L'édito de Paul Sugy : «Transports : l'État impuissant face aux agressions»

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Dans son édito du 01/09/2023, Paul Sugy revient sur les agressions dans les transports en commun.

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Transcription
00:00 - Bonjour Paul. - Bonjour Romain.
00:01 - Se déplacer en transport en commun lorsque l'on est une femme,
00:04 c'est prendre le risque de s'exposer aux agressions sexuelles.
00:08 Ce n'est pas nouveau, hélas,
00:10 mais le nombre d'agressions recensées par la police en Ile-de-France est en hausse, Paul.
00:14 - Oui Romain, vous vous souvenez, c'est donc des chiffres qu'on a découverts hier
00:17 dans une note de la préfecture de police de Paris,
00:19 qui avait été révélée dans Le Parisien, on va peut-être les revoir à l'écran.
00:21 En 2022, les infractions sexuelles commises dans les transports en Ile-de-France
00:25 étaient en hausse de 11,7% par rapport à 2021.
00:29 Et sur le territoire de la seule agglomération parisienne,
00:31 la hausse était même de plus de 15%.
00:34 On recensait donc l'année dernière 57 000 plaintes pour violences sexuelles
00:37 qui ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie,
00:40 c'est-à-dire plus de 150 plaintes par jour,
00:43 près de deux fois et demi plus que le même chiffre il y a dix ans.
00:47 Et si le profil des agresseurs est difficile à établir,
00:50 malgré tout, il y a quand même trois catégories type d'agressions sexuelles
00:53 qui reviennent de manière récurrente.
00:55 Il y a les exhibitionnistes, les frotteurs, c'est le plus gros phénomène,
00:58 ça représente plus de 60% des infractions qui ont été signalées.
01:02 Et puis, il y a les prédateurs sexuels,
01:05 ceux qui vont véritablement agresser physiquement les femmes.
01:09 Et le plus souvent, d'ailleurs, à des moments de très faible fréquentation des transports,
01:13 notamment la nuit ou en bordure de réseau.
01:16 En 2022, la Sûreté régionale des transports a enregistré en revanche seulement
01:20 192 personnes qui ont été placées en garde à vue
01:22 pour des faits d'infraction à caractère sexuel.
01:24 Comment se fait-il qu'il y ait si peu de personnes placées en garde à vue, Paul ?
01:27 En fait, quand on regarde ces chiffres, c'est ce qui est le plus inquiétant
01:30 et c'est ce qui, finalement, est le plus désespérant aussi.
01:32 On a l'impression que, petit à petit, ce phénomène est devenu la normalité,
01:36 qu'il s'est imposé dans le quotidien des femmes à tel point
01:39 qu'elles le considèrent comme quasiment anodin
01:41 et qu'elles ne vont même plus porter plainte en se disant que ça ne sert à rien.
01:45 Et de fait, ça sert rarement à quelque chose,
01:47 puisqu'on voit que pour 57 000 plaintes, on a moins de 200 gardes à vue.
01:51 Vous savez, j'ai un collègue au Figaro qui avait été agressé dans le métro,
01:55 un Julien Caëlirel, qui raconte ça dans un livre.
01:56 Il est venu sur ce plateau.
01:57 Bien sûr, qui a parlé de son livre et de son témoignage.
02:00 Ça s'appelle "Concorde rouge" et dans ce livre, surtout, ce qu'il raconte,
02:03 c'est le côté glaçant, en l'occurrence, c'était la RATP,
02:06 qui finalement n'a quasiment jamais donné suite à sa plainte en tant que victime.
02:10 Et c'est vrai que c'est ce que vivent au quotidien toutes les personnes
02:12 ou presque, qui sont donc agressées dans les transports.
02:14 Ce qui fait que les auteurs de la note disent que la plupart des victimes
02:18 soit ignorent le caractère délictuel des atteintes qu'elles subissent,
02:21 soit elles insèrent ces violences dans des déplacements quotidiens
02:24 et estiment qu'une démarche supplémentaire serait inutile.
02:27 Vous savez, la réaction maintenant qu'on note sur un certain nombre de femmes,
02:30 c'est ce qu'on appelle la chemise de métro,
02:31 un vêtement très ample qu'on met juste pour prendre les transports
02:34 et qui permet d'essayer de se soustraire un petit peu à la vue des prédateurs sexuels.
02:38 C'est une forme de résignation qui est le plus inacceptable dans cette tragique histoire.
02:42 C'est une note qui est prise au sérieux, j'imagine, par les autorités.
02:45 En matière de violences sexuelles, c'est sûr, il y a une prise de conscience politique.
02:48 C'est un sujet qui est largement commenté.
02:50 Mais du commentaire aux actes, il y a un fossé un peu plus large,
02:53 souvent, que l'espace entre le marche-pied et le quai du métro.
02:56 Quand on regarde ces chiffres, il y a d'abord plusieurs leçons qui s'imposent.
02:59 La première, c'est qu'aucune politique de promotion massive des transports en commun n'est acceptable,
03:04 tant que cette insécurité du quotidien reste aussi préoccupante.
03:07 Quand Emmanuel Macron vantait l'an dernier le RER pour tous,
03:10 vous savez, il voulait étendre et promouvoir le modèle du RER
03:13 dans les autres métropoles ou les autres grandes villes en France.
03:15 On se demande si, finalement, les victimes ordinaires de ces frotteurs
03:18 et autres pervers du métro ne devraient pas lui rappeler davantage la réalité
03:22 de ce que c'est que les transports en commun pour la plupart des Français
03:25 dans une société en face de décivilisations avancées.
03:28 On comprend donc que le reste de la France
03:30 n'ait pas forcément envie d'enterrer si vite la voiture individuelle
03:33 quand on regarde ces chiffres.
03:34 Et par ailleurs, on ne combat pas l'insécurité
03:36 sans remonter à ses causes les plus profondes.
03:38 Et moi, je suis tombé des nuits hier matin
03:40 quand j'entendais sur ce même plateau Clément Beaune,
03:42 interrogé par Sonia Mabrouk, qu'il ne fait aucun lien
03:44 entre l'immigration et la hausse de ses agressions.
03:47 Je ne sais pas quels chiffres il a consulté ou n'a pas consulté,
03:50 mais en l'occurrence, il aurait pu demander à ses collègues de la place Beauvau
03:53 qui, en 2020, avaient montré que 62% des personnes mises en cause
03:57 en Ile-de-France pour les violences sexuelles sont des personnes qui sont étrangères.
04:01 62% pour une proportion d'étrangers en Ile-de-France de 14%.
04:05 Il y a une surreprésentation massive et tant qu'on n'aura pas pris au sérieux
04:08 ce problème qui est lié à une immigration incontrôlée,
04:11 à un manque d'assimilation sans doute, qui crée des pratiques barbares
04:14 qu'on aimerait voir disparaître souvent de notre pays,
04:16 eh bien, on ne sera pas en mesure non plus de traiter ce problème correctement.
04:19 Merci beaucoup Paul.
04:21 Merci à vous.
04:22 [Musique]
04:24 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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