Le paradoxe de notre rapport aux animaux - En toute subjectivité
Avec Hugo Clément, journaliste et présentateur de l’émission "Sur le front" sur France 5.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
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00:00 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le journaliste et présentateur de l'émission
00:04 Sur le Front, sur France 5, Hugo Clément, bonjour !
00:07 Bonjour Nicolas !
00:08 Hugo, ce matin, vous nous parlez d'une belle histoire !
00:11 Oui Nicolas, l'histoire d'un petit veau né avec 6 pattes qui avait beaucoup ému les
00:16 médias et notamment BFM TV, écoutez !
00:18 Je vous en parle parce que les images sont assez impressionnantes, vous allez le voir,
00:22 ce petit veau, il est né il y a deux mois dans une exploitation agricole de laverons
00:27 avec vous le voyez ces 6 pattes, deux pattes en trop situées derrière la tête.
00:31 Alors si on l'avait laissé comme ça, ce veau aurait souffert mais heureusement les
00:36 grands moyens ont été déployés.
00:37 Donc il a été opéré ?
00:38 Il a été opéré effectivement il y a quelques jours, l'opération a duré 2h30 et il y a
00:42 eu quelques frayeurs quand même, écoutez !
00:44 On a eu peur à un moment d'avoir lésé la moelle épinière qui aurait malheureusement
00:48 signé l'arrêt de mort du veau.
00:50 Ce petit veau s'est super bien réveillé.
00:52 Vous l'avez donc entendu, il se porte bien, son éleveur donne régulièrement des nouvelles
00:55 à la clinique parce que sur les réseaux sociaux, c'est un peu devenu une star.
00:58 Il est trop mignon !
00:59 Trop mignon n'est-ce pas ?
01:00 Mais oui, trop mignon et on a des nouvelles de ce petit veau ?
01:03 Oui, on en a eu la semaine dernière grâce au journal La Dépêche du Midi, je vous lis
01:06 le titre de l'article, « Né avec 6 pattes il y a un an, le veau opéré et remis sur
01:11 pied va bientôt partir à l'abattoir et il sera vendu pour sa viande ». Désolé
01:16 pour ce retour à la réalité un peu cruel mais si je vous en parle, c'est parce que
01:20 cette histoire est à mon sens très révélatrice du comportement paradoxal que nous avons vis-à-vis
01:24 des animaux.
01:25 C'est-à-dire ? Expliquez-nous !
01:26 Et bien d'un côté vous avez les chiens, les chats et les autres animaux de compagnie
01:30 qui sont protégés par la loi et sur lesquels nous ne tolérons aucune maltraitance.
01:34 Si je découpe votre chien et que je le fais cuire au barbecue, je vais être arrêté
01:37 mais je vais aussi passer pour un fou.
01:38 Et puis de l'autre côté, vous avez des animaux très semblables, tout aussi intelligents
01:42 et sensibles comme les cochons, que nous enfermons à vie dans des élevages intensifs avant de
01:47 les égorger et là, on trouve ça normal.
01:50 La différence réside dans le fait que nous reconnaissons à nos chiens et chats le caractère
01:54 d'individus dotés d'émotions et d'une personnalité unique.
01:57 Quand on considère qu'on a en face de soi quelqu'un et pas quelque chose, il devient
02:02 difficile de lui faire du mal.
02:03 A l'inverse, les animaux d'élevage sont considérés comme une masse informe de viande,
02:08 ils seraient tous interchangeables.
02:10 D'ailleurs, on dit qu'on mange du porc ou du bœuf, pas qu'on mange un porc ou un
02:15 bœuf.
02:16 Nous avons du mal à avoir de l'empathie pour ces animaux parce que nous ne vivons
02:19 pas à leur côté, nous ne les connaissons pas et souvent, nous ne les voyons même
02:23 pas, c'est tout le problème de l'élevage industriel.
02:25 Alors quand un petit veau débarque sur nos plateaux télé, qu'on découvre son histoire,
02:30 sa malformation, eh bien on s'attache à lui, on le considère non plus comme un morceau
02:33 de viande mais pour ce qu'il est, un individu unique qui souffre et qu'on a envie de sauver.
02:38 Malheureusement, Nicolas, ces créatures sont toujours rattrapées par leur destin, celui
02:43 d'objet de consommation, traité comme des biens et non comme des êtres sensibles.
02:47 Hugo Clément Merci.