronique - Non mais parce que moi je ne suis plus dans la politique
00:27:11 active, mais la politique ça me passionne
00:27:13 toujours, c'est comme vous
00:27:15 vous n'y êtes plus dans le sport
00:27:17 mais le sport vous y êtes toujours
00:27:19 c'est une chose de commenter
00:27:21 la politique, c'est une chose
00:27:23 d'agir en politique - Vous n'y êtes plus jusqu'à quand ?
00:27:25 - Non non non je ne suis plus
00:27:27 - Vous n'y êtes plus du tout ? - Non non non vous savez Jaurès
00:27:29 qui n'est pas un homme que je cite souvent
00:27:31 c'est quelque chose de très intéressant
00:27:33 c'est en allant vers la mer
00:27:35 que le fleuve est fidèle à sa source
00:27:37 quelle est la caractéristique
00:27:39 passerelle-peau de l'estuaire ?
00:27:41 et bien elle est plus large
00:27:43 que la source, donc il faut
00:27:45 aller vers l'élargissement et ne pas
00:27:47 remonter à la source, il n'y a que les saumons
00:27:49 qui font ça et ça se termine mal
00:27:51 - Parfois on peut changer d'avis, hier on était avec Michel Sardou
00:27:53 il avait dit je ne remonterai pas sur scène et puis finalement
00:27:55 il remonte
00:27:57 sur scène pour chanter, peut-être
00:27:59 - Pourquoi pas ? En fait
00:28:01 vous voyez je vous dis ce que le fond de ma pensée
00:28:03 je pense que
00:28:05 et je pense que tous les français pensent comme cela
00:28:07 ils vous connaissent tous
00:28:09 ils savent qui vous êtes
00:28:11 et au fond ils se disent
00:28:13 si un jour il y a une opportunité
00:28:15 pour revenir à l'Elysée
00:28:17 évidemment que Nicolas Sarkozy
00:28:19 il aura envie de revenir
00:28:21 parce que c'est dans votre nature
00:28:23 - Bon
00:28:25 d'abord vous avez le droit de penser
00:28:27 cela et franchement
00:28:29 je préfère que les gens me disent on vous regrette
00:28:31 et pourquoi pas vous revenez
00:28:33 plutôt qu'on dise on en a ras le bol de lui
00:28:35 et franchement je préfère être traité comme je suis
00:28:37 que comme est traité
00:28:39 monsieur Hollande - Mais vous répondez pas vraiment
00:28:41 - Non, je vous dis mais j'ai fait d'autres choix
00:28:43 ce n'est plus ma vie
00:28:45 je suis français
00:28:47 j'aime la France
00:28:49 la politique m'a tellement donné
00:28:51 je resterai passionné de politique
00:28:53 mais la notion d'opportunité
00:28:55 pour moi ne fait plus partie
00:28:57 de mon vocabulaire
00:28:59 - On va être avec Julien dans une seconde
00:29:01 il y a beaucoup de choses j'ai envie de dire
00:29:03 qui sont des pensées sur la vie
00:29:05 je ne sais pas mais en tout cas le regard
00:29:07 que vous portez sur la vie
00:29:09 sur l'existence, l'échec est trop souvent vécu dans notre pays
00:29:11 comme une condamnation définitive
00:29:13 alors qu'il devrait être chaque fois une occasion
00:29:15 de rebondir ce que vous dites
00:29:17 et ça j'imagine
00:29:19 un ado de 18, 20 ans
00:29:21 qui lit ça, c'est peut-être des phrases
00:29:23 qui ont raisonné en lui
00:29:25 - Moi j'ai été cet adolescent
00:29:27 dans l'immeuble où on habitait
00:29:29 j'étais élevé par ma mère que j'adorais
00:29:31 qui était divorcée et qui m'a élevé seul
00:29:33 et qui a travaillé
00:29:35 très dur pour nous
00:29:37 ses trois fils
00:29:39 mais on était tellement peu connu que même dans notre immeuble
00:29:41 on ne nous connaissait pas
00:29:43 et je me disais, j'avais 13-14 ans
00:29:45 je me disais mais comment je vais sortir de cette petite vie
00:29:47 je ne voulais pas m'ennuyer
00:29:49 j'avais peur de m'ennuyer
00:29:51 je rêvais d'un destin immense
00:29:53 et je l'ai payé
00:29:55 cher, mais j'y suis arrivé
00:29:57 c'est pas possible
00:29:59 d'être moins connu que je l'étais
00:30:01 le premier meeting auquel je participe
00:30:03 c'était pour Chabandelle-Masse à Boulogne en 1974
00:30:05 Pascal Proulx ne me laisse même pas
00:30:07 rentrer dans la salle
00:30:09 et ce soir là j'ai serré les points
00:30:11 je me dis un jour c'est moi qui serai sur scène
00:30:13 si moi je l'ai fait
00:30:15 d'autres peuvent le faire
00:30:17 et si ma vie... - Vous ne servirez à rien de votre nature
00:30:19 - Non
00:30:21 - Attend, tout le monde ne s'en va pas - Vous n'avez pas votre talent
00:30:23 - Non, non - C'est comme en sport
00:30:25 - Il y a beaucoup de gens... Non, non, attend
00:30:27 - Vous aimez le sport, tout le monde n'est pas
00:30:29 mbappé, tout le monde n'est pas fédéraire
00:30:31 - C'est un grand philosophe qui a
00:30:33 dit ça à Johnny Hallyday
00:30:35 qu'on me donne l'envie
00:30:37 l'envie c'est la clé
00:30:39 les gens pensent que ça se joue à l'intelligence
00:30:41 au talent
00:30:43 non, ça se joue à l'envie
00:30:45 j'avais envie de brûler les planches
00:30:47 j'avais envie de faire cela
00:30:49 et si des jeunes, vous savez parfois
00:30:51 hier j'étais à Saint Raphaël
00:30:53 un jeune de 16 ans
00:30:55 qui vient me demander de signer le livre
00:30:57 il me dit "vous m'avez beaucoup inspiré monsieur"
00:30:59 je dis "mais écoute, tu rigoles, t'avais 4 ans
00:31:01 quand je suis parti mon gars"
00:31:03 "oui mais quand même j'ai tout vu, j'ai tout vu"
00:31:05 tant mieux, si ça peut
00:31:07 donner de l'espérance
00:31:09 si moi j'y suis arrivé, d'autres peuvent y arriver
00:31:11 en tout cas il y a une chose, toute ma vie
00:31:13 Pascal Praud, on m'a dit
00:31:15 c'est trop tôt
00:31:17 les mêmes m'ont dit ensuite
00:31:19 c'est trop tard
00:31:21 est-ce que je peux dire à ceux qui nous écoutent
00:31:23 n'écoutez jamais ceux qui
00:31:25 vous disent que vous avez trop d'ambition
00:31:27 que vos rêves sont trop grands
00:31:29 il faut rêver grand
00:31:31 il faut rêver grand quand on est jeune
00:31:33 parce que la vie, elle s'occupe
00:31:35 de réduire vos ambitions
00:31:37 ne les réduisez pas vous-même
00:31:39 - On était hier avec Michel Sardou je l'ai dit et il regrettait
00:31:41 qu'il n'y ait plus assez de musique
00:31:43 sur Europe qui était
00:31:45 une station musicale jadis
00:31:47 où peut-être il y avait plus de musique
00:31:49 avec Lucien Maurice et d'autres directeurs
00:31:51 alors on va écouter
00:31:53 quelques notes de musique peut-être et vous en avez
00:31:55 parlé à l'instant de ce grand philosophe
00:31:57 - On m'a trop donné
00:31:59 bien avant l'envie
00:32:01 j'ai oublié les vies d'émergie
00:32:03 toutes ces choses qui
00:32:05 avaient un but
00:32:07 - Vous savez qu'il y a des sportifs qui avant d'entrer
00:32:09 sur le terrain, quand ils sont dans
00:32:11 le car ils écoutent cette chanson
00:32:13 dans les oreilles
00:32:15 et précisément ça leur donne
00:32:17 envie - Je peux vous raconter une anecdote
00:32:19 moi j'ai toujours aimé Johnny
00:32:21 toujours
00:32:23 et ma mère
00:32:25 pour mes 12 ans
00:32:27 m'a emmené à l'Olympia
00:32:29 un samedi en matinée
00:32:31 parce que c'était une époque
00:32:33 où il y avait des matinées
00:32:35 avec la vedette portugaise
00:32:37 la vedette américaine et
00:32:39 je vais voir Johnny
00:32:41 et je rêvais de Johnny et dès que Johnny était
00:32:43 dans les 100 kilomètres
00:32:45 je me débrouillais pour acheter un ticket
00:32:47 pour aller voir, je connaissais pas bien sûr
00:32:49 et en 2006
00:32:51 j'ai fait un grand meeting
00:32:53 à Marseille
00:32:55 et au premier rang il y avait Johnny
00:32:57 et pour moi
00:32:59 ce jour là, qui avait tellement rêvé
00:33:01 petit garçon
00:33:03 de cet idole
00:33:05 et de voir mon idole
00:33:07 qui était au premier rang
00:33:09 je lui ai dit "tu sais Johnny"
00:33:11 c'est un grand moment, c'est peut-être une des rares fois
00:33:13 où j'ai eu un peu le trac
00:33:15 avant de monter en scène
00:33:17 - Vous êtes sur Europe 1 et 11h42
00:33:19 nous sommes avec Nicolas Sarkozy
00:33:21 vous allez pouvoir l'interroger
00:33:23 on a encore beaucoup de questions
00:33:25 des questions qui seront aussi plus politiques
00:33:27 et pourquoi pas plus polémiques tout à l'heure
00:33:29 dans une seconde, nous revenons
00:33:31 à tout de suite
00:33:33 - Pascal Prohevo
00:33:35 3921 c'est aussi le numéro que vous composez
00:33:37 pour réagir dans votre nouvelle émission
00:33:39 Pascal Prohevo, Pascal on vous retrouve
00:33:41 avec votre invité Nicolas Sarkozy
00:33:43 que vous recevez ce matin
00:33:45 - Il y a beaucoup de choses monsieur le Président
00:33:47 que vous dites et vous parlez
00:33:49 de vous, vous parlez des voyages
00:33:51 votre mère qui souhaitait vous encourager à voyager
00:33:53 et vous regrettez aujourd'hui peut-être que
00:33:55 pour certains avec
00:33:57 le danger climatique
00:33:59 les avions restent au sol
00:34:01 et certains proposent aux jeunes précisément
00:34:03 de ne pas bouger, ça vous agace
00:34:05 et puis vous dites des choses
00:34:07 des éléments de personnalité moi qui m'ont
00:34:09 intéressé, l'équilibre est difficile
00:34:11 à atteindre entre la grande confiance en soi
00:34:13 que nécessite l'action politique
00:34:15 au plus haut niveau et l'image d'arrogance
00:34:17 qu'elle peut produire sur les observateurs
00:34:19 y compris les
00:34:21 moins engagés, je trouve que c'est assez
00:34:23 intéressant toute cette partie du livre
00:34:25 - Vous savez
00:34:27 j'ai été très
00:34:29 proche d'Edouard Balladur, j'étais son ministre du budget
00:34:31 son porte parole et même son ministre
00:34:33 de la communication et il m'appelait
00:34:35 tous les matins très tôt
00:34:37 et tous les soirs avant de rentrer
00:34:39 chez lui à 8h, c'est vraiment
00:34:41 quelqu'un à qui j'ai partagé beaucoup, c'était une
00:34:43 grande, grande intelligence
00:34:45 mais j'ai remarqué que
00:34:47 quand on est intelligent à ce point
00:34:49 sur toute situation
00:34:51 on voit immédiatement les avantages
00:34:53 et les inconvénients et parfois
00:34:55 on en tire la conclusion
00:34:57 qu'il ne faut pas choisir
00:34:59 et pour faire quelque chose de
00:35:01 grand, parfois
00:35:03 il faut bien sûr réfléchir, analyser
00:35:05 mais les
00:35:07 décisions les plus importantes dans sa vie
00:35:09 on fonce
00:35:11 on fonce
00:35:13 quand on se marie
00:35:15 si vous devez réfléchir
00:35:17 pendant 5 ans pour savoir si vous aimez
00:35:19 votre femme ou votre mari, laissez tomber
00:35:21 c'est que vous ne l'aimez pas
00:35:23 - On fonce quand on rentre dans une maternelle
00:35:25 - Quand on fait un enfant
00:35:27 - C'était le destin et l'opportunité
00:35:29 s'est trouvé comme ça
00:35:31 et donc parfois
00:35:33 trop de réflexion
00:35:35 peut conduire à l'inaction
00:35:37 parce qu'on voit
00:35:39 tous les dangers et pas les avantages
00:35:41 et quand on se retourne sur sa vie
00:35:43 ceux qui nous écoutent ont toujours envie
00:35:45 les grandes décisions qu'ils ont prises
00:35:47 est-ce qu'elles sont le fruit de la réflexion
00:35:49 ou est-ce qu'elles sont prises de l'émotion
00:35:51 si on devait réfléchir avant de faire
00:35:53 un enfant, on ne ferait pas
00:35:55 si on devait réfléchir avant de se marier
00:35:57 - On devrait parfois
00:35:59 - Peut-être
00:36:01 mais les sentiments
00:36:03 c'est le cœur
00:36:05 la réflexion c'est le cerveau
00:36:07 et parfois les gens aiment avec le cerveau
00:36:09 et réfléchissent avec le cœur, c'est le contraire
00:36:11 donc j'ai voulu dire
00:36:13 là-dessus que
00:36:15 il faut y aller
00:36:17 et évidemment
00:36:19 c'est tellement rare d'être un leader
00:36:21 qui assume
00:36:23 que ça peut donner l'impression de brutalité
00:36:25 et peut-être qu'il m'est arrivé, certainement il m'est arrivé
00:36:27 de donner cette impression-là
00:36:29 que la confiance en soi
00:36:31 peut effrayer, peut faire peur
00:36:33 mais s'il n'y a pas de confiance en soi, comment on monte
00:36:35 en haut de l'arbre le plus haut de la forêt ?
00:36:37 Et une fois qu'on est en haut
00:36:39 là-haut, tout là-haut, sur l'arbre le plus haut de la forêt
00:36:41 on ne va pas se plaindre que le vent s'ouvre
00:36:43 plus fort, si vous ne voulez pas de vent
00:36:45 vous descendez
00:36:47 mais on ne peut pas monter et vouloir le calme
00:36:49 - Alors des questions bien sûr
00:36:51 et c'est le jeu de cette émission
00:36:53 vous allez rester jusqu'à 13h avec nous ?
00:36:55 - Je reste
00:36:57 tant que vous ne me mettez pas dehors
00:36:59 - Alors écoutez, moi
00:37:01 - Moi je me sens illégitime - Là j'achète
00:37:03 si j'ose dire, parce qu'il y a aussi forcément
00:37:05 des questions plus politiques qu'on pourra
00:37:07 vous poser, ces questions-là
00:37:09 effectivement c'est vous qui
00:37:11 en parlez dans le livre
00:37:13 on parlera évidemment de votre vie privée également
00:37:15 puisque vous évoquez Carla Bruni
00:37:17 vous évoquez votre fils Jean, mais Julien va vous poser
00:37:19 une question sur Europe 1 à 11h49
00:37:21 - Bonjour M. Prost
00:37:25 et bonjour M. le Président - Bonjour Julien
00:37:27 - Vous avez 21 ans Julien
00:37:29 - Oui 21 ans c'est ça - Est-ce que vous rêvez
00:37:31 d'être président de la République ?
00:37:33 - Pas forcément, mais si je peux être utile
00:37:35 à mon pays d'une certaine manière, oui
00:37:37 avec plaisir
00:37:39 - Je ne sais pas si c'est la bonne
00:37:41 réponse, mais en revanche
00:37:43 votre question, votre sentiment
00:37:45 nous intéresse
00:37:47 - Alors oui M. le Président, dans un article
00:37:49 publié dans le Parisien
00:37:51 vous invoquez la nécessité de rassembler
00:37:53 la droite et vous citez 4 noms
00:37:55 de personnalités capables de mener ce combat
00:37:57 mais si vraiment
00:37:59 vous deviez n'en retenir qu'un, le seul
00:38:01 à vos yeux, capable
00:38:03 de vraiment rassembler la droite
00:38:05 ce serait qui pour vous ?
00:38:07 - Bon Julien, bien vu, bonne question
00:38:09 bon, comment
00:38:11 s'en sortir en étant
00:38:13 le plus sincère possible
00:38:15 d'abord Julien
00:38:17 un vrai leader
00:38:19 se fait seul
00:38:21 et j'ai pas eu le sentiment
00:38:23 que Jacques Chirac ait tout fait pour que je devienne
00:38:25 le leader
00:38:27 le préféré de Jacques Chirac c'était Juppé
00:38:29 manque de chance ça n'a pas marché
00:38:31 le préféré
00:38:33 de François Mitterrand c'était Fabius
00:38:35 manque de chance ça n'a pas marché
00:38:37 donc l'idée
00:38:39 que le leader hier
00:38:41 d'hier, moi, fasse le leader
00:38:43 demain, Julien, c'est une idée
00:38:45 dans laquelle je crois pas du tout
00:38:47 parce que si le leader
00:38:49 de demain a besoin d'être tutoré
00:38:51 c'est qu'il est pas un leader
00:38:53 première remarque
00:38:55 deuxième remarque, je détesterais Julien
00:38:57 l'idée d'être celui qui
00:38:59 critique de l'extérieur
00:39:01 qui décerne les bons et les mauvais points
00:39:03 j'ai voulu dire qu'il y avait des gens qui avaient du
00:39:05 talent et du potentiel
00:39:07 j'ai cité Laurent Wauquiez
00:39:09 j'ai cité Gérald Darmanin
00:39:11 j'ai cité Bruno Le Maire
00:39:13 j'ai cité Edouard Philippe, c'est des gens
00:39:15 qui ont du potentiel
00:39:17 mais au départ du Tour de France, les gens qui ont du potentiel
00:39:19 il y en a plein
00:39:21 à l'arrivée, ceux qui gagnent, il n'y en a qu'un
00:39:23 donc, il y a un peloton
00:39:25 les événements
00:39:27 leur énergie, le destin
00:39:29 la chance, le talent, fera la différence
00:39:31 aujourd'hui
00:39:33 je serai incapable de vous dire
00:39:35 qui
00:39:37 et d'ailleurs c'est sain, on verra
00:39:39 4 ans c'est une éternité
00:39:41 on va voir ce qui va se passer
00:39:43 ce qui est sûr en revanche, c'est qu'il faut
00:39:45 qu'il y ait un leader de la droite républicaine
00:39:47 parce que je crois
00:39:49 au clivage droite-gauche
00:39:51 parce que je crois que tout ne se vaut pas
00:39:53 et je pense que
00:39:55 cette partie de l'opinion publique
00:39:57 a besoin d'être représentée
00:39:59 et d'être incarnée. Mais souvenez-vous
00:40:01 Julien, vous êtes jeune, vous avez 21 ans
00:40:03 ma majorité allait de Bernard Kouchner
00:40:05 à Philippe Devilliers
00:40:07 et on vous l'a reproché. Bien sûr qu'on me l'a reproché
00:40:09 et les gens de droite qui avaient voté pour vous
00:40:11 vous l'ont reproché. Et malgré cela
00:40:13 Julien, je fais 53%
00:40:15 et en 2012
00:40:17 je fais 48,5%
00:40:19 donc quand on
00:40:21 rassemble aussi largement
00:40:23 et croyez-moi j'avais besoin d'acheter des boîtes d'aspirine
00:40:25 parce que je peux vous dire que ça faisait
00:40:27 des bons de tête
00:40:29 avec ça on peut gagner, sans ça
00:40:31 on peut pas gagner. Et puisque vous parlez de 2027
00:40:33 est-ce que vous regrettez
00:40:35 d'avoir
00:40:37 limité la présidence
00:40:39 de la République à deux
00:40:41 quinquennats ? Parce que
00:40:43 c'est vrai que la cinquième
00:40:45 elle a évolué fortement
00:40:47 avec le septennat
00:40:49 devenu quinquennat
00:40:51 et avec l'impossibilité
00:40:53 pour celui qui a
00:40:55 déjà fait deux quinquennats de se
00:40:57 représenter. Est-ce que vous
00:40:59 regrettez ? - Non, il peut se représenter.
00:41:01 - Oui, mais pas tout de suite. - Mais pas tout de suite.
00:41:03 Est-ce que vous regrettez ce choix ? - Non,
00:41:05 je comprends qu'on puisse me le refaire. - Ça serait à refaire ?
00:41:07 - Je le referai exactement, vous savez pourquoi ?
00:41:09 Dix ans
00:41:11 au pouvoir
00:41:13 avec la médiatisation
00:41:15 d'aujourd'hui, c'est
00:41:17 immense !
00:41:19 - Mais c'est la deuxième... - C'est le peuple qui
00:41:21 décide. - Non, non, non. - S'il n'en veut pas, il le
00:41:23 relève. - Le pouvoir c'est dangereux.
00:41:25 On s'y habitue. C'est
00:41:27 une drogue dure.
00:41:29 Dix ans c'est largement suffisant.
00:41:31 Si vous regardez
00:41:33 la Ve République,
00:41:35 vous regardez de près l'histoire de la Ve République,
00:41:39 vous verrez qu'il y a
00:41:41 la malédiction du deuxième mandat.
00:41:43 Général
00:41:45 de Gaulle,
00:41:47 sa femme ne voulait pas qu'il se représente.
00:41:49 Son deuxième mandat
00:41:51 a été une horreur pour lui.
00:41:53 Il a eu 68
00:41:55 et le référendum de 69.
00:41:57 Le grand général de Gaulle,
00:41:59 le personnage de l'histoire, celui qui a
00:42:01 sauvé la France,
00:42:03 renvoyé chez lui
00:42:05 comme une personne qu'on congédie.
00:42:07 Si vous regardez le deuxième mandat
00:42:11 de François Mitterrand...
00:42:13 - Avec les affaires.
00:42:17 - Pas simplement. Avec tout le reste
00:42:19 et la cohabitation,
00:42:21 et la maladie.
00:42:23 Si vous regardez le
00:42:25 deuxième mandat de Jacques Chirac,
00:42:27 le référendum de 2005,
00:42:29 et d'une certaine façon,
00:42:31 la cohabitation avec moi,
00:42:33 qui n'était pas, certainement pour lui,
00:42:35 la plus agréable.
00:42:37 - Donc vous referiez la même chose.
00:42:39 - C'est très long. - Vous imaginez 15 ans
00:42:41 dans une démocratie ?
00:42:43 - Le septennat ?
00:42:45 - Moi je pense que...
00:42:47 Vous savez, 7 ans.
00:42:49 On se dit 7 ans non renouvelables.
00:42:51 Vous pensez que les Français...
00:42:53 La France est un pays difficile à gouverner.
00:42:55 C'est-à-dire qu'il y a un paradoxe.
00:42:57 Vous parlez de temps long, et vous avez raison.
00:42:59 Il faut du temps.
00:43:01 Et peut-être que 5 ans c'est court.
00:43:03 Regardez, on est déjà en élection présidentielle
00:43:05 pour 2027.
00:43:07 C'est-à-dire que le fait
00:43:09 qu'Emmanuel Macron ne puisse pas
00:43:11 se représenter fait qu'aujourd'hui,
00:43:13 la bataille a commencé. - Ce n'est pas ça qui fait ça.
00:43:15 Excusez-moi.
00:43:17 On a fait la réforme des retraites de 60 à 72 ans.
00:43:19 À 62 ans.
00:43:21 En 2011.
00:43:23 Un an avant
00:43:25 la fin de mon mandat.
00:43:27 Les 5 années,
00:43:29 utilisons-les
00:43:31 de la première seconde jusqu'à la dernière
00:43:33 pour faire,
00:43:35 avant de demander 15 ans.
00:43:37 Vous savez, ça me fait penser à ces étudiants
00:43:39 qui se disent
00:43:41 "Oh, j'ai le temps, j'ai 3 mois pour préparer
00:43:43 les examens", et qui se retrouvent 3 jours avant
00:43:45 avec un programme de révision.
00:43:47 Je ne pense pas que ça se calcule
00:43:49 comme ça. Commençons à travailler
00:43:51 à la première seconde jusqu'à la dernière
00:43:53 et on verra bien.
00:43:55 Une dernière anecdote, j'avais été
00:43:57 très jeune, j'ai rencontré Marguerite Thatcher.
00:43:59 Elle avait quitté le pouvoir,
00:44:01 j'avais été la voir à Londres,
00:44:03 d'un personnage historique.
00:44:05 Et j'ai vu ensuite
00:44:07 le film qui a été fait sur elle.
00:44:09 Et Marguerite Thatcher a été mise dehors
00:44:13 par son propre parti, et remplacée
00:44:15 par un inconnu qui s'appelait John Major.
00:44:17 Qui a d'ailleurs pas fait grand-chose.
00:44:19 Marguerite Thatcher
00:44:21 était au pouvoir depuis 10 ans.
00:44:23 Elle n'entendait plus rien,
00:44:25 elle ne voyait plus rien.
00:44:27 Parce qu'au pouvoir, on s'enferme.
00:44:29 On est persuadé
00:44:31 de faire le mieux.
00:44:33 On n'écoute plus.
00:44:35 On décolle du sol, c'est dangereux.
00:44:37 Il faut qu'il y ait un terme.
00:44:39 Et la démocratie, c'est mettre un terme
00:44:41 à toutes les bonnes choses.
00:44:43 - Nous on ne va pas mettre un terme à cet entretien
00:44:45 puisque vous allez rester jusqu'à
00:44:47 13h. Vous avez gagné une heure
00:44:49 supplémentaire. Je ne sais pas si c'est vous les auditeurs.
00:44:51 Mais c'est intéressant d'écouter effectivement
00:44:53 cette place si particulière, disons-le.
00:44:55 D'être chef de l'État
00:44:57 et quel État qu'est la France.
00:44:59 D'avoir parfois les coulisses, et puis les polémiques
00:45:01 et puis les questions politiques qu'on pourra
00:45:03 vous poser juste après
00:45:05 les infos et le flash
00:45:07 de 12h.
00:45:09 A tout de suite !
00:45:11 - Europe 1, il est 11h57.
00:45:13 - Europe 1.
00:45:15 - Pascal Praud et vous.
00:45:17 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1. Bienvenue jusqu'à 13h.
00:45:19 Vous écoutez votre nouvelle émission
00:45:21 "Pascal Praud et vous". Pascal, vous recevez
00:45:23 aujourd'hui l'ancien président de la République, Nicolas
00:45:25 Sarkozy. Son nouvel ouvrage "Le temps des combats"
00:45:27 vient de paraître aux éditions Fayard.
00:45:29 - "Le temps des combats". Alors ça fait un minimum
00:45:31 en librairie, avec des
00:45:33 chiffres qui sont d'ailleurs extrêmement
00:45:35 importants, parce que
00:45:37 vous avez vendu près de
00:45:39 20 000 ouvrages en très
00:45:41 peu de jours. Ce qui est étonnant, c'est que
00:45:43 vous faites, j'allais dire, le service
00:45:45 après-vente, vous vous baladez dans
00:45:47 toute la France, vous allez au contact
00:45:49 avec des files d'attente de
00:45:51 gens qui attendent parfois des heures !
00:45:53 Et vous signez avec
00:45:55 un feutre, et vous
00:45:57 parlez, vous échangez avec tous ces gens.
00:45:59 C'est vrai qu'il y a
00:46:01 évidemment des gens qui ne vous aiment pas.
00:46:03 Mais vous avez vos fans,
00:46:05 et c'est ça qui n'est pas si fréquent
00:46:07 peut-être pour un homme politique.
00:46:09 - D'abord, il n'y a rien d'étonnant
00:46:11 parce que moi j'écris pour partager.
00:46:13 J'ai fait de la politique pour partager.
00:46:15 Bon, pas pour rester sûr.
00:46:17 - Il y a un rapport affectif, très fort.
00:46:19 - Mais pourquoi ? Qu'est-ce que c'est
00:46:21 que le rapport s'il n'est pas affectif ?
00:46:23 Je veux dire, quels sont les liens
00:46:25 s'ils ne sont pas affectifs ?
00:46:27 Vous savez, il y a une expression que j'aime pas,
00:46:29 quand les gens disent "je ne mets rien au-dessus
00:46:31 de ma liberté". Ah bon ?
00:46:33 Donc tu n'as pas créé de lien.
00:46:35 Parce que le but de la vie, ce n'est pas d'être
00:46:37 libre, c'est de créer des
00:46:39 liens. Et chaque lien que l'on crée,
00:46:41 on handicap sa liberté.
00:46:43 Parce que la liberté, sa liberté,
00:46:45 c'est de l'égoïsme. Vous avez
00:46:47 handicapé votre liberté avec vos
00:46:49 enfants, avec votre conjoint,
00:46:51 votre conjointe, avec vos parents.
00:46:53 On n'est pas seul.
00:46:55 On crée des liens. Et le but de la vie,
00:46:57 c'est d'avoir plein de liens,
00:46:59 dont plein de limites à sa liberté.
00:47:01 Parce que chaque lien, c'est du bonheur,
00:47:03 mais c'est de la liberté en moins.
00:47:05 Donc si j'écris, c'est pour partager
00:47:07 et pour rencontrer
00:47:09 ceux à qui j'écris.
00:47:11 Un livre sans lecteur, c'est rien.
00:47:13 Un livre appartient
00:47:15 autant à celui qui
00:47:17 le lit qu'à celui qui l'écrit.
00:47:19 Il y a
00:47:21 cent mille interprétations de mon livre.
00:47:23 Le même
00:47:25 nombre d'interprétations que le nombre
00:47:27 de lecteurs. Ces événements
00:47:29 dont je parle, ils ne m'appartiennent pas.
00:47:31 Ils appartiennent autant à M. Dupont
00:47:33 ou à Mme Durand qu'à moi.
00:47:35 Et c'est pour ça que je le fais.
00:47:37 Et je n'aime pas trop l'expression
00:47:39 "mes fans", d'abord,
00:47:41 mais ils ne m'appartiennent pas.
00:47:43 C'est des citoyens qui aiment la France.
00:47:45 - Mais ils vous aiment beaucoup.
00:47:47 - Ils ont le droit. On n'est pas obligés de détester
00:47:49 tout le monde. Mais parfois
00:47:51 il y a même des gens, vous voyez, qui n'ont pas voté pour moi
00:47:53 qui viennent et qui me disent
00:47:55 "moi j'aime pas le politique,
00:47:57 mais j'aime l'homme."
00:47:59 Ou d'autres qui me disent au contraire "j'aime l'homme,
00:48:01 mais vous m'avez déçu sur tel ou tel point."
00:48:03 Mais c'est un lien.
00:48:05 Quand on est président de la République, on n'est pas dans la politique.
00:48:07 On fait partie de la famille
00:48:09 des Français, qui vous aiment ou qui vous aiment pas.
00:48:11 On a été élus
00:48:13 le jour de leur divorce, au jour de la naissance
00:48:15 du petit, ou du baptême
00:48:17 du second. Et on
00:48:19 rentre dans la famille.
00:48:21 Et la France, elle a
00:48:23 besoin de ces liens.
00:48:25 Parce que c'est ça qui rassemble.
00:48:27 On a vécu ensemble.
00:48:29 Je vous le disais avec des jeunes qui ne m'ont pas connu.
00:48:31 Et j'ai un peu l'impression
00:48:33 c'est comme à
00:48:35 Disney, où dans un...
00:48:37 les films qu'on a vus jeunes,
00:48:39 on reste comme un ami
00:48:41 de celui qui était le
00:48:43 héros de l'époque.
00:48:45 C'est ça. Et moi je le fais pour partager.
00:48:47 Donc si j'ai pas
00:48:49 des lecteurs, pourquoi le faire ?
00:48:51 J'écris pas pour moi.
00:48:53 J'écris pour nous.
00:48:55 C'est pas une démarche égoïste, c'est une démarche tournée vers les autres.
00:48:57 Et c'est ça qui me plaît.
00:48:59 Et quand je vois les fils et des fils
00:49:01 et des fils, c'est bouleversant.
00:49:03 Parce que le succès est
00:49:05 aussi injuste que l'échec.
00:49:07 - Écoutons justement quelques
00:49:09 personnes qui étaient à
00:49:11 La Bôle, puisque vous étiez dans cette merveilleuse ville
00:49:13 de La Bôle l'autre jour, qui est dirigée
00:49:15 aujourd'hui le maire et Franck Louvrier,
00:49:17 avec qui vous avez beaucoup travaillé.
00:49:19 Et vous avez signé pendant 3 heures.
00:49:21 Et les équipes d'Europe 1 ont pu
00:49:23 écouter quelques personnes
00:49:25 qui étaient là. - Merci d'être là.
00:49:27 - Mais non, c'est merci à vous d'être là.
00:49:29 - A quel âge ? - 17 ans.
00:49:31 - 17 ans, c'est bien. Je suis fier que tu lises mon livre.
00:49:33 - C'est pour le plaisir de rencontrer
00:49:35 un ancien président, qui a
00:49:37 beaucoup compté. Une personne qui a
00:49:39 beaucoup de clairvoyance sur ce qui se passe
00:49:41 et beaucoup d'expérience, et qui peut nous apporter
00:49:43 encore beaucoup. - Ça a toujours été un grand
00:49:45 homme d'État, et qui faisait respecter
00:49:47 les Français. Ce n'était plus tout à fait le cas maintenant.
00:49:49 - Il aime la France, il aime les Français,
00:49:51 il est sincère. C'est quelqu'un
00:49:53 que je regrette beaucoup. - Je lui ai dit que
00:49:55 c'était un honneur de le rencontrer.
00:49:57 J'étais son plus grand fan.
00:49:59 Qu'il manquait à la France. Et qu'il avait dit qu'il avait
00:50:01 tourné la page avec la politique, et que moi,
00:50:03 j'aimerais qu'il la retourne dans l'autre sens.
00:50:05 - Il est 2h07, nous sommes
00:50:07 sur Europe 1, nous sommes avec Nicolas
00:50:09 Sarkozy. C'est "Le temps des
00:50:11 combats", édité chez Fayard,
00:50:13 qui est sorti le 22 août.
00:50:15 Et effectivement, nous
00:50:17 passons en revue les grands thèmes
00:50:19 que vous abordez. J'ai la fidélité
00:50:21 ancrée au plus profond de mon
00:50:23 identité. Mes goûts
00:50:25 sont immuables comme imperméables au temps
00:50:27 qui passe. Eh bien, pour illustrer
00:50:29 ce que vous dites, à la page 350,
00:50:31 je vais vous faire
00:50:33 écouter quelques notes de
00:50:35 musique que vous allez reconnaître immédiatement.
00:50:37 * Extrait de "Allez Paris Saint-Germain" de Louis Vierne *
00:50:49 - Le PSG,
00:50:51 certains d'ailleurs, c'est Jacques Vendroux
00:50:53 qui m'envoie un message en me disant
00:50:55 qu'il rêve d'être président du
00:50:57 Paris Saint-Germain. Je ne sais
00:50:59 pas si ce serait une
00:51:01 bonne chose pour le PSG, mais
00:51:03 vous avez un rapport particulier au PSG.
00:51:05 Wahid Ali Lodzik, qui a entraîné
00:51:07 le PSG, m'a dit que vous l'appeliez
00:51:09 tous les matins, tous les matins,
00:51:11 et non seulement que vous l'appeliez,
00:51:13 mais que vous pensiez qu'il était
00:51:15 peut-être membre du gouvernement, puisque
00:51:17 vous lui disiez "il faut faire jouer un tel
00:51:19 à la place d'un tel". Vous lui donniez
00:51:21 votre avis. Vrai ou pas ?
00:51:23 - C'est ce qu'il m'a dit. - Non mais c'est vrai que je l'appelais.
00:51:25 Mais c'est vrai que c'est pas le seul, d'ailleurs.
00:51:27 - Vous vous appelez tous les entraîneurs du PSG ?
00:51:29 - Pas tous. D'abord,
00:51:31 j'ai aucun rêve d'être
00:51:33 président du PSG.
00:51:35 Nasser est un très bon président.
00:51:37 Vous savez, au
00:51:39 PSG, on a tous eu comme président,
00:51:41 on en a même eu un qui s'appelait "Père-Père".
00:51:43 Ce qui n'était pas le même nom,
00:51:45 le meilleur nom, pour une équipe
00:51:47 qui veut gagner-gagner.
00:51:49 Donc c'est pas pour moi.
00:51:51 La première fois
00:51:53 que j'étais au Parc des Princes,
00:51:55 j'étais tout seul. Je devais avoir
00:51:57 15-16 ans. Je connaissais personne.
00:51:59 Et depuis
00:52:01 cette époque, je vais au Parc des
00:52:03 Princes. Et
00:52:05 quelles que soient les fonctions qui étaient les miennes ou pas du tout
00:52:07 les miennes, j'ai été au Parc des
00:52:09 Princes. Pendant
00:52:11 des années. Et vous savez le plus préoccupant ?
00:52:13 J'ai toujours le même
00:52:15 plaisir à y aller. Ça n'a pas changé.
00:52:17 Et quand j'ai eu des enfants,
00:52:19 à partir de 4-5 ans, ils sont toujours
00:52:21 venus avec moi. Parce que,
00:52:23 pour moi, le sport fait partie d'éducation.
00:52:25 J'aime l'idée que mes enfants,
00:52:27 y compris ma fille, qui vient avec moi,
00:52:29 voient ce que c'est. Communi.
00:52:31 Communi dans un stade.
00:52:33 Parce que moi j'ai pas eu la chance
00:52:35 d'avoir un père qui m'amenait dans les stades.
00:52:37 Eh bien, je dis à tous ceux qui
00:52:39 nous écoutent, ça fait partie d'éducation.
00:52:41 Aimer,
00:52:43 pleurer, rire,
00:52:45 gagner, perdre ensemble,
00:52:47 ça change tout, la vision
00:52:49 de la vie. Et donc,
00:52:51 oui, cette chanson,
00:52:53 je la connais bien.
00:52:55 - Est-ce qu'Aime Bappé, on est le 29 août aujourd'hui,
00:52:57 est-ce que Aime Bappé sera là le 1er septembre ?
00:52:59 - J'en sais rien. En tout cas,
00:53:01 je vous dis une chose,
00:53:03 depuis le temps qu'on annonce qu'il part,
00:53:05 il est toujours pas parti. Et c'est une
00:53:07 merveilleuse nouvelle
00:53:09 pour tous les supporters du PSG,
00:53:11 pour tous les supporters de football.
00:53:13 Vous savez, je n'aime pas que le PSG.
00:53:15 Il y a bien d'autres équipes que je vois jouer.
00:53:17 Et comme je circule partout en France,
00:53:19 chaque fois que je pouvais aller
00:53:21 à Gerland, à Lyon, maintenant il y a le nouveau stade,
00:53:23 ou à Saint-Étienne,
00:53:25 ou à Lille, ou à Nice,
00:53:27 j'y vais toujours.
00:53:29 Parce que pour moi, le sport c'est une passion.
00:53:31 - La vie privée, vous en parlez,
00:53:33 et la vie privée pour l'entourage, forcément,
00:53:35 lorsqu'on est président de la République,
00:53:37 ça peut être compliqué. Et j'ai trouvé qu'il y a une phrase
00:53:39 vraiment qui m'a beaucoup
00:53:41 touché, c'est... Vous évoquez votre fils
00:53:43 Jean, qui postule
00:53:45 pour être
00:53:47 président de l'EHPAD,
00:53:49 qui doit diriger le plus grand centre
00:53:51 d'affaires d'Europe
00:53:53 de la Défense.
00:53:55 Et il va finalement
00:53:59 démissionner parce que
00:54:01 la cabale ou la bataille contre lui est
00:54:03 trop importante, et sans doute d'ailleurs injuste.
00:54:05 Et puis il passe à France 2,
00:54:07 au journal de France 2.
00:54:09 Et vous écrivez cette phrase, qui peut
00:54:11 effectivement toucher les
00:54:13 pères que nous sommes
00:54:15 tous, "J'étais tellement inquiet
00:54:17 pour lui que je ne puis même pas
00:54:19 regarder l'émission en direct."
00:54:21 - C'est vrai.
00:54:25 C'est vrai, je l'ai regardée avec 4 jours de retard.
00:54:27 C'était trop d'émotion pour moi.
00:54:29 Et Jean avait
00:54:31 été élu conseiller général de Neuilly,
00:54:33 il avait été élu, il y a eu
00:54:35 une polémique, d'ailleurs due à ma faute,
00:54:37 c'est moi qui aurais dû être
00:54:39 plus prudent, et un certain nombre de gens
00:54:41 s'en sont emparés avec une
00:54:43 violence inouïe.
00:54:45 Jean avait 22 ans à l'époque.
00:54:47 Et
00:54:49 j'ai pas oublié ceux qui avaient fait ça.
00:54:51 J'ai pas oublié non plus
00:54:53 ceux qui avaient été très corrects, et parmi
00:54:55 ceux-ci, il y a eu Julien Drey, qui était
00:54:57 député socialiste, et qui
00:54:59 a tranché par son courage.
00:55:01 Vous voyez ? Parfois,
00:55:03 vous êtes surpris du courage de
00:55:05 gens qui ne sont pas
00:55:07 vos amis, mais qui se
00:55:09 comportent humainement.
00:55:11 - Vous parlez évidemment de Carla Bruni,
00:55:13 Carla, elle savait qu'elle était enceinte,
00:55:15 cette nouvelle nous comblait, cette grossesse tellement
00:55:17 désirée s'était fait attendre, j'étais dans un état
00:55:19 d'apesanteur, de félicité, cet enfant
00:55:21 venait couronner le miracle, mais en même temps, évidemment,
00:55:23 il ne faut pas le dire, puisque
00:55:25 vous vous tenez à garder le secret,
00:55:27 et vous dites "je ne voulais en aucun cas faire de la
00:55:29 peine à ma mère, je devais donc la
00:55:31 mettre au courant, elle aurait été si
00:55:33 triste d'apprendre la nouvelle
00:55:35 par la presse."
00:55:37 - On est président de la
00:55:39 République, mais vous avez quand même
00:55:41 votre mère,
00:55:43 votre femme. Quand j'ai
00:55:45 rencontré Carla, il y a eu beaucoup de polémiques,
00:55:47 notamment lorsque j'ai dit
00:55:49 "Carla et moi c'est du sérieux",
00:55:51 et beaucoup de gens disent
00:55:53 "ça se fait pas, qu'elle est immature".
00:55:55 Vous voyez,
00:55:57 moi je pense que quand on aime quelqu'un,
00:55:59 on le protège.
00:56:01 Et je ne vous l'aime pas d'une maîtresse,
00:56:05 pas d'une maîtresse à l'Elysée.
00:56:07 C'est pas la
00:56:09 maintenant, la Dubarry,
00:56:11 donc c'est pas mon idée.
00:56:13 Ça n'a rien à voir avec la bourgeoisie
00:56:15 ou la droite. Si vous aimez
00:56:17 quelqu'un, vous la protégez.
00:56:19 Et donc, Carla et moi,
00:56:23 on avait décidé de se marier très rapidement.
00:56:25 Et les Français,
00:56:27 c'est un peuple
00:56:29 sentimental, la France.
00:56:31 Chaque fois que c'est sincère, ils comprennent.
00:56:33 Ils n'aiment pas la gaudriole.
00:56:35 Quand il y a eu,
00:56:39 au moment des obsèques de Mitterrand,
00:56:41 ces deux familles,
00:56:43 Mitterrand avait tellement aimé
00:56:45 sa fille, Mazarine.
00:56:47 Les Français ont respecté.
00:56:49 Carla a été adoptée
00:56:51 comme première dame,
00:56:53 le voyage, le fameux voyage
00:56:55 d'Etat en Angleterre.
00:56:57 C'était un mois
00:56:59 après notre mariage.
00:57:01 Carla a été adoptée immédiatement.
00:57:03 Elle l'a fait d'ailleurs.
00:57:05 Elle a représenté la France
00:57:07 magnifiquement.
00:57:09 Bon,
00:57:11 moi je voulais pas d'une rue du cirque.
00:57:13 Je voulais pas de photos volées.
00:57:15 - Alors la rue du cirque...
00:57:17 - Non mais peu importe, mais je voulais pas de photos volées.
00:57:19 Je voulais pas de ça.
00:57:21 Et j'ai préféré
00:57:23 jouer frangeux
00:57:25 et dire
00:57:27 "Elle m'aime, je l'aime, on va se marier."
00:57:29 Laissez les commentaires.
00:57:31 Mais c'était clair.
00:57:33 Hein ?
00:57:35 Après il y a eu
00:57:37 toutes les histoires Strauss-Kahn, etc.
00:57:39 Pas de jugement à avoir, Mme Saint-Clair
00:57:41 et tout ça.
00:57:43 Ça les Français aiment pas.
00:57:45 Fouet de cache.
00:57:47 Et ce qui était présenté
00:57:49 comme une immaturité de ma part,
00:57:51 ou
00:57:53 d'exhibitionnisme,
00:57:55 non.
00:57:57 C'était juste la vérité.
00:57:59 - Est-ce qu'elle a eu de l'influence politique sur vous ?
00:58:01 - Carla ne se mêle jamais
00:58:03 de politique.
00:58:05 Mais, bien sûr
00:58:07 qu'on discutait.
00:58:09 Vous savez, c'était même une plaisanterie
00:58:11 chez mes collaborateurs, puisque
00:58:13 les dîners d'État s'étaient terminés à 10h du soir.
00:58:15 Moi je n'avais qu'une seule idée,
00:58:17 c'était de rentrer à la maison,
00:58:19 retrouver le calme,
00:58:21 voir un film avec ma femme,
00:58:23 parler d'autre chose.
00:58:25 Donc Carla ne faisait ni ne défaisait aucune carrière.
00:58:27 C'est pas comme ça que ça se passe.
00:58:29 - Carla est une artiste, et comme tous les artistes,
00:58:31 elle est capable de ressentir, puis de traduire
00:58:33 des émotions et des sentiments
00:58:35 qu'il n'est pas donné au commun des mortels
00:58:37 de saisir.
00:58:39 - Oui, mais elle a...
00:58:41 D'abord elle s'est écoulée dans le statut
00:58:43 de première dame avec une rapidité
00:58:45 stupéfiante.
00:58:47 - Absolument rien. Et je reconnais
00:58:49 que c'était, pour les français,
00:58:51 vous vous rendez compte, l'année 2007,
00:58:53 je suis élu président républicain en mai,
00:58:55 je divorce en octobre,
00:58:57 c'est pas à ma demande, hein.
00:58:59 Je subis mon divorce.
00:59:01 Je rencontre Carla en novembre, et on se marie le 2 février 2008.
00:59:03 Allez, ce qu'on peut dire,
00:59:05 c'est que je suis un
00:59:07 homme qui aime prendre des décisions.
00:59:09 J'aime pas la
00:59:11 procrastiner.
00:59:13 - Et d'ailleurs c'est un reproche que vous faites à
00:59:15 Emmanuel Macron, la procrastination.
00:59:17 - C'est pas un reproche.
00:59:19 C'est une différence que
00:59:21 certainement on a. Il m'est arrivé de décider
00:59:23 trop vite. Et trop.
00:59:25 - Quelle décision ?
00:59:27 - Non, mais parfois on me disait
00:59:29 "tu en fais trop,
00:59:31 les français peuvent plus te suivre,
00:59:33 y'a trop de réformes, y'a trop de changements".
00:59:35 Bon.
00:59:37 Et moi j'ai toujours eu peur
00:59:39 du temps qui passe.
00:59:41 Y'a une expression
00:59:43 que vraiment je n'aime pas du tout.
00:59:45 J'ai le temps.
00:59:47 Quelle folie.
00:59:49 Quelle folie.
00:59:51 Le temps ne nous appartient pas.
00:59:53 Et quand les commentateurs disent "ah, le président
00:59:55 est le maître du temps", mon dieu.
00:59:57 D'abord vous savez pas si le temps existe.
00:59:59 Le temps c'est une création intellectuelle.
01:00:01 Hein ? Qui a d'ailleurs des rapports
01:00:03 avec l'espace.
01:00:05 Mais moi je sais très bien qu'un petit microbe,
01:00:07 demain dans la rue, le temps s'arrête.
01:00:09 Le rendez-vous,
01:00:11 il est certain.
01:00:13 Mais quand ?
01:00:15 Donc toute ma vie,
01:00:17 j'ai voulu faire une minute avant ce que j'aurais
01:00:19 pu faire une minute après.
01:00:21 Et cette urgence
01:00:23 m'a pris
01:00:25 à la première minute de mon quinquennat
01:00:27 jusqu'à la fin. Et encore aujourd'hui.
01:00:29 Je suis quelqu'un qui aime faire.
01:00:31 Y'a des tas de gens qui disent
01:00:33 "ah, si j'avais le temps,
01:00:35 vous savez monsieur le président,
01:00:37 si j'avais le temps je ferais un livre".
01:00:39 Stop l'ami.
01:00:41 Si tu crois que c'est une question de temps,
01:00:43 c'est parce que c'est écrit.
01:00:45 Ou même quand un jeune me dit
01:00:47 "comment on fait pour faire de la politique ?"
01:00:49 Je dis "t'es pas fait pour ça".
01:00:51 Parce que jamais il faut le temps de demander
01:00:53 "fais, fais, fais".
01:00:55 - Vous avez eu le temps d'écrire
01:00:57 un livre de 600 pages
01:00:59 et comme vous aimez aller vite,
01:01:01 vous ne l'écrivez pas, si j'ai bien compris,
01:01:03 sur ordinateur parce que ça serait trop lent.
01:01:05 Vous ne l'écrivez pas non plus à la plume
01:01:07 parce que ça serait aussi trop lent.
01:01:09 Donc vous l'écrivez au stylo billes ?
01:01:11 - Oui.
01:01:13 Parce que c'est ce qui va le plus vite.
01:01:15 Parce que quand je me mets à ma table,
01:01:17 je ne sais pas ce que je vais écrire.
01:01:19 Et puis d'un coup y'a quelque chose qui vient.
01:01:21 Mais ça vient vite et j'ai du mal à suivre ce qui vient.
01:01:23 C'est comme s'il y avait deux personnes.
01:01:25 Une personne qui pensait, une personne qui écrivait.
01:01:27 - Mais vous pourriez dicter !
01:01:29 - Non, non, non, surtout pas.
01:01:31 Parce que si vous voulez j'ai un phrasé
01:01:33 qui est une façon de parler
01:01:35 qui à l'écrit ne passerait pas du tout.
01:01:37 On a l'impression que je suis un alphabète.
01:01:39 Parce que je parle pour convaincre.
01:01:41 Donc je parle comme on boxe.
01:01:43 Tandis que j'écris pour faire ressentir.
01:01:45 Donc avec plus de douceur.
01:01:47 Et je ne peux pas dicter.
01:01:49 Parce que si je dicte,
01:01:51 c'est de l'oral qu'on met par écrit.
01:01:53 Et moi je veux faire de l'écrit.
01:01:55 Et donc le stylo billes,
01:01:57 de préférence gras,
01:01:59 va vite.
01:02:01 Et je ne peux pas le faire.
01:02:03 De préférence gras,
01:02:05 va vite sur la page.
01:02:07 Et ça me permet de suivre ce que je pense.
01:02:09 - Il est 12h19.
01:02:11 On est ensemble jusqu'à 13h.
01:02:13 Vous êtes sur Europe 1.
01:02:15 Nous sommes avec Nicolas Sarkozy.
01:02:17 Vous allez pouvoir encore poser
01:02:19 quelques questions.
01:02:21 On parlera de la politique.
01:02:23 Alors on peut parler de la Russie bien sûr.
01:02:25 On peut parler de l'Ukraine.
01:02:27 Mais c'est vrai que vous avez donné votre position régulièrement.
01:02:29 En tout cas vous l'avez donné
01:02:31 ces dernières heures.
01:02:33 Et nous pourrons évoquer également
01:02:35 cette galerie de portraits qui sont parfois
01:02:37 je disais coup de griffe tout à l'heure.
01:02:39 Ça peut exister.
01:02:41 A tout de suite.
01:02:43 - Est-ce que vous avez tenté d'écrire une chanson ?
01:02:47 - Non, non.
01:02:49 - Pas la mélodie.
01:02:51 Vous avez essayé d'écrire une chanson.
01:02:53 - Une très belle chanson qu'a écrite ma femme.
01:02:55 C'était très bouleversant d'ailleurs.
01:02:57 - Elle lui est dédiée ?
01:02:59 - Oui, bien sûr.
01:03:01 Mais...
01:03:03 Écrire
01:03:05 en rime, ça n'a rien à voir
01:03:07 avec écrire en prose.
01:03:09 Je serais incapable de le faire.
01:03:11 Et d'ailleurs vous savez pas, à la prose il n'y a pas de mystère.
01:03:13 Dans la vie, est-ce que vous avez fait ce que vous n'avez pas fait ?
01:03:15 Et si vous ne l'avez pas fait, vous ne l'avez pas fait.
01:03:17 Il y a tellement de gens
01:03:19 qui ont dit "il aurait pu être champion olympique".
01:03:21 Il ne l'est pas.
01:03:23 Donc je ne l'ai pas fait, c'est donc que je n'étais pas fait pour le faire.
01:03:25 - Dans le livre,
01:03:27 il y a des portraits, et on peut être surpris,
01:03:29 des portraits de dirigeants étrangers.
01:03:31 Je pense à Lula,
01:03:33 que vous avez beaucoup aimé.
01:03:35 Et puis peut-être
01:03:37 certains que vous avez rencontrés
01:03:39 et pourquoi pas une forme de déception.
01:03:41 C'est le cas, en tout cas, je l'ai lu
01:03:43 comme ça de Barack Obama.
01:03:45 Le président américain était adulé par la presse française, écrivez-vous.
01:03:47 En fait, il est de tempérament assez
01:03:49 froid, introverti, et ne manifeste
01:03:51 qu'un intérêt assez modéré
01:03:53 pour tous ceux qui l'entourent.
01:03:55 Et vous y voyez aussi un manque peut-être de courage politique.
01:03:57 - Bon, d'abord,
01:03:59 l'élection d'Obama,
01:04:01 c'est un choc, un choc
01:04:03 très positif, parce que c'est pas
01:04:05 simplement un président noir,
01:04:07 c'est une famille.
01:04:09 C'est une famille, là,
01:04:11 qui rentre à la maison blanche.
01:04:13 Et c'est
01:04:15 extraordinaire de comprendre ça.
01:04:17 Parce que dans les années
01:04:19 pas 60, 80,
01:04:21 dans le sud des Etats-Unis,
01:04:23 il y avait des
01:04:25 pancartes "Colored people not welcome".
01:04:27 Et c'est
01:04:29 ce pays-là
01:04:31 qui a élu une famille noire.
01:04:33 C'est fantastique.
01:04:35 Il se trouve que je connaissais Obama avant qu'il soit élu.
01:04:37 Je l'avais rencontré
01:04:39 à deux reprises, une fois à Washington,
01:04:41 dans son bureau,
01:04:43 et une fois à Paris, où il était
01:04:45 venu me voir.
01:04:47 Et Obama a un talent immense,
01:04:49 un charme fou.
01:04:51 Et la presse
01:04:53 du monde entier, notamment la presse française,
01:04:55 c'était incroyable.
01:04:57 Parce que il devait
01:04:59 être prix Nobel de la paix avant d'avoir fait quoi que ce soit,
01:05:01 et la presse était
01:05:03 amourachée de lui.
01:05:05 Et je découvre
01:05:07 de l'intérieur un homme qui a beaucoup de talent,
01:05:09 mais qui est fasciné
01:05:11 par la pensée unique.
01:05:13 Sauf quand il s'agit de défendre
01:05:15 les intérêts américains, ce qui était d'ailleurs
01:05:17 tout à fait son droit. Par exemple,
01:05:19 un jour il me dit "Tu sais Nicolas,
01:05:21 t'es très intelligent."
01:05:23 Alors là je...
01:05:25 Là quand on me dit ça, je me méfie.
01:05:27 Je lui dis "Oui, tu as quelque chose à me demander,
01:05:29 Barack ?" "Oui,
01:05:31 comment un type intelligent comme toi
01:05:33 refuse l'entrée de la Turquie en Europe ?"
01:05:35 Je lui dis "Mais qu'est-ce que tu me racontes ?
01:05:37 C'est vous les américains
01:05:39 qui allez faire la composition de l'Europe ?
01:05:41 Que vous ayez des bases militaires en Turquie,
01:05:43 c'est très bien, mais vous
01:05:45 m'aidez pas de l'Europe quand même."
01:05:47 - Vous lui disiez différemment peut-être ?
01:05:49 - Absolument pas, je lui dis moins aimablement
01:05:51 que ce que je dis maintenant.
01:05:53 Et je vais même vous dire mieux,
01:05:55 je poursuis la conversation en disant
01:05:57 "Tu peux pas comprendre toi.
01:05:59 Parce que vous les Etats-Unis, allez,
01:06:01 sur la côte ouest, il y a 12 000 km
01:06:03 de Pacifique, ça se traverse pas en barque.
01:06:05 Sur la côte est,
01:06:07 il y a 8 000 km d'Atlantique,
01:06:09 ça se traverse pas en barque.
01:06:11 Au nord, il y a le pôle Nord,
01:06:13 ça se traverse pas
01:06:15 à pied. Et au sud,
01:06:17 qu'est-ce que vous avez fait, toi,
01:06:19 qui me demande de faire entrer la Turquie ?
01:06:21 Il y a des barbelés, parce que les barbelés
01:06:23 existaient avant Trump.
01:06:25 Trump avait un mur, mais avant il y avait des barbelés.
01:06:27 Donc, votre frontière
01:06:29 à vous, c'est les 25
01:06:31 plus grands aéroports américains.
01:06:33 Non, l'Afrique,
01:06:35 c'est 12 km par le détroit
01:06:37 de Gibraltar, et si on veut venir à pied,
01:06:39 on passe par la Turquie
01:06:41 et la Grèce. Donc on n'a pas de leçon à recevoir
01:06:43 par Barack. Ça, ça a été un premier
01:06:45 sujet assez difficile.
01:06:47 Il y en a eu un deuxième. Je suis
01:06:49 le président du G8
01:06:51 en état d'auville,
01:06:53 et j'avais été bouleversé
01:06:55 par ce qui arrivait à Moubarak.
01:06:57 Le président égyptien,
01:06:59 âgé, et c'est un
01:07:01 homme de paix, qui a bien des défauts,
01:07:03 mais c'est un homme de paix.
01:07:05 Et Barack Obama l'avait reçu
01:07:07 à la Maison Blanche, comme un grand ami,
01:07:09 en septembre.
01:07:11 Et il y a eu les printemps arabes.
01:07:13 Et Moubarak avait un cancer,
01:07:15 il a été jugé,
01:07:17 on l'a mené sur une petite chaise, et j'ai dit quand même
01:07:19 à mes amis, mes collègues
01:07:21 du G8, faisons un communiqué
01:07:23 pour dire, nous demandons
01:07:25 un procès juste,
01:07:27 équitable, pour Moubarak.
01:07:29 Et Obama me dit,
01:07:31 non.
01:07:33 On va se fâcher avec la jeunesse égyptienne.
01:07:35 Et je lui réponds, avec des amis
01:07:37 comme toi, on n'a pas besoin d'ennemis.
01:07:39 J'ai dû faire le communiqué seul.
01:07:41 - On va marquer une pause,
01:07:45 et on va revenir
01:07:47 pour cette dernière demi-heure.
01:07:49 On parlera d'un sujet, moi, que j'ai trouvé
01:07:51 extrêmement intéressant, l'analyse
01:07:53 que vous faites du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel,
01:07:55 avec une phrase très forte, en disant
01:07:57 qu'aujourd'hui un gouvernement français, un chef d'Etat français,
01:07:59 au fond,
01:08:01 ne peut pas décider,
01:08:03 avec les institutions européennes, ne peut pas décider
01:08:05 pour son propre pays, ce qu'il souhaiterait
01:08:07 décider. C'est peut-être
01:08:09 une des choses les plus importantes, aussi, à retenir
01:08:11 de ce livre. À tout de suite.
01:08:13 - Vous, Pascal Praud, vous recevez aujourd'hui
01:08:15 l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy.
01:08:17 Et n'hésitez pas aussi, chers auditeurs,
01:08:19 vous pouvez réagir au 01 80 20
01:08:21 39 21. Posez vos questions.
01:08:23 - Et je vais demander à Roch de
01:08:25 me pardonner, parce qu'il attend
01:08:27 depuis très longtemps, et on devait
01:08:29 écouter depuis quelques
01:08:31 instants, de longues minutes, même,
01:08:33 votre question. Ça fait 45 minutes, je crois, que vous êtes
01:08:35 avec nous, Roch. - Oui, c'est ça.
01:08:37 Vous vous excuserez auprès de ma femme qui garde les enfants
01:08:39 pendant ce temps d'imbriquer.
01:08:41 C'est une boussade.
01:08:43 - D'abord, est-ce que vous êtes, j'allais dire,
01:08:45 un électeur de Nicolas
01:08:47 Sarkozy, ou est-ce que vous avez été
01:08:49 quelqu'un qui n'a pas voté
01:08:51 pour lui à l'élection présidentielle
01:08:53 de 2007 et 2012 ?
01:08:55 - Alors, j'ai jamais eu l'âge de voter pour Nicolas Sarkozy.
01:08:57 Je pense que je ne l'aurais pas fait.
01:08:59 Cependant, j'ai apprécié énormément le personnage,
01:09:01 puisque vous avez un charisme incontestable,
01:09:03 votre président. En revanche,
01:09:05 il me semble que votre bilan politique est
01:09:07 assez décevant, sur tous les égards
01:09:09 au discours de campagne de 2007, même si
01:09:11 j'étais petit, j'écoutais déjà
01:09:13 les meetings politiques. Et ne regrettez-vous
01:09:15 pas d'avoir diabolisé
01:09:17 l'UFN et l'URN. Et du coup, et c'est
01:09:19 surtout ça que je veux dire, au final, les idées que défend
01:09:21 ce parti, puisqu'à vous écouter et à vous lire
01:09:23 aujourd'hui, vous dites aussi
01:09:25 qu'il faut drastiquement réduire l'immigration, restaurer
01:09:27 l'autorité, rétablir la sécurité, etc.
01:09:29 Et c'est justement tout ce que ce parti défend
01:09:31 depuis 50 ans. Et je prendrais juste un petit
01:09:33 exemple pour illustrer ma question.
01:09:35 Ça n'a pas tout à savoir, mais vu que vous êtes
01:09:37 un ancien politique, je vous pose la question.
01:09:39 Je suis assez proche de la famille d'Artoit,
01:09:41 je ne sais pas si vous vous souvenez de l'affaire Lapeau-Victorine,
01:09:43 qui avait été assassinée. Son assassin
01:09:45 avait été condamné déjà 10 fois à 25 ans.
01:09:47 Est-ce qu'il est vraiment impossible
01:09:49 pour des hommes politiques de mettre hors d'état de lumière
01:09:51 des militaires récidivistes comme cet individu ?
01:09:53 - Bon, alors,
01:09:55 si vous le permettez,
01:09:57 on commence par votre dernière question,
01:09:59 - C'est vrai, si je ne veux pas être posémique
01:10:01 dans ma question, vous entendez bien le sens de ma question.
01:10:03 - D'abord, vous avez le droit,
01:10:05 et c'est...
01:10:07 Vous avez
01:10:09 parfaitement le droit d'être en
01:10:11 désaccord. Ça s'appelle la démocratie.
01:10:13 Sur la
01:10:15 dernière question,
01:10:17 vous savez,
01:10:19 j'ai fait les fichiers
01:10:21 des empreintes génétiques
01:10:23 qui permettent
01:10:25 aujourd'hui d'arrêter
01:10:27 un criminel sexuel
01:10:29 sur deux. Mais lorsque
01:10:31 j'étais président de la République,
01:10:33 j'ai créé une nouvelle notion juridique,
01:10:35 la peine de sûreté.
01:10:37 Parce que les criminels
01:10:39 sexuels y recommencent.
01:10:41 Le taux de récidive est pas loin
01:10:43 de 100%.
01:10:45 Et donc, j'avais fait voter
01:10:47 un texte au terme duquel
01:10:49 vous commettez
01:10:51 un crime sexuel, vous avez une punition,
01:10:53 mais c'est pas pour autant
01:10:55 qu'à la fin de la peine,
01:10:57 vous êtes libéré, j'avais créé
01:10:59 une peine de sûreté
01:11:01 qui permettait
01:11:03 d'envisager de maintenir
01:11:05 en détention des criminels
01:11:07 sexuels qui avaient
01:11:09 plurgé leur peine, mais qui étaient encore
01:11:11 dangereux.
01:11:13 Ça avait été un charivari, Roch, vous pouvez
01:11:15 pas imaginer, y compris avec M. Banninter,
01:11:17 qui m'avait accusé de
01:11:19 tous les maux. Et la
01:11:21 première décision de M. Hollande
01:11:23 a été de supprimer
01:11:25 cette peine de sûreté.
01:11:27 Donc, Roch, vous avez raison, j'ai pas tout réussi,
01:11:29 y a des tas de choses où j'ai dû vous décevoir,
01:11:31 mais pas là-dessus.
01:11:33 Parce que moi, j'aurais bien continué
01:11:35 à être président de la République,
01:11:37 et si j'avais continué, cette peine de
01:11:39 sûreté, elle serait risquée.
01:11:41 - L'autre question qu'il pose,
01:11:43 c'est au fond
01:11:45 de dire à la droite
01:11:47 "elle a oublié le RPR des années 80".
01:11:49 C'est ça que j'entends.
01:11:51 Le RPR des années 80 était plus à droite.
01:11:53 Et qu'il a fallu absolument se démarquer
01:11:55 de Jean-Marie Le Pen,
01:11:57 et que, à force de se démarquer
01:11:59 de Jean-Marie Le Pen,
01:12:01 elle en a perdu parfois une forme d'identité
01:12:03 de droite. C'est ça que j'entends
01:12:05 parfois chez les électeurs
01:12:07 du RPR ou de la droite.
01:12:09 - Écoutez, le RPR des années 80,
01:12:11 je l'ai connu, je lui étais.
01:12:13 De quelle période parlons-nous ?
01:12:15 Si c'est la période du libéralisme...
01:12:17 - Ça c'est 86.
01:12:19 - Oui, c'est les années 80-86,
01:12:21 à ma connaissance.
01:12:23 J'ai cité 80 parce que c'est 80.
01:12:25 - Il y a ces fameuses assises...
01:12:27 - Et si c'est 79,
01:12:29 la liste DIF aux européennes,
01:12:31 c'est pas non plus, moi.
01:12:33 Moi, Roch, je vais vous répondre
01:12:35 très franchement. J'ai reçu plusieurs fois
01:12:37 M. Le Pen père,
01:12:39 et Mme Le Pen fille.
01:12:41 Parce que là-bas,
01:12:43 chez eux, on peut y aller de père en fille.
01:12:45 Moi, j'avais pas le droit d'avoir
01:12:47 mon fils qui était conseiller général,
01:12:49 mais chez eux, la petite entreprise familiale,
01:12:51 on se la passe de l'un à l'autre.
01:12:53 Ça, ça gêne pas.
01:12:55 Y a pas de problème, là-dessus.
01:12:57 Je vais même vous rappeler quelque chose,
01:12:59 ma première élection, 1984, comme conseiller général,
01:13:01 j'ai marré Caroline Le Pen contre moi.
01:13:03 Mais je les ai toujours reçus.
01:13:05 Parce que je déteste la diabolisation.
01:13:07 La mienne,
01:13:09 comme celle des autres.
01:13:11 Et je trouve absurde
01:13:13 qu'on dise que le Rassemblement National
01:13:15 n'est pas dans l'arc républicain.
01:13:17 Un parti qui présente des élus
01:13:19 à toutes les élections,
01:13:21 dans toutes les circonscriptions,
01:13:23 il est dans l'arc républicain.
01:13:25 Sinon, la République n'empêcherait de présenter des candidats.
01:13:27 Ils ont maintenant 100 députés.
01:13:29 Un peu moins.
01:13:31 - Mais Alliance Impossible, selon vous, toujours,
01:13:33 alors que certains aimeraient, à droite,
01:13:35 la réunion des droits.
01:13:37 - Je vais dire à Roque.
01:13:39 Je veux répondre à Roque.
01:13:41 Miracle en 2012, Manab Le Pen
01:13:43 a fait le choix de Hollande.
01:13:45 Manab Le Pen, entre Hollande et moi,
01:13:47 a choisi Hollande.
01:13:49 Et Hollande est bien content.
01:13:51 C'est bien beau de donner des leçons.
01:13:53 Mais il faut s'apprêter à en recevoir.
01:13:55 Manab Le Pen refuse de dire qu'elle vote pour moi.
01:13:57 Elle veut la victoire d'Hollande
01:13:59 parce que la victoire d'Hollande
01:14:01 fait disparaître la droite républicaine
01:14:03 et permet au Rassemblement National
01:14:05 d'espérer gagner.
01:14:07 Mais regardez ce qui s'est passé en Espagne.
01:14:09 L'ambiguïté sur le rapport entre la droite espagnole
01:14:11 et l'extrême droite espagnole,
01:14:13 ça fait les fruits
01:14:15 ou les bénéfices de qui ? De la gauche ?
01:14:17 Est-ce que vous vous souvenez, Roque,
01:14:19 des élections, sans doute pas,
01:14:21 européennes ?
01:14:23 2008. Combien fait le Rassemblement National
01:14:25 à l'époque Front National ?
01:14:27 Face à ma liste. 6%.
01:14:29 6%.
01:14:31 Roque, sur les 30 dernières années,
01:14:33 les seules fois où Manab Le Pen
01:14:35 et M. Le Pen ne sont pas présents au second tour,
01:14:37 c'est quand je suis candidat.
01:14:39 Parce que le rempart,
01:14:41 c'est la droite républicaine.
01:14:43 Et moi, j'ai jamais
01:14:45 marqué de but contre mon propre camp.
01:14:47 Vous avez raison, Roque.
01:14:49 J'avais fait naître un espoir extraordinaire.
01:14:51 Vous vous rendez compte, en 2007, Roque,
01:14:53 combien la participation ?
01:14:55 84%.
01:14:57 84%.
01:14:59 Je me suis battu.
01:15:01 J'ai travaillé dur.
01:15:03 Les espérances étaient telles.
01:15:05 Mais entre-temps, Roque,
01:15:07 je me suis pris une crise mondiale.
01:15:09 Le monde était proche
01:15:11 du collapse. Aujourd'hui, je réponds
01:15:13 aux questions des auditeurs. Il n'y a pas un seul d'entre
01:15:15 vous qui peut téléphoner à Pascal Praud
01:15:17 pour dire "Sarkozy a ruiné mes
01:15:19 économies. Vous n'avez pas perdu vos
01:15:21 économies." Parce que je tenais
01:15:23 le manche. Ensuite, j'ai eu la crise
01:15:25 des dettes souveraines avec la Grèce,
01:15:27 avec l'Italie.
01:15:29 Alors, j'aurais bien voulu continuer 5 ans.
01:15:31 Et on aurait vu,
01:15:33 à ce moment-là, peut-être que je vous aurais
01:15:35 moins déçu. Mais si vous saviez
01:15:37 comme j'ai aimé être président de la République,
01:15:39 comme je me suis donné du mal,
01:15:41 et même quand je
01:15:43 fais l'ouverture, qui peut énerver tout le monde
01:15:45 jusqu'à M. Pascal Praud,
01:15:47 je vais vous dire une chose, Roque. Réfléchissez
01:15:49 bien à ça. On ne gouverne
01:15:51 pas un pays de 68 millions
01:15:53 d'habitants comme une secte.
01:15:55 On ne gouverne pas avec ses seuls amis.
01:15:57 J'ai le sectarisme en horreur.
01:15:59 Et s'il y a des bons à gauche,
01:16:01 je les prends.
01:16:03 Sur mon projet. - Ils vous ont parfois trahi
01:16:05 après. - En écrivant leur livre,
01:16:07 à peine avaient-ils quitté l'Élysée,
01:16:09 qu'ils écrivaient un livre,
01:16:11 je pense à Martin Hirsch notamment, pour dire
01:16:13 tout le mal qu'il pensait du gouvernement
01:16:15 auquel il avait participé. - Bien sûr.
01:16:17 Eh bien, c'est pas parce qu'on est trahi
01:16:19 qu'on doit devenir misanthrope.
01:16:21 C'est pas parce qu'on divorce qu'on doit
01:16:23 dire "l'amour c'est fini".
01:16:25 Moi j'aime les liens, j'ai été trahi,
01:16:27 peut-être même j'ai trahi moi-même,
01:16:29 et c'est beau. - Vous avez
01:16:31 été trahi ? - Bon écoutez,
01:16:33 quand j'ai quitté Chirac pour
01:16:35 Baladur, c'était pas formidable.
01:16:37 Je l'ai fait en sincérité
01:16:39 et je l'ai dit à Chirac.
01:16:41 Mais enfin, je comprends qu'il en ait été déçu,
01:16:43 voire même peiné.
01:16:45 Mais la vie c'est ça, et d'ailleurs,
01:16:47 on a su une confidence,
01:16:49 on n'est jamais trahi par ses amis, vous avez été trahi par
01:16:51 un ennemi, vous ?
01:16:53 - Ce qui était frappant effectivement, c'est que tous ceux
01:16:55 qui étaient dans votre gouvernement,
01:16:57 à peine étaient-ils dans la rue de
01:16:59 l'Elysée, qu'ils écrivaient un livre pour dire
01:17:01 tout le mal
01:17:03 qu'ils pensaient. - C'est une chose extraordinaire.
01:17:05 - J'avais trouvé ça formidable,
01:17:07 le nombre de livres
01:17:09 de vos anciens ministres.
01:17:11 - Vous savez, c'est une phrase de
01:17:13 Sacha Guitry,
01:17:15 "J'ai bien peu d'ennemis,
01:17:17 j'ai rendu si peu de services".
01:17:19 Souvent,
01:17:21 quelqu'un que j'ai nommé ministre,
01:17:23 m'en a davantage voulu que quelqu'un
01:17:25 qui j'ai refusé un poste de ministre.
01:17:27 On vous en veut
01:17:29 plus de ce que vous donnez
01:17:31 que de ce que vous refusez.
01:17:33 C'est une leçon de vie. - Bon, est-ce qu'on
01:17:35 va marquer une pause ? Je demande à Fabrice
01:17:37 Laffitte,
01:17:39 qui est avec nous, qui est notre réalisateur.
01:17:41 On pourra écouter peut-être
01:17:43 un peu de musique, mais avant cela, une
01:17:45 dernière pause. Je voudrais qu'on parle du Conseil
01:17:47 constitutionnel et du Conseil d'État
01:17:49 et puis peut-être
01:17:51 de l'Ukraine et de l'OTAN.
01:17:53 Si l'Ukraine était dans l'OTAN,
01:17:55 où en serions-nous aujourd'hui ?
01:17:57 - Il est 12h42 sur Europe 1.
01:17:59 Europe 1, Pascal Praud.
01:18:01 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1, Pascal Praud.
01:18:03 Et vous, suite et fin presque.
01:18:05 Le temps passe vite. Vous avez votre invité,
01:18:07 Nicolas Sarkozy, aujourd'hui. - Il nous reste un quart d'heure.
01:18:09 Et je trouve qu'il y a une phrase qui a été très peu
01:18:11 commentée. Je trouve que c'est une des phrases les plus
01:18:13 importantes de votre livre, à la page
01:18:15 de 147. Vous parlez d'une
01:18:17 décision du Conseil constitutionnel
01:18:19 qui n'a pas validé
01:18:21 une taxe carbone.
01:18:23 Vous dites écologique,
01:18:25 vous dites la décision du Conseil constitutionnel
01:18:27 n'avait rien de juridique et tout de
01:18:29 politique. Il faudra vraiment un jour s'attaquer à cette
01:18:31 incongruité. Nous sommes une démocratie.
01:18:33 Les élus devraient avoir le dernier mot.
01:18:35 Et surtout, vous ajoutez ainsi
01:18:37 "Entre le Conseil d'État,
01:18:39 le Conseil constitutionnel
01:18:41 et les règles européennes, j'affirme
01:18:43 qu'aucun gouvernement français,
01:18:45 quelle que soit sa couleur politique,
01:18:47 n'est encore libre
01:18:49 de proposer une politique de régulation
01:18:51 des flux migratoires
01:18:53 et ce malgré la demande pressante
01:18:55 et les attentes de tant
01:18:57 de Français." Je trouve que cette phrase est
01:18:59 terrible.
01:19:01 - Oui, on a construit un État de droit
01:19:03 qui empile des règles
01:19:05 juridiques, pour des raisons souvent
01:19:07 justifiées, bonnes,
01:19:09 mais qui condamne à l'impuissance
01:19:11 des dirigeants
01:19:13 qui, entre ce carcan
01:19:15 administratif et juridique
01:19:17 et
01:19:19 les contraintes de l'image
01:19:21 fait que toute personne
01:19:23 qui veut agir est immédiatement
01:19:25 vouée aux pylories.
01:19:27 Regardez,
01:19:29 quand vous avez un bateau de migrants...
01:19:31 - L'an P12 a aujourd'hui.
01:19:33 Il y a eu 100 débarquements de Tunisie
01:19:35 ces dernières heures. - Oui.
01:19:37 - Et vous dites... - Et vous-même vous êtes partagé.
01:19:39 Parce que quand vous voyez ces malheureux
01:19:41 des femmes, des enfants, vous dites "ça pourrait être mes enfants,
01:19:43 ça pourrait être ma femme". Qui peut se
01:19:45 réjouir de ça ? Qui peut rester
01:19:47 avec un cœur insensible face
01:19:49 à cette misère absolue ? Qui ? Personne.
01:19:51 Et en même temps,
01:19:53 dans 30 ans, l'Europe aura
01:19:55 450 millions d'habitants
01:19:57 et l'Afrique 2 milliards et demi, dont la moitié
01:19:59 aura moins de 20 ans.
01:20:01 Donc il faut bien faire quelque chose.
01:20:03 Je ne pense pas que les frontières
01:20:05 seront suffisantes.
01:20:07 Je pense que le plus
01:20:09 important pour nous, c'est d'engager
01:20:11 un fantastique plan
01:20:13 marchal de développement des infrastructures
01:20:15 africaines pour fixer
01:20:17 une population qui, si elle n'est pas
01:20:19 fixée avec une croissance économique,
01:20:21 ira
01:20:23 chercher un avenir chez nous
01:20:25 ou il n'y en a pas. - Mais c'est 20 ans, ça.
01:20:27 - Peut-être. - Oui, mais qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
01:20:29 - On fait... - L'homme pédousa.
01:20:31 - Alors, pour moi, le plus important
01:20:33 serait de faire une réunion des chefs d'État
01:20:35 européens et africains
01:20:37 autour du développement des infrastructures
01:20:39 économiques de l'Afrique,
01:20:41 pour que l'Afrique trouve le moyen
01:20:43 de fixer sa population.
01:20:45 Sinon, nous allons au devant d'un drame.
01:20:47 Je vous dis, Pascal Praud, la crise
01:20:49 migratoire n'a pas commencé.
01:20:51 - Non, mais vous le dites souvent,
01:20:53 mais ce que vous proposez, c'est 20 ans
01:20:55 ou 10 ans. Et aujourd'hui,
01:20:57 vous avez une immigration massive.
01:20:59 Qu'est-ce qu'on fait ?
01:21:01 Mme Mélonie ne réussit pas.
01:21:03 - Je pense...
01:21:05 Elle ne peut pas toute seule, de toute manière.
01:21:07 Je pense à autre chose. Je crois
01:21:09 que dorénavant, il faut traiter
01:21:11 les dossiers de demande de migration
01:21:13 sur le continent africain
01:21:15 et non pas après avoir traversé
01:21:17 la Méditerranée.
01:21:19 Une fois que la Méditerranée est traversée,
01:21:21 que les gens ont risqué leur vie, vous ne pouvez pas
01:21:23 les faire repartir. Donc, il faut
01:21:25 créer des hot spots dans
01:21:27 tous les pays africains,
01:21:29 les mitrophes de la Méditerranée,
01:21:31 et tout dossier
01:21:33 qui ne serait pas passé
01:21:35 par ces hot spots serait refusé.
01:21:37 Et ces hot spots devraient être
01:21:39 financés par l'Europe.
01:21:41 J'ajoute d'autres problèmes sur l'Algérie.
01:21:43 On ne peut pas continuer à donner
01:21:45 des centaines de milliers de visas chaque année
01:21:47 et refuser,
01:21:49 les Algériens, de recevoir ceux
01:21:51 que nous voulons expulser par
01:21:53 quelques centaines. Ce n'est pas possible.
01:21:55 Mais c'est sans doute le sujet
01:21:57 le plus difficile, le plus
01:21:59 complexe, parce que même aux auditeurs
01:22:01 d'Europe 1, celui qui est
01:22:03 le plus déchaîné contre l'immigration irrégulière,
01:22:05 il ne peut pas avoir son cœur
01:22:07 qui ne saigne pas devant
01:22:09 les images de la détresse.
01:22:11 Ce ne sont pas des dossiers, Pascal Praud,
01:22:13 ce sont des êtres humains.
01:22:15 Et des êtres humains, ça ne serait pas comme des dossiers.
01:22:17 Donc, on est face à cette
01:22:19 question immense.
01:22:21 Ce devrait, me semble-t-il,
01:22:23 être la première priorité
01:22:25 des dirigeants européens, comme
01:22:27 des dirigeants africains. Je termine.
01:22:29 L'Afrique et l'Europe
01:22:31 ont des destins liés.
01:22:33 Le drame de l'Afrique
01:22:35 sera le désastre de l'Europe.
01:22:37 - Ce rôle du Conseil d'État, du
01:22:39 Conseil constitutionnel, ça va être intéressant d'ailleurs
01:22:41 de le voir à travers la décision
01:22:43 par exemple de l'Abaya, puisque
01:22:45 le Conseil d'État a été saisi. Je ne sais pas
01:22:47 d'ailleurs si vous trouvez la décision
01:22:49 de M. Attal bonne
01:22:51 ou pas d'interdire l'Abaya
01:22:53 à l'école. - Je trouve que
01:22:55 M. Attal a parfaitement
01:22:57 raison. Et quand la matière,
01:22:59 son prédécesseur, avait fait
01:23:01 quelque chose d'hallucinant
01:23:03 en laissant au proviseur
01:23:05 le soin
01:23:07 d'analyser, Abaya par Abaya,
01:23:09 les intentions
01:23:11 politiques ou non
01:23:13 de la personne qui portait l'Abaya.
01:23:15 Ce qui mettait les proviseurs
01:23:17 ou les chefs d'établissement dans une situation impossible.
01:23:19 - Mais le Conseil d'État ? - On verra ce qui décide.
01:23:21 - Fondement juridique ? - On verra ce qui décidera.
01:23:23 - Est-ce que c'est un vêtement religieux ?
01:23:25 - On verra ce que décidera le Conseil d'État,
01:23:27 mais à un moment donné
01:23:29 où le droit ne peut pas être déconnecté
01:23:31 complètement de la souveraineté nationale
01:23:33 et de l'expression populaire.
01:23:35 - On n'a pas parlé de la justice et vous en parlez
01:23:37 évidemment
01:23:39 très tôt d'ailleurs dans le livre.
01:23:41 On a le sentiment
01:23:43 parfois que les juges
01:23:45 ne vous pardonnent pas d'avoir
01:23:47 voulu supprimer notamment le juge
01:23:49 d'instruction, vous
01:23:51 rappeler qu'on est la seule démocratie
01:23:53 où celui qui enquête
01:23:55 est également celui qui juge.
01:23:57 Vous aviez voulu mettre en place le juge
01:23:59 de l'instruction et
01:24:01 scinder les responsabilités
01:24:03 et vous écrivez cette phrase
01:24:05 sur laquelle je vais
01:24:07 vous demander de réagir, s'appuyant sur
01:24:09 un monde médiatique toujours friand de scandales
01:24:11 prétendument dissimulés
01:24:13 agitant le fantasme du contrôle politique
01:24:15 sur les affaires. Le monde
01:24:17 judiciaire a fini par constituer
01:24:19 une forteresse hermétique
01:24:21 en complet autocontrôle
01:24:23 à qui rien ni personne ne peut
01:24:25 demander la moindre explication. Et plus tard
01:24:27 vous parlerez évidemment de ce qui est arrivé
01:24:29 dans la prison avec la mort
01:24:31 d'Yvan Colonna. - Je peux pas
01:24:33 être suspecté de quelque
01:24:35 faiblesse vis-à-vis d'Yvan Colonna.
01:24:37 J'étais ministre de l'Intérieur quand la chasse
01:24:39 qui a abouti
01:24:41 à son arrestation a été
01:24:43 enclenchée. Mais Colonna
01:24:45 qui a commis un crime abominable
01:24:47 a été condamné à la prison
01:24:49 pour ne pas être assassiné.
01:24:51 Or, il est assassiné en prison
01:24:53 sous la garde de l'État.
01:24:55 - Il n'y a pas de sanctions ?
01:24:57 - Il n'y a pas de sanctions, il n'y a pas de responsabilité.
01:24:59 - Et ça, ça vous aurait pu ?
01:25:01 - Mais écoutez,
01:25:03 l'erreur est humaine bien sûr.
01:25:05 Mais votre auditeur qui parlait
01:25:07 de cette jeune fille qui avait été assassinée
01:25:09 par un récidiviste.
01:25:11 La personne qu'il a remise en liberté sans contrôle,
01:25:13 il ne s'agit pas de l'avouer
01:25:15 au gémonie.
01:25:17 Mais elle n'est pas responsable du tout.
01:25:19 - Mais qu'est-ce qu'il faut changer ?
01:25:21 - Alors ça, il y a comme...
01:25:23 Justement, ce que j'ai voulu changer,
01:25:25 c'est que le juge qui instruit
01:25:27 ne peut pas être le juge qui juge.
01:25:29 Bon, alors, en ce qui me concerne,
01:25:31 moi j'ai été examiné,
01:25:33 lasérisé, regardé,
01:25:35 interrogé, perquisitionné.
01:25:37 Mais on trouve.
01:25:39 Jamais rien.
01:25:41 Vous voyez, Pascal Praud, je ne suis pas au-dessus des lois.
01:25:43 Mais je ne suis pas en-dessous non plus.
01:25:45 Je ne suis pas en-dessous.
01:25:47 Et jamais je n'ai trahi la confiance des Français.
01:25:49 Donc ça mettra le temps que ça mettra.
01:25:51 Mais la vérité finira par triompher.
01:25:53 Je ne suis pas quelqu'un qui baisse la tête.
01:25:55 - On va terminer cette émission par quelque chose
01:25:59 peut-être de plus léger.
01:26:01 Nous allons parler de vos rapports avec les médias.
01:26:03 Je ne sais pas si c'est forcément plus léger,
01:26:05 mais ils n'ont pas toujours été faciles.
01:26:07 Et une personnalité bien connue dans le monde du sport
01:26:09 avait lancé cette célèbre phrase.
01:26:11 On va l'écouter. C'était en 2011.
01:26:13 Et vous allez me dire si vous vous en souvenez.
01:26:15 - Marc, est-ce que tu penses toujours
01:26:17 que vous pouvez être champion du monde ?
01:26:19 - Tu m'emmerdes avec ta question.
01:26:21 D'accord ?
01:26:23 On vient d'en prendre 40, donc elle est tourdue.
01:26:25 Je l'ai dit,
01:26:27 on va passer à la qualification. Ça te va comme ça ?
01:26:29 - Tu m'emmerdes avec ta question.
01:26:31 Vous savez qui parle ?
01:26:33 C'est Marc Lievremont.
01:26:35 Et il était sélectionnaire
01:26:37 du 15 de France. Il avait lancé
01:26:39 cette phrase mythique à un journaliste
01:26:41 après une défaite face au All Black en Coupe du Monde.
01:26:43 Et Marc Lievremont s'est confié
01:26:45 à Manon Fossat,
01:26:47 pour Europe, dans la série podcast
01:26:49 "Les géants du rugby" qui sera lancée
01:26:51 jeudi sur notre antenne.
01:26:53 Et apparemment, vous aviez aimé cette réplique.
01:26:55 Écoutez.
01:26:57 - J'ai eu, dans les jours qu'on suivit, un appel du président
01:26:59 de la République de l'époque, monsieur Nicolas Sarkozy,
01:27:01 qui m'a appelé en me disant
01:27:03 "Mais vous ne pouvez pas imaginer
01:27:05 le nombre de fois où j'ai envie
01:27:07 de répondre comme vous à des journalistes
01:27:09 et vous m'avez fait tellement plaisir."
01:27:11 C'était assez surréaliste et en même temps assez drôle.
01:27:13 - Ce qui nous permet de parler
01:27:15 quand même des médias.
01:27:17 - Parce que vous avez été interrogé.
01:27:19 Nous sommes ici sur Europe 1.
01:27:21 C'est Arnaud Lagardère
01:27:23 qui est le propriétaire d'Europe 1, comme il l'est également
01:27:25 du journal du dimanche.
01:27:27 Et on a vu effectivement
01:27:29 ces derniers jours,
01:27:31 une campagne se mettre
01:27:33 en place pour
01:27:35 regretter que Geoffroy Lejeune
01:27:37 dirige le journal
01:27:39 du dimanche. Et d'une manière générale,
01:27:41 la presse,
01:27:43 effectivement, n'a pas forcément été tendre
01:27:45 toujours avec vous, parce qu'elle est
01:27:47 plutôt à gauche qu'à droite, on peut le dire comme ça ?
01:27:49 - Bien sûr, vous savez, la différence
01:27:51 entre un journal de droite et un journal de gauche
01:27:53 est très simple. Dans un journal de droite,
01:27:55 la moitié des journalistes sont de gauche.
01:27:57 Dans un journal de gauche, 100% des journalistes
01:27:59 sont de gauche. Parlez du JDD.
01:28:01 J'ai un très beau souvenir.
01:28:03 JDD, c'est pas un journal
01:28:05 engagé.
01:28:07 En 2007,
01:28:09 ils font un vote
01:28:11 dans la rédaction
01:28:13 pour savoir qui choisit
01:28:15 entre
01:28:17 Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
01:28:19 100% des journalistes
01:28:21 votent Ségolène Royal.
01:28:23 Y'a pas un commentateur qui dit
01:28:25 "Oh là là !
01:28:27 Et la diversité, et l'équilibre, et la démocratie !"
01:28:29 - Vous avez une explication ?
01:28:31 Pourquoi les journalistes pensent à gauche ?
01:28:33 - Oui, j'ai tout à fait l'explication.
01:28:35 C'est que les gens de gauche
01:28:37 pensent qu'ils ont la vérité.
01:28:39 Donc tous ceux qui pensent pas
01:28:41 comme eux, sont en dehors
01:28:43 du domaine de la raison. - Oui, mais pourquoi les journalistes ?
01:28:45 Pourquoi seraient-ils tous à gauche ?
01:28:47 - Parce que c'est un problème d'image.
01:28:49 Y'a beaucoup de gens, vous comprenez ?
01:28:51 J'ai le cœur à gauche, je veux mon image,
01:28:53 je veux être sympathique.
01:28:55 Y'a eu une dépêche à l'époque où j'étais président de la République
01:28:57 qui s'intitulait "Dépêche AFP".
01:28:59 François Hollande
01:29:01 l'a mis des journalistes.
01:29:03 Et dans la dépêche,
01:29:05 le rédacteur, le pauvre, expliquait
01:29:07 "C'est fantastique, il dévore
01:29:09 la presse, vous ne le verrez jamais lire
01:29:11 un livre."
01:29:13 Pour lui c'est un compliment.
01:29:15 C'est un compliment.
01:29:17 Et quand vous avez
01:29:19 un journaliste qui n'est pas de gauche,
01:29:21 il vous interroge
01:29:23 rudement,
01:29:25 mais jamais il va dire qu'il est de droite.
01:29:27 Vous avez encore des gens qui disent "Ah mon père,
01:29:31 tu sais, il était communiste."
01:29:33 Vous vous rendez compte, communiste ?
01:29:35 Les communistes,
01:29:37 c'est partout dans le monde,
01:29:39 des dizaines, des centaines de millions
01:29:41 de crimes. Vous connaissez-vous des gens
01:29:43 qui disent "Oh mon grand-père était nazi,
01:29:45 bon, on peut dire mon grand-père
01:29:47 est communiste." C'est inouï.
01:29:49 On dit "Il faut déboulonner
01:29:51 les statues." Quand je passe boulevard Saint-Germain,
01:29:53 moi, et que je vois la statue de Danton,
01:29:55 Danton,
01:29:57 Danton, Robespierre, Marat,
01:29:59 des fous, des assassins,
01:30:01 qui se sont
01:30:03 exterminés les uns aux autres.
01:30:05 Vous connaissez cette phrase extraordinaire,
01:30:07 on est en 1793,
01:30:09 Robespierre qui a fait
01:30:11 exterminer tout le monde,
01:30:13 vient pour demander les pleins pouvoirs à la convention,
01:30:15 et ils toussent.
01:30:17 Et un député se lève le
01:30:19 point du doigt et dit "C'est le sang
01:30:21 de Danton
01:30:23 qui l'étouffe."
01:30:25 Et bien il y a la statue de Danton,
01:30:27 la statue de Danton,
01:30:29 personne, personne ne l'a remis en cause.
01:30:31 La commune de Paris, j'ai vu que la mairie
01:30:33 de Paris faisait des
01:30:35 figurines, elle effigie la commune
01:30:37 de Paris. Vous savez ce que c'est la commune de Paris ?
01:30:39 Paris était entourée par les Prussiens.
01:30:41 Ils ont mis le feu au Louvre.
01:30:43 C'est ces gens-là
01:30:45 qu'il faut admirer ? Eh bien décidément,
01:30:47 je suis pas d'accord. - Monsieur le Président,
01:30:49 il est 12h57, on va pas vous retenir
01:30:51 jusqu'à 14h, ça ne serait pas raisonnable.
01:30:53 Mais je tiens à dire qu'on a
01:30:55 vécu un moment formidable.
01:30:57 - Merci, c'est moi. - En vous écoutant avec les auditeurs
01:30:59 d'Europe 1, on a pu
01:31:01 parler de toutes les actualités,
01:31:03 des choses plus personnelles, et c'est ça qui existe
01:31:05 aussi dans ce livre, "Le temps
01:31:07 des combats". Céline Géraud,
01:31:09 que vous connaissez. - Oui, monsieur.
01:31:11 Championne extraordinaire
01:31:13 de judo. - Oui, absolument.
01:31:15 On a parlé déjà de 72, auquel a assisté
01:31:17 le Président de la République. - Eh, vous savez, en 72,
01:31:19 c'est le démarrage. - À Saint-Paul ? - Non,
01:31:21 c'est Munich. - Munich, oui, Saint-Paul, bien sûr.
01:31:23 - C'est extraordinaire, 72, c'est le démarrage
01:31:25 de l'aventure du judo. Trois médailles.
01:31:27 - Bien sûr. - Trois médailles de bronze.
01:31:29 - Quel mémoire. - Brandani, Minour,
01:31:31 Koch, en moyen,
01:31:33 et Mounier, en léger.
01:31:35 - Eh ben voilà, on va pouvoir faire un quiz. - Chéri Ponte
01:31:37 en aigle, qui faisait à genoux.
01:31:39 - Ah, pardon, voilà. - Sapporo, c'était
01:31:41 les Jeux d'hiver, mais alors, vous dites,
01:31:43 notre championne de judo,
01:31:45 et je me souviens que quand Jacques Chabondelmas
01:31:47 venait à TF1 et qu'il croisait Jean-Michel Bélaud,
01:31:49 il était journaliste, il disait "Notre champion
01:31:51 perchiste est avec nous."
01:31:53 - Oui, on reste toujours judoka.
01:31:55 - Bon, Céline, le 13
01:31:57 14, tous les jours.
01:31:59 - Le 13 Europe 1, 13 heures, tous les jours.
01:32:01 Évidemment, un journal complet.
01:32:03 On décryptera bien sûr les propos du président
01:32:05 Nicolas Sarkozy, on parlera aussi de la qualité de l'air,
01:32:07 qui est terrible, au niveau mondial,
01:32:09 et la taxe foncière, qui vous le savez,
01:32:11 va s'envoler cette année pour 18 millions de ménages,
01:32:13 quand même. - Bon, d'abord,
01:32:15 merci, vraiment, je vous remercie grandement,
01:32:17 Dona Vidal, Revelle, et
01:32:19 toute l'équipe d'Europe 1 se joint à moi
01:32:21 pour vous remercier. Bon, Mbappé,
01:32:23 c'est la dernière chose, vous m'avez dit
01:32:25 tout à l'heure qu'il
01:32:27 n'était pas parti, mais
01:32:29 est-ce qu'il sera là le 1er septembre, oui ou non ?
01:32:31 - J'en suis sûr.
01:32:33 Et vous avez vu le dernier match ?
01:32:35 - Ah oui, avec ce jeune de 17 ans,
01:32:37 remarquable. - Quelle aérémerie.
01:32:39 - Oui.
01:32:41 Merci vraiment, monsieur le président, d'avoir été
01:32:43 avec nous, merci à
01:32:45 Géraldine, bien sûr, merci aux auditeurs,
01:32:47 merci à monsieur Olivier Guenec,
01:32:49 qui était avec nous,
01:32:51 notre ami réalisateur Lafitte,
01:32:53 qui était là également, et je vous laisse en compagnie
01:32:55 de Céline.
01:32:57 A demain ! - A demain, Pascal Praud.

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