Nicolas Sarkozy est l'invité exceptionnel de Pascal Praud (2/2)

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00:00 - Europe 1, Pascal Praud et vous.
00:04 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1. Bienvenue jusqu'à 13h, vous écoutez votre nouvelle émission Pascal Praud et vous.
00:09 Pascal, vous recevez aujourd'hui l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy.
00:13 Son nouvel ouvrage "Le temps des combats" vient de paraître aux éditions Fayard.
00:16 - "Le temps des combats", alors ça fait un malheur en librairie avec des chiffres qui sont d'ailleurs extrêmement importants
00:24 parce que vous avez vendu près de 20 000 ouvrages en très peu de jours.
00:29 Ce qui est étonnant c'est que vous faites, j'allais dire, le service après-vente, vous vous baladez dans toute la France,
00:35 vous allez au contact avec des files d'attente de gens qui attendent parfois des heures
00:41 et vous signez avec un feutre et vous parlez, vous échangez avec tous ces gens.
00:47 C'est vrai qu'il y a évidemment des gens qui ne vous aiment pas, mais vous avez vos fans
00:52 et c'est ça qui n'est pas si fréquent peut-être pour un homme politique.
00:57 - D'abord il n'y a rien d'étonnant parce que moi j'écris pour partager, j'ai fait de la politique pour partager.
01:03 - Il y a un rapport affectif, très fort.
01:06 - Mais pourquoi, qu'est-ce que c'est que le rapport s'il n'est pas affectif ?
01:11 Je veux dire quels sont les liens s'ils ne sont pas affectifs ?
01:15 Vous savez il y a une expression que je n'aime pas, quand les gens disent "je ne mets rien au-dessus de ma liberté".
01:19 Ah bon ? Donc tu n'as pas créé de lien.
01:23 Parce que le but de la vie ce n'est pas d'être libre, c'est de créer des liens.
01:27 Et chaque lien que l'on crée, on handicap sa liberté.
01:31 Parce que la liberté, sa liberté c'est de l'égoïsme.
01:34 Vous avez handicapé votre liberté avec vos enfants, avec votre conjoint, votre conjointe, avec vos parents.
01:41 On n'est pas seul, on crée des liens.
01:43 Et le but de la vie c'est d'avoir plein de liens, donc plein de limites à sa liberté.
01:48 Parce que chaque lien c'est du bonheur, mais c'est de la liberté en moins.
01:53 Donc si j'écris, c'est pour partager, et pour rencontrer ceux à qui j'écris.
01:59 Un livre sans lecteur, c'est rien.
02:02 Un livre appartient autant à celui qui le lit qu'à celui qui l'écrit.
02:07 Il y a cent mille interprétations de mon livre.
02:12 Le même nombre d'interprétations qu'un nombre de lecteurs.
02:16 Ces événements dont je parle, ils ne m'appartiennent pas.
02:18 Ils appartiennent autant à M. Dupont ou à Mme Durand qu'à moi.
02:23 Et c'est pour ça que je le fais.
02:25 Et je n'aime pas trop l'expression "mes fans", d'abord je ne sais pas, mais ils ne m'appartiennent pas.
02:30 C'est des citoyens qui aiment la France.
02:33 - Mais ils vous aiment beaucoup.
02:34 - Ils ont le droit, on n'est pas obligé de détester tout le monde.
02:37 Mais parfois il y a même des gens, vous voyez, qui n'ont pas voté pour moi, qui viennent,
02:42 et qui me disent "moi j'aime pas le politique, mais j'aime l'homme".
02:46 Ou d'autres qui me disent au contraire "j'aime l'homme, mais vous m'avez déçu sur tel ou tel point".
02:50 Mais c'est un lien.
02:52 Quand on est président de la République, on n'est pas dans la politique.
02:55 On fait partie de la famille des Français, qui vous aiment ou qui ne vous aiment pas.
02:59 On a été élu le jour de leur divorce, ou le jour de la naissance du petit, ou du baptême du second.
03:05 Et on rentre dans la famille.
03:08 Et la France, elle a besoin de ces liens.
03:12 Parce que c'est ça qui rassemble.
03:15 On a vécu ensemble, je vous le disais, avec des jeunes qui ne m'ont pas connu.
03:19 Et j'ai un peu l'impression que c'est comme à Disney,
03:23 où les films qu'on a vus jeunes, on reste comme un ami de celui qui était le héros de l'époque.
03:32 Eh bien, c'est ça. Et moi je le fais pour partager.
03:35 Donc si j'ai pas d'électeur, pourquoi le faire ?
03:38 J'écris pas pour moi, j'écris pour nous.
03:41 C'est pas une démarche égoïste, c'est une démarche tournée vers les autres.
03:45 Et c'est ça qui me plaît. Et quand je vois les fils, et des fils, et des fils,
03:49 c'est bouleversant, parce que le succès est aussi injuste que l'échec.
03:54 - Écoutons justement quelques personnes qui étaient à La Baule,
03:59 puisque vous étiez dans cette merveilleuse ville de La Baule l'autre jour,
04:02 qui est dirigée aujourd'hui le maire et Franck Louvrier, avec qui vous avez beaucoup travaillé,
04:06 et vous avez signé pendant trois heures.
04:09 Et les équipes d'Europe 1 ont pu écouter quelques personnes qui étaient là.
04:13 - Merci d'être là. - Merci à vous d'être là.
04:16 - A quel âge ? - 17 ans.
04:18 - 17 ans, c'est bien. Je suis fier que tu lises mon livre.
04:21 - C'est pour le plaisir de rencontrer un ancien président, qui a beaucoup compté.
04:25 Une personne qui a beaucoup de clairvoyance sur ce qui se passe,
04:28 et beaucoup d'expérience, et qui peut nous apporter encore beaucoup.
04:31 - Ça a toujours été un grand homme d'État, et qui faisait respecter les Français.
04:35 Ce n'est plus tout à fait le cas maintenant.
04:37 Il aime la France, il aime les Français, il est sincère.
04:40 C'est quelqu'un que je regrette beaucoup.
04:42 - Je lui ai dit que, déjà que c'était un honneur de le rencontrer,
04:45 que j'étais son plus grand fan.
04:46 Qu'il manque à la France.
04:47 Et qu'il avait dit qu'il avait tourné la page avec la politique,
04:50 et que moi, j'aimerais qu'il la retourne dans l'autre sens.
04:52 - Il est 12h07, nous sommes sur Europe 1, nous sommes avec Nicolas Sarkozy.
04:57 C'est "Le temps des combats", édité chez Fayard, qui est sorti le 22 août.
05:02 Et effectivement, nous passons en revue les grands thèmes que vous abordez.
05:07 J'ai la fidélité ancrée au plus profond de mon identité.
05:12 Mes goûts sont immuables comme imperméables au temps qui passe.
05:15 Et bien, pour illustrer ce que vous dites, à la page 350,
05:19 je vais vous faire écouter quelques notes de musique que vous allez reconnaître immédiatement.
05:25 [♫♫♫]
05:37 - Le PSG, certains d'ailleurs, c'est Jacques Vendroux qui m'envoie un message en me disant
05:42 qu'il rêve d'être président du Paris Saint-Germain.
05:46 Je ne sais pas si ce serait une bonne chose pour le PSG,
05:50 mais vous avez un rapport particulier au PSG.
05:53 Wahid Ali Lodzik, qui a entraîné le PSG, m'a dit que vous l'appeliez tous les matins.
05:57 Tous les matins, et non seulement que vous l'appeliez,
06:00 mais que vous pensiez qu'il était peut-être membre du gouvernement,
06:04 puisque vous lui disiez "il faut faire jouer un tel à la place d'un tel".
06:08 Vous lui donniez votre avis. Vrai ou pas ?
06:11 - C'est vrai que je l'appelais. Mais c'est vrai que ce n'est pas le seul, d'ailleurs.
06:15 - Vous appelez tous les entraîneurs du PSG ? - Pas tous.
06:17 D'abord, je n'ai aucun rêve d'être président du PSG.
06:22 Nasser est un très bon président.
06:25 Vous savez, au PSG, on a tous eu comme président,
06:28 on en a même eu un qui s'appelait Perper.
06:32 Ce qui n'était pas le même nom, le meilleur nom,
06:34 pour une équipe qui veut gagner-gagner.
06:37 Donc, ce n'est pas pour moi.
06:40 La première fois que j'étais au Parc des Princes, j'étais tout seul.
06:44 Je devais avoir 15-16 ans. Je ne connaissais personne.
06:47 Et depuis cette époque, je vais au Parc des Princes.
06:52 Et quelles que soient les fonctions qui étaient les miennes ou pas du tout les miennes,
06:56 j'ai été au Parc des Princes.
06:58 Pendant des années. Et vous savez le plus préoccupant ?
07:02 J'ai toujours le même plaisir à y aller.
07:04 Ça n'a pas changé. Et quand j'ai eu des enfants,
07:06 à partir de 4-5 ans, ils sont toujours venus avec moi.
07:09 Parce que, pour moi, le sport fait partie de l'éducation.
07:13 J'aime l'idée que mes enfants, y compris ma fille, qui vient avec moi,
07:17 voient ce que c'est. Communer. Communer dans un stade.
07:21 Parce que moi, je n'ai pas eu la chance d'avoir un père qui m'amenait dans les stades.
07:25 Eh bien, je dis à tous ceux qui nous écoutent,
07:27 ça fait partie de l'éducation.
07:30 Aimer, pleurer, rire, gagner, perdre ensemble,
07:34 ça change tout la vision de la vie.
07:37 Et donc, oui, cette chanson, je la connais bien.
07:42 - Est-ce qu'Mbappé, on est le 29 août aujourd'hui, est-ce que Mbappé sera là le 1er septembre ?
07:47 - J'en sais rien. En tout cas, je vous dis une chose.
07:51 Depuis le temps qu'on annonce qu'il part, il est toujours pas parti.
07:54 Et c'est une merveilleuse nouvelle
07:56 pour tous les supporters du PSG et pour tous les supporters de football.
08:00 Vous savez, je n'aime pas que le PSG.
08:02 Il y a bien d'autres équipes que je vois jouer.
08:05 Et comme je circule partout en France,
08:07 chaque fois que je pouvais aller à Gerland, à Lyon,
08:10 maintenant il y a le nouveau stade, ou à Saint-Etienne,
08:13 ou à Lille, ou à Nice, j'y vais toujours.
08:16 Parce que pour moi, le sport, c'est une passion.
08:18 - La vie privée, vous en parlez, et la vie privée pour l'entourage,
08:22 forcément, lorsqu'on est président de la République, ça peut être compliqué.
08:25 Et j'ai trouvé qu'il y a une phrase vraiment qui m'a beaucoup touché,
08:29 c'est, vous évoquez votre fils Jean,
08:31 qui postule pour être président de l'EHPAD,
08:37 qui doit diriger le plus grand centre d'affaires d'Europe,
08:40 de la défense.
08:44 Et il va finalement démissionner parce que
08:48 la cabale ou la bataille contre lui est trop importante,
08:51 et sans doute d'ailleurs injuste,
08:53 et puis il passe à France 2, au journal de France 2.
08:56 Et vous écrivez cette phrase,
08:58 qui peut effectivement toucher les pères que nous sommes tous,
09:03 "J'étais tellement inquiet pour lui,
09:05 que je ne puis même pas regarder l'émission en direct."
09:08 - C'est vrai.
09:11 C'est vrai, je l'ai regardée avec 4 jours de retard.
09:15 C'était trop d'émotion pour moi.
09:17 Et Jean avait été élu conseiller général de Neuilly,
09:20 il avait été élu, il y a eu une polémique,
09:23 d'ailleurs due à ma faute, c'est moi qui aurait dû être plus prudent,
09:27 et un certain nombre de gens s'en sont emparés
09:30 avec une violence inouïe.
09:32 Jean avait 22 ans à l'époque,
09:35 et j'ai pas oublié ceux qui avaient fait ça.
09:38 J'ai pas oublié non plus ceux qui avaient été très corrects,
09:42 et parmi ceux-ci, il y a eu Julien Dray, qui était député socialiste,
09:46 et qui a tranché par son courage.
09:48 Vous voyez, parfois vous êtes surpris du courage de gens
09:53 qui ne sont pas vos amis,
09:55 mais qui se comportent humainement.
09:57 - Vous parlez évidemment de Carla Bruni,
10:00 car Carla, elle savait qu'elle était enceinte,
10:02 cette nouvelle nous comblait,
10:03 cette grossesse tellement désirée s'était fait attendre,
10:06 j'étais dans un état d'apesanteur, de félicité,
10:08 cet enfant venait couronner le miracle,
10:10 mais en même temps, évidemment, il ne faut pas le dire,
10:12 puisque vous vous tenez à garder le secret,
10:14 et vous dites "je ne voulais en aucun cas faire de la peine à ma mère,
10:17 je devais donc la mettre au courant".
10:20 Elle aurait été si triste d'apprendre la nouvelle par la presse.
10:24 - Oui, mais on est président de la République,
10:27 mais vous avez quand même votre mère,
10:30 votre femme.
10:32 Quand j'ai rencontré Carla, il y a eu beaucoup de polémiques,
10:35 notamment lorsque j'ai dit "Carla et moi c'est du sérieux",
10:38 et beaucoup de gens disent "ça se fait pas, qu'elle est immature".
10:43 Vous voyez, moi je pense que quand on aime quelqu'un,
10:48 on le protège.
10:50 Et je ne vous l'aime pas d'une maîtresse.
10:53 Elle n'a pas d'une maîtresse à l'Elysée.
10:56 C'est pas la maintenant, la Dubarry.
10:59 C'est pas mon idée.
11:01 Ça n'a rien à voir avec la bourgeoisie ou la droite.
11:04 Si vous aimez quelqu'un, vous la protégez.
11:08 Et donc Carla et moi on avait décidé de se marier très rapidement.
11:14 Et les Français, c'est un peuple sentimental la France.
11:18 Chaque fois que c'est sincère, ils comprennent.
11:22 Ils n'aiment pas la gaudriole.
11:25 Quand il y a eu, au moment des obsèques de Mitterrand, ces deux familles,
11:31 Mitterrand avait tellement aimé sa fille, Mazarine.
11:34 Les Français en respectaient.
11:37 Carla a été adoptée comme première dame,
11:41 le voyage, le fameux voyage d'État en Angleterre,
11:45 c'était un mois après notre mariage.
11:49 Carla a été adoptée immédiatement, elle l'a fait d'ailleurs.
11:52 Elle a représenté la France magnifiquement.
11:57 Bon, moi je voulais pas d'une rue du cirque.
12:01 Je voulais pas de photo volée.
12:03 - Alors la rue du cirque... - Non mais peu importe,
12:05 mais je voulais pas de photo volée.
12:08 Je voulais pas de ça.
12:10 Et j'ai préféré jouer franc jeu
12:14 et dire "Elle m'aime, je l'aime, on va se marier."
12:18 Laissez les commentaires, mais c'était clair.
12:24 Après il y a eu toutes les histoires Strauss-Kahn, etc.
12:27 Pas de jugement à avoir, Mme Saint-Clair et tout ça.
12:31 Ça les Français aiment pas.
12:33 Fouet de cash.
12:35 Et ce qui était présenté comme une immaturité de ma part,
12:40 ou d'exhibitionnisme,
12:43 non, c'était juste la vérité.
12:46 - Est-ce qu'elle a eu de l'influence politique sur vous ?
12:49 - Carla ne se mêle jamais de politique.
12:53 Mais bien sûr qu'on discutait.
12:56 Vous savez, c'était même une plaisanterie chez mes collaborateurs,
13:00 puisque les dîners d'État s'étaient terminés à 10h du soir.
13:03 Moi je n'avais qu'une seule idée, c'était de rentrer à la maison,
13:07 retrouver le calme, voir un film avec ma femme,
13:10 parler d'autre chose.
13:12 Donc Carla ne faisait ni ne défaisait aucune carrière.
13:15 C'est pas comme ça que ça se passe.
13:16 - Carla est une artiste, et comme tous les artistes,
13:18 elle est capable de ressentir puis de traduire des émotions et des sentiments
13:22 qu'il n'est pas donné au commun des mortels de saisir.
13:26 - Oui, d'abord elle s'est écoulée dans le statut de première dame
13:31 avec une rapidité stupéfiante.
13:34 Elle connaissait absolument rien.
13:35 Et je reconnais que c'était, pour les Français, vous vous rendez compte,
13:39 l'année 2007, je suis élu président républicain en mai,
13:43 je divorce en octobre, c'est pas à ma demande,
13:46 je subis mon divorce,
13:48 je rencontre Carla en novembre et on se marie le 2 février 2008.
13:51 Ce qu'on peut dire c'est que je suis un homme qui aime prendre des décisions.
13:57 J'aime pas la procrastiner.
14:00 - Et d'ailleurs c'est un reproche que vous faites à Emmanuel Macron, la procrastination.
14:05 - C'est pas un reproche, c'est une différence que certainement on a.
14:09 Il m'est arrivé de décider trop vite, et trop.
14:12 - Quelle décision ?
14:14 - Non mais parfois on me disait "tu en fais trop,
14:18 les Français peuvent plus te suivre,
14:20 il y a trop de réformes, il y a trop de changements".
14:23 Bon.
14:24 Et moi j'ai toujours eu peur du temps qui passe.
14:29 Il y a une expression que vraiment je n'aime pas du tout.
14:33 "J'ai le temps".
14:35 Quelle folie.
14:37 Quelle folie.
14:38 Le temps ne nous appartient pas.
14:40 Et quand les commentateurs disent "ah le président est le maître du temps".
14:43 Mon dieu.
14:45 D'abord vous savez pas si le temps existe.
14:47 Le temps c'est une création intellectuelle.
14:50 Qui a d'ailleurs des rapports avec l'espace.
14:52 Mais moi je sais très bien qu'un petit microbe demain dans la rue,
14:56 le temps s'arrête.
14:58 Le rendez-vous, il est certain.
15:01 Mais quand ?
15:02 Donc toute ma vie, j'ai voulu faire une minute avant ce que j'aurais pu faire une minute après.
15:09 Et cette urgence m'a pris à la première minute de mon quinquennat jusqu'à la fin.
15:15 Et encore aujourd'hui.
15:18 Je suis quelqu'un qui aime faire.
15:20 Il y a des tas de gens qui disent "ah si j'avais le temps".
15:23 Vous savez monsieur le président, si j'avais le temps je ferais un livre.
15:26 Stop l'ami.
15:28 Si tu crois que c'est une question de temps, je dis pas ce que c'est qu'écrire.
15:31 - Vous avez eu le temps parce que...
15:33 - Ou même quand un jeune me dit "comment on fait pour faire de la politique ?"
15:36 Je dis "t'es pas fait pour ça".
15:38 Parce que jamais il faut le temps de demander.
15:40 Fais, fais, fais.
15:43 - Vous avez eu le temps d'écrire un livre de 600 pages
15:46 et comme vous aimez aller vite,
15:49 vous ne l'écrivez pas, si j'ai bien compris, sur ordinateur parce que ça serait trop lent.
15:53 Vous ne l'écrivez pas non plus à la plume parce que ça serait aussi trop lent.
15:56 Donc vous l'écrivez au stylo bille ?
16:00 - Oui.
16:01 Parce que c'est ce qui va le plus vite.
16:03 Parce que quand je me mets à ma table, je sais pas ce que je vais écrire.
16:05 Et puis d'un coup il y a quelque chose qui vient.
16:08 Mais ça vient vite.
16:09 Et j'ai du mal à suivre ce qui vient.
16:11 C'est comme s'il y avait deux personnes.
16:12 Une personne qui pensait et une personne qui écrivait.
16:14 - Mais vous pourriez dicter !
16:16 - Non, non, non, non, surtout pas.
16:18 Parce que si vous voulez j'ai un phrasé
16:21 qui...
16:22 Une façon de parler
16:24 qui à l'écrit ne passerait pas du tout.
16:27 On a l'impression que je suis un alphabète.
16:30 Parce que je parle pour convaincre.
16:33 Donc je parle comme on boxe.
16:35 Tandis que j'écris pour faire ressentir.
16:38 Donc avec plus de douceur.
16:40 Et je ne peux pas dicter.
16:42 Parce que si je dicte,
16:44 c'est de l'oral qu'on met par écrit.
16:46 Et moi je veux faire de l'écrit.
16:48 Et donc le stylo bille,
16:50 de préférence gras,
16:52 va vite sur la page.
16:54 Et ça me permet de suivre ce que je pense.
16:57 - Il est 12h19.
16:59 On est ensemble jusqu'à 13h.
17:00 Vous êtes sur Europe 1.
17:01 Nous sommes avec Nicolas Sarkozy.
17:04 Vous allez pouvoir encore poser quelques questions.
17:07 On parlera de la politique.
17:09 Alors on peut parler de la Russie bien sûr.
17:11 On peut parler de l'Ukraine.
17:12 Mais c'est vrai que vous avez donné votre position régulièrement.
17:16 En tout cas vous l'avez donné ces dernières heures.
17:19 Et nous pourrons évoquer également cette galerie de portraits.
17:23 Qui sont parfois...
17:25 Je disais le coup de griffe tout à l'heure.
17:28 Ça peut exister.
17:29 A tout de suite.
17:32 - Est-ce que vous avez tenté d'écrire une chanson ?
17:35 Pas la mélodie.
17:37 Vous avez essayé d'écrire une chanson.
17:40 - Une chanson qu'a écrite ma femme.
17:42 C'était très bouleversant d'ailleurs.
17:44 - Elle lui est dédiée.
17:46 Cette chanson vous la...
17:48 - Oui bien sûr.
17:49 Mais...
17:51 Écrire en rime,
17:54 ça n'a rien à voir avec écrire en prose.
17:56 Je serais incapable de le faire.
17:58 Et d'ailleurs vous savez pas, à la prose il n'y a pas de mystère.
18:00 Dans la vie, est-ce que vous avez fait, est-ce que vous ne l'avez pas fait ?
18:03 Et si vous ne l'avez pas fait, vous ne l'avez pas fait.
18:05 Il y a tellement de gens qui ont dit
18:07 "Il aurait pu être champion olympique".
18:09 Il ne l'est pas.
18:11 Donc je ne l'ai pas fait, c'est donc que je n'étais pas fait pour le faire.
18:13 - Dans le livre il y a des portraits,
18:15 et on peut être surpris,
18:17 des portraits de dirigeants étrangers.
18:20 Je pense à Lula, que vous avez beaucoup aimé.
18:23 Et puis peut-être certains que vous avez rencontrés.
18:27 Et pourquoi pas une forme de déception.
18:29 C'est le cas, en tout cas je l'ai lu comme ça,
18:31 de Barack Obama, le président américain
18:33 a été adulé par la presse française, écrivez-vous.
18:35 En fait il est de tempérament assez froid,
18:37 introverti, et ne manifeste qu'un intérêt
18:39 assez modéré pour tous ceux
18:41 qui l'entourent.
18:43 Et vous y voyez aussi un manque peut-être de courage politique.
18:45 - Bon, d'abord,
18:47 l'élection d'Obama
18:49 c'est un choc, un choc très positif.
18:51 Parce que c'est pas simplement
18:53 un président noir.
18:55 C'est une famille.
18:57 C'est une famille, là,
18:59 qui rentre à la maison blanche.
19:01 Et c'est extraordinaire de comprendre ça.
19:05 Parce que dans les années,
19:07 pas 60, 80,
19:09 dans le sud des Etats-Unis,
19:11 il y avait des pancartes
19:13 "Colored people not welcome".
19:15 Et c'est ce pays-là
19:17 qui a élu
19:19 une famille noire.
19:21 C'est fantastique.
19:23 Il se trouve que je connaissais Obama avant qu'il soit élu.
19:25 Je l'avais rencontré
19:27 à deux reprises.
19:29 Une fois à Washington, dans son bureau,
19:31 et une fois à Paris, où il était venu
19:33 me voir.
19:35 Et Obama a un talent immense,
19:37 un charme fou.
19:39 Et la presse
19:41 du monde entier, notamment la presse française,
19:43 c'était incroyable.
19:45 Parce que il devait être
19:47 prix Nobel de la paix avant d'avoir fait quoi que ce soit.
19:49 Et la presse était
19:51 amourachée de lui.
19:53 Et je découvre de l'intérieur
19:55 un homme qui a beaucoup de talent,
19:57 mais qui est fasciné
19:59 par la pensée unique.
20:01 Sauf quand il s'agit de défendre les intérêts
20:03 américains, ce qui était d'ailleurs tout à fait
20:05 son droit. Par exemple,
20:07 un jour il me dit "Tu sais Nicolas, t'es très
20:09 intelligent".
20:11 Alors là je...
20:13 Là quand on me dit ça, je me méfie.
20:15 Je dis "Oui, tu as quelque chose à me demander Barack ?"
20:17 "Oui,
20:19 comment un type intelligent comme toi
20:21 refuse l'entrée de la Turquie en Europe ?"
20:23 Je dis "Mais qu'est-ce que tu me racontes ?
20:25 C'est vous les américains qui allez faire
20:27 la composition de l'Europe ?
20:29 Que vous ayez des bases militaires en Turquie,
20:31 c'est très bien, mais vous m'aidez pas
20:33 de l'Europe quand même."
20:35 - Vous lui dites différemment peut-être ?
20:37 - Absolument pas, je le dis moins aimablement
20:39 que ce que je dis maintenant.
20:41 Et je vais même vous dire mieux,
20:43 je poursuis la conversation en disant
20:45 "Tu peux pas comprendre toi. Parce que
20:47 vous les Etats-Unis, allez,
20:49 sur la côte ouest, il y a 12 000 km de Pacifique.
20:51 Ça se traverse pas en barque.
20:53 Sur la côte est,
20:55 il y a 8 000 km d'Atlantique.
20:57 Ça se traverse pas en barque.
20:59 Au nord, il y a le pôle Nord.
21:01 Hein ? Ça se traverse pas à pied.
21:03 Et au sud,
21:05 qu'est-ce que vous avez fait, toi, qui me demandes
21:07 de faire entrer la Turquie ?
21:09 Il y a des barbelés, parce que les barbelés
21:11 existaient avant Trump. Trump avait un mur.
21:13 Mais avant, il y avait des barbelés.
21:15 Donc, votre frontière à vous,
21:17 c'est les 25 plus grands
21:19 aéroports américains.
21:21 Non ! L'Afrique,
21:23 c'est 12 km par le détroit de Gibraltar,
21:25 et si on veut venir à pied,
21:27 on passe par la Turquie et la Grèce.
21:29 Donc on n'a pas de leçon à recevoir, Barack.
21:31 Ça, ça a été un premier sujet
21:33 assez difficile. Il y en a eu un
21:35 deuxième. Je suis le président
21:37 du G8,
21:39 en état de Deauville,
21:41 et j'avais été bouleversé par ce qui
21:43 arrivait à Moubarak.
21:45 Le président égyptien était âgé,
21:47 et c'est un homme
21:49 de paix, qui a bien des défauts,
21:51 mais c'est un homme de paix.
21:53 Et Barack Obama l'avait reçu
21:55 à la Maison Blanche, comme un grand ami,
21:57 en septembre. Puis il y a eu
21:59 les printemps arabes.
22:01 Et Moubarak avait un cancer,
22:03 il a été jugé,
22:05 on l'a amené sur une petite chaise, et j'ai dit quand même
22:07 à mes amis, mes collègues du G8,
22:09 faisons un communiqué pour dire
22:11 "Nous demandons
22:13 un procès juste,
22:15 équitable, pour Moubarak."
22:17 Et Obama me dit
22:19 "Non, on va se fâcher
22:21 avec la jeunesse égyptienne."
22:23 Et je lui réponds "Avec des amis comme
22:25 toi, on n'a pas besoin d'ennemis."
22:27 Et j'ai dû faire le communiqué seul.
22:29 - On va marquer une pause,
22:33 et on va revenir
22:35 pour cette dernière demi-heure.
22:37 On parlera d'un sujet, moi, que j'ai trouvé extrêmement
22:39 intéressant, l'analyse que vous faites
22:41 du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel
22:43 avec une phrase très forte en disant qu'aujourd'hui
22:45 un gouvernement français, un chef d'Etat français
22:47 au fond
22:49 ne peut pas décider, avec les institutions
22:51 européennes, ne peut pas décider pour son
22:53 propre pays ce qu'il souhaiterait décider.
22:55 C'est peut-être une des choses
22:57 les plus importantes aussi à retenir
22:59 de ce livre. A tout de suite.
23:01 - C'est midi 32, et vous écoutez
23:05 Pascal Praud, et vous, Pascal Praud, vous recevez
23:07 aujourd'hui l'ancien président
23:09 de la République, Nicolas Sarkozy, et n'hésitez
23:11 pas aussi, chers auditeurs, vous pouvez
23:13 réagir au 01 80 20 39
23:15 21. Posez vos questions.
23:17 - Et je vais demander à Roch de me
23:19 pardonner, parce qu'il attend depuis
23:21 très longtemps, et on devait écouter depuis
23:23 quelques
23:25 instants, de longues minutes même, votre question.
23:27 Ça fait 45 minutes je crois que vous êtes avec nous, Roch.
23:29 - Oui, c'est ça. Je vous excuserai
23:31 auprès de ma femme qui garde les enfants pendant ce temps.
23:33 Non, je rigole, c'est une boussade.
23:37 - Est-ce que vous êtes, j'allais dire,
23:39 un électeur de Nicolas Sarkozy,
23:41 ou est-ce que vous avez été quelqu'un
23:43 qui n'a pas voté pour lui
23:45 à l'élection présidentielle de 2007
23:47 et 2012 ? - Alors j'ai jamais eu l'âge
23:49 de voter pour Nicolas Sarkozy,
23:51 je pense que je ne l'aurais pas fait,
23:53 cependant j'ai apprécié énormément le personnage, puisque vous avez
23:55 un charisme incontestable, monsieur le président.
23:57 En revanche, il me semble que
23:59 votre bilan politique est assez décevant,
24:01 sur tous les regards au discours de campagne
24:03 de 2007, même si
24:05 j'étais petit, j'écoutais déjà les meetings politiques,
24:07 et ne regrettez-vous pas
24:09 d'avoir diabolisé l'UEFN et l'ERN,
24:11 et du coup, et c'est surtout ça que je veux dire au final,
24:13 les idées que défend ce parti,
24:15 puisqu'à vous écouter, à vous lire
24:17 aujourd'hui, vous dites aussi qu'il faut drastiquement
24:19 arrêter l'immigration, restaurer l'autorité,
24:21 rétablir la sécurité, etc. Et c'est justement
24:23 tout ce que ce parti défend depuis 50 ans.
24:25 Et je prendrai juste un petit exemple pour
24:27 illustrer ma question, ça n'a pas tout
24:29 à savoir, mais vu que vous êtes un ancien politique,
24:31 je vous pose la question. Je suis assez
24:33 proche de la famille d'Artoit, je ne sais pas si vous vous souvenez
24:35 de l'affaire Lapeau-Victorine qui avait été assassinée.
24:37 Son assassin avait été condamné
24:39 déjà 10 fois à 25 ans.
24:41 Est-ce qu'il est vraiment impossible pour des hommes politiques
24:43 de mettre hors d'état de lumière des militaires
24:45 et civils comme cet individu ?
24:47 - Bon, alors,
24:49 si vous le permettez,
24:51 on commence par votre dernière question, Roch.
24:53 - C'est vrai, si je ne veux pas être polémique dans ma question,
24:55 vous entendez bien le sens de ma question.
24:57 - D'abord, vous avez le droit,
24:59 et c'est...
25:01 vous avez parfaitement
25:03 le droit d'être en désaccord.
25:05 Ça s'appelle la démocratie.
25:07 Sur la dernière question,
25:09 vous savez, j'ai fait
25:13 les fichiers des empreintes génétiques
25:15 qui permettent aujourd'hui d'arrêter
25:21 un criminel sexuel sur deux.
25:23 Mais lorsque j'étais président
25:25 à la République, j'ai créé
25:27 une nouvelle notion juridique,
25:29 la peine de sûreté.
25:31 Parce que les criminels sexuels,
25:33 ils recommencent.
25:35 Le taux de récidive est pas loin de 100%.
25:37 Et donc, j'avais fait voter un texte
25:41 au terme duquel
25:43 vous commettez un crime sexuel,
25:45 vous avez une punition,
25:47 mais c'est pas pour autant
25:49 qu'à la fin de la peine,
25:51 vous êtes libéré, j'avais créé une peine de sûreté
25:53 qui permettait d'envisager
25:57 de maintenir en détention
25:59 des criminels sexuels
26:01 qui avaient purgé leur peine
26:03 mais qui étaient encore dangereux.
26:05 Ça avait été un charivari,
26:07 Roch, vous pouvez pas imaginer,
26:09 y compris avec M. Banninter,
26:11 qui m'avait accusé de tous les maux.
26:13 Et la première décision
26:15 de M. Hollande
26:17 a été de supprimer cette peine de sûreté.
26:19 Donc, Roch, vous avez raison,
26:21 j'ai pas tout réussi,
26:23 y a des tas de choses où j'ai dû vous décevoir,
26:25 mais pas là-dessus.
26:27 Parce que moi, j'aurais bien continué à être président de la République,
26:29 et si j'avais continué,
26:31 cette peine de sûreté,
26:33 elle serait risquée.
26:35 - L'autre question qu'il pose,
26:37 c'est au fond,
26:39 de dire à la droite,
26:41 elle a oublié le RPR des années 80,
26:43 c'est ça que j'entends,
26:45 que le RPR des années 80 était plus à droite,
26:47 et qu'il a fallu absolument se démarquer
26:49 de Jean-Marie Le Pen,
26:51 et qu'à force de se démarquer
26:53 de Jean-Marie Le Pen,
26:55 elle en a perdu parfois une forme d'identité de droite.
26:57 C'est ça que j'entends parfois
26:59 chez les électeurs
27:01 du RPR ou de la droite.
27:03 - Écoutez, le RPR des années 80,
27:05 je l'ai connu, je lui étais,
27:07 de quelle période parlons-nous ?
27:09 Si c'est la période du libéralisme,
27:11 - Ça c'est 86.
27:13 - Oui, c'est les années 80, 86, à ma connaissance.
27:15 Bon, j'ai cité 80,
27:17 parce que c'est 80.
27:19 - Mais y a ces fameuses assises...
27:21 - Oui, mais 79, la liste
27:23 d'IF aux européennes,
27:25 c'est pas non plus mon point.
27:27 Moi, je vais vous répondre très franchement.
27:29 J'ai reçu plusieurs fois
27:31 M. Le Pen père, et Mme Le Pen fille.
27:33 Parce que là-bas, chez eux,
27:37 là on peut y aller de père en fille.
27:39 Moi j'avais pas le droit d'avoir mon fils
27:41 qui était conseiller général, mais chez eux,
27:43 la petite entreprise familiale, on se la passe
27:45 de l'un à l'autre. Ça, ça gêne pas.
27:47 Y a pas de problème là-dessus.
27:49 Je vais même vous rappeler
27:51 quelque chose, ma première élection,
27:53 en 1984, comme conseiller général,
27:55 j'ai marré Caroline Le Pen contre moi.
27:57 Mais je les ai toujours
27:59 reçus, parce que je
28:01 déteste la diabolisation.
28:03 La mienne,
28:05 comme celle des autres.
28:07 Et je trouve absurde qu'on dise que le
28:09 Rassemblement National n'est pas dans l'arc républicain.
28:11 Un parti qui présente des élus
28:13 à toutes
28:15 les élections, dans toutes les circonscriptions,
28:17 il est dans l'arc républicain.
28:19 Sinon la République n'empêcherait
28:21 de présenter des candidats. Ils ont maintenant 100 députés.
28:23 Un peu moins.
28:25 - Mais Alliance Impossible, selon vous, toujours,
28:27 alors que certains aimeraient,
28:29 à droite, aimeraient
28:31 la réunion des droits. - Je vais dire à Roque,
28:33 je veux répondre à Roque.
28:35 Mais Roque, en 2012, Mme Le Pen fait le choix
28:37 de Hollande.
28:39 Mme Le Pen, entre Hollande et moi, a choisi
28:41 Hollande, et Hollande est bien content.
28:43 C'est bien beau de donner des leçons,
28:45 mais il faut s'apprêter à recevoir.
28:47 Mme Le Pen refuse
28:49 de dire qu'elle vote pour moi.
28:51 Elle veut la victoire de Hollande
28:53 parce que la victoire de Hollande
28:55 fait disparaître la droite républicaine
28:57 et permet au Rassemblement National
28:59 d'espérer gagner. Mais regardez ce qui
29:01 s'est passé en Espagne. L'ambiguïté
29:03 sur le rapport entre la droite espagnole
29:05 et l'extrême droite espagnole, ça fait
29:07 les fruits, ou le bénéfice
29:09 de qui ? De la gauche.
29:11 Est-ce que vous vous souvenez, Roque,
29:13 des élections, sans doute pas,
29:15 européennes, 2008,
29:17 combien fait le Rassemblement National
29:19 à l'époque Front National, face à
29:21 ma liste ? 6%.
29:23 6%. Roque,
29:25 sur les 30 dernières
29:27 années, les seules fois où Mme Le Pen,
29:29 M. Le Pen, ne sont pas présents au second tour,
29:31 c'est quand je suis candidat. Parce que
29:33 le rempart, c'est la droite républicaine.
29:35 Et
29:37 moi, j'ai jamais marqué
29:39 de but contre mon propre camp. Vous avez raison,
29:41 Roque. J'avais fait naître
29:43 un espoir extraordinaire. Vous vous rendez compte
29:45 en 2007, Roque ? Combien
29:47 est la participation ?
29:49 84%. 84%.
29:51 84%.
29:53 Je me suis battu. J'ai travaillé
29:55 dur.
29:57 Les espérances étaient telles.
29:59 Mais entre-temps, Roque, je me suis pris
30:01 une crise mondiale. Le monde
30:03 était proche du collapse.
30:05 Aujourd'hui, je réponds aux questions
30:07 des auditeurs. Il n'y a pas un seul d'entre vous
30:09 qui peut téléphoner à Pascal Praud pour dire
30:11 "Sarkozy a ruiné mes économies,
30:13 vous n'avez pas perdu vos économies
30:15 parce que je tenais le manche."
30:17 Ensuite, j'ai eu la crise des dettes
30:19 souveraines avec la Grèce, avec
30:21 l'Italie. Alors,
30:23 j'aurais bien voulu continuer 5 ans.
30:25 Et on aurait vu,
30:27 à ce moment-là, peut-être que je vous aurais moins déçus.
30:29 Mais si vous saviez comme j'ai aimé
30:31 être président de la République,
30:33 comme je me suis donné du mal,
30:35 et même quand je fais l'ouverture
30:37 qui peut énerver tout le monde
30:39 jusqu'à M. Pascal Praud.
30:41 Je vais vous dire une chose, Roque, réfléchissez bien
30:43 à ça. On ne gouverne pas
30:45 un pays de 68 millions d'habitants
30:47 comme une secte. On ne
30:49 gouverne pas avec ses seuls amis.
30:51 J'ai le sectarisme en horreur.
30:53 Et s'il y a des bons à gauche,
30:55 je les prends. Sur mon
30:57 projet. - Ils vous ont parfois trahi après.
30:59 En écrivant leur livre,
31:01 à peine avaient-ils quitté les lignes.
31:03 Qu'ils écrivaient un livre, je pense
31:05 à Martin Hirsch, notamment, pour dire tout le mal
31:07 qu'il pensait du gouvernement auquel
31:09 il avait participé. - Bien sûr.
31:11 Et bien c'est pas parce qu'on est trahi qu'on doit devenir
31:13 misanthrope. C'est pas parce
31:15 qu'on divorce qu'on doit dire "l'amour
31:17 c'est fini". Moi j'aime les
31:19 liens, j'ai été trahi,
31:21 peut-être même j'ai trahi moi-même.
31:23 Qui sait beau. - Vous avez trahi ?
31:25 - Bon écoutez, quand
31:27 j'ai quitté Chirac pour Balladur,
31:29 c'était pas formidable.
31:31 Je l'ai fait en sincérité
31:33 et je l'ai dit à Chirac. Mais enfin,
31:35 je comprends qu'il en ait été déçu,
31:37 voire même peiné. Mais
31:39 la vie c'est ça. Et d'ailleurs,
31:41 on a su une confidence, on n'est jamais
31:43 trahi par ses amis, vous avez été trahi par un ennemi vous ?
31:45 - Ce qui était
31:47 frappant effectivement, c'est que tous ceux qui étaient
31:49 dans votre gouvernement, à peine
31:51 étaient-ils dans la rue de l'Elysée
31:53 qu'ils écrivaient un livre pour dire
31:55 tout le mal qu'ils pensaient.
31:57 - C'est une chose extraordinaire.
31:59 - J'avais trouvé ça formidable.
32:01 Le nombre de livres
32:03 de vos anciens ministres...
32:05 - Vous savez, c'est une phrase de Sacha Guitry.
32:07 "J'ai bien
32:09 peu d'ennemis, j'ai rendu
32:11 si peu de services."
32:13 Souvent,
32:15 quelqu'un que j'ai nommé ministre
32:17 m'en a davantage voulu que quelqu'un
32:19 que j'ai refusé un poste de ministre.
32:21 On vous en veut plus
32:23 de ce que vous donnez
32:25 que de ce que vous refusez.
32:27 C'est une leçon de vie.
32:29 - Je demande à Fabrice
32:31 qui est avec nous,
32:33 qui est notre réalisateur.
32:35 On pourra écouter peut-être un peu de musique
32:37 mais avant cela, une dernière pause.
32:39 Je voudrais qu'on parle du Conseil constitutionnel
32:41 et du Conseil d'État
32:43 et puis peut-être de l'Ukraine
32:45 et de l'OTAN.
32:47 Si l'Ukraine était dans l'OTAN, où en serions-nous
32:49 aujourd'hui ? A tout de suite.
32:51 - Il est 12h42 sur Europe 1.
32:53 Europe 1, Pascal Praud.
32:55 - Merci de nous rejoindre sur Europe 1, Pascal Praud.
32:57 La suite est fin, presque.
32:59 Le temps passe vite. Savez-vous être invité Nicolas Sarkozy
33:01 aujourd'hui, Pascal ? - Il nous reste un quart d'heure.
33:03 Je trouve qu'il y a une phrase qui a été très peu commentée
33:05 et je trouve que c'est une des phrases les plus importantes
33:07 de votre livre, à la page 247.
33:09 Vous parlez d'une décision
33:11 du Conseil constitutionnel
33:13 qui n'a pas validé
33:15 une taxe carbone
33:17 et vous dites, écologique,
33:19 vous dites "la décision du Conseil constitutionnel
33:21 n'avait rien de juridique et tout de politique.
33:23 Il faudra vraiment un jour s'attaquer à cette incongruité.
33:25 Nous sommes une démocratie.
33:27 Les élus devraient avoir le dernier mot."
33:29 Et surtout, vous ajoutez "Ainsi,
33:31 entre le Conseil d'Etat,
33:33 le Conseil constitutionnel
33:35 et les règles européennes, j'affirme
33:37 qu'aucun gouvernement français,
33:39 quelle que soit sa couleur politique,
33:41 n'est encore libre
33:43 de proposer une politique de régulation
33:45 des flux migratoires
33:47 et ce, malgré la demande pressante
33:49 et les attentes de tant de Français."
33:51 Je trouve que cette phrase est terrible.
33:53 Oui,
33:55 on a construit un État de droit
33:57 qui empile des règles juridiques
33:59 pour des raisons souvent justifiées,
34:01 bonnes,
34:03 mais qui condamne à l'impuissance
34:05 des dirigeants qui,
34:07 entre ce carcan
34:09 administratif et juridique
34:11 et
34:13 les contraintes de l'image,
34:15 fait que toute personne
34:17 qui veut agir est immédiatement
34:19 vouée aux pylories.
34:21 Regardez,
34:23 quand vous avez un bateau de migrants,
34:25 - Lampedusa aujourd'hui,
34:27 il y a eu 100 débarquements de Tunisie
34:29 ces dernières heures. - Oui.
34:31 - Et vous dites la crise... - Mais vous-même vous êtes partagé,
34:33 parce que quand vous voyez ces malheureux,
34:35 des femmes, des enfants, vous dites "ça pourrait être mes enfants,
34:37 ça pourrait être ma femme". Qui peut se réjouir
34:39 de ça ? Qui peut rester avec
34:41 un cœur insensible face à cette
34:43 misère absolue ? Qui ? Personne.
34:45 Et en même temps,
34:47 dans 30 ans, l'Europe aura
34:49 450 millions d'habitants et l'Afrique
34:51 2 milliards et demi, dont la moitié,
34:53 aura moins de 20 ans.
34:55 Donc il faut bien faire quelque chose.
34:57 Je ne pense pas que les frontières serviront,
34:59 seront suffisantes.
35:01 Je pense que le plus important
35:03 pour nous, c'est d'engager un
35:05 fantastique plan Marshall
35:07 de développement des infrastructures
35:09 africaines, pour fixer
35:11 une population qui, si elle n'est pas
35:13 fixée avec une croissance économique,
35:15 ira chercher
35:17 un avenir chez nous, ou il n'y en a pas.
35:19 - Mais c'est 20 ans ça !
35:21 - Peut-être. - Oui mais qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
35:23 - L'Ampédouza ? - Alors, pour moi,
35:25 le plus important
35:27 serait de faire une réunion des chefs d'État
35:29 européens et africains,
35:31 autour du développement des infrastructures
35:33 économiques de l'Afrique, pour que
35:35 l'Afrique trouve le moyen de fixer
35:37 sa population. Sinon,
35:39 nous allons au devant d'un drame,
35:41 je vous dis Pascal Praud, la crise
35:43 migratoire n'a pas commencé.
35:45 - Non mais vous le dites souvent, "est à venir".
35:47 - Mais ce que vous proposez, c'est 20 ans,
35:49 ou 10 ans. Et aujourd'hui, vous avez
35:51 une immigration massive.
35:53 Qu'est-ce qu'on fait ? - Alors, je pense...
35:55 - Mme Mélanie ne réussit pas.
35:57 - Je pense... Mais...
35:59 Elle ne peut pas toute seule, de toute manière.
36:01 Je pense à autre chose, je crois que
36:03 dorénavant, il faut traiter
36:05 les dossiers de demande de migration
36:07 sur le continent africain,
36:09 et non pas après avoir traversé
36:11 la Méditerranée. Une fois
36:13 que la Méditerranée est traversée, que les gens
36:15 ont risqué leur vie, vous ne pouvez pas les faire repartir.
36:17 Donc, il faut créer
36:19 des "hotspots" dans tous
36:21 les pays africains, les
36:23 mitrophes de la Méditerranée,
36:25 et tout dossier
36:27 qui ne serait pas passé
36:29 par ces "hotspots" serait refusé.
36:31 Et ces "hotspots" devraient être financés
36:33 par l'Europe. J'ajoute
36:35 d'autres problèmes sur l'Algérie,
36:37 on ne peut pas continuer à donner des centaines
36:39 de milliers de visas chaque année,
36:41 et refuser, les Algériens,
36:43 de recevoir ceux que
36:45 nous voulons expulser par quelques centaines.
36:47 Ce n'est pas possible.
36:49 Mais c'est sans doute le sujet
36:51 le plus difficile, le plus complexe,
36:53 parce que même aux auditeurs
36:55 d'Europe 1, celui qui est le plus
36:57 déchaîné contre l'immigration irrégulière,
36:59 il ne peut pas avoir son cœur qui
37:01 ne saigne pas devant
37:03 les images de la détresse. C'est pas
37:05 des dossiers, Pascal Praud, c'est des êtres
37:07 humains. Et des êtres humains,
37:09 ça ne se traite pas comme des dossiers.
37:11 Donc, on est face à cette question
37:13 immense,
37:15 ce devrait, me semble-t-il,
37:17 être la première priorité des dirigeants
37:19 européens, comme des dirigeants
37:21 africains. Je termine,
37:23 l'Afrique et l'Europe
37:25 ont des destins liés.
37:27 Le drame de l'Afrique
37:29 sera le désastre de l'Europe.
37:31 - Ce rôle du Conseil d'État, du Conseil constitutionnel,
37:33 ça va être intéressant d'ailleurs de le voir
37:35 à travers la décision, par exemple,
37:37 de l'Abaya, puisque le Conseil d'État
37:39 a été saisi. Je ne sais pas d'ailleurs
37:41 si vous trouvez la décision
37:43 de M. Attal bonne ou pas
37:45 d'interdire l'Abaya
37:47 à l'école. - Je trouve que M. Attal
37:49 a parfaitement raison.
37:51 Et quand la matière, son
37:53 prédécesseur, avait fait quelque
37:55 chose d'hallucinant,
37:57 en laissant au proviseur
37:59 le soin d'analyser
38:01 Abaya par Abaya
38:03 les intentions,
38:05 politiques ou non,
38:07 de la personne qui portait l'Abaya.
38:09 Ce qui mettait les proviseurs ou les chefs
38:11 d'établissement dans une situation impossible. - Mais le Conseil d'État ?
38:13 - On verra ce qui décidera. - Fondement juridique ?
38:15 - On verra ce qui décidera. - Est-ce que
38:17 c'est un vêtement religieux ? - On verra
38:19 ce que décidera le Conseil d'État,
38:21 mais il y a un moment donné où le droit
38:23 ne peut pas être déconnecté complètement
38:25 de la souveraineté nationale
38:27 et de l'expression populaire.
38:29 - On n'a pas parlé de la justice et vous en parlez
38:31 évidemment
38:33 très tôt d'ailleurs dans le livre.
38:35 On a le sentiment
38:37 parfois que les juges
38:39 ne vous pardonnent pas d'avoir voulu
38:41 supprimer notamment le juge
38:43 d'instruction, vous
38:45 rappeler qu'on est la seule démocratie
38:47 où celui qui enquête est
38:49 également celui qui juge. Vous aviez
38:51 voulu mettre en place le juge de
38:53 l'instruction et scinder
38:55 les responsabilités et vous
38:57 écrivez cette phrase
38:59 sur laquelle je vais vous demander
39:01 de réagir, s'appuyant sur un monde
39:03 médiatique toujours friand de scandales
39:05 prétendument dissimulés, agitant
39:07 le fantasme du contrôle politique sur les affaires.
39:09 Le monde judiciaire
39:11 a fini par constituer une forteresse
39:13 hermétique en
39:15 complet autocontrôle
39:17 à qui rien ni personne ne peut demander
39:19 la moindre explication et plus tard vous parlerez
39:21 évidemment de ce qui est arrivé
39:23 dans la prison avec la mort
39:25 d'Ivan Colonna. - Je ne peux pas être
39:27 suspecté de quelque faiblesse
39:29 vis-à-vis d'Ivan Colonna. J'étais
39:31 ministre de l'Intérieur quand la chasse
39:33 qui a abouti à son
39:35 arrestation a été
39:37 enclenchée. Mais Colonna
39:39 qui a commis un crime abominable
39:41 a été condamné à la prison,
39:43 pas être assassiné.
39:45 Or, il est assassiné en prison
39:47 sous la garde de l'État.
39:49 - Il n'y a pas de sanction.
39:51 - Il n'y a pas de sanction, il n'y a pas de responsabilité.
39:53 - Et ça, ça vous aurait pire.
39:55 - Mais écoutez,
39:57 l'horreur est humaine bien sûr,
39:59 mais votre auditeur qui parlait
40:01 de cette jeune fille qui avait été assassinée
40:03 par un récidiviste,
40:05 la personne qu'il a remise en liberté sans contrôle,
40:07 il ne s'agit pas de l'avouer
40:09 aux gémonies.
40:11 Mais elle n'est pas responsable du tout. - Mais qu'est-ce qu'il faut changer ?
40:13 - Alors ça,
40:15 justement
40:17 ce que j'ai voulu changer, c'est que
40:19 le juge qui instruit ne peut pas être
40:21 le juge qui juge.
40:23 Alors, en ce qui me concerne,
40:25 moi j'ai été examiné,
40:27 lasérisé, regardé,
40:29 interrogé, perquisitionné.
40:31 Mais on trouve
40:33 jamais rien.
40:35 Vous voyez Pascal Praud, je ne suis pas au-dessus des lois,
40:37 mais je ne suis pas en-dessous non plus.
40:39 Je ne suis pas en-dessous.
40:41 Et jamais je n'ai trahi la confiance des Français.
40:43 Donc ça mettra le temps que ça mettra,
40:45 mais la vérité finira
40:47 par triompher. Je ne suis pas quelqu'un
40:49 qui baisse la tête.
40:51 - On va terminer cette émission par quelque chose
40:53 peut-être de plus léger. Nous allons parler de vos
40:55 rapports avec les médias. Je ne sais pas si c'est
40:57 forcément plus léger, mais ils n'ont pas toujours été
40:59 faciles. Et une personnalité bien connue dans le
41:01 monde du sport avait lancé cette célèbre
41:03 phrase. On va l'écouter. C'était en
41:05 2011, et vous allez me dire
41:07 si vous vous en souvenez.
41:09 - Marc, est-ce que tu penses toujours que
41:11 vous pouvez être champion du monde ?
41:13 - Tu m'emmerdes avec ta question.
41:15 D'accord ?
41:17 On vient d'en prendre 40, donc elle est tourdue.
41:19 Je l'ai dit, j'ai dit on va
41:21 se lancer à la qualification. Ça te va comme ça ?
41:23 - Tu m'emmerdes avec ta
41:25 question. Vous savez qui parle ?
41:27 C'est Marc Lievremont.
41:29 Il était sélectionnaire
41:31 du club de France. Il avait lancé cette
41:33 phrase mythique à un journaliste après une défaite
41:35 face au All Black en Coupe du Monde.
41:37 Marc Lievremont s'est confié
41:39 à Manon Fossat, pour
41:41 Europe, dans la série podcast "Les géants
41:43 du rugby" qui sera lancée jeudi
41:45 sur notre antenne. Et apparemment
41:47 vous aviez aimé cette réplique.
41:49 Écoutez. - J'ai eu, dans les jours
41:51 qu'on suivit un appel du président de la République
41:53 de l'époque, M. Nicolas Sarkozy,
41:55 qui m'a appelé en me disant
41:57 "Mais vous ne pouvez pas imaginer
41:59 le nombre de fois où j'ai envie de répondre
42:01 comme vous à des journalistes et vous m'avez fait
42:03 tellement plaisir." C'était assez
42:05 surréaliste et en même temps assez drôle.
42:07 - Ce qui nous permet de parler
42:09 quand même des médias. Parce que vous avez
42:11 été interrogé, nous sommes ici
42:13 sur Europe 1,
42:15 c'est Arnaud Lagardère qui est le propriétaire
42:17 d'Europe 1, comme il l'est également du
42:19 journal du dimanche. Et on
42:21 a vu effectivement
42:23 ces derniers jours une campagne
42:25 se mettre
42:27 en place pour
42:29 regretter que Geoffroy Lejeune
42:31 dirige le journal du
42:33 dimanche. Et d'une manière générale
42:35 la presse effectivement
42:37 n'a pas forcément été tendre toujours
42:39 avec vous parce qu'elle est plutôt
42:41 à gauche qu'à droite, on peut le dire comme ça ?
42:43 - Bien sûr. Vous savez, la différence entre
42:45 un journal de droite et un journal de gauche est très simple.
42:47 Dans un journal de droite,
42:49 la moitié des journalistes sont de gauche. Dans un
42:51 journal de gauche, 100% des journalistes
42:53 sont de gauche. Parlez du JDD.
42:55 J'ai un souvenir,
42:57 un très beau souvenir. JDD, c'est pas un journal
42:59 engagé. En 2007,
43:01 ils font
43:03 un vote,
43:05 un vote dans la rédaction
43:07 pour savoir qui choisit
43:09 entre
43:11 Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy.
43:13 100% des journalistes
43:15 votent Ségolène Royal.
43:17 Y'a pas un commentateur qui dit
43:19 "Oh là là ! Et la diversité,
43:21 et l'équilibre, et la démocratie."
43:23 - Vous avez une explication ?
43:25 Pourquoi les journalistes pensent à gauche ?
43:27 - Oui, j'ai tout à fait l'explication.
43:29 C'est que les gens de gauche
43:31 pensent qu'ils ont la vérité.
43:33 Donc tous ceux qui pensent pas
43:35 comme eux sont en dehors
43:37 du domaine de la raison. - Oui, mais pourquoi les journalistes ?
43:39 Pourquoi seraient-ils tous à gauche ? - Mais parce que c'est un problème
43:41 d'image. Y'a beaucoup de gens,
43:43 vous comprenez ?
43:45 J'ai le cœur à gauche, je veux mon image,
43:47 je veux être sympathique.
43:49 Y'a eu une dépêche à l'époque où j'étais président de la République
43:51 qui s'intitulait "Dépêche AFP".
43:53 François Hollande
43:55 l'a mis des journalistes.
43:57 Et dans la dépêche, le rédacteur,
43:59 le pauvre, expliquait "Il est fantastique !
44:01 Il dévore la presse !
44:03 Vous ne le verrez jamais lire un livre !"
44:05 Pour lui,
44:07 c'est un compliment.
44:09 C'est un compliment.
44:11 Et quand vous avez un journaliste
44:13 qui n'est pas de gauche,
44:15 il vous interroge
44:17 rudement,
44:19 mais jamais il va dire qu'il est de droite.
44:21 Vous avez encore
44:23 des gens qui disent "Ah mon père, tu sais,
44:25 il était communiste."
44:27 Vous vous rendez compte, communiste ?
44:29 Les communistes, c'est
44:31 partout dans le monde,
44:33 des dizaines, des centaines de millions
44:35 de crimes. Vous connaissez-vous des gens qui disent
44:37 "Ah mon grand-père était nazi."
44:39 Bon, on peut dire mon grand-père est communiste.
44:41 C'est inouï.
44:43 On dit qu'il faut déboulonner les statues.
44:45 Quand je passe boulevard Saint-Germain,
44:47 et que je vois la statue de Danton,
44:49 Danton !
44:51 Danton, Robespierre, Marat.
44:53 Des fous, des assassins,
44:55 qui se sont
44:57 exterminés les uns aux autres.
44:59 Vous connaissez cette phrase extraordinaire ?
45:01 On est en 1793,
45:03 Robespierre qui a fait
45:05 exterminer tout le monde,
45:07 vient pour demander les pleins pouvoirs à la convention,
45:09 et ils toussent.
45:11 Et un député se lève le point du doigt
45:13 et dit "C'est le sang de Danton
45:15 qui l'étouffe."
45:17 Et bien il y a la stantone de Danton,
45:21 la statue de Danton. Personne,
45:23 personne ne l'a remis en cause.
45:25 La commune de Paris, j'ai vu que la mairie de Paris
45:27 faisait des figurines,
45:29 elle effigie la commune de Paris.
45:31 Vous savez ce que c'est la commune de Paris ?
45:33 Paris était entourée par les Prussiens.
45:35 Ils ont mis le feu au Louvre.
45:37 C'est ces gens-là qu'il faut
45:39 admirer ? Eh bien décidément,
45:41 je ne suis pas d'accord. - Monsieur le Président, il est 12h57.
45:43 On ne va pas vous retenir jusqu'à
45:45 14h, ce ne serait pas raisonnable.
45:47 Mais je tiens à dire qu'on a
45:49 vécu un moment formidable. - Merci.
45:51 - En vous écoutant avec les auditeurs
45:53 d'Europe 1, on a pu parler
45:55 de toutes les actualités, de choses
45:57 plus personnelles, et c'est ça qui existe aussi
45:59 dans ce livre "Le temps des combats".
46:01 Céline Géraud, que vous connaissez.
46:03 - Oui, monsieur. Championne
46:05 extraordinaire de
46:07 judo. - Oui, absolument. On a parlé
46:09 déjà de 72, auquel a assisté
46:11 le Président de la République. - Eh, vous savez en 72,
46:13 c'est le démarrage. - Ah, ça pour moi ? - Non, c'est Munich.
46:15 - Munich, ça pour... Bien sûr.
46:17 - C'est extraordinaire, 72. C'est le démarrage de
46:19 l'aventure du judo. Trois médailles.
46:21 Trois médailles de bronze.
46:23 Rondanie, Milour,
46:25 Koch, en moyen,
46:27 et Mounier, en léger.
46:29 - On va pouvoir faire un quiz. - Schurippen, c'est un aigle.
46:31 - Ah, tout ? - Ah, je ne sais pas.
46:33 - Ah, pardon. - "Saporo", c'était les jeux
46:35 d'hiver. Mais alors, vous dites "notre champion",
46:37 "notre championne de judo",
46:39 et je me souviens que quand Jacques Chabordelmas venait
46:41 à TF1, qu'il croisait Jean-Michel Bélaud,
46:43 il était journaliste, il disait "notre champion
46:45 perchi, c'est avec nous".
46:47 - Oui, on reste toujours judoka.
46:49 - Bon, Céline, le 13...
46:51 - Le 13, 14, tous les jours.
46:53 - Le 13, repint 13 heures tous les jours.
46:55 Évidemment, un journal complet. On décryptera
46:57 bien sûr les propos du président Nicolas Sarkozy.
46:59 On parlera aussi de la qualité de l'air,
47:01 qui est terrible au niveau mondial,
47:03 et la taxe foncière, qui vous le savez, va s'envoler
47:05 cette année pour 18 millions de ménages, quand même.
47:07 - Bon, d'abord, merci,
47:09 vraiment, je vous remercie grandement,
47:11 Dona Vidal-Revel et
47:13 toute l'équipe d'Europe se joint à moi
47:15 pour vous remercier. Bon, Mbappé,
47:17 c'est la dernière chose. Vous m'avez dit
47:19 tout à l'heure qu'il n'était pas parti.
47:21 Mais est-ce qu'il sera là
47:23 le 1er septembre ? Oui ou non ?
47:25 - J'en suis sûr.
47:27 - Et vous avez vu le dernier match ?
47:29 - Avec ce jeune de 17 ans, remarquable.
47:31 - Quelle zérimerie.
47:33 - Oui.
47:35 - Merci vraiment, M. le Président, d'avoir été
47:37 avec nous. Merci à Géraldine,
47:39 bien sûr. Merci aux auditeurs.
47:41 Merci à M. Olivier Guenec,
47:43 qui était avec nous,
47:45 notre ami réalisateur Lafitte, qui était là également.
47:47 Et je vous laisse en compagnie
47:49 de Céline. A demain !
47:51 - A demain, Pascal Praud.

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