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00:00Hello et bienvenue sur le podcast Les Matchs de ma vie. À travers 5 matchs de foot, notre invité
00:06parle de son amour pour ce sport et nous ouvre ainsi sur quelques chapitres de sa vie. 5 matchs
00:11à raconter, beaucoup de bonheur à partager avec vous, où que vous soyez, où que vous nous
00:15écoutiez. Merci de nous avoir choisi, c'est parti pour ce nouveau numéro 2, Les Matchs de ma vie,
00:20avec moi, Darren Tullette et notre invité aujourd'hui qui est... Julien Cazard. C'est
00:25une bonne réponse, ravi de t'avoir avec nous Julien, ça commence bien. Qui ne te connaît pas
00:30dans le paysage du football en France, homme de télé, homme de radio, on t'a aimé sur Canal+,
00:34avec les barreaux de jeux d'action discrètes, tu nous as fait rire aussi dans l'émission J
00:38plus 1, parmi d'autres. Aujourd'hui on t'écoute à la radio et dans les podcasts de RMC, on te voit
00:43avec les amis de Winamax et puis nous avons été collègues et copains un moment sur Beansport
00:48aussi, ne l'oublions pas. Mais non, mais non, mais non. Objectif Ligue 1, messieurs. Quelle belle
00:52aventure. J'étais au début avec toi, on était au début de la création de cette chaîne. Beaucoup
00:57disaient, oh là là, mais qu'est-ce que ça va pas durer 2 ans cette histoire. Et c'est encore là,
01:00c'est magnifique. 12 ans plus tard. Et malgré l'émission que tu as co-présentée, qui a été
01:05quand même l'émission qui a marqué l'histoire de la télévision. Oui, ça s'appelait Midi Factory,
01:13c'était une émission quotidienne et elle est maintenant peut-être dans le Guinness Book des
01:18records puisque c'est l'émission quotidienne qui a duré le moins de temps parce qu'il y a eu un
01:24seul épisode le lundi et le mardi, c'était fini. Donc on peut dire que c'était franchement un beau
01:31succès. Un de mes plus beaux succès. C'est quand même exceptionnel, effectivement, ce record. Une
01:36seule émission et hop, c'était déjà à la poubelle. J'ai duré moins longtemps que toi, je reconnais.
01:43Mais quand même, tu as joué José, le coach dans Objectif Ligue 1. Oui, c'est bien marré. Les
01:47supporters s'en souviennent, les fans sont encore là. Sans plus attendre, c'est parti pour les matchs
01:51de la vie de Julien Cazard. Match numéro 1, Julien, quel est ton choix et pourquoi ? Alors,
01:56c'est France RFA, et oui, pas Allemagne, RFA à l'époque. Oui, c'est pour te dire, on n'est plus tout jeune. France
02:02RFA 82, évidemment, il est mythique ce match. Tout le monde le connaît. Schumacher, Battiston, la
02:09défaite après avoir mené trois ans aux prolongations. Mais surtout, c'est parce que c'est la première fois
02:14que je pleure pour du foot. C'est-à-dire que je découvre ça. J'ai l'impression que je découvrais
02:19le malheur. Parce que moi, j'étais un gamin, j'ai perdu mon innocence deux fois, d'abord avec le Père
02:25Noël et ensuite avec... Et la même année, j'avais 7 ans. J'ai appris la même année que le Père Noël
02:31n'existait pas et que le Père Fouettard s'appelait Harald Schumacher. Donc, c'est horrible. Non, mais
02:36c'était un cauchemar parce que moi, mes parents n'en avaient rien à cirer du foot. Dans ma famille,
02:42tout le monde s'en fout parce que du côté de ma mère, les Arméniens, même Dersakari, on ne savait
02:46pas qui c'était. Et du côté de mon père, les Toulousains, c'est le rugby. Donc, j'étais un peu
02:50le vilain petit canard. Je ne suis jamais devenu insigne. C'est ça qui est dommage. Et donc, j'étais
02:55le seul. Et je pleurais, je pleurais et je ne comprenais pas pourquoi on pouvait être aussi
03:00malheureux en regardant du foot. Après, comme je suis devenu sporteur du PSG, j'ai très vite compris
03:04pourquoi. C'est devenu normal. Donc voilà, c'est un match. C'est-à-dire qu'après, entre guillemets,
03:11j'ai de la chance. C'est-à-dire que la première tragédie que je vis avec le foot, c'est une des plus
03:14grandes tragédies de l'histoire du foot français. C'est-à-dire que je n'ai pas vécu une élimination
03:18contre Maubeuge en Coupe de France. Je pense qu'il y a beaucoup de gamins de mon âge qui ont été
03:23traumatisés. Je ne sais pas si toi, tu as l'équivalent avec l'équipe d'Angleterre. Presque tous les
03:28tournois. Oui, c'est vrai, j'ai oublié. Ah oui, c'est vrai, tu es un genre de Belgique en plus riche, toi. Non,
03:36non, mais oui, c'est vrai. Pardon, autant pour moi. Oui, vous, toutes les séances de pénalty, quoi.
03:41Voilà, déjà. Donc pour vous, c'était pourquoi il pleure d'avoir perdu au tir au but ? C'est normal,
03:46non ? Tu as presque huit ans quand il y a ce match, ce fameux demi-final, dont on a tellement parlé,
03:52effectivement, en France. Tu le regardes où et avec qui alors ? Alors, je suis... Les parents ne sont pas
03:57intéressés par le foot. Ils ne sont pas intéressés, mais sauf que tu as eu une époque où tu n'as pas
04:0150 000 chaînes, où tu n'as pas de plateforme, où quand il y a la France qui joue à la télé,
04:05tu regardes l'équipe de France. Même aujourd'hui, une demi-finale de la Coupe du Monde, même le
04:09dernier pinpin qui n'aime pas le foot, il regarde, il te regarde dans les bars. Dès qu'arrivent les
04:13quarts de finale, tu vois la proportion de mecs ou de nanas qu'on n'a rien à cirer, mais qui sont
04:18là. Ouais, pourquoi il tire à côté ? Tu vois, tous ces gens-là qui n'étaient pas là en huitième,
04:22qui arrivent en quart et qui sont très nombreux en demi-finale. Donc voilà, mes parents, c'était
04:26ça. C'était on n'a rien à cirer jusqu'au quart de finale, mais en demi-finale... Puis à l'époque,
04:30on disait, je me permets, les Boches, les Boches, il faut taper les Boches. Rien que pour grand-père,
04:35qui a vécu quatre ans en Allemagne en tant que prisonnier. Pour pépé, on va être pour la France.
04:41Très vite, on a compris que guerre ou foot, on ne gagnait pas. Donc voilà, je suis sur le canapé
04:48chez mes parents, dans le 13e, et on regarde le match. Sauf que très vite, le match est tendu,
04:55mais très vite, on mène 3-1 en prolongation. Et là, c'est gagné, quoi, 3-1 en prolongation. Ça y
05:00est, même Thierry Roland, l'arquet qui commente à l'époque. Ça y est, la France est à un pied et
05:05demi en finale. Et mes parents, ils lâchent le match. Et moi, normalement, je ne suis pas censé
05:09être encore debout. J'ai cet ennemi, mais là, visiblement, il est à fond, on va le laisser.
05:13Et ils se barrent dans la cuisine. Je ne sais pas ce qu'ils font, ils discutent. Je ne pense pas
05:17qu'ils faisaient une partie de jambon à l'air dans la cuisine, à cette heure-ci, pour fêter le
05:21troisième but de Giresse. Je ne pense pas, ce n'était pas l'ambiance. Donc, ils ne sont pas là.
05:26Et moi, je regarde. Et là, évidemment, en 20 minutes, la France s'effondre. On prend deux
05:32buts, évidemment. Et il y a les tirs au but. Et on perd au tir au but. Mais mes parents ne sont
05:36pas là. Je suis tout seul dans mon canapé. Ils reviennent. Et là, ils me voient en larmes. Après
05:44la séance de tirs au but, ils me disent « mais qu'est-ce qui t'arrive ? ». Je dis « on a perdu,
05:48on a perdu ». Ils disent « oh, bon ? ». Et là, mon père va me dire cette phrase horrible. Il me dit
05:57« c'est que du foot ». Et là, j'ai compris qu'on pouvait détester ses parents. Jusque-là, non.
06:04Jusque-là, tu dis « bon, je leur en veux, je n'ai pas eu la dernière trottinette, je n'ai pas eu le
06:09dernier Big Jim ». Oui, c'est un vieux jouet, Big Jim. On voulait avoir Big Jim. Et là, je vois
06:15dans ses yeux le décalage, en fait. J'ai dit « voilà, ça y est, je vais le vivre, ça. Je vais vivre
06:20ce décalage entre mes parents qui ne comprennent pas qu'on puisse pleurer pour du foot ». Et là,
06:23je me dis « oui, c'est vrai, pourquoi je pleure pour du foot ? ». Parce que ce match, il est
06:26dramatique. Parce qu'il y a tout dans ce match. Il y a le fait que moi, j'ai été élevé avec un
06:32grand-père qui a vécu la guerre. Donc, avec un grand-père qui appelait les Allemands « les
06:36boches ». Donc, je disais qu'il a été en prison pendant quatre ans pendant la guerre. Et puis moi,
06:43je me disais « pourquoi il nous saoule avec ça ? ». Et puis moi, on ne peut pas oublier qu'en 82,
06:50on est en pile dans l'époque où on veut recréer l'amitié franco-allemande,
06:54« el mutko », « le miterrand » et on se tient la main. Je ne sais pas si c'est déjà ce moment-là,
06:58mais on est dans cet état d'esprit-là. Il faut faire Allemand première langue pour être dans
07:01les meilleures classes. On est vraiment dans un truc positif, tu vois. Sauf que pas du tout,
07:07mes grands-parents. Non, il n'y a rien de positif, c'est des salauds. Et donc,
07:11j'étais plutôt pas d'accord avec eux jusqu'à ce qu'Aralt Schumacher explose Batiston. Ça,
07:17c'est quand même un truc, une image. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il n'y a même pas besoin de
07:21l'avoir. Le mec, il est expulsé. Il prend cinq balles de suspension. Le balle a rien. Six mètres.
07:25L'autre, il part. Il lui manque trois dents. Il est dans le coma. Et bien, l'arbitre néerlandais,
07:30il fait « non, mais c'est bon, six mètres ». Et là, vraiment, j'ai l'impression qu'il y a plusieurs
07:34générations qui se sont retrouvées. « Ah ouais, vous avez raison, grand-père. C'est vraiment des
07:38salauds avec leurs moustaches ». Donc voilà, ça m'a rapproché de mon grand-père, ce match.
07:44Il n'y avait qui d'autre à la maison, à part toi et tes ballons ?
07:47Non, il n'y avait personne. On était vraiment… Non, non, c'était pas un unique. Moi, je suis
07:51enfant unique. Je pense qu'un, ça leur a suffi. Ils avaient compris. C'est pour ça que je me
07:55doutais qu'ils n'allaient pas en faire un deuxième dans la cuisine. Je suis enfant unique. Ah ouais,
07:59non. Moi, par exemple, mes cousins ne s'intéressaient pas au foot du tout. Aucun. Aucun.
08:04Aucun de ma famille. Pourtant, que des garçons. Il y avait quand même une bonne base.
08:07D'où ça vient, lors ? Pour toi.
08:09Mais en fait, c'est bizarre. Je ne sais pas. À l'école, je ne sais pas, des potes et tout,
08:14machin. Vraiment. Mais tu as raison. D'où ça vient ? Je n'ai jamais compris d'où ça venait.
08:19Et c'est ça qui est magique, en fait, avec le foot. C'est que je n'avais rien autour de moi
08:23pour me donner envie d'aimer le foot. Mais rien. Aucun. Et puis, je suis jamais tombé dessus. Déjà,
08:28mon côté un peu rebelle, un peu pas comme les autres. Je n'ai pas voulu aimer le rugby. Et
08:32d'ailleurs, c'est drôle parce qu'on en reparlera après pour le deuxième match. C'est que moi,
08:36j'étais allé au Parc des Princes plusieurs fois, mais pour voir le tournoi des cinq nations à
08:40l'époque. C'était que cinq. Et il fallait taper les rosebifs. Excuse-moi. Désolé de te le dire.
08:44Un moment donné, il fallait taper les rosebifs. Dehors, il faut toujours taper les rosebifs. Sur
08:47ça, le foot n'a pas trop changé. D'ailleurs, même si maintenant, c'est tournoi des six nations,
08:52il faut toujours taper les rosebifs. Et tout le monde est d'accord. Vous êtes tous d'accord
08:55par rapport à ça. Oui, c'est vrai. Tout le monde veut taper les rosebifs. C'est l'ennemi. L'Angleterre.
08:59Voilà, les Écossais étaient d'accord. Donc, j'allais voir les cinq nations au Parc des Princes.
09:04Et je rêvais du jour où je pourrais voir du foot. Parce que moi, t'imagines bien que personne
09:09n'allait voir. Parce que quand t'es gamin, si on ne t'amène pas au stade, tu n'y vas pas. Tu ne
09:13prends pas ton baluchon pour aller au stade de foot. Et donc moi, la seule fois où je suis allé
09:17au stade, au Parc des Princes, c'était parce que mes oncles et tantes ou mon grand-père montaient
09:21à Paris et on allait voir France-Irlande, France-Écosse, France-Angleterre. Donc France-Pays
09:26de Galles. Et c'est pour ça que du coup, j'ai même eu une aversion pour le rugby. Alors que
09:31j'aime tous les sports. Parce qu'en fait, on m'a obligé à voir du rugby et pas du foot. Et donc,
09:36au bout d'un moment, t'as envie de te rebeller contre ça. Mais je ne pourrais pas te dire
09:39d'où ça vient. Et à 7-8 ans, tu jouais au foot ? Oui, j'étais à bloc. J'ai tout de suite été à
09:45bloc sur le foot. Je n'ai pas de souvenir de ne pas jouer au foot. Je jouais à l'école. Je faisais
09:50partie des mecs qui étaient à fond et qui disaient « nous trois contre vous tous ». Cette espèce de
09:55phrase avec les trois mecs les plus forts. « Nous trois contre vous tous ». On était trois contre
09:59huit. J'étais persuadé d'être le meilleur à l'époque. Très vite, ça s'est équilibré. Et très
10:05vite, j'étais dans vous tous. « Nous trois contre vous tous ». Je ne suis plus dans vous trois,
10:12je suis dans nous tous. D'accord. Et tu as joué en équipe par la suite ? Oui, j'ai joué. En fait,
10:18j'ai joué jusqu'au junior. Je ne sais pas, aujourd'hui, ça doit être U15, U16, U17,
10:22je ne sais pas. Jusqu'au junior. Quel poste ? Et j'étais milieu de terrain. Moi, j'étais milieu
10:26de terrain défensif, pas du tout dribbler, pas du tout attaquant, mais vraiment plutôt dans le
10:31placement. Plutôt bon d'ailleurs. J'ai joué à l'AC Bluen Bianco, à l'AC BB en junior. Je me
10:37débrouillais pas mal. Mais après, je n'étais pas trop dans l'état d'esprit. Je n'aimais pas trop
10:43l'état d'esprit club parce que ça se prenait un peu trop au sérieux. Et moi, j'avais envie de me
10:48marrer. Alors qu'aujourd'hui, je serais le mec le plus chiant, le plus sérieux de tous sur un
10:53terrain. Mais à l'époque, ça me gonflait. Donc, j'avais envie de me marrer. Donc, j'ai lâché. Je
10:57n'étais pas un génie. Mais par contre, j'étais à un poste où il n'y a pas tant de mecs qui sont
11:01prêts à le jouer, ce poste-là, c'est-à-dire à la déchant. Aujourd'hui, je suis plus proche d'un
11:06Hogarthé que d'un Pastoret. Surtout quand on est jeune ? Oui, quand t'es gamin, tout le monde
11:11veut marquer des buts, tout ça, machin. Moi, j'étais plutôt dans le placement, dans l'interception.
11:16Et t'es quel genre d'enfant alors ? Un relou, l'enfer. C'est-à-dire le cancre à l'école,
11:23viré de tout le temps, viré de tous les cours, viré de toutes les écoles.
11:27Viré carrément ? Oui, viré. Parce que ? Parce que ingérable, parce que faire le con. J'insultais
11:32jamais les profs, mais j'étais celui qui détestait le plus. Parce qu'à la limite, les gamins qui
11:37disaient « ouais, vas-y, va te faire enculer », ou qui parlaient mal, ils disaient « bon, c'est un
11:42deb, c'est pas grave ». Moi, j'étais insolent. C'est-à-dire que j'allais faire des jeux de mots
11:48sur le fait qu'ils me vannaient, je les prenais à leur propos, je les essayais de jouer avec
11:52leur contradiction. J'étais un chieur. Et j'étais un rigolo, je faisais rire à la classe. Et ça,
11:57ils me détestent, parce qu'un mec qui parle mal, bon, mais un mec qui fait rire toute la classe,
12:01ou alors qui essaye en tout cas, il détourne un peu l'attention. Et ça, c'est pour un prof.
12:05Moi, si j'avais été prof, j'aurais détesté un mec comme moi. Je lui aurais mis une tarte. Mais
12:10c'est-à-dire que la seule fois où j'ai pris des bonnes tartes, c'était quand j'étais en... J'ai
12:14vécu un an chez ma grand-mère, parce que ma mère était malade, j'étais chez ma grand-mère dans le
12:17sud-ouest. Et j'étais dans une école à l'ancienne, tu sais, t'as l'impression d'être à l'époque de
12:22la petite maison dans la prairie. T'as plusieurs classes de niveau, dans la même classe. Et le
12:26prof, il avait son fils dans la classe, et moi qui étais... Alors qu'il était... C'était un très
12:31bon pote de mon père. Donc j'étais le seul à qui il sentait le droit de mettre des tartes. « Je me
12:35suis pris des tartes, mec. » Et j'ai pas compris, moi, le petit Parisien qui arrive en province.
12:39« Ouais, insolent. Bah ! Première vanne, tarte dans la gueule. Mais mec, mais une tarte ? Mais
12:47j'ai fait qui sait ce que c'est. Mais on a le droit de faire ça ? Eh oui, mon petit, tu vas
12:51apprendre qu'ici, t'es pas un capitain, t'as pas à faire le marlouf. T'as à te tenir au droit. »
12:56J'ai fait « Ah ouais, d'accord. » Donc déjà, l'accent, c'est compliqué, mais on les claque.
12:59Donc voilà. Donc voilà, j'étais ce genre de gosse à l'école.
13:02Ça t'a calmé ?
13:02Pas trop, je crois pas. Non, je crois pas. Non, je crois pas. Je crois pas. J'ai pris cher. J'ai
13:08pris cher. Attends, j'ai eu mon bac à 22 ans, mec. « Ah ouais ? » Ah ouais, j'ai fait quatre fois
13:11la terminale. C'est un biopic. Félicitations, pas sûr. C'est que, ouais, interdit de lycée sur
13:22la dernière année. J'avais été tellement viré de tous les bahuts que j'ai été interdit de lycée
13:26par le rectorat de Paris. Ça va loin. Et même pour te dire, petite anecdote rapide,
13:32c'est que mon père, il connaissait très bien la secrétaire du ministre de l'éducation à l'époque,
13:39qui était François Béraud. Et mon père, il dit « Écoute, je donne Marie-Jeanne. » Je vais pas
13:44dire son nom, mais bon, elle se reconnaîtra. « Marie-Jeanne, écoute, mon fils, c'est une
13:47catastrophe. Est-ce que tu peux le placer dans un lycée ? » Parce qu'il dit « Écoute, je vais
13:52demander. » Et en plus, elle était très proche du rector de Paris. Et hop, c'est bon, je reçois
13:57une lettre. « Vous êtes affilié au lycée Roger Verlhomme. » Pas un grand lycée. Une boîte à
14:03bagues de l'espace. Et le directeur de l'établissement, pour te dire ma réputation,
14:11il a mis sa démission en jeu pour que je ne sois pas là. Je n'ai pas été pris. Et le rector de
14:16Paris a dit à la pote de mon père « Écoute, c'est la première fois que ça m'arrive, mais là,
14:20je ne peux pas l'imposer. » Et donc, elle a dit à mon père « Je ne sais pas qui c'est ton fils,
14:24mais c'est quand même incroyable. » Pour que le mec, il dise « Non, rector de Paris. » Donc,
14:30moi, la seule fois où j'ai pu avoir du piston, ça n'a pas marché. Donc, je l'ai passé en
14:33candidat libre. Et je l'ai eu, du coup, parce que ce n'était plus drôle de redoubler,
14:36parce qu'il n'y avait plus de potes. Ok. Il était connu déjà comme un rebelle dès son jeune âge.
14:44Ok. On avance vers le match numéro 2, Julien, si tu veux bien. Nous sommes le 13 septembre
14:49désormais. 1991, dixième journée de D1 et au Parc des Princes, le Paris Saint-Germain va
14:55affronter Lille. Pourquoi ce match-là est sur ta liste? Alors, pourquoi? Parce que je reviens sur
15:01le fait que je n'étais jamais allé au Parc des Princes, ni dans un stade, pour voir un match de
15:04foot. Ça paraît fou, en fait, quand t'es autant fan de foot. Aujourd'hui, ça serait beaucoup plus
15:08accessible, je pense. Et avec mon meilleur pote de l'époque, mon pote d'enfance, qui est aujourd'hui
15:12encore mon meilleur pote, avec qui on est abonné ensemble au Parc des Princes. Il s'appelle Mario.
15:17Salut Mario. Super Mario. Vraiment super Mario, c'est le cas. Et avec Mario, on se dit,
15:24waouh, allez, on a 17 ans. Allez, on est des grands. On va aller au Parc des Princes. Parce
15:29qu'on commençait vraiment à aimer le foot, à aimer le PSG, pardon. On était fan de foot,
15:32mais parce qu'il y avait une nouvelle aventure qui se créait au PSG. Il y avait l'arrivée de Canal
15:36Plus et je ne sais pas si ils venaient d'arriver ou si c'était dans les tuyaux. Et on se dit,
15:42allez, on va aller voir un match au parc. On prend le métro avec des potes, on y va. Et il y
15:46avait vraiment une excitation incroyable. Je pense qu'on ne peut pas comprendre, même aujourd'hui,
15:50parce qu'on ne voyait pas autant de matchs à la télé. Moi, je n'avais pas Canal. Quand tu n'avais
15:54pas Canal Plus à l'époque, tu voyais zéro. Il est résumé dans le téléfoot. Tu attendais
15:58le téléfoot comme un dingue. Tu attendais le Stop 10. Tu n'avais pas de journal. Tu n'avais
16:05pas l'équipe le dimanche. Ça paraît complètement dingue. Les matchs étaient tous le samedi et le
16:10dimanche. Tu n'avais pas l'équipe. Il fallait attendre le lundi. Mais c'est quoi ce pays ? Il
16:15a fallu qu'on soit champion du monde en 98 pour qu'ils aient l'idée de faire l'équipe le dimanche.
16:19Donc bref, une excitation incroyable d'arriver. Et je te jure, des frissons. On arrive, on prend
16:25le métro jusqu'à la Porte d'Auteuil. Tu vois tout le monde qui commence à s'agglutiner. On avance,
16:29on descend la Porte d'Auteuil, donc on marche. C'est une espèce de procession,
16:34quoi, qui aujourd'hui me paraît totalement normal. Mais à l'époque, c'était incroyable. Et on voit
16:38le Parc des Princes. C'est un stade impressionnant la première fois que tu y vas, parce qu'il est
16:44vraiment très beau architecturellement. C'était un match moisi, mais on entre. Et en plus,
16:51on arrive à Auteuil-Rouge parce qu'on n'avait pas d'oseille. Et à l'époque, tu pouvais encore
16:55acheter des places. Aujourd'hui, le guichet est fermé à tous les matchs. Quand les mecs disent
16:59que c'est un guichet fermé, de toute façon, aujourd'hui, tous les guichets sont fermés.
17:02Donc, tu ne peux plus acheter de place au Parc des Princes. De toute façon, on parle d'une époque
17:06où le stade était rarement plein. Ah, mais jamais plein. Non, jamais. J'ai fait mes petites
17:11recherches parce que là-derrière, il y avait 18 000 et deux personnes. Les deux, c'est toi. C'était
17:18nous. C'est toi et Mario. Sinon, il y avait 18 000 personnes. Et je vais te dire mieux. Là,
17:24tu peux dire c'est un match de début de saison, mais le match, pour faire une parenthèse du titre,
17:29le premier titre Air Canal Plus, c'est en 94. C'est un PSG Toulouse. Tu te dis mais là,
17:35on sait qu'on va être champion. Eh bien, il y a 38 000 personnes sur 45 000. Il n'est même pas
17:40plein le stade. C'est-à-dire que tu te dis, on part de loin. C'est-à-dire qu'à l'époque,
17:45il n'y avait personne. T'allais à Auteuil, t'étais sûr d'avoir une place. Donc, bon,
17:49c'était pas cher. Elle arrive, Auteuil Rouge, tu ne vois rien. Franchement, tu ne vois rien du tout.
17:53C'était l'époque, comme tu le dis, il y avait Simba, Bravo, Perez. C'était ça l'attaque.
18:00Et ce n'était pas une année folichonne, folichonne.
18:02Tu as quand même battu dans les buts Ricardo, Valdo.
18:06Ouais, ouais.
18:07Arthur Georges qui venait d'arriver.
18:08Non, c'est la première année du PSG de Canal, donc c'est ça. Mais nous, on ne connaissait pas
18:14ces mecs-là. Ricardo, Valdo. Alors que c'était des stars en vrai. Ils avaient fait le final de
18:18Ligue des Champions avec le Benfica de Lisbonne. C'était des héros parce qu'ils avaient éliminé
18:22Marseille sur un but de la main. Et ça, on ne l'oublie pas. Pour ça, on aurait dû leur faire
18:26des statues. Mais non, on ne savait pas encore que ça allait être une super équipe. Pour l'instant,
18:30c'était les prémices d'une équipe. Mais vraiment. Une anecdote très drôle, c'est que quand tu es
18:34hors d'auteuil rouge, c'est-à-dire en virage, c'est grand, le parc, tu ne vois rien de ce qui se
18:39passe. Et il y avait un mec qui s'échauffait devant, qui s'appelait Jamel Sanjaq. Je crois
18:47que c'est Jamel, non, Yazid Sanjaq. Ça te gêne ou pas? Il y avait un mec qui s'appelait Yazid Sanjaq.
18:54Je crois que c'est le frère de Jamel. Et qui s'échauffait, qui n'est jamais entré devant. Et
19:00comme c'était le mec qui était le plus près, on chantait tous Sanjaq! Sanjaq! On ne savait pas qui
19:06c'était. On n'avait rien à foutre en vrai. Mais on a chanté Sanjaq pendant 20 minutes. Et il y avait
19:12une espèce de mec avec une énorme perruque rouge, comme une perruque de Rasta, mais rouge, qui faisait
19:1720 fois sa tête, qui nous lançait sur les champs, sur des mecs. Il y avait un mec qui s'appelait
19:21Joël Cloarec, qui était remplaçant. Et un mec qui s'appelait Pierre Reynaud. Donc on chantait leur
19:27nom, parce qu'on ne voyait rien du match, parce que tout se passait de l'autre côté. Et à la fin,
19:31le gars, il a hurlé 2-0, 2-0, parce qu'on a gagné 2-0. On l'a appelé 2-0 boys, c'était devenu notre
19:38idole. Donc ce match, voilà, je me souviens pratiquement de tout de ce match, sauf des
19:41buts. Daniel Bravo, qui a marqué le premier. Et à la fin du match, c'est Christian Perez. Daniel
19:47Bravo, qui est devenu notre collègue. Oui, notre ami Daniel, qui est passé par ce podcast il y a
19:53quelques semaines. Excellent épisode. On l'aime Daniel. Être supporter de Paris Saint-Germain,
19:59c'était une évidence pour toi, le parisien ? Ça l'est devenu, de facto, en fait, quelque part,
20:04c'est devenu, c'est la logique en fait. C'est-à-dire que t'es parisien. Il faut savoir qu'à l'époque,
20:09c'est le début du supporterisme de club, où chacun a son club, où on est moins dans,
20:16tout le monde supporte le club qui marche en France. C'est-à-dire que jusqu'aux années 90,
20:21t'avais les époques Saint-Étienne, tout le monde supportait Saint-Étienne. L'époque Reims,
20:25tout le monde supportait Reims. L'époque Bordeaux, les années 80, tout le monde supportait Bordeaux
20:28en Coupe d'Europe. Et après, il y a eu Marseille, tout ça, machin. Et là, on commençait à être dans
20:33un truc où, bah non, en fait, je vais supporter mon équipe en Coupe d'Europe, parce qu'on commence
20:37à exister en Coupe d'Europe à plusieurs. Et donc moi, le PSG, c'était le stade qui était plus
20:42près de chez moi. J'étais Parisien et j'ai commencé à aimer cette équipe, vraiment avec
20:47eux. C'est-à-dire que j'aimais bien l'équipe de Susich, mais je n'arrivais pas à être attaché pareil,
20:51parce que je ne voyais pas beaucoup les matchs. En Coupe d'Europe, on ne faisait rien. Et puis,
20:56je n'allais pas au parc. Au bout d'un moment, t'as besoin aussi d'aller au stade. Sauf qu'en deux
21:01ans, je suis devenu vraiment amoureux du club, mais vraiment à pleurer, comme de l'équipe de
21:09France. Avant, j'étais un supporter de l'équipe de France avant tout.
21:12Match numéro 3. Là, on parle, parce que c'est le match contre Lille. C'était la première fois,
21:17donc c'est toujours mémorable, mais un match moyen. Match numéro 3, on est de nouveau au
21:22Parc des Princes. Et là, c'est un match qui est devenu mythique. Quarte finale de la Coupe du
21:26UEFA contre l'Orel Madrid. Trois à l'aller pour les Madrilennes. Et on sait ce qui s'est passé par
21:32la suite. Tu vas nous raconter. Et pourquoi tu le mets sur ta liste, celui-là ?
21:36Déjà parce que moi, je fais partie des gens qui ont eu la chance d'être dans ce stade ce jour-là.
21:40Même si j'ai l'impression qu'on était 75 000. Tu y étais aussi ?
21:44Oui, par hasard. Parce qu'avec mon pote anglais, on venait de débarquer à Paris.
21:49On a marre des footics, ils nous piquent les places.
21:50Il y a un match sympa, on y va. On est côté Boulogne.
21:54Moi, j'étais en face.
21:55On a reçu de la pisse pendant tout le match.
21:56Normal.
21:56Welcome to France. Mais bon, on n'est pas là pour parler de moi.
22:03Encore que, si tu y étais. Je t'ai peut-être regardé de loin, mais tu étais loin.
22:07Les buts en ce moment, c'est devant moi.
22:08Toi, tu l'as vu de près. Moi, je ne l'ai pas vu, le but. Je l'ai entendu.
22:11C'est de l'autre côté.
22:12Donc ce match, en fait, d'abord, c'est que match allé.
22:16Je le vois devant ma télé et je suis énervé parce qu'on fait un match incroyable.
22:24C'est vraiment, on a l'impression d'être le Réal de maintenant.
22:26Tu sais, le PSG Réal de maintenant.
22:27C'est-à-dire que tu fais un match incroyable.
22:29Gino Lant l'appelait le Magnifico.
22:31Tu domines le match, paf, et tu perds 2-1.
22:34Et là, à 2-1, tu continues de faire un match incroyable.
22:37T'es à Bernabéu.
22:39Il y a une super action.
22:40Centre, Daniel Bravo, notre ami, a l'égalisation au bout de la tête.
22:47Et il te fait une tête improbable qui part dans les cintres ou dans les tribunes.
22:54Et derrière, on se mange une contre-attaque et pénalty.
23:00Carton rouge contre Alain Roche qui sauve la balle de la main.
23:03Bernard Lama qui bloque, qui renvoie le pénalty.
23:06Mais Michel suit, but 3-1, tout ce qui t'énerve.
23:08Et je pète mon maillotoscope.
23:10Et je pète le maillotscope.
23:11Je pète le maillotscope.
23:12Je fous un gros coup de pied dans le maillotscope.
23:13Je le pète.
23:15Et là, la vie de ma mère, elle voit ça, elle pète un plomb.
23:19Elle dit, mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
23:20Je dis, mais on l'a perdu.
23:21Mais on s'en fout qu'on ait perdu le maillotscope.
23:25Donc, voilà.
23:26Et là, je me dis, bon, et j'ai la haine.
23:28Et je m'y prends trop tard pour prendre des places.
23:30Parce que là, pour le coup, le match est sold out, complet.
23:33Sauf qu'il y a un de nos potes, à l'époque avec Mario, notre troisième pote qui s'appelait
23:39Stéphane Pézard et qui était en classe avec nous au lycée.
23:42Il dit, non, non, mais attends, on a pris 3-1 à l'aller.
23:44Ce match, il ne sert à rien.
23:45Moi, j'ai une place, mais je ne veux pas y aller.
23:48Je lui dis, écoute, moi, je veux bien la prendre, ce sera toujours un match de plus
23:51à voir.
23:52Et il me file sa place.
23:53Je pense qu'il le regrettera toute sa vie, évidemment.
23:58Et donc, j'ai vu au stade.
24:00Sauf que ce qui est génial, c'est qu'à l'époque, en fait, il n'y avait pas de peur
24:04d'être éliminé.
24:05Il n'y avait pas de peur d'être déçu.
24:06On était vierge de tout, en fait.
24:07Et c'était un peu génial parce qu'on ne vivait pas le foot comme, oh là là, si
24:10on perçait la honte, oh là là, si on éliminait, c'est les boules.
24:13En fait, on s'en foutait de rencontrer le Real Madrid.
24:15On se disait, on n'est pas favori.
24:16Mais on était excité du match.
24:18C'est-à-dire que dès le début du match, les mecs, ils mettent le feu.
24:22Ils ne se disent pas, attends, il faut qu'on mette un but d'abord, s'il y a un deuxième
24:26but à l'extérieur.
24:27On n'était pas là-dedans.
24:28On s'en foutait complètement.
24:30Nous, ce qu'on se disait, c'est, et les joueurs, pareil.
24:33Allez, on rentre dans le match.
24:34On va essayer de gagner.
24:35Et c'est vraiment, dès le début, l'équipe met le feu et premier but sur corner de UEA.
24:40Un but incroyable, une tête, j'ai l'impression qu'il n'y a plus presque de but comme ça.
24:44Le mec, il arrive, il met un coup de boule.
24:45Et là, le stade commence à se dire, mais qu'est-ce qui se passe là ? Il se passe
24:49un truc qui ne s'est jamais passé.
24:51C'est qu'il y a une… Et toi, t'es au stade, tu vois bien, tu le sens, il y a un
24:55truc qui se passe.
24:56C'est fou.
24:57Et on met le feu, on met le feu, on met le feu.
24:58Et je crois qu'à la mi-temps, il y a un zéro, je ne suis pas sûr.
25:02Il y a un zéro.
25:03Oui, il y a un zéro à la mi-temps, parce que le but, il est de notre côté.
25:05Et après, je crois que c'est la 75e où il y a le deuxième but de Ginola.
25:1081.
25:11Le deuxième but ?
25:12Oui, il reste dix minutes à jouer.
25:13Ah oui.
25:14Et le Valdo, c'est après encore.
25:15Voilà.
25:16En fait, c'est tard dans le match, mais on sent qu'il se passe un truc.
25:19Et là, ce qui est fou, c'est que moi, je ne le vois pas bien ce but, mais on sent
25:22qu'il y a un but incroyable parce que quand on le revoit, ce but, l'action, elle est
25:27incroyable.
25:28C'est Valdo, joueur trop sur-côté, qui est un métronome incroyable, fabuleux, qui
25:33fixe toute la défense adverse.
25:35Tout le monde le regarde, il fait une espèce de petite passe de la pointe de l'extérieur
25:40à George Ouah, qui pique la balle, qui est dos au but, qui fait une remise instantanée
25:45après avec l'extérieur du pied en l'air vers Daniel Bravo.
25:48Daniel Bravo, qui est dos au but, remet de la tête à Ginola, qui fait une reprise
25:51de demi-volée, qui va dans la lucarne, enfin sous la barre de Paco Buio, je crois.
25:55Et là, tu t'es dit « mais qu'est-ce que c'est que ce but ? ».
25:57À ce moment-là, dans ce match-là, contre cette équipe, et là, le stade part en fusion.
26:03Juste derrière, je crois, eux, ils sont complètement perdus.
26:07Il y a une contre-attaque.
26:08Pareil, il jouait extraordinairement bien avec Ginola, qui remonte la balle, qui donne
26:12à Ouah, qui, pareil, de l'extérieur du pied en une touche, remet sur Valdo.
26:17Valdo qui va vers le but et qui fait un truc fabuleux, c'est-à-dire qu'il fait une feinte
26:21de frappe où Ricardo Rocha, le défenseur, il plonge comme on ne doit jamais faire.
26:24Et hop, et là, derrière, but 3-0.
26:28Et là, on ne pense plus du tout au score du match à Lille.
26:31On se dit que ça y est, on est qualifié.
26:32C'est la 90e minute, il ne peut plus rien nous arriver.
26:36Et ce qui est génial dans ce match, c'est qu'on est dans un état second, on ne sait
26:41plus où on est dans le stade.
26:42Enfin, moi, en tout cas, à Auteuil, on ne sait plus où on est.
26:46Et tu ne penses pas qu'un but peut te remettre en question à ce moment-là.
26:49Tu oublies qu'il y a eu 3-1 à l'aller.
26:51Et ce qui est fabuleux, ce que je disais, c'est que dans l'histoire de ce club, c'est
26:54que même dans ce match qui est une référence, qui est un match historique de victoire à
26:59la 93e minute, tu prends un but, tu prends le but qui doit te faire dire mais.
27:05Et Gilles Hardy, qui commente à l'époque le match, je l'ai vu envoyé après, il
27:11crie sur le but de Samorano, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, exactement
27:15comme fera Stéphane Guy avec la remontade à plus tard.
27:19Et c'est que normalement, ça doit être l'histoire de ce club, ce n'est pas possible.
27:23Sauf que l'arbitre, un Autrichien, je crois, il laisse jouer 97, 98 minutes.
27:29Nous, on ne sait, je vais même te dire, il y a des gens à Auteuil qui pensaient que
27:33c'était déjà la prolongation.
27:34On ne savait plus si on engageait pour la prolongation.
27:38Et il y a ce coufran et la tête de Comboré que nous, on ne voit pas, mais qu'on entend
27:42parce qu'on sent, on entend.
27:44C'est comme si, en fait, on le vivait en décalé, c'est-à-dire qu'on entend le
27:47stade crier et donc on crie derrière et on comprend qu'il y a but.
27:51Et là, on se dit mais ça y est, c'est fini, là, il y a prolongation, on a gagné.
27:57Et en fait, on comprend qu'on a gagné et c'était, je crois qu'on a un peu cassé le
28:01métro en rentrant.
28:02Ah oui, célébration, je crois qu'on a un peu trop, c'est un peu trop énervant.
28:07C'était quand même exceptionnel, effectivement.
28:09Mais on ne savait pas à l'époque que ça serait un match historique.
28:13On pensait qu'il y en aurait d'autres comme ça, mais c'est un match historique.
28:18Tu ne le sais pas sur le moment.
28:19Qualification fabuleuse contre le Real Madrid, évidemment, en demi-finale, défaite
28:23contre la Juve. Vous écoutez, vous écoutez les Matchs de ma vie, le podcast de
28:27BIM Sport où notre invité raconte les cinq matchs de foot qui ont le plus marqué sa
28:30vie. On arrive au match numéro 4.
28:32De Julien Cazard, notre ami humoriste qui sort ces jours-ci, humoriste, ça te va comme
28:36oui, saltimbanque, clown, va-t'en-guerre, qui sort ces jours-ci un nouveau BD.
28:44Troisième collaboration avec notre ami Jacques Daumont.
28:48Jacques Daumont, raconte un peu, qu'est-ce que c'est que cette aventure?
28:53Auteur de BD. En fait, c'est d'abord une rencontre avec Jacques Daumont, qui est
28:59aussi ton ami.
28:59C'est pour ça que, voilà, et c'est Jacques qui, il y a quelques années, me
29:06contacte par ton intermédiaire pour me dire, moi, je ne suis pas spécialement un
29:10fan de foot, mais en dessinant mes BD, parfois j'écoute RMC et même si je n'aime
29:16pas le foot, je t'écoute et votre bande de potes, elle me fait marrer et ça m'accompagne.
29:21Et je commence finalement à me prendre au jeu, à écouter et tout.
29:24Et je me dis, mais ce mec-là, il est marrant, il a l'air pas fut-fut, mais il a l'air
29:28marrant. Donc, je me dis peut-être qu'on pourrait faire un projet de BD tous les
29:32deux, parce qu'il a un humour un peu trash, moi aussi, j'avais fait des BD qui
29:36s'appelaient Trash de vie et peut-être que nos deux univers peuvent se rencontrer
29:39pour faire une BD. Et donc, à cette époque-là, je pense, c'était il y a 6-7
29:43ans, je lui dis, pourquoi pas?
29:47Je dis, pourquoi pas? Ça me fait marrer. Et on crée une première BD, Trash sur le
29:50foot et puis une deuxième, puis une troisième.
29:53Mais ce n'était pas vraiment des BD au sens création de BD avec des personnages
29:57qu'on invente, c'était des BD sur le thème du foot, où on se moquait du
30:01football et on en rigolait.
30:03Et puis là, dernièrement, il me dit, et si on créait une vraie BD, une vraie
30:08BD de foot, c'est-à-dire avec des personnages qui peuvent donner une suite,
30:12un peu comme un Gaston Lagaffe du foot, la BD sur les motards,
30:18je ne me rappelle plus le nom, un Joe Bartim du foot.
30:23Des mecs, quand t'es un ultra du foot, tu te reconnais en eux et t'as envie
30:27d'être eux. Et on se dit, tiens, pourquoi pas?
30:29Et puis, on gamberge et on trouve cette idée de deux potes, un peu comme Mario
30:34et moi, tu vois, deux potes ultra, pour qui le foot, c'est plus important que
30:39la vie. Et en reprenant cette phrase de Bill Shankly, que tu connais
30:43évidemment mieux que nous, qui répond à une question.
30:45Est-ce que le foot, c'est une question de vie ou de mort?
30:48Il dit non, c'est beaucoup plus que ça.
30:49C'est beaucoup plus important que ça.
30:51Les gens devraient être entraînés de Liverpool et c'est vrai que moi,
30:55j'adore cette idée que le foot, c'est plus important que le reste.
30:59Et d'ailleurs, moi, souvent, quand on me demande, quand je jure sur la
31:03tête de mon fils, on ne me croit pas toujours, mais quand on me demande de
31:06jurer sur la tête du PSG, là, je n'ai pas mal à mentir.
31:11Ça résume à peu près les personnages de la BD.
31:14Donc pour la BD, c'est une histoire de personnages qu'on appelle Tifo et Fumi.
31:18Un Tifo et un Fumi, c'est ce qui représente les ultras et c'est leur
31:20deux surnoms. C'est un gars d'origine italienne, un gars d'origine
31:23polonaise, dont les parents étaient, dont les grands-parents ont immigré
31:27en France, dans l'Est, tu vois, à l'époque où tu avais besoin d'ouvriers
31:31polonais, l'époque des Copa, après les Platini et tout ça.
31:35Et donc, voilà.
31:37Et leurs grands-parents en ont eu marre de cette région.
31:39Ils sont allés dans la Loire-Atlantique et eux, c'est des espèces de petits
31:41fils d'immigrés polonais et italiens qui sont des ultras de foot et qui
31:45aiment un club de la Loire-Atlantique, un petit club qui s'appelle Karkemol.
31:49C'est ce mélange de Karkoffou et de plein de clubs.
31:51Et ils aiment ce club plus que tout au monde.
31:54Ils ont leur petite équipe de foot à eux et le club de Karkemol, qui est
31:57vraiment le club pour lequel ils sont prêts à mourir et qui est plus
32:00important que tout. Et on voulait que ces deux personnages représentent
32:04vraiment tout ce qu'on est quand on a un ultra du foot, c'est-à-dire avec
32:07la démesure et le côté marrant.
32:10Et ce BD vient d'apparaître ?
32:12Absolument, il vient de sortir, donc voilà, Tifo et Fumi.
32:15Et là, vraiment, vous allez vous attacher à ces deux personnages qui
32:18sont... Je pense qu'on va beaucoup se reconnaître en eux.
32:20Et ce BD se trouve là où tous les bons BD se trouvent, forcément.
32:24Normalement, c'est-à-dire les épiceries, les barachichas et les
32:29vendeurs de pastèches. Et un peu les librairies.
32:32Vous l'avez entendu ici en premier.
32:34Oui, bien sûr.
32:35On arrive au quatrième match totaliste et on va se retrouver au Parc des
32:37Princes, tiens, pour la troisième fois déjà.
32:39Ah oui, c'est pas fini.
32:40Nous sommes le 17 novembre 1993 et en jupe, on a une place à la Coupe du
32:44Monde, France-Bulgarie.
32:46Oui, oui, alors là, l'ombre de choc, l'ombre de choc parce qu'à l'époque,
32:53on est dans la France qui gagne.
32:54Il faut savoir un truc, c'est qu'on est dans le grand duel PSG-OM.
32:58Donc, quand tu es supporter du PSG, tu as vécu quand même une année relou
33:01parce que l'OM a gagné la Ligue des champions.
33:04Compliqué.
33:05Tu ne sais pas encore qu'il y a l'histoire de Vea qui va remettre tout ça en
33:08question, même s'il s'est remis en question.
33:09Mais ils ne sont pas encore en Ligue 2, les Marseillais, donc ils pavoisent.
33:12Donc c'est dur.
33:13Mais tu dis, l'équipe de France, quand même, on a une génération qu'on
33:15considère incroyable.
33:16C'est le mélange de l'OM champion d'Europe, du PSG qui est allé en
33:20demi-finale de la Coupe d'Europe contre la Juve.
33:21Donc, il y a Ginola, il y a Cantona, il y a Papin, il y a Deschamps, il y a
33:26Sauzé.
33:27On se dit, mais cette équipe, elle est imbattable, elle est insubmersible.
33:30Il lui manquait juste un match nul contre l'Israël.
33:34Il se trouve qu'on a perdu bêtement à la fin, mais on va se dire, allez,
33:39cette fois-ci, c'est bon, pas de blague, la Bulgarie, on ne se rend pas
33:42compte à l'époque, les Bulgaries, tu as juste Stoïchkov, Balakhov,
33:48Ivanov, PNF, t'as une équipe de dingue, et Kostalinov, bien sûr.
33:53Et donc, on se dit qu'il ne peut rien nous arriver.
33:55On ne croit pas une seule seconde qu'il peut nous arriver quoi que ce soit.
33:58Un match nul pour se qualifier pour la Coupe du Monde.
34:00Un match nul, c'est bon, c'est bon, on va en Coupe du Monde.
34:01Un colet bleu n'était pas super à ce moment-là, un euro en 92, nul.
34:06Oui, mais là, on était dans une bonne phase.
34:08Rater la Coupe du Monde en 90, rater l'euro en 98.
34:11Oui, c'est-à-dire qu'en fait, on avait enchaîné les désillusions, mais là...
34:13Sauf que là, normalement, ça allait.
34:14Ça allait, justement, c'est-à-dire qu'on avait enfin la génération.
34:18C'est-à-dire qu'on était, voilà, t'as raison, et ça, c'est important.
34:21Pourquoi c'est un drame ?
34:22C'est parce qu'en 88, tu te qualifies pas pour l'euro, c'est ridicule.
34:26Après, t'avais huit équipes à l'époque, c'est pas comme maintenant.
34:29En 92, tu te qualifies facilement, mais t'es ridicule, tu finis
34:34de manière minable contre le Danemark et la Suède et tout ça, machin.
34:38Et l'Angleterre, tu fais un vieux 0-0 avec Stuart Peirce.
34:43Ça frappe sur la barre, t'en souviens encore de celle-là.
34:45Et derrière, t'as 94, tu te dis, là, c'est bon.
34:50Un match nul et tout.
34:52L'Amérique !
34:53Alors voilà, le match commence plutôt bien.
34:551-0, but de Cantona, on est là.
34:59Et évidemment, comme on est français, pas trop arrogant.
35:02À la mi-temps, il passe Joe Dassin.
35:04L'Amérique ! Et on chante tous l'Amérique, c'est formidable.
35:07Et il pourrait nous arriver et...
35:09Born in the USA !
35:12Oh oh oh, mais qu'est-ce qu'il s'est fait, c'est génial !
35:15Et là, Corner, égalisation.
35:22Je crois que l'égalisation, elle est avant la mi-temps, même.
35:23C'est ça.
35:24Mais on se dit l'Amérique quand même, nous.
35:26Il y a un partout, deux de la tête sur Corner.
35:30Alors déjà, tu te dis stratégiquement, on avait mis Reynald Pedros,
35:331m37, pour garder le poteau.
35:35Si tu revois le but, c'est lui qui saute pour essayer d'empêcher la tête d'entrer.
35:41Je dis, mais quel est le mec qui s'est dit que Reynald Pedros allait empêcher
35:44une balle d'entrer ? C'est fou de faire ça.
35:47Donc bref, donc but.
35:49Et puis, le match continue.
35:53C'est un match un peu merdouilleux.
35:54Je n'ai même pas de souvenir vraiment du match, mais je me dis, voilà,
35:56normalement, c'est bon.
35:57Un match nul, ça suffit.
35:58Et le pire, c'est qu'aujourd'hui, avec la culture qu'on a du foot,
36:01des événements, tout ça, et des matchs accumulés à la télé,
36:05à un partout, à un but d'être éliminé, jamais de la vie, on est serein.
36:08Jamais, normalement, même dans aucun match.
36:10Mais nous, non, on se dit, oh, on va pas nous mettre un but.
36:14Ils galèrent depuis tout à l'heure, les mecs.
36:16Et là, évidemment, l'action, t'as Gino là, qui est dans le poteau de corner.
36:21Tant additionnel.
36:21Voilà, additionnel, il y a une espèce, ou couffrant ou tout, je sais plus,
36:24un couffrant qui est joué rapidement et il centre.
36:27Et il centre, mais bon, c'est un centre qui va de l'autre côté du but.
36:30Normalement, ça ne risque rien.
36:32Sauf qu'il y a un mec qui remonte la balle, qui donne sur Peneff,
36:35qui est un très bon joueur, un attaquant de Valence.
36:38Et Peneff, une balle piquée, qui ne ressemble à rien,
36:42mais qui passe par-dessus la défense.
36:44Et là, le défenseur latéral est un peu juste.
36:48Arrive Alain Roche, qui est un peu juste, et Laurent Blanc, en dernier recours.
36:53Mais bon, le gars, il est un peu excentré.
36:56C'est Kostadinov, il a mis un but de la tête,
36:57mais ce n'était pas un mec qui était à 30 buts par saison.
36:59On ne le connaissait pas, Kostadinov.
37:01Après, il va au Bayerne, mais je crois qu'à l'époque, il est encore à Porto.
37:06Et on se dit, c'est bon, on a Bernard Lama dans les buts, l'angle est fermé.
37:09Laurent Blanc arrive dessus.
37:10C'est bon, Laurent Blanc, tac, l'outil tire comme un saut en fermant les yeux.
37:14Lucarne, et là,
37:18tu te rends compte qu'en fait, c'est fini, c'est terminé.
37:22Tu ne vas pas à la Coupe du Monde.
37:24Le ciel s'écroule sur ta tête.
37:26Et moi, je ne suis pas au stade ce jour-là.
37:28Tu n'es pas au stade ?
37:29Non, je te rappelle que je ne vais pas beaucoup au stade à cette époque-là.
37:32Je vais au PSG, donc je ne vais pas au stade.
37:34J'étais à France-Israël.
37:36Je ne suis pas au stade, mais je suis avec des potes.
37:37Et ce qui est drôle, c'est que je suis sur mon canapé.
37:39Et à l'époque, on se dit, oh, pour avoir un souvenir, on va se filmer au caméscope.
37:42On met le caméscope sur la télé.
37:44À l'époque, tu pouvais poser un caméscope sur une télé.
37:46Il n'était pas trop fin.
37:48Et on se filme.
37:50Et je suis avec un de mes potes qui s'appelle Florian,
37:52un autre qui s'appelle Carmine, qui était supporter de l'Italie,
37:59Le Portugal se faisait éliminer en même temps, mais ils étaient éliminés eux.
38:03Et on se foutait de la gueule de Carlos, qui était avec son écouteur.
38:06Sur la vidéo, on le voit, il est avec son écouteur.
38:09Il écoute le match sur Radio Alpha.
38:10Et on se dit, les Portugais, ils ne vont pas y aller.
38:14Mais t'imagines les cons qu'on a eu.
38:16Et mon pote Carmine, lui, il était Italien.
38:18Il savait qu'il y allait, comme d'habitude.
38:19Il était déjà qualifié.
38:21Et on regarde le truc.
38:22Et tu nous vends, dès là.
38:23Et ce qui est gênant, c'est que quand j'ai revu la vidéo après,
38:25malheureusement, je n'ai plus la cassette.
38:27Et je suis dégoûté.
38:28Et tu nous vois, c'est que nous, quand il y a le but,
38:34on se défait, c'est-à-dire que notre visage s'effondre avec notre corps.
38:39Et tu vois mon pote Carlos Pinto, avec son truc dans l'oreille, qui voit le truc.
38:42En plus, un joueur de Porto qui marque.
38:44Il saute de joie.
38:46Il sort de l'écran, s'il te plaît.
38:48Il était sur, il était athlétique.
38:49Il était assis, tu sais, sur la chaise, tu sais, avec les pieds sur la chaise.
38:52Comme en taillère, il saute, il sort de l'écran.
38:55Tellement il est heureux.
38:57Et nous, on est là, on regarde, on ne comprend pas ce qui se passe.
39:00Il faut se rendre compte que...
39:02Pourquoi c'est dur ?
39:04C'est que là, tu te rends compte ce qu'ont vécu les Italiens.
39:06C'est que ma génération, après France-Allemagne 82,
39:11elle a vécu France-Allemagne 86.
39:13Et c'est-à-dire que moi, quand il y a France-Allemagne 86, j'ai 12 ans.
39:16Et donc, quand t'es un gamin de 12 ans
39:18et que tu te dis que tu ne verras jamais ton pays à la Coupe du Monde
39:21jusqu'à l'âge de tes 20...
39:23Jusqu'en 98, c'est-à-dire 24 ans.
39:26C'est-à-dire que de 12 à 24 ans...
39:28Moi, je n'ai pas vu mon équipe à la Coupe du Monde.
39:29Les gens ne se rendent pas compte, les gamins aujourd'hui,
39:31que pendant 12 ans, de 12 à 24 ans, là où tu es le plus à fond,
39:35là où tu es un gamin à fond dans ta télé,
39:37tu n'as pas ton équipe à la Coupe du Monde.
39:39C'est ce qu'ont vécu les Italiens.
39:41Mais encore entre-temps, ils sont champions d'Europe.
39:43Et quand t'arrives 98, c'est pour ça qu'il y a eu de la folie.
39:45C'est parce que nous, on s'est dit qu'on allait encore attendre 4 ans.
39:50Gérard Houllier, qui démissionne une semaine plus tard,
39:52laissant sa place à un certain Emejaque.
39:55Et les Bulgares iront en demi-finale de cette Coupe du Monde aux Etats-Unis.
39:58Oui, et la Suède aussi, qui était dans notre groupe.
40:02Oui, c'est ça.
40:02Les deux équipes qui sont passées devant nous,
40:04ils sont allés en demi-finale.
40:05Ouais, super !
40:08Ça ne change rien dans l'histoire.
40:09Ça change absolument.
40:10On a fait 4 matchs.
40:11Pour l'instant, 2 défaites et 2 victoires.
40:13On va voir comment on va terminer.
40:14On arrive au dernier des 5 matchs qui ont le plus marqué ta vie,
40:18cher Julien Cazard.
40:19Un saut en avant de 23 ans, maintenant,
40:21pour se retrouver au Stade Vélodrome.
40:23Tiens, un Parisien qui choisit un match du Stade Vélodrome,
40:26le 7 juillet 2016.
40:28Soir de demi-finale de l'Euro 2016, bien sûr.
40:31La France contre, tiens, l'Allemagne.
40:34La même affiche que pour ton premier choix.
40:36Donc, France-2, Allemagne-0.
40:40Alors, quand j'ai pensé à mes choix,
40:44j'ai évidemment pensé aussi à la Romantada dans les 5.
40:47Mais voilà, c'est un match où tout le monde va raconter la même chose en 2013,
40:52même si moi, j'y étais.
40:53Donc, c'est encore plus dur.
40:54Mais pourquoi j'ai voulu France-Allemagne ?
40:56Parce que c'est pour boucler la boucle avec le premier.
40:59Parce que c'est une demi-finale de l'Euro.
41:01Tu peux dire qu'on a déjà gagné l'Euro.
41:03On a gagné l'Euro 2000.
41:05On a été champion du monde, tout ça.
41:07Je ne vivais plus les matchs de l'équipe de France de la même manière.
41:11C'est-à-dire que les victoires n'ont pas été les mêmes.
41:12La Coupe du Monde 2018, j'étais heureux,
41:15mais je n'avais pas la même joie que quand...
41:17Ce n'est pas possible, tu vois, ça ne peut pas être comme la première.
41:20Mais ce match-là,
41:22moi, je n'avais jamais vu la France battre l'Allemagne dans un match officiel.
41:25Jamais de ma vie.
41:27Et je me suis rendu compte, j'ai pris une claque sur ce match-là.
41:30En fait, je n'avais pas conscience du traumatisme que c'était pour moi France-Allemagne.
41:35C'est-à-dire qu'il y a toute mon enfance,
41:37il y a tout ce qu'ont vécu mes grands-parents.
41:40En fait, il y a tout ça qui s'est retrouvé dans ce match.
41:43Et on se fait becter.
41:45Là, je me dis encore une fois, on va perdre,
41:46parce qu'il faut se souvenir qu'on n'existe pas pendant la première partie du match.
41:50Salomon était champion du monde en titre.
41:51Champion du monde en titre.
41:53C'était une équipe qui était...
41:55Pour nous, on ne pouvait pas les battre.
41:57Et même si on était à domicile,
41:59et surtout, ils nous bouffent pendant toute la première mi-temps.
42:02Et, miracle, on a un pénalty.
42:05On a un pénalty sorti de nulle part.
42:07Et là, donc là, tu te dis, c'est pas possible, il ne faut pas le rater et tout.
42:12Je crois que c'est Griezmann qui le marque.
42:15Et là, on se dit, c'est incroyable.
42:17On mène un zéro contre les Allemands,
42:18mais on est quand même bien placé pour savoir que ça ne suffit en général pas.
42:22Donc, on ne sait pas encore à l'époque que ce ne sont plus les Allemands d'avant,
42:25que ce ne sont pas les Allemands cyniques.
42:27C'est les Allemands qui vont devenir l'équipe de France.
42:31Ce sont des Allemands gentils.
42:32Gentils, en fait.
42:33Ils dominent, ils prennent un but et commencent à faire,
42:35oh, c'est bizarre.
42:36Ils redominent, ils redominent.
42:37Et là, deuxième mi-temps, je crois que c'est Paul Pogba
42:41qui fait une espèce de jeu bizarre sur le côté, qui fait un centre.
42:46Neuer qui repousse mal sur Griezmann, Griezmann qui marque.
42:51Et là, il y a une explosion de joie, d'une intensité
42:55que je n'ai même pas vécue pour d'autres matchs plus importants.
42:57Même si c'est une demi-finale de l'Euro, j'explose de joie.
43:00Je suis avec mon pote Mario, évidemment, on est chez Mario.
43:02Et c'est la folie, quoi.
43:04Et sauf que pendant tout le reste du match, je suis dans l'angoisse.
43:06J'ai vu une angoisse.
43:08J'ai des sueurs froides.
43:09Je ne suis pas bien.
43:11Et quand il y a le coup de sifflet final, je te jure, je pleure.
43:14Et je pleure, mais comme un gamin, quoi.
43:18Je me rends compte, je me dis, mais sérieux, on a battu les Allemands.
43:21C'est complètement con.
43:22Je veux dire, tu te dis, mais c'est bon, t'es une grosse équipe.
43:24Comme maintenant, t'as déjà gagné l'Euro, la Coupe du monde.
43:27Et non, je pleure comme un gamin, quoi.
43:29Je suis complètement effondré d'avoir battu les Allemands.
43:33Et alors que la défaite, j'étais au Stade de France après la finale.
43:38Je suis toujours plus dégoûté parce que c'est un match un peu moisi.
43:40L'ambiance était nulle.
43:41J'ai détesté le Stade de France.
43:42Je n'aime pas ce stade en plus.
43:43Mais franchement, je changerais peu de choses contre cette victoire,
43:49contre l'Allemagne, parce que c'était une émotion.
43:51Voilà, c'était tout.
43:52J'avais l'impression d'être dans le film Ratatouille,
43:55quand le mec qui mange sa ratatouille et que le mec du guide là,
44:00et puis tu as toutes les images de son enfance qui reviennent
44:02et qu'il a les larmes aux yeux.
44:03C'était pareil, j'étais le mec de Ratatouille.
44:05Tu as commencé avec des larmes contre les Allemands,
44:07et une défaite amère pour finir avec des larmes contre les Allemands
44:11après une victoire.
44:12Ouais, écoute, tu vois, c'est beau, c'est beau, boucler, boucler.
44:16Quel raconteur d'histoire.
44:17Ça termine donc avec de la joie.
44:21Ouais.
44:22Et à ce moment-là, en 2016, tu n'es plus le concre de la classe non plus.
44:25Qu'est-ce que je fais en 2016 ?
44:27Non, je suis sur Canal+, évidemment.
44:30Et non, c'est plutôt une bonne période.
44:33J'étais encore à RMC.
44:35Et c'est l'époque où je fais J plus 1 avec Canal+.
44:39Si, je suis un peu le concre quand même,
44:41parce que sauf que je suis dans un métier où être le concre,
44:43c'est plutôt bien vu.
44:44Maintenant, tu es payé pour.
44:46Oui, c'est-à-dire qu'on te félicite d'être le sale gosse que tu étais avant.
44:50Mais après, franchement, je vais te dire un truc.
44:54Je ne me suis jamais dit, ah voilà, je le savais.
44:57Parce que tu t'aperçois que c'est tellement des coups de chance.
45:00C'est-à-dire que oui, il y a du talent et il faut bosser.
45:02Il n'y a pas de souci.
45:03Mais à un moment donné, il faut de la chance.
45:04C'est-à-dire que quand tu es un branleur comme moi,
45:07quand tu es un casse-sauce comme moi, quand tu es gamin,
45:09c'est bien gentil d'avoir du talent peut-être ou de l'humour ou ce que tu veux.
45:14Mais si tu n'as pas des bonnes rencontres et le coup de bol,
45:16tu es le mec le plus drôle du Franprix et tu es chef de rayon au mieux.
45:20Et encore, je pense que je n'aurais même pas eu le talent d'être chef de rayon.
45:23Donc voilà, je me dis, je pense qu'il faut quand même avoir conscience
45:28que c'est beaucoup de chance dans ce genre de métier.
45:30Après, pour durer, c'est du travail.
45:32Mais pour commencer, il faut un peu de chance et des bonnes rencontres.
45:35On va te laisser aller travailler pour préparer les prochaines aventures.
45:39Mon cher Julien, merci d'avoir partagé ce souvenir.
45:42C'est un moment de vie avec nous.
45:45C'est un plaisir, surtout d'être avec toi, Darren.
45:47Moi, je t'ai connu en tant que spectateur avec ta coupe de Austin Powers
45:51et toute la bande d'énervés matous.
45:55Voilà, j'ai grandi avec vous.
45:56Merci beaucoup.
45:57Merci à vous, chers auditeurs, de nous avoir écoutés.
45:59Si le podcast vous plaît, n'hésitez pas à partager avec vous.
46:01N'hésitez pas à partager avec vos amis, à en parler sur les réseaux sociaux
46:04et sur la plateforme où vous nous écoutez, évidemment.
46:07Allez, à très vite pour un nouvel épisode de Match de ma vie.
46:10Bye bye.