La grande interview : Jérôme Guedj

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Jérôme Guedj, député PS de l'Essonne, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Jérôme Guedj, et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:05Vous êtes député socialiste de l'Essonne, porte-parole et secrétaire national à la laïcité au PS.
00:10C'est justement monsieur Guedj, la lycéenne qui est accusée d'avoir agressé une professeure
00:14qui lui a simplement demandé d'ôter son voile dans l'établissement, a été placée sous contrôle judiciaire.
00:19Son procès aura lieu vers la mi-décembre. La ministre de l'Éducation sera sur place aujourd'hui.
00:25Est-ce que vous estimez aujourd'hui qu'on est suffisamment ferme et implacable face à l'entrée islamiste
00:31ou est-ce que le pas de vague se poursuit avec ces professeurs qui ont toujours la boule au ventre ?
00:35Alors les professeurs en effet ont la boule au ventre.
00:38Ce qui, je l'espère, a changé, c'est que quand des incidents graves de cette nature interviennent,
00:45la communauté éducative, la hiérarchie, soit immédiatement en soutien des enseignants.
00:53Et j'ai l'impression que c'est ce qui se passe et je m'en félicite.
00:56J'ai entendu hier dans l'hémicycle la nouvelle ministre de l'Éducation nationale.
01:00Elle se rend sur place. C'est parfaitement légitime.
01:03Il ne peut pas y avoir l'impression justement qu'on laisse les enseignants tout seuls.
01:08C'est malheureusement ce qui s'était passé parce que nous sommes au mois d'octobre
01:11et le 16 octobre 2020, Samuel Paty est assassiné à confluence intonorine.
01:19Par abandon ? Par lâcheté ?
01:21Entre le 9 octobre, date du jour où il fait son cours je crois, notamment sur les caricatures,
01:31et son assassinat, on le voit, le procès a lieu dans quelques semaines,
01:36il y a eu cette impression de ne pas faire de vagues.
01:40Et il s'est probablement retrouvé seul, soutenu par sa principale dans l'établissement,
01:46mais avec une hiérarchie et des choses qui ne se mettent pas en place.
01:50Donc ça, j'espère que c'est derrière nous.
01:53On l'a vu notamment au moment du lycée Ravel,
01:56où là aussi il y a eu une réaction immédiate de la hiérarchie et je m'en félicite.
02:00Les profs doivent être soutenus à chaque fois que des élèves ne respectent pas la loi de 2004
02:06ou de manière générale le principe d'autorité dans l'école.
02:10Apparaître, Jérôme Guedj, le minimum.
02:12Quelle sanction aujourd'hui ? Dans un pays, vous l'avez rappelé,
02:14où deux professeurs sont tombés sous les coups de coude.
02:17Oui, parce que j'ai parlé de Samuel Paty.
02:19Évidemment, nous sommes le 10 octobre et le 13 octobre, ce sera les un an de la mort de Dominique Verma.
02:26Vous attendez par rapport à cela ?
02:28Alors, il y a deux sujets différents.
02:30Évidemment, dès qu'il y a des voix de fée de la violence,
02:33cela doit être pénalement et le plus sévèrement puni.
02:39Mais moi, je suis de ceux qui regrettent que la laïcité en tant que telle
02:44ne donne pas lieu, en tout cas le respect de la laïcité, à des poursuites pénales.
02:49Je m'explique.
02:50Quand Aristide Briand, dans sa grande sagesse, le rapporteur de la loi de 1905,
02:55adopte les premiers articles, qui sont des articles de liberté et de protection,
02:59on l'oublie trop souvent.
03:00La laïcité, c'est une loi de protection.
03:02Protéger celui qui croit comme celui qui ne croit pas
03:06et leur permettre de vivre sans la pression de ceux qui veulent dire
03:10« tu es obligé de croire » ou « je t'interdis de croire ».
03:14Le problème, c'est que quand on pose ce principe-là,
03:17il n'a pas de sens s'il n'y a pas quelque chose
03:19pour sanctionner l'irrespect de ces principes.
03:22Or, c'était prévu.
03:23Dans la loi de 1905, il y a un article, l'article 31,
03:26qui sanctionne pétalement et il a été toiletté,
03:29actualisé juridiquement au moment de la loi dite « séparatisme ».
03:32C'était heureux de le faire parce que cet article était tombé en deuxiètudes.
03:35Que dit-il ?
03:36Il dit que quand quelqu'un oblige quelqu'un de faire une pratique,
03:41vous pouvez l'illustrer, mets ton voile, sinon ça ne va pas.
03:45Mets en sens inverse.
03:46Enlève ton voile parce que je t'interdis de porter le voile.
03:50Porter le voile, on peut dans la rue être invectivé.
03:54Dans les deux cas, il n'y a pas besoin d'attendre
03:56que c'est soit une incitation à la haine raciale,
03:58soit une loi de fait, etc., ou qu'il y ait des violences.
04:01C'est une atteinte pénale à la laïcité.
04:03Le drame, je l'avais dit à Éric Dupond-Moretti,
04:05il n'y a pas une seule circulaire pénale qui indique
04:08aux commissariats comme aux magistrats
04:10qu'il y a des atteintes pénales à la laïcité.
04:13Et moi, je souhaite qu'on réhabilite cela.
04:15Encore une fois, je le dis pour montrer que c'est une loi d'équilibre.
04:18Pour dire à ceux qui croient comme à ceux qui ne croient pas,
04:20la laïcité, elle vous protège.
04:22Je n'aime pas ceux qui en font un glaive
04:24contre telle ou telle catégorie de la population
04:26et singulièrement contre les musulmans.
04:28Moi, je refuse que la laïcité soit instrumentalisée
04:30contre ceux qui ont leur foi sincère, privée
04:33et qui peuvent l'exprimer comme la loi le permet dans l'espace public.
04:37Mais par contre, dès qu'on est dans le prosélytisme,
04:40dès qu'on est notamment sur le champ de l'école,
04:43dès qu'on est dans la violation des principes de la République,
04:45alors il faut qu'on puisse s'appuyer sur cette loi de protection.
04:48La laïcité, ce n'est pas une loi contre telle ou telle catégorie de nos concitoyens.
04:51Vous dites liberté et protection.
04:53Malgré tout, vous affirmez votre fermeté en exigeant ces sanctions pénales.
04:57Remontons il y a quelques années.
04:59C'était en 1989, la fameuse affaire des foulards de Creil,
05:03quand Lionel Jospin, socialiste, ministre de l'Éducation,
05:06aura une phrase ambiguë, rappelant le principe de laïcité,
05:09comme vous le faites, mais lui, appelant la tolérance.
05:11Rappelons-nous cette phrase.
05:13Voilà ce qu'il dit.
05:14« Je préconise que les directeurs et les enseignants disent à ces enfants
05:16et à leurs parents qu'ils ne doivent pas venir à l'école dans ces conditions. »
05:19Bien, on taque, mais il ajoute
05:21« S'il y a blocage et s'il y a refus, je dis alors
05:23l'école doit accepter et accueillir ses enfants. »
05:26Votre discours par rapport...
05:28Il est différent de celui de Lionel Jospin à l'époque.
05:30Il y a eu un manque de prise de conscience, évidemment.
05:34Et c'est la raison pour laquelle la loi de 2004 est venue régler ce problème-là.
05:40Régler ?
05:41En tous les cas, elle a dit pour l'école « je sanctuarise ».
05:44Ce n'est pas une question d'appréciation,
05:46il n'y a pas une question d'accepter et d'accueillir les enfants.
05:50Il y a dans un premier temps, ce que prévoit la loi, un dialogue,
05:53mais sinon il y a interdiction de venir à l'école.
05:55Et ça a marché.
05:57Et les premiers concernés ont apprécié...
05:59Avec des coups de boutoir jusqu'à aujourd'hui ?
06:01En tous les cas, entre 2004 et aujourd'hui.
06:03C'est pour ça qu'à chaque fois, il faut être clair et ferme
06:06avant même que les choses s'amplifient.
06:08L'année dernière, au moment de la rentrée scolaire,
06:10je fais partie de ceux qui ont soutenu la précision
06:12qui a été apportée dans une circulaire pour dire que les abayas
06:15qui n'existaient pas d'une certaine manière au moment de la loi de 2004
06:19doivent être interprétés comme étant un signe ostentatoire religieux.
06:23Et d'ailleurs, ça a été confirmé il y a quelques jours
06:25par le Conseil d'État dans une décision...
06:27Et combien de signaux que le non, que l'on ne voit pas,
06:29parce que les professeurs ne peuvent pas enseigner telle matière,
06:31parce qu'ils vont dans la boule au ventre,
06:33tout ce que s'empêche de faire les enseignants ne revient pas,
06:35j'allais dire, dans des faits de dentorse à la laïcité,
06:38tous ces signaux-là, comment...
06:40Là, vous voyez, ça, ça renvoie à un autre sujet qui est
06:42qu'il faut avoir une politique publique de la laïcité.
06:44Ça ne peut pas être incantatoire.
06:46Je vous ai parlé du volet pénal, mais il y a tout un volet d'organisation.
06:50Je vous illustre, il y a quatre ans maintenant, fin 2020,
06:54a été créé un comité interministériel de la laïcité.
06:57J'ai applaudi, parce que ça disait qu'il fallait...
06:59Et c'est sous l'autorité du Premier ministre.
07:01À l'époque, je crois que c'était Jean Castex qui le présidait.
07:04Voyez-vous, il ne s'est pas réuni en 2022,
07:07il ne s'est pas réuni en 2023, il ne s'est pas réuni en 2024.
07:09Je peux même aller plus loin.
07:11Au moment de la formation du gouvernement,
07:13j'ai entendu un moment, il y avait une rumeur qui disait
07:15qu'il pourrait y avoir un ministère de la laïcité.
07:16Moi, je fais partie de ceux qui ont applaudi à l'idée
07:18qu'il puisse y avoir un ministère de la laïcité.
07:19Vous avez applaudi quand il y avait des cris d'orfraie
07:21de vos camarades de gauche.
07:22Oui, mais parce que la laïcité...
07:24On peut s'inquiéter si c'est pour instrumentaliser,
07:27mais moi, par principe, c'est un beau principe, la laïcité.
07:29Il vient de notre famille politique.
07:31Mais simplement, il souffre du fait
07:33qu'il n'y a pas une politique organisée.
07:36Vous parlez des enseignants.
07:37Les enseignants, ils doivent tous être formés.
07:39Ça s'est fait progressivement.
07:40Mais les autres acteurs de la fonction publique,
07:42dans ce plan annoncé fin 2021,
07:44il était dit que 100 % des fonctionnaires
07:46devaient être formés dans les trois ans.
07:48On est très loin de ça.
07:50La question de l'outillage pédagogique,
07:53des moyens qui sont donnés aux enseignants,
07:55ça, ça reste aujourd'hui en déshérence.
07:58La laïcité mérite une politique publique organisée,
08:02consensuelle, parce que ça permet d'affirmer
08:05la fermeté à ceux...
08:06Consensuelle ?
08:07Mais oui, elle doit être consensuelle, la laïcité.
08:08Votre discours n'est pas du tout le même
08:10que ceux de votre camp.
08:12Ils ont tort.
08:13Tous ceux qui, en France, considèrent que la laïcité
08:15est un patrimoine républicain,
08:16qu'on ne peut pas s'en sortir
08:17si on n'est pas des universalistes républicains,
08:19qu'on n'essentialise pas le débat public,
08:21qu'on ne s'adresse pas aux uns et aux autres
08:22comme des communautés politiques.
08:24La concorde publique, elle passe par cet universalisme.
08:27On fait de chacun des citoyens émancipés
08:29la foi dans le domaine privé.
08:31On peut l'exprimer dans le domaine public,
08:33mais il n'y a pas d'entrisme sur le champ politique.
08:35Mais ça vaut pour toutes les religions.
08:37Quand, au moment où on débat...
08:39Aujourd'hui, les coups de boutoir,
08:40il faut reconnaître qu'ils viennent d'un islam radical,
08:42politique, manipulé.
08:44Je ne m'éprends pas.
08:45L'islamisme politique s'organise,
08:49fait de l'entrisme,
08:50et on va même aller plus loin,
08:51il a tué dans notre pays ces dix dernières années.
08:54Donc, on connaît l'adversaire.
08:56Mais plus largement,
08:57à chaque fois qu'il y a une influence politique,
08:59religieuse dans le débat public,
09:01il faut avoir la fermeté des principes qui sont les nôtres.
09:03Autre défi, Jérôme Gage, évidemment,
09:04c'est l'épreuve du feu du budget.
09:07Alors, il y a beaucoup de pistes d'économie.
09:09On verra ce qui sera retenu.
09:10Une piste en particulier que pousse le ministre de l'Intérieur,
09:13Bruno Retailleau,
09:14c'est la réforme de l'AME.
09:16Il va en faire une aide médicale d'urgence.
09:18Est-ce que ça vous choque ?
09:19Il dit, le ministre de l'Intérieur,
09:21qu'il est injuste de demander des efforts qu'aux Français.
09:23Il faut aussi les demander aux étrangers.
09:24Il a tort ?
09:25Oui, il a tort.
09:26Et je vais vous dire pourquoi.
09:27Ça peut être facilement entendu.
09:30D'abord, son propre Premier ministre,
09:31j'ai entendu son discours de politique générale mardi,
09:33n'a pas évoqué cette position.
09:35La ministre de la Santé a été extrêmement claire
09:37au diapason de tous les ministres de la Santé précédents.
09:40M. Barnier va trancher dans quelques jours, on verra.
09:42Oui, mais je pense que s'il avait envisagé de faire cela,
09:45il aurait eu l'honnêteté de le dire
09:47dans son discours de politique générale,
09:49parce qu'il faut assumer ses positions.
09:51D'où je parle ?
09:52Je parle de tous ces professionnels de santé
09:54qui nous expliquent qu'en termes de santé publique,
09:57en termes sanitaires,
09:58c'est une aberration d'interdire à des personnes
10:00qui sont présentes sur le territoire national
10:02d'avoir accès à des soins,
10:03parce que si elles en ont besoin,
10:06alors elles iront plus tard,
10:07elles seront plus malades.
10:09Quand on parle de maladies contagieuses,
10:12elles auront pu propager la maladie
10:15et elles iront à l'hôpital dans des mauvaises conditions
10:18et ça va coûter plus cher.
10:19Je vous cite Didier Leschi,
10:20il est directeur général de l'Office de l'immigration et de l'intégration.
10:23Nous sommes d'accord,
10:24ce n'est pas quelqu'un que vous placeriez
10:26à l'extrême du bord politique.
10:27Voici ce qu'il dit.
10:28La France, qui fait partie des mieux-disant sur ce sujet,
10:31doit s'aligner sur ses principaux partenaires.
10:33En Espagne ou en Allemagne, par exemple,
10:34l'État ne prend pas en charge les maladies chroniques
10:36des étrangers en situation irrégulière.
10:38Si cette maladie s'est déclarée dans leur pays d'origine,
10:40la maladie sera prise en charge uniquement
10:42si elle menace la vie du patient.
10:44Évidemment que la France s'honore à aider les étrangers
10:47si c'est des situations d'urgence.
10:48Mais j'ai un désaccord sur ce point.
10:50Il connaît bien son sujet.
10:51Mais les précédents ministres de la Santé,
10:53de toute sensibilité,
10:54Roselyne Bachelot comme Aurélien Rousseau
10:57ou Agnès Firmin-Lebaudot,
10:58ont signé une tribune ensemble.
11:00Mais aujourd'hui, nous sommes dans une situation budgétaire terrible.
11:01Oui, mais vous savez,
11:02ça représente 0,3% des dépenses d'assurance maladie.
11:06On dépense 200 milliards de dépenses d'assurance maladie
11:10et il y a moins d'un milliard sur l'aide médicale d'État
11:13ou un petit peu plus.
11:14Donc ce n'est pas le sujet.
11:15Et si on la supprime,
11:16je vous mets ma main à couper
11:17qu'il y aura des dépenses supplémentaires.
11:20Parce que, comme vous dites,
11:21la personne qui est menacée dans son existence,
11:23on va la soigner.
11:24Donc on va dire à des gens
11:25qui sont présents de fait sur le territoire,
11:27restez avec votre maladie,
11:29attendez qu'elle s'aggrave
11:30et quand elle menacera votre santé,
11:31alors vous irez à l'hôpital
11:32et ça coûtera beaucoup plus cher à l'hôpital.
11:35Est-ce que vous êtes d'accord ?
11:37Est-ce que nous sommes dans une situation budgétaire très tranquille ?
11:41Mais justement, c'est parce qu'on est dans une situation budgétaire
11:43que, s'il vous plaît, n'agit-on pas un chiffon rouge
11:45qui n'est pas à la mesure de la situation le problème.
11:48Tout à l'heure va être présenté
11:50le budget de la Sécurité sociale, 700 milliards
11:52et le budget de l'État, 400 milliards.
11:54Donc on peut dire que tout est la faute des étrangers.
11:56Ce n'est pas vrai.
11:57Le problème principal que nous avons en France,
11:59c'est un problème de partage des richesses.
12:01Le choix a été fait depuis sept ans
12:03de baisser significativement les impôts.
12:05Il n'y a pas de problème à trouver des économies
12:07dans les dépenses de l'État ?
12:08Évidemment, mais le gros...
12:10Vous savez, depuis sept ans, depuis 2017,
12:13il y a environ 50 milliards de recettes fiscales
12:16qui ont été décidées d'être baissées,
12:18d'être supprimées par l'État.
12:20Donc l'État s'est auto-appauvri.
12:21Après, il dit, regardez, je n'ai plus d'argent,
12:23donc je vais aller faire des coups de sombre
12:25à l'hôpital, à l'école, dans la justice,
12:27dans la police, dans les services publics.
12:29C'est un peu facile.
12:30Regardez la grosse décision qu'ils vont prendre.
12:31Le budget de la justice a été augmenté.
12:33Vous parliez d'Éric Dupond-Moretti.
12:34D'ailleurs, monsieur Guedes, j'ai regardé
12:36le programme socialiste législatif.
12:38Vous savez combien vous proposez
12:40de dépenses supplémentaires de milliards ?
12:42C'est Noël.
12:43Il devait y avoir 117 milliards.
12:45C'était le chiffrage que Valérie Rabault avait fait.
12:47Ce n'est peut-être pas la bonne potion
12:48si on est dans une situation budgétaire aussi catastrophique.
12:51Mais pour la simple raison que
12:52quand on injecte de l'argent public,
12:54on soutient le tissu économique, la demande, etc.
12:57Mais je veux juste vous donner une mesure
12:59parce que ça concerne vos téléspectateurs
13:01qui ne sont pas tous âgés, mais quand même certains.
13:03La mesure la plus efficace qui va être prise,
13:07c'est de désindexer les pensions de retraite.
13:09Donc là, au cœur de l'hiver,
13:11ceux qui devaient voir leurs pensions
13:13normalement augmenter,
13:15ils vont devoir attendre six mois.
13:17On prend dans les poches des retraités
13:21pour justement équilibrer un budget
13:24pour lequel on a préféré dans le passé
13:26supprimer l'impôt de solidarité sur la fortune,
13:28moins taxer le capital que le travail.
13:31Moi, je suis pour que le travail paie,
13:33mais je trouve anormal
13:34que quand on a des revenus du capital,
13:36ils soient moins taxés que les revenus du travail.
13:38C'est ça la justice fiscale.
13:39Et vous êtes aussi l'objet pour l'abrogation
13:40de la réforme des retraites,
13:41mais vous ne pourrez pas aider dans ce sens.
13:43Pourquoi ?
13:44Parce que vous ne serez pas
13:45à la tête de la commission des affaires sociales
13:47et c'est en grande partie,
13:48si ce n'est la faute entièrement
13:50des insoumis et des écologistes,
13:52puisque face à un ancien ministre,
13:55ils ont voté blanc.
13:57Pourquoi ?
13:58Est-ce que pour eux, à leurs yeux,
13:59vous n'êtes pas un bon socialiste ?
14:01J'étais candidat, en effet,
14:02pour être président de la commission
14:03des affaires sociales.
14:04C'est le domaine que je connais bien.
14:06Et à ma grande surprise,
14:07j'étais présenté et soutenu par les socialistes
14:09pour qui cette commission était fléchée,
14:12comme on dit.
14:13Et à ma grande surprise,
14:14ils ont préféré ne pas voter pour moi
14:16avec un argument qui est de dire
14:18que je ne suis pas assez aligné
14:19sur leur position,
14:20voire je les conteste.
14:21Oui, j'assume cette liberté.
14:23Et j'ai dit dans le passé
14:24tous les dérapages,
14:25toutes les outrances,
14:26tous les propos parfois insupportables
14:27qui sont venus de la part...
14:28Propos que vous avez qualifiés
14:29pour Jean-Luc Mélenchon
14:30pour un texte antisémite.
14:31Oui, pour la première fois,
14:32je me dis que le 29 avril,
14:33Jean-Luc Mélenchon, me concernant,
14:34a écrit un texte antisémite.
14:35Et c'est la raison pour laquelle
14:36j'ai refusé de prendre le logo
14:38de la France insoumise.
14:39Il a rappelé vos origines juives.
14:40Quand c'est la première fois
14:41qu'on se connaît depuis très longtemps.
14:42C'est la première fois
14:43qu'on m'essentialise dans le débat public.
14:44Dans le débat politique.
14:45Mais pour autant,
14:46moi je suis à gauche.
14:47Et qu'est-ce qui s'est passé
14:49Vous êtes un universaliste.
14:50Moi je suis un universaliste républicain.
14:52Alors pourquoi est-ce qu'on vous ramène
14:53à vos origines ?
14:54Pourquoi M. Mélenchon vous ramène
14:55plus là-dessus ?
14:56Parce que c'est l'erreur,
14:57ça revient au débat qu'on avait précédemment.
14:58Dès qu'on s'adresse à autre chose
15:00qu'à la communauté nationale
15:01et à celle des citoyens
15:02libres et émancipés,
15:03qu'on pense qu'il faut
15:04segmenter d'une manière ou d'une autre
15:05la société,
15:06alors on abîme le pacte républicain.
15:08Et hier, ce qui s'est abîmé dans ce vote,
15:10c'est quand on laisse faire
15:12une présidence ou un candidat
15:14pour quelqu'un de droite,
15:16eh bien on abîme la gauche
15:18et on empêche surtout
15:19d'apporter les réponses efficaces.
15:20Et c'est pour moi assez révélateur
15:22de ce qui nous pend aux données.
15:23Pardonnez-moi l'expression.
15:24Il faut qu'on ait une gauche républicaine,
15:26universaliste, laïque,
15:27écologie sociale qui s'affirme.
15:29Et moi je le redis,
15:30on peut être très à gauche,
15:31qui est mon cas,
15:32sur les positions économiques,
15:33sur les positions sociales,
15:34j'assume d'être très à gauche.
15:35Mais simplement,
15:36on peut le faire dans la crédibilité,
15:37dans la solennité,
15:38dans la gravité
15:39qui fait qu'on va convaincre des gens
15:40et pas se rabougrir.
15:42Vous savez, le repli sectaire,
15:44à la fin, il abîme la gauche,
15:45il l'empêche de gouverner
15:47à ceux des insoumis
15:48qui hier ont préféré
15:49laisser passer
15:50un président de commission
15:52des affaires sociales.
15:53Et vous savez pourquoi c'est grave ?
15:54Parce que le président
15:55de la commission des affaires sociales,
15:56il a des pouvoirs.
15:57Et on va démarrer dans quelques jours
15:58le débat sur le projet
15:59de loi de financement
16:00de la sécurité sociale.
16:01Moi, en son sein,
16:02je veux qu'on puisse abroger
16:03la réforme des retraites.
16:04Or, c'est le président
16:05de la commission des affaires sociales
16:06qui déclare recevable ou pas
16:07les amendements.
16:08Et le nouveau président,
16:09il va empêcher
16:10l'examen d'amendement
16:11pour permettre
16:12l'abrogation.
16:13Qu'est-ce que vous avez
16:14encore en commun
16:15avec Jean-Luc Mélenchon
16:16qui appelle à mettre
16:17des drapeaux palestiniens
16:18le 8 octobre partout
16:19dans les universités ?
16:20Qu'est-ce que vous avez
16:21encore en commun
16:22avec Rima Hassan
16:23qui menace des journalistes
16:24et leur dit qu'ils vont
16:25devoir rendre des comptes ?
16:26Qu'est-ce que vous avez
16:27encore en commun
16:28avec des insoumis
16:29qui préfèrent un ancien
16:30ministre de droite que vous ?
16:31Je n'ai rien en commun
16:32avec ceux qui préfèrent
16:33la brutalisation,
16:34la conflictualisation,
16:35l'hystérisation du débat public
16:36pour la simple raison
16:37que ça ne marche pas,
16:38ça ne gagne pas.
16:40mais sur une ligne
16:41qui cherche à apaiser,
16:42ce qui ne veut pas dire
16:43édulcorer le débat public,
16:44pour convaincre plus de gens.
16:45Voilà.
16:46Et moi, c'est la ligne
16:47que je veux porter
16:48et incarner à gauche
16:49parce que sinon,
16:50si en 2027,
16:51on fait la même chose
16:52qu'en 2022 ou en 2017,
16:53alors ce sera l'échec
16:54et ce sera la victoire
16:55du Rassemblement national.
16:56Merci Jérôme Gage.
16:57Merci à vous.
16:58C'était votre grande interview.

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