• il y a 5 mois

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Sport
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00:00Hello et bienvenue sur le podcast Les Matchs de ma vie ! A travers 5 matchs de foot, notre
00:06invité parle de son amour pour ce sport et nous ouvre ainsi sur quelques chapitres de
00:10sa vie.
00:115 matchs à raconter, beaucoup de bonheur à partager avec vous, où que vous soyez,
00:15où que vous nous écoutiez.
00:16Merci déjà de nous avoir choisis, c'est parti pour ce nouveau numéro 2 de Les Matchs
00:20de ma vie avec moi, Darren Tullette et notre invité aujourd'hui qui est…
00:24Vincent Duluc.
00:26Oui, il y avait une petite hésitation, mais il s'est souvenu de comment il s'appelle.
00:31Ravi de t'avoir avec nous Vincent, belle plume de l'équipe Journal Sportif dans
00:35laquelle je prends beaucoup de plaisir.
00:36Quand des millions de Français attendent l'IA depuis très longtemps, c'est là
00:40où j'ai appris le français quand je suis arrivé en France, en lisant l'équipe
00:45tous les matins.
00:46Ça m'a vachement aidé, même si tu vois que j'ai encore du mal à m'exprimer
00:52en français.
00:53Journaliste sportif donc, écrivain aussi, et puis bien sûr, on a pris l'habitude
00:57de te voir à la télé, toi aussi ces dernières années.
00:59Vincent, on te l'aurait dit au début de ta carrière, tu aurais pensé quoi ?
01:03J'aurais eu du mal à y penser, d'autant qu'avant 20 ans, j'étais légèrement
01:08bègue et je ne me voyais pas vraiment à la télé, donc non, j'imaginais pas ça
01:14du tout.
01:15Mais ce n'est pas désagréable, j'ai commencé avec Eugène Saccomano à la fin
01:18des années 90 et on continue aujourd'hui avec notamment l'équipe du soir, c'est
01:22sympa.
01:23Oui, quand on est bien entouré, c'est plus sympa de toute façon.
01:26Toi qui as dû regarder des milliers de matchs pour le boulot, mais aussi pour le
01:29plaisir, à quel point ça a été difficile de ne choisir que cinq matchs, Vincent ?
01:33Ça a été atroce, ça a été avereux.
01:36J'ai essayé du coup de choisir des dates un peu différentes, mais qui aient tout
01:39un sens pour moi, soit sentimental, soit éventuellement professionnel, mais qui ne
01:47se ressemblent pas trop dans l'idéal.
01:48On va voir ça, on attaque tout de suite les matchs de la vie de Vincent Duluc.
01:53Match numéro un, quel est ton choix et pourquoi ?
01:55C'est Saint-Étienne-Kieff en 1976.
01:59Ce n'est pas ce que tu m'avais dit, dans le sens chronologique.
02:04Ah, chronologique, pardon, je suis désolé, évidemment, c'est le match numéro un,
02:08mais pour le coup, c'est le match nourricier qui a tout changé pour moi.
02:12C'est un Arsenal-Volvairampton à Pâques 1972 à Aybury, j'étais à Londres avec
02:17mes parents et j'avais vu Arsenal battre Volvairampton.
02:21Oui, ça alors, c'est original comme choix, effectivement, parce que personne n'avait
02:25choisi le match de 1972 entre Arsenal et Wolverhampton Wanderers à Aybury jusqu'à là.
02:30Donc raconte-nous ce que tu faisais à Londres à ce moment-là et comment tu t'es retrouvé au stade ?
02:34En fait, ma mère était prof d'anglais et donc chaque année, dans la fratrie,
02:39on était quatre, trois garçons et une fille, et chaque année, ils emmenaient un des enfants
02:43en Angleterre et cette année-là, c'était mon tour.
02:46Et donc, mon père avait acheté des places pour aller à Aybury et c'était la première fois de ma vie
02:52que je voyais un match en couleur, parce qu'à l'époque, on n'avait pas l'habitude déjà.
02:57À la télé, c'était en noir et blanc.
02:58C'était un samedi après-midi et le truc qui m'avait autant fasciné que le match,
03:02c'est que le samedi soir à l'hôtel, en rentrant, on avait vu le match of the day
03:06et que j'avais revu les images de match que j'avais vues l'après-midi.
03:08Alors ça, ça ne m'était jamais arrivé, c'était d'une magie absolue.
03:11Ah oui, j'imagine bien.
03:12Alors Aybury, en plus, c'est un stade, parce que tu avais à peine ou presque dix ans à cette époque-là.
03:18J'avais neuf ans, oui.
03:20Donc, à ce moment-là, tu ne pouvais pas savoir tout ce que ce stade allait représenter,
03:24peut-être même pour toi plus tard.
03:26Non, je ne pouvais pas savoir que je retournerais pour le travail aussi souvent,
03:30que j'y verrais autant de Français et ils laissaient une trace.
03:34Mais j'ai un grand souvenir magique.
03:36Il y a une scène du film Carton Jaune, Fever Pitch, Danny Cornby.
03:41Évidemment, j'ai lu le livre, mais le film était tout à fait honorable.
03:45Il y a une scène du film où le gamin, comme ça, monte les marches d'Aybury avec son père.
03:51Il trouve que la vie est normale et tout d'un coup, il arrive en haut des marches et foum !
03:55Il prend dans la tête le stade, le public, les gens dans les terrasses et tout, les champs.
03:59Et tout d'un coup, il bascule à vie.
04:03Mais c'est un peu ce qui m'est arrivé.
04:04Et voilà, j'ai plongé dans ce bain-là et j'ai passé ma vie à essayer d'y retourner.
04:09Mais on partage, en quelque sorte, cette expérience-là.
04:12Parce que moi, gamin un peu plus âgé, quand j'avais mes 18 ans,
04:15j'allais à Aybury regarder les Gunners et j'étais derrière le but avec mes potes.
04:20Et d'imaginer que quelques années plus tard,
04:23je serais de retour en tant que journaliste dans un premier temps,
04:27dans la presse écrite, c'était déjà pas mal, mais encore quelques années en avance,
04:30en train de faire des interviews avec les stars de l'équipe en français en plus.
04:35C'était impossible d'imaginer de telles choses.
04:37Quels sont tes souvenirs du match ?
04:39Est-ce qu'il y a quelques images de cette équipe d'Arsenal-là ?
04:42Parce que je l'avais pas mal de noms en tête,
04:45mais c'était l'époque de Charlie George et John Radford,
04:50des gros flaquettes formidables.
04:52Je connais à peu près l'équipe Parker encore, que j'ai vu jouer.
04:56Je la connais d'autant mieux que 20 ou 30 années plus tard,
05:01j'ai racheté le programme à Aybury.
05:03Tu sais que sur Avenue Road, la petite rue qui remonte vers le fond du stade,
05:08il y a toujours des boîtes comme les bouquins Nice, mais avec les vieux programmes.
05:12Et j'ai retrouvé le programme de ce match, donc j'ai racheté le programme de ce match.
05:16Et quelqu'un avait mis au stylo l'équipe qui avait débuté, etc.
05:20Alors je savais à un ou deux près,
05:22je savais que Charlie George n'était pas là ce jour-là.
05:24Il n'avait pas joué.
05:25Je crois que c'était Peter Marinello qui avait joué à sa place devant.
05:28Mais il y avait Radford, il y avait Armstrong, il y avait Graham,
05:31il y avait McClintock, il y avait Ray Kennedy,
05:35il y avait Bob Wilson, il y avait tout ça, Simpson, Rice, il y avait tout ça.
05:41Et il y avait Alan Ball, mais avec Wolverhampton.
05:44Il était avec Wolverhampton, Alan Ball ?
05:45Absolument, absolument ce jour-là.
05:47Ça, ça m'avait échappé, oui.
05:49Oui, mais effectivement, Rice, qui était l'adjoint d'Arsène Wenger pendant toutes ces années,
05:54qui était arrière droit ce jour de 72,
05:57quand tu te retrouves à Aybury et ta vie change.
06:00Voilà, et celui que j'ai oublié, c'est McNabb.
06:03Et là, je pense que j'ai dit les 11 à peu près.
06:04Tu as eu tout le monde, pas mal du tout.
06:07Toi qui es né le 6 septembre 62 à Vichy, c'était ta première fois aussi en Angleterre ?
06:14C'était mon premier match en Angleterre.
06:16Je pense que j'étais déjà allé en Angleterre parce que c'était vraiment,
06:20encore une fois, ma mère y allait assez souvent.
06:22J'ai fait tous les échanges scolaires possibles et imaginables.
06:25Je me suis retrouvé plusieurs années de suite à Chesterfield, dans le Derbyshire,
06:29chez le premier international black de Jeux à 13 de l'équipe d'Angleterre,
06:33qui s'appelait Cecil Thompson, qui était un type fascinant,
06:37qui avait fait un bouquin sur sa vie et tout.
06:38Donc, je suis vraiment allé souvent.
06:40Mais oui, c'est le bain original.
06:44C'est le vaccin, pas le vaccin, mais c'est le virus plutôt que le vaccin.
06:51Et à 9 ans, tu es déjà fan de foot ? Tu es joueur de foot ?
06:55À 9 ans, je joue déjà en poussin à Bourg-Pérona, absolument, au FC Bourg-Pérona.
07:01Et je suis déjà fan de foot.
07:03Je lis déjà l'équipe quasiment tous les jours.
07:05Je lis France Football, je lis Buttes, je lis Miroir du foot, je lis Football Magazine.
07:10Je me rends compte que j'ai commencé vraiment très, très jeune.
07:13J'ai toujours dévoré la presse.
07:15En général, c'est mon père qui le ramenait à la maison.
07:18Mais dès que j'ai eu un peu d'argent de poche et qu'il le ramenait moins,
07:21j'allais acheter les compléments moi-même.
07:25Et j'ai adoré ça.
07:26Mais surtout, en arrivant en Angleterre, ce que j'ai adoré, c'est qu'il y avait du foot partout.
07:30Dans tous les marchands de journaux, il y avait des...
07:34Voilà, et Match of the Day, qu'on soupçonne pas l'existence de cette émission-là,
07:40avec le générique, la musique des mariachis, c'était magique.
07:44Oui, c'est vrai, c'est des bons souvenirs, ça.
07:46Et quand tu as donc 9 ans, le jour de ce match-là,
07:51t'es quel genre d'enfant ? Raconte un peu ton enfance, alors.
07:53Il y a qui à la maison, déjà ?
07:55J'ai un frère aîné, un frère cadet et une sœur qui est plus jeune.
08:00Mon frère cadet a joué un peu au foot avec moi de temps en temps.
08:04Enfin, il a fait 2-3 saisons.
08:06Mais je suis le plus passionné de foot.
08:09Mon père est stéphanois et il allait à Geoffroy-Guichard quand il était très jeune.
08:12Il a toujours été supporter de la Sainte-Étienne.
08:17Et donc, c'est lui qui a ramené un peu le foot à la maison.
08:21Ma mère était totalement indifférente.
08:23Et je pense qu'effectivement, elle est allée à Ibury pour me faire plaisir,
08:26qu'elle aurait préféré me traîner au British Museum.
08:29Mais d'ailleurs, elle m'a traîné au British Museum.
08:31Parce que je me souviens que cette année-là, on voulait aller au British Museum.
08:35Il y avait à peu près 4 kilomètres de queue pour Toutankhamon qui était là à ce moment-là.
08:39Il y avait Toutankhamon, donc c'était impossible.
08:41Mais voilà, c'était où j'avais dû dire je veux bien aller au musée,
08:45mais on va au foot ou un truc comme ça.
08:47Je te donne un Toutankhamon si tu me donnes un Ray Kennedy en échange.
08:52Oui, pas mal.
08:53Et donc, tu es déjà sportif et tu joues au foot.
08:56Mais à quel poste ?
08:57Je joue gardien déjà.
08:58Je joue gardien, même si en poussin, des fois, on changeait pas mal de postes.
09:02Mais je jouais déjà gardien et mon idole n'était pas Jennings déjà.
09:06Alors que ce n'était pas encore le gardien d'Arsenal, c'était le gardien de Tottenham à l'époque.
09:12Il est venu à Arsenal plus tard.
09:14Mais j'adorais ça.
09:15Mais ce qui est étrange, c'est qu'à l'époque, on construit une mythologie sur l'imaginaire
09:19parce qu'on ne voit pas les matchs.
09:21On ne les voit quasiment pas.
09:22On voit des photos, on lit deux, trois choses qui peuvent nous marquer.
09:26On voit des résumés dans le meilleur des cas.
09:28Mais c'est tout.
09:29Donc, c'était juste des photos.
09:31Il y avait notamment une photo de lui sur une sortie aérienne.
09:33Il tenait un main nu, un ballon blanc comme ça sur la poitrine avec son beau maillot vert,
09:38ses cheveux un peu long, etc.
09:40Et tout. Et voilà, je trouvais qu'il dégageait quelque chose d'assez incroyable.
09:44Et donc, j'ai toujours adoré Pat Jennings.
09:46Pat Jennings, réputé pour avoir des mains énormes.
09:48Effectivement, je me souviens.
09:50Le joueur de Tottenham qui était quand même gardien pour Arsenal par la suite.
09:53Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui ont fait le switch entre les deux clubs.
09:56Sol Campbell, plus récemment.
09:58Oui, mais il l'a plus mal vécu, lui.
10:00Oui, oh là là.
10:01J'étais à Tottenham le jour où il est revenu avec Arsenal.
10:04Il y avait 40 000 panneaux Judas et tout le monde criait Judas, Judas.
10:09Horrible, horrible.
10:11C'est affreux.
10:12On va avancer vers match numéro deux.
10:13Vincent, tu nous as déjà teasé un peu tout à l'heure.
10:17Le 17 mars 1976 au Chaudron, donc Saint-Etienne, le club de ton papa,
10:22pour ce match de Coupe d'Europe contre Dinamo-Kiev.
10:25Alors pourquoi tu choisis ce match-là?
10:27Ah, parce que c'est mon premier match.
10:30C'est mon premier grand match en France.
10:31J'étais donc déligé à l'Arsenal, mais c'est mon premier grand match en France.
10:35Et ce n'est pas n'importe quel match.
10:36C'est mon premier match à Geoffroy Guichard.
10:37Alors, pour le coup, la mythologie des Verts et de Geoffroy Guichard,
10:40elle existait à la maison.
10:42Parce que mon père était déjà allé souvent aux matchs avec ses copains,
10:44mais il ne m'avait jamais emmené.
10:46Et en fait, c'est un peu à lui quand même que je dois être allé à ce match,
10:49parce qu'il était prof de lettre dans mon lycée,
10:52dans le lycée Lalande à Bourg-en-Bresse.
10:54Et à l'époque, ils avaient décidé d'organiser un voyage pour ce match avec le lycée.
10:59Donc, en fait, le lycée avait fait deux bus, je crois.
11:02À l'époque, il devait envoyer une lettre à la Sainte-Étienne avec un chèque.
11:05Et puis voilà, ils recevaient les places.
11:07Normal, la vie quoi, ce n'était pas compliqué.
11:10Donc, on était partis en bus l'après-midi et puis on était arrivés très tôt à Sainte-Étienne.
11:14Je me rappelle peut-être vers 4h30.
11:16Je me souviens que les portes, elles s'étaient ouvertes à 5h30.
11:19Je m'étais précipité contre le grillage au milieu du bus,
11:22juste contre le grillage, vraiment, pour être le plus près possible.
11:25Surtout qu'à 13 ans, je ne sais pas combien je faisais,
11:27mais je devais faire un petit 1,50 mètre, un truc comme ça.
11:29Et qu'enlevé de rideau, il y avait eu Laurent Rousset avec les minimes de Masargues,
11:33parce qu'il avait signé un contrat de non-sollicitation, etc.
11:36Mais cette soirée avait été complètement magique, incroyable.
11:39Et j'étais au milieu du bus,
11:41là où Dominique Rocheteau a marqué le but de la qualification à Rudakov
11:45sur le centre de Patrick Ravelli.
11:48Et c'est une soirée complètement fantastique,
11:50mais qui m'a vraiment marqué la vie, oui, vraiment.
11:54J'imagine bien, rappelant à notre audience,
11:58qu'il y avait eu 2-0 à l'allée.
12:00C'est ça. Sainte-Étienne avait joué non pas à Kiev,
12:03mais avait joué à Simferopol, en Crimée,
12:06dans la neige, ce match à l'allée, et ils avaient perdu 2-0.
12:10Et voilà, la saison précédente, il y avait déjà eu un exploit des Verts,
12:15parce qu'ils avaient perdu 4-1 à Split et ils avaient gagné 5-1 au retour.
12:18Donc, il y avait déjà une espèce de mythologie du renversement,
12:21on dirait aujourd'hui de la remontada.
12:23Mais à l'époque, on appelait ça juste un exploit, c'était banal.
12:27Donc, il y avait ça dans l'air un peu.
12:28Et je me souviens d'une ambiance assourdissante,
12:32complètement folle, avec des chants.
12:34Il n'y avait pas d'ultra, il n'y avait pas de capot,
12:37il n'y avait pas de chant organisé.
12:39Le chant le plus organisé de l'époque qui existait,
12:41c'était « Allez les Verts » sur l'air d'Ave Maria.
12:44Oui, ça faisait « Allez, allez, allez les Verts » sur l'air d'Ave Maria.
12:49Et c'était incroyable, c'était incroyable.
12:51Et c'est Oleg Blokin qui est en face, en plus, Ballandor.
12:54Oleg Blokin, Ballandor 75, qui est en face et qui a une balle incroyable
13:00de 2-1 à 2-0.
13:03Ah non, de 1 partout, pardon.
13:051-0 pour les Verts, il a un contre à 2 contre 1 avec Onitschenko.
13:09Et il attend, et il attend, et Christian Lopez revient,
13:11sauve et sur la contre-attaque, deuxième but d'Hervé Réveilly, 2-0.
13:15Et c'est comme ça que ça bascule.
13:16Donc, voilà, il y avait tout ce soir-là.
13:20Et c'est vraiment la soirée qui a profondément marqué mon adolescence.
13:24Et Dominique Rocheteau qui marque lors des prolongations, c'est ça ?
13:28Le troisième but ?
13:29Oui, absolument. Alors qu'il a la bouche en sang,
13:32parce qu'il est complètement épuisé, il a les chaussettes complètement en bas,
13:36il n'arrive plus à marquer, il percute le crampe et ça finit comme ça.
13:40Et c'était complètement incroyable.
13:41Le lendemain matin, je ne suis pas allé au lycée, je ne me suis pas levé.
13:45Ah non, il fallait marquer le coup et voilà.
13:48Je me suis fait engueuler, mais ça valait le coup.
13:50Oui, ton père, en tant que supporter de Saint-Étienne...
13:52Oui, mais bon, il avait râlé quand même.
13:55Mais on était rentrés à 3h, 4h du matin.
13:57J'avais estimé qu'il fallait quand même que ça méritait une prime.
14:01Oui, quand même.
14:03Et tous ces gamins qui ont eu la chance de vivre ça ensemble en plus.
14:08J'ai du mal à penser qu'effectivement aujourd'hui,
14:11qu'il puisse se passer un truc comme ça.
14:13Mais j'ai du mal à imaginer qu'un lycée lambda à 150 km de l'endroit
14:18arriverait à avoir 80 places ou 100 places et que ça ne posera aucun problème.
14:22Pour ça, c'était assez fou, mais ça se faisait aussi simplement que ça à l'époque.
14:30Oui, à notre temps, mais c'était quand même bien.
14:33Mais à l'époque, pour acheter des places de foot,
14:36il fallait effectivement remplir un bon de commande dans le journal souvent,
14:40envoyer un chèque et recevait les billets par la poste.
14:42C'était ça l'histoire, mais oui.
14:45Alors que nous, en Angleterre, on devait aller au stade et juste attendre.
14:48Parfois des heures derrière le but pour avoir...
14:51Mais bon, c'était premier venu, premier servi.
14:53Tu as 13-14 ans au moment de ce match-là à Saint-Étienne.
14:58Tu sais déjà ce que tu as envie de faire plus tard à ce moment-là ?
15:01Non, pas du tout.
15:02Tu es encore fou de foot ?
15:03Oui, je suis vraiment très fou de foot.
15:07Je suis un fou de foot un peu frustré parce qu'à cette époque-là,
15:11on a 6-7 matchs par an.
15:14À cette époque, surtout, les présidents visionnaires pensent que la télé va vider les stades
15:18et donc décident l'occultation.
15:19C'est-à-dire que les antennes régionales étaient privées des matchs qui avaient lieu dans le coin.
15:26C'est-à-dire que nous, à Bourg-en-Bresse, à 150 kilomètres de Saint-Étienne,
15:30on n'avait pas les matchs de Saint-Étienne en Coupe d'Europe.
15:32C'est-à-dire qu'il fallait prendre le téléportable du voisin,
15:37faire en sorte que l'antenne, au lieu d'être sur le col d'Upilat,
15:40aille vers le pays de Jax et la Suisse, au col de La Faucille.
15:43Et on avait une espèce d'image un peu qui était un peu grillagée,
15:46un peu comme Canal sans son décodeur.
15:50Et on arrivait à suivre comme ça.
15:52Et je me souviens d'avoir suivi comme ça dans la cuisine avec le téléport du voisin,
15:55branché sur le col de La Faucille à Saint-Étienne-Rangers, Glasgow Rangers, cette année-là.
15:59Donc, la vie était difficile pour les gens qui aimaient le foot.
16:02C'est fou quand même. Quand on pense maintenant qu'effectivement, ils pensaient beaucoup à ça.
16:06Même en Angleterre aujourd'hui, le fait qu'il n'y ait aucun match de 15 heures,
16:11quand la plupart des clubs jouent en Angleterre,
16:13on n'a pas le droit de diffuser un match en direct.
16:15Ça racine dans la même idée que si le match est à la télé, personne ne va venir au stade,
16:19alors que les stades sont pleins.
16:21Et plus on voit de matchs à la télé, plus les stades sont pleins, en fait.
16:24Oui, puis même quelles que soient les divisions,
16:26c'est-à-dire qu'on pourrait vouloir préserver les autres divisions.
16:29Mais les autres divisions, je ne suis pas sûr que ça changerait.
16:32Parce que le côté clanique et le sentiment de l'appartenance
16:35est bien plus important en Angleterre qu'une espèce d'amour global du football
16:39qui ferait qu'on resterait à la maison le samedi après-midi entre 15h et 17h.
16:42Non, et puis aussi, c'est peut-être une question d'horaire aussi,
16:44parce que moi, je râle souvent contre les matchs en France à 21h.
16:48Ça me tue. C'est tellement contre l'idée de pouvoir y aller en famille,
16:53pouvoir emmener les enfants, si le match commence à 21h.
16:57C'est aussi ça, c'est culturel, mais en Angleterre, à l'Allemagne,
16:59effectivement, c'est l'après-midi, donc tout le monde peut y aller.
17:01En Angleterre, on voit ça que le lundi soir et pour certains matchs en retard.
17:04Mais c'est vraiment l'exception.
17:05Oui, oui, c'est tout le monde râle.
17:08Donc, tu ne sais pas ce que tu vas faire plus tard à cet âge-là ?
17:09Non, je ne sais pas. Je suis plutôt un cancre à l'école, c'est la réalité.
17:13C'est-à-dire qu'étant fils de prof, comme ce n'est jamais assez bien,
17:16du coup, je me suis dit que je n'allais mieux rien faire, ce n'était pas la peine.
17:19Le rebelle.
17:20C'était plus simple.
17:21Et puis, le côté bon élève a déjà été pris par mon frère aîné,
17:24donc ce n'était vraiment pas la peine, je n'allais pas l'imiter comme ça.
17:28Donc, non, non, j'étais vraiment un cancre et je ne faisais pas grand-chose.
17:33Bon, si, je lisais un peu, voire beaucoup, mais c'était à peu près tout.
17:37Et ça, lorsque je voulais faire plus tard,
17:40non, j'avais envie de jouer au foot, j'avais envie de...
17:43Mais le reste, non, non, je n'avais absolument aucune idée.
17:47Et tu étais un bon gardien de but, alors ?
17:49Non, je n'étais pas un très bon gardien de but, non.
17:51J'étais un gardien qui faisait avec ses moyens,
17:55qui n'était pas trop mal placé, mais qui n'a pas des qualités naturelles, exceptionnelles.
18:00Je n'allais pas très vite, je ne sautais pas très haut,
18:02je n'étais pas très spectaculaire, mais j'étais à peu près là où ça se passait.
18:06Donc, dans les bons jours, ça allait, quoi.
18:08Oui, mais tu jouais dans une équipe ?
18:10Oui, bien sûr, j'ai joué à Bourg-Péronnage,
18:11j'ai joué en minime, en cadet, en junior, en réserve.
18:15J'ai joué, j'ai fait quelques matchs en cadet-ligue, en junior de ligue,
18:18voilà, des choses comme ça, c'est tout.
18:19Tu avais un petit niveau correct, quand même.
18:21Oui, mais rien, rien de...
18:22J'ai manqué à personne quand j'ai arrêté, à 20 ans,
18:25parce que justement, je travaillais déjà.
18:27Ah ben, on va arriver, justement.
18:29Il s'en sort mis très bien, je crois.
18:31Oui, quand même, sans toi.
18:33Match numéro 3, alors Vincent, effectivement, on est le 23 juin,
18:361984, au Stade Vélodrome de Marseille,
18:39demi-finale de l'Euro 1984, France-Portugal.
18:43Alors, je suis déjà journaliste,
18:44mais évidemment, je ne suis pas accrédité pour l'Euro, j'ai 21 ans,
18:47je suis journaliste à l'Agence du Progrès, à Bourg-en-Bresse,
18:49et le seul papier de l'Euro qu'on me demande,
18:51c'est un papier d'ambiance sur les supporters du Danemark
18:54qui ont envahi le camping de Bourg-en-Bresse.
18:58Donc, mon seul papier de l'Euro 84,
19:01ça sera sur les...
19:02Sacrés souvenirs.
19:03Sur les castes en plastique avec les cornes,
19:06qui sont partout dans le camping.
19:08Mais les gars étaient adorables, voilà.
19:10Ils étaient des gars qui avaient toujours soif et jamais sommeil,
19:14et c'étaient des bons candidats pour l'interview.
19:17Ils étaient vraiment très sympas.
19:20Mais j'en garde le souvenir d'un été un peu particulier.
19:22D'abord, ça a été particulier parce que c'était
19:25la première fois que l'équipe de France gagnait quelque chose.
19:27On a enfin su qu'on pouvait gagner quelque chose.
19:29C'est-à-dire que les Verts, en 1975-76,
19:31avaient un peu décomplexé le foot français, déjà.
19:33Parce que le Grand Rhin, c'était longtemps avant,
19:34mais là, ils avaient décomplexé.
19:36Mais là, c'est la première fois enfin qu'on gagnait.
19:38D'ailleurs, l'été allait être glorieux jusqu'au bout
19:40puisque l'équipe de France Olympique d'Henri Michel
19:42allait devenir championne olympique à Los Angeles.
19:44Mais donc, il y a cet été-là.
19:46Et puis, il y a l'émotion d'un truc qui ressemble
19:48quand même un petit peu à un élan national.
19:50C'est-à-dire qu'on sait très bien qu'on aime le foot,
19:53qu'on est une exception à l'école, à l'époque.
19:56Dans une classe de 30, en France, au milieu des années 70,
19:59au maximum, vous allez être trois à aimer le foot.
20:02Personne, pas de supporters, rien du tout.
20:04Éventuellement, les filles acceptaient de parler de Dominique Rocheteau.
20:07Vraiment !
20:10Mais c'est tout. Les garçons, non.
20:12Ça ne les intéressait pas.
20:14Ils devaient être jaloux.
20:15Mais donc, ce n'était pas du tout une culture sportive.
20:16Personne ne suivait le foot.
20:17Et d'ailleurs, en France, il y avait un mépris des classes
20:19intellectuelles pour le foot dans les années 70,
20:21mais qui était vraiment flagrant.
20:23Mais même dans la presse sportive, à l'équipe,
20:25le journaliste principal de l'équipe de l'époque,
20:27le patron de la rédaction, c'était Gaston Meyer,
20:29le pape de l'athlétisme.
20:31Et en pleine fièvre verte, comme on l'appelait en 76,
20:33il avait écrit vivement que cette vulgarité s'arrête
20:36et qu'on revienne un peu au vrai sport.
20:38Donc, vraiment, on n'était pas du tout...
20:42Le maire de Saint-Etienne, Michel Durafour,
20:43qui était ministre du travail,
20:44mais qu'on appelait le ministre du chômage à l'époque,
20:48n'était même pas allé à Glasgow
20:49parce qu'il avait une séance de questions-réponses
20:50à l'Assemblée nationale.
20:52Mais on était complètement à une autre époque.
20:54C'est-à-dire qu'il n'y avait pas du tout de culture sportive,
20:56rien à voir avec le pays où tu as grandi.
20:59C'était vraiment complètement différent.
21:01Et c'est quelque chose qu'on retrouvait au lycée,
21:03donc à l'école.
21:04Personne ne s'intéressait vraiment au foot.
21:05Et en 84, tout d'un coup, il y a un élan
21:08parce qu'il y a un feuilleton.
21:10Il y a Platini qui marque au premier match
21:11et puis qui marque au deuxième match
21:12et puis qui marque ses trois buts au troisième match.
21:14Et puis après, il y a cette demi-finale à Marseille.
21:16Et là, l'émotion, elle est absolue
21:18parce que les Portugais, le souvenir que j'en ai,
21:20c'est qu'ils étaient bien meilleurs que nous,
21:21mais que la nuit est magique
21:23avec le dernier sprint de Tigana
21:25et le centre-entraînement, but Platini.
21:28Et voilà. Et là, on s'est dit que c'était incroyable.
21:31Tu as regardé ce match où ?
21:32J'ai regardé ce match chez moi.
21:33Je me souviens très bien.
21:37Voilà, chez moi, chez mes parents.
21:40Non, non, je n'avais pas encore mon appartement.
21:42J'avais... Oui, j'avais 19... Non, 84.
21:45Si, chez moi, j'avais mon appartement.
21:46Bien sûr que si, j'étais déjà marié.
21:50Oui, oui, si, si, j'ai regardé chez moi.
21:51Voilà, ça, je me souviens très bien.
21:53Mais à crier, à me ronger les sangs pendant la prolongation
21:57parce que le suspens était invraisemblable,
21:59parce que tout était en équilibre et tout.
22:03Et on était tellement marqué par Sévic deux ans plus tôt
22:06qu'on se disait qu'on n'allait pas gagner ce match-là encore.
22:09En plus, c'était jusqu'au bout
22:10parce que le but de la victoire en prolongation, c'est 119e.
22:13Oui, c'est quelque chose comme ça, absolument.
22:15Et c'est le fameux match avec Domergue qui...
22:18Avec les coufrants de Jean-François Domergue, absolument.
22:20Le jour de son anniversaire, me semble-t-il.
22:23Et c'était une belle équipe de Portugal, effectivement, en face.
22:25Il y avait Nene, Jordao, il y avait des joueurs magnifiques.
22:28Il y avait des joueurs magnifiques.
22:29Chalana, Chalana, qui jouera à Bordeaux plus tard.
22:32Non, non, il y avait vraiment des très, très bons joueurs.
22:33Et Louis, notre collègue ici à Binsfo, a fait un match énorme.
22:38J'ai regardé les images de ce match avant de m'asseoir avec toi, Vincent.
22:42Et c'était extraordinaire.
22:43J'avais déjà les souvenirs en tête, mais ce match était vraiment formidable.
22:46Et l'ambiance était incroyable parce que le vélodrome était le stade
22:50qui accueillait le plus de public en France à l'époque.
22:52Parce que notre plus grand stade était le Parc des Princes,
22:54qui n'arrivait même pas à 50 000, difficilement à 45.
22:56Je crois, je ne me rappelle plus.
22:58Mais dans l'ancien vélodrome, il y avait officiellement 60 000
23:01et pas officiellement, ça rentrait de partout.
23:04Donc, il y en avait de partout.
23:05Le vélodrome était encore là.
23:06La piste vélodrome était encore là.
23:07Donc, ils étaient partout, les gars.
23:10Fabuleuse, cette victoire-là.
23:12Et donc, après, il y a la victoire en finale et la France qui gagne, effectivement.
23:17Pour la première fois, un grand tournoi, champion d'Europe.
23:20Et toi, jeune journaliste, Alain.
23:22Et moi, jeune journaliste à Bourg-en-Bresse,
23:23sous spécialiste du rugby et du basket.
23:26Rugby et basket. Par choix ?
23:28Parce que c'était les deux sports principaux de la ville.
23:30Le foot était en honneur régional.
23:32Le rugby était en groupe A, quand même, en première division.
23:35Et le basket était en National 3.
23:36Mais aujourd'hui, le basket, c'est une des quatre meilleures équipes françaises,
23:39puisque nous sommes en demi-finale de la Pro-A.
23:46Donc, voilà, c'est les deux sports principaux à Bourg.
23:49Le foot a toujours été un sport un peu accessoire.
23:51Même si, sur le tard, Bourg est monté en Ligue 2 pendant trois saisons.
23:56On va parler de cette équipe dans un instant.
23:58Mais à quel moment tu switches au foot ?
24:01Et alors, à quel moment tu pars à l'équipe ?
24:03En fait, à l'été 1986, le groupe Ersan a racheté le progrès.
24:07Donc, beaucoup d'anciens sont partis en même temps.
24:09Tout le service des sports à Lyon est parti.
24:11On m'avait déjà demandé de venir à Lyon,
24:13avant que tous ces gens s'en aillent,
24:16pour faire le rugby et l'athlétisme à l'époque.
24:19Donc, ça, c'était au printemps 1986.
24:20J'avais 23 ans et on me demandait d'aller à la sportive à Lyon.
24:23Moi, j'étais d'accord. J'avais fait le tour à Bourg.
24:25J'étais rentré pigiste à 17 ans.
24:28Donc, j'étais vraiment resté six ans, plus de six ans.
24:30Donc, j'ai dit allons-y.
24:31Et puis, un des deux envoyés spéciaux à la Coupe du Monde, du coup, est parti.
24:38Mais est parti chez lui au lieu de partir à la Coupe du Monde,
24:40parce qu'il a demandé la clause de cession.
24:43Et du coup, il restait une accréditation.
24:45J'ai dit, moi, si vous voulez, j'y vais. Il n'y a pas de problème.
24:47Et du coup, j'y suis allé 15 jours.
24:49Donc, je suis parti 15 jours à la Coupe du Monde 1986.
24:51C'était ma première Coupe du Monde.
24:53Quand je suis revenu, je suis reparti 15 jours
24:56au championnat d'Europe d'athlétisme à Stuttgart.
24:58Pareil, c'était l'été.
25:00La réalisation sportive n'était pas reconstituée encore.
25:03Tout le monde était parti.
25:06Et les nouveaux allaient arriver seulement en septembre.
25:08Et en septembre, je suis revenu d'abord toujours sur l'athlétisme
25:13et le rugby, comme prévu.
25:15Mais un an et demi après, environ, j'ai repris la rubrique Olympique lyonnaise.
25:21Voilà, on m'a proposé de faire l'OL à ce moment-là.
25:24Et c'est comme ça que j'ai basculé sur le foot.
25:25D'accord. Et donc, le concre de la classe à l'école,
25:28il a quand même trouvé son chemin.
25:31Il a trouvé son chemin parce qu'à un moment, il s'est mis au boulot.
25:35C'est-à-dire que ce que j'ai fait, que ce soit au Progrès à Bourg,
25:40au Progrès à Lyon, où on travaillait à l'époque 7 jours sur 7 tout le temps
25:43et on écrivait, on écrivait, on faisait des papiers, des papiers, des papiers.
25:46Et finalement, c'est là que j'ai fait...
25:48C'est comme si j'étais allé en fac.
25:49C'est-à-dire que c'est les années que je n'ai pas faites à l'université.
25:51Je les ai faites à apprendre le métier comme ça.
25:54Alors, parfois un peu tout seul en me cognant au mur.
25:57Et puis, parfois, avec l'aide des gens qui te font gagner un peu de temps
25:59en te faisant une remarque utile ou des choses comme ça.
26:02Voilà, bien sûr.
26:04Est-ce que tu te souviens d'un moment où il y a un déclic ou je ne sais pas.
26:07C'est un moment où tu te dis ouais, en fait, ça, je peux faire ça.
26:12Je suis pas mal.
26:13Mais en fait, assez tôt, parce que je suis rentré pigiste
26:17donc après mon bac, tout de suite après mon bac que j'ai eu alors qu'il me manquait des points.
26:20Mais voilà, c'est pour dire que j'étais des cancres jusqu'au moment du bac.
26:23J'ai un diplôme du bac où il y a marqué avec 192 points sur 200 nécessaires.
26:27Vincent Deluc est admis aux épreuves du baccalauréat.
26:29Donc voilà, c'est quand même...
26:30Bravo.
26:31Bravo, il m'en manquait huit quand même.
26:33Et donc, je n'ai pas fait d'études derrière,
26:36mais je suis rentré pigiste tout de suite au progrès et j'ai adoré ça.
26:40J'ai adoré l'idée de me lever pour faire ça.
26:42J'ai adoré l'idée de travailler le week-end pendant que les autres se reposent,
26:45de me reposer la semaine pendant que les autres travaillent.
26:47J'ai adoré cette liberté d'arriver à l'heure qu'on veut.
26:50Dans la réalité, j'arrivais toujours à 9h du matin.
26:53Je repartais toujours à 9h du soir.
26:55Mais oui, j'ai adoré ça.
26:57Puis j'ai adoré l'idée aussi de raconter la vie et les matchs de mes copains de lycée,
27:02de mes copains d'enfance en fait,
27:03parce que concrètement, c'est ce qui est arrivé pendant 5 ou 6 ans.
27:05Donc ça, c'était vraiment sympa.
27:07Effectivement.
27:08Vous écoutez, chers auditeurs,
27:10les Matchs de ma vie, le podcast de Beanspo,
27:11où notre invité a raconté cinq matchs de foot qui ont le plus marqué sa vie.
27:14On arrive au match numéro 4 de Vincent Deluc,
27:16la plus belle plume du football français, mais par Chauvin pour un sou.
27:19On a déjà entendu que tu aimes le foot anglais, Vincent.
27:22Tu as consacré il y a quelque temps un livre à l'un des meilleurs joueurs britanniques de l'histoire,
27:26le fantasque George Best,
27:28le Nord-irlandais qui a brillé avec Manchester United dans les années 60,
27:32avant de briller dans pas mal de bars un petit peu partout.
27:34Le livre est intitulé « The 5th Beatles »,
27:36et si vous ne le connaissez pas encore,
27:39je le recommande très chaudement.
27:41Mais pourquoi lui, Vincent ?
27:42Pourquoi George Best ?
27:44Parce qu'il m'a toujours fasciné.
27:47C'est vraiment un joueur qui m'a complètement fasciné.
27:50Il s'est trouvé que j'avais fait sa necro quand il est mort, pour l'équipe,
27:55et que j'ai vu comme un signe,
27:56parce que j'adorais ce joueur, j'avais lu des tas d'histoires,
27:59j'avais lu des livres sur lui, etc.
28:01Et juste derrière, je suis parti à Los Angeles,
28:05au moment où Beckham signe à Los Angeles,
28:07je suis parti pour l'équipe magazine à Los Angeles sur les traces de George Best en disant,
28:11« Avant Beckham, il y a un autre numéro 7 de Man U qui a traîné là-bas. »
28:16Et donc j'avais rencontré son ex-femme, son ancien président, son ancien entraîneur, des choses comme ça.
28:21Donc j'avais vraiment un matériau fantastique,
28:24et ça correspondait complètement à une mythologie dans laquelle j'avais envie de me plonger.
28:30C'est-à-dire qu'il y avait le foot anglais,
28:33le swinging London, la musique, les mini-jupes, l'alcool,
28:37il y avait tout, et puis ce personnage fantastique.
28:41Non, ça fait très content de soi, mais ce n'est pas le cas du tout.
28:44Je suis content de ce bouquin parce que j'y ai mis de moi,
28:48il est en poche, il a été en BD.
28:51Il est formidable, celui-là.
28:52Donc, il y a plein de choses qui m'ont toujours plu et qui sont là-dedans.
29:00C'est une histoire touchante aussi, parce qu'un homme qui a beaucoup de soucis finalement,
29:05beaucoup de points faibles par rapport à sa personnalité,
29:09il plonge dans l'alcool.
29:11Donc, même si on le connaît de loin pour les punchlines,
29:14parce qu'il en a sorti tellement, parce qu'il était très drôle aussi,
29:17et le talent qu'il avait, tellement...
29:20Aujourd'hui, George Best, il serait multimilliardaire,
29:24il serait, je ne sais pas, un mélange de Ronaldo et Messi.
29:26Il aurait peut-être réussi à boire encore plus et plus tôt.
29:28Oui, peut-être aussi.
29:30J'aurais pu dire aussi que tu avais écrit sur le match que tu avais mis en numéro 2 aussi,
29:36un printemps 1976, sur les Verts.
29:39Qui était très fouteux, mais un peu social aussi,
29:42parce que c'est sur la coïncidence de l'émergence des Verts à Saint-Etienne de 1970
29:48et sur la fin des mines et de la classe ouvrière.
29:50Voilà, c'était plus un peu un côté initiatique où je raconte effectivement le premier match.
29:55Mais oui, George Best, je trouve que c'est une idée incroyable.
30:00D'ailleurs, j'ai regardé, je m'étais plongé,
30:02il y avait à peu près 40 livres qui existaient sur George Best en Angleterre,
30:06dont à peu près 30 ont pour titre « George et moi ».
30:11Ça peut être son coiffeur, « George et moi », et c'est toujours « George et moi ».
30:15Il en avait des potes, il en avait des potes.
30:17Et ton prochain livre, alors ?
30:19Mon prochain livre, déjà, j'ai écrit avec Hugo Loris son autobiographie
30:25qui sort le 5 juin, qui s'appelle « Le monde entre les mains »,
30:28dans laquelle il raconte sa vie.
30:32Bon, moi, j'ai trouvé ça intéressant et c'était très intéressant de le faire avec lui
30:36parce que c'est un type rigoureux, méticuleux,
30:40qui est au fond un peu un grand pudi qui a essayé de se déshabiller un peu.
30:46Il arrive à se livrer parce qu'effectivement, pudique et pas facile d'accès.
30:52Oui, voilà, il a un peu de mal à donner un peu,
30:55mais là, je pense qu'il l'a fait, donc j'espère que c'est réussi et j'espère que ça plaira.
30:59Des discussions entre deux gardiens ?
31:01Oui, non, mais ça, je lui ai épargné ça, quand même.
31:04Et puis sinon, j'ai un roman qui devrait sortir en janvier,
31:06toujours chez Stock, qui est mon éditeur habituel.
31:08Ah oui ? Le roman sur ?
31:11Ouf, c'est peut-être un peu trop tôt pour nous le dire.
31:14Non, mais moi, je sais sur quoi, mais j'arrive pas à le résumer.
31:17Donc, un roman personnel et d'une espèce de fiction autobiographique,
31:21comme tout le monde en fait.
31:23Pas très original, j'espère juste que je l'aurai fait bien.
31:25J'espère juste que ça sera bien.
31:26On l'attend ça avec impatience.
31:27Et j'ai vu que notre ami Bernard Lyons aussi...
31:30Absolument, il a sorti un livre aux éditions On Exile,
31:33qui s'appelle Les Copains d'abord, et franchement, qui est très sympa.
31:36Et voilà, j'invite tout le monde à jeter un coup d'œil et à le commander.
31:40C'est vraiment un truc qui lui ressemble, un truc généreux et touchant.
31:45Sacré bout en train, ce Bernard Lyons.
31:47On arrive au quatrième match de taliste, Vincent.
31:50Il s'agit d'un huitième de finale de la Coupe de France.
31:52Un match joué le 28 février 1998 entre Beaupéronnaz et le FC Metz,
31:58joué au Stade Gerland de Lyon.
32:00Pourquoi cette rencontre a autant d'importance pour toi ?
32:04Ah, quelle aventure !
32:06Parce qu'en fait, évidemment, c'est mon club de cœur, mon club de toujours.
32:09Et surtout, l'entraîneur, c'était un copain d'enfance
32:11avec qui j'avais joué, j'avais fait mes premières boumes.
32:15L'entraîneur adjoint, c'était Pierre Moreau.
32:17L'entraîneur adjoint, Denis Probonnet,
32:18copain d'enfance avec qui j'avais joué au foot, fait mes premières boumes.
32:21Le directeur sportif, c'était Franck Fancheva,
32:23un ancien joueur d'Auxerre et de Lyon et de Blois,
32:26avec qui je m'étais entraîné, mais je n'avais pas joué,
32:28mais avec qui je m'étais entraîné, qui était vraiment quelqu'un que je connaissais
32:31depuis très longtemps, un bon copain.
32:34Et ça m'a replongé, ça m'a replongé dans mes souvenirs
32:37parce que soudain, l'équipe m'a envoyé suivre Bourg-Pérona
32:40et j'ai été envoyé spécial dans ma ville.
32:42Et ça, c'était fantastique.
32:44C'est-à-dire que j'aurais pu dormir chez mes parents,
32:45mais je leur disais non, je vais rentrer tard, je vais aller à l'hôtel.
32:49J'allais les voir quand même, évidemment.
32:51Mais du coup, j'étais à l'hôtel, envoyé spécial dans ma ville.
32:53Et ça, c'est fantastique.
32:54C'est parce que, en gros, en plus, à l'époque, j'étais jeune.
32:58Et donc, on sortait à peu près tous les soirs, on allait en boîte.
33:00Et il y avait toujours un moment à 3 heures du matin,
33:02une fille qui venait vous voir, qui disait
33:04« Vincent, tu te rappelles ? On était ensemble en troisième. »
33:08Et ça, c'est un truc qui n'arrive jamais.
33:10Et il y a eu donc, en plus, l'exploit.
33:12Donc, un sentiment incroyable.
33:14Je ne suis pas sûr d'avoir pas été debout
33:16sur la table de la tribune de presse à Lyon,
33:19à une époque où Metz était leader de championnat
33:22avec une équipe remarquable, avec Pires, avec Pouget,
33:25avec Song, avec Laetitia,
33:28il y avait une équipe incroyable.
33:29Oui, Blanchard, Mérieux, Casteldeuil.
33:31Absolument, énorme équipe.
33:33Et surtout, toute la ville était venue.
33:35C'est-à-dire que la route nationale entre Bourg et Lyon,
33:37mais c'était la caravane du tour.
33:40Il n'y avait que des Bressandes partout le long de la route.
33:42À chaque café, ils s'arrêtaient,
33:44ils klaxonnaient les autres qui passaient, etc.
33:46Donc, ça fait un grand défilé.
33:48On avait passé les nuits à manger des grenouilles avec eux
33:50à Saint-Paul-de-Varax, dans la Dombe.
33:53Non, c'était une histoire assez incroyable.
33:55Et à l'époque, on ne paraissait pas le dimanche.
33:57Ça arrive le samedi soir et le lundi matin.
33:59Donc, on en fait des tonnes, évidemment,
34:01l'exploit du tour, etc.
34:03Et le lendemain, on fait un papier.
34:04Enfin, je fais un retour.
34:07Je vais voir un joueur qui faisait les 3-8
34:08dans une usine frigorifique à Saint-Cyr-sur-Menton.
34:11Je vais voir mon pote entraîneur, Pierre Moreau,
34:13qui nous a quittés malheureusement depuis
34:15et qui bossait à l'EDF.
34:17Donc, avec Alain Demartignac, le photographe de l'équipe,
34:20on fait le tour de la ville et on fait un peu sa tournée
34:22avec sa camionnette de l'EDF
34:23le lendemain du jour où il a sorti Bess.
34:25Et le mardi matin, en une de l'équipe,
34:28il y avait Boris Becker, Michael Jordan
34:31et Pierre Moreau, mon ami d'enfance.
34:33Et ça, franchement, c'est une histoire insemblable.
34:35La meilleure une possible.
34:37Et en plus, parce que c'était une équipe en quatrième division,
34:39la CF1, et qui venait de monter.
34:41Voilà, c'est ça, exactement.
34:42Sur le papier, il n'y avait aucune chance.
34:44Non, sur le papier, il n'y avait aucune chance.
34:45Mais bon, ils avaient quelques joueurs
34:47qui avaient été formés dans des clubs pro,
34:50qui parfois avaient joué dans des clubs pro,
34:51comme les jumeaux Jérémy et Benjamin Sutter,
34:53comme le buteur de l'époque, Didier Collet,
34:56qui avait joué en Détroit à l'OL,
34:58qui sortait des centres de formation.
34:59Voilà, ils avaient quelques très bons joueurs.
35:03J'ai noté aussi qu'il y avait quatre Davids dans cette équipe.
35:06Je ne sais pas pourquoi j'ai noté ça, mais il y avait...
35:08Il y avait David Cursi, David Aredi...
35:13David Durati.
35:14Ah, David Durati, au milieu, absolument.
35:15Et ils m'ont préféré David Poulet.
35:17Ah, David Poulet, qui était un gars de l'Est
35:20et qui jouait stopper, un mec adorable, absolument.
35:22Voilà, formidable souvenir de ce 28 février 98.
35:27Tu disais au début que quand on allait jeune à un stade,
35:30on n'imaginait pas qu'on y revienne.
35:31Oui.
35:32Eh bien, je n'ai jamais imaginé,
35:33quand j'étais gamin à Bourg-Pérona,
35:35qu'un jour je raconterais les histoires de Bourg-Pérona dans l'équipe.
35:38C'est un des trucs les plus incroyables qui me sont arrivés.
35:40Oui, c'est formidable, effectivement.
35:43Correspondant dans ta propre ville,
35:46si vous écoutez la direction de Beansport,
35:48Brighton, pour aller suivre...
35:51On arrive au dernier des cinq matchs qui ont le plus marqué ta vie,
35:54Vincent Duluc, et pour finir en beauté,
35:55nous allons retrouver le stade Gerland, désormais.
35:57Mais cette fois, c'est bien l'Olympique Lyonnais qui y joue,
36:01pour une rencontre qui ressemble à une finale du Championnat de France,
36:03le 4 mai 2002.
36:05Loël et Lens, veux-tu bien nous rappeler la situation
36:09et pourquoi tu termines ta liste avec cette soirée-là ?
36:12Alors, j'ai hésité avec un match de l'équipe de France
36:14parce que j'ai quand même suivi en live, sans doute,
36:17j'avais cherché à calculer, mais je n'étais pas sûr de certains matchs
36:20parce que je ne me rappelle plus des fois s'il y était ou pas.
36:22C'était entre 480 et 500.
36:24J'en ai vu, le match de l'équipe de France de foot.
36:26Et j'ai hésité avec la finale de l'Euro, avec France-Italie notamment,
36:29qui a une émotion énorme, ou même France-Brésil,
36:31mais surtout France-Italie parce que j'avais fini mon papier coup de CFF,
36:34et quand on vit le tord des galices, il faut tout refaire.
36:36Mais c'est fantastique, on est heureux de tout refaire.
36:39C'est des sensations assez incroyables,
36:40une adrénaline qu'on ne retrouve pas ailleurs.
36:42Je dis oui comme si, moins l'anglais, je ne sais pas ce que c'est.
36:45Oui, mais tu peux imaginer ça, tu peux imaginer ça.
36:48En fait, j'ai choisi Lyon parce que c'est l'autre feuilleton
36:52que j'ai suivi, finalement, toute ma carrière.
36:53C'est qu'en arrivant au Progrès de Lyon en 87,
36:56j'ai pris la rubrique OL, OLA, c'était là depuis six mois.
37:00Donc, je peux presque dire que j'ai vu arriver.
37:03Et donc, c'est le club que j'ai suivi tout le temps.
37:06Moi, supporter de Saint-Étienne, fils de supporter de Saint-Étienne.
37:08Voilà, c'est vraiment le club que j'ai suivi tout le temps.
37:11Et ce jour-là, ce n'est pas tellement le fait que Lyon soit champion,
37:14parce qu'ils l'ont été d'autres fois.
37:17C'est simplement ce que ça représente dans le feuilleton.
37:18C'est effectivement, c'est un basculement,
37:21parce que Lyon est enfin champion de France.
37:23Ils ne l'ont jamais été.
37:24Andy Kolas a toujours été pressé,
37:25mais il a quand même attendu 15 ans avant de gagner un truc.
37:28Il avait gagné la Coupe de l'Allemagne l'année d'avant,
37:30mais pour un type pressé, il a vraiment attendu longtemps.
37:32Mais c'est surtout, le souvenir que j'en ai, c'est l'après-match.
37:35C'est-à-dire que c'est une des dernières fois.
37:38Enfin, c'est encore arrivé à Lyon pendant quelques années,
37:40mais c'est la dernière génération
37:43où nous, les journalistes, on était invités après à faire la fête avec eux.
37:46Ils avaient loué une péniche et on avait passé la soirée avec eux en péniche.
37:50Et moi, les grands souvenirs que j'ai,
37:52ça m'est arrivé pour la montée de Guenillon, par exemple.
37:54J'ai passé la nuit avec eux dans une boîte sur la route de Digouin
37:58ou de Parel Monial, je ne sais plus.
37:59J'en regarde un souvenir fantastique.
38:01Et en fait, ce qui est bien dans le feuilleton,
38:03c'est effectivement d'avoir suivi tous les épisodes.
38:06Et là, pour le coup, moi, c'était depuis 15 ans à peu près.
38:10Et d'être là le moment où quelque chose de particulier se passe
38:15et de ne pas être exclu, comme on l'est tous dans notre métier maintenant.
38:18Aujourd'hui, vous encore, Bill, de temps en temps, vous avez les droits.
38:20Donc, vous avez le droit d'être à certains endroits,
38:22mais quand vous n'avez pas les droits,
38:23vous êtes exclu comme nous, comme tout le monde, etc.
38:26On voit bien que c'est compliqué de garder la proximité
38:28avec les acteurs du foot en général, parce qu'ils sont difficilement accessibles.
38:32Et là, en fait, j'ai choisi ce match-là
38:34parce que c'était un moment où cette proximité existait encore,
38:38où Lyon invitait les journalistes à Saint-Tropez en fin de saison
38:42quand ils étaient champions et qu'on pouvait discuter tranquille
38:44et que rien de ce dont on parlait sortait dans le journal.
38:48On n'était pas là pour ça, il n'y avait pas assez de courses,
38:51il n'y avait pas encore Internet ou Internet balbutiait.
38:53Enfin voilà, ce n'était pas un souci.
38:56Les gars ne se méfiaient pas de nous comme de la peste.
38:58Et voilà, c'est un peu le côté...
39:01J'ai choisi un peu le côté monde perdu, à la fois le côté feuilletonesque,
39:04c'est le feuilleton que j'ai le plus suivi en plus de 40 ans de boulot,
39:08et puis le côté monde perdu.
39:11Ce soir-là, on a vécu un événement de l'intérieur aussi,
39:15comme après, on ne les a quasiment plus jamais vécus.
39:18Oui, surtout avec le recul, peut-être ce sentiment de privilège,
39:22d'être au cœur de tout ça.
39:24Mais en fait, ce qui nous intéresse...
39:26Il y a plusieurs choses qui sont intéressantes dans ce métier.
39:28Déjà, c'est d'être toujours au cœur de l'événement,
39:30d'être là où ça se passe, c'est important.
39:33C'est aussi d'avoir la chance de raconter les meilleurs moments de la vie des autres,
39:37parce que finalement, c'est en ça que ça consiste.
39:40Et parfois, tout se mélange, on raconte le meilleur moment de la vie des autres,
39:43puis on participe à ces moments-là, et on est à l'intérieur de ces moments-là,
39:46et on voit des choses que les autres ne voient pas.
39:49Et ça, c'est privilégié et ça, c'est agréable.
39:54Et c'est pour ça que j'ai choisi 2002,
39:56parce qu'il y a eu d'autres titres, mais qui ont été un peu plus banals parfois.
40:00Les premières fois, c'est toujours spécial, forcément.
40:02Les premières fois, voilà, c'est un peu particulier.
40:05Mais je me souviens aussi d'avoir fait d'autres...
40:08Encore une fois, d'autres nuits avec des équipes qui montaient
40:11ou des équipes qui gagnaient la Coupe de France.
40:12Et voilà, il en reste toujours quelque chose.
40:16Et d'être au cœur de l'événement, comme tu dis.
40:18J'ai regardé l'équipe qui a gagné ce premier titre avec Lyon.
40:23Donc, après cette victoire, pas 3 buts à 1,
40:26mais le début de Gauvoux, Violo et L'Aigle.
40:30Et une nuit de folie, j'imagine que tu vas nous raconter dans un instant,
40:33Coupé, Les Bréchets, Cassapa, De Flandre, Delmotte, Edmilson,
40:39La Ville, Carrière, Fouet, Juninho, L'Aigle,
40:43Anderson, of course, Sonny.
40:45Bien sûr.
40:46Gauvou, Luandula, Marlène et Jacques Santigny sur le banc.
40:50Absolument, c'est donc un Stéphanois, Jacques Santigny,
40:52qui a apporté à Loël et à Jean-Michel Lolla ces deux premiers titres,
40:55parce que c'est lui qui avait gagné la Coupe de la Ligue l'année d'avant
40:58et qui a gagné la Ligue 1 l'année suivante.
41:03Qu'est-ce que tu te souviens de la nuit après cette victoire?
41:05Alors, toi, tu dois te fêter en papier avant de rejoindre la fête, non?
41:09Moi, je fais mon papier, mais ça, on a l'habitude.
41:11Du temps de nous, l'équipe boucle à minuit.
41:14On sait qu'on a trois quarts d'heure pour faire le papier,
41:16qu'à minuit moins quart, c'est fini.
41:18Après, on descend aux interviews, mais de toute façon, c'est trop tard.
41:21Et à l'époque, Internet balbutiant, je ne suis pas sûr qu'il y ait quelqu'un
41:24qui soit resté pour qu'on ait balancé des réac,
41:26comme on le ferait aujourd'hui, jusqu'à une heure moins quart.
41:29Sans, on ne le faisait pas.
41:30Donc après, c'était tout pour le récit du lundi.
41:32On avait le temps. On savait que le dimanche, ils allaient aller
41:35à l'hôtel de Ville le présenter.
41:37Et donc là, l'OL avait fait passer le mot aux suiveurs,
41:40mais peut-être pas à tous les journalistes, juste aux suiveurs habituels.
41:44Rendez-vous sur la péniche à Marais-sur-Le-Rhône.
41:46Je ne sais plus comment ça s'appelait, la péniche, etc.
41:48Et on a passé la nuit sur cette péniche à discuter avec les uns que les autres,
41:52Open Bar. Et oui, c'était un moment agréable.
41:57Et la question n'est pas d'être ou de ne pas être supporter de l'OL.
42:01Elle n'est pas d'être ou de ne pas être heureux de ce premier titre.
42:03La question, elle est juste que c'était le prolongement
42:07d'un investissement professionnel sur plusieurs années autour de ce feuilleton là.
42:11Essayer de comprendre ce qui se passait,
42:12à essayer d'avoir des contacts, des informations avec les joueurs,
42:15avec l'encadrement, essayer de réfléchir comment ce club s'était construit,
42:19comment cette équipe s'était construite.
42:21Donc, c'était un peu la ponctuation, le point final de tout ça.
42:26Je me souviens, Vincent, peut-être que toi, non, mais ça m'avait marqué.
42:29La première fois que je t'ai rencontré, c'était à Lyon.
42:31C'est quand on a fait la fête sur les Quai de Saône avec Vikash Dorasso.
42:34C'est ça, effectivement.
42:36Que c'est celui qui payait la tournée, qui choisissait ce que les autres buvaient.
42:39Ça, je m'en souviens très bien.
42:41Et qu'à un moment, c'était Mazout.
42:43Oui, c'était Mazout. Mazout, c'était pastis avec coca.
42:48Pastis coca, voilà exactement.
42:50Il y avait toutes sortes de mélanges.
42:52C'était les Quai de Saône, on en est fini au petit jour.
42:55Et je me souviens, oui, parce que c'était dans un bain où ils avaient...
42:59Je n'avais pas remarqué en rentrant, mais tout était noué.
43:02On ne pouvait pas voir à l'extérieur.
43:04Donc, quand à un moment donné, on se dit peut-être qu'on devrait y aller.
43:07Et on sort, il est 7h du matin, en fait.
43:09Moi, j'avais un train dans une heure.
43:11Je n'avais pas dormi.
43:13Ah oui, non, non, c'était...
43:14Merci Vikash pour ce bon souvenir.
43:17Oui, ça, c'était cool, effectivement, d'être...
43:20Comme tu disais, c'était après à Lyon Arsenal en Ligue des Champions.
43:23Tiens, je me souviens de ça. C'était des bons souvenirs.
43:25Le fait que tu as bien expliqué pourquoi ce match de 2002 était le dernier sur ta liste.
43:31Il n'y a rien de plus récent.
43:33Est-ce que tu es quand même optimiste pour l'avenir de ce sport que tu aimes?
43:36Mais il y a 30 matchs que j'ai adorés depuis.
43:40J'aurais pu mettre encore les matchs de l'équipe de France.
43:43J'aurais pu mettre la finale Milan-Liverpool à Istanbul en 2005.
43:49J'aurais pu mettre des choses auxquelles j'ai eu la chance d'assister.
43:53Il y a eu des matchs fantastiques.
43:55J'aurais pu mettre le Ajax-Tottenham retour où j'étais aussi avec le triplé de Lucas.
44:01En fait, toutes les émotions qui sortent de l'ordinaire, ça laisse chez nous une trace incroyable.
44:06Il n'y a pas que les palmarès et que les victoires qui comptent.
44:08Il faut qu'il y ait l'émotion.
44:09En fait, c'est ça qu'on cherche.
44:11Moi, quand je vais au cinéma, je cherche l'émotion.
44:12Quand je vais au foot, je cherche l'émotion aussi.
44:14Alors, professionnellement, je ne traite pas que l'émotion.
44:17J'ai le côté de cerveau un peu rationnel qui traite l'évolution du rapport de force,
44:22ce que ça représente dans la démarche, ce que ça représente dans une saison.
44:25Mais fondamentalement, ce que je cherche, c'est avoir quelque chose qui me bouge et qui me remue.
44:29Et ça, ça arrive toujours.
44:30Je suis toujours heureux de prendre un train un matin pour aller voir un match.
44:35Et je vais avoir bientôt 62 ans.
44:37Et ça, ça ne s'est pas arrêté.
44:39Ça, c'est une bonne note sur laquelle finir, je pense.
44:41Avec ce sourire-là aussi.
44:43Merci beaucoup, Vincent.
44:44Merci, Darren.
44:45Merci d'avoir partagé ces souvenirs, ces moments de vie avec nous.
44:47Et on te souhaite plein d'autres matchs mémorables à venir.
44:50Juste avant un été où il y a l'Euro, quand même, à venir.
44:53Et puis les Jeux olympiques, tu y seras aussi ?
44:55Absolument, oui, ça va être un bel été.
44:58C'est pas mal, ça. Merci à vous, chers auditeurs, de nous avoir écoutés.
45:01Si le podcast vous plaît, vous savez ce que vous avez à faire.
45:03Vous partagez avec vos amis, vous en parlez sur vos réseaux sociaux
45:06et sur la plateforme où vous nous écoutez.
45:09Allez, à très vite pour un nouvel épisode de Les Matchs de ma vie.
45:12Bye bye.

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