Faut-il interdire les dénominations "steak végétal" "saucisse végétale" ? Un décret pour y mettre fin est en préparation
Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui l'interdiction de la dénomination "steak végétal" en préparation.
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00:00 - Europain. - Pascal Prohevo.
00:03 - Oh non ! Oh non ! - C'est une jolie parodie du groupe Queen.
00:16 - On n'a pas le droit de massacrer Queen comme ça.
00:19 - D'autant que c'est sa date de naissance, le 5 septembre.
00:22 - Il était né sous le signe de la Vierge. - Exactement.
00:25 - Je rappelle qu'aucun dictateur n'est jamais né sous le signe de la Vierge.
00:28 Je le dis à chaque fois mais c'est très très important.
00:31 Il y a des artistes, des écrivains, des journalistes,
00:36 il n'y a pas de dictateur chez les personnalités nées,
00:40 chez les hommes en tout cas, nées sous le signe de la Vierge.
00:43 Faut-il interdire les dénominations steak végétal et saucisse végétale ?
00:47 Nous sommes avec Brigitte Gauthier, cofondatrice porte-parole de L214
00:52 que vous connaissez, qui se bat pour la condition animale.
00:55 - Tout à fait. - Bonjour. Vous avez passé un bel été ?
00:58 - Chaud, on a vu. Un été chaud qui rappelle l'urgence
01:03 à avoir des mesures qui atténuent, des mesures d'adaptation,
01:07 si on veut, il y a des questions de survie pour nous
01:10 et pour les autres habitants de la planète.
01:12 - Si vous me permettez, en France, il n'a pas fait particulièrement chaud.
01:16 Il fait chaud là depuis quelques jours.
01:18 Mais dans l'Ouest, par exemple, l'été n'a pas été très chaud.
01:22 Et globalement, il n'y a pas eu de période de canicule.
01:25 Alors là, manifestement, c'est différent depuis quelques heures.
01:28 - D'accord. Avec vous, à Paris aussi, c'était tout à fait soutenable cet été.
01:31 Mais voilà, il ne faut pas regarder juste sur le pas de sa porte,
01:35 mais regarder la situation globale.
01:37 Et on a plutôt des scientifiques qui nous alertent sur l'urgence à agir
01:42 sur beaucoup de pans, dont la question de l'alimentation
01:46 qui rejoint le débat qu'on va avoir aujourd'hui.
01:49 - Alors, faut-il interdire les dénominations "steak végétal", "saucisse végétale" ?
01:53 Est-ce que d'abord, cette idée vous choque ?
01:56 - Oui, oui, tout à fait. Je trouve ça même absolument scandaleux,
01:59 parce que c'est vraiment une manipulation, une diversion aussi,
02:04 puisque c'est interdit pour les produits fabriqués en France,
02:07 mais pas pour ceux qui seront importés.
02:09 Donc, quelle est la cohérence de cette mesure ?
02:13 - Un steak, c'est de la viande.
02:15 - Un steak, c'est un morceau.
02:17 - Alors, c'est vécu comme de la viande.
02:20 - Et quand vous dites, et même le ministre utilise le terme "steak végétal",
02:24 le ministre l'utilise lui-même, il l'a utilisé il y a quelques mois.
02:27 Quand il utilise le terme "steak végétal", bah ouais, c'est un nom qui est pratique,
02:31 qui est de bon sens, qui est usuel,
02:33 et qui confond un steak de soja et un steak de bœuf arrêtés ?
02:37 Justement, on s'était fait retoquer, il avait déjà fait la proposition de décret,
02:41 et l'Union européenne avait répondu en disant
02:43 "mais attendez, prouvez-nous qu'il y a un problème d'abord".
02:46 - Enfin, moi je suis assez surpris que le gouvernement s'attaque à ça,
02:49 parce que je vois pas vraiment le problème, pour tout vous dire.
02:52 Ceux qui sont végétariens et qui ne souhaitent pas manger de steak
02:56 et qui veulent un steak végétal, c'est pas ce qu'on appellera ça d'un autre nom.
03:00 - Surtout comment ils veulent l'appeler, du coup ?
03:02 - Je perçois pas exactement, alors c'est une demande sans doute débouchée,
03:05 mais je vois pas non plus pourquoi les bouchers craignent
03:08 qu'on puisse parler de steak végétal.
03:10 Mais je vais donner la parole à un boucher,
03:12 parce qu'il va peut-être me donner la solution.
03:14 - Bonjour Alain ! - Bonjour Pascal !
03:16 - Et merci d'être avec nous. Comment ça va ?
03:18 - Ça va bien et vous ? - Vous vous appelez d'où ?
03:21 - De Morteau, vous connaissez Pascal ?
03:23 - Ah bah de Morteau bien sûr, la saucisse de Morteau !
03:26 - La saucisse de la viande !
03:29 - Bon Alain, vous êtes boucher ? - Oui.
03:32 - Un vrai de vrai ? - Un vrai, oui.
03:34 - Bon vous mangez pas de steak végétal ? - Non.
03:37 - Ou de saucisse végétale ? - Non, non, non plus.
03:40 - Mais est-ce que ça vous ennuie qu'on appelle ces dénominations ?
03:44 - Oui, moi ça m'ennuie,
03:46 après ça me fait pas peur pour le commerce ni rien.
03:48 Ça m'ennuie, mais je vais juste vous dire une parenthèse à votre invité.
03:52 Je suis un des rares bouchers en France, je pense,
03:55 à signer les pétitions de L214,
03:57 parce que comme je m'amuse toujours à dire humoristiquement,
04:00 le bien-être animal n'est pas exclusif aux mangeurs de salade.
04:04 Voilà, ça c'était la parenthèse que je voulais juste ouvrir.
04:07 On peut manger de la viande, on peut manger de la viande, chère madame,
04:10 et on peut en vendre, on peut en désosser, on peut en couper,
04:13 et on peut se soucier autant que vous que du bien-être animal.
04:16 Voilà, ça c'était juste la parenthèse, parce que vous voyez,
04:18 quand j'ai des extrémistes dans le véganisme,
04:22 parce que dans le véganisme j'ai des gens que je côtoie à des proches,
04:26 mais qui font pas ce qui m'est déjà arrivé,
04:28 on colle pas des autocollants assassins sur la vitrine d'un boucher.
04:32 - Ça vous est arrivé ? - Oui, ça m'est arrivé, oui.
04:35 - Effectivement, ça n'a pas de sens.
04:37 - Non mais ça n'a pas de sens parce que ça n'a pas de sens
04:40 autant que le mot "steak végétal", vous voyez.
04:43 On dit, on met que je suis un assassin, or j'ai jamais tué personne.
04:48 Voilà, on met que c'est un steak végétal.
04:50 Alors pourquoi le steak ? On va revenir aux appellations.
04:53 Premièrement, déjà, si on regarde les définitions dans le dictionnaire,
04:59 un steak, dans le dictionnaire c'est marqué, c'est une tranche de bœuf grillée.
05:03 Une saucisse, c'est un mélange de viande hachée dans un boyau naturel.
05:07 - Non mais c'est vrai que ces mots sont associés à la viande,
05:12 c'est incontournable, moi ça me paraît pas,
05:15 je suis étonné de cette demande des bouchers,
05:17 parce que je pense pas que ça vous enlèvera un client,
05:20 mais je peux me tromper.
05:21 - Non mais moi j'en ferai pas la demande,
05:24 à rigueur je pense qu'il y a d'autres choses à débattre en France actuellement que ça,
05:27 mais s'il faut qu'on débatte de ça, on peut débattre de ça.
05:29 Et la deuxième raison, c'est qu'on a des convictions.
05:32 Qu'on a des convictions aussi fortes que les gens d'L214
05:35 ou que les vegans extrémistes ont.
05:37 Et bien on applique ces convictions à 100%.
05:39 - Mais c'est quoi vos convictions ?
05:41 - Non mais je vais être plus clair,
05:43 quand un steak concret dégoûte la personne,
05:46 et bien un steak abstrait, c'est-à-dire le nom,
05:49 doit dégoûter aussi la même personne.
05:51 - Je suis pas sûr de comprendre ce que vous voulez dire, mais...
05:53 - Je vois pas pourquoi des gens qui ne mangent pas de steak,
05:59 qui ne veulent surtout pas en voir la couleur et tout ça,
06:01 par contre ça les dérange pas de s'approprier le nom steak pour mettre sur du tofu ?
06:05 - Ah ça c'est un argument qui est pas mal !
06:07 Ah il est pas mal cet argument !
06:09 - C'est pour ça que je vous parle à la bataille du steak abstrait !
06:11 - Et bien elle va vous répondre Brigitte !
06:13 Brigitte effectivement !
06:15 - Bonjour Alain !
06:16 - Brigitte Gauthier qui est co-fondatrice porte-parole de L214
06:19 à 12h21 sur Europe 1, elle vous répond.
06:22 - Alors il y a plein plein d'éléments de...
06:24 - C'est très bien ce que vous faites Brigitte !
06:26 - Bonjour ! Il y a plein plein de choses à répondre à ce que vous avez dit,
06:29 merci de soulever tous ces éléments.
06:32 Déjà effectivement c'est pas forcément une demande des bouchers charcutiers,
06:36 c'est vraiment une demande, le ministre l'a dit lui-même,
06:39 des filières animales, c'est-à-dire des gros de l'agroalimentaire,
06:43 puisqu'ils savent que c'est une entrave au développement des alternatives végétales.
06:47 Et pour répondre à votre dernier propos sur est-ce qu'on est dégoûté par le steak,
06:52 moi je n'ai pas arrêté de manger de la viande parce que j'étais dégoûté par la viande,
06:56 par le sang ou je sais pas quoi, c'est vraiment par considération pour les animaux.
07:00 Vous avez raison, vous pouvez aussi vous préoccuper de ce qui se passe pour les animaux
07:05 et être enclin à signer nos pétitions, effectivement, et merci de le faire.
07:09 Et puis on peut aller se projeter plus loin aussi,
07:13 aujourd'hui on a vraiment une tuerie de masse,
07:15 on tue 3 millions d'animaux par jour dans les abattoirs,
07:19 on mange 84 kilos de viande...
07:21 - 3 millions en France ?
07:22 - 3 millions juste en France.
07:24 80% des animaux qu'on abat viennent d'élevage intensif,
07:27 qui est un modèle où 90% des gens disent "on en veut pas".
07:31 Donc on a vraiment un espèce de décalage entre ce qu'on souhaiterait pour les animaux
07:37 et puis ce qu'on leur fait subir.
07:38 Et effectivement, les personnes qui sont végétariennes ou véganes,
07:42 et même certaines qui ne le sont pas...
07:43 - Ce qui est votre cas ?
07:44 - Oui, oui, moi je...
07:45 - Vous êtes végétarienne ou végane ?
07:46 - Alors je consomme végane, je veux pas me coller une étiquette,
07:49 je consomme végane, effectivement.
07:51 - Donc on rappelle ce qu'est végane, précisément ?
07:52 - Végane c'est, j'évite l'ensemble des produits d'origine animale,
07:55 de façon à...
07:56 - Même les oeufs, même le lait...
07:57 - Même les oeufs, même le lait...
07:58 - Donc par exemple, ce matin, qu'est-ce que vous avez mangé ?
08:01 - Et bien ce matin, j'ai eu un bol de lait de soja,
08:05 avec du cacao dedans, et puis des tartines.
08:07 - D'accord, et des tartines ?
08:09 - Du pain, de la margarine, de la confiture.
08:13 - D'accord, et au déjeuner par exemple, vous savez ce que vous allez...
08:15 - Et bien je ne sais pas encore, parce que comme la majorité de mes concitoyennes
08:19 et de mes concitoyens, je me pose cette question plusieurs fois par jour,
08:23 mais j'ai, comme tout le monde, un peu l'embarras du choix.
08:26 - Vous déjeunez chez vous par exemple, ou vous allez dans un restaurant à l'heure du déjeuner ?
08:30 - Là je vais rentrer chez moi. Généralement c'est chez moi, mais on a aussi...
08:33 - Parce que c'est difficile parfois d'aller dans des restaurants...
08:35 La vie sociale, moi je me dis souvent, par exemple, je vous invite chez moi à dîner.
08:39 Vous faites un effort, une entorse à votre régime,
08:45 ou c'est moi qui avant... - Qui va faire l'effort ?
08:50 - C'est pas une question d'effort ou pas... - On est d'accord, c'est pas une question d'effort.
08:53 - Mais j'attends votre réponse. Dans ces cas-là, je vous invite à dîner, qu'est-ce qu'il se passe ?
08:57 - Et bien je vous dis auparavant, les produits que je refuse,
09:01 c'est pas que je ne peux pas, c'est que je refuse de consommer pour ne pas cautionner,
09:06 et puis pour faire la démonstration aussi, parce que si je mangeais de temps en temps
09:09 de la viande ou d'autres produits d'origine animale, on dirait,
09:12 oui tu maintiens ta forme, mais c'est parce que tu consommes quand même un petit peu,
09:17 et donc tes protéines aluine, non, je veux faire aussi la démonstration.
09:21 - Oui mais les dîners, c'est pas tous les soirs, vous pourriez aussi faire...
09:24 - J'ai envie de le dire, c'est une vie sociale. - Oui, mais on a encore la vie sociale.
09:29 - Moi ce qui m'ennuie un peu parfois, il y a une forme, le mot "effort" s'en doute,
09:33 d'intégrisme là-dessus, qui fait que vous allez dîner chez des gens,
09:37 ils vous invitent à dîner, et vous leur imposez au fond ce que vous voulez dîner à vous.
09:42 - Et bien c'est super que vous abordiez ça, puisque aujourd'hui on a l'illusion du choix,
09:46 vous avez l'illusion du choix de manger de la viande, alors qu'en fait pas du tout.
09:49 Votre environnement alimentaire, il est saturé de produits d'origine animale.
09:54 Quels que soient les produits que vous preniez, mis à part quelques exceptions,
09:58 et bien c'est avec des produits d'origine animale dedans, et c'est beaucoup,
10:02 notre plat aujourd'hui traditionnel, c'est autour de la viande, du poisson,
10:05 on a les légumes pour faire la décoration autour.
10:07 - Mais ça vous coupe quand même d'une certaine vie sociale, parce que d'abord...
10:11 - Oh non, elle est trop riche déjà !
10:12 - Mais les restaurants, il y a tous les restaurants...
10:14 - Il y en a, il y en a, il y en a ! On a un site qui s'appelle "Végoresto"
10:17 sur lequel il y a 3000 restos référencés, avec des options vegan.
10:20 - Peut-être plus à Paris, mais dans des villes en région.
10:23 - Mais d'autres villes, non, en région aussi.
10:24 - Et alors si vous m'invitez à dîner, vous me faites...
10:27 - Vous aurez le choix, vous aurez l'embarras du choix entre quelque chose de très bluffant...
10:30 - Mais si je vous demande par exemple, comment dire, une entrecôte,
10:34 vous me la faites ou vous me la faites pas ?
10:35 - Alors à base d'animal, non.
10:37 - Non, d'accord.
10:38 - Non.
10:39 - Alors non seulement vous venez chez moi et il faut que je vous fasse la bouffe que vous voulez,
10:43 mais si je vais chez vous, il faut que je mange la bouffe que vous voulez vous.
10:45 - Exactement, parce que je suis extrêmement pacifiste, c'est-à-dire que...
10:50 - Je t'entends bien !
10:51 - Voilà, je suis non-violente jusqu'à mon assiette.
10:53 - D'abord, c'est ma première fois que je vous fais, je vous trouve toujours très sympathique
10:56 et c'est agréable d'échanger avec vous, mais c'est vrai que je peux me dire,
11:00 c'est pas très tolérant, vous avez le droit de le dire comme ça ou pas ?
11:05 - Ben non, mais à l'inverse...
11:06 - Pourquoi vous ne me faites pas d'entrecôte ?
11:08 - Parce que je ne veux pas cautionner le fait qu'on puisse considérer les animaux comme de la nourriture.
11:13 Je veux faire la démonstration que, comme Pythagore en son temps,
11:17 il interrogeait notre société sur la légitimité de faire tuer des animaux pour les manger
11:22 alors qu'on n'en a pas besoin.
11:24 Et même aujourd'hui, à son époque, il n'y avait pas les problèmes d'urgence climatique,
11:28 d'urgence sanitaire, d'urgence sociale qu'on a aujourd'hui.
11:31 Aujourd'hui, il serait avec nous en train de dire "Waouh !"
11:35 Non seulement il y a une question de légitimité, mais en plus il y a une question d'urgence.
11:38 Manger végétal, c'est six fois plus important que manger local.
11:42 - Moi je vais vous dire...
11:43 - Eh ben vous ne mangez pas aux bons endroits, Pascal !
11:45 - Je vous assure, le plaisir dans la vie, en tout cas dans la mienne, c'est important.
11:49 - Mais dans la mienne aussi !
11:50 - Mais je vous assure, c'est pas bon.
11:52 - Je vous assure, vous ne mangez pas aux bons endroits !
11:54 Je vous assure, là je sors de l'été, j'ai mangé du poisson,
11:58 vous ne mangez pas de langoustine, par exemple ?
12:01 - Non plus.
12:02 - Vous mangez...
12:03 - Mais qu'est-ce que vous mangez !
12:05 Mais c'est pas possible, il y a toute une gastronomie végane !
12:08 - Bien sûr que la douleur de la langoustine, je veux bien la prendre en compte,
12:11 mais c'est vrai que quand je la mange, je ne me dis pas "Voilà, cette pauvre petite langoustine,
12:15 je suis en train de la manger, pardonnez-moi !"
12:17 En plus, je culpabilise toujours quand je suis avec vous, parce que j'ai l'impression d'être un monstre !
12:21 - Et la question, ce n'est pas "Est-ce qu'on est des monstres ?"
12:24 ou "Est-ce qu'on n'est pas assez des décisions collectives à faire ?"
12:26 mais justement, parce que notre environnement alimentaire, tout ce qui est autour de nous,
12:29 les pubs, qui sont même financées notamment par l'Union Européenne,
12:32 les promos, tout ça, c'est sur les produits d'origine animale,
12:35 on les a institutionnalisés, on les a banalisés,
12:38 et tout est fait pour...
12:39 - Non mais j'entends bien, mais le plaisir...
12:41 - Bien sûr qu'on a du plaisir en tant que personnes qui mangent végétariens ou végétaliens,
12:46 et évidemment, sortez un petit peu de votre cercle, Pascal !
12:49 - Mais je veux bien, mais j'ai essayé, j'ai tenté de manger ces trucs-là,
12:53 enfin ces trucs-là, pardonnez-moi, c'est un peu pésoratif...
12:55 - Ah, il va falloir que je vous donne des bains de Zadriste !
12:56 - Mais c'est vrai que ça ne m'a pas bouleversé, autrement je le ferais, d'abord c'est plutôt moins cher...
13:00 - Alors généralement, ça peut être moins cher, après les produits, justement, snacks et tout ça, ça peut être...
13:05 - Alors il y a l'aspect carence, peut-être qu'on a besoin de protéines quand même, mais bon, peut-être !
13:11 - Non, on est en excès de protéines quand on mange de la viande et quand on ne mange pas de viande.
13:15 - Au-delà, si c'était bon, je ne sais pas, Géraldine, vous êtes adepte de la nourriture vegan ?
13:21 - Non, du tout, moi j'aime bien mon petit steak saignant.
13:24 - C'est vrai, parce qu'il y a aussi cette notion de plaisir, je ne sais pas si Fabrice Laffitte...
13:29 - Ma femme s'est mis un petit peu vegan, m'a fait goûter...
13:31 - Ah bon, vous parlez comme Columbo maintenant !
13:33 - Voilà, c'est ma femme qui va être content !
13:35 - Et effectivement, le steak de soja non préparé a un petit goût acide par rapport à un morceau de viande...
13:46 - Non mais vous n'avez pas aimé, vous n'avez pas le droit de dire, je ne trouve pas ça bon !
13:50 - Après une fois préparé, c'est passé, oui, effectivement.
13:53 - Dans l'alimentation vegan, il y a de tout, il y a des choses qui sont très bonnes et il y a des choses qui ne sont vraiment pas bonnes.
14:00 - Il y a des grands restaurants vegan d'ailleurs, aujourd'hui ou pas ?
14:03 - Eh bien, les grands chefs s'y mettent aussi, il y a plusieurs articles de presse.
14:07 - Effectivement, dans la gastronomie, c'est vraiment quelque chose de très important.
14:12 - Mais ne faisons pas de diversion par rapport à ce que pense le ministre !
14:15 - Oui, mais en même temps, comme vous êtes avec nous, c'est intéressant d'avoir fait un sujet...
14:19 - Là aussi, les fractures sont souvent générationnelles et les plus jeunes sont sensibles à votre discours, je le sais.
14:24 - La pause, à tout de suite !
14:25 - Il est midi 29 sur Europe 1.
14:27 - Europe 1, Pascal Praud.
14:30 - Pascal, prouvez-vous la suite sur Europe 1, faut-il interdire les dénominations "steak végétal" et "saucisse végétale" ?
14:36 On en parle cet après-midi avec vous, Pascal, et votre invité, Brigitte Gauthier, co-fondatrice, porte-parole de L214.
14:43 - Une seconde qui est traiteur, mais c'est quoi le fondement d'interdire cette dénomination "steak végétal" et "saucisse végétale" ?
14:51 Parce que, à juste titre, je trouve sur Twitter, vous avez écrit "est-ce que les gens confondent l'huile de moteur, l'huile d'olive et l'huile de jojoba ?"
14:57 - Jojoba, je ne crois pas. Pas plus qu'ils confondent les steaks végétaux et ceux de bœuf. Je suis plutôt d'accord avec vous, ça ne me paraît pas essentiel.
15:04 - Ça ne me paraît pas essentiel non plus, en plus ça ne couvre pas les produits importés, donc quel est le sens de ce truc-là ?
15:10 - Je vous pose la question.
15:11 - Je me la pose aussi. On a vu quand ça avait été débattu la première fois, c'était monté au niveau européen, et on avait vu le syndicat Copacogk,
15:19 qui est l'équivalent de la FNSEA, mais au niveau européen, dire "effectivement, il faut interdire ces dénominations".
15:25 L'industrie de la viande sait très bien que la question de simplifier le passage à une alimentation plus végétale, ce n'est pas bon pour leurs affaires.
15:34 - Oui, mais là en l'espace, vous pensez que d'enlever le mot "steak végétal" ?
15:39 - Bien sûr, parce que ça donne un côté pratique. Vous achetez un steak, vous savez que vous en avez pour quelques minutes à la poêle.
15:45 Vous achetez une saucisse, vous voyez très bien l'usage. Donc c'est des petites entraves comme ça.
15:49 C'est un peu comme l'industrie de la cigarette à un moment, c'est-à-dire que vous avez un tas d'actions pour mettre en doute les bases scientifiques.
15:55 Par exemple, on entend souvent "les prairies, c'est des puits de carbone". C'est une connerie.
15:59 Aujourd'hui, les prairies, elles sont émettrices nettes de CO2, de gaz à effet de serre.
16:04 Donc voilà, il y a ce genre de trucs-là. Aujourd'hui, les scientifiques nous disent "il faut réduire de 50 à 90% notre consommation de viande en France",
16:13 et on a un gouvernement, un ministre qui n'y va pas du tout.
16:17 - Non, parce que moi je prends toujours avec des pincettes ce que disent ou ditent les scientifiques.
16:22 Je voudrais savoir quels scientifiques, etc.
16:24 - Par exemple, vous pouvez regarder les études, donc le TCHIEC fait des compilations, et dessus il note bien que l'alimentation vegan, c'est celle qui répond le mieux aux objectifs.
16:33 - Oui, oui, oui, mais j'entends tout ça, je vous assure, j'entends tout ça, mais on n'a jamais vécu aussi vieux dans le monde.
16:40 L'espérance de vie n'a jamais été aussi élevée. - Elle recule.
16:43 - Elle n'a jamais été aussi élevée, et on a la chance en 2023 de vivre sans doute mieux que toutes les générations qui nous ont précédées.
16:51 Donc j'entends, j'entends tout ce que vous dites, mais je le mets parfois en perspective.
16:57 Alain est avec vous, et c'est lui qui va dialoguer avec vous, il est traiteur, Alain, donc j'imagine qu'il vend des steaks. Bonjour Alain.
17:03 - Bonjour monsieur, bonjour monsieur Prost. Non, je ne vends pas des steaks, mais je fais beaucoup de filets de bœuf, des filets de veau et tout ça, en tant que traiteur dans les mariages, oui.
17:11 - Bon, vous écoutez notre conversation avec Brigitte Gauthier, et je rappelle qu'elle est porte-parole de L214, cofondatrice et porte-parole, qu'est-ce que vous avez envie de lui dire ?
17:23 - Moi je suis porte-parole de 324-237, non je blague. Ce que j'ai envie de dire, c'est qu'on est dans un contexte de vie qui fait du n'importe quoi.
17:34 Moi vous voyez, hier j'ai été faire quelques courses perso à Géant, à Saint-Nazaire, et il y a des gens qui… j'ai été dans le rayon, vous savez, tout ce qui est végétal, steak, il n'y a personne quoi.
17:46 Les gens, ils sont dans le rayon boucherie, on prend des bonnes saucisses, on mange une bonne côte de bœuf, et puis c'est la fête, on est des viandards, on a une tradition culinaire en France, on est tout ça.
17:55 Après maintenant, moi j'ai deux enfants, j'ai deux fils, vous ne leur ferez jamais manger ça, moi je fais des repas de mariage, sur 80 personnes, il y en a deux qui sont véganes, il y en a trois qui sont ça et quatre qui sont ci, mais c'est la mode.
18:09 C'est la mode, c'est une mode, moi je ne rentre plus là-dedans.
18:12 - Non mais ce qui est intéressant dans ce que dit et elle va vous répondre Brigitte, c'est que le reproche qu'on vous fait, c'est d'être des personnes sinistres.
18:18 C'est ça qu'il vous dit, il vous dit voilà, nous on est des viandards, on est des joyeux et vous vous êtes des tristes tout d'ailleurs.
18:25 - Ah non, non, on ne peut pas dire ça.
18:27 - Vous dites voilà, on est des joyeux.
18:29 - Ah non, vous avez jamais dit ça, oui on fera.
18:31 - En fait c'est le sous-texte, et c'est vrai que j'entends souvent cette remarque sur ceux qui sont parfois véganes, de ne pas être traversé par une joie de vivre folle, au point de ne pas aimer la viande et le poisson.
18:45 - Ils sont tous minces, tous maigres, non mais moi pourquoi je suis cuit ?
18:49 - Non mais j'entends, vous voyez, j'entends Brigitte ça, j'ai entendu parfois dire "mais attendez, je crois que c'est Naturalia qui vend ce type de produits ?"
18:58 - Nous on vend tous, on vend tous oui.
19:00 - Et j'ai entendu parfois des gens qui se moquaient de la clientèle, disant "je suis rentré dans ces magasins et les gens ils n'ont pas l'air très joyeux, ils sont tout blancs"
19:08 - C'est pas vrai.
19:09 - On veut les caricaturer, c'est ce que je veux dire.
19:11 - Mais bien sûr, mais bien sûr, on caricature, et par qui c'est guidé toutes ces caricatures et tout ça ? C'est aussi des oeuvres de, un peu de défense, bon, les véganes c'est des gens comme tout le monde.
19:20 - Bah non, là pour le coup non.
19:22 - Mais non mais chacun on a nos particularités.
19:25 - Oui mais c'est un choix idéologique quand même, tout le monde ne plaque pas une idéologique, voilà, sur sa manière de manger.
19:32 - Voilà, et ça n'empêche pas de faire la fête, au contraire on découvre tout un tas de choses, il y a beaucoup de personnes aussi qui ont arrêté de manger de la viande, non pas par goût mais vraiment par conviction.
19:41 - Quand moi j'ai arrêté à 20 ans, j'ai mangé de la viande jusque mes 20 ans, quand j'ai arrêté, avec mon compagnon on s'est dit "quelque part on avait la même opinion que vous, on fait une croix un petit peu sur la choucroute, sur tout un tas de produits qu'on consommait auparavant".
19:55 On s'est rendu compte qu'il y avait une gastronomie végétalienne qui existe, qui continue de se développer aujourd'hui, il y a des innovations qui sont absolument bluffantes, incroyables,
20:05 qui a eu l'idée avec le jus de pois chiches d'en faire comme des œufs battus en neige et qui font de la mousse au chocolat avec, des macarons, et vous y voyez que du feu.
20:14 - Alors écoutez-moi je vous prends au mot, si votre mousse au chocolat est aussi bonne sans les œufs avec des pois chiches, c'est bien ça ?
20:23 - Avec du jus de pois chiches, oui.
20:25 - Avec du jus de pois chiches vous faites une mousse au chocolat qui est aussi bonne que la mousse au chocolat ?
20:30 - Bien sûr. Et bien on y va. Et après il y a un truc sur lequel on va pouvoir être d'accord.
20:34 - Ça vous m'étonnez quand même.
20:36 - Non, non, il y a quelque chose sur lequel on va pouvoir être d'accord, c'est que, il y a un consensus quand même pour dire la façon dont on traite les animaux, la majorité des animaux qui sont en élevage aujourd'hui, c'est pas possible.
20:47 Le fait de tuer 3 millions d'animaux par jour, c'est pas possible non plus, on voit les images d'abattoirs et tout le monde, ça révolte tout le monde.
20:55 Donc il y a des mesures à prendre aujourd'hui d'urgence, qui sont de se donner des objectifs pour une baisse de la consommation de viande, ce que ne fait pas le ministère de l'agriculture.
21:03 - Moins 50% d'ici 2030.
21:05 - Oui parce qu'il y a des agriculteurs, bien évidemment...
21:07 - Mais les agriculteurs c'est pas eux qui gagnent, c'est pas les éleveurs.
21:09 - Si vous leur dites qu'ils doivent changer de métier et que vous allez mettre des pans entiers de la profession au chômage...
21:16 - C'est une...
21:17 - Et une tradition française, forcément ça peut...
21:19 - La tradition française, est-ce que c'est vraiment ces poules entassées dans les cages, ces poulets dans ces grands hangars et ces élevages des mille vaches, est-ce que c'est ça la tradition qu'on veut ?
21:27 - Bon.
21:28 - Donc voilà, il y a ça à faire et du coup il faut accompagner bien sûr, mais il faut surtout réguler.
21:33 L'organisation dans les magasins, dans les supermarchés, les propositions dans les restaurants, il y a vraiment un travail très fort à faire là-dessus.
21:40 On a un ministère qui s'appelle "Souveraineté alimentaire", on ne peut pas avoir de souveraineté alimentaire avec la consommation de viande actuelle.
21:46 Et puis par éthique, effectivement, on peut prendre en compte les animaux et à ce moment-là arrêter de les manger.
21:51 - Brigitte Becker, vous avez un fidèle défenseur des animaux dans ce studio, puisque c'est l'ami Olivier, je crois.
21:57 - Oui bien sûr.
21:58 - Vous mangez de la viande Olivier ?
21:59 - Eh oui, je mange de la viande.
22:00 - Oui mais vous avez quand même un rapport aux animaux qui est d'autant plus fort...
22:04 - Ah oui, c'est exceptionnel, on est en osmose.
22:06 - Oui bien sûr.
22:07 - ...que le rapport avec les humains est plus faible.
22:09 - Je pars à l'oreille des ocureuils, mais c'est vrai, il faut le préciser sur l'antenne d'Europe 1.
22:14 - Mais vous avez raison, vous avez raison.
22:15 - Vraiment, on ne mange pas les ocureuils, dans aucune société on ne les mange.
22:19 - Non, non, non, surtout pas les miens.
22:20 - Pourquoi vous êtes dans le studio, qu'est-ce que vous voulez nous dire ?
22:22 - Eh bien parce que je travaille avec vous et que je relaie les messages sur les réseaux sociaux, ça fait plusieurs années déjà.
22:26 - Parfois vous êtes en région, c'est bon.
22:27 - Ah oui, vous m'avez remarqué, oui.
22:28 - Que voulez-vous nous dire ?
22:29 - C'est parti, allez, sur le Twitter d'Europe 1, on a Bertaga qui vous répond,
22:33 "Brigitte, les mots ont un sens, un steak est un steak. Antoine écrit, ne touchons pas aux fondamentaux de notre vocabulaire."
22:41 Et on finit avec Ben, "Perso, ce qui m'ennuie, c'est qu'on présente les alternatives végétales comme vertueuses, alors que ce n'est pas toujours le cas."
22:48 - Bon, ben écoutez, je vais remercier Brigitte Gauquière.
22:51 - Je ne peux pas leur répondre ?
22:53 - Si vous le souhaitez, mais vite.
22:55 - Alors, déjà, il y avait votre intervenant qui disait "c'est une mode".
23:00 C'est pas une mode, c'est une conviction, c'est quelque chose qui est fort, qui est ancré sur l'éthique, le climat,
23:06 l'impact de santé publique et le social vis-à-vis des éleveurs.
23:09 Un steak est un steak, un steak c'est un morceau, il faut peut-être arrêter avec ça,
23:14 et puis l'évolution de la société, c'est pas mal.
23:17 Et puis votre dernier intervenant disait, j'ai pas retenu, j'ai vraiment une...
23:21 - Dans les messages ?
23:22 - Oui.
23:23 - Les alternatives.
23:24 - Ah oui, ils sont pas meilleurs.
23:25 - Vous voulez voir ce que c'est que votre dernier intervenant ?
23:28 - Et donc, est-ce que les steaks végétaux ne sont pas toujours vertueux ?
23:32 - Et je suis d'accord avec ça, et ça dépend en quelle matière.
23:37 Sur l'impact sur la santé, on peut manger végétal sans passer par ces alternatives,
23:42 et effectivement, il faut mieux pas en manger tous les jours,
23:45 encore qu'il y en a qui sont vraiment bien calibrés.
23:48 Et après, par rapport à l'environnement, bah oui, manger végétal,
23:51 c'est six fois plus efficace que manger local, par exemple.
23:54 Ça utilise bien moins d'eau, deux fois et demi moins d'eau,
23:57 à l'époque où on parle de sécheresse, etc.
23:59 C'est super important.
24:01 Par rapport aux zoonoses, on a des épidémies de grippe aviaire,
24:04 donc il faudrait détasser un petit peu tous ces oiseaux
24:07 qui sont aujourd'hui entassés à 20, 30, 40 000 dans des bâtiments.
24:11 Donc vraiment, il y a des enjeux super importants.
24:14 - Bon, bah écoutez, merci beaucoup Brigitte Gauthier,
24:17 et puis alors j'allais vous dire bon déjeuner.
24:19 - Oui, mais évidemment !
24:21 - Et puis vous allez nous inviter à déjeuner chez vous,
24:24 et on fera une émission directe, pour manger une petite...
24:27 - Je vous avais déjà ramené des pâtisseries, il me semble.
24:29 Rappelez-vous, sur CNews.
24:31 - C'est vrai, vous avez raison, j'ai été malade pendant une dizaine de jours.
24:34 - Oh, quel menteur !
24:36 Quel menteur caricature !
24:38 - Non mais je vous aime beaucoup Brigitte, vous me culpabilisez à chaque fois,
24:41 j'ai l'impression d'être un monstre, je me dis je suis un monstre.
24:43 - Mais c'est pas une question d'être un monstre,
24:45 il faut faire évoluer notre société.
24:47 Bah invitez-moi plus souvent, on en parlera encore.
24:49 - Oui, mais moi j'aime bien la viande.
24:51 - Mais moi j'aime bien la viande aussi, mais j'ai arrêté.
24:54 - C'est mon point faible.
24:56 - C'est pas une question d'aimer ou pas, vous aimez les animaux aussi ?
24:58 - J'aime les animaux, mais je préfère...
25:00 - Cohérence, cohérence !
25:02 - Oui, enfin j'aime les animaux, je vous ai dit tout à l'heure,
25:04 je vais pas me raconter de salade, quand je mange une langoustine,
25:06 je me dis pas que la vie de cette langoustine a été arrêtée par le mangeur que je suis.
25:12 - Oui, votre plaisir passe avant leur vie.
25:14 - Ah bah c'est là que vous me culpabilisez !
25:16 - Ah oui, elle vous appartient !
25:18 - C'est la leçon, j'ai l'impression d'être un monstre, c'est bien ce que je dis !
25:21 - Si je vous parle de comment on fait les pommes de terre en purée,
25:24 vous n'allez pas culpabiliser, même si je vous décris l'eau bouillante,
25:26 comment on les coupe et tout ça, donc la culpabilité, elle vous appartient à vous.
25:30 - Nous sommes bien d'accord.
25:31 Bon, qu'est-ce qui se passe ? On marque une pause ?