Brûlée sur 40% du corps à l'âge de 16 ans, la créatrice de contenu Julie Bourges, alias Douzefevrier sur Instagram, a mis des années à se sentir à nouveau en sécurité. Elle nous raconte comment surmonter ses peurs. Vidéo.
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00:00 Hello à tous, je m'appelle Julie Bourges.
00:01 Je suis plus connue sur les réseaux sociaux par le pseudonyme de 12 Février.
00:05 Je suis donc une créatrice de contenu.
00:07 Je parle globalement d'acceptation de soi, de résilience, de bienveillance.
00:11 Et j'adore montrer que la différence n'est un frein en rien du tout.
00:14 Alors, ce qui m'est arrivé a eu lieu le 12 février 2013.
00:27 J'avais 16 ans.
00:28 C'était un carnaval organisé par mon lycée.
00:30 J'avais fait un costume complètement à la main avec ma meilleure amie.
00:34 À la fin de cette journée, en fumant une cigarette,
00:36 la cendre de la cigarette est tombée sur mon costume
00:38 et mon costume s'est enflammé sur moi.
00:40 Ça en est suivi des longs mois de coma, un an de rééducation,
00:44 beaucoup de sport, un peu d'acharnement,
00:46 une lutte acharnée contre le regard des gens
00:48 pour comprendre qu'ils ne définissaient pas ce que j'étais.
00:51 Et me voilà.
00:53 J'ai compris que ce qui m'animait en fait dans cette vie,
00:54 c'était de pouvoir transmettre, de pouvoir aider les autres.
00:57 Avec l'accident, j'ai développé des phobies plutôt liées à la chaleur,
01:00 pas au feu comme on pourrait croire, mais plutôt à la chaleur.
01:03 Et après, il y a tout ce que je ne contrôle pas et qui me revient un petit peu.
01:06 Par exemple, tout l'olfactif, quand on sent quelque chose.
01:08 Aujourd'hui, je suis vraiment dans un état d'esprit de...
01:11 Je dirais entre la générosité et la détermination
01:14 parce que j'ai vraiment envie de donner de ce que j'ai appris.
01:17 En même temps, je pense qu'en donnant,
01:18 j'ai la sensation que ça ne m'est pas arrivé en vain.
01:20 Je me sens utile en fait.
01:22 Et de l'autre côté, il y a toujours cette détermination qui m'anime
01:25 et qui me dit que je n'ai qu'une vie, qu'il faut que je la vive,
01:27 qu'il faut que j'en profite.
01:28 Et j'ai un peu ce truc...
01:30 Mon papa, il m'appelle l'étoile filante
01:31 parce que j'ai un peu ce truc de vivre sans vie en une.
01:34 Voilà, je sais que la vie, elle est fragile.
01:35 Je sais que la vie, elle vaut la peine d'être vécue
01:37 malgré tout ce qui peut se passer.
01:39 Dans ce qui m'est arrivé, dans ce drame, il y a vraiment deux aspects.
01:42 Il y a l'aspect où j'ai décidé de croquer la vie à pleines dents.
01:45 Et il y a l'aspect évidemment où en fait, cet accident,
01:48 il est venu vraiment exploser la bulle dans laquelle je pensais
01:51 me sentir en sécurité quand j'avais 16 ans.
01:53 Et en fait, d'un coup, d'un seul, tout a explosé.
01:56 Et tout ce sur quoi je basais ma sécurité, ma stabilité,
01:59 je l'ai perdu du.
02:00 Et ensuite, dans toute ma reconstruction,
02:02 c'est cette sécurité qui m'a permis de relever la tête, de m'en sortir.
02:06 Mais j'ai toujours cet aspect où en fait, j'aime la vie,
02:09 mais je la crains aussi.
02:10 Je la crains sous plein d'aspects.
02:11 J'ai peur qu'il arrive des accidents.
02:13 J'ai peur qu'il arrive quelque chose que je ne puisse pas contrôler
02:16 comme il m'est arrivé à moi.
02:17 Et surtout, j'ai peur pour mes proches plus que pour moi.
02:20 Je dirais que dans tous les cas, on est tous vulnérables,
02:23 mais qu'on peut mettre en place des choses dans notre vie
02:26 pour se sentir en sécurité, pour faire qu'en fait, on se sente plus fort.
02:29 Et c'est comme ça, entre guillemets,
02:30 je pense que j'affronte, si je peux dire, cette vulnérabilité.
02:33 Ce qui m'a aidé à me reconstruire, je dirais que c'est mon entourage.
02:37 Quand je parle de sécurité, je parle d'eux.
02:39 C'est vraiment...
02:41 Ça a été mon cocon, mes amis, ma famille, en fait, dans leurs yeux,
02:44 surtout dans les yeux de mes amis.
02:46 Je ne me suis jamais sentie différente
02:47 et je pense que ça a été une vraie force.
02:49 Je redoute le jour où il y aura un autre accident dans ma famille,
02:53 quelque chose de grave, quelque chose qui pourra un petit peu redétruire,
02:57 si je peux dire, ce cocon que j'ai reconstruit après l'accident.
03:00 Et à la fois, avec tout ce que j'ai déjà fait,
03:03 je sais qu'au fond de moi, je trouverai toujours le moyen de m'en sortir
03:06 parce que je l'ai déjà fait, j'ai déjà été cherché dans mes retranchements
03:09 et je sais que je serai capable de le faire une autre fois
03:12 et que je pourrai surtout aider autour de moi si ça va.
03:14 Je crois que cette notion de sécurité,
03:16 j'essaie de la penser un petit peu à l'envers,
03:18 où je me dis, est-ce que moi, si j'étais abonnée à mon contenu,
03:22 si c'est moi qui consommais ce contenu,
03:23 est-ce que ça me ferait du bien ?
03:24 Est-ce que ça me ferait culpabiliser ?
03:26 Est-ce que ça m'amènerait à me remettre en question ?
03:28 Ou est-ce que ça m'amènerait ?
03:29 J'essaie toujours de suivre ce chemin-là.
03:31 Si je devais donner un conseil aux femmes en termes de sécurité et de vigilance,
03:34 en fait, moi, je leur dirais juste d'écouter leur intuition
03:36 parce que généralement, franchement, notre intuition, elle ment pas.
03:39 Et je leur dirais surtout peut-être qu'elles ne sont pas seules
03:41 et qu'en fait, on connaît tous ces sentiments d'insécurité, de vigilance
03:45 et surtout, si vous le ressentez, parlez-en entre vous.
03:48 [Musique]