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Sport
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00:00 Hello et bienvenue sur le podcast de Les Matchs de ma vie.
00:05 À travers 5 matchs de foot, notre invité parle de son amour pour ce sport et nous ouvre aussi
00:10 sur quelques chapitres de sa vie. 5 matchs à raconter et beaucoup de bonheur à partager
00:15 avec vous où que vous soyez, où que vous nous écoutez.
00:18 Merci déjà de nous avoir choisi, c'est parti pour ce nouveau numéro,
00:21 vous écoutez Les Matchs de ma vie avec moi, Darren Tulett et notre invité aujourd'hui qui est…
00:26 Frank Heze.
00:27 C'est la bonne réponse.
00:28 Merci Frank, ravi de t'avoir avec nous.
00:32 Je peux te tutoyer ?
00:33 Bien sûr.
00:33 Si ça ne te dérange pas.
00:34 Avec grand plaisir.
00:35 Je peux essayer de fêter vous aussi mais en anglais c'est un peu compliqué.
00:38 On va peut-être se tromper une fois ou deux.
00:39 Je rappelle à nos auditeurs que vous êtes, je viens de dire vous alors que j'ai dit tu,
00:44 mais bon c'est pas grave.
00:45 L'entraîneur du Racing Club de Lens depuis 2020, devenu,
00:48 comment on dit en anglais, General Manager en 2022, élu par tes pairs,
00:53 meilleur entraîneur de Ligue 1 après la deuxième place la saison dernière et des qualifications
00:57 en Ligue des Champions.
00:59 Félicitations déjà pour tout ça.
01:00 Alors est-ce que ce prix, Frank, juste pour nous lancer, ça vous fait quelque chose ?
01:05 Ou comme disait un ancien président de la France, ça t'entouche une sans faire bouger l'autre ?
01:10 Non mais c'est quand même plutôt agréable.
01:13 Voilà, moi qui viens du, on en reparlera à un moment, du…
01:17 Mon premier club c'est le Stade Mayennais il y a 20 ans et qui était en CFA2.
01:22 Donc aujourd'hui d'avoir eu ce titre, même s'il récompense un club,
01:28 et ça je le rappelle toujours, il récompense un club, un staff, un effectif, un groupe.
01:33 Mais oui, c'est plutôt très agréable quand même.
01:36 Et quand c'est ses pairs aussi, c'est quelque chose.
01:39 Oui, oui, c'est encore plus.
01:40 Ça vient des autres entraîneurs.
01:41 Oui, ça vient des autres entraîneurs.
01:43 J'ai même eu aussi le titre France Football des entraîneurs,
01:48 titre d'entraîneur français France Football aussi cette saison,
01:52 avec évidemment des très très grands noms du football français.
01:55 Donc évidemment que ça a quelque chose, je ne sais pas si c'est émouvant,
02:00 mais en tout cas qui est quand même impactant.
02:03 Oui, ça c'est sûr.
02:04 On va parler de tes expériences de coach, bien sûr, aussi de joueur.
02:06 Quand je rappelle que tu as eu une carrière de joueur à Rouen, Laval, Angers
02:12 et au Stade Mayennais, donc que tu viens de mentionner.
02:14 Mais avant de rentrer dans les détails…
02:16 Beauvais aussi.
02:16 Beauvais aussi, effectivement, Lais, Beauvais.
02:18 Est-ce que ça a été difficile de choisir déjà les cinq matchs dont on va parler ?
02:23 Oui, quand on en a parlé avec Hugo, sur le coup,
02:27 j'ai dit il faut que je prenne un peu de temps.
02:28 Et puis finalement, j'ai commencé à y réfléchir et j'aurais pu y ajouter un sixième.
02:35 Je ne sais pas si on en parlera, de mon premier match,
02:38 ma première finale de Coupe de France où je suis allé voir en 78.
02:43 J'ai pensé après Saint-Etienne-Reims.
02:46 J'avais sept ans et avec mes parents au parc.
02:51 J'étais avec une partie du Coupe Stéphanois.
02:54 Saint-Etienne était mené et en fin de match, ils ont marqué deux buts.
02:57 Et j'étais pris dans les… C'est un souvenir qui me reste.
03:00 Pris dans l'euphorie ?
03:01 Pris dans l'euphorie, mais surtout pris dans les bras des supporters stéphanois.
03:04 Voilà.
03:04 Et forcément, moi, j'étais petit, mais Saint-Etienne était et reste toujours un club que les gens aiment.
03:14 Moi, c'est vrai que ça a été un moment fort.
03:16 Donc, ça aurait pu être le sixième.
03:19 Donc, il a déjà triché parce qu'on a six matchs maintenant.
03:21 Oui, désolé.
03:22 Donc, sans plus attendre, c'est parti pour les cinq autres matchs de la vie de notre invité Franck Heze.
03:30 Le match numéro un, Franck, que tu as choisi, c'est lequel et pour quelles raisons ?
03:36 C'est le premier dans l'ordre.
03:40 C'est le France-Allemagne, évidemment.
03:42 Alors, c'est après le sixième dont je vous ai parlé, puisqu'il était en 78.
03:47 Mais celui-là, c'est la première Coupe du Monde que je suis intégralement.
03:52 Même si en 78, j'avais déjà suivi la Coupe du Monde et j'adorais l'Argentine.
03:58 Et cette fête en Argentine et ces drapeaux.
04:03 Ce n'est pas pour ça qu'on a recruté Facundo Medina il y a quelques années, mais peut-être un peu.
04:08 En tout cas, ce France-Allemagne, je me rappelle, on était à la maison dans la campagne en Normandie,
04:15 en Seine-Maritime, près de Rouen.
04:17 Et puis surtout que c'était un match fou.
04:20 Et je me rappelle que de tout ce qui s'est passé, de la blessure de Patrick Baptiston,
04:26 que j'ai pu recroiser ensuite quand il était coach de la réserve de Bordeaux et moi coach de la réserve de Lorient.
04:32 Et puis, tout s'est fait de jeu.
04:34 Ce 3-1 dans les prolongations pour nous, le but de Giresse avec une joie qui est exceptionnelle.
04:43 Enfin, et puis ce déroulement jusqu'au bout, qui est finalement terrible.
04:49 Sachant que j'ai un souvenir quand même, c'est que mon père était descendu.
04:52 Je ne sais pas si c'est ça qui a porté préjudice à l'équipe de France, je ne crois pas.
04:55 Mais à la mi-temps de la prolongation, il est descendu à la cave pour dire là, on va mettre une bouteille de champagne au frais.
05:01 Oui, je pense qu'il ne fait plus ça de sa vie maintenant.
05:04 Mais il avait fait ça et ça, je me rappelle.
05:06 C'est à cause de ton père ?
05:08 C'est possible.
05:10 Et donc, jamais de mise de champagne au frais avant quoi que ce soit.
05:15 Comme les Italiens en 2000.
05:16 Oui, exactement. Un autre match marquant d'ailleurs.
05:20 Mais voilà, j'avais 11 ans et puis je me suis rappelé de me mettre couché avec tout comme tout à l'heure beaucoup de personnes,
05:28 pas que des gamins d'ailleurs, avec toute la peine du monde parce que je pensais que la France allait vivre sa première coupe du monde, finale de coupe du monde pardon.
05:35 Bon, ça a été reculé pour mieux sauter, mais c'était quand même un moment marquant, je pense qu'il a marqué beaucoup de monde.
05:41 Ah oui, c'est un match qui a effectivement...
05:42 Mais en France, il y a eu des pièces de théâtre écrites là-dessus.
05:46 Ça a tellement marqué une génération de gens.
05:49 Et je peux te dire, en Angleterre, vu d'Angleterre, parce que ça fait partie de mes souvenirs aussi de jeune homme,
05:55 en regardant le foot comme ça et cette équipe de France, je ne vais pas dire que c'est grâce à ça ou à cause de ça que je suis en France aujourd'hui,
06:02 mais cette génération de joueurs m'a fait tomber un petit peu amoureux de cette équipe-là parce que c'était un peu romantique, les Platini, Giresse, Tigana, c'était magnifique quand même.
06:12 Tigana qui m'a remis le prix dont on parlait tout à l'heure, meilleur entraîneur.
06:18 Et donc, c'était aussi quelque chose de...
06:21 Quand je parle de quelque chose d'un peu émouvant, le fait que ça soit aussi quelqu'un que j'ai vraiment suivi, alors je ne sais pas s'il a admiré, mais oui, Platini, Giresse, Fernandez et d'autres, Baptiston, Ambrose...
06:35 Deux ans plus tard, un champion d'Europe quand même.
06:37 Oui, peut-être grâce à cette déception-là.
06:40 Mais en 82, juste pour revenir là-dessus, tu disais, tu as 11 ans, tu étais à la maison.
06:45 Il n'y avait qui d'autre avec toi ?
06:46 Non, il n'y avait que nous, il n'y avait que mes parents et moi.
06:51 On avait regardé ce match vraiment juste en famille.
06:56 Toi, tu jouais déjà au foot ?
06:57 Oui.
06:58 Papa, il jouait au foot un petit peu aussi ?
06:59 Oui, mon père était joueur et entraîneur.
07:01 D'ailleurs, il était entraîneur-joueur dans des niveaux plus régionaux.
07:05 Et là, on était...
07:07 Moi, j'étais déjà au Football Club de Rouen depuis une saison.
07:11 Chez les Diables Rouges.
07:12 Chez les Diables Rouges, exactement.
07:13 The Red Devils de Rouen.
07:15 Stade Robert-Diochon.
07:16 Tu étais déjà un petit joueur de foot à Rouen ?
07:19 Oui.
07:20 Le match numéro 2, parce qu'il faut avancer.
07:24 Le match numéro 2, c'est justement un an plus tard.
07:29 Moi, je suis arrivé au FC Rouen en 81, comme joueur, à 10 ans.
07:35 Et ce match-là, dans les années saison 82-83.
07:39 Le 31 août 1983.
07:41 Non, 83-84.
07:42 Rouen 7.
07:43 Rouen 7, Nancy 1.
07:45 Oui, c'est un match qui...
07:46 Forcément, il m'a marqué parce qu'il y a le résultat.
07:48 Il m'a marqué parce que j'étais dans la tribune, je n'avais pas de place de mémoire.
07:53 Et j'étais dans les escaliers, en fait.
07:55 Assis dans les escaliers.
07:56 De toute façon, on pouvait rentrer en tant que licencié du club.
08:00 Il n'y avait pas de place, donc j'étais dans les escaliers.
08:02 Et puis, ce match-là, il y a 5 buts de Jean-François Beltramini.
08:07 5 buts en Ligue 1.
08:09 C'était la D1 à l'époque.
08:11 Et puis, ce résultat de 7 à 1, c'était assez inimaginable.
08:16 Et donc, ça me rappelle mes souvenirs du FC Rouen, d'une époque où...
08:24 Parce qu'après, j'ai joué pendant 14 ans dans ce club.
08:27 Un club qui m'a évidemment fort marqué.
08:29 Et puis, voilà.
08:31 7 à 1, 5 buts de Beltramini.
08:33 Cette équipe, parce qu'avec mon père, on allait très régulièrement la voir.
08:38 Pendant plusieurs années, on suivait les matchs de l'équipe pro du FC Rouen.
08:43 Je prenais ma frite saucisse et je faisais régulièrement tomber ma saucisse, d'ailleurs.
08:47 Mon père me dit "C'est pas possible".
08:49 Mais si.
08:50 J'étais tellement bimbulé par le match que la saucisse, elle finissait toujours par terre.
08:54 - Est-ce que tu la ramassais quand même ? - Non, je ne la ramassais pas.
08:57 Mon père allait m'en rechercher une et puis je la mangeais directement.
09:00 C'est ça, la vérité.
09:01 - C'est quelque chose, le foot, d'aller regarder les matchs avec son père comme ça,
09:04 c'est quelque chose qui...
09:05 C'est des souvenirs forts ?
09:06 - Oui, c'est des souvenirs forts.
09:08 Parce qu'on allait voir le FC Rouen qui était à la fois le club de la région et en même
09:12 temps mon club puisque j'étais licencié.
09:13 Et puis après, ça c'était le vendredi ou le samedi, le samedi plutôt.
09:17 Et puis le dimanche, moi j'avais joué le samedi après-midi et le dimanche, je suivais
09:24 mon père qui était entraîneur joueur au niveau local.
09:28 Et donc en fait, les week-ends, c'était football, football et football.
09:32 - Et maman alors là-dedans ? - Et maman, elle allait suivre son fils.
09:35 Elle allait voir son mari régulièrement, notamment quand mon père jouait à domicile,
09:43 pas forcément à l'extérieur.
09:44 Mais elle nous a toujours intelligemment accompagnés et moi le premier.
09:49 - Elle n'a pas subi tout ça ? Elle était tendre et bête ?
09:52 - Non, non, non, elle n'a pas subi.
09:54 Elle regarde toujours d'ailleurs, voilà, ils ne sont plus ensemble mais ils regardent
09:57 toujours de leur côté les matchs maintenant du RC Nantes.
10:00 Mais non, non, elle n'a pas subi...
10:02 Enfin, elle n'a pas fait que subir le football, voilà, pas uniquement.
10:06 - Oui, ça me rappelle des souvenirs à la maison, sauf que c'était pareil, mon père
10:10 jouait, moi je jouais, enfin tout le monde était au foot tous les week-ends et ma mère
10:14 était là à nous nettoyer tout ça tous les week-ends.
10:18 Vous allez regarder les images de ce match 7-1.
10:22 Donc j'ai vu les buts de Beltramini, mais le but le plus exceptionnel s'est marqué
10:28 par Djamel...
10:29 - Djamel Klemkani.
10:30 - Oui, l'ingérieur.
10:31 - Oui, c'était un joueur exceptionnel.
10:33 - Je vous le recommande, allez chercher sur YouTube, je ne sais pas où.
10:36 Rouen 7-1, c'est le cinquième but.
10:39 Il nous fait un festival.
10:41 - C'était un joueur qui avait une classe hors normes.
10:46 Voilà, Rouen c'était un peu un magicien, un gaucher très technique, voilà, qui était
10:55 imprévisible, mais très élégant et qui était capable de gestes dingues.
11:04 - J'ai bien aimé retrouver, parce que je n'avais jamais vu ça évidemment, donc merci,
11:08 et découvrir ce joueur-là, je me suis dit "Waouh, si j'étais jeune supporter dans
11:13 le stade ce joueur-là, je serais tombé amoureux de ce gars-là".
11:16 C'était impressionnant.
11:17 - C'était un des joueurs qui m'a énormément marqué dans cette époque-là où il a joué
11:24 quelques saisons, il a joué aussi je crois dans le sud de la France, il avait dû jouer
11:27 à Toulon aussi, il a bourlingué un peu, mais à Rouen c'était une idole.
11:33 - Le match numéro 3, on est le 1er avril 1989, désormais 6 ans plus tard, toujours
11:40 Rouen, Rouen 0, Kemper 1.
11:43 Pourquoi ce match-là ?
11:44 - Parce que c'est mon premier match, ma première participation, ma première titularisation
11:51 comme joueur professionnel, alors que je n'avais pas encore 18 ans d'ailleurs, avec Arnaud
11:57 Dos Santos, le coach Dos Santos qui a aussi été un coach du Racing Club de Lens, et
12:03 qui m'a lancé, qui a lancé d'ailleurs beaucoup de jeunes du UFC Rouen à cette
12:09 époque-là, comme Daniel Zorzetto quelques temps après, puisqu'il y avait un centre
12:14 de formation qui marchait très bien à Rouen, beaucoup de joueurs issus du centre de formation.
12:18 Et donc c'était mon premier match, un souvenir qui n'était pas forcément mémorable puisqu'on
12:22 a perdu à Kemper, mais ça reste mémorable pour moi parce qu'un premier match, première
12:27 titularisation chez les professionnels, on s'en rappelle toujours, forcément.
12:33 - J'imagine !
12:34 - Oui, on s'en rappelle.
12:35 - J'ai pas beaucoup imaginé !
12:36 - Surtout que 15 jours avant, l'équipe pro jouait à Guegnon, c'était ma première
12:44 apparition dans le groupe, et je devais rentrer, mais là j'étais remplaçant, je devais rentrer
12:50 à 20-25 minutes de la fin, donc le coach me rappelle sur le banc pour me dire "bon bah
12:55 tu vas rentrer", et le joueur, donc Denis Jouan, qui était une figure latérale gauche
13:01 du UFC Rouen, Denis Jouan, que j'allais remplacer, se fait expulser.
13:07 Voilà, donc juste avant que je rentre.
13:10 J'ai toujours eu un doute d'ailleurs si Denis voulait pas me laisser la place.
13:13 Il s'est fait expulser avant, mais non, ça c'est une plaisanterie.
13:17 Mais donc je me suis rassis sur le banc, et puis 15 jours plus tard, c'était le premier
13:25 match à Quimper.
13:26 - Pour ceux qui t'ont pas vu jouer, tu étais quel genre de joueur toi ?
13:30 - J'étais gaucher, j'avais un bon pied, après j'étais un joueur engagé, on en faisait
13:39 un peu dans les années 80-90 aussi.
13:41 J'étais formé au milieu, donc j'aimais bien le jeu, et puis au fur et à mesure j'ai
13:46 reculé.
13:47 Et puis après j'ai beaucoup joué latérale gauche ou même piston gauche d'ailleurs.
13:52 - Donc milieu défensif arrière gauche, c'est un peu le Kamavinga de ton époque.
13:55 - Ouais, ouais, avec un peu moins de qualité quand même que Kamavinga.
13:58 - Des ressemblances physiques évidemment, ce qui sera évident pour tout le monde qui
14:02 nous écoute aussi.
14:04 Est-ce que tu fais partie de ce syndicat des gauchers ? Il y a un truc avec les gauchers,
14:11 c'est le romantisme autour des gauchers.
14:13 - J'avoue que j'ai toujours un faible pour les gauchers.
14:18 Attention, je ne vais pas dire que je n'aime pas les droitiers, il n'y a pas de problème.
14:22 Mais je trouve que dans le toucher de balle, il y a des choses qui appartiennent aux gauchers.
14:30 Donc je dis toujours à notre cellule de recrutement qui n'est pas très loin d'ici, n'oubliez
14:36 pas les gauchers dans le recrutement, il m'en faut un certain nombre.
14:39 - D'accord, donc ça, ça vient de ton pied gauche à toi.
14:44 J'ai lu, j'ai pu lire et comprendre que quand tu étais joueur à Rouen, jeune joueur, tu
14:50 entraînais déjà un petit peu les gamins, les jeunes du club ?
14:53 - Oui, ça c'est à l'époque du centre de formation, donc quand j'avais 16 ans, enfin
14:58 de 16 à 17, 18 ans.
15:00 Ça faisait partie au départ d'une obligation que les jeunes de la formation donnent un
15:05 coup de main le mercredi après-midi pour entraîner les plus jeunes, les pupilles ou les minimes
15:11 de l'époque, ça doit dire quelque chose, d'ailleurs.
15:14 Et en fait, moi, de l'obligation, c'est très vite devenu un plaisir.
15:19 Donc même quand c'était plus devenu obligatoire la deuxième année, moi le mercredi, je continue
15:26 à donner un coup de main et aller entraîner les pupilles, les minimes, les 12-13 ans,
15:32 et essayer de les suivre en compétition aussi.
15:35 Après, j'ai aussi assez vite passé mes premiers diplômes parce que la fibre, elle était là.
15:40 - Ah oui, les diplômes ? - 18 ans, j'ai commencé mon premier diplôme d'entraîneur.
15:44 - Donc tu avais déjà, ça trottait déjà dans ta tête ?
15:47 - Oui, je le pense vraiment, je le dis, mais je pense que j'espérais faire une carrière
15:52 de joueur, voilà, j'ai fait une carrière honnête de joueur professionnel, mais je
15:57 savais que je deviendrais entraîneur.
15:58 Après, je ne savais pas à quel niveau, évidemment, c'est encore autre chose.
16:01 Mais je savais que je serais entraîneur et que j'avais l'ambition en tout cas d'en faire
16:05 mon métier, voilà, ça c'est sûr.
16:08 - Jeune comme ça, c'est assez rare.
16:10 - C'est vrai que c'est assez rare, mais j'avais vraiment ça en moi, ça c'est sûr.
16:13 - Ladies and gentlemen, vous écoutez les Matchs de ma vie, le podcast de Beanspour,
16:17 où notre invité raconte les cinq matchs de foot qui ont le plus marqué sa vie.
16:22 On arrive au match numéro 4 de Franck Heys, un match qui va parler à pas mal de gens
16:27 qui écoutent, un certain France-Brésil, finale de la Coupe du Monde 1998 au Stade
16:33 de France, le 3-0, Franck, pourquoi avoir choisi ce match-là parmi les quatre ?
16:37 - Alors, d'une part, parce que c'est quand même le premier titre mondial.
16:41 Je n'oublie pas l'Euro, bien sûr.
16:43 - 32 ans après l'équipe d'Angleterre.
16:46 - On a toujours eu un peu de retard sur vous, mais on accepte.
16:51 - Et depuis, vous nous avez bien oubliés.
16:53 - On a un peu mal au départ, mais quand on est lancé, des fois, on est pas mal.
16:58 - Vous passez loin devant, maintenant.
16:59 - Oui, parce que d'abord, c'est un moment, quand on est joueur, passionné, que l'équipe
17:07 de France gagne la Coupe du Monde en France.
17:10 Bon, évidemment que ça reste un moment très fort.
17:13 Moi, j'étais au cœur de ma carrière.
17:15 Donc, voilà, le foot était évidemment terriblement important.
17:20 Et puis, pourquoi ?
17:22 Parce qu'on était en famille.
17:23 Là, il y avait mes beaux-parents, ma mère avec son mari.
17:30 Il y avait mes grands-parents qui étaient encore là.
17:33 Donc, on avait...
17:34 Là, pour le coup, on était tous réunis dans ma belle famille autour de ce rendez-vous.
17:38 Donc, voilà, c'est un moment marquant.
17:41 Et puis, pour l'anecdote, ma fille aînée est née 12 jours plus tard, le 24 juillet
17:47 98.
17:48 Mais le 12 juillet, ma femme a eu en fait, en gros, des premières contractions.
17:51 - Ah oui ? - Oui.
17:52 - En regardant le match ? - Non, sur l'heure du midi.
17:56 - D'accord.
17:57 - Et donc là, je lui ai simplement dit, non, mais pas aujourd'hui.
18:00 En tout cas, moi, je ne bouge pas de la maison.
18:03 Ta mère est là.
18:05 Si ça doit...
18:06 J'arrive après la finale.
18:08 Et puis bon, je pense que ça l'a motivé pour garder encore notre fille aînée quelques
18:12 jours de plus.
18:13 Et voilà, elle a accouché 12 jours plus tard de l'Olympe.
18:18 - De l'Olympe.
18:19 Vous n'avez pas eu la tentation de l'appeler Zinedine ?
18:20 - Non, non.
18:21 - Après cette finale.
18:22 - Si tu étais un garçon, on lui aurait réfléchi.
18:25 Mais c'était une fille, donc on l'a appelée Lola.
18:27 - Pas mal, cette époque.
18:29 L'équipe de France, championne du monde et Lola qui arrive.
18:31 - Exactement.
18:32 - Formidable.
18:33 Et vous fêtez ça après ? Parce que vous êtes en famille.
18:36 Est-ce que ça reste un peu calme ?
18:37 - On a prévu.
18:38 - Tu as 27 ans, me semble-t-il.
18:40 - Oui, c'est ça.
18:41 - Tu n'es pas couru dans la rue avec une bière à la main ?
18:43 - Non, non.
18:44 On était dans la campagne, dans le nord de Rouen, vraiment à la campagne.
18:47 Mes beaux-parents sont toujours dans la campagne.
18:50 On a ouvert le champagne, évidemment, quand même.
18:53 Mais il y avait deux choses.
18:54 Il y avait un, ma femme qui était enceinte.
18:56 Et puis deux, le lendemain matin, on était en pleine préparation avec Beauvais.
19:01 A l'époque, je jouais à Beauvais.
19:02 Et le lendemain matin, on était en pleine prépa.
19:04 Et donc, je devais reprendre la route pas trop tard, parce qu'il y avait une heure et
19:08 quart de route pour aller à Beauvais et faire l'entraînement.
19:10 Donc, quand mon beau-père m'a dit "on sort, on va faire un tour", j'ai dit "non, non,
19:15 je reste à la maison, une coupe de champagne et demain matin, c'est l'entraînement".
19:19 - Sérieux ?
19:20 - Oui, oui, je sais l'être quand il le faut.
19:23 - J'étais un peu moins sérieux ce soir-là.
19:25 J'étais au stade, j'ai eu la chance.
19:27 Jeune, entre guillemets.
19:28 Journaliste, en tout cas, au Stade de France.
19:31 Papier écrit.
19:32 Une fois qu'on a fini à deux heures du matin, je prends le bus pour aller sur Paris.
19:37 Et je ne sais pas, tout le monde a vu les images, l'autoroute, le périph' bloqué.
19:42 Tous les journalistes internationaux, j'étais avec tous les étrangers, on descend à pied
19:47 le périph' pour arriver à l'avenue de la Grande Armée.
19:49 Il est trois heures du matin maintenant et c'est loin de monde, évidemment.
19:52 C'est la fête jusqu'au bout de la nuit.
19:54 Petit Anglais que je suis, j'ai trinqué avec tous les...
19:58 - OK.
19:59 - Non, mais ça reste...
20:00 - C'est une mémoire.
20:01 - Les étoiles prennent les jeux.
20:02 Donc, c'était formidable de vivre ça, d'être là, d'être dans ce pays pour vivre ça.
20:06 Et je me suis dit "mais qu'est-ce que ça doit être de gagner la Coupe du Monde ?" Et j'attends
20:10 toujours que l'Angleterre arrive en finale.
20:11 - Ça viendra.
20:12 - Ça va peut-être venir !
20:13 - Ça viendra.
20:14 - Avec Bellingham et compagnie.
20:15 - Oui, ça viendra.
20:16 - J'espère en tout cas.
20:17 Allez, c'est le dernier des cinq matchs qui ont le plus marqué ta vie, Franck.
20:21 Et tu nous as choisi le match de juin 2004.
20:26 C'est aussi un match que tous les Français vont s'en souvenir.
20:29 - C'est sûr.
20:30 - Stade Mayonnais 3, Brest 1.
20:31 Pourquoi celui-là ?
20:32 - Pourquoi celui-là ? Alors tous les Français, non, mais tous les Mayonnais vont s'en souvenir.
20:36 Voilà.
20:37 Enfin, en tout cas, ceux du Stade Mayonnais.
20:38 Pourquoi ? Parce que c'est ma première expérience d'entraîneur.
20:43 C'est la fin de la saison.
20:45 D'ailleurs, j'étais entraîneur joueur…
20:48 - Oui, tu arrives d'Angers.
20:49 - J'arrive d'Angers en octobre.
20:51 Je résilie mon contrat professionnel à Angers et je deviens entraîneur joueur du Stade
20:59 Mayonnais en octobre 2003.
21:01 - Cinquième niveau, c'est ça ?
21:02 - Cinquième niveau, exactement.
21:03 Un club qui est à ce moment-là vraiment en difficulté, qui est pour la première fois…
21:08 On a fêté, le club a fêté, il y a eu quelques articles dans la presse locale, les 20 ans
21:13 de la montée du Stade Mayonnais cet été.
21:16 Et moi, j'arrive, je reprends le club.
21:21 Ce n'était pas tout à fait aussi attendu.
21:23 Je devais passer un peu, donner un coup de main, être adjoint plus ou moins, joueur,
21:28 et puis reprendre l'équipe un an plus tard.
21:29 Finalement, le coach est parti, qui est un ami, Olivier Robourg, est parti et qui est
21:33 devenu un ami.
21:34 Quelques semaines avant, 15 jours avant que j'arrive, quand je suis arrivé dans le club,
21:40 j'ai repris l'équipe directement.
21:42 Et c'était une année exceptionnelle, d'une part parce qu'on a réussi avec l'équipe
21:49 et le staff à redresser la situation qui était quand même compliquée.
21:52 Et ça, c'est des matchs de barrage.
21:53 Donc en fait, on a eu une fin de saison où il a fallu gagner des matchs à l'arrache,
21:58 mais on les a gagnés pour pouvoir faire des barrages.
22:00 Et les barrages, c'était le 13e de CFA2 de l'époque, donc le Stade Mayennais, contre
22:06 deux équipes qui étaient deuxième du plus haut niveau régional, ou de Bretagne ou de
22:11 Picardie, à l'époque.
22:13 Donc il y avait Chantilly dans le groupe, la réserve de Brest et le Stade Mayennais.
22:18 Et il y avait une triangulaire.
22:19 Et ça, c'est le dernier match de la triangulaire pour rester en CFA2 ou pour y accéder, selon
22:26 le niveau où on était.
22:27 Et donc, ce match-là, on gagne 3-1, mais il fallait le gagner déjà dans le temps
22:33 réglementaire.
22:34 Mais à quatre minutes de la fin du temps réglementaire, on fait un 1.
22:38 Et donc, on marque à la 86e, puis à la 92e ou 93e.
22:42 Et donc, pour un club qui était dans le niveau fédéral depuis un an, qui n'avait jamais
22:50 été à ce niveau-là et qui pensait toute la saison ne pas y rester, voilà.
22:54 Et puis moi, c'était ma première expérience.
22:56 C'était un gros souvenir.
22:58 Ça m'a peut-être conforté.
23:00 Je ne sais pas si j'avais besoin d'être conforté dans l'idée d'être entraîneur.
23:03 Mais en tout cas, c'était une première expérience forte et une première belle expérience.
23:07 Tu as réussi ta mission, en quelque sorte.
23:09 C'est un boost.
23:10 Avec deux buts en toute fin de match.
23:13 Avec deux buts en toute fin de match.
23:14 Pourquoi parfois, ça tombe sur les tout petits détails.
23:18 Ça ne se joue pas grand-chose dans le football.
23:19 Il y a plein de choses qui ne se jouent pas grand-chose.
23:21 D'accord.
23:22 Et quand j'ai lu un petit peu par rapport à ton passage au Stade Mayenne, un de tes
23:26 potes joueurs à l'époque, il dit, il me semble, si j'ai bien compris, tu étais entraîneur
23:31 joueur et à un moment donné, tu décides que tu ne vas plus jouer.
23:35 Donc, est-ce que ça veut dire qu'en tant que joueur, tu t'es fait remplacer toi-même
23:40 pour finir ta carrière ?
23:41 Oui, c'est exactement ça.
23:44 C'est exactement ça.
23:45 D'abord, dès fois, dès que je pouvais, je sortais du terrain.
23:49 Parce que déjà, pour être entraîneur, être dans le cœur, c'est bien, mais être
23:55 trop proche du cœur, il faut trouver la bonne distance.
23:58 Très vite, j'avais compris qu'il fallait quand même quelque part prendre un peu de
24:01 hauteur et faire un pas de côté pour mieux voir ce qui se passait.
24:05 Et puis, à un moment, je ne m'entraînais quasiment plus.
24:09 Et puis après, il y avait des jeunes qui avaient avancé, notamment Pierre Petit, qui
24:14 était un des jeunes que j'avais fait monter du groupe des 18.
24:16 Ils étaient deux avec Damien Ventribou.
24:19 Il était carrément prêt pour jouer à ma place.
24:24 Donc, en fin de saison, à deux ou trois matchs avant la fin de saison, j'ai dit « ça y
24:31 est, pour moi, c'est terminé, je ne reviendrai plus sur le terrain.
24:34 » Et je me consacre à être sur le banc et essayer d'apporter ce que je peux apporter,
24:39 mais complètement sur le banc.
24:41 Au moins, c'est toi qui as décidé.
24:42 Ce n'est pas quelqu'un d'autre qui a dit « je ne veux plus de toi ». Tu as dit
24:45 « je ne veux plus de moi ». C'est ça.
24:47 Il y en a d'autres qui sont plus près que moi.
24:50 C'est mieux quand on peut décider de certaines choses.
24:53 Le maintien en CFA2, avec le Stade Meyennet, c'est le cinquième match de ta liste de
24:57 cinq matchs.
24:58 Et si on t'avait dit que 20 ans plus tard, tu serais entraîneur de la saison en Ligue
25:02 1 et en train de préparer des matchs de Ligue des Champions ?
25:04 J'aurais certainement rêvé.
25:07 Je n'aurais peut-être pas cru quand même.
25:11 Même si j'avais l'ambition d'aller le plus haut possible, mais je n'avais pas
25:16 une ambition comme chacun peut avoir.
25:20 J'avais quand même un rêve.
25:24 J'avais parlé en famille.
25:27 Je n'ai jamais été joueur de Ligue 1 puisque j'étais joueur qu'en Ligue 2.
25:31 Et j'avais quand même le rêve d'être un jour entraîneur en Ligue 1.
25:35 J'avais quand même ce rêve-là ou cet objectif.
25:37 Celui-là, le premier match avec l'Anse en Ligue 1, c'était contre Nice.
25:45 Comme je l'ai déjà dit, j'ai eu rarement des émotions fortes, en étant touché.
25:51 Même s'il y a des émotions autour de moi, je n'arrive pas à m'en préserver,
25:58 mais à trouver la bonne distance.
25:59 Mais ce jour-là, pendant 15 secondes, j'avoue qu'il y a eu une petite émotion un peu
26:04 plus puissante que d'habitude parce que je me suis dit, le rêve que tu avais d'être
26:08 un jour entraîneur en Ligue 1, tu y es.
26:11 Et en plus, quand même dans un club comme l'Anse, qui n'est pas n'importe quel club.
26:14 C'était le début d'une aventure et en même temps, tu étais en train de dire
26:22 "je suis arrivé en quelque sorte".
26:23 En tout cas, j'étais arrivé à un premier objectif, à ce niveau-là.
26:28 Après, forcément, quand on arrive à un niveau, il y a toujours envie d'aller au-dessus.
26:32 Sinon, je suis un compétiteur.
26:35 Mais c'était quand même un premier objectif qui était pour moi, qui suis évidemment
26:42 comme tout le monde, issu du football amateur, issu du football des villages.
26:45 Bon, ça a marqué quelque chose, ça c'est certain.
26:49 J'ai bien aimé parler de tout ça avec toi, Franck, et ces souvenirs de matchs.
26:53 Il y a longtemps, il y a moins longtemps, mais la dernière chose avant de te laisser
26:59 tranquille et aller préparer des matchs à venir, la Ligue des champions, c'est pas
27:04 loin.
27:05 Juste un mot sur le fait que ce qui m'a surpris, quand j'ai lu la liste des cinq
27:09 matchs, il n'y a pas de match assez long, justement.
27:11 Je dois dire, je pensais que tu allais peut-être pencher pour le centième match sur le banc
27:16 en Ligue 1 et cette victoire 3 contre le Paris Saint-Germain.
27:19 J'ai eu la chance d'être en tribune ce soir-là.
27:22 C'était quand même quelque chose d'assez exceptionnel.
27:25 Mais tu n'as pas choisi un match de l'Anse.
27:27 Non, je n'ai pas choisi un match parce qu'en fait, ces cinq matchs, ou même le sixième
27:31 dont on a parlé au départ, ce sont les matchs qui m'ont construit à la fois en tant que
27:36 joueur, éducateur, entraîneur, homme, évidemment, homme aussi.
27:42 Je suis à l'Anse d'entraîneur pro depuis trois ans et demi, au club depuis sept ans
27:51 bientôt.
27:52 Je parlerai certainement des matchs de l'Anse le jour où je ne serai plus entraîneur
27:56 de l'Anse.
27:57 Quand je reviendrai, fais un numéro de ce podcast dans quelques années, tu me diras
28:02 que je me souviens de ce match quand on a tapé les Parisiens.
28:07 Merci beaucoup d'avoir partagé ces matchs, ces souvenirs, ces moments de vie avec nous
28:14 et on vous souhaite plein d'autres matchs mémorables à venir.
28:17 Merci et merci Larry.
28:18 Merci beaucoup Franck et merci à vous de nous avoir écoutés.
28:21 Si notre podcast vous plaît, n'hésitez pas à partager avec vos amis.
28:24 Et si vous n'avez pas aimé, vous pourrez envoyer un lien à vos ennemis.
28:28 En tous les cas, vos commentaires sont bien utiles et merci de nous donner cinq étoiles
28:33 sur la plateforme où vous nous écoutez.
28:34 A très vite pour un nouvel épisode de Les Matchs de ma vie.
28:38 Bye bye.
28:38 [Musique]
28:46 [Musique]

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