• il y a 2 ans
Le policier marseillais en détention provisoire pendant 40 jours dans le cadre de l'affaire Hedi a été libéré vendredi. Le jeune homme réagit ce samedi à cette nouvelle, en direct sur BFMTV.

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Transcription
00:00 Hier, après 40 jours de détention provisoire,
00:02 le policier auteur du tir de LBD de lanceur de balles de défense
00:06 ayant grièvement blessé Eddy,
00:07 début juillet à Marseille en marge des émeutes,
00:09 était remis en liberté.
00:11 Ce soir, c'est donc Eddy qui est en direct avec nous.
00:14 Bonsoir Eddy et merci d'abord de nous accorder
00:16 votre toute première interview depuis cette décision.
00:20 Permettez-moi pour commencer de vous demander comment vous allez.
00:27 Écoutez, ça va un peu mieux, c'est sûr.
00:30 Après, sur le plan psychologique, avec la décision qu'il y a eu hier,
00:35 ça met un coup quand même.
00:38 Alors, on va revenir évidemment dans le détail
00:40 sur votre état de santé dans quelques instants,
00:42 mais puisque vous-même y faites allusion,
00:45 comment avez-vous réagi hier lorsque vous avez appris
00:48 que le policier auteur du tir de LBD qui vous a grièvement blessé
00:51 début juillet, venait d'être remis en liberté ?
00:57 - Très déçu, franchement très déçu.
00:59 Après, voilà, moi, je ne suis pas un juge,
01:01 donc s'il y a eu cette décision, c'est qu'il y a forcément une bonne raison.
01:05 Même si pour l'instant, je ne la vois pas,
01:07 j'imagine qu'on la prendra dans des temps futurs.
01:10 Donc, il faut prendre son mal en patience encore une fois.
01:13 - Est-ce que justement, quelqu'un vous a expliqué
01:16 les raisons de cette remise en liberté de ce policier
01:18 qui a passé 40 jours en détention provisoire ?
01:21 - Non, pour l'instant, je n'ai eu aucune explication.
01:26 - Votre avocat, j'imagine que vous avez discuté avec lui,
01:30 vous avez peut-être accueilli ensemble cette nouvelle.
01:33 Je sais que vous êtes également très entouré par votre famille.
01:37 Ça a été un moment difficile.
01:39 Vous ressentez une forme d'injustice, c'est bien cela ?
01:42 - Forme d'injustice, oui, exacte,
01:46 parce que je me dis que quand même, on le laisse l'occasion de sortir,
01:50 alors que maintenant qu'il a avoué tellement de mensonges,
01:55 je me dis qu'il a encore une deuxième chance, donc c'est bien pour lui.
01:58 Après, je trouve que ce n'est pas honnête.
02:01 Mais comme je vous l'ai dit, c'est qu'il y a forcément une bonne décision.
02:04 Malheureusement, hier, je n'ai pas pu parler avec mon avocat.
02:06 Il me l'a juste appris,
02:08 mais puisque j'ai eu des rendez-vous toute la journée médicale,
02:11 donc le soir, j'ai été très fatigué.
02:13 On n'a pas pu en parler bien.
02:16 - Vous êtes très rapidement fatigué.
02:19 Vous allez nous en reparler dans quelques instants.
02:22 Cette décision de remise en liberté du policier qui vous a grievement blessé
02:25 a été prise à l'issue d'une nouvelle audition.
02:28 D'après le policier en question, cité par son avocat dans le quotidien La Provence,
02:32 vous étiez ce soir-là en tenue des meutiers à 2h du matin,
02:35 dans une situation de chaos.
02:37 Vous représentiez, je cite encore, une menace
02:39 et étiez possiblement en train de lancer un projectile sur les forces de l'ordre.
02:43 Que répondez-vous aujourd'hui à cela ?
02:47 - Je peux répondre premièrement que je ne savais pas ce que c'était qu'une tenue des meutiers.
02:51 Je ne savais pas qu'il y avait une tenue spécifique à ça.
02:55 J'étais en survête, j'étais en gilet.
02:58 Donc je ne vois pas ce qu'il a pu comprendre de menaçant.
03:03 Et apparemment, les gestes que j'aurais fait en vue de protéger ses collègues,
03:08 même si j'aurais fait un geste, j'ai envie de vous dire, autant pour moi,
03:11 je suis gringalé quand même, on ne va pas se mentir.
03:15 Ils étaient 4 en face de nous, c'était 4 personnes quand même en forme, on va dire ça.
03:21 Je pense que c'est une excuse.
03:23 Je pense que c'est une excuse pour être tout à fait honnête.
03:26 Parce que tu ne peux pas avoir peur de moi.
03:30 Je suis gentil.
03:31 Je n'ai fait aucun geste menaçant, je n'ai rien jeté.
03:35 J'ai entendu.
03:36 Donc forcément, je me suis renseigné, mais pour moi, encore une fois, ce n'est pas possible.
03:41 Étant donné que je sais la vérité, ça me passe au-dessus un petit peu.
03:47 - Je rappelle que les accusations que vous formulez à l'endroit de ceux de ces policiers,
03:50 ils sont 4 au total, sont multiples.
03:52 Parce que non seulement vous avez été la cible d'un tir de lanceur de balles de défense,
03:57 mais vous dites aussi avoir été roué de cou et laissé pour mort, ainsi bien cela.
04:02 - C'est ça, oui.
04:05 - Et ces accusations-là, vous les maintenez ?
04:11 - Ces accusations-là, je les maintiens encore.
04:14 Dans tous les cas, vous savez qu'il y a maintenant,
04:17 il y a plusieurs caméras qui peuvent apporter des éléments dans l'enquête.
04:20 Donc en vue de ça, je pense que c'est pour ça qu'il a été en détention provisoire.
04:25 Et après, honnêtement, je me languis mercredi prochain,
04:27 que sera le début du procès, en vue de rétablir la vérité aux yeux de tous,
04:33 parce que c'est très important.
04:35 - Alors ce que vous nous dites, c'est que la semaine prochaine,
04:38 il y aura un nouveau développement dans cette affaire, dans le cadre de l'enquête.
04:43 Est-ce que les enquêteurs sont venus, revenus vers vous ?
04:50 - Non, pour l'instant, je n'ai eu aucun retour, aucune venue d'un enquêteur possible.
04:57 C'est après, il faut savoir que je suis toujours un jour d'ITT,
05:01 donc il n'y a personne qui peut me demander à faire le nécessaire.
05:06 - Donc la semaine prochaine, vous serez vraisemblablement auditionné.
05:11 Je crois savoir qu'une audition avait débuté, en raison de votre état de santé.
05:14 Elle avait dû être interrompue, c'est bien cela ?
05:18 - C'est bien ça, elle avait commencé à l'hôpital, quand j'étais en réa,
05:21 mais malheureusement, ils ont vu que ce n'était pas possible,
05:25 parce que j'étais vraiment mal au poing.
05:28 Donc ils ont décidé de remettre ça plus tard.
05:31 - Donc on n'est pas encore dans le temps du procès.
05:32 L'enquête se poursuit, on l'a bien compris.
05:35 Vous rappeliez que vous avez passé beaucoup de temps à l'hôpital
05:37 et vous y retournez régulièrement pour des examens.
05:40 Vous avez passé une semaine en réanimation, deux semaines en neurochirurgie.
05:43 Vous avez été amputé d'une partie de votre crâne.
05:48 Que vous disent les médecins aujourd'hui ?
05:50 - Hier, j'ai eu le rendez-vous avec mon neurochirurgien, par exemple,
05:56 qui pense que ça va.
05:58 Voilà, selon lui, de son avis de médecin,
06:02 il a vu que la cicatrise, elle allait bien,
06:05 que comment je me sentais, si j'arrivais à bouger.
06:08 Il a pu programmer la prochaine opération,
06:12 qui sera le fait de remettre mon volet.
06:14 Donc j'en suis très content.
06:18 J'en ai quand même peur, mais j'en suis très content.
06:21 - Au quotidien, comment ça se passe pour vous,
06:23 compte tenu de ces blessures graves ?
06:25 - Aujourd'hui, au quotidien, je me suis un peu habitué à être à la maison.
06:34 Descendre, marcher un petit peu, les amis qui viennent te voir,
06:38 la famille.
06:40 Mais voilà, après, une fois seul,
06:43 il y a encore quand même un tas de questions que je me pose.
06:46 Mais voilà, pour l'instant, je n'ai pas le choix que de prendre mon mal en patience.
06:49 - C'est ça, vous avez 22 ans, vous êtes tout jeune,
06:51 et il faut s'habituer à cette nouvelle vie,
06:56 après ce traumatisme physique et psychologique, on va y revenir.
06:59 - C'est ça.
07:02 Il y a un tas d'adaptations qui n'est pas évident.
07:06 Mais si tout serait évident, ce ne serait pas aussi compliqué.
07:10 Donc il faut se le dire et il faut y croire.
07:14 - Quand vous dites que les médecins sont plutôt confiants,
07:18 ça vaut aussi pour d'éventuels séquelles ?
07:20 - Ça vaut aussi pour d'éventuels séquelles.
07:26 Aujourd'hui, malheureusement, on a des...
07:28 Il y a des nouveaux éléments parce que j'ai plus ou moins de temps en temps de la paralysie.
07:34 Donc ce n'est pas évident aussi d'accepter.
07:39 Mais voilà, ils pensent qu'il y a une possibilité que ça ne reste pas à vie.
07:44 - C'est-à-dire que quand vous parlez de paralysie,
07:47 si je comprends bien, par moments, votre corps se fige ?
07:50 - C'est ça, en fait.
07:53 Pas tout le corps, mais surtout le côté droit, en fait.
07:55 Donc la jambe droite et le bras droit.
07:57 En fonction des jours où je me lève et des journées,
08:00 je suis paralysé de la droite.
08:04 - Et au quotidien, votre famille, vous faisiez aussi référence à des amis,
08:10 vous aident, faites assistance ?
08:12 - Oui, ils sont tous... Ils sont là pour moi.
08:16 Donc ils m'aident beaucoup, en fait.
08:18 Ça fait... En fait, c'est ma force.
08:20 Je puise petit à petit en vue de...
08:22 En vue du bout du tunnel, si je peux dire ça.
08:25 Donc ça fait beaucoup de bien d'être entouré.
08:28 Et même par la population aussi.
08:30 On reçoit encore des messages.
08:33 Je m'arrive des fois de sortir,
08:35 mais je suis sorti il y a pas très longtemps, une fois.
08:38 Et de voir les gens qui viennent te voir dans la rue
08:40 pour te souhaiter du courage, franchement, ça fait chaud au coeur.
08:43 Même si c'est pas facile à accepter,
08:46 d'être regardé, le regard des gens, tout ça,
08:49 mine de rien, ça fait chaud au coeur.
08:50 - Vous réussissez à esquisser l'avenir, à dessiner un semblant d'avenir,
08:55 ne serait-ce qu'à court terme ?
08:57 - Pour l'instant, non.
09:02 Franchement, pour l'instant, non. Et je préfère pas.
09:04 - Fin juillet, vous regrettiez l'absence de soutien de l'État.
09:11 Est-ce que depuis, ça s'est, si j'ose dire, "arrangé" ?
09:13 - "Arrangé", je sais pas ce que ça veut dire pour vous, entre guillemets.
09:21 - Est-ce que vous avez reçu des marques de soutien ?
09:24 Oui, de représentants de l'État ?
09:26 - Voilà, j'ai reçu un appel de M. Véran,
09:30 j'ai eu un entretien téléphonique avec lui,
09:31 qui m'a demandé si ça allait, et voilà, sinon, après,
09:35 hormis ça, j'ai eu aucun venin, aucune nouvelle, voilà.
09:40 - Et lors de votre...
09:42 Lors de vos précédentes déclarations,
09:46 vous étiez, comme ce soir d'ailleurs, très calme sur BFMTV.
09:50 On s'en souvient, vous disiez aussi, "j'en veux, bien évidemment, à ce policier,
09:54 mais je ne mets pas tous les policiers dans le même sac,
09:57 on a besoin de la police", hein, je me souviens très bien
09:59 de ce que vous disiez il y a peu.
10:01 C'est toujours votre état d'esprit ?
10:03 - C'est toujours l'état d'esprit, et ça le sera jusqu'à la fin,
10:08 même s'il y a des jours où j'en serai pas content, peut-être,
10:11 parce qu'on ne peut pas avoir que des jours heureux,
10:13 mais il faut avoir foi, en fait, et il ne faut pas changer jusqu'à la fin,
10:18 parce que c'est comme ça que ça marchera.
10:21 - Dernière petite question.
10:23 Sur le suivi, au-delà de ce que peuvent vous apporter,
10:27 en termes d'aide pour le traumatisme physique, les médecins au jour le jour,
10:30 est-ce que vous bénéficiez d'un suivi psychologique ?
10:33 - Oui, je fais preuve d'un suivi psychologique, que j'ai du mal à accepter,
10:39 mais pour ces réseaux, j'y suis pratiquement jamais, entre guillemets,
10:44 je ne le fais pas souvent, parce qu'il y a beaucoup de mal à accepter,
10:49 encore une fois que je le répète,
10:51 mais oui, il y a une base de suivi psychologique.
10:54 - Merci Eddy, merci d'avoir accepté...
10:58 - Je vous en prie, merci à vous.
10:59 - ...de vous confier à Weekend 3D, ce soir sur BFMTV.
11:03 Bon courage pour la suite, on reprendra évidemment de vos nouvelles.
11:07 - Merci, donnez-moi.

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